1 Les manières d’écrire « Vietnam » varient selon les auteurs. J’ai opté pour cette graphie, qui est proposée par l’Encyclopædia Universalis et qui a le mérite de la simplicité. J’ai toutefois respecté les graphies utilisées par Sartre et par les autres auteurs cités.
2 Simone de Beauvoir, Tout compte fait, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1978 (1972), p. 462.
3 Voir Annie Cohen-Solal, Sartre 1905-1980, Paris, Gallimard, 1985, p. 582. De cet engagement, Sartre conserve neuf textes qu’il regroupe en 1972 dans la première section de Situations, VIII sous le titre : « Viêt-nam : le Tribunal Russell » (S8, 7-124). On trouve dans cette section du volume quatre interviews données au Nouvel Observateur : « Il n’y a plus de dialogue possible » (S8, 9-19), dans lequel Sartre expose les raisons pour lesquelles il a refusé in extremis de se rendre à la Cornell University ; « Le crime » (S8, 27-41), dans lequel il explique « pourquoi de simples citoyens ont le droit aujourd’hui, de s’ériger en “juges” » (S8, 27) ; « Sartre à De Gaulle » (S8, 46-57), dans lequel il revient sur la lettre du président de la République lui annonçant son refus de laisser les séances du Tribunal Russell se dérouler en France ; « Douze hommes sans colère » (S8, 58-69), dans lequel il raconte comment l’unanimité s’est faite parmi les membres du Tribunal au terme de la session de Stockholm. La section comprend aussi deux lettres ouvertes respectivement adressées au professeur D. I. Grossvogel de la Cornell University et à Charles de Gaulle : « Sartre répond » (S8, 25-26) et « Lettre au Président de la République » (S8, 42-43). « Tribunal Russell. Discours inaugural » (S8, 70-77) est la transcription de la déclaration que Sartre a faite à l’ouverture de la première séance à Stockholm. Enfin, deux articles de fond portent respectivement sur les ambitions du Tribunal et sur la notion de génocide : « De Nuremberg à Stockholm » (S8, 78-99) et « Le génocide » (S8, 100-124).
4 La composition du Tribunal a varié au fil des sessions. Pour avoir la liste complète des jurés et de leurs substituts, voir Arlette Elkaïm Sartre et Vladimir Dedijer (dir.), Tribunal Russell. Le jugement de Stockholm, Paris, Gallimard, coll. « Idées », 1967, p. 18-21, et Arlette Elkaïm Sartre et Jean-Paul Sartre (dir.), Tribunal Russell II. Le jugement final, Paris, Gallimard, coll. « Idées », 1968, p. 9-10.
5 Le Tribunal juge également les gouvernements d’Australie, de Corée du Sud, du Japon et de la Nouvelle-Zélande.
6 Arthur Jay Klinghoffer et Judith Apter Klinghoffer, International Citizens’ Tribunals : Mobilizing Public Opinion to Advance Human Rights, New York, Palgrave, 2002, p. 134. (Ma traduction.) « Even harsh critics of American Vietnamese policy weighed in with castigatory comments. Richard Falk was at that time the chairman of the Consultative Council of the Lawyers’ Committee on American Policy Toward Vietnam, an organization that denounced the United States for legal violations. However, his two-volume study of international law and the Vietnam War labeled the hearings “a juridical farce.” »
7 Arlette Elkaïm Sartre et Vladimir Dedijer (dir.), op. cit., p. 342-343, et Arlette Elkaïm Sartre et Jean-Paul Sartre (dir.), op. cit., p. 368-369.
8 Dans les années qui suivent, Sartre continue de se mobiliser pour soutenir le peuple vietnamien et alerter l’opinion : « On le retrouve encore le 23 mars 1968, participant, aux côtés de Joseph Kessel et de Laurent Schwartz, à une journée des intellectuels pour le Viêt-nam. En août 1968, il appelle, avec Bertrand Russell, au boycott des Jeux Olympiques de Mexico et le 19 décembre 1969 il donne encore une conférence de presse pour dénoncer les massacres américains dans cette guerre interminable. Contre les Américains, donc, il s’exprime, en ces années-là, avec force et sans relâche. » (Annie Cohen-Solal, op. cit., p. 580)
9 Jean-François Louette, « Sartre : un théâtre d’idées sans idées de théâtre ? », Les Temps Modernes, nos 632-633-634, juillet-octobre 2005, p. 213. Dans la notice de la Pléiade, Jacques Deguy rappelle qu’« en août 1964, moment de la rédaction des Troyennes, le Congrès des États-Unis donne son feu vert à l’intervention militaire au Viêt-nam ; en mars 1965, date des représentations à Paris, les premiers contingents terrestres américains débarquent sur le sol de l’ancienne Indochine » (TC, 1548).
10 Simone de Beauvoir, op. cit., p. 472.
11 Ibid., p. 483.
12 Gérard Soulier, « Le théâtre et le procès », Droit et société, nos 17-18, 1991, p. 10.
13 Cité par David Bradby, en collaboration avec Annabel Poincheval, Le théâtre en France de 1968 à 2000, Paris, Honoré Champion, 2007, p. 116.
14 Ibid., p. 22.
15 Michel Corvin, Le théâtre nouveau en France, troisième édition mise à jour, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 1969 (1963), p. 9.
16 Déclaration de Villeurbanne, 25 mai 1968, citée par Emmanuelle Loyer, Mai 68 dans le texte, Bruxelles, Éditions Complexe, coll. « De source sûre », 2008, p. 230.
17 Émile Copfermann, La mise en crise théâtrale, Paris, François Maspero, coll. « Cahiers libres », 1972, p. 183.
18 David Bradby, op. cit., p. 169.
19 Jérôme Savary, « Comment a commencé toute cette folie », Cahiers du Théâtre National de Chaillot, 1996, p. 39. Cité par David Bradby, op. cit., p. 104.
20 David Bradby, op. cit., p. 105.
21 Gérard Soulier, loc. cit., p. 13.
22 John Ireland, Sartre un art déloyal. Théâtralité et engagement, Paris, Éditions Jean-Michel Place, coll. « Surfaces », 1994, p. 31 et 220.
23 Laurence Voix, « La guerre du Vietnam à travers la télévision française », dans Christopher Goscha et Maurice Vaïsse (dir.), La guerre du Vietnam et l’Europe 1963-1973, Bruxelles, Bruylant, 2003, p. 273. Dans cet article, Laurence Voix estime à 1900 le nombre des sujets de longueurs variables présentés par le petit écran entre 1963 et 1973.
24 Thierry Jonquet, Rouge c’est la vie, Paris, Éditions du Seuil, 1998, p. 44.
25 Cité par Laurent Véray, Loin du Vietnam. Film collectif réalisé par Jean-Luc Godard, Joris Ivens, William Klein, Claude Lelouch, Chris Marker, Alain Resnais, Agnès Varda…, Paris, Paris Expérimental, coll. « Les cahiers de Paris Expérimental », 2004, p. 47. Le personnage de Claude Ridder intellectuel est interprété par Bernard Fresson.
26 Nicolas Pas, « “Six Heures pour le Vietnam”. Histoire des Comités Vietnam français 1965-1968 », Revue historique, no 613, janvier-mars 2000, p. 159.
27 Voir Laurent Jalabert, « Aux origines de la génération 1968 : les étudiants français et la Guerre du Vietnam », Vingtième siècle. Revue d’histoire, no 55, juillet-septembre 1997, p. 69-81, et Nicolas Pas, loc. cit. En son temps, Sartre proposait déjà cette lecture. Dans un entretien où il parle des répercussions finalement positives que la guerre du Vietnam eut sur la jeunesse et les intellectuels d’Europe, il déclare : « J’ai toujours été convaincu que c’était la guerre du Viêt-nam qui était à l’origine de Mai. Pour les étudiants qui ont déclenché les événements de Mai, la guerre du Viêt-nam a fait plus que leur faire prendre le parti du F.N.L. et du peuple vietnamien contre l’impérialisme américain. L’effet essentiel qu’a eu cette guerre sur les militants européens ou américains, c’est qu’elle a élargi le champ du possible. Auparavant, il semblait impossible que les Vietnamiens puissent résister à la formidable machine militaire américaine et gagner. Pourtant, c’est ce qu’ils ont fait et, du coup, ils ont complètement changé les manières de voir des étudiants français – entre autres. Ceux-ci ont compris qu’il y avait des possibilités qui restaient inconnues. » (S9, 127)
28 « Mao Mao », interprétation de Claude Channes, paroles de Gérard Hugé et Gérard Guégan, pièce tirée de l’album La Chinoise, Fontana (460227ME), 1967.
29 Cité par Laurent Véray, op. cit., p. 54.
30 Ibid., p. 49.
31 Voir Joseph Algazy, L’extrême-droite en France de 1965 à 1984, Paris, L’Harmattan, 1989, p. 55 et ss, et Frédéric Charpier, Génération Occident. De l’extrême droite à la droite, Paris, Éditions du Seuil, 2005, p. 149-151.
32 Laurence Voix, loc. cit., p. 282.
33 Jean Daniel, « On en reparlera demain : Vietnam », Le Nouvel Observateur, no 146, 28 août-3 septembre 1967, p. 4.
34 Sabine Rousseau, « Les Chrétiens français face à la Guerre du Vietnam (1965-1973) », dans Christopher Goscha et Maurice Vaïsse (dir.), op. cit., p. 259.
35 Marc Lazar, « Le Parti communiste français et l’action de solidarité avec le Vietnam », dans Christopher Goscha et Maurice Vaïsse (dir.), op. cit., p. 243.
36 Cité par Marc Lazar, loc. cit., p 244. Ce texte a été publié dans L’Humanité du 19 octobre 1967.
37 Voir Arthur et Judith Klinghoffer, op. cit., p. 127.
38 Nicolas Pas, loc. cit., p. 167 et 170.
39 Ibid., p. 170.
40 « Éditorial », Avant-garde Jeunesse, no 1, mai-juin 1966, p. 2, cité par Nicolas Pas, loc. cit., p. 163.
41 Maurice Vaïsse, « De Gaulle et la Guerre du Vietnam : de la difficulté d’être Cassandre », dans Christopher Goscha et Maurice Vaïsse (dir.), op. cit., p. 172.
42 Charles de Gaulle, « Allocution prononcée à la réunion populaire de Phnom-Penh (1er septembre 1966) », dans Charles de Gaulle, Discours et messages, tome V, Vers le terme (janvier 1966 – avril 1969), Paris, Plon, 1971, p. 110.
43 Ibid., p. 109-110.
44 Éric Roussel, De Gaulle, tome II, 1946-1970, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2006 (2002), p. 436.
45 Charles de Gaulle, loc. cit., p. 130.
46 Christophe Bourseiller, Les Maoïstes. La folle histoire des gardes rouges français, Paris, Points, 2008, p. 89.
47 Hervé Hamon et Patrick Rotman, Génération, tome I, Les années de rêve, Paris, Éditions du Seuil, 1987, p. 411, cités par Jean-Jacques Becker, « Les gauchistes et la guerre du Vietnam », dans Christopher Goscha et Maurice Vaïsse (dir.), op. cit., p. 254.
48 Garde rouge, no 7, juillet-août-septembre 1967, p. 17. Cité par Nicolas Pas, loc. cit., p. 164.
49 Nicolas Pas, loc. cit., p. 172.
50 L’Union des jeunesses communistes (marxistes-léninistes) s’est engagée dans une voie paramilitaire en fondant les Groupes de protection et d’autodéfense qui ont organisé des attaques. La plus spectaculaire d’entre elles a lieu le 21 février 1968 : « Il s’agit comme l’année précédente de célébrer la journée mondiale de la lutte contre l’impérialisme. Mais cette fois-ci, pas question d’un simple meeting ou d’une bêlante manif. Les militants décident d’investir les beaux quartiers de Paris. Nouvel objectif : la prise militaire du consulat du Sud-Viêtnam, situé avenue de Villiers (Paris 17e). Le bâtiment est donc la cible d’un véritable assaut. » (Christophe Bourseiller, op. cit., p. 122)
51 Jean-Jacques Becker, « Les gauchistes et la guerre du Vietnam », dans Christopher Goscha et Maurice Vaïsse, op. cit., p. 256.
52 Arthur et Judith Klinghoffer, op. cit., p. 129. (Ma traduction.) « The London-Paris split may have contained some element of geography and language […]. The Londoners wanted to use the tribunal as part of their revolutionary agenda. Their rhetoric was inflammatory, including denunciations of new “Hitlers.” The Paris group stressed international law, focused on procedural matters, and issued more sober pronouncements. Although the Londoners had set the whole tribunal process in motion, their approach tended to be counterproductive in terms of being taken seriously by the major media. The Paris group understood this problem and it also sought to establish precedents that could be used by future tribunals. »
53 Ibid., p. 126. (Ma traduction.) « [They] did much of the cross-examining, focusing on facts and endeavouring to keep out personal opinions of the witnesses. »
54 Ibid., p. 157.
55 Ibid., p. 133. (Ma traduction.) « Overall, the tribunal failed to capture the media’s imagination – in part because of the eruption of the Middle East crisis. After the opening session, National Security Adviser Walt Rostow sent Johnson a memorandum on what he considered to be the rather negative reaction of the world’s press. The American consul-general in Stockholm, Turner Cameron, Jr., cabled Secretary of state Dean Rusk with the same interpretation and advised that there was no need for Washington to consider a countertrial on Communist actions or economic sanctions against Sweden. The tribunal’s ineffectiveness in influencing public opinion had diminished its role as a threat to American interests. »
56 Simone de Beauvoir, op. cit., p. 476.
57 Il en va de même pour la défense judiciaire, le caractère plurisémique d’un procès traditionnel reposant sur la confrontation entre les versions contradictoires des événements soumises par les parties qui s’opposent. Cependant, étant donné que les États-Unis n’ont pas présenté de défense au Tribunal Russell, je considère seulement l’accusation.
58 Le « pratico-inerte » est l’un des concepts-clés que Sartre met en place dans Critique de la raison dialectique. Philippe Cabestan le définit comme suit : « Le pratico-inerte caractérise le rapport de l’homme à la matière ouvrée et socialisée (machine) en tant que son activité ou praxis est soumise aux exigences de cette matière dont l’inertie est, pour Sartre, la caractéristique première. L’homme devient alors “le produit de son produit”, et sa libre praxis se métamorphose en actions prédéterminées. L’homme et son produit échangent leurs qualités : son activité devient passive tandis que la passivité de la matière ouvrée devient active. » (Philippe Cabestan, Dictionnaire Sartre, Paris, Ellipses, 2009, p. 145)
59 Gérard Soulier, loc. cit., p. 15.
60 Voir Arlette Elkaïm-Sartre et Vladimir Dedijer (dir.), op. cit., p. 19-20.
61 Jacques Moutaux, « Sartre et le “Tribunal” de Bertrand Russell », L’Enseignement philosophique, vol. 44, no 4, 1994, p. 16-27.
62 Simone de Beauvoir, op. cit., p. 497.
63 Voir notamment Jacques Moutaux, loc. cit. ; Bruna Bagnato, « Les États-Unis mis en accusation. Le Tribunal Russell et la commission d’enquête sur les crimes américains au Vietnam », dans Christopher Goscha et Maurice Vaïsse (dir.), op. cit., p. 223-239.
64 Arthur et Judith Klinghoffer, op. cit., p. 162. (Ma traduction.) « The Russell Tribunal did reintroduce the concept of international citizens’ tribunals after a thirty-year hiatus, but in contrast to earlier efforts to assist maltreated individuals, it targeted the war policies of a superpower. This opened the floodgates to requests for additional hearings related to charges of alleged injustices such as the Greek military’s violation of human rights, Salazar’s authoritarian practices in Portugal, Egyptian war crimes in Yemen, Iraq’s treatment of its Kurdish minority, and Israeli actions toward the Arabs. »
65 Après les années 1949-1954 où l’on dit que la « Commission de Droit International prépare plusieurs projets de statuts pour une CPI, mais des différences d’opinion empêchent tout développement ultérieur », on passe à l’année 1989 au cours de laquelle, en « réponse à une requête de Trinité-et-Tobago, l’Assemblée Générale des Nations Unies demande à la Commission du Droit International (CDI) de reprendre les travaux sur une Cour Pénale Internationale dans la compétence de laquelle serait inclus le trafic de drogue ». Voir. <http://bit.ly/1aqtTMe>
