1À notre connaissance, sept typologies de meurtriers sexuels ont été publiées. Le tableau 8.1 présente les principales caractéristiques de ces études typologiques. Nous avons précisé (lorsque l’information était connue) le nombre de sujets, le type de sujets, les sources des données, les variables incluses, ainsi que la méthode de construction de chacune des typologies relevées.

2En ce qui a trait au nombre de sujets inclus dans les différentes études, seules les typologies du FBI (Ressler, Burgess et Douglas, 1988), de Clarke et Carter (1999), de Kocsis (1999) et de Beech, Robertson et Clarke (2001) fournissent cette information. Le FBI a élaboré sa typologie à partir de 36 sujets, Clarke et Carter, de 32, Kocsis, de 85 et, finalement, Beech et al. en ont employé 50. Revitch et Schlesinger (1981) ainsi que Meloy (2000) sont demeurés muets quant au nombre de sujets sur lequel est basée leur typologie, alors que celle de Keppel et Walter (1999) n’en comportait aucun. La composition des échantillons de la typologie du FBI et de celle de Kocsis sont hétérogènes. Ces deux typologies incluent des meurtriers sexuels sériels ou non sériels ayant fait des victimes des deux sexes d’âge mineur ou adulte. Les autres typologies ne fournissent pas cette information.

3Les données ayant servi à l’élaboration des typologies proviennent de plusieurs sources. Revitch et Schlesinger ainsi que Meloy ont bâti leur typologie sur la base d’observations cliniques. Le FBI, Clarke et Carter de même que Beech et al ont pour leur part utilisé des données autorévélées ainsi que d’autres renseignements provenant de sources officielles, alors que Kocsis s’est limité aux données officielles de source policière.

4Au tableau 8.1, les variables ayant servi à la conception des typologies se retrouvent dans toutes les études sauf dans celle de Revitch et Schlesinger (1981). Elles concernent les caractéristiques de la scène de crime, du modus operandi, des victimes, des agresseurs, des interactions entre les deux ainsi que certaines inférences quant à l’organisation de la personnalité des meurtriers.

5Enfin, nous constatons que les typologies de Revitch et Schlesinger (1981), de Ressler et al. (1988), de Clarke et Carter (1999) ainsi que celle de Meloy (2000) ont été construites sur la base d’un jugement clinique alors que celles de Kocsis (1999) et de Beech et al. (2001) découlent d’analyses statistiques multivariées.

6Les études typologiques recensées révèlent quatre types de meurtriers sexuels. Chaque typologie en comporte de deux à quatre. Deux types de meurtriers sexuels en particulier sont présents dans les différentes études : le colérique et le sadique. En plus, on ajoute parfois le meurtrier sexuel qui tue afin de se débarrasser du témoin. Nous présentons au tableau 8.2 une synthèse des types de meurtriers sexuels en indiquant ceux qui correspondent aux types colérique, sadique et à ceux qui tuent pour éliminer le témoin.

7Le meurtrier colérique est désigné par le terme « meurtrier cathatymique » (déplacement vers une autre femme d’une rage intense contre la mère) par Revitch et Schlesinger (1981) ainsi que par Meloy (2000), alors que Ressler et al. (1988) l’ont étiqueté comme « meurtrier désorganisé ». Keppel et Walter ont préféré l’expression « colère-riposte » tirée de la typologie de Groth et Birnbaum (1979), tandis que Kocsis (1999) a associé ce meurtrier au type furieux. Clarke et Carter (1999) ont choisi la perte de contrôle agressive, et Beech et al. (2001), la motivation par un sentiment d’injustice pour représenter le meurtrier colérique.

tableau 8.1. Principales caractéristiques des études typologiques de meurtriers sexuels

8Quant au type sadique, Revitch et Schlesinger (1981) et Meloy (2000) l’ont désigné par l’expression « meurtrier compulsif ». Les chercheurs du FBI (Ressler et al., 1986 ; 1988) ont choisi le terme « meurtrier organisé », alors que l’étude de Kocsis (1999) comporte deux catégories de meurtriers sexuels sadiques, soit le prédateur et le pervers. Keppel et Walter (1999) ont préféré l’expression « colère-excitation », tandis que Clarke et Carter (1999) ainsi que Beech et al. (2001) parlent de meurtre motivé sexuellement.

9Clarke et Carter (1999), Kocsis (1999) et Beech et al. (2001) ont identifié un type de meurtriers sexuels qui tuent dans le but d’éliminer le témoin ou d’échapper à la justice, soit le type « contrôle agressif », « violeur » ou « motivé à agresser sexuellement » selon l’expression choisie. Enfin, certaines typologies incluent une catégorie « autre » qui comprend les types suivants de meurtriers sexuels : mixte (Ressler et al, 1988), affirmation du pouvoir, confirmation du pouvoir (Keppel et Walter, 1999) et dysfonction neuropsychologique (Clarke et Carter, 1999).

10Bien que le vocable varie d’une étude à l’autre, les meurtriers sadiques et colériques présentent des caractéristiques qui sont communes aux différentes études. Afin d’illustrer ce point, nous avons regroupé aux tableaux 8.3 et 84 les principales caractéristiques des meurtriers sadiques et colériques.

11Quant au type de meurtrier voulant éliminer le témoin, son intention première est de violer la victime et le meurtre est instrumental. Il est souvent décrit comme étant moins susceptible d’avoir connu une relation affective de longue durée et son profil est déviant au pléthysmographe. L’agression sexuelle est caractérisée par le coït ainsi que par certains éléments de sadisme, la victime est inconnue et souvent âgée de moins de 30 ans. Le meurtre peut être ou non prémédité et il se produit dans un contexte émotionnel de panique ou de froideur, selon l’expérience du délinquant. Habituellement, les blessures de la victime sont localisées à un seul endroit sur son corps et elle est trouvée couchée sur le dos. Souvent, le lieu du premier contact entre l’agresseur et la victime sera le même que le lieu du crime et l’endroit où on a découvert le cadavre.

12Nous avons pu constater que les études typologiques sur le meurtre sexuel qui ont été menées jusqu’ici comportaient plusieurs limites. Tout d’abord, la plupart des recherches ont regroupé différentes catégories de meurtriers sexuels (meurtriers sexuels de femmes, d’hommes, d’enfants, sériels ou à victime unique), négligeant le caractère particulier de chaque groupe. On note aussi que certaines études se sont limitées à une seule source de données, que ce soit des observations cliniques, des informations révélées par les participants ou des données provenant de sources officielles, niant ainsi l’importance de recourir à des sources d’information variées afin d’obtenir un profil complet et détaillé du meurtrier sexuel et de ses crimes. Autre écueil, certaines des études mentionnées ont proposé des modèles où la motivation et la personnalité du meurtrier étaient inférées. Pourtant, aucun de ces travaux ne proposait de méthode standardisée permettant de mesurer adéquatement la motivation ou l’organisation de la personnalité du meurtrier. Par ailleurs, la plupart des études réalisées, qu’elles empruntent une perspective clinique ou policière, ont peu tenu compte des variables de la phase précédant le passage à l’acte, laquelle comporte des éléments situationnels ayant pu précipiter l’homicide sexuel. Pour finir, plusieurs auteurs ont construit leur classification à partir d’un jugement clinique, ne laissant ainsi aucune place à la vérification de la validité de leurs analyses. En conséquence, le but premier de la présente étude est de développer une typologie de meurtriers sexuels de femmes adultes à l’aide de critères objectifs du scénario délictuel ainsi que d’analyses statistiques multivariées. Le second but est de vérifier quels sont les facteurs de la phase précrime associés à chaque type de meurtriers sexuels.

tableau 8.3. Synthèse des caractéristiques du meurtrier sexuel sadique

tableau 8.4. Synthèse des caractéristiques du meurtrier sexuel colérique

Méthodologie

Sujets

13Nous avons obtenu un taux de participation de 71 %, soit 40 meurtriers sexuels, sur une possibilité de 57. Les crimes de nature sexuelle sont toujours aussi mal acceptés des autres détenus, d’où une nette résistance de la part de certains à collaborer à cette étude. Il est tout de même intéressant de mentionner quelques-unes des raisons qui ont justifié un refus de participation. Dans la majorité des cas, les détenus tentaient de nous convaincre que l’homicide dont ils avaient été reconnus coupables ne contenait aucun élément sexuel en soi. Selon eux, ils étaient coupables d’homicide mais non d’agression sexuelle. D’autres ne voyaient tout simplement pas l’intérêt de participer à ce type de recherches : ils voulaient être payés, désiraient qu’un rapport favorable soit ajouté à leur dossier ou que des privilèges leur soient accordés. Certains détenus ne voulaient pas raconter, une fois de plus, leur vie et les délits commis, car cela leur ferait revivre des sentiments désagréables. Enfin, quelques rares détenus nous ont affirmé qu’ils n’étaient pas coupables et qu’ils faisaient l’objet d’une erreur judiciaire.

Procédure

14Chacun des sujets a fait l’objet d’une entrevue semi-structurée basée sur le QIDS. Cet entretien se déroulait dans un local fermé, où le sujet était libre de parler en toute quiétude. Généralement, les entretiens duraient de trois à cinq heures. Il est arrivé que nous ayons passé plus de cinq heures avec le même détenu, mais seulement dans le cas où ce dernier désirait nous entretenir d’éléments que nous n’avions pas abordés.

15Lorsque les circonstances le permettaient, nous effectuions une étude complète du dossier institutionnel du sujet avant de le rencontrer. Si les informations fournies par le sujet divergeaient de celles se trouvant dans les documents officiels, ces dernières avaient toujours préséance. Le dossier institutionnel contient les évaluations psychologiques et psychiatriques, les rapports disciplinaires, les antécédents judiciaires, des informations sur les programmes suivis en institution, les résultats de certains tests (tests psychométriques, évaluation phallométrique, etc.), des données relatives à la gestion de la sentence, les transcriptions des notes de cour et les rapports de police. Considérant que l’étude des scénarios délictuels nécessite des renseignements policiers, nous avons également consulté les dossiers de police complets. De plus, dans certains cas, nous avons aussi eu accès aux photos de scènes de crime. Ces dossiers provenaient de l’escouade des homicides du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (maintenant le Service de police de la Ville de Montréal), de l’escouade des crimes majeurs de la Sûreté du Québec et de l’escouade des homicides du Service de police de la Ville de Québec.

Résultats

16Notons tout d’abord que ces résultats portent sur 36 meurtriers sexuels et non sur 40, considérant que les analyses présentées dans ce chapitre ont été effectuées alors que les données relatives à 4 sujets n’étaient pas encore disponibles.

17Nous avons sélectionné toutes les variables de la phase délictuelle pour lesquelles la fréquence était supérieure à 10 % ou inférieure à 90 %. Ainsi, celles qui étaient présentes ou absentes chez presque tous les sujets n’ont pas été retenues parce qu’elles n’ont aucun pouvoir de discrimination. Nous avons ainsi obtenu 24 variables. Dans le but de connaître quelles étaient les variables clés pour la construction d’une typologie, nous avons procédé à des analyses catégorielles (tests de chi carré) afin de vérifier la présence de relations entre chacune des 24 variables. De ces dernières, nous avons relevé 9 variables qui étaient en relation avec plusieurs autres et nous les avons utilisées dans une analyse en classification automatique à K moyennes (K-means cluster analysis). Cette analyse nous a permis d’obtenir deux sous-groupes de meurtriers sexuels basés sur leurs similitudes quant aux 9 variables de scénarios délictuels (voir tableau 8.5).

18Les meurtriers du profil sadique représentent 44,4 % (N = 16) de notre échantillon. Pour ceux-ci, le meurtre est prémédité et il y a sélection d’une victime qui leur est inconnue. Au moment du crime, ce type de meurtrier humilie sa victime et, dans bien des cas, il utilise des contentions physiques. De plus, il mutilera la victime. L’homicide dure plus de 30 minutes et, par le fait même, le meurtrier sadique prend plus de risques d’être appréhendé par la police. Finalement, il a tendance à déplacer ou à cacher le corps de sa victime afin d’éviter qu’il soit retrouvé.

19Les meurtriers du profil colérique forment 55,6 % (N = 20) de notre échantillon. Ils ne sélectionnent pas leur victime et leur meurtre n’est pas prémédité. Le meurtrier n’aura pas tendance à humilier sa victime, à utiliser des contentions physiques ni à lui infliger des mutilations. La phase délictuelle dure moins de 30 minutes chez environ la moitié des sujets et, en conséquence, le meurtrier colérique risque moins d’être appréhendé que le sadique. Le cadavre est souvent abandonné sur la scène de crime.

20Afin d’approfondir l’analyse de ces deux types de meurtriers sexuels, nous avons comparé les deux sous-groupes à l’aide des variables des scénarios délictuels non retenues pour les analyses typologiques (voir tableau 8.6). Ainsi, les meurtriers sexuels sadiques (18,8 %) démembrent parfois le cadavre de la victime, ce qui ne se produit jamais chez les meurtriers du profil colérique (0 %) (phi = 0,334 ; p < 0,05). De plus, certaines comparaisons non significatives méritent d’être soulignées. D’abord, la victime est plus souvent laissée sur le dos par un meurtrier colérique (76,9 %) que par un meurtrier sadique (33,3 %) (phi = – 0,420). Par ailleurs, il arrive que les meurtriers sadiques (18,8 %) cachent le corps de la victime, ce qui ne se produit jamais chez les meurtriers du profil colérique (0 %) (phi = 0,330). La recherche de caractéristiques distinctives chez la victime semble plus fréquente chez les meurtriers sadiques (41,7 %) que chez les meurtriers colériques (25 %) (phi = 0,174). De même, la présence d’éléments de torture paraît plus courante chez les meurtriers sexuels sadiques (33,3 %) que chez les colériques (10,5 %) (phi = 0,280). Par contre, les colériques (80 %) utilisent plus souvent une arme que les sadiques (68,8 %) (phi = 0,112). Et les meurtriers du profil colérique (5,6 %) ont moins tendance que ceux du profil sadique (23,1 %) à contraindre la victime à commettre un geste sexuel (phi = 0,258). Pour finir, nous remarquons que dans une grande proportion des cas, il y a eu coït (78,6 %) et la victime a résisté (84,8 %).

21Chez les meurtriers sexuels du type colérique (83,3 %), c’est l’affect de la colère qui prédomine avant de commettre l’homicide et ce, comparativement à 33,3 % chez les sadiques (phi = – 0,508 ; p < 0,01) (voir tableau 8.7). Les sadiques (41,7 %) présentent plutôt un affect positif avant de commettre le délit, contre seulement 11,1 % des meurtriers du profil colérique (phi = 0,354 ; p < 0,05). Cet affect positif peut consister en de l’excitation sexuelle, une impression de calme ou de bien-être. Les meurtriers colériques (22,2 %) rapportent significativement plus de problèmes de solitude 48 heures avant le délit que les meurtriers sadiques (0 %) (phi = – 0,339 ; p < 0,05). Par contre, les meurtriers sadiques (26,7 %) vivent plus souvent des problèmes de séparation 48 heures avant le délit que les meurtriers du profil colérique (o %) (phi = 0,407 ; p < 0,05). On note aussi que, dans les 48 heures précédant le délit, les meurtriers colériques (38,9 %) admettent plus souvent avoir des problèmes associés à l’oisiveté que les meurtriers sadiques (0 %) (phi = – 0,474 ; p < 0,01). Et au cours de l’année précédant le délit, les meurtriers colériques (27,8 %) rapportent des problèmes de solitude plus fréquemment que les meurtriers sadiques (0 %) (phi = – 0,386 ; p < 0,05).

tableau 8.7. Distribution des sujets de deux profils de scénarios délictuels pour les variables des affects vécus avant le crime ainsi que pour les facteurs précipitants (48 heures avant le délit) et les facteurs prédisposants (1 an avant le délit)

22Il n’y a aucune différence statistiquement significative entre les deux types de meurtriers sexuels quant aux variables désinhibitrices. Toutefois, 50 % des meurtriers sadiques ont avoué avoir entretenu des fantaisies sexuelles déviantes 48 heures avant le délit et ce, comparativement à 21,1 % chez les colériques (phi = 0,303). De plus, la presque totalité des meurtriers sexuels (82,4 %) ont admis avoir bu de l’alcool dans les heures précédant le délit. Quant à la drogue, c’est un peu plus de la moitié d’entre eux (51,5 %) qui ont affirmé en avoir consommé dans les heures avant le délit.

23On trouve finalement au tableau 8.8 les pourcentages de sujets pour les variables relatives aux attitudes par rapport au délit dans le cas des deux profils de scénarios délictuels. Les meurtriers sexuels du profil colérique (85,7 %) se livrent aux autorités plus fréquemment que les sadiques (25 %) (phi = – 0,607 ; p < 0,05). Lors de l’entrevue d’admission au pénitencier, tous les meurtriers colériques (100 %) ont reconnu la totalité des actes commis à l’endroit de la victime, alors que c’est le cas pour 81,3 % des sadiques (phi = – 0,337 ; p < 0,05). De même, tous les meurtriers sexuels du profil colérique (100 %) reconnaissent leur responsabilité contre 73,3 % des meurtriers du profil sadique (phi = – 0,415 ; p < 0,05). Par ailleurs, malgré l’absence de relation statistiquement significative, nous remarquons que les meurtriers colériques (61,1 %) avouent plus fréquemment le crime que les sadiques (33,3 % ; phi = 0,277) lors de l’arrestation.

Interprétation des résultats

La phase délictuelle

24Nous avons identifié deux types de meurtriers sexuels non sériels de femmes sur la base des caractéristiques du scénario délictuel et de la scène de crime : le sadique et le colérique. L’équipe du FBI (Ressler et al., 1988) a distingué deux types de meurtriers sexuels sériels, basés sur des éléments de scénarios délictuels et de scènes de crime. En dépit des différences quant au nombre de victimes, il demeure tout de même intéressant de comparer nos deux profils avec les deux profils obtenus par l’équipe du FBI et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, l’étude du FBI comporte des variables bien définies, accompagnées de pourcentages que nous pouvons facilement comparer avec nos résultats. Enfin, ses données comprennent des informations provenant de sources officielles (rapports de police et d’autopsie, transcriptions de la cour) et autorévélées.

25Le meurtrier sexuel « organisé » du FBI a un scénario délictuel qui se rapproche de celui du meurtrier sexuel sadique que nous avons identifié. Le scénario délictuel du meurtrier organisé est prémédité, il y a utilisation de contentions physiques et il implique une victime inconnue (Ressler, Burgess, Douglas, Hartman et D’Agostino, 1986). De plus, la victime est agressée physiquement avant d’être tuée. Le corps sera ensuite déplacé et caché dans un autre endroit que la scène de crime (Ressler, Burgess, Douglas, 1988). Quant au meurtrier sexuel « désorganisé », son scénario délictuel est similaire à celui du meurtrier sexuel colérique de notre étude quant aux aspects suivants : absence de préméditation, absence de contention physique et le corps est laissé sur la scène de crime.

26Cependant, nos profils de meurtriers sexuels et ceux du FBI divergent sur trois points. Tout d’abord, dans notre échantillon, les actes de mutilation sont caractéristiques du profil sadique, alors qu’ils sont plus fréquemment rapportés pour les meurtriers sexuels désorganisés dans l’échantillon du FBI. De plus, nos résultats laissent entendre que c’est le meurtrier sadique qui court le plus de risque d’être appréhendé après son délit. Or, les résultats de l’étude du FBI ont indiqué que le meurtrier désorganisé était le plus susceptible d’être arrêté, principalement en raison des nombreux indices laissés sur la scène de crime. Finalement, il est reconnu que le meurtrier désorganisé de la typologie du FBI positionne le corps de la victime, souvent de manière sexuellement explicite, afin de choquer les gens qui vont découvrir le cadavre. Cette pratique ne concorde pas avec les comportements du meurtrier colérique de notre échantillon, celui-ci laissant le plus souvent la victime sur la scène de crime, couchée sur le dos. Nous ne disposons toutefois pas d’éléments pour expliquer de telles différences.

27Certaines autres caractéristiques associées à la phase délictuelle ont retenu notre attention et permettent de distinguer nos deux profils de scénarios délictuels. En effet, on note que dans une plus grande proportion que les colériques, les meurtriers sadiques recherchaient des caractéristiques distinctives chez la victime et lui infligeaient des tortures de son vivant et des mutilations post-mortem. De plus, les meurtriers sadiques ont rapporté significativement plus de démembrements de cadavres que les meurtriers colériques. Nous croyons que ces différences tiennent à la préméditation de l’acte, mais également aux fantaisies sexuelles déviantes plus présentes chez les sadiques que chez les colériques. Ces deux éléments favorisent l’accomplissement de certains actes (les tortures, par exemple) en actualisant le scénario délictuel imaginé par le meurtrier.

La phase prédélictuelle

28Nos résultats ont permis de constater que, dans la phase prédélictuelle, les meurtriers sexuels du profil colérique présentent un affect de colère alors que les meurtriers sadiques ont un affect positif. Celui-ci peut inclure la joie, le bonheur, le plaisir, le bien-être et l’excitation sexuelle. Il pourrait être en lien avec des fantaisies sexuelles déviantes et être l’expression des sensations fortes associées à la prise en chasse de la victime.

29Hormis l’étude du FBI, les études recensées ne font pas mention des éléments de la phase prédélictuelle. En effet, Ressler, Burgess, Douglas et al. (1986) ont évalué, sur une échelle de 1 à 5, l’état émotionnel des meurtriers sexuels de leur échantillon. Il en est ressorti que les meurtriers organisés étaient plus dépressifs, plus calmes, moins nerveux, moins apeurés et moins confus que les meurtriers désorganisés.

30Nous observons que l’état émotionnel des meurtriers sexuels de notre échantillon était diamétralement opposé à l’état de ceux du FBI lors de la phase prédélictuelle. Deux hypothèses permettent d’expliquer cette différence. Tout d’abord, il est possible que les gens du FBI n’aient pas examiné cet aspect de la même manière que nous, c’est-à-dire en incluant également les affects positifs. Mais aussi, le caractère plus pathologique et les motivations des meurtriers en série peuvent révéler des résultats différents de ceux des meurtriers sexuels non sériels de notre échantillon quant aux affects.

31Nous constatons que dans les 48 heures et un an avant l’homicide, les colériques éprouvent plus de problèmes de solitude comparativement aux meurtriers sadiques, chez qui on ne note aucunement ce problème. Nous émettons l’hypothèse selon laquelle la distinction dans les problèmes relationnels entre les deux types de meurtriers sexuels résiderait principalement dans les différences de personnalité (Beauregard et Proulx, 2002). Nous avons établi que les meurtriers colériques présentent une personnalité de type état-limite, suggérant ainsi un désir de contact avec autrui, mais aussi une incapacité à obtenir et à conserver une certaine intimité (Beck et Freeman, 1990). Par contre, dans le cas des sadiques, ils présentent des troubles de la personnalité schizoïde et évitante tels que mesurés avec le MCMI, ce qui implique qu’ils ont renoncé aux contacts avec autrui, préférant leur monde de fantaisies. Dans ces circonstances, on comprend qu’aucun meurtrier du profil sadique n’ait rapporté un problème de solitude avant de commettre l’homicide.

32Toutefois, les meurtriers appartenant au profil sadique ont admis significativement plus de problèmes de séparation dans les 48 heures avant le délit que les meurtriers colériques. Nous pouvons émettre l’hypothèse que les meurtriers sadiques connaissent un investissement croissant dans leurs fantaisies déviantes dans les jours précédant le délit, ce qui peut accélérer la séparation d’un couple. Mais il est également possible que les meurtriers sadiques soient plus compétents dans leurs relations interpersonnelles que les meurtriers colériques et donc qu’ils aient tout simplement plus souvent une partenaire.

33Nos résultats indiquent aussi qu’il est possible de distinguer les deux types de meurtriers sexuels sur le plan des problèmes d’occupation. En effet, 48 heures avant le délit, 38,9 % des meurtriers colériques ont des problèmes liés à l’oisiveté comparativement à aucun des meurtriers sadiques. Il s’agit essentiellement de consommation abusive d’alcool ou de drogues. Aucune étude recensée n’a présenté de résultats comparables aux nôtres. Toutefois, nous sommes d’avis que cette particularité s’explique principalement par les différences de profil de personnalité des deux types de meurtriers. Les meurtriers sadiques présentent des caractéristiques des troubles de la personnalité schizoïde et évitante, alors que les meurtriers du profil colérique ont un trouble de la personnalité état-limite. Nous avons aussi établi que ces derniers fonctionnent plus ou moins bien dans la société en raison de leur impulsivité et de leurs réactions souvent hors de proportion dans certaines situations. Il est donc possible que les individus du profil colérique se retrouvent à flâner et à consommer de manière abusive dans les 48 heures précédant le délit et ce, en raison de leur trouble de la personnalité état-limite qui implique un style de vie instable et désorganisé. Quant aux sadiques, la consommation de matériel pornographique, les fantaisies sexuelles déviantes ainsi que l’élaboration et la planification du scénario délictuel occupent leur attention dans les heures avant le passage à l’acte.

34L’étude réalisée par Ressler, Burgess, Douglas et al. (1986) et celle de Ressler et al. (1988), ainsi que les autres études sur l’homicide sexuel semblent avoir négligé la phase prédélictuelle. Pourtant, cette phase est une des plus importantes lorsqu’on cherche à comprendre quelles sont les motivations du meurtre. Parmi les éléments de la phase prédélictuelle, nous trouvons plus spécifiquement les variables désinhibitrices. La consommation d’alcool dans les heures précédant le délit a été rapportée par la majorité des meurtriers sexuels de notre échantillon. Nous croyons que cette fréquence élevée n’est pas surprenante pour ce type de délits. En effet, des auteurs ont rapporté que les agresseurs sexuels blâmaient souvent la consommation d’alcool pour leurs gestes (Amir, 1971 ; Bartol, 1999 ; Groth et Birnbaum, 1979). Cependant, Groth a noté que chez les agresseurs sexuels de femmes adultes, la quantité d’alcool absorbée avant le délit excédait rarement leur consommation habituelle (Groth et Birnbaum, 1979, p. 96). En dépit du fait que des délinquants sexuels puissent exagérer leur propos, nous croyons tout de même que l’alcool a un effet réel sur le délit. En effet, selon Groth, il peut servir de désinhibiteur seulement lorsqu’un individu a une disposition favorable à l’agression sexuelle. Nous pouvons également émettre l’hypothèse selon laquelle l’alcool pourrait favoriser l’émergence de fantaisies sexuelles déviantes en levant les inhibitions des meurtriers sexuels. Selon Langevin, Ben-Aron, Wrigth, Marchese et Handy (1988), le taux d’abus d’alcool dans les cas d’homicide et d’agression sexuelle dépasse largement le taux d’abus que l’on trouve dans la population générale et pourrait contribuer au crime en désinhibant les individus sur les plans affectif (colère) et sexuel.

35Par ailleurs, nous avons remarqué que la différence entre les types organisé et désorganisé du FBI quant à la consommation d’alcool liée au délit ne se retrouvait pas entre les types sadiques et colériques de notre échantillon. En effet, 56 % des meurtriers organisés ont avoué avoir bu de l’alcool dans les heures précédant le délit comparativement à 19 % chez les meurtriers désorganisés (Ressler, Burgess, Douglas et al, 1986, p. 295). Au sujet de nos résultats, 85 % des colériques ont avoué avoir consommé de l’alcool dans les heures précédant le délit par rapport à 78,6 % chez les meurtriers sadiques. La fréquence est donc moins élevée chez les meurtriers sexuels sériels de l’étude du FBI que chez les meurtriers sexuels non sériels de notre échantillon. Cette différence peut être attribuable, en partie du moins, au fait que les meurtriers sexuels sériels sont poussés à commettre des meurtres afin de réaliser des fantaisies sexuelles déviantes envahissantes. Donc, chez des meurtriers sexuels en série, l’alcool et ses effets ne sont pas un élément primordial permettant de faciliter ou de déclencher le passage à l’acte. Malgré ces différences, la consommation d’alcool est un élément non négligeable dans le processus de passage à l’acte des meurtriers sexuels.

36Pour ce qui est des drogues, plus de la moitié de nos sujets ont rapporté en avoir consommé. Ainsi, une grande partie des meurtriers que nous avons rencontrés ont pris plus d’une substance psychoactive avant de commettre le délit. Donc, les drogues, tout comme l’alcool, semblent jouer un rôle de désinhibiteur, en diminuant le contrôle de soi relativement à l’excitation sexuelle associée au viol.

37Il est cependant intéressant de noter que cette consommation de drogues est beaucoup plus élevée chez les meurtriers sexuels que chez les agresseurs sexuels de femmes adultes. En effet, Pithers et Cumming (1996) rapportent que dans leur échantillon de violeurs, 42 % avaient bu de l’alcool, alors que seulement 14 % avaient pris de la drogue. Nous suggérons deux hypothèses afin d’expliquer cette différence. Tout d’abord, divulguer une consommation d’alcool, de drogues ou des deux peut être plus fréquent chez des individus qui ont commis des crimes plus graves (comme un meurtre), tentant ainsi de justifier leurs actes. Mais nous pouvons aussi considérer l’inverse, c’est-à-dire que plus l’individu sera désinhibé à cause de substances intoxicantes, plus grave sera le crime.

38Les fantaisies sexuelles déviantes qui sont présentes 48 heures avant de commettre le délit sexuel sont des agents désinhibiteurs que rapportent une proportion significative de nos sujets (sadiques : 50 % et colériques : 21 %). Selon Ressler, Burgess et Douglas (1988), la motivation de tuer des meurtriers sexuels provient de leurs fantaisies. Il est souvent souligné que ces individus se considèrent comme étant injustement traités par la société ou comme manquant de maîtrise sur les autres individus. Ainsi, il est possible que le monde fantasmatique serve d’échappatoire et l’individu pourra y exprimer ses émotions et y contrôler autrui.

39Seulement le tiers de notre échantillon a affirmé avoir entretenu de telles fantaisies 48 heures avant de commettre l’homicide. Il est possible que les meurtriers sexuels de notre échantillon qui refusent de se reconnaître un problème de délinquance sexuelle aient nié avoir eu ce genre de fantaisies avant leur délit. Un tel aveu peut donner des indices quant à un trouble sexuel du sujet et à la préméditation de l’homicide ou de l’agression sexuelle. Toutefois, par rapport aux meurtriers colériques (21 %), on note que les meurtriers sexuels sadiques (50 %) ont avoué dans une plus grande proportion avoir entretenu des fantaisies sexuelles déviantes 48 heures avant le délit. Ces chiffres sont comparables à ceux obtenus par Proulx, St-Yves, Guay et Ouimet (1999) pour deux profils de violeurs. Les violeurs du profil sadique (58,3 %) rapportaient significativement plus de fantaisies déviantes que les violeurs du profil colérique (21 %).

Les attitudes postdélictuelles des meurtriers sexuels

40Nos résultats démontrent que les meurtriers colériques se distinguent significativement des meurtriers sadiques quant à leurs comportements après l’homicide sexuel. Les colériques se livreront plus souvent aux autorités, offriront une meilleure collaboration lors de l’interrogatoire et admettront entièrement leur responsabilité dans l’homicide sexuel en comparaison avec les meurtriers sadiques. Il est possible d’expliquer cette particularité chez les meurtriers colériques par les caractéristiques de l’organisation de leur personnalité. En effet, nous avons mentionné que ces individus présentent une personnalité de type état-limite (Beauregard et Proulx, 2002). Ce trouble de la personnalité se caractérise, entre autres, par la commission d’actes impulsifs et des réactions hors de proportion dans une situation donnée. Après coup, l’individu prend conscience de l’irrationalité de ses actes et ainsi naît de la culpabilité (Beck et Freeman, 1990). Les meurtriers colériques, après avoir compris la gravité et le caractère irréparable de leurs gestes, sont affligés par les remords et ils avoueront le crime aux autorités. Dans une étude où les caractéristiques du passage à l’acte de criminels violents ayant une personnalité état-limite ont été comparées à celles de criminels violents narcissiques, Bernard et Proulx (2002) démontraient que ces derniers tentaient d’échapper à la justice en ne reconnaissant pas leur culpabilité, alors que ceux ayant une personnalité de type état-limite admettaient plus fréquemment leur responsabilité. De même, St-Yves (2002), dans son étude portant sur le profil du suspect collaborateur lors d’un interrogatoire de police, mentionne que les délinquants sexuels qui rapportaient un sentiment de culpabilité après le délit étaient plus souvent enclins à collaborer avec la police, alors que la présence d’un trouble de la personnalité de type narcissique était associée à la non-collaboration.

41De tels résultats permettent de dégager deux profils de meurtriers sexuels et, également, le type d’approche à favoriser lors de l’interrogatoire d’un suspect. Nos résultats démontrent que le meurtrier du profil colérique est vulnérable sur le plan de la culpabilité. De plus, le caractère impulsif de son acte laisse supposer qu’il n’a pas pris soin de vérifier si des indices laissés sur la scène de crime pouvaient le relier à la victime. Or, un enquêteur qui prend en considération ces deux caractéristiques reconnues de la personnalité du colérique augmente ses chances d’obtenir une confession de la part du meurtrier. Avec le type sadique, l’enquêteur devra pouvoir fournir des preuves solides et diriger un interrogatoire serré en faisant pression sur le suspect (peur de la sentence/prison, techniques d’entrevue persuasives) afin d’obtenir un aveu (St-Yves, 2002) (pour plus de détails, voir le chapitre 11).

Présentation de cas et cohérence interne des deux profils de meurtriers sexuels

42Afin d’illustrer les deux profils de scénarios délictuels obtenus avec notre échantillon, nous avons sélectionné deux sujets selon leur distance par rapport au centre du cluster, soit le cluster membership. Le sujet sélectionné pour illustrer le profil sadique présentait une « appartenance au cluster » de 0,750, et celui du profil colérique, de 0,700. Nous avons ainsi sélectionné les deux sujets les plus représentatifs de chaque profil de scénario délictuel. Nous présenterons ces deux cas, en analysant la cohérence interne pour chaque profil. Cette démarche permet de déterminer les propriétés structurantes d’un choix criminel et de comprendre la logique sous-jacente des variables incluses dans le scénario délictuel.

43L’étude réalisée a permis de distinguer deux profils de scénarios délictuels dans un échantillon de 36 meurtriers sexuels de femmes âgées de 14 ans ou plus. Malgré l’intérêt des résultats obtenus, cette étude comporte certaines limites. Tout d’abord, nous avons été confrontés à un problème de valeurs manquantes. Lorsque nous étudions les scénarios délictuels chez des agresseurs sexuels, il est normal que ceux-ci soient les seuls à connaître certaines informations et qu’ils refusent de nous les dévoiler. Et, même lorsqu’ils collaborent, les informations recueillies peuvent poser des problèmes de véracité. Des informations autorévélées qui sont faussées ou simplement minimisées de la part des sujets de l’étude peuvent avoir des répercussions sur les résultats de nos analyses.

44Nous sommes aussi conscients de la portée limitée de nos analyses. Bien qu’un nombre réduit de sujets soit une limite importante dans des analyses quantitatives, nous devons garder à l’esprit l’objet d’étude et, conséquemment, le fait que les autres recherches portant sur ce même objet ont été réalisées à partir d’échantillons également restreints. Cependant, il est possible que beaucoup de nos résultats n’aient pas été significatifs en raison du petit nombre de sujets.

45Malgré les précautions prises afin d’éviter tout biais d’échantillonnage, notre recherche ne fait pas exception à la règle. Nous devons nous questionner sur les caractéristiques et les motivations des meurtriers sexuels qui ont accepté de participer et de ceux qui ont refusé. Peut-être ces derniers présentaient-ils des caractéristiques différentes des participants.

46Lors de la réalisation de cette étude, nous avons été à même de constater le manque flagrant d’écrits portant directement sur l’homicide sexuel. Considérant qu’il existe peu d’études canadiennes sur le sujet, nous devons nous en remettre aux recherches américaines. Cependant, ces recherches sont le plus souvent réalisées à partir de sujets qui ont commis plus de deux meurtres sexuels, soit des meurtriers en série. Nous devons donc demeurer prudents lorsque nous appliquons les résultats de ces études au contexte québécois.

47Les policiers qui sont chargés d’enquêter sur ce type de crimes violents pourraient eux aussi mettre à profit notre classification. Plus particulièrement, nous croyons que cette typologie peut être mise à contribution dans le profilage criminel (Douglas et Burgess, 1986 ; Geberth, 1996 ; Holmes et Holmes, 1996 ; Homant et Kennedy, 1998 ; Jackson et Bekerian, 1997 ; Knight, Warren, Reboussin et Soley, 1998 ; McCann, 1992 ; Pinizzotto, 1984 ; Pinizzotto et Finkel, 1990). Le profilage criminel (ou criminal investigative analysis) est une méthode qui vise à formuler des hypothèses sur un agresseur, basées sur l’analyse de la scène de crime et de la victime. Ainsi, une typologie principalement basée sur les scénarios délictuels peut fournir d’intéressantes informations sur les caractéristiques d’un meurtrier sexuel inconnu, qui se rapprocherait d’un des deux profils établis (pour plus de détails, voir le chapitre 10).

48Des recherches ultérieures pourraient s’inspirer de la perspective de la criminologie de l’acte (Cusson et Cordeau, 1994) afin que nous puissions mieux comprendre les processus décisionnels lors de la perpétration d’un homicide sexuel. En outre, à défaut de posséder un très grand nombre de sujets pour réaliser des analyses statistiques sophistiquées, les chercheurs pourraient s’inspirer de la démarche adoptée par Ward, Louden, Hudson et Marshall (1995) dans l’étude du processus de passage à l’acte des pédophiles. Les auteurs avaient alors utilisé l’approche de la grounded theory afin de recueillir sur le plan qualitatif les informations nécessaires à la description du processus de passage à l’acte chez 26 pédophiles (Ward et al, 1995).