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Le rouge et le bleu

De la guerre des Boers à la Dépression 1896-1929

51. Le vote féminin et la question familiale

Février 1922

Henri Gérin-Lajoie

Résumé

Le gouvernement fédéral accorde le droit de vote aux femmes en 1918 tout comme la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick (1919) et l’île-du-PrinceÉdouard (1922), et les femmes votent pour la première fois au fédéral aux élections de 1921. En février 1922, le Comité provincial pour le suffrage féminin, qui comprend la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, fondée en 1907, réunit 400 suffragettes à l’Assemblée législative pour revendiquer le droit de vote pour les femmes du Québec. Ce sera la première de plusieurs démarches infructueuses jusqu’en 1940. Mais, la détermination des femmes à pénétrer l’univers politique ne fléchira pas ; le discours féministe prend sa place dans la pensée politique québécoise.
Dans ses éditions du 5 décembre 1908 et du 2 janvier 1909, Le Journal de Françoise avait fait enquête et posé la question : « Les femmes doivent-elles réclamer le droit de vote ? » Dix-huit s’étaient dites favorables, 33 défavorables et 11 partagées. La Presse du 10 février 1922 contient la pétition de 44 259 femmes qui demandent au gouvernement « de ne pas attribuer à la femme de droit de voter ».

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Extrait du texte

Nous venons aujourd’hui, dit-elle, réclamer l’exercice des droits publics pour la femme. Est-ce à dire que nous voulons enlever la femme à son foyer, à sa famille ? Ce serait bien mal comprendre notre pensée que d’interpréter ainsi nos démarches. La plupart d’entre nous sommes des mères de famille soucieuses d’être les gardiennes vigilantes de ce foyer ; notre bonheur est d’y vivre entourées de l’affection des nôtres ; notre préoccupation est de nous dépenser sans cesse pour le bien-être de ceux qui sont confiés à nos soins. Et c’est à l’accomplissement de cette tâche primordiale que toute femme aspire.

Bien que des circonstances exceptionnelles, douloureuses ou graves, lui tracent à certains moments d’autres devoirs dans la vie, bien que les conditions actuelles du travail la jettent à l’usine et dans les carrières les plus variées, cependant, ces besognes d’occasion, qu’elle accepte bravement avant le mariage et qui deviennent son gagne-pain dans le veuvage, n’altèrent en rien le t...

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