Chapitre 4. La régénération

1 André Chénier, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1940, p. 173.

2 Antoine de Baecque, Le Corps de l’histoire. Métaphores et politique (1770-1800), Paris, Calmann-Lévy, 1993, p. 165.

3 Issu du latin ecclésiastique regeneratio, le terme est utilisé en théologie pour désigner le « changement provoqué dans l’âme par les sacrements du baptême ou de la pénitence » (Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992, t. III, p. 3142).

4 Ibid.

5 Voir Antoine de Baecque, op. cit., p. 170.

6 Ibid., p. 174.

7 Alyssa Sepinwall, « Regenerating France, Regenerating the World: The Abbé Grégoire and the French Revolution, 1750-1831 », Ph. D. dissertation, Stanford University, 1998, p. 85-86.

8 Voir Jean Marie Goulemot, Le Règne de l’histoire. Discours historiques et révolutionsXVII^e-XVIII^e siècle, Paris, Albin Michel, « Bibliothèque Albin Michel Idées », 1996, p. 150.

9 On suppose que les quatre derniers tomes du Tableau ont été écrits entre 1784 et 1788, mais une série d’indices temporels laissent croire qu’ils ont sans doute été écrits à la fin de cette période. Par exemple, dès le tome X, Mercier, dans le chapitre « Brochures politiques », parle des États Généraux qui n’ont été officiellement convoqués par Louis XVI que le 8 août 1788 (bien que la possibilité de recourir à ce moyen ait été évoquée dès l’été 1787). De deux choses l’une : soit ce chapitre a été écrit après août 1788, soit il a été écrit avant, auquel cas Mercier aurait ultérieurement ajouté en note infrapaginale l’annonce officielle des États Généraux de 1789. Quoi qu’il en soit, il est certain que ce chapitre a été écrit au plus tôt à la mi-1787.

10 Voir Antoine de Baecque, op. cit., p. 174-175.

11 Cité par Robert Favre, « La Révolution : mort et régénération ou la France “phénix” ? », Dix-huitième siècle, 23, 1991, p. 331.

12 David Bell, The Cult of the Nation in France. Inventing Nationalism 1680-1800, Cambridge et Londres, Harvard University Press, 2001, p. 75.

13 Voir Antoine de Baecque, op. cit., p. 165.

14 Robert Favre, loc. cit., p. 344.

15 Voir Béatrice Didier, Écrire la Révolution 1789-1799, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Écritures », 1989, p. 48.

16 Constitution de 1791, introduction.

17 Ibid.

18 François Furet, op. cit., p. 14.

19 David Bell, op. cit., p. 138.

20 Voir Mona Ozouf, La Fête révolutionnaire 1789-1799, Paris, Gallimard, coll. « Folio histoire », 1976, p. 250.

21 Roger Chartier, Les Origines culturelles de la Révolution française, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2000, p. 29.

22 Voir Robert Favre, loc. cit., p. 341.

23 Louis Sébastien Mercier, Néologie, Paris, Belin, 2009 [1801], texte établi, annoté et présenté par Jean-Claude Bonnet, p. 5.

24 Bronislaw Baczko, « Le calendrier républicain. Décréter l’éternité », dans Pierre Nora, Les Lieux de mémoire. I. La République, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque illustrée des histoires », 1984, p. 38.

25 La réforme des poids et des mesures, qui consiste en l’instauration du système métrique, participe de la même entreprise régénératrice que le calendrier. Bronislaw Baczko indique même qu’un décret de la Convention datant de germinal an III donne au nouveau système décimal le nom de « système de mesures républicaines » afin de souligner la parenté avec le calendrier. Voir Bronislaw Baczko, loc. cit., p. 47.

26 Le calendrier républicain aura officiellement cours jusqu’au 1^er janvier 1806, date à partir de laquelle le calendrier grégorien sera réinstauré.

27 Gilbert Romme, Rapport sur l’ère de la République fait à la Convention nationale dans la séance du 20 septembre de l’an II de la République. On remarquera au passage l’apparente difficulté à appliquer, dès son instauration, le calendrier républicain : le titre du rapport – qui aurait dû, en principe, donner l’exemple – mélange effectivement l’ancien système (« 20 septembre ») et le nouveau (« an II de la République »).

28 Sur ce point, le calendrier républicain prend modèle sur l’ancien calendrier égyptien. En rompant avec un passé récent, il renoue avec un passé lointain.

29 L’horloge décimale a connu un moins grand succès que le calendrier, car la division des heures semblait aux réformateurs moins importante et, surtout, moins chargée symboliquement que celle des jours. Aussi ce projet a-t-il été rapidement abandonné, vu la complexité de sa réalisation. Voir Nancy Senior, « Un nouveau jour brille sur l’horizon : le temps dans la pédagogie de la Révolution », Lumen, vol. XVIII, 1999, p. 127 et p. 133 n. 30. Voir aussi à ce sujet Bronislaw Baczko, loc. cit., p. 48-49.

30 Ibid., p. 42.

31 Gilbert Romme, op. cit.

32 Vendémiaire (septembre-octobre) est le mois des vendanges, nivôse (décembre-janvier) le mois de la neige, floréal (avril-mai) le mois des fleurs, messidor (juin-juillet) le mois des moissons, etc.

33 Voir Daniel Milo, Trahir le temps (Histoire), Paris, Les Belles-Lettres, coll. « Pluriel », 1991, p. 196.

34 Voir ibid., p. 126.

35 Bronislaw Baczko, loc. cit., p. 59.

36 Cette victoire, datée en style nouveau, est paradoxalement abordée dans un chapitre dont le titre est une date de style ancien (« 7 octobre 1795 »).

37 Bibliothèque de l’Arsenal, Fonds Mercier, ms 15078[1]. Reproduit dans NP, p. lxxvii à clvi.

38 La référence au décadi dans la lettre 74 fait exception, mais cela peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit moins d’une datation précise que d’une allusion à un jour-événement de la décade, en l’occurrence celui qui a remplacé le dimanche.

39 Joanna Stalnaker, « The New Paris in Guise of the Old: Louis Sébastien Mercier from Old Regime to Revolution », Studies in Eighteenth Century Culture, vol. 35, 2006, p. 230.

40 Mona Ozouf, « La Révolution française et la formation de l’homme nouveau », dans L’Homme régénéré. Essais sur la Révolution française, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1989, p. 134.

41 Condorcet, « Mémoires sur l’Instruction publique », Œuvres, Paris, 1847, VII, p. 433.

42 Mona Ozouf, La Fête révolutionnaire, op. cit., p. 183.

43 Id., « La Révolution française et la formation de l’homme nouveau », loc. cit., p. 143.

44 Florence Lotterie, Progrès et perfectibilité : un dilemme des Lumières françaises (1755-1814), SVEC, 4, 2006, p. 95.

45 David Bell, op. cit., p. 160.

46 Il est difficile de savoir précisément quel type de régime politique a été instauré dans la société de l’an 2440 : le guide dit simplement qu’« il n’est ni monarchique, ni démocratique, ni aristocratique : il est raisonnable et fait pour des hommes » (Louis Sébastien Mercier, L’An 2440. Rêve s’il en fut jamais, Paris, La Découverte, coll. « Littérature », 1999, p. 223). L’on comprend néanmoins que si la monarchie absolue a été abolie, la fonction de roi, elle, ne l’a pas été : la société imaginée par le polygraphe est une monarchie parlementaire. L’absence de roi est effectivement peu envisageable pour Mercier (et pour la plupart de ses contemporains) avant 1791-1792 : comme la plupart des écrivains des Lumières, Mercier place ses espoirs en un « Roi philosophe », un despote éclairé qui pourrait mettre en œuvre la régénération du royaume. Dans L’An 2440, la révolution s’est effectivement « opérée sans efforts, et par l’héroïsme d’un grand homme. Un roi philosophe […] offrit de remettre les États en possession de leurs anciennes prérogatives » (ibid., p. 226).

47 Ibid., p. 293.

48 Ibid., p. 227.

49 Ibid.

50 Ibid., p. 339-340.

51 Ibid.

52 Maximilien Robespierre, Discours et rapports à la Convention, Paris, Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1965, p. 79.

53 Antoine de Baecque, Le Corps de l’histoire, op. cit., p. 193.

54 L’étymologie du mot « révolution », qui en a longtemps marqué l’acception, renvoie d’ailleurs explicitement à cette idée de retour au point d’origine. Voir Hans-Jürgen Lüsebrink et Rolf Reichardt, « Révolution à la fin du 18^e siècle. Pour une relecture d’un concept-clé du siècle des Lumières », Mots, 16, 1988, p. 35-68.

55 Mona Ozouf, La Fête révolutionnaire 1789-1799, op. cit., p. 60-61.

56 Michel Delon, L’Idée d’énergie au tournant des Lumières (1770-1820), Paris, Presses universitaires de France, coll. « Littératures modernes », 1989, p. 229.

57 Voir Jean Marie Goulemot, op. cit., p. 217 et Robert Favre, loc. cit., p. 331-332.

58 Voir Mona Ozouf, « La Révolution française et la formation de l’homme nouveau », loc. cit., p. 117. Voir aussi Michèle Duchet, Anthropologie et histoire au siècle des lumières, Paris, F. Maspero, 1971.

59 Antoine de Baecque, « L’homme nouveau est arrivé : la “régénération” du Français en 1789 », loc. cit., p. 196-197.

60 Louis Sébastien Mercier, « Adieux à l’année 1789 », Paris, janvier 1790.

61 La fin du XVIII^e siècle est marquée par un débat sur les origines des Français : certains soutiennent que les ancêtres véritables du peuple français sont les Gaulois, d’autres qu’il s’agit des Francs. Sans entrer dans les détails de ce débat complexe, on peut observer que les républicains, de manière générale, se réclament davantage des Gaulois, qui incarnent la liberté et la résistance devant l’envahisseur romain, tandis que les nobles se réclament des Francs, vainqueurs des Romains et instaurateurs de la monarchie. Chez Mercier, le choix est clair : la figure qui incarne l’énergie et la liberté originelles est bien celle de l’ancêtre gaulois. La Révolution apparaît du coup comme un moyen de racheter l’histoire en vengeant l’invasion romaine et en renversant le régime monarchique mis en place par l’envahisseur franc.

62 Antoine de Baecque, « L’homme nouveau est arrivé : la “régénération” du Français en 1789 », loc. cit., p. 199.

63 Édouard Pommier, L’Art de la liberté, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1991, p. 59.

64 Michel Delon, op. cit., p. 89.

65 Ibid., p. 215.

66 Mona Ozouf, La Fête révolutionnaire, op. cit., p. 464.

67 Cité dans F. A. Aulard, La Société des Jacobins, Paris, Jouaust, Noblet et Quantin, 1889-1897, t. IV, p. 185.

68 Édouard Pommier, op. cit., p. 28.