Chapitre IV. Vouloir tout, tout de suite, puis l’impuissance

1 Édition de référence : Louis Aragon, Les Cloches de Bâle (Denoël, 1934, Gallimard, 1972 pour la préface), Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2010.

2 Eric J. Hobsbawm, L’Âge des extrêmes. Histoire du court XX^e siècle (1994), Paris, Complexe / Le Monde Diplomatique, 1999, rééd. 2003, p. 435.

3 Voir Corinne Grenouillet, « Catherine ou le féminisme, roman. La représentation de la question féminine dans Les Cloches de Bâle d’Aragon », Recherches Croisées Aragon/Elsa Triolet, n° 8, 2002, p. 117-137.

4 Voir Stendhal, Armance ou quelques scènes d’un salon de Paris en 1827, Paris, Pocket, 1999, p. 52 pour son portrait.

5 Voir Susan Suleiman, Le Roman à thèse ou l’autorité fictive, Paris, PUF, coll. « Écriture », 1983, p. 248-251.

6 Voir August Bebel, La Femme et le Socialisme, Gand, Volksdrukkerij, 1911, p. 351.

7 Voir L. Aragon, Les Beaux Quartiers (1936), Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2007, p. 624.

8 Paul Lafargue, Le Droit à la paresse (1881), Paris, Allia, 2012, p. 45.

9 Voir Patrick Pécherot, L’Homme à la carabine, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2011. Dans ce livre, mi-journal fictif, mi-reconstitution documentaire sous forme scénaristique, le romancier qui estime que Soudy dans Les Cloches de Bâle est comme un « chardon séché entre les pages d’un roman un peu démodé » (p. 215) s’attache à lui rendre un destin plus glorieux. La sévérité de l’auteur tient à ce qu’il voit comme une trahison l’usage que fait Aragon de la figure de Soudy. Ce dernier ayant renié les anarchistes en se ralliant au communisme, il aurait sacrifié le bandit tragique sur l’autel de sa conversion politique. Il nous semble au contraire que ce personnage est particulièrement mis en vedette par Aragon. Sur la bande à Bonnot dans l’œuvre d’Aragon, voir « Lorsque tout est fini », Le Libertinage (1924), Paris, Gallimard, coll. « L’imaginaire », 2006, p. 69-84.

10 Voir aussi les remarques d’Alexandra Kollontaï sur les « figures de femmes du type transitoire » dans la littérature, à mi-chemin entre la femme ancienne et la femme nouvelle, dans Alexandra Kollontaï, Marxisme et révolution sexuelle, éd. J. Stora-Sandor, Paris, François Maspero, 1973, p. 133.

11 L. Aragon, « Préface » dans Paul Vaillant-Couturier, Enfance. Souvenirs d’enfance et de jeunesse, Moscou, Éditions en langues étrangères, 1950, p. 9. Voir aussi les déclarations d’Aragon dans La Nouvelle Critique, n° 8, juillet-août 1949, p. 82 : « Dans Les Cloches de Bâle, je voulais en premier lieu montrer le passage d’une partie de la bourgeoisie dans le camp des travailleurs, ou tout au moins le désir d’y passer, c’est-à-dire, comme historiquement ce désir apparaissait d’abord. J’avais été frappée par une phrase dans le Manifeste de Marx et Engels, qui dit qu’un moment viendra où la meilleure partie de la bourgeoisie passera aux côtés de la classe ouvrière. Et ce sont les premières formes de ce passage que j’ai voulu décrire, et pour diverses raisons, dont l’une est une raison personnelle, j’ai désiré que les héros de ces livres fussent des femmes parce que je pensais que les femmes se trouvent dans notre société, et se trouvaient plus encore en 1933, dans une situation particulière où les contradictions de cette société sont plus évidentes que chez les hommes. »

12 Voir, ici même, le chapitre 3.

13 Claude Roy, « Aragon romancier », Descriptions critiques, Paris, Gallimard, 1949, p. 157.

14 Voir Suzanne Ravis, « A comme Anarchie, d’Anicet aux Cloches de Bâle », Recherches croisées Aragon/Elsa Triolet, n° 7, 2001, p. 279-280 : « Il est sensible qu’Aragon retrace à travers Catherine une partie de sa propre démarche de révolté. » Suzanne Ravis cite une déclaration de Philippe Forest qui va dans le même sens : « l’auteur investit son personnage pour lui faire parcourir un itinéraire qui soit semblable au sien », « Notice des Cloches de Bâle » dans Louis Aragon, Œuvres romanesques complètes, tome I, éd. D. Bougnoux, P. Forest, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1997, p. 1270.

15 Philippe Forest, « Notice des Cloches de Bâle », éd. citée, p. 1266.

16 Susan Suleiman, Le Roman à thèse, éd. citée, p. 255. Sur les failles du roman à thèse, voir Corinne Grenouillet, « Les Cloches de Bâle d’Aragon : le roman à thèse, interprète de l’histoire et la question de la “polyphonie” », dans Écriture(s) de l’histoire, sous la direction de Gisèle Séginger, Presses universitaires de Strasbourg, 2005, p. 199-212, URL : http://www.-louisaragon-elsatriolet.org/spip.php?article25 [dernière consultation 30 décembre 2014].

17 « [C]ette formule la mettait hors d’elle. Il y avait des mères de famille pour les anarchistes maintenant ! » (p. 228).

18 « La polygamie de Libertad ne lui en imposait pas. Elle la désapprouvait, comme une sorte d’aggravation du mariage. Ils se disputèrent à ce sujet, à quatre, eux deux et les deux femmes. « Le plaizir sexuel !” criait Anna Mahé, avec l’aigu de sa voix » (p. 236-237).

19 Voir les articles « Féminisme » et « Femmes » dans Gérard Bensussan, Georges Labica, Dictionnaire critique du marxisme, Paris, PUF, « Quadrige », 1999 (1982).

20 Clara Zetkin, « Mes souvenirs de Lénine » (Erinnerungen an Lenin, Berlin, Dietz Verlag, 1957 ; la fin de ce texte est datée « Moscou, fin janvier 1925 », dans Lénine, Sur l’émancipation de la femme, recueil d’articles, Paris, Éditions sociales, Moscou, Éditions du Progrès, 1966, p. 129 et p. 132.

21 « Et elle regardait cette femme jeune, mandatée par un grand parti révolutionnaire dans une capitale étrangère, et cela lui faisait très drôle, elle serrait le bras de Jeannette » (p. 323).

22 Voir Kenneth E. Bailes, « Alexandra Kollontaï et la Nouvelle Morale », Cahiers du monde russe et soviétique, 1965, vol. 6, n° 6-4, p. 471-496. Pour une anthologie des textes de Kollontaï, voir Marxisme et révolution sexuelle, éd. citée.

23 « Les héros de Stendhal tombent sous le coup des appréciations de cet auteur, appréciations plus ou moins heureuses, qui n’ajoutent rien à leur gloire. Où nous les retrouvons vraiment, c’est là où Stendhal les a perdus » (André Breton, Manifeste du surréalisme (1924), Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 1985, p. 19).

24 Alexandra Kollontaï, La Nouvelle Morale et la Classe ouvrière (1918), dans Marxisme et révolution sexuelle, éd. cit. p. 101.

25 L. Aragon, « La suite dans les idées » (1965), Les Beaux Quartiers, éd. citée, p. 19.