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    Plan détaillé Texte intégral OPPOSITIONS SCOLAIRES ET OPPOSITIONS SOCIALES DU CHAMP NATIONAL AU CHAMP INTERNATIONAL POUR UNE ÉCONOMIE DES PHÉNOMÈNES DE DOMINATION INTERNATIONALE SYMBOLIQUE Notes de bas de page Auteur

    Le symbolique et le social

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    La sociologie de Bourdieu : Une théorie comme praxis et non comme logos

    Nikos Panayotopoulos

    p. 329-342

    Texte intégral OPPOSITIONS SCOLAIRES ET OPPOSITIONS SOCIALES DU CHAMP NATIONAL AU CHAMP INTERNATIONAL POUR UNE ÉCONOMIE DES PHÉNOMÈNES DE DOMINATION INTERNATIONALE SYMBOLIQUE Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1À défaut de pouvoir livrer ici une analyse systématique de la sociologie de Pierre Bourdieu, qui permettrait de démontrer sa conception de la théorie comme praxis et non comme logos, on voudrait contribuer à confirmer, en pratique, le fait que sa théorie opère comme une mise en œuvre contrôlée de principes épistémologiques de construction de l’objet, et « se nourrit de la confrontation avec des objets empiriques toujours nouveaux1 ». Afin de montrer que les concepts qui composent le noyau dur de la sociologie de Bourdieu (habitus, capital, champ, espace social, violence symbolique, etc.) sont autant de programmes générateurs de questionnements organisés du réel2 agençant la recherche, on essaiera de montrer, en acte, la contribution de ce mode de pensée à la production de nouvelles propositions en dehors du contexte empirique particulier de sa production initiale.

    2Dans cette perspective, on utilisera, sur la base d’un exemple particulier, la sociologie de Bourdieu comme un instrument de travail afin de pouvoir construire une véritable économie des phénomènes de domination internationale symbolique. Alors que les analyses de l’impérialisme culturel ont eu comme but de dépasser les discussions sur les dimensions les plus visibles de la soumission d’une « nation » à une autre — en mettant l’accent sur l’imposition culturelle et linguistique — celles-ci ont fini par faire cœxister dans ce domaine un économisme réducteur au côté d’un idéalisme. En opposition à ce « couple épistémologique », on essaiera, en s’appuyant sur une série de données et d’indices rassemblés lors de différentes recherches réalisées sur la Grèce (certaines déjà achevées, d’autres en cours), de formuler quelques propositions qui, allant au-delà d’une analyse particularisante, pourraient contribuer à la compréhension des conditions de possibilité de l’instauration d’un impérialisme culturel et des effets des mécanismes de la domination internationale symbolique. Ainsi, en parlant de nos recherches, on ne cessera de se référer à la sociologie de Bourdieu qui se trouve au centre de leur démarche et de leurs résultats.

    OPPOSITIONS SCOLAIRES ET OPPOSITIONS SOCIALES

    3Ce travail se fonde sur une vérification des thèses de la sociologie de l’éducation de Pierre Bourdieu, selon lesquelles le système scolaire présente, sous forme méconnaissable et transformée, un ensemble d’oppositions sociales, qui se traduisent sous forme de divisions et de ségrégations sociales et spatiales, renforcées symboliquement par les principes de classification qu’il impose3. On a essayé, après avoir appliqué la théorie de la violence symbolique4 à un certain nombre d’alchimies sociales opérées dans différents domaines sociaux mal étudiés dans notre champ scientifique national5, de dégager les oppositions fondamentales du système d’enseignement supérieur en Grèce.

    4Alors qu’a prévalu en Grèce une représentation comparativement plus égalitaire, peu hiérarchisée et moins sélective (sans écoles d’élites) du « caractère national » de l’enseignement supérieur, on a montré que les facultés donnent lieu en réalité à une série de divisions emboîtées.

    5La hiérarchie qui caractérise le champ des établissements d’enseignement supérieur grec se traduit par l’opposition fondamentale entre les établissements « supérieurs » et les établissements « inférieurs ». Les premiers sont dominés par la fraction de la classe dominante et les seconds par les classes moyennes et populaires. Une seconde opposition sépare les études nationales des études à l’étranger6. La structure des établissements universitaires, telle qu’on l’a étudiée dans les années 1980, est, grosso modo, comparable à celle décrite par Kant : les facultés des sciences et des lettres recrutent les étudiants avec le plus grand capital scolaire, tandis que les écoles polytechniques, les facultés de droit et de médecine recrutent des élèves d’une origine sociale plus élevée, mais dotés d’un moindre capital scolaire (sauf en médecine). Les nouvelles facultés — science économique et sciences sociales — occupent une place plutôt intermédiaire : elles recrutent plus d’étudiants issus des classes moyennes mais leur capital scolaire est plus faible que celui des étudiants de sciences et de lettres. Cette opposition cardinale, qui oppose les écoles « supérieures » aux écoles « inférieures » à l’intérieur des universités, recouvre une opposition plus fondamentale encore, celle qui s’établit entre les étudiants qui font leurs études en Grèce et ceux qui les effectuent à l’étranger, en partie ou en totalité.

    6En effet, on a montré qu’en Grèce, les formations à l’étranger font en quelque sorte office de grandes écoles. Sortes de « méta-études » se surimposant aux études nationales, elles permettent des investissements éducatifs internationaux à forte rentabilité sociale et symbolique. Les institutions étrangères apportent une préparation aux carrières les plus nobles de l’industrie, du commerce, aux postes de direction dans la fonction publique, dans l’éducation et la recherche, et facilitent les passages ultérieurs entre ces différents secteurs, alors que les établissements nationaux se limitent le plus souvent à des formations inférieures : postes d’exécution, de techniciens, de cadres moyens, d’enseignants du secondaire, ce qui rend moins aisées les reconversions ou les transitions d’un secteur à l’autre. D’une manière générale, on pourrait dire que, sans que la Grèce soit une colonie, son système scolaire n’a jamais exercé de monopole sur la formation des dirigeants : le passage par les institutions éducatives étrangères faisait et continue à faire partie des conditions même de la reproduction des classes supérieures7.

    7Ayant dégagé ces oppositions de base, on a pu ouvrir une nouvelle perspective dans le domaine aussi bien de l’histoire sociale du système éducatif grec que de la sociologie des transformations de l’espace social grec, en rapprochant l’histoire de l’éducation, de l’État et des idées, sur la base d’une histoire sociale des usages sociaux des études à l’étranger. Une telle histoire a, entre autres, pour but d’étudier les changements survenus dans le domaine des études à l’étranger : celles-ci doivent être appréhendées dans la relation entre la structure du champ scolaire national et les changements externes qui ont déterminé des transformations décisives dans le rapport des familles à l’école et, par là, des familles bourgeoises à l’école8.

    8Les formations à l’étranger et les échanges éducatifs entre pays dominants et pays dominés ont fait l’objet de nombreuses critiques, fondées sur une analyse de l’impérialisme culturel. D’une part, les « théories de la dépendance » développent des critiques à la fois contre le modèle techno-économique, qui évalue l’éducation en termes d’efficacité, et contre le modèle qui s’appuie sur la programmation du potentiel humain pour définir les besoins en matière d’échanges éducatifs ou d’aide technique. Les théories de la dépendance, sous le prisme du modèle « centre — périphérie », ont cherché à décrire les manières d’imposer des catégories de pensée et d’action économique et culturelle légitimes (du point de vue du « centre ») mais également d’analyser, à travers un économisme mécaniste, les phénomènes culturels comme autant de contributions à la reproduction croissante du capitalisme, en tant que système économique, et des relations de classe qui le régissent. Ces théories ont ainsi fini par favoriser — pendant la période de la dictature — un anti-impérialisme idéologique associé à une sorte de populisme et de nationalisme, qui permettait l’attribution de tous les maux au centre impérialiste et à ses mécanismes. D’autre part, malgré quelques très rares analyses mettant l’accent sur la nécessité d’étudier « les facteurs indigènes » pour critiquer cet aspect de « théorie en tournée », pour utiliser une expression de Edward W. Said9, les théories de la dépendance ne prennent pas assez en compte les variations importantes des « diverses formes de pénétration » en fonction de la « dynamique des élites ».

    9On se situe, le plus souvent, du côté des « centres » dominants pour saisir les conditions et les effets de leur domination culturelle, étudier leurs stratégies d’import-export symbolique et les mécanismes de reproduction de leur domination. Mais qu’en est-il des variations du rapport de domination dont le principe se situe du côté de l’espace dominé ? S’il est vrai que la circulation des idées et des hommes entre les centres culturels dominants et les espaces dominés ne fonctionnent que dans la mesure où les agents des espaces dominés y trouvent leur intérêt, il est bon de se rappeler, avec Pierre Bourdieu, que les dominés contribuent toujours à leur propre domination : c’est donc la structure de l’espace social propre au champ culturel international qu’il importe d’explorer.

    10En effet, étant donné que le passage par les établissements étrangers tend à commander de plus en plus étroitement l’accès aux postes prestigieux du champ du pouvoir, on est amené à repenser le champ universitaire grec dans une double relation, avec le champ du pouvoir international d’une part, et avec le champ universitaire international d’autre part. Les relations d’homologie structurale entre ces champs induisent des relations de dépendance causale d’une forme particulière.

    DU CHAMP NATIONAL AU CHAMP INTERNATIONAL

    11Dans cette perspective, on a étudié plus spécifiquement les études à l’étranger, et en premier lieu la distribution des choix des étudiants. Leur orientation vers tel ou tel pays, telle ou telle discipline ou spécialité dans un pays, semble étroitement liée à la distribution de la structure du capital hérité, c’est-à-dire au poids relatif du capital économique et du capital culturel dans leur patrimoine. En supposant que le champ du pouvoir international s’organise autour de l’opposition entre les pays dominants économiquement, mais dominés culturellement, et les pays dominants culturellement mais dominés économiquement, nous pouvons avancer que le choix du pays s’effectue à partir d’homologies structurales : l’homologie entre l’opposition fondamentale du champ du pouvoir international — celle qui s’établit entre les « pays intellectuels » et les « pays du pouvoir » — et l’opposition qui, dans le champ national du pouvoir, sépare le pôle intellectuel et le pôle du pouvoir économique ou politique. À cette homologie de position correspondent des homologies dans les styles de vie et les projets intellectuels, dont le principe est le poids relatif de l’économique et du culturel dans le patrimoine hérité. C’est ce rapport fondamental qui, intériorisé, se trouve converti en structure génératrice des performances pratiques comme le choix des pays, des établissements ou, dans un ordre plus général, la priorité accordée à la lecture ou aux sports, au Monde ou au Financial Times, etc.

    12En second lieu, on a également étudié les opérations pratiques de sélection objective et subjective au terme desquelles les jeunes, issus des différents secteurs du champ national du pouvoir, se tournent vers les différentes institutions étrangères, de telle manière que l’on trouve en chacune d’elles un certain nombre d’individus issus du même secteur du champ national du pouvoir. Les pays d’étude sont distribués selon deux principes indépendants de hiérarchisation : la hiérarchie sociale des pays et de leurs établissements scolaires, telle qu’on pouvait l’établir en s’appuyant sur des indices objectifs, comme la valeur accordée au titre d’ancien élève sur les différents marchés et en particulier dans les entreprises, est à peu près inverse à la hiérarchie proprement scolaire définie à partir des indices scolaires, telles que les différentes caractéristiques de l’avant-garde culturelle. Ces hiérarchies structurent un champ spécifique qu’on peut appeler champ culturel international, dans lequel les pays, avec leurs agents et leurs institutions, sont engagés dans la lutte pour le monopole de la légitimité culturelle et au sein duquel les champs nationaux se trouvent pris, avec une autonomie plus ou moins grande10.

    13Parler du champ culturel international ou du secteur du champ du pouvoir international, c’est essayer d’échapper à l’alternative des discours sur l’unification culturelle mondiale harmonieuse ou de la division conflictuelle entre pays, mais aussi au discours du sens commun sur les différentes « sensibilités des pays ». À travers l’analyse de la structure des chances différentielles de profit qui sont objectivement offertes aux investissements par le marché culturel international, on a pu mettre au jour le système des préférences (ou des intérêts) et des propensions à investir dans cet instrument de reproduction qu’est le marché culturel international. C’est seulement ainsi que l’on peut saisir les différentes transformations de l’usage de cet instrument de reproduction, en échappant aux approches anhistoriques : on se donne à chaque fois la possibilité de mettre en relation l’état du patrimoine des agents, considéré dans son volume et sa structure, l’état de cet instrument de reproduction et son poids relatif dans le système national des instruments de reproduction, et donc, les transformations du système des stratégies de reproduction11.

    14Ainsi, on a pu montrer, comme l’a fait Bourdieu dans un autre contexte, que l’action structurante qui s’exerce sur les étudiants des établissements étrangers, notamment à travers la structure du rapport entre la valeur scolaire et la valeur économique ou symbolique du titre décerné par leur école, tend à redoubler et à renforcer (au moins chez ceux d’entre eux qui ont suivi la trajectoire modale) les dispositions qu’ils doivent au principe structurant de leur expérience originaire du monde (c’est-à-dire la structure du rapport qui s’établit entre l’économique et le culturel dans le capital détenu par la famille) et qui contribuent sans doute grandement à les orienter vers les points de l’espace scolaire (international) où ils se trouvent situés12.

    15De façon générale, l’attraction pour les institutions des pays étrangers, plus ou moins proches du pôle intellectuel ou du pôle économique, s’exerce d’autant plus puissamment que l’on se rapproche davantage de l’un ou de l’autre pôle du pouvoir national. Si les étudiants se distribuent dans les pays et les établissements scolaires selon leurs sensibilités différentielles aux pouvoirs temporels et aux prestiges intellectuels, il n’en reste pas moins que leur choix ne peut se porter que sur des institutions très différentes, en fonction des moments historiques et des transformations du champ culturel et du champ du pouvoir international. Ces processus multiples ne peuvent être ressaisis que par l’histoire structurale de la relation entre les deux champs appréhendés en tant que tels. Étant donné que le choix d’un pays présuppose des catégories de perception et d’appréciation acquises à travers l’expérience d’un champ national, il faut étudier parallèlement l’histoire des institutions pédagogiques nationales, le champ national de production culturelle et l’évolution de leurs relations avec le champ du pouvoir national et international.

    16On a pu aussi, de cette manière, construire une étude comparative entre le système d’éducation grec et les autres systèmes, grâce à l’exemple de l’internationalisation des systèmes éducatifs. Si, par exemple, c’est par le recours à une statistique des études à l’étranger dans les divers groupes sociaux que l’on veut apercevoir l’existence de mécanismes assurant l’égalisation des chances « devant les profits que crée le processus de l’internationalisation de l’enseignement » dans un État, quels que soient tant son principe de structuration que sa place dans le système international du pouvoir, ce serait commettre un paralogisme que de mesurer les degrés respectifs d’internationalisation du système éducatif d’un pays dominé et d’un pays dominant, culturellement et économiquement, dans l’espace international du pouvoir, à l’inégalité des chances de participation qu’elles permettent. Les inégalités devant l’international, le prestige et le pouvoir qui en découlent, n’ont ni la même portée ni les mêmes fonctions dans les différents types de pays. Le problème de l’internationalisation des systèmes éducatifs doit se rapporter à des principes multiples de variabilité qui ne sauraient être traités in abstracto. Les traits des systèmes éducatifs qui se prêtent le mieux à la comparaison quantitative et les propositions générales qui en découlent n’ont de réalité qu’à condition d’être assortis de corrections et de réinterprétations les resituant dans leur contexte. En effet, il n’est pas suffisant de faire le procès de l’abstraction technocratique ou culturaliste en leur forme systématique pour être quitte avec les illusions théoriques sur lesquelles elles reposent. La simple lecture de données empruntées à des situations nationales différentes risque toujours de réveiller le schème évolutionniste ou de retrouver les illusions de l’incomparabilité comme catégorie implicite de la compréhension13. Or, si dans les « petits » pays de l’Europe, on observe que les exigences internationales semblent correspondre aux définitions nationales de l’excellence sociale, comme c’est le cas en Grèce, il n’en va pas de même pour les grands pays, où les filières nationales restent les meilleurs moyens d’accéder aux positions dominantes de leur espace dominant. Ainsi, il faut tenir compte de la capacité des États et des structures nationales à produire leur propre définition de l’excellence sociale, capacité qui dépend en partie de la puissance économique et politique du pays. C’est par rapport à des enjeux nationaux, c’est-à-dire à un éventail de choix possibles définis au sein des structures nationales, que l’on peut comprendre la signification des investissements ou des désinvestissements internationaux. Ainsi, à partir de la confrontation des systèmes éducatifs, on peut analyser les processus éducatifs et culturels internationaux. Pour approfondir l’analyse des déterminations nationales, il faudrait étudier la place des ressources internationales dans chacune des traditions et des structures nationales, les rapports de force entre les groupes sociaux qui promeuvent et qui contestent les valeurs internationales, et enfin les différentes définitions nationales de l’international qui résultent de ces processus. Seule une approche comparative méthodique et la confrontation de recherches faites chacune sur une base nationale peut ainsi permettre une approche « internationale » des processus éducatifs internationaux.

    17Par ailleurs, on a pu montrer que la hiérarchie interne au milieu universitaire qui oppose les établissements « supérieurs » aux établissements « inférieurs » d’une part — les premiers dominés par la fraction de la classe dominante et les seconds dominés par les classes moyennes et populaires — et, d’autre part, celle qui sépare les études nationales et les études à l’étranger, trouvent également leur principe dans l’opposition parmi les universitaires, c’est-à-dire entre ceux qui ont fait des études nationales et ceux qui ont fait des études à l’étranger et cela selon les mêmes principes. En effet, on a établi qu’il existe une correspondance assez étonnante entre la hiérarchie des institutions qui structure le champ des établissements d’enseignement supérieur et la hiérarchie des enseignants qui composent ces institutions et que le poids de la variable « formation à l’étranger » varie en fonction des hiérarchies observées. On a donc encore une fois des hiérarchies scolaires qui recouvrent des hiérarchies sociales cachées14.

    18Mais on ne pourrait se convaincre de ces homologies structurales et saisir la spécificité que représente la formation à l’étranger si l’on n’examinait pas le système universitaire grec du point de vue de l’homologie entre le champ des institutions de l’enseignement supérieur et le champ du pouvoir. Ainsi, enfin, on a pu constater effectivement une tendance vers une homologie entre ces deux champs15.

    19En résumant, on pourrait dire que le principal effet du champ des institutions de l’enseignement supérieur et du sous-champ des institutions à l’étranger trouve son principe dans une double homologie structurale : entre l’opposition fondamentale du champ des établissements d’enseignement supérieur, celle qui sépare les établissements nationaux et les établissements étrangers et institue une frontière sociale entre les grands « cadres » et les petits cadres d’une part ; l’opposition fondamentale du champ des institutions à l’étranger, celle qui s’établit entre les écoles « intellectuelles » des pays « intellectuels » et les écoles du pouvoir, « des pays du pouvoir » d’autre part ; et enfin l’opposition qui, dans le champ du pouvoir national, sépare le pôle intellectuel ou artistique et le pôle du pouvoir, économique ou politique.

    POUR UNE ÉCONOMIE DES PHÉNOMÈNES DE DOMINATION INTERNATIONALE SYMBOLIQUE

    20Pour rendre compte des régularités observées dans le champ universitaire grec du fait de la position non assurée du système scolaire national parmi les instances de reproduction des classes dominantes, il convenait d’expliquer les homologies entre deux espaces sociaux, celui du champ du pouvoir national et celui du champ du pouvoir international, à travers le champ culturel international qui reproduit, dans la logique proprement culturelle, la structure du pouvoir auquel il introduit. On est ainsi conduit à élaborer un modèle permettant de décrire des mécanismes de domination symbolique, paradoxalement comme historiques et transhistoriques, et de comprendre les phénomènes culturels tels qu’ils se présentent dans les espaces dominés des pays dits « périphériques ».

    21L’opposition entre la « modernisation » et la « tradition » qui divise, depuis la constitution de l’État grec — et les « pays périphériques » plus généralement — et se reproduit continuellement dans les différents champs qui composent le champ du pouvoir grec, n’est que l’effet des différents modes de reproduction des groupes qui constituent ces différents champs d’un champ du pouvoir dominé dans le champ du pouvoir international. Pour saisir les variations et les invariants de cette opposition, il faut dégager les invariants et les transformations du rapport des différentes fractions des classes dominantes à la « culture internationale ». Pour mieux comprendre certains des traits fondamentaux de cette opposition, on doit revenir sur le caractère ancien de cette culture et rechercher, plus précisément, dans les différentes circonstances sociohistoriques et dans l’organisation des rapports sociaux entre groupes antagonistes, à quel degré la dimension internationale entre dans la définition des classes dominantes. Pour approfondir l’analyse des déterminations nationales de cette opposition, sans cesse renouvelée sous plusieurs formes, il faut étudier la place des ressources internationales dans chacune des traditions et des structures sociales qui promeuvent et qui contestent les valeurs internationales, et, enfin, les différentes définitions nationales de l’international qui résultent de ces processus.

    22L’analyse de ces différents modes de reproduction des classes dominantes peut se caractériser, en grande partie, par les différentes utilisations nationales de l’international — dont les études à l’étranger ne peuvent être qu’une voie d’étude privilégiée. Elle pourrait nous permettre de rendre compte, dans le temps et dans la forme, de la genèse de l’opposition et des différentes formes qui la reproduisent dans les différents champs spécifiques, comme les oppositions : international — national, avenir — passé, ouverture — fermeture, modernisme — archaïsme, flexibilité — rigidité, tolérance — égoïsme, paix — guerre, mimésis — populisme, etc., ou dans l’espace social global, comme l’opposition Est — Ouest. En fait, on doit placer les champs nationaux dans le champ du pouvoir et le champ culturel international qui médiatisent les enjeux politiques, culturels, idéologiques nationaux. Ainsi, l’homologie entre les oppositions du champ du pouvoir et du champ culturel international, et les oppositions qui s’observent dans les différents champs nationaux (dans le champ du pouvoir, dans le champ économique, universitaire ou de la production culturelle) est au principe de tout un ensemble d’effets que l’on s’interdit de comprendre lorsque, attentifs aux seules propriétés de condition, on ignore les propriétés des positions qui adviennent aux populations et à leurs caractéristiques du fait de leur insertion dans cet espace international de relations.

    23Sans avoir ici l’espace pour développer plus en détail ce modèle, on se limitera à relever que ces propositions trouvent déjà le terrain de leur application spécifique. Par exemple, dans le domaine de la critique littéraire, Pascale Casanova, s’inspirant, elle aussi, de la théorie des champs de Pierre Bourdieu, a proposé une étude de la genèse et de la structure de l’espace littéraire international qui donne aussi bien les fondements d’une véritable histoire littéraire que les principes d’une nouvelle méthode d’interprétation des textes littéraires16. Transposant l’analyse menée par Pierre Bourdieu de la genèse et de la structure du champ littéraire, de la structure du champ du pouvoir, et celle de la domination symbolique au niveau des nations, elle a décrit les lois régissant les rapports entre les nations et les effets de domination en matière de culture. Et, par là, opérant une double historicisation, elle a permis la genèse d’une nouvelle méthode d’analyse de la production littéraire : chaque producteur littéraire est défini d’abord par son origine nationale (et linguistique) et par la position de cette nationalité dans la structure hiérarchique de l’univers littéraire mondial et deuxièmement par sa position dans l’espace national. On a essayé, pour notre part, de faire apparaître, à travers une recherche sur le champ sociologique grec, ayant pour but de montrer la faible autonomie actuelle du champ sociologique en Grèce, aussi bien le fait que les intérêts liés à la lutte pour la reconnaissance scientifique dans l’espace national ont pu porter certains sociologues à se faire complices des stratégies d’universalisation que certaines nations emploient pour justifier leur domination symbolique légitime, que les mécanismes de diffusion dans notre univers scientifique de différents couples d’oppositions fictifs (entre le micro et le macro, entre les méthodes qualitatives et les méthodes quantitatives, entre la vision subjectiviste et la vision objectiviste, etc.).

    24Plus généralement, à la lumière de ces constructions, on peut contribuer, effectivement, à l’analyse scientifique du phénomène général du champ mondial en voie de constitution dans les différents domaines de la pratique17 (champ scolaire, juridique, économique, etc.) au sein duquel les champs nationaux se trouvent pris, avec une autonomie relative plus ou moins grande18. On peut, aussi, comprendre comment, finalement, les luttes internationales pour la domination en matière culturelle et pour l’importation du principe de domination dominant « trouvent les plus sûrs fondements dans les luttes au sein de chaque champ national, luttes à l’intérieur desquelles la définition nationale (dominante) et la définition étrangère sont elles-mêmes mises en jeu, en tant qu’armes ou en tant qu’enjeux19 ».

    25À la lumière de ces propositions et de ces premiers résultats, on a essayé de rendre compte d’un certain nombre de facteurs qui conditionnent, en grande partie, les transformations et les recompositions récentes du système politico étatique grec dans le sens qu’impose l’agenda économique néo-libéral20. Ainsi, on a constaté ces dernières années une tendance qui devient de plus en plus forte, celle des liens étroits entre les agents politiques et les formations à l’étranger aux pays anglo-saxons, et le secteur privé, tendance qui va de pair avec une autre, celle de la position de plus en plus dominante des agents qui doivent leur position à un capital économique, notamment pour les nouvelles générations, par rapport à ceux qui doivent leur position à l’ancienneté de leur intégration au parti. Si l’on observe les cadres gouvernementaux, les sommités des partis, les conseillers politiques à des positions institutionnalisées, les sommités des entreprises et des organismes du secteur public et des banques majeures d’État, ainsi que les sommités des délégations grecques aux organismes internationaux divers (OCDE, FMI, ONU, OTAN, CE), il semble en effet que par leur trajectoire scolaire, professionnelle et géographique, les cadres politiques des principaux partis (de gauche et de droite également), et surtout celui qui occupe les positions dominantes dans les secteurs de la main droite de l’État, représentent un noyau de plus en plus fort pour lequel le monde nord-américain est le premier espace de référence. Ce nouveau noyau a modifié les équilibres internes au champ du pouvoir et a déréglé les carrières au sein du champ politique au profit des « technocrates » et des « eurocrates ». Ces caractéristiques sont plus fortes quand on se réfère aux hauts fonctionnaires qui investissent dans des instances internationales et sont ceux qui, de retour sur le marché national, conquièrent rapidement des positions dominantes, contribuant, par là, à une transformation/recomposition de l’administration étatique et appliquant une politique d’inspiration néo-libérale justifiée par les « contraintes internationales ».

    26En examinant par ailleurs l’évolution du champ économique, on a constaté que si, immédiatement après la guerre, une formation universitaire avait encore un poids restreint pour l’accession aux positions dominantes de ce secteur, aujourd’hui la situation semble s’être sensiblement modifiée : la possession d’un diplôme universitaire en sciences économiques, en gestion des entreprises ou encore des écoles polytechniques, en partie ou en totalité formés à l’étranger, aux États-Unis et au Royaume-Uni en principe, constitue une condition nécessaire d’accès aux postes de direction, aussi bien dans le secteur industriel que dans le secteur bancaire21. Originaires du pôle du pouvoir économique et politique du champ du pouvoir national, ces agents s’orientent vers « les écoles de pouvoir des pays de pouvoir », attestant par là que l’attraction pour les institutions des pays étrangers, qu’ils soient du pôle intellectuel ou du pôle économique, s’exerce d’autant plus puissamment que l’on se rapproche davantage de l’un ou de l’autre pôle du champ national du pouvoir. Originaires d’un pays dominé économiquement et culturellement, à cause du « faible degré de liberté à l’égard de la nécessité et des urgences immédiates qui s’y trouve assuré par l’état de techniques et des ressources économiques et culturelles disponibles22 », où l’élite se définit par sa connaissance des cultures étrangères et par son acculturation aux normes occidentales, la référence au modèle américain devient pour les agents du champ politique et économique, dans une période de processus d’internationalisation et de transnationalisation, signe de distinction et de consécration des projets des élites modernisatrices.

    27L’anglais étant devenu la condition sine qua non de l’appartenance à l’élite économique et politique de la Grèce, les universités américaines renommées étant investies d’un véritable charisme institutionnel, les membres des élites anciennes et des élites nouvelles en ascension peuvent tirer bénéfice de leur passage dans une « grande » université anglo-saxonne sous la forme d’un « surcroît de légitimité sociale » dans une phase de développement où plusieurs ressources de légitimité sont en voie de dévalorisation. Les diverses prestations qui accompagnent la vie universitaire dans les métropoles des pays anglo-saxons peuvent jouer le même rôle. À travers la sociabilité qui se crée entre les élites internationalement dominantes se créent des bases « d’échanges, d’alliances ou de solidarité intellectuelles, politiques ou professionnelles » pour les membres des élites grecques23. Dans ce processus, soumis à une forme spécifique de « diplomatie de l’esprit », la référence au néo-libéralisme et au monétarisme s’impose plus facilement dans le discours et la pratique des agents politiques et économiques nationaux, contribuant à former les goûts et plus largement le mode de vie qui précédent leurs décisions.

    28Sur la foi de ces éléments, nous pouvons avancer que les homologies que nous avons établies et qu’on a décrites ci-dessus sont en partie au principe des conditions de la contribution de l’État grec dans la formation de la nouvelle internationale des dirigeants nationaux et de sa légitimité24. Et dans cette perspective on peut saisir les conditions sociales qui portent les agents de l’espace dominé à se faire complice des stratégies d’universalisation que certaines nations emploient pour justifier leur domination symbolique légitime : l’exemple de la Grèce fait apparaître que, finalement, les luttes internationales pour la domination symbolique et pour l’importation du principe de domination dominant « trouvent les fondements les plus sûrs dans les luttes au sein de chaque champ national ».

    29Parler du champ culturel et du pouvoir international, au sein desquels les champs nationaux se trouvent pris, mais avec une autonomie relative plus ou moins grande, donne peut-être les moyens de comprendre mieux, entre autres, les phénomènes d’impérialisme culturel et de rendre mieux compte des effets des multinationales de la production symbolique, échappant aussi bien aux prises de positions réactionnelles des partisans d’une critique de la globalisation dans le sens du complot qu’aux représentations naïvement œcuméniques véhiculées par les discours d’« international mind », d’« universal set values » et de « the world of learning is one ». On a pu mieux comprendre, par exemple, pourquoi les cosmopolites grecs de la bourgeoisie nationale menacés sur le marché national par les effets de généralisation du mode de reproduction à composante scolaire sont les premiers à trouver des voies de reconversion dans les carrières que leur ouvre le nouvel espace international des dirigeants ; comment aussi, par exemple, certaines fractions en déclin des classes dominantes deviennent porteuses d’idéologies régressives qui, sous prétexte de se libérer de l’impérialisme, régressent vers des nationalismes.

    30Le dessein de cette intervention était de donner une idée des effets que peut produire l’entreprise scientifique de Bourdieu si on la conçoit comme lui-même le propose, à savoir comme un modus operandi et pas comme un opus operatum. Ce changement de perspective du travail scientifique que propose l’œuvre de Pierre Bourdieu lui permet de fonctionner comme une formidable « machine à accélérer le temps », pour utiliser une expression de Pascale Casanova. En effet, par le renversement des hiérarchies scientifiques imposées qu’elle permet, l’ouvre de Bourdieu offre, surtout aux scientifiques issus des pays dominés dans l’espace culturel et du pouvoir international, la possibilité de rompre avec les routines de l’establishment académique national et, par là, d’essayer de combler le retard accumulé des domaines scientifiques jusque-là exclus du présent scientifique. Réunissant des propriétés inconciliables dans toute l’histoire de la sociologie, dérangeant profondément les cerveaux comme toute révolution symbolique25, l’œuvre de Bourdieu, tout en étant l’une des plus reconnues dans les sphères les plus hautes de l’univers scientifique, n’est pas seulement au principe de la création d’une nouvelle position au sein de l’espace scientifique, français et international, mais, aussi, au principe de l’invention de nouvelles solutions scientifiques (et, par là, politiques) à la dépendance scientifique des « petits pays ».

    31Les recherches en acte qui ont été présentées ici n’auraient pu être réalisées si elles ne s’inscrivaient dans une manière de penser qui refuse toute normalisation de la réflexion et qui donne le moyen « de se penser soi-même, voire de se dépasser en pensée » — celle de Pierre Bourdieu.

    Notes de bas de page

    1 Pierre Bourdieu, Les Règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Seuil, 1992, p. 251.

    2 P. Bourdieu (avec Loïc Wacquant), Réponses. Pour une anthropologie réflexive, Paris, Seuil, 1992, p. 27.

    3 P. Bourdieu (avec Jean-Claude Passeron), La Reproduction. Éléments pour une théorie du système d’enseignement, Paris, Minuit, 1970 ; P. Bourdieu, Homo Academicus, Paris, Minuit, 1984.

    4 P. Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, Paris, Seuil, 2001.

    5 Nikos Panayotopoulos, « Les “Frontistiria”. Espace scolaire et magie sociale », dans Regards sociologiques, nº 19, 2000, p. 9-27 (avec la collaboration d’Antonia Cappella) et Épreuve pénale et consécration sociale négative : les établissements d’éducation surveillée en Grèce, Presses Universitaires de Strasbourg, 1997.

    6 N. Panayotopoulos, « Oppositions scolaires et oppositions sociales », dans Regards sociologiques nº 19, 2000, p. 57-74.

    7 N. Panayotopoulos, « Notes préliminaires sur l’espace de formation des cadres en Grèce », dans Donald Broady, Monique de Saint Martin, Mikael Palme (dir.), Les Élites : formation, reconversion, internationalisation. Colloque de Stockholm, 24-26 septembre 1993, Paris, CSEC, École des Hautes Études en Sciences Sociales/Stockholm, FUKS, Lärarhögskolan, 1995, p. 76-85.

    8 Cet axe de recherche s’inscrit dans des recherches qui ont pour objet les dernières transformations de l’espace social grec ainsi que la genèse et la structure de l’État grec. En mettant en pratique la théorie de Pierre Bourdieu sur l’espace social et la genèse de l’État moderne (P. Bourdieu, « De la maison du roi à la raison d’État », dans Actes de la Recherches en Sciences Sociales, nº 118, juin, p. 55-68), on cherche à montrer que la première période de constitution de l’État grec s’est transformée en mode de reproduction bureaucratique à composante scolaire, qui s’est imposée au fur et à mesure que le champ du pouvoir s’est différencié. Mais ce passage s’est opéré sous la forme spécifique d’un mode de reproduction bureaucratique de type « familialiste », ayant comme effet de maintenir l’État grec dans un régime à la fois « public » et « privé », sans permettre, pour le dire sténographiquement, « la dissociation complète du fonctionnaire et de sa fonction ». De plus, les différentes luttes actuelles, à l’intérieur des champs qui constituent le champ du pouvoir et à l’intérieur du champ du pouvoir lui-même, présentes sous la forme de « crises », pourraient se décrire comme des luttes entre deux modes de reproduction pour la définition du mode de reproduction légitime : d’un mode de reproduction bureaucratique à composante scolaire fondé sur la « compétence » et un autre, lui aussi bureaucratique à composante scolaire, mais fondé sur la « propriété de l’État ». Les premiers résultats de ces recherches sont livrés dans N. Panayotopoulos, L’État de « projets ». La transformation de l’État social en Grèce, Athènes, Patakis, 2004.

    9 Edward W. Said, The World, the Text and the Critic, Cambridge Mass, Harvard University Press, 1983, p. 226-247 et Imperial Culture and Imperialism, trad. V. Lappa, Athènes, Nepheli, 1996.

    10 N. Panayotopoulos, « Les “grandes écoles” d’un petit pays. Les études à l’étranger : le cas de la Grèce », dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales, nº 121-122, mars 1998, p. 77-91.

    11 P. Bourdieu, « Stratégies de reproduction et modes de domination », dans Actes de la Recherches en Sciences Sociales, nº 105, décembre 1994, p. 3-12 et P. Bourdieu, La Distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Minuit, 1979, p. 109-185.

    12 P. Bourdieu et Monique de Saint Martin, « Agrégation et ségrégation. Le champ des grandes écoles et le champ du pouvoir », dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales, nº 69, septembre 1987, p. 2-50.

    13 P. Bourdieu et Jean-Claude Passeron « La comparabilité des systèmes d’enseignement », dans Éducation, Développement et Démocratie, études présentées par Robert Castel, Jean-Claude Passeron, Paris, La Haye, Mouton, 1967, p. 21-48.

    14 P. Bourdieu, « Contre les divisions scolastiques », dans L’Université au défi de la culture, Toulouse, ADDOCC Midi-Pyrénées, avril 1991, p. 31-57.

    15 P. Bourdieu, La Noblesse d’État. Grandes Écoles et esprit de corps, Paris, Minuit, 1989.

    16 Pascale Casanova, La République mondiale des lettres. Histoire structurale des révoltes et des révolutions littéraires, Paris, Seuil, 1999.

    17 Voir toute une série d’études dans cette perspective : Boubacar Niane, « Des énarques aux managers. Notes sur les mécanismes de promotion au Sénégal », dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales, nº 86/87, mars 1991, p. 44-57 ; Anne-Catherine Wagner, « Point de vue local, point de vue international une enquête auprès de la bourgeoisie d’affaires étrangère en France », dans Journal des anthropologues, nº 53-54-55, printemps 1994 ; Anne-Catherine Wagner, « La formation des cadres internationaux », dans M. de Saint Martin, Mihai D. Gheorghiu (dir.), Les Institutions de formation de cadres dirigeants, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, Centre de Sociologie Européenne, 1992, p. 263-280 ; Yves Dezalay, Bryant G. Garth, Dealing in Virtue : International Commercial Arbitration and the Construction of a Transnational Légal Order, Chicago, London, University of Chicago Press, 1996.

    18 P. Bourdieu, « Foreword », dans Yves Dezalay, Bryant G. Garth, éd. citée, p. VII-VIII.

    19 P. Bourdieu, « Les conditions sociales de la circulation internationale des idées », dans Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte/Cahiers d’Histoire des Littératures Romanes, 14, nº 1-2, 1990, p. 8.

    20 N. Panayotopoulos, « La conversion de l’État grec à l’économisme dominant », dans Regards Sociologiques, nº 21, 2001, p. 41-49.

    21 N. Panayotopoulos, « Les “grandes écoles” d’un petit pays », art. cité.

    22 P. Bourdieu, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 1997, p. 28.

    23 N. Panayotopoulos (avec la collaboration de Panos Georgiou), « Une école pour les “citoyens grecs du monde” : les enjeux nationaux de l’international », dans Regards sociologiques, nº 19, 2000, p. 29-55.

    24 P. Bourdieu, « Deux impérialismes de l’universel », dans Christine Faure et Tom Bishop (dir.), L’Amérique des Français, Paris, François Bourin, 1992, p. 149-156 et « Du champ national au champ international », dans Les Structures sociales de l’eìconomie, Paris, Seuil, 2000, p. 271-280.

    25 N. Panayotopoulos et P. Bourdieu, « The Thinker of the “primitive thought” of the thinkers of the “primitive thought” », dans European Journal of Social Theory, nº 2, 1999, p. 327-333.

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    1 Pierre Bourdieu, Les Règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Seuil, 1992, p. 251.

    2 P. Bourdieu (avec Loïc Wacquant), Réponses. Pour une anthropologie réflexive, Paris, Seuil, 1992, p. 27.

    3 P. Bourdieu (avec Jean-Claude Passeron), La Reproduction. Éléments pour une théorie du système d’enseignement, Paris, Minuit, 1970 ; P. Bourdieu, Homo Academicus, Paris, Minuit, 1984.

    4 P. Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, Paris, Seuil, 2001.

    5 Nikos Panayotopoulos, « Les “Frontistiria”. Espace scolaire et magie sociale », dans Regards sociologiques, nº 19, 2000, p. 9-27 (avec la collaboration d’Antonia Cappella) et Épreuve pénale et consécration sociale négative : les établissements d’éducation surveillée en Grèce, Presses Universitaires de Strasbourg, 1997.

    6 N. Panayotopoulos, « Oppositions scolaires et oppositions sociales », dans Regards sociologiques nº 19, 2000, p. 57-74.

    7 N. Panayotopoulos, « Notes préliminaires sur l’espace de formation des cadres en Grèce », dans Donald Broady, Monique de Saint Martin, Mikael Palme (dir.), Les Élites : formation, reconversion, internationalisation. Colloque de Stockholm, 24-26 septembre 1993, Paris, CSEC, École des Hautes Études en Sciences Sociales/Stockholm, FUKS, Lärarhögskolan, 1995, p. 76-85.

    8 Cet axe de recherche s’inscrit dans des recherches qui ont pour objet les dernières transformations de l’espace social grec ainsi que la genèse et la structure de l’État grec. En mettant en pratique la théorie de Pierre Bourdieu sur l’espace social et la genèse de l’État moderne (P. Bourdieu, « De la maison du roi à la raison d’État », dans Actes de la Recherches en Sciences Sociales, nº 118, juin, p. 55-68), on cherche à montrer que la première période de constitution de l’État grec s’est transformée en mode de reproduction bureaucratique à composante scolaire, qui s’est imposée au fur et à mesure que le champ du pouvoir s’est différencié. Mais ce passage s’est opéré sous la forme spécifique d’un mode de reproduction bureaucratique de type « familialiste », ayant comme effet de maintenir l’État grec dans un régime à la fois « public » et « privé », sans permettre, pour le dire sténographiquement, « la dissociation complète du fonctionnaire et de sa fonction ». De plus, les différentes luttes actuelles, à l’intérieur des champs qui constituent le champ du pouvoir et à l’intérieur du champ du pouvoir lui-même, présentes sous la forme de « crises », pourraient se décrire comme des luttes entre deux modes de reproduction pour la définition du mode de reproduction légitime : d’un mode de reproduction bureaucratique à composante scolaire fondé sur la « compétence » et un autre, lui aussi bureaucratique à composante scolaire, mais fondé sur la « propriété de l’État ». Les premiers résultats de ces recherches sont livrés dans N. Panayotopoulos, L’État de « projets ». La transformation de l’État social en Grèce, Athènes, Patakis, 2004.

    9 Edward W. Said, The World, the Text and the Critic, Cambridge Mass, Harvard University Press, 1983, p. 226-247 et Imperial Culture and Imperialism, trad. V. Lappa, Athènes, Nepheli, 1996.

    10 N. Panayotopoulos, « Les “grandes écoles” d’un petit pays. Les études à l’étranger : le cas de la Grèce », dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales, nº 121-122, mars 1998, p. 77-91.

    11 P. Bourdieu, « Stratégies de reproduction et modes de domination », dans Actes de la Recherches en Sciences Sociales, nº 105, décembre 1994, p. 3-12 et P. Bourdieu, La Distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Minuit, 1979, p. 109-185.

    12 P. Bourdieu et Monique de Saint Martin, « Agrégation et ségrégation. Le champ des grandes écoles et le champ du pouvoir », dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales, nº 69, septembre 1987, p. 2-50.

    13 P. Bourdieu et Jean-Claude Passeron « La comparabilité des systèmes d’enseignement », dans Éducation, Développement et Démocratie, études présentées par Robert Castel, Jean-Claude Passeron, Paris, La Haye, Mouton, 1967, p. 21-48.

    14 P. Bourdieu, « Contre les divisions scolastiques », dans L’Université au défi de la culture, Toulouse, ADDOCC Midi-Pyrénées, avril 1991, p. 31-57.

    15 P. Bourdieu, La Noblesse d’État. Grandes Écoles et esprit de corps, Paris, Minuit, 1989.

    16 Pascale Casanova, La République mondiale des lettres. Histoire structurale des révoltes et des révolutions littéraires, Paris, Seuil, 1999.

    17 Voir toute une série d’études dans cette perspective : Boubacar Niane, « Des énarques aux managers. Notes sur les mécanismes de promotion au Sénégal », dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales, nº 86/87, mars 1991, p. 44-57 ; Anne-Catherine Wagner, « Point de vue local, point de vue international une enquête auprès de la bourgeoisie d’affaires étrangère en France », dans Journal des anthropologues, nº 53-54-55, printemps 1994 ; Anne-Catherine Wagner, « La formation des cadres internationaux », dans M. de Saint Martin, Mihai D. Gheorghiu (dir.), Les Institutions de formation de cadres dirigeants, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, Centre de Sociologie Européenne, 1992, p. 263-280 ; Yves Dezalay, Bryant G. Garth, Dealing in Virtue : International Commercial Arbitration and the Construction of a Transnational Légal Order, Chicago, London, University of Chicago Press, 1996.

    18 P. Bourdieu, « Foreword », dans Yves Dezalay, Bryant G. Garth, éd. citée, p. VII-VIII.

    19 P. Bourdieu, « Les conditions sociales de la circulation internationale des idées », dans Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte/Cahiers d’Histoire des Littératures Romanes, 14, nº 1-2, 1990, p. 8.

    20 N. Panayotopoulos, « La conversion de l’État grec à l’économisme dominant », dans Regards Sociologiques, nº 21, 2001, p. 41-49.

    21 N. Panayotopoulos, « Les “grandes écoles” d’un petit pays », art. cité.

    22 P. Bourdieu, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 1997, p. 28.

    23 N. Panayotopoulos (avec la collaboration de Panos Georgiou), « Une école pour les “citoyens grecs du monde” : les enjeux nationaux de l’international », dans Regards sociologiques, nº 19, 2000, p. 29-55.

    24 P. Bourdieu, « Deux impérialismes de l’universel », dans Christine Faure et Tom Bishop (dir.), L’Amérique des Français, Paris, François Bourin, 1992, p. 149-156 et « Du champ national au champ international », dans Les Structures sociales de l’eìconomie, Paris, Seuil, 2000, p. 271-280.

    25 N. Panayotopoulos et P. Bourdieu, « The Thinker of the “primitive thought” of the thinkers of the “primitive thought” », dans European Journal of Social Theory, nº 2, 1999, p. 327-333.

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    Panayotopoulos, N. (2015). La sociologie de Bourdieu : Une théorie comme praxis et non comme logos. In J. Dubois, P. Durand, & Y. Winkin (éds.), Le symbolique et le social. Liège: Presses universitaires de Liège. https://doi.org/10.4000/books.pulg.2501
    Panayotopoulos, Nikos. « La sociologie de Bourdieu : Une théorie comme praxis et non comme logos ». In Le symbolique et le social, édité par Jacques Dubois, Pascal Durand, et Yves Winkin. Liège: Presses universitaires de Liège, 2015. doi:10.4000/books.pulg.2501.
    Panayotopoulos, Nikos. « La sociologie de Bourdieu : Une théorie comme praxis et non comme logos ». Le symbolique et le social, édité par Jacques Dubois et al., Presses universitaires de Liège, 2015, https://doi.org/10.4000/books.pulg.2501.

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    Dubois, J., Durand, P., & Winkin, Y. (éds.). (2015). Le symbolique et le social. Liège: Presses universitaires de Liège. https://doi.org/10.4000/books.pulg.2445
    Dubois, Jacques, Pascal Durand, et Yves Winkin, éd. Le symbolique et le social. Liège: Presses universitaires de Liège, 2015. doi:10.4000/books.pulg.2445.
    Dubois, Jacques, et al., éditeurs. Le symbolique et le social. Presses universitaires de Liège, 2015, https://doi.org/10.4000/books.pulg.2445.
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