1 Pensées sur l’interprétation de la nature, § LVII, DPV, IX, p. 91.

2 Quatrième lettre de Leibniz à Clarke, GP, VII, p. 372.

3 Rappelons par exemple que l’article « Hypothèse » de l’Encyclopédie est une reprise quasiment textuelle du chapitre IV des Institutions de physique d’Émilie du Châtelet.

4 Yvon Belaval, Etudes leibniziennes, Gallimard, 1976. On pense en particulier au chapitre intitulé « L’héritage leibnizien » dans lequel il écrit : « Lorsqu’on suit une transmission d’héritage, on est obligé de tenir compte de deux facteurs : la confusion et la diffusion. […] C’est dans la confusion qu’un auteur se diffuse. On le trouve partout et on ne peut le saisir nulle part. De nombreux textes lui ressemblent, mais sa paternité devient douteuse dès que l’on tente de la prouver. […] Confusion, diffusion : mais aussi invention. Les erreurs de lecture, les méconnaissances ou les connaissances de seconde main modèlent peu à peu un nouvel auteur. L’histoire de la philosophie est une création continuée, une invention constante. On recrée sans cesse Leibniz. On invente un leibnizianisme, et c’est ce leibnizianisme qui féconde les esprits » (p. 220-221), et enfin : « D’un mot : au XVIII^e siècle, on a moins affaire à Leibniz qu’à son reflet plus ou moins déformant » (p. 227).

5 Lettre de Leibniz à Bossuet du 13 juillet 1692 : « Bien souvent, je trouve qu’on a raison de tous côtés, quand on s’entend, et je n’aime pas tant à réfuter et à détruire qu’à découvrir quelque chose et à bâtir » (Œuvres de Leibniz, éd. par Foucher de Careil, Paris, Firmin Didot, 1859, t. 1, p. 301).

6 Gary Hatfield, « The History of Philosophy as Philosophy », in Tom Sorell et G.A.J. Rogers (eds.), Analytic Philosophy and History of Philosophy, Clarendon Press, 2005, p. 83-128. Ici, p. 103: « Earlier historiographical writers, including Passmore, identified the “philosophical problem” as the relevant scale of analysis for a contextual approach. These adherents of the problem-centred approach were not committed to the thesis that there are eternal or unchanging philosophical problems, existing as it were outside history. Rather, they suggested that in interpreting each philosopher, one should seek to discover the problems that motivated his or her philosophizing. This is good advice: it suggests trying to “get inside” the philosophical activity of a past author, to “rethink” the problems that motivated him or her ».

7 Mogens. Laerke, « The Anthropological Analogy and the Constitution of Historical Perspectivism », in Mogens Laerke, Justin Smith, Eric Schliesser (eds.), Philosophy and its History, Aims and Methods in the Study of Early Modern Philosophy, Oxford University Press, 2013, p. 7-29.

8 Quentin Skinner, « Meaning and Understanding in the History of Ideas », History and Theory, 8 (1), 1969, p. 3-53.

9 Ernst Cassirer, La Philosophie des Lumières, traduit et présenté par Pierre Guillet, Fayard, 1966, p. 110 sq.

10 William H. Baber, Leibniz in France. From Arnauld to Voltaire (1955), Garland Publishing, 1985.

11 Aram Vartanian, Diderot and Descartes, a Study of Scientific Naturalism in the Enlightenment, Princeton University Press, 1953 ; Paul Vernière, Spinoza et la pensée française avant la Révolution, Presses universitaires de France, 1954.

12 Yvon Belaval, « Note sur Diderot et Leibniz », Revue des sciences humaines, 112, oct.-déc. 1963, p. 435-451. Belaval avait déjà esquissé le rapprochement avec Leibniz, notamment sur la question des petites perceptions, dans son Esthétique sans paradoxe de Diderot, Gallimard, 1950. Dans un article plus récent, Ursula Winter reprend une approche similaire à celle de Belaval pour tenter de déterminer la connaissance qu’avait Diderot du corpus leibnizien, plus précisément dans le domaine de la philosophie naturelle : « Diderot und Leibniz. Die Leibniz-Rezeption in der Naturphilosophie der Französischen Aufklärung », Studia Leibnitiana, 36 (1), 2004, p. 57-69.

13 Émile Callot, La Philosophie de la vie au XVIII^e siècle, Marcel Rivière, 1965. Jacques Chouillet (La Formation des idées esthétiques de Diderot, Armand Colin, 1973) opère un rapprochement Diderot-Leibniz sur la question des petites perceptions (p. 198-215), suivant en cela les hypothèses de Belaval.

14 Par exemple : Colas Duflo, Diderot philosophe, Honoré Champion, 2003, p. 162-167. L’auteur y remarque la proximité des concepts diderotiens et leibniziens, mais souligne que l’héritage est indirect, passant par Fontenelle et Brucker. Dans le même esprit, on pensera à Annie Ibrahim (dir.), Diderot et la question de la forme, PUF, 1999, dont l’introduction rappelle « le poids de l’influence sur Diderot de deux philosophies de l’expression, éminemment différentes : Leibniz et Spinoza » (p. 12).

15 Jean-François Marquet, « La monadologie de Diderot », Revue philosophique de la France et de l’étranger, CLIV, 3, 1984, p. 353-370. Cette interprétation de la pensée de Diderot sera reprise dans Miroirs de l’identité, Hermann, 1996 (édition revue, augmentée et postfacée par Marc Fumaroli, Cerf, 2009).

16 Claire Fauvergue, Diderot, lecteur et interprète de Leibniz, Honoré Champion, 2006. On notera que Claire Fauvergue défend l’idée que le travail de Diderot sur Leibniz est loin de se réduire à un « résumé de seconde main » déjà dans son article « Diderot, traducteur de Leibniz », Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie, XXXVI, 2004, p. 109-123.

17 Johann Jakob Brucker, Historia critica philosophiae, Lipsiae, Breitkopf, 5 volumes, 1742-1744.

18 Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l’homme, et l’origine du mal. Par M. Leibnitz. Nouvelle Edition [première édition : 1734, publiée sous le pseudonyme de L. de Neuville], Augmentée de l’Histoire de la Vie & des Ouvrages de l’Auteur, Par M. le Chevalier de Jaucourt, 2 tomes, Amsterdam, chez François Changuion, 1747. La Vie de Mr Leibnitz se trouve dans le premier tome.

19 Condillac, Traité des systèmes, in Œuvres philosophiques de Condillac, éd. par Georges Le Roy, PUM, 1947, tome I, p. 151-164.

20 Voir aussi Hisayasu Nakagawa, « Genèse d’une idée diderotienne : la sensibilité comme propriété générale de la matière », in Béatrice Fink et Gerhardt Stenger (dir.), Être matérialiste à l’âge des Lumières. Hommage offert à Roland Desné, PUF, 1999, et « Spiritualité et matière chez Diderot l’encyclopédiste », in Sylvianne Albertan-Coppola et Anne-Marie Chouillet, La Matière et l’homme dans l’Encyclopédie, Klincksieck, 1998.

21 Voir notamment Leibniz, le vivant et l’organisme, Vrin, 2010.

22 Voir Michel Delon, L’Idée d’énergie au tournant des Lumières (1770-1820), PUF, 1988.

23 Voir François Pépin, « L’actualité de l’énergie dans le matérialisme des Lumières », actes du colloque La Réalité et ses concepts, sous la direction de Jean-Christophe Bardout et Filipe Drapeau-Contim, à paraitre en 2015.

24 Voir notamment Marie Leca-Tsiomis, Écrire l’Encyclopédie, Diderot : de l’usage des dictionnaires à la grammaire philosophique, Voltaire Foundation, 1999, rééd. 2008 ; les deux premiers numéros de la revue japonaise Recueil d’études sur l’Encyclopédie et les Lumières, 2012 et 2013 (Tokyo).

25 Voir en particulier Gilles Barroux et François Pépin (dir.), Le Chevalier de Jaucourt, l’homme aux 17000 articles, L’Atelier, autour de Diderot et de l’Encyclopédie, 2015.

26 Voir Gilles Barroux et François Pépin, « Encyclopédisme, éclectisme, critique : les figures philosophiques de Jaucourt » et François Pépin, « Jaucourt historien du savoir », in Gilles Barroux et François Pépin (dir.), Le Chevalier de Jaucourt, op. cit.

27 Francine Markovits a ainsi souligné le rôle réel de Leibniz, notamment du Discours touchant la méthode de la certitude et de l’art d’inventer, dans la formulation d’un double problème de communication : communication entre les sciences et les arts, communication par explicitation des savoirs tacites et savoirs pratiques. Voir par exemple la « Présentation » du numéro 51 de Corpus, revue de philosophie, 2006.