1La littérature mondiale a produit quantité d’ouvrages sur le thème des amours adolescentes. L’aventure tragique de Roméo et Juliette constitue sans doute un des chefs-d’œuvre universel à cet égard et l’histoire du Grand Meaulnes, collégien qui tombe amoureux d’Yvonne de Galais lors d’une nuit magique, restera longtemps le best-seller de la littérature française. Pourtant, très peu d’études ont tenté de saisir le rôle et la signification des relations amoureuses à l’adolescence. Les scientifiques n’osent guère aborder un thème qui a si souvent été célébré par les poètes et dans les chansons ; ils reculent devant la tâche périlleuse d’entreprendre une réflexion méthodique sur les « mystères de l’amour ». C’est que peu d’éléments peuvent guider la réflexion dans ce domaine, les données de recherche étant fragmentaires et les perspectives théoriques encadrant la réflexion peu nombreuses.

2Les premières exaltations amoureuses et les premières peines d’amour sont le lot de l’adolescence. Chacun a retenu le nom du garçon ou de la fille dont un jour, elle (il) est devenu(e) amoureux(se) pour la première fois. Sans doute, d’autres expériences ont depuis lors marqué notre vie amoureuse ; avec les années, les engagements sont devenus plus sérieux, les expériences de couple plus longues et les peines d’amour plus douloureuses. Mais même si ces premiers embrasements n’ont guère connu de lendemain, chacun peut se remémorer le temps des premières amours, car quelque chose de neuf et d’important avait alors surgi dans sa vie. L’éveil aux « choses de l’amour » constitue un tournant dans le développement de la vie émotionnelle chez les adolescents.

3Certes, les amours enfantines existent. À 11 ans, plusieurs enfants déclarent avoir déjà éprouvé des sentiments amoureux envers un autre enfant, mais, en général, cela n’a guère donné lieu à une relation et souvent le (la) principal(e) intéressé(e) n’a pas été informé(e) des sentiments qu’il (elle) éveillait. L’adolescence représente la période où, pour la première fois, on s’engage dans des relations plus ou moins durables avec un partenaire, avec ce que cela comporte de gestes à poser et de sentiments nouveaux à gérer. Les études indiquent qu’en moyenne la passion amoureuse se déclenche pour la première fois vers 13 ou 14 ans, la première expérience d’amour partagé (je l’aime et il/elle m’aime) est vécue en moyenne à 17 ans ; c’est aussi l’âge moyen de l’expérience de la première peine d’amour (Meyer-Bahlbung, 1980). Les réalités amoureuses s’imposent à la conscience et s’inscrivent dans l’expérience de l’adolescence. L’engagement progressif dans une relation intime avec un partenaire constitue une des tâches développementales de l’adolescence.

4Tout ce qui relève des affects reliés aux relations amoureuses constitue une part substantielle de la vie émotionnelle quotidienne des adolescents, qu’il s’agisse de la vie réelle ou de la vie imaginaire. Les relations amoureuses sont sources de puissantes émotions, à la fois positives et négatives. Être amoureux ou être aimé sont des expériences intenses qui culminent au sommet des exaltations émotionnelles, mais les relations amoureuses sont également à l’origine de sentiments de détresse et de souffrances ; bien des adolescents déclarent que leurs relations amoureuses soulèvent des émotions telles que tristesse, anxiété, rage, jalousie et désespoir (Connoly et Goldberg, 1999). Les amours adolescentes constituent le lieu d’émergence d’émotions résolument nouvelles.

L’attachement comme fondement des relations amoureuses

5La théorie de l’attachement offre le cadre de réflexion le plus fertile pour saisir les fondements des relations amoureuses à l’adolescence et à l’âge adulte (Ainsworth, 1989). Les modes d’attachement édifiés durant la petite enfance structurent la façon d’aborder un partenaire, de saisir les tentatives de rapprochement exprimées par l’autre ou l’expression de la distance. Les relations d’attachement connaissent un tournant lors de l’éclosion pubertaire, les pulsions sexuelles poussent l’individu vers la recherche d’un partenaire du sexe opposé qui deviendra la figure d’attachement centrale, remplaçant la figure parentale au sommet de la hiérarchie de l’attachement. Adoptant une perspective évolutionniste, Shaver et Hazan (1988) considèrent que l’émergence des relations amoureuses constitue un processus biologique adaptatif pour l’espèce, puisqu’elles favorisent l’attachement entre des partenaires sexuels qui deviendront à leur tour des parents et prendront soin de la nouvelle génération. Ils relèvent les multiples similitudes entre l’attachement qui lie le bébé à sa mère et les liens qui unissent les couples. Ils soulignent d’abord la proximité du contact corporel ; dans les deux cas, l’affection s’exprime par des gestes corporels : s’embrasser, se serrer et se caresser. La formation du lien s’appuie, dans les deux cas, sur l’attention que chacun des partenaires prête aux besoins de l’autre et sur sa capacité d’y répondre adéquatement. Si l’attachement entre la mère et l’enfant a comme fonction première d’assurer la survie de l’enfant, l’attachement amoureux assure la survie de l’espèce. On retrouve dans les deux cas les mêmes émotions reliées aux mouvements de séparation et de retrouvailles : souffrance et détresse, consolation et plaisirs.

6Si la théorie de l’attachement parent/enfant et les relations amoureuses ont de nombreux points en commun, il faut également souligner les différences entre ces univers relationnels. Les relations entre parents et enfants sont asymétriques, alors que les rapports amoureux sont symétriques et réciproques : chacun est attaché à l’autre et sert de figure centrale d’attachement à l’autre. La sexualité constitue l’autre différence majeure, car le désir sexuel joue un rôle central dans le choix du partenaire et la sexualité constitue un élément puissant qui peut susciter et entretenir la force de l’attachement.

Les rencontres amoureuses à l’adolescence

7Le terme de rencontre désigne ici les arrangements que filles et garçons mettent en place pour se retrouver soit seuls, soit dans un groupe. L’objectif est clair pour les deux partenaires : il s’agit de se retrouver en couple pour entreprendre des relations à caractère hétérosexuel1.

8Zani (1993) a systématiquement relevé dans les résultats de recherche les multiples fonctions que divers auteurs attribuent à ces expériences nouvelles de rencontre avec l’autre sexe : a) une socialisation hétérosexuelle qui favorise la découverte de l’autre sexe et l’apprentissage de modes d’interaction appropriés ; b) une sélection progressive d’un partenaire à travers l’évaluation des aspects positifs ou négatifs de ces expériences ; c) un gain de statut auprès des pairs, en démontrant qu’on est en mesure de se trouver un partenaire et qu’on est une personne désirable pour l’autre sexe ; d) un engagement dans l’intimité émotionnelle et physique ; e) une affirmation de l’identité puisque ces rencontres permettent aux adolescents de clarifier des aspects importants de leur identité sexuelle ; enfin f) une fonction d’expérimentation sexuelle. Tout ceci confirme l’importance de ces rencontres sur le plan personnel et relationnel dans la vie quotidienne des adolescents, mais également dans l’organisation de leur vie future.

9Projeter une rencontre avec une personne de l’autre sexe est une tâche ardue à tout âge, mais il s’agit d’une aventure périlleuse lorsqu’on a 12,13 ou 14 ans. Il faut aborder l’autre, proposer une rencontre, faire connaître ses intentions sinon ses sentiments, poser des gestes affectueux, toutes choses qui ne font guère partie du répertoire des habiletés sociales des adolescents. Il faut également anticiper le refus possible. Pour de nombreux adolescents, envisager une telle rencontre constitue une source d’anxiété paralysante. Certains obstacles personnels, comme une image corporelle négative, de l’insécurité sociale, un manque d’habiletés interpersonnelles ou une sensibilité excessive au rejet, feront que certains adolescents vont simplement repousser toute forme de rencontre avec un partenaire de l’autre sexe.

10L’engagement dans ce type de relations ne se réalise toutefois pas dans un vide relationnel, mais s’effectue en continuité avec les habiletés développées dans les relations avec les pairs de même sexe (Collins et Laursen, 2000). Sur le plan développemental, l’enjeu majeur des relations amoureuses concerne la capacité de s’engager dans des relations intimes avec un partenaire. Cette expérience est à la fois similaire et différente de ce qui était en jeu jusqu’alors, La capacité de s’engager dans des relations amoureuses intimes s’inscrit dans le jeu des habiletés développées, à la préadolescence, lors de l’établissement des relations avec des pairs de même sexe. Les amitiés qui se développent à la préadolescence constituent le lieu d’apprentissage de l’intimité, de l’échange de confidences et du dévoilement de soi. Les relations amoureuses satisfaisantes comportent toutefois plus qu’intimité et révélation mutuelle de soi, elles imposent une forme d’engagement qui traduit l’attachement durable et la recherche de la satisfaction mutuelle sur le plan émotionnel et sexuel.

Les différences entre les sexes

11Le chapitre portant sur les amitiés a repéré des différences sexuelles persistantes, en soulignant notamment la recherche plus intense de proximité et d’intimité de la part des filles dans leurs relations avec leurs amies. Ces différences se retrouvent de façon plus marquée lorsqu’on examine les relations amoureuses. Les relations avec les pairs se sont développées dans le cadre d’une ségrégation sexuelle : dans leurs jeux et leurs interactions, les filles ont développé des habiletés relationnelles et elles investissent davantage les dimensions émotionnelles, les garçons développent des habiletés instrumentales et l’affirmation de soi. Ces modalités relationnelles structureront l’engagement dans les relations amoureuses. Cela suscite de multiples sources de dissonances qui créent incompréhension et rupture. Certains parlent même de fossé entre les sexes pour caractériser ces écarts dans la façon de concevoir les rapports amoureux durant l’adolescence (Roche, 1986).

12La distribution inéquitable du pouvoir dans les couples adolescents constitue une première source d’insatisfaction. Plus de la moitié des couples adolescents interrogés estiment que leurs relations ne sont pas égalitaires (Felmlee, 1994). Les garçons sont plus souvent les détenteurs du pouvoir, ce sont eux qui prennent les décisions et organisent les rencontres. Pour leur part, les filles sont plus engagées émotionnellement dans la relation amoureuse et reprochent à leur partenaire leur peu d’engagement affectif. Or, comme le soulignent Leaper et Anderson (1997), le caractère égalitaire des rapports constitue une source de satisfaction dans les relations hétérosexuelles.

13Garçons et filles diffèrent également dans leurs attitudes à l’égard des activités sexuelles : les garçons ont des attentes sexuelles plus précoces et ils perçoivent les rencontres amoureuses comme le lieu de réalisation des pulsions sexuelles. Les filles estiment que la sexualité, l’amour et l’engagement émotionnel ne peuvent être séparés. Le fait de subir des pressions indues pour s’adonner à des relations sexuelles est souvent cité par les filles comme source de tension dans le couple (Knox et Wilson, 1983).

14Les modes de communication divergents constituent une autre source classique d’insatisfaction. Leaper et Anderson (1997) cernent un certain nombre d’habiletés interpersonnelles qui favorisent la communication, tout en étant liées à la satisfaction dans le couple : la révélation mutuelle de soi, l’écoute du partenaire, la façon d’aborder et de résoudre les conflits éventuels. Sur chacune de ces questions, les garçons sont plus réservés que les filles : ils dévoilent moins leurs pensées et leurs émotions, sont moins disposés à écouter et à soutenir le partenaire qui fait part de ses difficultés personnelles ; de plus, ils adoptent plus souvent des conduites d’évitement ou de retrait en cas de conflit (Leaper et Anderson, 1997).

15Le maintien des liens avec le groupe d’origine constitue une autre question qui divise les couples à l’adolescence. Quand ils ont 15 ou 16 ans, vers le milieu de l’adolescence, les garçons continuent de fréquenter leur groupe de garçons tout en ayant des rencontres avec leur partenaire, mais ces deux univers restent souvent séparés. Les filles, elles, modifient leur vie sociale : elles réduisent les contacts avec les grands groupes et cherchent à s’engager plus intensément dans la relation amoureuse (Coleman et Hendry, 1990). Les filles désirent entretenir des relations intimes et exclusives avec un garçon et perçoivent souvent le groupe comme un obstacle à de tels projets. Pour les garçons, le maintien des liens avec le groupe est vital, ils déclarent qu’il est important d’avoir des relations affectives avec une fille, mais lorsqu’on leur propose de choisir le groupe ou la « petite amie », ils se montrent embarrassés et choisissent souvent le groupe (Zani, 1993). Pour eux, le groupe est le lieu de la liberté et de l’absence de responsabilité, alors que la vie de couple impose des contraintes, car les filles désirent qu’on leur consacre du temps de façon exclusive.

L’évolution des relations amoureuses durant l’adolescence

16Le nombre de filles et de garçons qui déclarent avoir un, ou une, partenaire progresse constamment tout au long de l’adolescence : 30 % à 14 ans, 40 % à 16 ans et 60 % à 19 ans (Zani, 1993). L’établissement d’une relation amoureuse véritable se réalise en passant par une série d’étapes. Au début, les amours adolescentes sont changeantes et peu durables, ce qui correspond à une démarche d’exploration. Il y a d’abord des sorties occasionnelles, les engagements émotionnels sont faibles, garçons et filles peuvent fréquenter plusieurs partenaires en même temps. Progressivement, les relations deviennent plus intenses, les engagements émotionnels plus forts et cela peut déboucher sur une relation durable.

17Bradford-Brown (1999) définit quatre phases qui constituent autant d’étapes développementales conduisant progressivement vers une relation amoureuse mature.

18Les deux premières phases, celles de l’initiation et du statut, qui recouvrent globalement une période qui va de 12 à 16 ans, sont essentiellement centrées sur soi plutôt que sur l’autre ; les adolescents s’engagent dans une relation amoureuse pour satisfaire des besoins personnels plutôt que relationnels : acquérir de l’assurance en se démontrant qu’on a été capable de trouver un, ou une, partenaire ; affirmer son image sociale dans le groupe et être reconnu par les autres. Ces deux étapes se caractérisent par une succession de relations superficielles, généralement de courte durée ; ce modèle constitue selon Bradford-Brown (1999) la norme à cet âge, alors que les engagements amoureux intenses et durables sont atypiques et donc questionnables. L’étape suivante, celle de l’affection, est celle où on est encore centré sur soi ; on se livre cependant à l’exploration des multiples facettes du sentiment amoureux. Vient enfin l’étape de l’établissement du lien amoureux, qui survient généralement au début de la vingtaine, et qui se caractérise par une forme d’engagement émotionnel dans une relation amoureuse durable.

19On observe donc une évolution majeure, puisqu’il y a passage d’une démarche centrée sur soi à une démarche orientée vers l’autre. Les amours adolescentes suscitent des comportements à la recherche de signification sur le plan émotionnel et érotique et ce n’est qu’au terme d’une longue période et d’un investissement émotionnel croissant qu’émergent les éléments qui constituent les relations amoureuses de l’âge adulte.

20Furman et Whener (1994) ont cherché à saisir l’évolution des figures centrales au cours du développement. Ils ont demandé à des personnes d’âges variés vers qui ils se tournaient pour obtenir du support dans diverses situations, comme la recherche d’aide, l’affection, ou la valorisation de soi : la mère, le père, les amis intimes ou le partenaire amoureux. Ces auteurs proposent un tableau qui illustre l’émergence des divers besoins sociaux au cours du développement et le rôle qu’occupent les figures centrales propres à répondre à ces besoins.

21Deux phénomènes principaux se dégagent (tableau 1). Le premier phénomène qui différencie l’adolescence de l’enfance, c’est l’importance graduelle des amis du même sexe, qui se substituent progressivement aux parents pour occuper un rôle central et répondre à une multitude de besoins affectifs : intimité, acceptation, affection et attachement. L’autre phénomène concerne l’importance croissante du partenaire au cours de l’adolescence, si bien qu’au début de l’âge adulte, dans la vingtaine, c’est le partenaire qui devient la figure principale pouvant répondre aux dimensions d’attachement, d’affection, d’intimité et, bien entendu, aux besoins sexuels.

TABLEAU 1. Émergence des besoins sociaux de la petite enfance à l'âge adulte et figures centrales pouvant répondre à ces besoins

22Le fait d’être engagé dans une relation de couple offre plusieurs sources de satisfaction, particulièrement dans le cas des filles (Zani, 1993). Divers bénéfices personnels et sociaux sont associés aux relations hétérosexuelles : être l’objet des attentions du partenaire, inspirer le respect à ses pairs, acquérir un statut social supérieur, gagner de l’assurance en matière de séduction. Au-delà de ces gains sociaux, il faut se demander si le fait d’être engagé dans une relation amoureuse entraîne des effets bénéfiques sur le développement personnel et social des adolescents. Si de multiples études démontrent clairement qu’il existe un lien entre la qualité des liens parentaux ou des liens d’amitié et l’adaptation personnelle des adolescents, tel n’est pas le cas des relations amoureuses. Il semble même que l’engagement dans une relation amoureuse intense et sélective entraîne chez les adolescents une série d’effets négatifs en ce qui regarde l’adaptation psychologique, la construction de l’identité et les capacités d’actualisation de soi (Samet et Kelly, 1987).

23On a mentionné plus haut que les filles qui connaissent des problèmes de dépression au terme de la puberté sont bien plus nombreuses que les garçons (Braconnier et al, 1995). La plupart des auteurs relient cette augmentation des troubles dépressifs à la détérioration de l’image corporelle des filles au terme des transformations pubertaires. Sans nier ce fait, Joyner et Udry (2001) estiment que l’engagement dans des relations amoureuses constitue un autre facteur qui expliquerait l’accroissement du taux de dépression chez les filles. Ils ont pu observer que les adolescentes qui sont engagées dans des relations amoureuses développent plus de symptômes de dépression que celles qui ne s’engagent pas dans ce type de relations. Les engagements amoureux entraîneraient ainsi chez les adolescentes une forme de « vulnérabilité » émotionnelle qui augmente les risques de dépression. On a signalé plus haut les grandes divergences entre filles et garçons dans la façon de s’investir dans les relations amoureuses : les attentes des filles sont plus élevées et leur engagement affectif plus intense. Sans doute faut-il y voir une explication de la vulnérabilité émotionnelle des filles engagées dans des relations amoureuses, car ces divergences créent de multiples sources d’insatisfaction, sinon des ruptures et des peines d’amour.

24Les relations amoureuses se construisent sur la base du système d’attachement personnel et s’inscrivent au sein des expériences antérieures vécues avec les pairs. Certains adolescents qui ont mis en place des modèles d’attachement dominés par l’anxiété et l’ambivalence ou qui ont accumulé des expériences de rejet social risquent de développer ce que Downey, Bonica et Rincon (1999) nomment une sensibilité excessive au rejet de la part du partenaire. Cela se traduit par des attentes défensives, des distorsions dans ce qui est perçu comme une expression de rejet et des réactions excessives à toute manifestation de distance. Ils ont pu associer cette sensibilité au rejet de la part du partenaire à la présence de symptômes de dépression chez les adolescentes, alors que cette sensibilité au rejet se traduit par l’agressivité et la violence physique dans le cas des garçons.

Les relations amoureuses et la sexualité durant l’adolescence

25Les relations amoureuses, le développement pubertaire et la sexualité sont reliés de façon complexe. De nombreux résultats de recherche indiquent que les poussées hormonales qui produisent la maturité biologique marquent le début de la seconde décennie de l’existence humaine et s’accompagnent d’une augmentation importante des pulsions sexuelles (Morris, 1992). Cela se traduit par un accroissement des désirs sexuels, une augmentation considérable des activités autoérotiques et des fantasmes sexuels (Breakwell, 1999). Pourtant, si les séquences du développement pubertaire sont universelles, le moment où l’on s’engage dans les activités hétérosexuelles varie énormément selon les périodes historiques et les cultures (Udry et Campbell, 1994).

26On sait, par exemple, que les comportements sexuels des adolescents qui vivent dans les sociétés occidentales ont beaucoup évolué au cours de la seconde moitié du XX^e siècle. Les quelques résultats d’enquête dont on dispose indiquent que, au cours des années 1950, une minorité d’adolescents avaient connu une expérience hétérosexuelle complète. Kinsey et ses collaborateurs (1948, 1953) rapportent des chiffres de 10 % de garçons et 3 % de filles ayant connu au moins une expérience sexuelle à 16 ans. La plupart des enquêtes récentes fournissent des pourcentages beaucoup plus élevés et indiquent qu’au terme des études secondaires, vers 17 ans, près de 50 % des adolescents et des adolescentes ont eu, au moins une fois, une expérience sexuelle complète. Ces chiffres grimpent à plus de 80 % à 19-20 ans (King et al., 1988). En même temps, on constate une précocité croissante des premières expériences sexuelles : chez les adolescents qui ont eu des expériences sexuelles, la moyenne d’âge de la première relation sexuelle est de 15,5 chez les garçons, de 16 ans chez les filles. L’évolution des mœurs sexuelles dans toutes les sociétés occidentales et l’accès généralisé aux moyens contraceptifs ont rapproché la sexualité de l’éveil pubertaire. Les relations sexuelles font désormais partie de ce qu’on peut appeler les réalités normatives de l’adolescence, autrement dit la majorité des individus, garçons et filles, ont eu au moins une expérience sexuelle au terme de l’adolescence.

27L’évolution des valeurs et des attitudes à l’égard de la sexualité est tout aussi frappante que le changement des comportements. La morale sexuelle des adolescents occidentaux est dictée aujourd’hui par des considérations personnelles, plutôt que par des normes sociales ou religieuses (Coleman et Hendry, 1990). La plupart des adolescents contemporains considèrent que sexualité et relations amoureuses sont intimement reliées et pratiquement tous acquiescent à la proposition suivante : « Deux jeunes qui s’aiment ont le droit d’avoir des relations sexuelles, même s’ils ne projettent pas de vivre ensemble plus tard. » Les relations sexuelles sont considérées comme acceptables et naturelles dans le cadre d’une relation amoureuse. La virginité, qui fut l’objet d’une véritable sacralisation par les générations précédentes, est une autre dimension qui a considérablement perdu de sa valeur aux yeux des adolescents contemporains (Coleman et Hendry, 1990).

28Les adolescents engagés dans une relation de couple sont susceptibles d’être initiés plus tôt à la sexualité. C’est au sein des couples que prennent place les premiers gestes sexuels et l’engagement émotionnel dans le couple s’accompagne d’un recours à la sexualité de plus en plus fréquent. Le registre des gestes sexuels considérés comme acceptables augmente au fur et à mesure que les partenaires s’engagent émotionnellement. Les adolescents qui ont des relations amoureuses précoces et qui développent une relation durable ont également des relations sexuelles plus précoces, ils auront plus de partenaires sexuels au cours de l’adolescence et seront plus actifs sexuellement au terme de l’adolescence (Thomton, 1990).

La violence dans les couples

29L’engagement précoce dans la vie sexuelle et la fréquence des relations sexuelles entraînent un certain nombre de problèmes de santé publique qui pèsent sur l’adolescence, notamment les grossesses non désirées, les avortements et les maladies transmissibles sexuellement. Dans le cadre de cet ouvrage qui analyse les relations interpersonnelles, il paraît utile de souligner un phénomène inquiétant, celui de la violence dans les couples d’adolescents. Il est malaisé de convenir d’une définition du concept de violence, car ce terme fait appel à un registre qui comprend la violence verbale, les menaces ou les insultes, les atteintes corporelles, les coups, les blessures et le viol. Les chiffres varient beaucoup selon les enquêtes, mais on peut estimer que près de 20 % des couples d’adolescents connaissent une forme de violence dans leur relations (Bergman, 1992). Un des enjeux présents chez les adolescents a trait à la question de l’attribution du pouvoir au sein du couple, et cela dès sa formation (Leaper et Anderson, 1997). Un certain nombre de garçons, éduqués dans un contexte social qui valorise le pouvoir et la coercition, trouvent dans le couple le lieu idéal pour dominer, sinon tyranniser, leur partenaire. Ce que les enquêtes révèlent de plus troublant, c’est que beaucoup d’adolescentes pensent que la violence constitue un aspect normal de la vie de couple et que cela ne constitue pas un motif de rupture. Ce fait est d’autant plus inquiétant que l’on sait que les partenaires violents dans les couples adultes ont commencé à exercer la violence tôt, précisément durant l’adolescence (White et Humphrey, 1994).

Perspectives culturelles

30La question de savoir si l’amour romantique constitue une réalité universelle est controversée : certains prétendent qu’il s’agirait d’un fait propre à la civilisation occidentale, mais d’autres estiment qu’on trouve des manifestations de la passion amoureuse dans de multiples cultures (Coates, 1999). Chose certaine, la société occidentale accorde depuis longtemps une très grande place à l’amour et à la passion. La célébration de la passion amoureuse était déjà présente au Moyen Âge, lorsque les troubadours chantaient l’amour courtois ; elle s’est constamment affirmée au cours de la Renaissance pour devenir, durant la période dite romantique, un signe puissant d’expression de liberté individuelle et de révolte contre les conventions sociales et religieuses. Cette valorisation de l’amour a toujours cours dans la société contemporaine et le thème des amours heureuses ou malheureuses loge constamment au cœur des œuvres artistiques les plus marquantes, qu’il s’agisse de littérature, de peinture, de sculpture, de musique, de chansons ou de films. En exaltant de façon persistante le thème de la passion amoureuse, notre société propose des modèles d’existence et dessine des scripts de vie où l’amour occupe une place majeure comme condition d’une vie réussie et heureuse, au point que nos contemporains estiment que leur bonheur dépend largement de leur capacité de créer et d’entretenir des liens amoureux.

31L’adolescence est la période où il convient, dans notre culture, de s’engager pour la première fois dans l’expérience amoureuse ; l’environnement social se montre non seulement tolérant à l’égard des rencontres entre filles et garçons, mais il les encourage. La formation des couples constitue évidemment une réalité universelle, mais les âges prescrits pour s’engager dans une relation de couple diffèrent d’une culture à l’autre. La culture occidentale contemporaine se montre très permissive face aux contacts précoces entre filles et garçons, alors que ces rencontres sont codifiées, surveillées, parfois réprimées, dans de nombreuses cultures (Coates, 1999).

32Dans la culture occidentale, les adolescents sont extrêmement sollicités par un environnement qui célèbre la passion amoureuse et les multiples bienfaits attachés à l’expérience amoureuse. Cette sollicitation s’effectue surtout par l’entremise des médias : les chansons, les cassettes vidéo ou les émissions de télévision qui s’adressent au public adolescent sont saturées de thèmes et de scènes qui exaltent la passion amoureuse et la sexualité. L’entourage immédiat encourage fortement l’engagement dans la vie de couple ; tôt ou tard, l’adolescent(e) devra répondre à la question formulée par un adulte complice : « As-tu un(e) petit(e) ami(e) ? », indiquant par là comment se conformer aux prescriptions sociales. Celui ou celle qui répond affirmativement se voit conforté(e) dans sa démarche, alors qu’un réponse négative soulève de la gêne et des doutes et incite à se trouver rapidement un(e) partenaire. Le groupe des pairs assure le relais dans la vie quotidienne et très tôt, vers 9 et 10 ans, tout ce qui relève des rapports amoureux chez les membres du groupe ou de la classe donne lieu à de multiples commentaires, à des rumeurs ou à des supputations. À12 ou 13 ans, les garçons et les filles qui s’engagent dans une relation de couple sont auréolés de prestige et enviés par les autres ; ils servent ainsi de norme et de modèle. Avoir un « petit ami » ou une « petite amie » constitue un signe important qui marque la fin de l’enfance et assure la transition vers une nouvelle étape de vie, tout en garantissant une forme d’assurance personnelle, la reconnaissance sociale et l’affirmation au sein du groupe.

33En revanche, l’adolescent qui n’a pas encore vécu d’expérience de couple s’interrogera sur ses capacités ou se demandera anxieusement s’il est hors norme, alors que « tous les garçons et les filles de [son] âge s’en vont deux par deux, les yeux dans les yeux et la main dans la main ».

L’homosexualité à l’adolescence

34Il a été essentiellement question dans ce chapitre de relations amoureuses et de sexualité dans une perspective hétérosexuelle. Cela ne doit pas masquer le fait que certains adolescents sont confrontés à une réalité radicalement différente, puisque leur attirance et leur désir sexuels se portent vers des personnes de leur sexe.

35Les enquêtes les plus fiables indiquent que, dans notre culture, 5 % des hommes et 3 % des femmes adultes se déclarent exclusivement homosexuels (Denney et Quadagno, 1988), mais ces chiffres sont souvent contestés à la hausse. La présence de l’homosexualité à l’adolescence a été gommée par plusieurs auteurs qui, reconnaissant la présence d’expériences homosexuelles durant cette période, ont considéré qu’il s’agissait de phénomènes transitoires d’exploration sexuelle appelés à disparaître lors de l’engagement dans la vie hétérosexuelle (Blos, 1967). Pourtant, de multiples témoignages recueillis auprès d’adultes homosexuels laissent entendre que leurs désirs et leurs activités homosexuels ont débuté durant l’adolescence, sinon avant, et qu’ils ont persisté par la suite. L’homosexualité existe donc à l’adolescence.

36La plupart des enquêtes qui examinent les activités homosexuelles des adolescents révèlent des chiffres très faibles, ce qui donne à penser que ces activités sont très largement sous-rapportées (King et al, 1988 ; Cloutier, 1994). Peu d’adolescents reconnaissent avoir eu des activités ou des désirs homosexuels, au point de nier l’évidence en minimisant le caractère érotique de ces expériences : « Ça n’a été qu’une étape ; la plupart des jeunes ont eu ce type d’expéd’expérience ; je n’ai pas eu de plaisir ; c’était juste pour tenter une expérience » ou encore atténuer leur implication dans ces activités : « J’ai fait ça pour l’argent ; il ou elle a tout fait ; j’avais bu ; j’avais fumé un joint » (Savin-Williams, 1994).

37Les homosexuels prennent très tôt conscience de leur particularité et la conviction « de se sentir différent » apparaît tôt, vers l’âge de huit ou neuf ans ; la première réalisation de l’attrait sexuel pour une personne du même sexe se manifeste, en moyenne, vers 11 ans, alors que les premiers fantasmes érotiques homosexuels surviennent vers l’âge de 14 ans. Le premier orgasme homosexuel consenti serait obtenu vers 17 ans, en moyenne, alors qu’on se reconnaît comme homosexuel vers l’âge de 21 ans. L’identification publique en tant qu’homosexuel se réalise, en moyenne, vers 23 ans (Troiden, 1989). Il faut donc attendre la vingtaine entamée pour que certains hommes et certaines femmes se considèrent comme homosexuels, avec ce que cela comporte comme style de vie particulier. Entre l’enfance et l’âge adulte, les adolescents homosexuels sont confrontés à un double dilemme souvent douloureux : reconnaître leur orientation sexuelle particulière et dévoiler cette orientation à leur entourage.

38L’affirmation de l’identité homosexuelle et la reconnaissance d’une orientation sexuelle particulière s’effectuent tout au long de l’adolescence, lors d’un parcours ponctué d’incertitudes. Accepter son homosexualité consiste pour beaucoup d’adolescents à assumer une différence fondamentale, alors que l’identité se construit en s’appuyant sur la reconnaissance du semblable et du normal. Au début de l’adolescence, beaucoup de jeunes nient ou encore minimisent le fait qu’ils ont connu des expériences homosexuelles. Ce n’est qu’au terme d’un long parcours que nombre de filles et de garçons vont progressivement reconnaître leur orientation sexuelle particulière et assumer cette différence fondamentale. Ce cheminement est souvent douloureux. Pour un grand nombre d’adolescentes et d’adolescents, se découvrir homosexuel et assumer cet état constitue une expérience pénible, chargée d’affects destructeurs. Au centre de cette détresse psychologique loge la conviction d’être fondamentalement différent des pairs du même sexe, l’incertitude et la confusion d’identité.

39La peur du rejet parental, voire la crainte d’être violenté ou expulsé du foyer, contribue au maintien du secret et au sentiment d’isolement (Ben-Ari, 1995). L’hostilité des pairs constitue une autre source de difficulté car, même si la société évolue vers une plus grande tolérance à l’égard de l’homosexualité, les attitudes des adolescents, et plus particulièrement des garçons, à l’égard de l’homosexualité demeurent négatives et intolérantes (King et al, 1988).

40Le dévoilement2 est le processus par lequel la personne admet son orientation homosexuelle et la révèle à des personnes significatives de son entourage afin d’intégrer positivement cette réalité à son vécu personnel et à sa vie sociale (Troiden, 1989). Cette intégration progressive implique une série de démarches : prise de conscience de sa différence, acceptation progressive de l’attrait sexuel pour des partenaires du même sexe, reconnaissance de son identité homosexuelle et conviction de pouvoir vivre adéquatement sous cette identité. Il va de soi que ce modèle ne renvoie pas à un processus linéaire ni définitif ; il s’agit plutôt d’un parcours exemplaire, puisqu’il débouche sur l’acceptation de son orientation, sur l’adoption d’une identité particulière et sur la mise en place d’un mode de vie cohérent.

41La société évolue et plusieurs signes témoignent d’une tolérance accrue à l’égard de l’homosexualité, mais le rejet perdure et les obstacles tant personnels que sociaux restent nombreux. La principale exigence qui s’impose aux adolescents homosexuels consiste à reconnaître et accepter leur identité sexuelle et dévoiler leur orientation aux personnes significatives de leur entourage afin d’intégrer cette réalité à leur vie quotidienne (Claes et Beaudoin, 2000). Cette démarche n’est certes pas simple, pourtant seul le dévoilement peut assurer la congruence personnelle et permettre de mener une vie sociale satisfaisante.

***

42L’engagement progressif dans une relation intime avec un partenaire constitue une des tâches développementales de l’adolescence ; les réalités amoureuses prennent une place importante dans la vie quotidienne, elles s’imposent à la conscience et s’inscrivent dans l’expérience de l’adolescence. Les relations amoureuses sont sources d’émotions puissantes et tout à fait nouvelles, qui peuvent être à la fois positives et négatives.

43Les rencontres amoureuses assument une multitude de fonctions importantes sur le plan personnel et relationnel : permettre de découvrir l’autre sexe, d’apprendre des modes d’interaction appropriés, d’explorer l’univers des réalités sexuelles. L’enjeu majeur des relations amoureuses concerne la capacité de s’engager dans des relations intimes avec un partenaire, ce qui impose d’une part une forme d’engagement et d’autre part la recherche de la satisfaction mutuelle sur le plan émotionnel et sexuel. L’engagement dans une relation amoureuse fait appel à des habiletés nouvelles qui ne font pas partie du répertoire des adolescents, mais cela s’inscrit toutefois dans le jeu des expériences développées antérieurement, lors de l’établissement des relations avec des pairs de même sexe.

44L’établissement d’une relation amoureuse véritable se réalise progressivement au cours d’une série d’étapes qui occupent toute l’adolescence. Les premières étapes sont centrées sur la satisfaction des besoins personnels plutôt que relationnels, on développe son assurance et on s’affirme au sein du groupe. Les étapes suivantes permettent l’exploration des sentiments et l’établissement du ben amoureux, qui se traduira par l’engagement dans une relation durable. Le partenaire amoureux prend une place grandissante dans l’univers émotionnel au cours de l’adolescence et finit par devenir la principale figure d’attachement au début de l’âge adulte. Une succession de relations amoureuses superficielles, généralement de courte durée, constitue la norme à l’adolescence. D’ailleurs, les engagements amoureux intenses et durables entraînent une série d’effets négatifs en ce qui concerne l’adaptation psychologique et sociale. On a pu observer que de tels engagements amoureux sont propices, chez les adolescentes, à une forme de vulnérabilité émotionnelle qui augmente les risques de dépression.

45Les relations amoureuses donnent lieu à d’importantes différences entre les garçons et les filles. L’engagement émotionnel plus intense des filles et leurs attentes élevées à l’égard du partenaire masculin offrent de multiples sources de dissonances et d’insatisfactions. Les filles reprochent aux garçons de s’octroyer plus de pouvoir dans le couple et de les pousser à s’engager dans des relations sexuelles ; les modes de communication divergents et le maintien des liens avec le groupe d’origine constituent d’autres sources de division au sein des couples.

46Les comportements sexuels des adolescents qui vivent dans les sociétés occidentales ont beaucoup évolué au cours de la seconde moitié du XX^e siècle. L’évolution des mœurs sexuelles dans toutes les sociétés occidentales et l’accès généralisé aux moyens contraceptifs ont rapproché la sexualité de l’éveil pubertaire. Les relations sexuelles font désormais partie de ce qu’on peut appeler les réalités « normatives » de l’adolescence, c’est-à-dire que la majorité des individus, garçons et filles, auront connu des expériences sexuelles au cours de leur adolescence.

47Le moment qu’on juge approprié pour s’engager dans la vie de couple et dans les activités hétérosexuelles varie énormément selon les périodes historiques et selon les cultures. La société occidentale, qui accorde une très grande place à la passion amoureuse, se montre très permissive à l’égard des contacts précoces entre filles et garçons et elle encourage la formation des couples adolescents.

48L’homosexualité quant à elle existe à l’adolescence et les adolescents homosexuels sont confrontés à des défis particuliers, leur parcours étant souvent douloureux, marqué par des négations, des doutes et des incertitudes. La principale exigence qui s’impose aux adolescents homosexuels consiste à reconnaître et accepter leur identité sexuelle ainsi qu’à dévoiler cette orientation à des personnes significatives de leur entourage afin d’intégrer cette réalité à leur vie personnelle et sociale.