Introduction de la première partie

1Une anecdote pour commencer. En 2001, j’entame un projet de recherche ambitieux qui dépasse a priori le cadre de mes compétences historiennes : étudier la consommation de médicaments des Vietnamiens de Montréal dans l’objectif de mieux saisir la réalité des pratiques de santé en contexte d’immigration. Me documentant, je tombe sur un rapport de Statistique Québec ayant compilé des données sur les représentations du soin auprès de plusieurs communautés diasporiques. À la question ouverte « Que pensez-vous de la médecine traditionnelle ? », la majorité des répondants vietnamiens interrogés auraient répondu avec assurance qu’elle était adaptée à leurs besoins et à leurs attentes. L’étude concluait que, contrairement aux idées reçues, ces néo-Canadiens étaient tout à fait réceptifs aux services de santé publics qui leur étaient proposés. Or, cette conclusion repose sur un malentendu initial : pour les concepteurs du questionnaire, « médecine traditionnelle » renvoyait à la médecin