Avant-propos

1Dans l’ensemble de Parade’s End, le présent se donne essentiellement à voir à travers le spectre du passé. Le rattachement constant à une lignée et à un patrimoine, doublé du respect de traditions sociales et littéraires, est un moyen pour l’individu de définir son identité à l’aune d’héritages multiples et d’en garantir ainsi la légitimité et la stabilité.

2Néanmoins, le lignage menace sans cesse d’être rompu ; l’attachement aux conventions et aux modèles du passé, s’il est présenté comme rassurant, apparaît simultanément sous un jour mitigé. La tradition est mise en question de multiples façons au moment même où elle est posée comme le fondement du système idéologique présenté comme dominant dans l’univers du roman. Le rapport de chaque personnage à un système idéologique fondé sur le culte du passé révèle une variété de postures plus ou moins distanciées, de perspectives plus ou moins obliques. Les conventions et la tradition constituent un véritable actant au sens greimassien1 : c’est autour de cet axe que s’articule l’action de tous les personnages, soit pour s’y conformer, soit pour les contester.

3Il apparaîtra que la subversion des valeurs se fait jour à travers l’impossibilité de voir se dessiner un positionnement idéologique stable et univoque au sein de la narration.