1 Il suffit d’en énumérer les titres vers 1890 pour faire sentir une poéticité spécifique du discours propagandiste : L’Aurore sociale. L’Avenir social. La Clameur révolutionnaire. Le Cri du peuple. Le Combat. Le Droit du peuple. L’Égalité. L’Ère nouvelle. La Guerre sociale. L’Idée nouvelle. Le Parti ouvrier. Le Prolétariat. La Question sociale. La République sociale. La Sociale…

2 Leçon 9 de la Critique de la raison politique.

3 Sternhell, Ni droite ni gauche. L’idéologie fasciste en France, 3^e éd. refondue et augmentée d’un essai-préface inédit de 106 pp., « Morphologie et historiographie du fascisme en France », Paris, Fayard, 2000 et, au format poche, Complexe, 2000, p. 67.

4 Édouard Husson, « Le noyau irrationnel… », Le Débat, n° 122, novembre-décembre 2002, p. 143.

5 Cité par Édouard Husson, Ibidem.

6 Le Passé d’une illusion, p. 222. Il ajoute que le XX^e siècle est — pour son malheur — l’illustration du rôle décisif des idées, surtout les mauvaises : « Il y a peu d’exemple d’une action historique aussi programmée par l’idéologie, du début à la fin […] De même que Hitler ne serait pas devenu maître de l’Allemagne s’Il n’y avait pas eu l’idéologie hitlérienne, de même Hitler devenu maître de l’Allemagne est resté l’idéologue Hitler, où l’extermination des Juifs trouve sa source précoce. », p. 227.

7 Ibid., pp. 227-228.

8 Stuttgart, Deutsche Verlagsanstalt, 1998.

9 Paris, Colin, 1996.

10 Mais le rôle des idées millénaristes et puritaines radicales, a aussi été étudié dans le cas antérieur de la Révolution anglaise par Michael Walzer, The Revolution of the Saints : A Study in the Origins of Radical Politics, Cambridge MA, Harvard UP, 1965. Rééd. New York, Atheneum, 1970. Trad. La Révolution des saints : éthique protestante et radicalisme politique, Paris, Belin, 1987.

11 Ni droite ni gauche, p. 50.

12 Ibid.

13 Formule de Donald Kelley, naguère rédacteur-en-chef du Journal of History of Ideas.

14 Le texte fondateur est le Cours de médiologie générale, Paris, Gallimard, 1991. Voir aussi Le Scribe, genèse d’une politique, Paris, Grasset, 1980. Voir sur l’auteur, Régis Debray et la médiologie, dir. St. Spoiden. Amsterdam, Rodopi, 2007. Consulter aussi la revue Cahiers de médiologie et Les Cahiers de médiologie : une anthologie, Paris, CNRS Éditions, 2009.

15 Cours, p. 91.

16 De quoi dérive un sens positif qui est toujours attesté en astronomie : Action exercée à distance par un astre (sur un autre astre, sur un phénomène naturel) : « L’influence de la lune sur les marées ».

17 Debray, Manifestes médiologiques, Paris, Gallimard, 1994, p. 20.

18 Cours de médiologie générale, p. 258.

19 Cours, p. 15.

20 Cours, p. 48.

21 Exposé de R. D. dans Régis Debray et la médiologie, dir., St. Spoiden, Amsterdam, Rodopi, 2007, p. 17. Voir aussi Introduction à la médiologie, PUF, 2000.

22 Je pense notamment à l’œuvre de Pascal Ory, grand historien culturel de la France contemporaine, qui se consacre à ces questions. Voir notamment : P. Ory, L’Aventure culturelle française, 1945-1989, Paris, Flammarion, 1989. – L’Entre-deux-mai. Histoire culturelle de la France 1968-1981, Paris, Seuil, 1983.

23 Cours, p. 17.

24 Cours, p. 23.

25 Debray, Le Pouvoir intellectuel en France, Paris, Ramsay, 1979. Rééd. Folio, 1986, p. 228.

26 Debray, Manifestes médiologiques, Gallimard, 1994, p. 91.

27 La Révolution avec Denis Richet, Hachette, 1965.

28 Christofferson, Les Intellectuels contre la gauche. L’idéologie antitotalitaire en France (1968-1981), Marseille, Agone, 2000, p. 343.

29 Le Malheur du siècle : sur le communisme, le nazisme et l’unicité de la Shoah, Paris, Fayard, 1998, p. 40. « Le langage en est transformé, ajoute Besançon. Il ne sert plus à communiquer ou à exprimer, mais à masquer la solution de continuité entre le système et la réalité. Il est chargé du rôle magique de plier la réalité à la vision du monde. »

30 Le Malheur du siècle, p. 103.

31 Dans Le Marxisme dans les Grands récits, L’Harmattan, 2005.

32 Le Scribe, p. 174.

33 Lettre qui sera publiée une première fois en français par Le Mouvement socialiste, numéro du 1 novembre 1900, p. 523. Aussi, ajoutait Marx, toujours passablement méprisant à l’égard des doctrinaires français, le Programme du Parti ouvrier révisé par lui en éliminant les fantaisies et les chimères déplaisait-il à « tous ces filous qui vivent de la fabrication de nuages ». Voir Œuvres, Pléiade, p. 1538.

34 Le Scribe, p. 147.

35 Le Scribe, p. 170

36 Debray, Critique de la raison politique, p. 324.

37 Critique de la raison politique [sous-titré ultérieurement : ou l’Inconscient religieux], Paris, Gallimard, 1981, p. 239.

38 On pourrait évoquer ceux, par contraste, qui n’y comprenaient rien et, au cours du XX^e siècle, ne « connaissaient pas leur rôle ». Le cinéma français, face à des dogmatiques donneurs de leçons qui connaissaient trop bien leur rôle, a beaucoup raconté ceci : Lacombe Lucien de Louis Malle. Capitaine Conan de Tavernier. Le Dernier métro de Truffaut…

39 Incipit du Dix-huit brumaire. « C’est ainsi, illustre Marx, qu’un siècle plus tôt Cromwell et le peuple anglais avaient emprunté à l’Ancien Testament, le langage, les passions et les illusions nécessaires à leur révolution bourgeoise. »

40 Les Origines intellectuelles du léninisme, Paris, Calmann-Lévy, 1977. Réédition, coll. « Agora », 1987.

41 Furet, Penser la révolution, p. 85.

42 Michel Zevaco, Les Hommes de la révolution, Paris, Matha, s.d.

43 Publié dans Monde, 12 sept. 1935, pp. 8-9.

44 Dans Le Devenir social, octobre 1897, p. 885.

45 Ainsi se dénommait le centre-gauche du parti républicain.

46 Le Parti ouvrier, 5 février 1889, p. 1.

47 L’Affamé, anarchiste, 13 juillet 1884, p. 1.

48 Le Prolétariat, 1^er mars 1890, p. 1.

49 Frédéric Stackelberg, Vers la société communiste, Nice, Au Droit du peuple, 1909, p. 15.

50 Almanach du Parti ouvrier 1892, p. 17.

51 Ghesquière, La Défense, Troyes, 18 janvier 1907, p. 1. J’ai étudié en détail cette dévolution de tâche au Parti dans mon essai La Propagande socialiste, au chapitre v. Voir aussi « Masses aveulies et militants virils », dans Le Populaire et le Politique, les usages populaires du politique, numéro thématique de Politix, travaux de sciences politiques, n° 14, 1991, pp. 79-86.

52 Germinal, Amiens, anarchiste, 1^er juin 1907, p. 1.

53 H. Galiment, Le Prolétariat [possibiliste], 11 oct. 1890, p. 1.

54 Grégorieff, La Cité, Toulouse, S.F.I.O., 3 févr. 1907, p. 1.

55 Jean Allemane, Le Parti ouvrier, 2 janv. 1890, p. 1.

56 Procès des anarchistes de Vienne, St-Étienne, Ménard, 1890, p. 1.

57 Le Défi, 3 février 1884, p. 1.

58 Tribune socialiste, Bayonne, 23 août 1908, p. 1.

59 August Bebel, La Femme dans le passé, le présent et l’avenir, Paris, Carré, 1891, p. 373.

60 La Rénovation, 24 avril 1890, p. 217.

61 J’ai étudié cette question des deux légitimations concurrentes dans Les Grands Récits militants des XIX^e et XX^e siècles, religions de l’humanité et sciences de l’histoire, Paris, L’Harmattan, 2000.

62 « Nouveau christianisme », Œuvres, VI, p. 108.

63 Œuvres, vol. X, p. 20.

64 V. Considerant, « Prélude », Destinées sociales I, 1847.

65 Auguste Blanqui, Critique sociale, Paris, Alcan, 1885, 2 vol, I, p. 173.

66 Le Devenir social, avril 1897, p. 290. Voir sur cet article le commentaire apitoyé de Georges Sorel, La Décomposition du marxisme, Paris : Rivière, 1908, p. 8 : « Ce sentiment d’humilité religieuse que Paul Lafargue exprimait si naïvement… »

67 La Rénovation, fouriériste, 20 avril 1890, p. 217.

68 Ibid., 1888, p. 90.

69 Commenté par Alain Besançon, Présent soviétique et passé russe, Paris, Hachette, 1980, p. 323.

70 X., Le Cri du travailleur, 9 février 1890, p. 2.

71 Lettre à Jules Vallès, 1884, reprise dans Le Socialisme au jour le jour, Paris, Giard & Brière, 1899, p. ii.

72 L. Payn, La Science propagandiste immanente du socialisme collectivisme, Troyes, Martelet, 1896, p. 5.

73 C. Gherea, L’Ère nouvelle, 1893, p. 103.

74 Eugène d’Eichthal, Socialisme et problèmes sociaux, Paris, Alcan, 1899, p. 46.

75 Les Temps nouveaux, 10 juin 1911, p. 1.

76 Alfred Naquet, Temps futurs : socialisme, anarchie, Paris, Stock, 1900, p. 231.

77 Les Moyens pratiques du socialisme, Paris, Bibliothèque ouvrière socialiste, 1900, p. 10.

78 Stuttgart, Dietz, 1899. Traduction française : Socialisme théorique et socialdémocratie pratique, Paris, Stock, 1900.

79 Berlin, Sozialistische Monatshefte, 1901. Trad. Socialisme et science, Paris, Giard & Brière, 1902.

80 Socialisme théorique, p. 2.

81 Socialisme et science, p. 39.

82 Bernstein faisait remarquer au reste que nul n’a plus parlé de la « science » par eux découverte que les prétendus socialistes utopiques : « le marxisme n’est ni la seule ni la première doctrine qui se soit qualifiée de scientifique », remarquait-il en évoquant les prétentions antérieures de Proudhon, Saint-Simon et Fourier à avoir découvert « la » science sociale — d’où les polémiques ardentes qui avaient déchiré ces inventeurs concurrents et contradictoires. « Toutes les doctrines socialistes du XIX^e se sont réclamées de la science », concluait Bernstein. C’était pour se demander si vraiment les prétentions des marxistes de 1900 étaient mieux fondées que celles des phalanstériens. Socialisme et science, p. 16.

83 Socialisme et science, p. 44.

84 Un rare ouvrage sur la question historique des prétentions scientifiques d’idéologies diverses : Olav Hammer, Claiming Knowledge : Strategies of Epistemology from Theosophy to the New Age, Leiden, Brill, 2001. Voir notamt. la 5^e partie, « Scientism as a Language of Faith », pp. 201-330.

85 Michael Burleigh, The Third Reich: A New History, New York, Hill & Wang, 2000, p. 14.

86 Là où l’historien se retient de conjecturer trop loin, un philosophe comme Bertrand Russell n’a pas ce scrupule et, polémiquant contre les marxistes dans Freedom and Organisation en 1934, il s’amuse à pousser un contrefactuel et ses conséquences : « It may be maintained quite plausibly that if Henry VIII had not fallen in love with Anne Boleyn, the United States would now not exist. For it was owing to this event that England broke with the Papacy, and therefore it did not acknowledge the Pope’s gift of the Americas to Spain and Portugal. If England had remained Catholic, it is probable that what is now the United States would have been part of Spanish America. » Cité par Niall Ferguson, Virtual History: Alternatives and Counterfactuals, New York, Basic Books, 1999, p. 14.

87 R. C. Collingwood, The Idea of History, Oxford UP, 1956, p. 214.

88 Triggve Tholfsen, Ideology and Revolution in Modern Europe: An Essay on the Role of Ideas in History, New York, Columbia UP, 1984, p. 27.

89 « Sur la causalité dans l’histoire des idées », Mil neuf cent, 2001/1, n° 19, p. 14.

90 Il y a quelques bonnes pages là dessus dans D. Fischer, Historians’ Fallacies : Toward a Logic of Historical Thought, New York, Harper & Row, 1970, au chap. vi.

91 Pierre Milza, in XX^e siècle, 100 : 2008.

92 Et tout ce qui relève au XIX^e siècle du contrôle discipliné et militarisé de la vie et des corps, du régime des collèges et des internats jusqu’aux philanthropiques habitations ouvrières. Toutes ces machines à « incarcérer » des corps, sont des choses qui furent théorisées, « songées » et argumentées, légitimées par la Science et par la Morale, mais qui ne sont pas restées des idées sur papier, qui au contraire ont été appliquées, justification « morale » incluse.

93 Le Bouc émissaire, Paris, Grasset, 1982. Livre de poche, 2002.

94 Montréal, CIADEST, 1994. Réédition, Montréal, Discours social, 2003.

95 Patrice Boussel, L’Affaire Dreyfus et la presse, Paris, Julliard, 1960, p. 11. La précession idéologique a été au centre des recherches de Léon Poliakov qui suggère que la « palme » revient à la France dans le dernier tiers du siècle écoulé, de celles de Zeev Sternhell et de Pierre Birnbaum qui parle de la nécessité ou du besoin que l’Affaire, qu’une affaire de cette très précise nature pré sentait pour la prospérité du négoce anti-juif : Drumont « a comme besoin de l’Affaire Dreyfus qui va enfin démontrer la véracité de ses thèses, la réalité du complot tramé par les Juifs par venus à contrôler l’État républicain pour le plus grand profit de leur véritable patrie germanique ». Birnbaum, « Dreyfus avant Dreyfus », Mil neuf cent, 11 : 1994, pp. 71-76. Voir aussi : Birnbaum, dir., La France de l’affaire Dreyfus, Paris, Gallimard, 1994.

96 Marx et Engels (Paul Lafargue est aussi présent ce soir de mai 1880 à Londres) amendent et cautionnent au cours d’une soirée « historique » le Programme minimum du Parti Ouvrier en gestation dont Jules Guesde leur a soumis le brouillon. Marx semblait plutôt content de ses corrections dans ledit brouillon du programme, « Ce fut un grand pas, écrit-il, que de faire descendre les ouvriers français de leur nuée de verbiage sur le sol de la réalité ».

97 Paris, Sauvaître, 1889, p. 160.

98 Corneilhan, Juifs et opportunistes, pp. 165-6.

99 Léo Taxil, Monsieur Drumont, Paris, Letouzey & Ané, 1890, p. 11.

100 Le Gil Blas, 1^er septembre 1889, p. 1.

101 Voir Bernard Bailyn, The Ideological Origins of the American Revolution, Harvard UP, 1967.

102 Rééd. Colin, 1967.

103 Seuil, 1990.

104 Augustin Cochin, L’Esprit du jacobinisme. Préface de Jean Baechler, Paris, PUF, 1979. Reprise partielle de l’éd. de 1922, p. 39. Augustin Cochin est un historien dont la pensée sur les origines intellectuelles de la Révolution a été remise à l’honneur par François Furet. On verra aussi l’éloge d’Augustin Cochin par Régis Debray, Manifestes médiologiques, Gallimard, 1994, p. 127.

105 Dans L’Ancien Régime et la Révolution, éd. 1860, pp. 238-39.

106 Je me rapporte à Arno J. Mayer, The Furies. Violence and Terror in the French and Russian Revolutions, Princeton, Princeton UP, 2000. Trad. Les Furies, Paris, Fayard, 2002.

107 Paris, Julliard, 1985.

108 Furet, Le Passé d’une illusion, p. 222. Il ajoute : « De même que Hitler ne serait pas devenu maître de l’Allemagne s’Il n’y avait pas eu l’idéologie hitlérienne, de même Hitler devenu maître de l’Allemagne est resté l’idéologue Hitler, où l’extermination des Juifs trouve sa source précoce », p. 227. La meilleure introduction générale au sujet est le livre de Karl Dietrich Bracher, The Age of Ideologies. A History of Political Thought in the 20^th Century, New York, St Martin’s Press, 1984, trad. Zeit der Ideologien, Stuttgart, 1982.

109 Stanford, Hoover Institution Press, 1980.

110 Pp. I et 18.

111 p. 19.

112 E. Gentile, Le origini dell’ ideologia fascista (1918-1925), Roma, Bari, Laterza, 1975. The Origins of Fascist Ideology 1918-1925, New York, Enigma Books, 2005.

113 Tholfsen, Ideology …, p. 105. Je me réfère aussi à la définition du fascisme chez Ernst Nolte : « Le fascisme est un antimarxisme qui vise à anéantir son ennemi en développant une idéologie radicalement opposée à la sienne, encore qu’elle en soit proche, et en appliquant des méthodes presque identiques aux siennes non sans les avoir transformées de manière caractéristique, mais cela toujours dans le cadre inébranlable de l’auto-affirmation et de l’autonomie nationales […] Il ne saurait être question de fascisme partout où n’existent pas tout au moins les rudiments d’une organisation et d’une propagande comparables à celles du “marxisme”. » Der Faschismus in seiner Epoche, München, Piper, 1963. Trad. Le Fascisme dans son époque, Paris, Julliard, 1970, I, p. 75.

114 Pierre Milza, in XX^e siècle, 100 : 2008.

115 E. Gentile, Qu’est-ce que le fascisme ? Histoire et interprétation, Paris, Gallimard, 2004.

116 A. Besançon, Les Origines intellectuelles du léninisme, Paris, Calmann-Lévy, 1977. Réédition, coll. « Agora », 1987, p. 235.

117 Le concept est emprunté par Martin Malia à Waldemar Gurian, premier théoricien, catholique, des ainsi désignées « religions totalitaires », Der Bolschewismus : Einführung in Geschichte und Lehre, Freiburg iB, Herder, 1931. En français, Le Bolchevisme. Introduction historique et doctrinale, Paris, Beauchesne, 1933.

118 Malia, Martin. The Soviet Tragedy. A History of Socialism in Russia. New York, Free Press, Toronto, Maxwell Macmillan, 1994. La Tragédie soviétique. Histoire du socialisme en Russie 1917-1991, Paris, Seuil, 1995.

119 « À la mort de Lénine, le léninisme est canonisé. Le léninisme ainsi compris donne au Parti la solidité, le monolithisme dont il a besoin pour conserver en son sein l’idée communiste, par conséquent sa légitimité et le monopole absolu de son pouvoir. » Alain Besançon, Les Origines intellectuelles du léninisme, p. 348.

120 Besançon, Les Origines intellectuelles, p. 290.

121 Ante Ciliga, Dix ans au pays du mensonge déconcertant, Éd. définitive, Paris, Champ libre, 1977. Éd. originale partielle, 1938, Au pays du Grand mensonge.

122 Waldemar Gurian, Le Bolchevisme, p. 229.

123 Stéphane Courtois in Livre noir du communisme, p. 853.

124 M. Van der Linden, Western Marxism and the Soviet Union, p. 1. On a aussi la version un peu plus naïve du même questionnement, « Was Stalin really a Communist ? » demande Robert Vincent Daniel, The Rise and Fall of Communism in Russia, New Haven, Yale UP, 2007, titre de chapitre, p. 266-… et Torquemada était-il un bon catholique ?

125 Anthony James Gregor, The Fascist Persuasion in Radical Politics, Princeton NJ, Princeton UP, 1974, p. 395.

126 David W. Lovell, From Marx to Lenin: An Evaluation of Marx’s Responsibility for Soviet Authoritarianism, Cambridge, Cambridge UP, 1984.

127 Paris, Calmann-Lévy, 1985. Rééd. en format poche, Paris, Gallimard, 1994, p. 73. Voir encore sur le marxisme-léninisme comme religion, James Thrower, Marxism-Leninism and the Civil Religion of the Soviet Society : God’s Commissar, Lewiston NY, Mellen, 1992.

128 David D. Roberts, The Totalitarian Experiment in 20^th Century Europe: Understanding The Poverty of Great Politics, New York, London, Routledge, 2006, p. 268.

129 Origines intellectuelles, p. 26.

130 Libellés « One Hour » et ses multiples, — une heure de travail quelconque valant n’importe quelle autre. Voir : Owen, Courte exposition d’un système social rationnel, Paris, Marc-Aurel, [1848]. Dialogue entre la France, le monde et Robert Owen, sur la nécessité d’un changement total dans nos systèmes d’éducation et de gouvernement, Paris, Chaix, 1848.

131 Gurian, Le Bolchevisme, p. 213.

132 Leszek Kołakowski et Friedrich Giesse, Glówne nurty marksizmu. Trad. Die Hauptströmungen des Marxismus. Entstehung, Entwicklung, Zerfall, München, Piper, 1978.

133 Je cite son chapitre dans « Marxist Roots of Stalinism », in Robert C. Tucker & Wl. Brus, Stalinism : Essays in Historical Interpretation, New York, Norton, 1977. Rééd. 1999, p. 297.

134 Karl Popper, Conjectures, p. 358.

135 Lettre à Beesly, reproduite dans Le Mouvement socialiste, I, 1906, p. 280.

136 London, Routledge & Kegan Paul, 1961. Rééd. 1969, 74.

137 M. Malia, The Soviet Tragedy. Trad. La Tragédie soviétique. Histoire du socialisme en Russie 1917-1991, Paris, Seuil, 1995.

138 Mikhail Heller [Geller] et Aleksandr Nekrich, L’Utopie au pouvoir, Paris, Calmann-Lévy, 1985. Léon Poliakov use du même titre pour un chapitre de Les Totalitarismes du XX^e siècle : un phénomène historique dépassé ?, Paris, Fayard, 1987.

139 Vl. Boukovski, URSS : de l’utopie au désastre, Paris, Laffont, 1990. Voir Walicki, Andrzej, Marxism and the Leap to the Kingdom of Freedom: The Rise and Fall of the Communist Utopia, Stanford CA, Stanford UP, 1995.

140 L. Kolakowski in Tucker, Robert C. & Wl. Brus, Stalinism : Essays in Historical Interpretation, New York, Norton, 1977. Rééd. 1999, p. 284.

141 « Le fait national, force majeure de la désintégration », in P. Kende & Kr. Pomian, dir., 1956, Varsovie-Budapest, Paris, Seuil, 1978, p. 63.

142 Une histoire de cette « idée » de More à Owen et Wells : Saverio Ansaldi et al., L’Homme perfectible, Seyssel, Champ Vallon, 2004.

143 Cette idée « métastatique » est déjà présente dans les rêves millénaristes des hussites et des anabaptistes. On peut ajouter que l’Armée et le Couvent ont été les deux grands cadres rééducatifs antérieurs à la modernité.

144 « Cette foi en la perfectibilité humaine qui nous pousse en avant… » : Richard Lahautière, De la loi sociale, Paris, Prévot, 1841, p. 3. « L’être humain est perfectible, l’humanité est perfectible. » Pierre Leroux, Aphorismes, Boussac, Leroux, 1848, p. 10.

145 Voir Gottfried Künzlen, Der neue Mensch. Eine Untersuchung zur säkuläre Religionsgeschichte der Moderne, München, Fink, 1994. Et : Nicola Lepp, dir., Der neue Mensch, Obsessionen des 20. Jahrhunderts, Ostfildern-Ruit, Cantz, 1999.

146 Aleksandr Zinoviev, Gomo sov˘etikus, Lausanne, L’Âge d’homme, 1982. Trad. Homo sovieticus. Avec une nouv. préf. pour le lecteur français, Paris, Julliard, 1983.

147 Talmon, The Origins of Totalitarian Democracy, London, Secker & Warburg, 1952. Rééd. 1970. Et voir Political Messianism. The Romantic Phase, London, Secker & Warburg, 1960.

148 Dans Notre jeunesse.

149 Doctrine de Saint-Simon. Exposition. Première année. 1828-1829, Paris, « L’Organisateur », 1831, p. 35.

150 Jean Grave, La Société au lendemain de la Révolution, op. cit., p. 7.

151 Cité par A. Fouillée, Le Socialisme et la sociologie réformiste, Paris, Alcan, 1909, p. 303.

152 Sartoris, Le Libertaire, 21 août 1898, p. 3.

153 Claude Polin, L’Esprit totalitaire, Paris, Sirey, 1977.

154 David D. Roberts, The Totalitarian Experiment in 20^th Century Europe: Understanding The Poverty of Great Politics, New York, London, Routledge, 2006.

155 Cl. Lefort, Un homme en trop. Essai sur L’Archipel du Goulag, Paris, Seuil, 1976, p. 90.

156 Nijhoff, 1958, p. 2.

157 Dr. Audiffrent, Circulaire exceptionnelle, Paris, Ritti, 1896, p. 24.

158 Ém. Littré, Conservation, révolution et positivisme, Paris, Ladrange, 1852, p. 76.

159 J’ai montré dans mon Utopie collectiviste que cette allégorie du Prolétariat qui prend le pouvoir, rend la justice, édicte des lois, réprime les récalcitrants et puis vite et noblement abdique, laissait plus d’un, en dehors des rangs guesdistes, particulièrement perplexe. Édouard Bernstein avait qualifié la formule marxienne de « dépassée », il avait dit redouter que cette « dictature de classe » ne soit dans la réalité que celle des clubs, des leaders et des tribuns. Georges Sorel prévoyait qu’une dictature, prolétarienne tant qu’on voudrait, ne conduirait jamais qu’à la restauration des iniquités sociales. La thèse lui semblait non seulement redoutable si elle devait trouver un jour une application, mais aussi typique de ce qu’occasionnellement il y avait d’obscur et de chimérique dans le discours de Marx. « On nous dit que le prolétariat exercera une dictature, fera des lois et abdiquera ensuite ! Tout cela est purement utopique non seulement par le fond, mais encore par la forme. » Noël Blache, porte-parole du réformisme dans la SFIO, dans Le Socialisme, méthode et chimère, Paris, Cornély, 1907, qualifiait la thèse marxiste d’« enfantillage sinistre », pas moins, p. 308.

160 G. Deville, « Aperçu », dans Le Capital de Karl Marx, résumé et accompagné d’un aperçu sur le socialisme scientifique, Paris, Marpon et Flammarion, 1883.

161 Ch. Vérecque, Dictionnaire du socialisme, Paris, Giard & Brière, 1911, v° « Dictature ».

162 Paul Hollander, The End of Commitment. Intellectuals, Revolutionaries, and Political Morality, Chicago, Dee, 2006, p. 4.

163 Debray, Critique de la raison, p. 361.

164 Greppo, Catéchisme social, ou exposé succinct de la doctrine de la solidarité, Paris, Propagande démocratique et socialiste, 1848, p. 5.

165 F. Cantagrel, Le Fou du Palais-Royal, Paris, Librairie phalanstérienne, 1841, p. 26.

166 Louis Blanc, Organisation du travail, 9^e édition refondue et augmentée, Paris, « Nouveau Monde », 1850, p. 2.

167 Cité par le Phalanstère, 4 janvier 1833, p. 1.

168 Ad. Toussenel, Les Juifs, rois de l’époque, histoire de la féodalité financière, Paris, Librairie de l’école sociétaire, 1845, p. 120.

169 The Origins of Totalitarian Democracy, p. 19.

170 C’est qu’en effet, et ceci caractérise aussi la pensée moderne, le mal non-social, le mal « naturel », n’est plus perçu comme un véritable mal désormais dans le sens qu’il n’indigne plus et n’occupe plus les esprits. Tout a changé depuis Voltaire : le tremblement de terre de Lisbonne ne donne plus à méditer, mais l’exploitation et le paupérisme indignent. Non seulement le mal est-il social, mais il n’est finalement de mal que social. La propriété, la famille, la cité, écrit expressément Pierre Leroux, « en dehors des maux qui nous arrivent par ces trois sources, il n’y a pas de mal pour nous ; car il n’y a pas de mal réellement humain hors de ces trois sources ». Pierre Leroux, Malthus, p. 291.

171 Louis de Tourreil, Religion fusionienne, ou doctrine de l’universalisation réalisant le vrai catholicisme, Tours & Paris, Juliot 1879, p. 216.

172 André Lorulot et Georges Yvetot, Le Syndicalisme et la transformation sociale, Paris, Librairie inter nationaliste, 1909, p. 11.

173 Gustave Le Bon, Psychologie du socialisme, Paris, Alcan, 1898, p. 104.

174 Cité par Paul Boilley, Les Trois Socialismes : anarchisme, collectivisme, réformisme, Paris, Alcan, 1895, p. 52.

175 Du passé faisons table rase, p. 186. Stéphane Courtois objecte, dans le cas bolchevik, par le fait que la belle et généreuse doctrine, c’est Lénine — et la mise en place de la terreur et des premiers camps, c’est encore Lénine. Or quel décalage peut-il y avoir « entre l’homme qui fonde la doctrine, qui fonde le parti, celui qui fonde le régime et celui qui fonde la terreur, quand il s’agit du même homme Lénine ? Aurait-il imaginé un “bon idéal” qu’il aurait lui-même mis en œuvre d’une manière totalement dévoyée ? ».

176 Un Pavé dans l’histoire, p. 139.

177 Paris-Montpellier, Gallimard, 1982. Cité dans Un Pavé dans l’histoire, p. 143.

178 Les Anti-Lumières, Paris, Fayard, 2006, p. 495.

179 Les Anti-Lumières, p. 499.

180 Thèse commentée par G. Garrard, Counter-enlightenment from the 18^th Century to the Present, Abingdon UK, Routledge, 2006, p. 80-.

181 Talmon, Origins, p. 35.

182 Jean Czynski, Avenir des ouvriers, Paris, Librairie sociale, 1839, p. 11.

183 Théorie des quatre mouvements et des destinées générales, Paris, Librairie sociétaire, 1846. [1^re éd. Leipzig [ = Lyon], 1808], p. 17. Un babouviste promet à la même époque un identique changement à vue : « Il ne s’agit de rien moins que de changer totalement la surface du globe ; et […] de substituer instantanément à la vie de ses habitans, une vie toute nouvelle, et dont ils ne peuvent retrouver aucun exemple dans le passé » : Jean-Jacques Pillot, Histoire des Égaux, Paris, Aux bureaux de la « Tribune du Peuple », 1840, p. 10.

184 L’Aurore sociale, 1 décembre 1889.

185 On se souvient de la phrase de Gustave Tridon, le premier disciple de Blanqui : « Tous les désastres de la démocratie viennent de son mépris pour la force », phrase d’incipit d’un essai qui a beaucoup circulé dans les milieux d’avant la Commune, La Force. Rééd. Œuvres diverses. Les Hébertistes. La force, Paris, Allemane, 1891.

186 14 avril 1889, p. 2.

187 Lanham MD, Rowman & Littlefield, 1991.

188 Debray, Les Communions humaines, Fayard, 2005, p. 105.

189 Le Désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Paris, Gallimard, 1985, p. 267. Il ajoute : « avec l’entrée de l’avenir dans l’infigurable s’achève la laïcisation de l’histoire ». Ibid.

190 Communions, p. 105.

191 La Grande guerre fut aussi le banc d’essai de mesures exceptionnelles rigoureuses ; le régime militaire-autoritaire des Hindenburg-Ludendorff entre 1914 et 1918 préfigure par beaucoup de mesures précises les pratiques dictatoriales nazies.