22. L’union et la nationalité
15 avril 1848
p. 149-153
Résumé
Ce texte de L’Avenir présente une des réflexions les plus abouties sur le principe des nationalités au Canada français. Elle ne va toutefois pas sans ambiguïté. On évoque les événements qui se passent alors en Europe et en particulier en Italie où les libéraux tentent de faire l’unité italienne au détriment de la papauté, en justifiant l’entreprise par l’appel au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et on rappelle que « la nationalité est le principe de vie des peuples ». On n’en vise pas moins « la conservation de nos institutions, de notre langue, de nos lois, de nos mœurs ». La conquête des libertés politiques ne doit pas entraîner un affaiblissement de la nationalité. Nationalité et libertés politiques doivent aller de pair. Sur ce débat autour de la nationalité, voir, par exemple, la réplique du Journal de Québec des 3 et 13 mai 1848 et l’article de L.-A. Dessaulles sur le pouvoir temporel du pape dans L’Avenir du 14 mars 1849 (Louis-Antoine DESSAULLES, Écrits, édition critique par Yvan Lamonde, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, « Bibliothèque du Nouveau Monde », 1994, p. 95-102). Le libéral Gonzalve Doutre adoptera une position plutôt critique sur l’appel au principe des nationalités (voir « Le Rationalisme et la Confédération », Le Pays, 17 décembre 1864 et « Le principe des nationalités », Le Pays, 1864, ICMH, no 34769).
Extrait
1Longtemps comprimé, étouffé au nom de l’intérêt public, l’attachement à la nationalité qui nous caractérise, semblait destiné à devenir un de ces préjugés qui peuvent tenir au cœur, mais que la raison devait proscrire comme une faiblesse, une erreur de sentiment. Personne n’osait réclamer en son nom, par l’intérêt pour une position à laquelle nous avions été conduits par une suite d’événements malheureux ; position jugée profitable pour nous, lorsque tous les avantages qui pouvaient en découler devaient être obtenus à la seule condition de ne pas donner signe de vie comme nationalité. Elle était considérée comme un obstacle avoué à l’obtention de droits politiques ; il fallait s’en dépouiller, en faire abstraction, sacrifice même ; ne plus se considérer comme Canadien Français si nous voulions être quelque chose dans ce système d’organisation sociale ; et ainsi, sous prétexte de la confondre, la noya-t-on dans le libéralisme. Le principe de la nationalité cessant d’être en ho
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