12. L'enseignement secondaire : l'enseignement technique
p. 198-207
Résumé
La conception que se fait la Commission Parent de l’école secondaire polyvalente (voir le texte 11) s’exprime également dans la place qu’elle y réserve à l’enseignement technique. Jusqu’aux années 1960, il y a un éclatement dans la formation secondaire québécoise. L’élite de la société est formée par le cours classique dispensé par les collèges et séminaires privés ; des commissions scolaires offrent des sections reprenant des éléments du cours classique et une formation secondaire dont les débouchés sont limités ; beaucoup de jeunes filles fréquentent des instituts ménagers et familiaux ; le gouvernement a aussi mis en place, depuis le début du siècle, des écoles de métier ; enfin, il y a profusion d’écoles commerciales ou de métier privées de qualité fort variable. L’orientation et la spécialisation professionnelles des jeunes sont trop souvent prématurées et irréversibles. Surtout, le système reproduit les inégalités socioéconomiques sans égards pour le talent et les aspirations des individus et il ne donne le plus souvent qu’une formation appauvrie en regard des quatre grands univers de la connaissance contemporaine, qui ensemble constituent, selon la Commission, la culture contemporaine. Ainsi, les élèves du cours classique reçoivent une formation très littéraire et humaniste, mais pauvre en sciences et vide de toute connaissance technique ; inversement, dans les autres filières de formation, la culture générale est réduite à peu, tout comme la connaissance des sciences ou des arts. La nouvelle école secondaire polyvalente que propose la Commission vise à corriger ces déséquilibres, ces appauvrissements de la formation. Ainsi, l’intégration des diverses filières dans la même école donnera à tous une formation et une culture générales de base. Inversement, il faut assurer à tous, même à ceux qui se destinent à la formation universitaire, des connaissances tirées de l’univers technique. « Un intellectuel qui ne connaît absolument rien aux techniques », écrivent les commissaires, « est un être incomplet dans le monde moderne. » En conséquence, Us proposent que tous acquièrent un minimum de formation technique ou ménagère. C’est une « école de réalisme » qui élargit la culture personnelle et qui contribue à une meilleure orientation, chacun se connaissant mieux. Cela se poursuivra tout au long du secondaire, même pour ceux et celles qui visent les études universitaires. Par ailleurs, cette formation technique pourra être approfondie pour ceux qui se destinent à la formation technologique supérieure. Enfin, pour un certain nombre d’élèves, l’école secondaire permettra l’acquisition d’un métier ; pour eux, le secondaire préparera directement au marché du travail et pourra marquer le terme de leur cheminement scolaire. De cette façon, on pourra ramener dans le cadre d’une nouvelle école secondaire polyvalente la grande variété éclatée d’établissements scolaires qui se sont développés sans coordination au fil des ans sous diverses juridictions. Surtout, on enrichira la formation de tous les jeunes et on les préparera à mieux vivre ensemble dans une société démocratique et technologiquement avancée.
Note de l’éditeur
Source : Volume 3, chapitre 23, par. 888-897 ; 901 ; 903-905 ; 908 ; 913 ; 915-919.
Texte intégral
1888. — Dans l’aménagement nouveau des structures scolaires que nous proposons, l’enseignement technique se trouvera intégré à l’enseignement secondaire pour tous, dans des écoles régionales polyvalentes. Il en sera de même pour les enseignements commerciaux et ménagers donnés actuellement soit dans les écoles secondaires, soit dans les instituts familiaux, soit dans d’autres établissements indépendants. Dans la perspective qui est la nôtre, ces enseignements, au niveau secondaire, sont parmi les plus importants qui soient, non seulement parce qu’ils permettront une orientation progressive et plus juste des aptitudes de chacun, mais aussi parce que tout homme aujourd’hui doit, d’une façon ou de l’autre, participer à la transformation de la matière et du monde, soit par une activité pratique et concrète, soit par une activité de l’esprit. Et tous doivent être en mesure de comprendre les activités pratiques qui sont à la base même de notre vie quotidienne et de la civilisation technique où nous vivons. [...]
L’éducation technique ou ménagère pour tous
2889. — Pour celui qui se dirigera finalement vers les activités technologiques ou vers des études professionnelles courtes, à l’institut, ou vers des études professionnelles longues, à l’institut puis en faculté, l’éducation technique ou ménagère, après avoir servi à son orientation, constituera pour lui un élément de sa formation et de sa culture. [...] Chacun doit non seulement participer au mouvement de la civilisation, mais comprendre plus clairement les divers modes — pratiques aussi bien que conceptuels — de cette participation. L’éducation technique permettra aussi à chacun de se rendre compte de ses aptitudes manuelles, du degré de coordination entre son cerveau, ses yeux et ses mains, de son goût plus ou moins prononcé pour les choses, les activités pratiques et concrètes, les machines ; chacun se préparera ainsi à des occupations qui peuvent meubler agréablement et utilement ses loisirs ; et chacun se sentira un peu plus indépendant d’autrui dans la mesure où il pourra exécuter lui-même un certain nombre de travaux et de besognes utiles à lui-même, à sa famille ou à la communauté. Cette éducation et cette culture techniques pour tous contribueront au respect mutuel entre les hommes de professions diverses. Ajoutons que le cours proprement technologique : analyse des propriétés et aspects fonctionnels de l’objet technique : cendrier, boulon, table, maison, pont, système routier, etc. forme à la rigueur logique, à l’esthétique de la géométrie fonctionnelle ; cette culture technique est un aspect fondamental de l’humanisme contemporain. [...] C’est une école de réalisme.
3890. — [...] Durant les deux premières années du secondaire, dans les structures que nous proposons, tous les enfants feront l’expérience des activités manuelles et pratiques aussi bien que des activités intellectuelles de ce niveau. Ils échapperont ainsi à la prédétermination imposée par le milieu. [...] la société aura utilisé son capital humain mieux qu’elle ne pouvait le faire dans le système scolaire traditionnel, et elle aura contribué à un meilleur équilibre mental de l’individu.
4891. — À son arrivée à l’école secondaire, l’enfant aura un programme comportant environ deux tiers de matières de base et un tiers de cours-options. C’est le moment où chacun passera, par un système de roulement, dans les divers ateliers où l’on travaille le bois et les métaux, d’abord au moyen d’outils et d’instruments, ensuite au moyen de machines ; les filles pourront choisir aussi ces cours — plusieurs d’entre elles travailleront de cette façon en usine — ou bien des cours-options en sciences ménagères — couture, cuisine, entretien ménager ; un garçon qui voudrait, parmi ces enseignements techniques, choisir la cuisine le pourrait aussi. Cette période d’exploration sera d’un semestre par cours-option, ce qui permettra à chaque élève d’expérimenter quatre techniques fondamentales durant ces deux années : le cours-option devrait être d’au moins deux ou trois heures par semaine ; ensuite, chaque enfant choisirait l’un des quatre groupes d’enseignements techniques ainsi explorés et expérimentés. Ces cours-options dans les matières techniques devraient comporter un programme élaboré très soigneusement, évitant le simple bricolage et permettant une observation véritable des diverses aptitudes manuelles et techniques de chaque enfant ; on inscrira, dans le carnet scolaire de l’élève, ses succès ou insuccès dans chacune des techniques expérimentées, les habiletés particulières qu’on a pu déceler en lui. Pendant ces deux années, bien entendu, chacun poursuivra très sérieusement ses études dans les matières de base, langue maternelle, mathématiques, langue seconde canadienne, etc., tel élève se trouvant, pour le français ou les mathématiques, dans un rythme rapide, tel autre dans le rythme moyen ou lent, tous étudiant les sciences, l’histoire, la géographie et les diverses matières du programme, poursuivant leur initiation à la musique et aux arts plastiques, recevant régulièrement l’éducation physique nécessaire à leur santé et à leur développement.
5892. — Les enseignements techniques appropriés à ce niveau sont les suivants : (I) dessin industriel ; (2) travail du bois ; (3) artisanat : céramique, tissage (toujours avec la collaboration du professeur d’arts plastiques) ; (4) travail du métal en feuille ; (3) réparation et entretien de petits moteurs ou d’appareils mécaniques simples ; (6) électricité et réparation d’appareils électriques domestiques ; (7) couture, tricot, connaissance des étoffes et tissus ; (8) cuisine et alimentation ; (9) tenue de maison, entretien des appareils domestiques, soin des enfants, hygiène familiale ; (10) jardinage, etc. Ces techniques sont à la base de diverses occupations, et elles sont utiles à tous dans la vie courante. Le maître doit exiger de chaque élève de la précision et de l’ordre dans son travail, un certain niveau de sens critique au sujet de ce qu’il a fait, la connaissance des principes mécaniques et scientifiques qui sont à la base de son travail ; il doit observer l’élève pour se rendre compte de son habileté manuelle, de sa rapidité, etc.
6893. — Après ces deux années d’expérimentation dans le domaine des techniques, chacun devra, tout le long des études secondaires, conserver un cours-option en matière technique d’au moins une heure par semaine toute l’année ou de deux heures durant un semestre de chaque année. À partir de ce stade, c’est-à-dire en 9e année, les enseignements techniques se diversifieront davantage : (1) certains élèves choisiront l’un des enseignements pratiques qu’ils n’avaient pas choisis en 7e et 8e années ; (2) certains pourront choisir un cours-option parmi les cours d’initiation au travail, par exemple dans le groupe des emplois de bureau, des services de réparation, des services personnels ; (3) enfin des cours-options nouveaux, de type prétechnologique, s’entremêleront aux cours-options dans les arts et aux cours-options dans les matières de type conceptuel : dessin technique, musique vocale ou instrumentale, dactylographie, sténographie, mathématiques commerciales, budget familial, technique de la photographie et du cinéma, langues vivantes, langues anciennes, chimie, biologie, etc. Ainsi, peu à peu se préciseront et se dessineront les attitudes et les goûts de chacun aussi bien dans le domaine pratique des réalisations que dans le domaine plus exclusivement intellectuel.
7894. — L’adaptabilité du système aux dispositions naturelles de chacun permettra une orientation pédagogique beaucoup plus souple, plus graduelle, jamais tout à fait irréversible et donnera à tous une culture plus étendue leur permettant d’éviter les inconvénients d’une spécialisation trop précoce. Même dans le seul domaine technique, la culture de chacun sera polyvalente. On pourra aussi, dans ce système d’options, garder plus longtemps aux études ceux qui autrefois quittaient l’école par suite d’échecs scolaires, par manque de motivations suffisantes dans leur travail scolaire, ou parce que l’école était trop éloignée des réalités de la vie. Les élèves dont les études ne dépasseront pas le niveau du secondaire pourront, dès que l’orientation scolaire en verra l’opportunité, entreprendre les études proprement techniques et professionnelles de niveau secondaire — initiation au travail, cours de métiers, etc. [...]
8895. — La formation technique devrait être considérée, par la direction de l’école et par tous les enseignants, comme une culture indispensable. Les résultats scolaires dans ces disciplines doivent avoir la même importance que les résultats scolaires dans les autres matières. Il serait fructueux, nous semble-t-il, que l’élève doué, promis à un brillant avenir coudoie, à l’atelier, le futur manœuvre ou le futur employé du bâtiment ; la supériorité de celui qui est déjà en train de se spécialiser dans une technique sur le futur technicien ou professionnel aura une valeur éducative pour les uns et les autres, préviendra les complexes de supériorité ou d’infériorité possibles, établira les bases de la société démocratique sur le respect et l’amitié des uns envers les autres.
9896. — Le personnel enseignant, pour les enseignements et coursoptions dans les matières pratiques, aura été formé à l’École normale technique ou dans un centre universitaire de sciences appliquées ou dans une faculté de commerce. Il devra se montrer exigeant pour chaque élève, aussi bien pour ceux qui sont en train d’apprendre leur métier que pour ceux qui se dirigeront ailleurs ; tous auront droit à la même considération et à un égal respect. Ce respect pour chacun et pour la dignité des différentes formes de travail sera, en soi, une éducation démocratique et humaine d’une valeur inestimable.
L’initiation au travail
10897. — Le cours d’initiation au travail, dans notre terminologie scolaire, désigne une période de formation consacrée à l’apprentissage des occupations les plus simples du monde du travail : garde et entretien des bâtiments, emplois dans l’hôtellerie, la filature, la mécanique, services des garages, de buanderie, de cuisine pour divers établissements, emplois de la ferme, etc. Cet apprentissage consiste à donner à l’élève un certain nombre d’habitudes et de comportements appliqués à une activité définie qui lui permettra de gagner sa vie. On développe la motricité générale de l’enfant, par l’éducation physique, et la motricité plus spécifique des gestes professionnels, par l’habitude de ces gestes. Il est important que ce cours comporte une formation générale bien ajustée aux futures occupations de l’élève, et d’un niveau suffisant, ainsi qu’une formation sociale, économique, politique et religieuse élémentaires. Il est également important que le cours d’initiation au travail ne soit pas trop étroitement limité à une seule occupation, afin d’assurer une certaine mobilité d’emploi ; ainsi l’initiation au service des tables devrait comporter une formation spécialisée suffisamment large pour rendre l’élève apte au service domestique familial, aux autres services de l’hôtellerie, etc.
11[...]
12901. — Les élèves du cours d’initiation au travail doivent être suivis de près et constituer des groupes scolaires plutôt restreints ; une école secondaire de 1000 élèves, qui aurait de 100 à 200 enfants dans le cours d’initiation au travail, pourrait les diviser en groupes, certains plus orientés vers les emplois réservés aux filles, d’autres, vers les emplois réservés aux garçons, d’autres convenant aux garçons et aux filles. Le programme devrait se composer d’environ 50 % de matières de base communes à tous les élèves, et de 50 % de matières pratiques et théoriques en relation avec le travail pour lequel on se prépare. Les matières de base seront, pour ces enfants, la langue maternelle, la langue seconde, l’éducation physique, l’histoire, la géographie, l’éducation familiale et civique, l’éducation syndicale et ouvrière, l’initiation aux affaires simples (banques, crédit, etc.) et aux divers services publics aux lois ou règlements qui protègent le citoyen, l’éducation morale ou religieuse. Plusieurs des emplois qui attendent ces enfants (service d’hôtel ou de restaurant, emplois dans les magasins, etc.) requièrent de bonnes manières, de l’amabilité, un bon langage, une apparence et une tenue agréables — les éducateurs et les programmes devront attacher de l’importance à ces aspects de la formation. La formation professionnelle de ces enfants devra comporter des stages dans le genre d’emploi qu’ils ont choisi ; un comité consultatif local devrait encourager les patrons d’établissement (hôtels, épiceries, boucheries, etc.) à réserver des postes pour ces stagiaires ; il faudrait veiller à ce que les élèves ne se fassent pas exploiter et reçoivent une véritable formation durant ces stages ; on devrait reconnaître, par un certificat officiel ou de quelque autre manière, le service que rendent à la société les établissements qui accueillent des stagiaires.
13[...]
14903. — Durant les deux années du cours d’initiation au travail, les maîtres, aidés par les orienteurs, guideront les élèves vers les emplois les mieux adaptés à leurs aptitudes, en tenant compte de leurs dispositions physiques, intellectuelles et affectives particulières. Ils encourageront ceux qui le peuvent à se perfectionner encore, à suivre des cours du soir, ou même à passer au niveau du cours de métier s’ils en sont capables, ils achemineront vers d’autres cours-options ceux qui semblent s’être trompés de voie. L’enseignement doit se baser sur des activités qui engagent la personnalité entière de l’enfant, cherchant à développer toutes ses facultés au maximum, par des exercices et des explications aussi peu infantiles que possible et par une recherche constante d’activités variées pouvant garder l’intérêt sans cesse en éveil. L’enseignement doit être assez individualisé, et l’on doit observer les progrès de l’enfant dans la manipulation, la dextérité, la rapirapidité ; il faut l’habituer à travailler consciencieusement, à soigner sa tenue, son langage, ses manières. On devra, par des encouragements et par un contact avec les établissements de stage, veiller à ce que l’enfant s’adapte à son milieu et y soit relativement heureux, afin d’éviter qu’il ne devienne un délinquant ou un élément de désordre comme c’est souvent le cas des déficients mentaux ou des cas situés aux frontières de la normalité.
15904. — L’École normale supérieure technique et ses sections ménagères accorderont aux professeurs se destinant à ce genre d’enseignement, un diplôme spécialisé qui devra comporter une solide formation en psychologie, en orientation et en service social. Les maîtres destinés à ces enfants doivent être capables de donner à ceux-ci assez de confiance en eux-mêmes, en même temps que la notion précise de leurs aptitudes et de leurs limites ; ils doivent respecter et aimer leurs élèves encore plus que n’ont à le faire les maîtres en général ; c’est en effet cette estime qu’on leur manifestera qui aidera surtout les enfants à donner leur mesure et à y trouver une satisfaction et un épanouissement. Un certain nombre de maîtres de l’initiation au travail devraient posséder une spécialisation pour l’enseignement aux exceptionnels.
Les enseignements de métiers
16905. — Les cours de métiers auront pour objet de former des employés spécialisés pour diverses occupations manuelles, mécaniques, commerciales, agricoles et ménagères dont la variété et le nombre sont considérables dans la société moderne. À la différence de certains emplois auxquels conduit l’initiation au travail, le métier requiert une habileté manuelle ; il comporte aussi une certaine somme de connaissances théoriques, en relation avec le métier ; ainsi les métiers de la construction requièrent la connaissance des divers matériaux, de leur préparation ou de leur utilisation. [...]
17[...]
18908. — Les cours actuellement classés comme cours de métiers sont nombreux ; on devra y ajouter les spécialités de ce niveau préparant à des emplois industriels, commerciaux et agricoles et à des emplois plus spécifiquement féminins. [...]
19[...]
20913. — Il serait possible, dès la 9e année, de consacrer 20 % de l’horaire à une exploration systématique des métiers, travaux d’ateliers, visites d’industries, etc ; deux ans avant la fin de la scolarité obligatoire, l’option technique pourrait constituer 20 % du programme ; en dernière année, 60 %. Un diplôme d’études secondaires (mention : technique) couronnerait ces trois années de plus en plus spécialisées. L’orientation vers le métier devrait être faite avec soin et ne jamais apparaître comme tout à fait irréversible. Ces études requièrent une forme d’intelligence particulière, portée vers l’exécution concrète et aussi capable d’études théoriques et beaucoup d’aptitudes manuelles. Certains métiers requièrent en outre des aptitudes physiques particulières, force musculaire, taille, bonne vue, rapidité de réflexes, etc.
21[…]
22915. — Selon un principe qui est à la base même de la coordination des structures que nous proposons, aucun enseignement ne doit, en principe, être absolument terminal, et cela jusqu’au doctorat ; cela signifie qu’un bon élève de métier, une fois son cours terminé, pourrait, s’il en a le goût et les aptitudes, continuer ses études spécialisées au niveau de l’institut, dans le secteur technologique. Ce mode d’accès au niveau d’étude préuniversitaire, technologique et professionnel constituerait une excellente préparation pour une partie du personnel de cadre destiné à l’industrie ; l’expérience pratique d’un métier est quasi indispensable pour un chef d’atelier, un contremaître, un ingénieur-technicien.
23916. — Le personnel enseignant pour les cours de métier devra posséder le même niveau de formation que les autres enseignants du secondaire, c’est-à-dire une licence orientée vers l’enseignement. L’École normale supérieure technique préparera une partie de ces licenciés ainsi que les facultés, centres d’études universitaires et départements de sciences domestiques, d’agriculture et de commerce en collaboration avec les facultés des sciences de l’éducation. Les directeurs d’ateliers auront, outre leur formation technique et sans doute leur diplôme de métier, une spécialisation pédagogique d’un an et un certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire.
L’organisation d’ensemble des enseignements professionnels secondaires
24917. — L’ensemble de l’enseignement technique et professionnel dispensé dans nos écoles secondaires polyvalentes et dans les quelques écoles spéciales de métiers doit être en constante relation avec le monde du travail ; l’enseignement et le monde du travail doivent, ensemble, essayer de prévoir les fluctuations du marché et de l’emploi, la disparition de certaines occupations, la modification de certaines autres. Le Conseil d’orientation économique, le ministère de l’Industrie et du Commerce, le ministère du Travail, les associations patronales et professionnelles et les syndicats ouvriers doivent tous collaborer avec le ministère de l’Éducation et avec les commissions scolaires régionales, afin de rajuster constamment l’enseignement aux besoins et aux changements du monde commercial, industriel et agricole.
25918. — Les enseignements techniques, agricoles, commerciaux et ménagers, de niveau secondaire, ainsi presque entièrement intégrés à l’école régionale polyvalente, supposent que la Direction des programmes du ministère de l’Éducation comporte un ou plusieurs spécialistes de ces enseignements ; il en va de même pour la commission de l’enseignement secondaire du Conseil supérieur de l’éducation, créée par la loi établissant un ministère de l’Éducation. Quant à la commission de l’enseignement technique et professionnel, créée par la même loi, nous avons recommandé, dans le chapitre consacré aux instituts, qu’elle devienne la commission de l’enseignement préuniversitaire et professionnel. Pour l’ensemble de l’enseignement professionnel secondaire, soit sous forme de cours-options pour tous, soit sous forme de cours d’initiation au travail et de cours de métiers intégrés au secondaire ou dispensés dans quelques écoles spéciales, il faut nommer, comme pour les autres disciplines du programme, un ou plusieurs organisateurs généraux de ces enseignements, à la Direction des programmes du ministère de l’Éducation ; chacun devra être autorisé à s’entourer d’un comité consultatif compétent.
26919. — Dans chacune des régions, l’organisation de l’enseignement professionnel de niveau secondaire devra être confiée à un fonctionnaire aussi compétent et dynamique que possible ; il aura la tâche considérable de mettre sur pied les cours et ateliers nécessaires, de trouver le personnel requis, de se tenir en relation constante avec l’industrie et le commerce de la région afin d’assurer une continuité aussi parfaite que possible entre l’enseignement professionnel de niveau secondaire et les occupations qui attendent les élèves à leur sortie de l’école.
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