1 Le rapport Cauchon, déposé en 1922, proposait la création d’un district fédéral. Bien que la Commission d’amélioration d’Ottawa ait été remplacée en 1927 par la Commission du district fédéral, on ne donnera jamais suite à la recommandation visant la création d’une telle entité territoriale.
2 Hull désigne depuis les fusions imposées par le gouvernement du Québec en 2002 un arrondissement de la ville de Gatineau. Le choix du toponyme Gatineau a été contesté par plusieurs en raison de l’antériorité de celui de Hull et de son association au cœur de la nouvelle municipalité.
3 La CRO visait également à faire contrepoids à la création, par le Gouvernement ontarien, de la municipalité régionale d’Ottawa-Carleton, née en 1969.
4 L’opposition de citoyens à des changements de zonage qui auraient permis, dans les années 1970, de réaliser divers projets immobiliers d’envergure pourrait expliquer en partie la situation actuelle. Les promoteurs de ces projets ne s’intéressaient toutefois qu’à des sites distribués en périphérie du centre-ville. Il est même permis de supposer que, si la municipalité avait donné suite à ces changements de zonage, l’érosion urbaine n’en aurait guère été contrée, comme l’ont montré, à l’époque, les nombreuses démolitions par anticipation qui ont ravagé bon nombre de voisinages à Montréal et à Québec, les effets d’entraînement attendus étant rarement au rendez-vous.
5 Le statut de capitale nationale peut parfois être accordé à des villes qui ne sont pas le siège d’un État souverain. C’est le cas notamment lorsqu’une ville abrite les institutions gouvernementales d’une collectivité au sein de laquelle s’expriment de fortes revendications nationalistes ou autonomistes. Édimbourg, Barcelone et Québec en constituent des exemples.
6 Rome ne deviendra capitale politique de l’Italie qu’en 1870. La ville aura toutefois été la capitale des États pontificaux (756-1870), localisés au centre de l’Italie et restés souverains jusqu’à leur rattachement au royaume, lui-même proclamé en 1861. Elle aura été un laboratoire urbain dont l’influence sera perceptible dans plusieurs capitales politiques européennes.
7 Les émeutiers en ont contre une mesure adoptée par le parlement qui vise à indemniser les victimes des représailles menées par les militaires britanniques dans le contexte des insurrections de 1837 et 1838.
8 Ce canal fait partie d’un réseau qui réalise un tracé qui emprunte la rivière des Outaouais, permettant ainsi d’éviter un tronçon du Saint-Laurent au voisinage de la frontière canado-étasunienne jugé trop vulnérable à une incursion militaire depuis la guerre de 1812.
9 Les cageux pilotaient jusqu’à Québec les cages, assemblages de plusieurs radeaux de troncs destinés à la construction navale. Les cages étaient désassemblées à la tête des rapides, que les radeaux franchissaient librement avant d’être réassemblées pour être à nouveau pilotées par les cageux. Un important folklore est né dans le sillage de cette activité.
10 Président de l’Institut canadien des urbanistes en 1924-1925, Noulan Cauchon proposait dans le rapport qui porte son nom (1922) la création d’un district fédéral, statut en vertu duquel le territoire de la capitale aurait été soustrait à la juridiction du Québec et de l’Ontario. Cette proposition restera lettre morte.
11 L’enlèvement de voies ferrées dans les centres-villes a été une pratique passablement répandue au Canada. Il aura été facilité par la défaveur dont était l’objet le transport ferroviaire passager et par la volonté de réduire les nuisances associées au transport des marchandises par chemin de fer. La cession des emprises aura souvent interdit tout retour éventuel des trains au centre, la ville de Québec ayant été, de ce point de vue, une exception notoire.
12 On avait d’abord projeté la démolition de cet imposant édifice de style Beaux-Arts.
13 L’intérêt pour le patrimoine architectural remonte au début des années 1960. Le gouvernement fédéral entend alors protéger les édifices anciens qui se dressent du côté est de la promenade Sussex, ainsi que ceux des rues adjacentes, dans le but de créer un quartier historique. Une approche qui n’est pas sans rappeler celle qui a prévalu quelques années plus tard à la Place Royale à Québec. Le projet fut abandonné dès 1963, au profit de réalisations destinées à célébrer le centenaire de la Confédération.
14 André Lortie (1997 : 320), qui a consacré une thèse de doctorat à l’œuvre de Gréber, soutient que ce plan est la réalisation « la plus aboutie » de l’urbaniste.
15 Un tel projet peut surprendre dans la mesure où les fortifications de Montréal avaient été démolies à compter de 1801. Il faut toutefois se rappeler que la citadelle de Québec est érigée de 1820 à 1831 et que les trois forts détachés de Lévis ne le sont qu’à partir de 1865.
16 Courtney J.C. Bond (1965 : 7) soutient cependant que le site d’Ottawa n’a jamais abrité d’Hochelaga ni de Stadacona parce qu’il « était absolument impossible de défendre cet endroit contre les attaques des pillards de la Confédération iroquoise ». Par ailleurs, deux plaidoyers écrits par des militaires et joints au dossier groupant les mémoires des villes qui aspiraient à devenir la capitale du Canada favorisaient Québec pour ses avantages stratégiques, même si l’un des deux reconnaissait certains atouts à Ottawa (Knight 1991).
17 Par exemple ceux du parc et des cimetières sommitaux du mont Royal à Montréal, ceux du Forum romain, ou encore ceux de la Cité interdite à Pékin ou du site du palais de l’Empereur à Tokyo. Le vacuum peut aussi se « dissimuler » sous un groupe cathédrale, une forteresse, une place publique.
18 Cette catégorisation spatiale rompt avec les définitions usuelles de l’urbain et du rural, qui assimilent le premier à la ville et le second à la campagne. La géographie structurale définit l’urbain par l’endorégulation de la mobilité des acteurs et le rural par son exorégulation. Les positions du rassemblement et de l’évasion sont urbaines tandis que celles de la concentration et de la dispersion sont rurales.
19 Les ouvriers de Hull ne pourront être propriétaires des terrains sur lesquels se dressent leurs résidences avant 1924, la famille Wright conservant le contrôle du foncier.
20 Le massif terminatif est une position fortement valorisée qui sous-tend, durant une durée variable, une trajectoire d’évasion correspondant à une partie du gradient urbain.
21 Madrid constituait, au moment de sa désignation comme capitale, une exception qui confirmait la règle.
22 Au moment du lancement des projets, on assimilait les deux complexes que reliait la rue Principale à un haltère.
23 La nouvelle ville de Gatineau est née de la fusion, en janvier 2002, des municipalités de Hull, Gatineau, Aylmer, Buckingham et Masson-Angers. Comptant plus de 242 000 habitants, elle est la quatrième ville en importance au Québec.
24 L’édifice historique, démoli malgré l’attribution par la Ville d’un statut de monument historique, a été partiellement reconstruit et intégré à un nouvel immeuble commercial. Un litige oppose toutefois le promoteur et la Ville de Gatineau, qui a obtenu, au début de 2013, la permission d’en appeler d’un jugement qui lui était défavorable.
25 « [L]a perspective d’un rééquilibrage territorial est probablement devenue illusoire et, en toute hypothèse, il convient de ne pas oublier que tout développement est intrinsèquement porteur d’hétérogénéité spatiale » (Carrière, 2000 : 66).
26 Lancé par la Ville de Gatineau en 2012, le projet Destination Gatineau propose une mise en valeur à des fins touristiques du front de rivière. Présenté comme une vaste opération de revitalisation du centre-ville, ce projet s’inscrit davantage dans la continuité des réalisations qui ont accompagné, au cours des trois dernières décennies, la consécration du bief d’aval des chutes et le verrouillage de ses abords, qu’il ne constitue un levier de redynamisation urbaine du cœur de l’île de Hull.
27 À la fin des années 1990, l’adhésion de la CCN à un projet de sauvegarde du patrimoine industriel n’en restait pas moins teintée d’ambiguïté. La Commission refusa en effet formellement d’appuyer les citoyens qui s’étaient mobilisés pour que soient protégés les bâtiments de la E.B. Eddy pour lesquels un permis de démolition avait été demandé (Boucher 2009 : 208). L’attribution en 2001 d’un statut de bien culturel reconnu par le gouvernement québécois semble avoir incité la CCN à examiner de manière formelle un projet de recyclage de l’édifice qui permettrait d’y reloger le Musée des sciences et de la technologie du Canada (Beeby 2010). Les choix budgétaires du gouvernement Harper semblent toutefois avoir repoussé la réalisation de ce projet aux calendes grecques.