1En cette fin du xx^e siècle, il est devenu essentiel de s’interroger sur l’avenir des ressources nécessaires à la survie et au bien-être des diverses espèces vivantes qui habitent notre planète, et sur le rôle que peut jouer le mouvement vert pour assurer la protection de l’environnement et la pérennité des ressources.

2Les orientations et les interventions des groupes qui formeront le mouvement vert au XXI^e siècle sont liées étroitement avec la conjoncture politique, économique et environnementale actuelle et future. En effet, les résultats des prochaines élections présidentielles aux États-Unis et des prochaines élections fédérales au Canada, l’éventualité d’une récession économique mondiale, le danger d’une guerre nucléaire ou de graves accidents environnementaux sont autant de facteurs déterminants pour l’avenir de ces groupes.

3Il est pratiquement impossible de faire une description du mouvement vert du XXI^e siècle qui tienne compte de telles éventualités sans tomber dans les prédictions et les prophéties. Pour éviter cet écueil, nous tenterons plutôt de cerner les grandes tendances actuelles du mouvement tout en demeurant conscients qu’une multitude d’événements pourraient venir transformer radicalement celles-ci.

4Les différents groupes formant le mouvement vert ont jusqu’à présent joué un rôle important pour assurer la protection de l’environnement et la pérennité des ressources. Leurs interventions prennent de multiples formes : ils peuvent être gardiens des espaces verts, surveillants des problèmes environnementaux, sensibilisateurs de la population ou dénonciateurs des actions polluantes. Les groupes exercent aussi des pressions sur les gouvernements pour la mise en place de politiques de protection de l’environnement ou encore ils proposent des pratiques alternatives ayant moins d’impacts sur l’environnement.

5Malgré les nombreux efforts de ces groupes, l’environnement continue de subir des atteintes graves. Le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, mieux connu sous le nom de Rapport Brundtland, est venu confirmer encore récemment ce que plusieurs personnes du mouvement vert affirment depuis longtemps. Le rapport signale par exemple que

Beaucoup des efforts actuels pour préserver les progrès réalisés par l’homme, pour répondre aux besoins et pour réaliser des ambitions ne sont absolument pas tenables — et ce, autant dans les pays riches que dans les pays pauvres. Ils puisent trop et trop vite, dans des ressources déjà comptées qui ne pourront durer encore longtemps (Commission mondiale sur l’environnement et le développement : R-9).

6De même, le rapport souligne que l’humanité doit faire face à des réalités très alarmantes telles que la croissance démographique effrénée, la disparition de nombreuses espèces végétales et animales, la désertification, l’appauvrissement de la couche d’ozone, la famine dans plusieurs régions et la mort des océans.

7Le constat peu reluisant de la situation environnementale actuelle laisse présager que les groupes voués à la protection de l’environnement continueront d’avoir un rôle important à remplir pour assurer la protection de l’environnement et la pérennité des ressources. Dans les pages qui suivent, nous tenterons donc de montrer que le mouvement vert pourrait dans les prochaines années, si la tendance actuelle perdure, 1) s’enraciner davantage dans la société ; 2) intervenir de manière plus ou moins radicale selon la situation environnementale ; 3) présenter un clivage plus profond entre les fondamentalistes et les réalistes ; 4) être de plus en plus présent sur la scène internationale ; et 5) présenter de plus en plus une approche globale faisant le lien entre les problèmes de l’environnement et ceux de la paix, de la justice et des droits humains.

8Depuis le début des années 1970, le nombre de groupes préoccupés par l’environnement n’a cessé de croître au Québec. Les groupes venant joindre les rangs du mouvement vert ont été particulièrement nombreux durant les dix dernières années. Au Québec, plus de 350 groupes au niveau local et près d’une centaine de groupes au niveau national travaillent actuellement pour l’éducation, la protection ou la recherche en environnement, ou encore, pour la récupération et le recyclage.

9Selon le répertoire environnemental de 1987 du ministère de l’Environnement, il y a présentement plus de 200 municipalités où l’on peut trouver au moins un groupe d’éducation, de protection ou de recherche, et il y a près de 50 municipalités où fonctionne au moins un groupe de récupération et de recyclage. Si cette tendance se maintient, le nombre de municipalités sans groupe environnemental sera sensiblement réduit au tournant du siècle.

10Au niveau local, certains groupes tentent de sensibiliser la communauté à une meilleure protection de l’environnement. Ils peuvent viser aussi la dépollution d’un ou de plusieurs lacs, comme ils peuvent également tenter de préserver un site naturel particulier. Leur action se situe davantage au niveau municipal et régional. Par exemple, le groupe « À cours d’eau », formé de plus de mille membres, lutte pour la dépollution et la protection des cours d’eau du bassin de la rivière L’Assomption. Plus modeste, le groupe « Le Crivert » de Valleyfield sensibilise lui aussi la population aux problèmes de l’environnement et fait des représentations auprès des dirigeants afin de préserver le milieu local.

11Au niveau national, les groupes s’attaquent à des questions globales ainsi qu’à des problèmes spécifiques. Les groupes tels que la Société linéenne du Québec, la Société pour vaincre la pollution, STOP, le Regroupement pour un Québec vert, les Ami(e)s de la Terre, l’Association des biologistes du Québec, l’Union québécoise pour la conservation de la nature sensibilisent la population québécoise et font des pressions auprès des gouvernements pour dépolluer les fleuves, les lacs et les rivières, pour lutter contre les pluies acides et pour obtenir une meilleure législation en matière de protection de l’environnement.

12Les différentes actions de ces organismes prennent la forme de pressions politiques, d’activités de recherche, de colloques, de lobbying, d’articles dans les journaux et les revues. Ils interviennent aussi dans le cadre d’audiences publiques comme celles du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. Les actions des groupes se maintiendront là où les décisions se prennent et là où les problèmes environnementaux existent, c’est-à-dire aux niveaux local et national.

13L’enracinement du mouvement vert dans la société se poursuivra également par une plus grande pénétration des préoccupations des groupes dans les institutions québécoises. Qu’il s’agisse des milieux scolaires ou parascolaires, des Églises des différents ministères, des médias, des regroupements féministes ou des syndicats, la présence des groupes préoccupés par l’environnement se fera de plus en plus sentir.

14Une poussée est déjà amorcée dans ce sens si on pense par exemple à l’Association québécoise de lutte contre les pluies acides (AQLPA) qui a envoyé des dépliants d’information sur le phénomène des pluies acides à plus de 120 000 personnes œuvrant dans de nombreux secteurs de la société, y compris les syndicats et les partis politiques. De même, la Coalition pour l’information, formée au printemps 1986 pour contrecarrer le projet de loi 70 réduisant l’accès à l’information au ministère de l’Environnement, était allée chercher l’appui de plus de 40 groupes importants, dont l’Assemblée des évêques du Québec, le RCM, la CEQ, la CSN et l’UPA.

15Enfin, l’enracinement du mouvement se manifeste également par un appui important de la population. Celle-ci est beaucoup plus sensibilisée et elle accorde de plus en plus d’importance aux problèmes environnementaux. Selon le sondage SORECOM d’avril 1987 réalisé pour la Fondation québécoise de l’environnement, 79 % des Québécois s’intéressent maintenant aux questions de pollution et d’environnement. L’ensemble des citoyens seraient même prêts à débourser 130$ pour protéger l’environnement ou combattre la pollution.

16Les citoyens se montrent aussi plus sévères à l’égard des industries polluantes. La majorité des citoyens (77 %) estiment que les chefs d’entreprises qui ne respectent pas les normes environnementales devraient être considérés comme des criminels. De plus, 61 % des citoyens ne sont pas ou sont peu en accord avec le fait d’accepter un peu plus de pollution pour éviter le risque de perte d’emplois et 51 % des Québécois choisiraient d’empêcher l’implantation d’industries dans leur localité aussi longtemps qu’elles ne se conforment pas aux normes de protection de l’environnement. À noter que les proportions varient selon l’âge, la scolarité et les régions. Les plus jeunes, les plus scolarisés et les résidants des régions de Montréal et de Québec se montrent plus enclins à sévir que les plus âgés, les moins scolarisés et les gens en région périphérique où les localités dépendent davantage de quelques employeurs. Néanmoins, on ne peut nier la réceptivité accrue des citoyens vis-à-vis de la protection de l’environnement.

17Les groupes qui s’intéressent à l’environnement devraient donc jouir d’un accueil de plus en plus grand de la part de la population, d’autant plus qu’ils possèdent une très haute cote d’estime et de confiance. Selon ce même sondage, 78 % des Québécois accordent leur confiance aux groupes environnementaux quand il s’agit d’informer les citoyens sur les questions environnementales. Les médias possèdent aussi une cote respectable (64 %) alors que les citoyens sont très méfiants face aux syndicats et aux industries puisque seulement 27 % et 16 % leur font respectivement confiance sur cette question1. En sollicitant davantage la population, les groupes pourraient fort probablement bénéficier d’un support financier et idéologique encore plus grand.

18Analysant le mouvement vert des années 1980, Jean-Guy Vaillancourt, l’un des auteurs de la présente communication, a décrit ce mouvement comme pouvant intervenir sur deux axes différents ou selon deux logiques différentes. Certains verts peuvent être considérés comme agissant plutôt au plan socioculturel alors que l’action des autres se situe davantage au plan sociopolitique. Les groupes qui agissent surtout au plan socioculturel tentent d’améliorer la qualité de l’environnement en questionnant les réalités culturelles et sociales et en proposant des modes de vie contre-culturels et alternatifs. D’autre part, les groupes à tendance sociopolitique essaient plutôt de faire des changements environnementaux plus ou moins radicaux en agissant sur les plans social et politique.

19Chacun de ces deux axes peut être vu comme comportant trois types différents d’interventions. Les groupes peuvent être plus ou moins conservateurs, réformistes ou radicaux. Sur l’axe socioculturel, les acteurs des trois tendances s’appellent généralement les contre-culturels individualistes, les contre-culturels communautaires et les alternatifs alors qu’au plan sociopolitique, on les appelle les conservationnistes, les environnementalistes et les écologistes politiques.

20Cette classification des diverses tendances à l’intérieur du mouvement vert, élaborée il y a déjà quelques années, conserve toujours à notre avis une certaine utilité pour distinguer les groupes les uns des autres. Par contre, le mouvement vert s’inscrit dans une dynamique sociale et politique et l’on ne peut pas figer celle-ci une fois pour toutes dans un modèle statique.

21On peut sans doute prévoir que les trois tendances socioculturelles et les trois tendances sociopolitiques du mouvement vert seront encore présentes sur la scène d’ici les quinze prochaines années. Toutefois, dans le cas où l’on continuera de s’acheminer vers une pénurie dangereuse des ressources et que la situation de l’environnement se détériorera davantage, la tendance des verts les plus radicaux agissant tant au niveau socioculturel que sociopolitique aura de bonnes chances de se renforcer. D’autre part, si on écarte la possibilité d’un grave accident environnemental et si les gouvernements agissent et créent de meilleurs mécanismes nécessaires à la protection de l’environnement, les groupes à tendances plus conservatrices et réformistes prendront probablement plus d’importance par rapport aux groupes plus radicaux. Dans ce cas, on s’occupera surtout de tâches comme l’assainissement des cours d’eau pollués et le reboisement des territoires dénudés.

22On sait que le type d’intervention des groupes environnementaux varie selon les systèmes politiques et les problèmes environnementaux propres à une nation et une région données. Les Verts allemands, par exemple, militent dans un pays où les problèmes environnementaux sont particulièrement aigus et où le système politique permet plus facilement l’émergence d’un nouveau parti politique. Leur entrée sur la scène électorale sous forme de parti politique a fait naître par la suite un clivage de plus en plus important entre les « fondamentalistes » puristes, d’une part, et les « réalistes », d’autre part.

23Ce clivage est apparu à mesure que le mouvement vert en Allemagne et ailleurs en Europe s’est transformé en un ou plusieurs partis verts. La nécessité de collaborer ou de faire alliance avec d’autres partis progressistes, notamment les partis sociaux-démocrates, pose le problème des compromis à faire sur les priorités électorales. Les « réalistes » plus enclins aux compromis se confrontent donc continuellement avec les « fondamentalistes » moins conciliants.

24Au Québec, comme dans le reste du Canada et aux États-Unis, la situation se présente de façon différente, car les systèmes électoraux majoritaires à un tour ne permettent pas l’émergence d’un parti vert crédible. Les groupes ont donc plutôt tendance à faire des pressions sur les élus. Toutefois, la possibilité d’un éventuel clivage entre les « fondamentalistes » et les « réalistes » n’est pas à écarter pour autant. S’il ne prend pas naissance dans des partis politiques verts, il peut prendre forme dans les interventions des groupes aux mécanismes de participation instaurés par des gouvernements et des industries. En effet, les groupes environnementaux sont de plus en plus amenés à donner leur opinion concernant des plans d’urbanisme, des politiques de conservation, des projets de loi touchant l’environnement et des projets de développement à caractère économique. Les différents mécanismes de participation peuvent amener certains groupes et promoteurs sur le terrain des compromis. Aux États-Unis, par exemple, la conciliation et la médiation sont de plus en plus utilisées dans le cadre des procédures d’évaluation environnementale du National Environmental Protection Act (NEPA) pour trouver un terrain d’entente entre les partis. Quelques expériences de ce genre ont également eu lieu au Canada et au Québec et l’idée continue de faire son chemin. Les incitations aux compromis plutôt qu’aux confrontations risquent alors d’accentuer le clivage entre les « fondamentalistes » et les « réalistes ».

25Enfin, il est également à prévoir que certains groupes du mouvement vert s’orienteront davantage vers des actions de type international. La protection de la couche d’ozone est une responsabilité internationale, la pérennité des ressources de l’océan concerne toute l’humanité, les accidents environnementaux comme l’explosion d’un réacteur nucléaire à Tchernobyl et les déversements de produits chimiques dans le Rhin ont des répercussions sur des écosystèmes très éloignés des sources de contamination. Au niveau international, les ententes pour la sauvegarde de l’environnement et les modes de surveillance et de sanctions sont encore à l’état de balbutiements.

26Certains groupes environnementaux ont commencé à travailler dans cette voie en participant à des forums internationaux comme l’ONU et la CEE, et en faisant des pressions sur les gouvernements pour les inciter à agir. D’autres s’acharnent à produire des connaissances qui sont encore trop minces, sur les risques et les dommages irréversibles causés aux écosystèmes, et sur les menaces qui pèsent sur la pérennité des ressources et sur la survie et le bien-être des espèces vivantes. Certains encore sensibilisent la population mondiale aux liens entre la protection de l’environnement au niveau local et les menaces environnementales au niveau international. L’Association québécoise pour la lutte contre les pluies acides (AQLPA), par exemple, s’apprête à travailler avec le gouvernement canadien pour effectuer aux États-Unis une campagne de sensibilisation aux problèmes environnementaux causés par les pluies acides.

27Compte tenu de l’ampleur des défis de type international, les groupes environnementaux risquent de devoir intervenir de manière plus intense à ce niveau. La tâche n’est pas facile, car cette orientation nécessitera un apprentissage des langues étrangères et des rouages de la diplomatie pour arriver à une concertation entre les groupes environnementaux de divers pays.

28Finalement, la devise « Penser globalement, agir localement » adoptée par l’Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) prend de plus en plus toute sa signification. Penser globalement veut dire plus que faire des liens entre l’acidité des lacs du Québec et la soif de profits des grandes entreprises polluantes américaines et canadiennes. Un environnement de qualité et la pérennité des ressources nécessaires à la survie des diverses espèces vivantes sont fondamentalement liés à la protection des espaces verts et des espèces vivantes mais aussi à des gestes quotidiens pour le maintien ou la recherche de la paix, de la justice, des libertés et des droits humains dans le monde.

29Marguerite Yourcenar, écrivaine et écologiste, disait, lors de son discours d’ouverture de la^Ve Conférence internationale de droit constitutionnel qui se déroulait à Québec le 30 septembre 1987 :

Le remède est à la portée de l’intelligence humaine, si elle veut bien [...] demander à la science, non plus seulement la possession immédiate de la nature, de l’énergie en général. C’est uniquement par le respect des lois naturelles et par l’extension des rapports d’amitié entre les hommes que l’histoire pourra se développer dans l’ordre naturel des choses suivant le jeu naturel des causes, où se trouve la liberté, et sauvegarder ainsi l’avenir du monde.

30Lutter contre le mal-développement qui perpétue la famine et contribue dans plusieurs régions du monde à la désertification, refuser l’accroissement des dépenses militaires responsables pour une large part du gaspillage des ressources, dénoncer, par exemple, l’intervention soviétique en Afghanistan et l’ingérence américaine au Nicaragua sont autant d’actions qui ont un lien avec la protection de l’environnement.

31L’agronome de réputation internationale René Dumont établissait aussi un rapport étroit entre écologie, paix et développement. Selon lui, la force des Verts allemands, vient de cette symbiose entre l’écologisme et le pacifisme. Au Canada, quelques organismes ont commencé à travailler de concert dans cette voie. Par exemple, le Conseil canadien pour la coopération internationale, le Réseau canadien de l’environnement et le Projet Ploughshares — un organisme dédié à la paix — unissent actuellement leurs efforts pour proposer un « Projet de priorités électorales 1988 » qui fait le lien entre les questions de développement, de désarmement et d’environnement. L’organisation invite tout organisme à collaborer à la mise en oeuvre de ce projet pour la prochaine campagne électorale fédérale.

32La troisième conférence biennale sur « Le destin de la terre » tenue au Canada en juin dernier constitue un autre exemple d’activités amenant divers organismes à travailler ensemble sur ces trois thèmes.

33À l’instigation de David Brower — fondateur des Ami(e)s de la terre aux États-Unis — et de quelques environnementalistes canadiens, le Canadian Environmental Network, le Canadian Council on International Cooperation et quelques autres organisations nationales de paix décidèrent qu’après New York en 1982 et Washington en 1984, il serait possible et désirable que la troisième biennale ait lieu au Canada en 1987. La conférence et les ateliers ont mis l’accent sur les liens entre des thèmes comme l’énergie, les idées de paix, d’environnement et de développement et le destin de la terre et de la population mondiale. De plus, le fait que la quatrième Conférence sur le destin de la terre aura lieu dans le Tiers-Monde, et plus précisément au Nicaragua, est un indice supplémentaire caractérisant l’approche globale des groupes mais aussi l’internationalisation et la radicalisation du mouvement. Ce type d’activité risque de se produire de plus en plus régulièrement dans un avenir prochain.

34En résumé, le mouvement vert devrait, à moins d’un changement inattendu, s’enraciner davantage dans la société ; il continuera de s’ancrer dans les institutions sociales et politiques et ses interventions seront plus ou moins radicales selon l’évolution de la situation environnementale. Il est également possible que l’on observe, avec la venue des mécanismes de participation du public, un plus grand clivage entre les « fondamentalistes » et les « réalistes ». Enfin, compte tenu des répercussions mondiales de certaines menaces environnementales, il est à prévoir que le mouvement vert agira davantage sur le plan international et qu’il fera de plus en plus de liens entre la protection de l’environnement, la pérennité des ressources, la paix et le développement.

35II est à prévoir aussi que les groupes environnementaux continueront d’avoir un rôle essentiel dans un avenir prochain. Les connaissances qu’ils produiront, les critiques qu’ils adresseront à l’égard des politiques de conservation, de développement ou de militarisation des gouvernements, la sensibilisation qu’ils continueront de faire auprès de la population demeureront fondamentales pour relever les défis qui se posent à nous et à notre planète à l’aube du XXI^e siècle.