Mémoires et Souvenirs littéraires, rupture ou continuité ?

1« J’ai connu presque tous les littérateurs célèbres de ce siècle », « j’ai pensé que ma vie littéraire n’était pas dénuée de tout intérêt1 » : ces deux énoncés, qu’on pourrait tenir de prime abord pour des échantillons exemplaires de quelque Souvenirs littéraires, ce genre qui devient courant dans la seconde moitié du XIX^e siècle, sont extraits de Mémoires publiés en 1825, d’un auteur qui meurt en 1830 et tombe dans l’oubli au même instant : il s’agit de M^me de Genlis, en ouverture de Mémoires qu’elle prétend « particulièrement littéraires2 ». On n’a certes pas attendu les années 1850 pour produire des textes dans lesquels « on se remémore librement, à plusieurs années de distance, des événements de la vie littéraire dont [on] a été le témoin ou l’acteur secondaire » et qu’on nourrit d’« anecdotes », de « portraits-charge » et autres « mots piquants », selon la définition des Souvenirs littéraires fournie par Vincent Laisney3 Mais auparavant, ce genre n’existait pas de façon a