1 Fernand Divoire, Stratégie littéraire [1912], Paris, La Tradition de l’intelligence, 1928, p. 33.

2 Pierre Bourdieu, Les Règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire [1992], Paris, Seuil, « Points essais », 1998.

3 Jacques Dubois, L’Institution de la littérature [1978], Bruxelles, Labor, « Espace nord », 2005.

4 Outre leur contribution au présent ouvrage, voir L’Âge des cénacles, Paris, Fayard, 2013.

5 Georges Gurvitch (dir.), Traité de sociologie, T1, Paris, PUF, 1958, p. 187.

6 Voir à ce sujet Hiroki Azuma, Génération Otaku : Les enfants de la postmodernité [2006], Paris, Hachette, « Hautes tensions », 2008.

7 Citons, parmi d’autres, Graham Allan, A Sociology of Friendship and Kinship, Londres, Allen and Unwin, 1979 ; Didier Anzieu et Jacques-Yves Martin, La Dynamique des groupes restreints [1968], Paris, PUF, « Quadrige », 2007 ; John Barnes, Social networks, Reading, Addison-Wesley, 1972 ; Alain Blanchet et Alain Trognon, La Psychologie des groupes restreints, Paris, Armand Colin, « 128 », 2008 ; Philippe Dujardin (éd.), Du groupe au réseau. Réseaux religieux, politiques, professionnels, Paris, CNRS éditions, 1988 ; Jean Maisonneuve, La Dynamique des groupes, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 2011 ; Roger Mucchielli, La Dynamique des groupes. Processus d’influence et de changement dans la vie affective des groupes, Paris, ESF, 2011 ; Henri Tajfel, Human Groups and Social Categories : Studies in Social Psychology, Cambridge, Cambridge University Press, 1981.

8 Gisèle Sapiro, « Réseaux, institution (s) et champ », dans Les Réseaux littéraires, éd. Benoît Denis et Daphné de Marneffe, Bruxelles, Le Cri/CIEL, 2006, p. 44-59. Dans un important article, Michel Lacroix fait bien voir la différence et la complémentarité des deux modèles : là où Bourdieu a mis en lumière des relations « abstraites » entre agents intégrés au champ, permettant de dégager les oppositions objectives en fonction des luttes pour l’obtention de capital symbolique, l’analyse des réseaux questionne les relations concrètes et intersubjectives, la nature effective de ces liens — il est de cette façon possible que deux individus en position objectivement concurrentielle soient amis. Voir Michel Lacroix, « Littérature, analyse de réseaux et centralité : esquisse d’une théorisation du lien social concret en littérature », Recherches sociographiques, XLIV, 3, 2003, p. 475-497.

9 « Il s’agit des cadres spécifiques dont la pratique sociale nommée “littérature” ou “belles-lettres” se trouve dotée, ou non, aux divers moments de son histoire, comme lieux propres de son exercice, et qui régulent […] l’énonciation du discours littéraire. » Alain Viala, « L’histoire des institutions littéraires », dans Henri Béhar et Roger Fayolle, L’Histoire littéraire aujourd’hui, Paris, Armand Colin, 1990, p. 121.

10 On se souvient notamment de l’épisode du « déprimisme » mort-né, ce pseudo-mouvement fédéré par Les Inrocks à l’occasion de la rentrée littéraire, et dont les membres contraints (Houellebecq, Ndiaye, Despentes, parmi d’autres) eurent tôt fait de se récrier contre ce groupe artificiel auquel la critique tentait désespérément de leur faire prendre part. Voir Jean-Pierre Bertrand et Anthony Glinoer, « La “nouvelle génération” romancière face à ses réseaux », dans Les Réseaux littéraires, op. cit., p. 249-262.

11 Gremlin (dir.), « Fictions du champ littéraire », Discours social, volume XXXIV, 2010.

12 C’est également la représentation véhiculée par l’article de Rémy Ponton — au demeurant excellent en matière d’application à un cas littéraire des observations de Max Weber sur les logiques de domination charismatique et le principe de communauté émotionnelle —, « Programme esthétique et accumulation du capital symbolique. L’exemple du Parnasse » dans Revue française de sociologie, XIV, Paris, 1973, p. 202-220.

13 « Les poëtes nouveaux enfantés dans la vieillesse précoce d’une esthétique inféconde, doivent sentir la nécessité de retremper aux sources éternellement pures l’expression usée et affaiblie des sentiments généraux ». Leconte de Lisle, « Préface », Poèmes antiques [1852], éd. Claudine Gothot-Mersch, Paris, Poésie/Gallimard, 1994, p. 312-313.

14 « Une fois, Albert Glatigny dédia un poème à Théophile Gautier sous ce titre : l’Impassible ; Louis-Xavier de Ricard, un des nôtres que les études sociales nous ont ravi, s’avisa, dans une lettre à un ami, qui fut imprimée je ne sais où, de recommander l’impassibilité aux penseurs, et moi-même j’avais écrit ces deux vers : “La grande Muse porte un peplum bien sculpté/Et le trouble est banni des âmes qu’elle hante” ; dès lors nous eûmes beau pousser des cris et faire des gestes de réclamation, prendre, en un mot, toutes les attitudes que le dogme de l’impassibilité réprouve, c’en était fait, il n’y avait plus à revenir là-dessus, nous étions les Impassibles. Comme nous aurions été les Jardiniers, si nous avions fait des poèmes sur les jardins, les Papillonneurs, si nous avions rimé des rondels sur les papillons, et les Oiseliers, si nous avions chanté des odelettes aux oiseaux. Impassibles, nous, bon Dieu ! Vous ne tarderez pas à voir dans la suite de ces causeries que nous n’étions rien moins que cela. » (Catulle Mendès, La Légende du Parnasse contemporain, Bruxelles, Auguste Brancart, 1884, p. 7-8.)

15 Sully Prudhomme est entré sous la Coupole en 1881 ; François Coppée en 1883 ; Leconte de Lisle, après avoir été battu par Gratry en 1873 puis par Victorien Sardou en 1877, prendra pour sa part en 1886 le fauteuil quatorze laissé vacant par le décès de Victor Hugo.

16 Voir à ce sujet Yann Mortelette, Histoire du Parnasse, Paris, Fayard, 2005 ; Steve Murphy, Marges du premier Verlaine, Paris, Champion, 2003, p. 85-114 ; Stratégies de Rimbaud (2004), Paris, Classiques Champion, 2009, p. 137-147 et « Versifications “parnassiennes” ( ?) », dans Romantisme, n° 140, 2008 (2), p. 67-84.

17 Tantôt « escouade » ou « bataillon » dirigé par un « chef » et pourvu d’une « discipline », tantôt « cénacle » ou « chapelle » rassemblée autour d’un « prophète » : le groupe littéraire se dote volontiers d’un sociolecte qui lui est propre, mais le lexique qu’il mobilise ou qu’on mobilise pour le dire s’indexe volontiers à une terminologie militaire ou religieuse. Il est significatif que les communautés littéraires, pour affirmer leur cohésion, se constituent en vis-à-vis d’institutions plus strictement structurées.

18 En plus des travaux de Bourdieu et Dubois, voir notamment l’article magistral de Joseph Jurt, « Les mécanismes de constitution de groupes littéraires : l’exemple du symbolisme », Neophilologus, 70, n° 1, 1986, p. 20-33 et sa contribution au présent livre.

19 Jean-Paul Sartre, Critique de la raison dialectique, T1, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des Idées », 1960, p. 429.

20 Rémy Ponton, « Programme esthétique et accumulation du capital symbolique. L’exemple du Parnasse », art. cit. Voir également Jean-Pierre Bertrand, Jacques Dubois, Pascal Durand, « Approche institutionnelle du premier surréalisme (1919-1924) », dans Pratiques, n° 38, 1983, p. 27-53 et Denis Saint-Amand, La Littérature à l’ombre. Sociologie du Zutisme, Paris, Éditions Classiques Garnier, 2013, p. 69-91.

21 Denis Saint-Amand et David Vrydaghs, « La biographie dans l’étude des groupes littéraires », COnTEXTES, n° 3, 2008, URL : http://contextes.revues.org/2302. Voir également la contribution de David Vrydaghs au présent volume.

22 Jean-Paul Sartre, Critique de la raison dialectique, T1, op. cit., p. 461.

23 Cette conformité au modèle collectif apparaît également, de façon a priori paradoxale, dans les groupes revendiquant leur anticonformisme : Albert Mérat, considéré comme trop pudibond, est mis au ban du Zutisme, qui revendiquait une désinhibition totale. (Voir Denis Saint-Amand, La Littérature à l’ombre, op. cit., p. 143-146.)

24 Gisèle Sapiro, La Guerre des écrivains (1940-1953), Paris, Fayard, 1999.

25 René Lourau, Auto-dissolution des avant-gardes, Paris, Galilée, 1980.

26 Benoît Denis et Jean-Marie Klinkenberg, La Littérature belge. Précis d’histoire sociale, Bruxelles, Labor, « Espace nord », 2005, p. 184-187.