1 Roger Caillois, « Prestiges et problèmes du rêve (l’image onirique) », dans Roger Caillois et G. E. von Grunebaum (dir.), Le rêve et les sociétés humaines, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1967, p. 31.
2 Les significations psychanalytiques, archétypales et anthropologiques des images de rêve se situent à l’écart des visées de la présente étude. Aussi, elles ne retiendront pas mon attention dans les pages qui suivent.
3 Michel Foucault, Histoire de la sexualité, tome 3, Le souci de soi, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1984, p. 18-19. Dans la typologie d’Artémidore, les rêves enupnia, ou « rêves d’état », s’opposent aux rêves oneirei. Ce second type de rêve « agit sur l’âme et l’excite – oreinei ; le songe modifie l’âme, il la façonne et la modèle ; il la met dans des dispositions et provoque en elle des mouvements qui correspondent à ce qui lui est montré ».
4 Ibid., p. 19.
5 Sigmund Freud, Sur le rêve, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1990 (1901), p. 67 et 69.
6 Paul Morand, New York, Paris, Flammarion, coll. « GF-Flammarion », 1988 (1930), p. 47.
7 Blaise Cendrars, « Les Pâques à New York », dans Œuvres complètes, tome I, Paris, Le club français du livre, 1968, p. 6-14.
8 Le Corbusier, Urbanisme, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1994 (1925), p. 43 et 56.
9 Albert Guérard, L’avenir de Paris. Urbanisme français et urbanisme américain – la beauté de Paris en danger – l’extension – la circulation – l’industrie et Paris port de mer – la charte du plus grand Paris, Paris, Payot, 1929, p. 17, 22 et 64.
10 Paul Morand, op. cit., p. 40, 46 et 49.
11 Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, dans Romans I, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1981 (1932), p. 184, 191 et 192.
12 Georges Duhamel, Scènes de la vie future, Paris, Éditions Mille et une nuits, 2003 (1930), p. 74, 81 et 78.
13 L’extrapolation est l’un des écueils classiques dont ne se garde malheureusement pas toujours l’onirocritique, comme le souligne Agnès Conacher dans un article où elle revient sur les excès interprétatifs que les rêves de Descartes suscitent chez les dixseptiémistes : « [U]n excès d’étonnement ou de paranoïa entraîne à surestimer l’importance d’éléments qui auraient très bien pu n’être là que par hasard. » (Agnès Conacher, « Les rêves de Descartes », dans Christian Vandendorpe [dir.], Le récit de rêve. Fonctions, thèmes et symboles, Québec, Éditions Nota bene, 2005, p. 99) De même, Christian Vandendorpe rappelle, non sans ironie, comment « Freud a tiré des trésors d’interprétation de comptes rendus de rêves qui ne font qu’une phrase d’une douzaine de mots » (Christian Vandendorpe, « Le rêve entre imagerie et narrativité », dans Christian Vandendorpe [dir.], op. cit., p. 36).
14 La pièce a en réalité été composée à Détroit par Shelton Brooks, un Afro-Américain d’origine ontarienne.
15 La chanteuse noire est elle aussi une création de Roquentin. « Some of These Days » fut en réalité interprétée pour la première fois par Sophie Tucker, chanteuse blanche d’origine russe qui grandit au Connecticut.
16 Dans les notes de l’édition de la Pléiade, Jean-François Louette rappelle que Gary Cooper a fait ses débuts dans le long métrage d’Henry King La fille du désert. Cooper y joue « un jeune ouvrier discret et attentif qui sacrifie sa vie pour sauver son ami ; dans la plupart de ses films, cet acteur très aimé du public apparaîtra tel que Sartre décrit son “vagabond” » (M, 1468).
17 Le rêve américain est également présent dans la pièce Kean, qui date de 1954. À la fin de la dernière scène, le héros se voit offrir in extremis la chance de s’embarquer pour New York afin d’échapper à l’emprisonnement qui l’attend s’il reste en Angleterre (TC, 666-667). Cet embarquement pour l’Amérique n’est toutefois pas une idée de Sartre : dans la pièce originale d’Alexandre Dumas, Kean partait aussi pour New York. Le véritable Edmund Kean a pour sa part fait une tournée américaine au cours des années 1820-1821.
18 Roger Bastide, « Préface », dans Georges Perec, La boutique obscure. 124 rêves, Paris, Denoël, coll. « Cause commune », 1973, s. p.
19 Jacques Bousquet, Les thèmes du rêve dans la littérature romantique (France, Angleterre, Allemagne). Essai sur la naissance et l’évolution des images, Paris, Didier, 1964, p. 45.
20 Yvan G. Lepage, « Bestiaire des songes médiévaux », dans Christian Vandendorpe (dir.), op. cit., p. 75-97.
21 Jacques Bousquet, op. cit., p. 156-161.
22 Michel Butor, Histoire extraordinaire. Essai sur un rêve de Baudelaire, Paris, Gallimard, coll. « Folio essai », 1988 (1961), p. 13.
23 Charlotte Beradt, Rêver sous le IIIe Reich, Paris, Payot, coll. « Critique de la politique », 2002 (1966), p. 61-66.
24 Maurice Halbwachs, Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque de l’évolution de l’humanité », 1994 (1925), p. 42.
25 Roger Caillois, loc. cit., p. 33.
26 Roger Bastide, « Postface », op. cit., s. p.
27 Paul Valéry, « Préface », dans Martin Lamm, Swedenborg, Paris, Stock, 1936, p. xx-xxi, cité par Jacques Bousquet, op. cit., p. 44-45.
28 Roger Bastide, « Postface », op. cit., s. p.
29 Dans ses mémoires, Simone de Beauvoir rappelle comment cette attention que la phénoménologie husserlienne porte aux réalités concrètes et triviales de l’existence exerça sur Sartre une influence décisive : « Raymond Aron passait l’année à l’Institut français de Berlin et, tout en préparant une thèse sur l’histoire, il étudiait Husserl. Quand il vint à Paris, il en parla à Sartre. Nous passâmes ensemble une soirée au Bec de Gaz, rue Montparnasse ; nous commandâmes la spécialité de la maison : des cocktails à l’abricot. Aron désigna son verre : “Tu vois, mon petit camarade, si tu es phénoménologue, tu peux parler de ce cocktail, et c’est de la philosophie !” Sartre en pâlit d’émotion, ou presque ; c’était exactement ce qu’il souhaitait depuis des années : parler des choses, telles qu’il les touchait, et que ce fût de la philosophie. Aron le convainquit que la phénoménologie répondait exactement à ses préoccupations : dépasser l’opposition de l’idéalisme et du réalisme, affirmer à la fois la souveraineté de la conscience et la présence du monde, tel qu’il se donne à nous. » (Simone de Beauvoir, La force de l’âge, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1986 [1960], p. 157)
30 Roger Bastide, « Postface », op. cit., s. p.
31 On a souvent prêté à Sartre la phrase lapidaire : « Le marxisme est l’horizon indépassable de notre temps. » En fait, Questions de méthode exposent une idée apparentée, mais avec beaucoup moins de concision : « [I]l est bien clair que les époques de création philosophique sont rares. Entre le XVIIe et le XXe siècle, j’en vois trois que je désignerai par des noms célèbres : il y a le “moment” de Descartes et de Locke, celui de Kant et de Hegel, enfin celui de Marx. Ces trois philosophies deviennent, chacune à son tour, l’humus de toute pensée particulière et l’horizon de toute culture, elles sont indépassables tant que le moment historique dont elles sont l’expression n’a pas été dépassé. Je l’ai souvent constaté : un argument “antimarxiste” n’est que le rajeunissement apparent d’une idée prémarxiste. Un prétendu “dépassement” du marxisme ne sera au pis qu’un retour au prémarxime, au mieux que la redécouverte d’une pensée déjà contenue dans la philosophie qu’on a cru dépasser. » (CRD, 17)
