Chapitre troisième. Ammonius et Jean Philopon
p. 187-194
Texte intégral
1[203] Les procédés de composition dont, jusqu’ici, on attribuait l’initiative à Olympiodore étaient déjà pratiqués par Philopon, et le plus ancien exemple daté qu’on en connaisse est de 517 : c’est maintenant chose assurée. Faut-il aller plus loin et remonter jusqu’à Ammonius, comme l’admet implicitement Beutler1 ? Cette question est liée à celle du rôle que tint Philopon dans l’école d’Alexandrie. À ce propos, nous connaissons quelques certitudes et deux hypothèses.
2Philopon était l’élève d’Ammonius2. Des sept Commentaires que nous possédons de lui, quatre, selon leur titre même, ont été composé « d’après les leçons d’Ammonius3 » ; ils ne sont pourtant pas nécessairement des imitations serviles : pour trois d’entre eux, le titre ajoute la mention : « avec des remarques personnelles4 ». Quant aux trois Commentaires restants, ils portent, l’un, sur les Catégories, l’autre, sur la Physique et le troisième sur les Météorologiques ; si les deux derniers ne mentionnent pas [204] Ammonius dans leur titre5, ils le citent dans leur texte, reconnaissant ainsi son influence6 ; et bien que le premier ne le cite pas du tout, il dépend étroitement de lui, comme l’a montré Busse7.
3Sur la nature des Commentaires de Philopon, deux opinions se sont fait jour : d’après Gudeman, ils sont le reflet des cours que Philopon lui-même fit lorsqu’il fut devenu professeur8 ; en revanche, le père Saffrey a récemment supposé que Philopon était tout au plus l’assistant d’Ammonius et qu’à ce titre, il était l’un des éditeurs officiels des cours du maître9.
4Si l’on adopte la première hypothèse, la composition du Commentaire à la Physique (et, dans une certaine mesure, des deux premiers livres du Commentaire au De anima) pourrait reproduire une méthode d’enseignement propre à Philopon, l’influence d’Ammonius se limitant au contenu. Dans la [205] seconde, il faut admettre qu’Ammonius pratiquait déjà la technique de la double explication. Une certitude de ce genre ouvrirait une perspective séduisante : Ammonius aurait vu Proclus utiliser occasionnellement cette technique10 ; il y aurait pris un tel intérêt que, devenu maître à son tour, il en aurait fait une règle systématiquement appliquée ; il aurait entraîné toute l’école d’Alexandrie à sa suite. Une vérification s’impose donc ici.
5En faveur de sa thèse, Gudeman invoque les allusions à des auditeurs et à une fin de séance de cours qui se trouvent dans deux passages du Commentaire aux Météorologiques, ainsi qu’une remarque de Simplicius concernant le Contre Aristote ; il en trouve une confirmation dans quelques particularités caractéristiques de la manière philoponienne, notamment les répétitions et les explications élémentaires ; Gudeman n’oublie d’ailleurs pas que plusieurs Commentaires dépendent des cours d’Ammonius, mais il estime que Philopon les a remaniés, soit en vue de ses propres cours, soit en vue de leur publication11. Les indices qui précèdent, même s’ils prouvent que les Commentaires dérivent de notes de cours, ne nous apprennent rien sur l’identité du professeur qui fit ces cours ; ils n’autorisent donc pas à dire que Philopon ait occupé une chaire magistrale.
6[206] Quant à la thèse de Saffrey, elle fait partie d’un ensemble plus vaste, destiné à résoudre le problème que voici : en 529, l’empereur Justinien interdit l’enseignement à toute personne non chrétienne ; cette mesure entraîna la fermeture de l’école d’Athènes, mais n’atteignit pas celle d’Alexandrie ; comment expliquer cette tolérance12 ?
7Comme le note Saffrey, une première réponse est fournie par l’attitude conciliante d’Ammonius : vers 495, cet exégète aurait conclu, avec le patriarche d’Alexandrie, un accord sur les conditions d’une aide matérielle ainsi que de la fréquentation de ses cours par des chrétiens13.
8 Mais, d’après Saffrey, le rôle le plus important fut joué par Jean Philopon. Contrairement aux affirmations de Gudeman, ce commentateur était un alexandrin et un chrétien de naissance14. Après des études de grammaire, il vint vers 510 à l’école d’Ammonius ; à ce moment, il devait avoir environ vingt ans15. Chrétien, il était même l’un de ces laïques militants qui existaient dans plusieurs pays orientaux et que l’on connaissait en Égypte sous le nom de « philopones16 ». Auprès d’Ammonius, il joua le rôle d’éditeur officiel, rédigeant pour son maître une série de [207] Commentaires, parmi lesquels se trouve le Commentaire à la Physique, datant de 517 ; en publiant ces textes sous son nom joint à celui d’Ammonius, il couvrait ce dernier, resté païen, de son autorité de chrétien. Cette situation existait sans doute encore en 529, année où il publia son ouvrage Contre Proclus sur l’éternité du monde. Ce n’est pas par hasard que cette longue critique vit le jour au moment même des mesures de Justinien contre le paganisme : elle fait comme une profession de foi qui désolidarisa l’école d’Alexandrie de celle d’Athènes et qui lui épargna le sort de cette dernière17. Après Philopon, l’école d’Alexandrie acheva de se christianiser avec Olympiodore, Étienne, David et Élias, et elle maintint l’enseignement d’Aristote jusqu’après la conquête arabe18.
9La théorie de Saffrey est pleine d’intérêt ; sur plusieurs points elle apporte des indications utiles ; mais on ne saurait l’accepter sans un contrôle de ses divers éléments.
10C’est à juste titre que Saffrey adopte l’interprétation de Tannery sur la convention entre Ammonius et le patriarche d’Alexandrie ; l’identification de celui-ci avec Athanase II et la date de 495, qu’il propose pour le colloque, sont très plausibles.
11Mais sur les conditions de l’accord, il me paraît être dans l’erreur. À le croire, Ammonius se serait engagé [208] à cesser toute explication de Platon pour se limiter à l’exégèse aristotélicienne, considérée comme moins dangereuse19. Mais, d’après Beutler, Olympiodore avait assisté à un cours d’Ammonius sur le Gorgias et son Commentaire sur ce dialogue fournit la preuve de cette assertion20. Or, de quelque manière qu’on interprète les données chronologiques, Olympiodore n’a pu suivre les cours d’Ammonius avant 49521. La conjecture de Saffrey n’est donc pas recevable. En revanche, il a tort de critiquer l’opinion de Tannery d’après laquelle Ammonius aurait peut-être marqué son désir de conciliation en soutenant que, d’après Aristote, Dieu est cause agente et non seulement finale. Il est vrai que cette exégèse est citée avec éloge par Simplicius, qui était un adversaire irréductible du christianisme, et que cette circonstance la fait plutôt paraître comme un effort en vue de l’harmonisation de Platon et d’Aristote, si importante aux yeux des derniers néoplatoniciens22. Mais on ne peut contester qu’elle a aussi pour résultat, sinon pour but, de réduire l’écart entre Aristote et le christianisme23. Bien [209] plus, Ammonius a fort bien pu l’adopter à la fois en gage de sa bonne volonté à l’égard des chrétiens et parce qu’elle était favorable au syncrétisme philosophique. Le second motif aurait alors entraîné une adhésion que Simplicius aurait refusée si le premier s’était présenté seul24. Le cas serait analogue à celui des exégèses sur l’intellect agent et sur l’immortalité de l’âme que l’on trouve chez Philopon et qui, d’après Vancourt, viennent d’Ammonius. Elles aussi rapprochent Aristote à la fois du platonisme et du christianisme25 et leur adoption visait peut-être simultanément ce double résultat.
12D’autre part, une remarque me paraît s’imposer sur la nature de l’épisode qui nous occupe en ce moment. Le patriarche Athanase II était un monophysite convaincu. Sans doute Anastase Ier, qui était empereur en 495, favorisait-il cette hérésie. Mais il ne pouvait le faire trop ouvertement parce qu’à cette date, il espérait encore arriver à un accord avec le pape26. Dans ces conditions, la convention d’Ammonius et du patriarche était fructueuse sur le plan local, mais ne devait avoir aucun poids devant l’autorité [210] centrale. Elle répond donc à de tout autres préoccupations que les moyens qui auraient été employés pour échapper aux interdictions de 529.
13Passons au rôle qu’aurait joué Philopon dans les rapports de l’école d’Alexandrie avec le christianisme. Saffrey rejette à bon droit les hypothèses de Gudeman sur le lieu de naissance de Philopon et sur sa prétendue conversion. Rien ne permet de croire que notre exégète soit né à Césarée, ni qu’il ait jamais eu des convictions païennes ; aux arguments donnés par Saffrey, on peut joindre ceux que j’ai exposés ailleurs27.
14Sur les « philopones », Saffrey apporte quelques intéressantes précisions nouvelles et il dresse un utile tableau d’ensemble de ce qu’on sait à ce sujet. Mais, comme l’avait déjà noté Tannery, ce surnom est assez mal attesté dans les titres de Commentaires28 ; peut-être n’a-t-il [211] été donné à Philopon que plus tard, lorsqu’il se tourna résolument vers les controverses théologiques ; c’est ce que suggère Saffrey29 ; mais alors, il ne nous apprend rien sur la période où notre commentateur était encore à l’école d’Ammonius et ne nous permet pas d’y préciser son rôle30.
15Philopon servit-il réellement de garant à Ammonius et à toute l’école d’Alexandrie ? À ce propos, je voudrais d’abord mettre quelques faits en lumière. Au dire de Saffrey, les Commentaires de Philopon sont tous des rédactions de cours d’Ammonius ; il en donne pour preuve que leur titre contient toujours, dans quelques-uns des manuscrits, la formule ἐκ τῶν συνουσιῶν31. En fait, pour deux des Commentaires qu’il cite, cette affirmation est erronée : aucun manuscrit du Commentaire aux Catégories ni du Commentaire à la Physique ne contient la formule32. C’est peut-être une simple négligence de la tradition manuscrite, mais nous n’avons aucun moyen de nous en assurer. L’hypothèse de Saffrey perd ainsi l’un de ses repères chronologiques, puisque c’est le Commentaire à la Physique qui fournit la date de 517. D’autre part, les relevés de cours sont habituellement signalés par l’expression ἀπὸ φωνῆς ; la formule ἐκ τῶν συνουσιῶν ne paraît employée qu’à propos de [212] Philopon33 ; elle me semble supposer une plus grande liberté de la part du rédacteur, et cette vraisemblance s’accroît si l’on se rappelle que, dans plusieurs titres, se trouve l’addition : « avec des remarques personnelles34 ». Celle-ci montre clairement que Philopon était plus qu’un assistant chargé de l’édition des cours du maître. Et s’il est vrai qu’Ammonius aimait à se couvrir du nom de son disciple35, il devait attacher un bien grand prix à cette garantie pour supporter qu’elle entraînât des modifications dans l’édition officielle de ses cours36.
16[213] Revenons un moment au Commentaire à la Physique. Il ne mentionne pas Ammonius dans son titre, mais il le cite à trois reprises au moins sous le nom de ὁ φιλόσοφος37. Les trois citations se trouvent dans un passage du « corollaire sur le lieu » inclus dans le commentaire au quatrième livre. Philopon, après avoir exposé ses objections à la théorie aristotélicienne du lieu, rapporte — à l’imparfait — la réponse qu’y faisait Ammonius en faveur du Stagirite38. C’est là indubitablement la relation d’un incident qui, pendant une leçon, opposa le maître et l’élève39. Lors de la séance de cours, Philopon ne poussa pas les choses plus loin, mais, dans son Commentaire, il rédigea — au présent, cette fois — une instance que, pour l’une ou l’autre raison, il n’avait pas énoncée de vive voix40. On croira [214] difficilement qu’Ammonius ait admis des procédés d’une telle indépendance dans l’édition d’un de ses cours. On pensera plutôt que le Commentaire à la Physique est un travail personnel, fondé sur un cours d’Ammonius. Ainsi, en 517, Philopon ne jouait pas — ou ne jouait plus — le rôle que Saffrey veut lui assigner41.
17À plus forte raison ne le jouait-il plus en 529. D’ailleurs, à ce moment, il est fort probable qu’Ammonius n’était plus en vie ou que, du moins, il n’enseignait plus42. Quant au Contre Proclus, je ne pense pas que la date de sa parution, l’année même des mesures de Justinien, soit due au hasard43, mais j’ai peine à croire à l’explication proposée par Saffrey : l’œuvre de Philopon ne se donne nulle part pour une profession de foi collective, ce qui serait pourtant indispensable si elle devait engager tout l’école d’Alexandrie44.
18Supposé même que, sur tous ces points de détail, mes [215] remarques soient sans portée, il convient de s’arrêter aux considérations suivantes. Rien, dans les textes, n’indique qu’Ammonius ait jamais confié à Philopon le rôle que lui suppose Saffrey. En l’absence de toute preuve décisive, on admettra difficilement que ce maître, après avoir conclu une convention avec le patriarche, se fût résigné à se placer, dans une certaine mesure, sous la dépendance d’un de ses disciples. D’autre part, le monophysisme de Philopon45 en faisait éventuellement un garant acceptable pour les autorités ecclésiastiques d’Alexandrie, mais le rendait suspect aux yeux de Justinien, partisan de l’orthodoxie46. Ce n’est donc pas son influence qui aurait pu écarter de l’école d’Alexandrie les effets de l’interdit de 529. Au reste, il n’est pas vraisemblable qu’un simple ouvrage de polémique — comme était le Contre Proclus — pût avoir une telle puissance ; en fait, la législation impériale ne se contentait pas de défendre aux Païens d’enseigner, elle leur faisait un devoir de s’instruire dans la religion chrétienne et de recevoir le baptême, sous peine d’exil et de confiscation47.
19[216] Si donc l’école d’Alexandrie ne fut pas fermée comme celle d’Athènes, ce ne peut être grâce à Jean Philopon48. On supposera soit qu’en 529, aucun païen n’y enseignait plus49, soit que l’autorité centrale de Byzance, en cette occasion comme en beaucoup d’autres, ne put imposer sa volonté en Égypte50. Revenons maintenant au problème qui nous a entraîné à ce long examen critique. Philopon est plus qu’un simple rédacteur des cours d’Ammonius. Ses commentaires, encore qu’ils s’appuient sur les leçons de cet exégète, sont des œuvres originales. Ils sont peut-être le reflet de ses propres cours ; mais sur ce point, nous n’avons aucune certitude51. Il nous est donc impossible, par cette voie, de savoir si la technique employée dans deux Commentaires de Philopon remonte jusqu’à Ammonius. Seul, un examen direct des œuvres de ce dernier apporterait peut-être une solution à la question posée.
Notes de bas de page
1 Voir p. 90.
2 Gudeman A., « Joannes 21 », art. cit., 1769.
3 Voir les titres de Phil., In An. pr, 1, 1-4 ; In An. post., 1, 1-4 ; In De gen. et corr., 1, 1-4 ; In De an., 1, 1-3.
4 Il s’agit de In An. post., In De gen. et corr. et In De an.
5 Pour In Phys., voir CAG XVI-XVII, op. cit., p. v, n. 1 ainsi que 1, 1 sq. ; 194, 1 sq. ; 339, 1 sq. et 496, 1 sq. ; pour In Meteor., voir CAG XIV.1, 1, 1-3.
6 Pour In Phys., voir CAG XVII, Ind. verb., s.v. φιλόσοφος, p. 982, et Tannery P., « Sur la période finale de la philosophie grecque » p. 224 (leçon citée p. 117, n. 4). Pour In Meteor., voir CAG XIV.1, Ind. nom., s.v. Ἀμμώνιος, p. 152.
7 Busse A., CAG IV.4, op. cit., p. v sq.
8 Gudeman A., « Joannes 21 », art. cit., col. 1774.
9 Saffrey H.D., « Le Chrétien Jean Philopon », art. cit., p. 405 sq. Je ne reviendrai pas ici sur l’hypothèse de Beutler concernant le Commentaire au De anima ; j’ai dit plus haut ce que j’en pensais : voir p. 173 et 175. Je néglige aussi les études qui se contentent de noter que les Commentaires reposent sur les cours d’Ammonius, sans expliquer à quelle occasion ils ont vu le jour.
10 Voir pp. 82-83.
11 Gudeman A., « Joannes 21 », art. cit., col. 1766, 1773 et 1774.
12 Saffrey H.D., « Le Chrétien Jean Philopon », art. cit., p. 399 sq.
13 Ibid., p. 400 sq.
14 Ibid., p. 401 sq.
15 Ibid., p. 402.
16 Ibid., pp. 403-405.
17 Ibid., pp. 405-407.
18 Ibid., p. 408 sq.
19 Ibid., p. 401.
20 Beutler R., « Olympiodoros 13 », art. cit., col. 210. En général, pour ses Commentaires platoniciens, Olympiodore s’inspirait de Damascius : ibid., col. 207.
21 Voir p. 168. Sans doute, les dates que je propose là se fondent-elles sur celle du Commentaire aux Météorologiques et l’identité d’Olympiodore l’aristotélicien et de son homonyme platonicien n’est-elle par rigoureusement prouvée (voir p. 170) ; elle est cependant assez probable ; or, avant d’admettre l’hypothèse de Saffrey, il faudrait prouver qu’ils sont distincts et que le platonicien est antérieur de plusieurs dizaines d’années à l’aristotélicien.
22 Saffrey H.D., « Le Chrétien Jean Philopon », art. cit., p. 400, n. 3, à propos de Tannery P., « Sur la période finale de la philosophie grecque », art. cit., p. 226 sq.
23 Voir mon étude sur « Les Convictions religieuses de Jean Philopon », art. cit., p. 347 [ici p. 61].
24 Vancourt R., Les Derniers Commentateurs alexandrins d’Aristote, op. cit., p. 19, avait déjà vu la possibilité de ces deux motifs. Il ne semble pas penser que l’un exclue l’autre, et cela lui vaut un reproche — immérité, à mon avis — de la part de Bréhier É., « Vancourt R., Les Derniers Commentateurs alexandrins », art. cit, p. 94.
25 Vancourt R., Les Derniers Commentateurs alexandrins d’Aristote, op. cit., pp. 21-23 et 55-58, qui, ici, parle uniquement de christianisation, et É. Brehier, « Vancourt R., Les Derniers Commentateurs alexandrins d’Aristote », art. cit., qui parle de platonisation.
26 Voir Stein E., Histoire du Bas-Empire, op. cit., p. 161 et 165 sq.
27 Pour le lieu de naissance, voir l’étude ci-après Philopon. Contre Aristote, livre I-II, 1961, p. 200 [ici], où sont envisagés certains arguments dont Saffrey ne parle pas. Signalons d’autre part que Hermann Thomas, « Johannes Philoponus als Monophysit », Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft und die Kunde der älteren Kirche, 1930, vol. 29, p. 210, avait déjà vu que Philopon n’a rien de commun avec Jean de Césarée, et que cette fausse identification avait été faite par Hoerschelmann avant de l’être par Gudeman. Pour ses convictions religieuses, voir ce mémoire p. 201 [ici] et « Les Convictions religieuses de Jean Philopon », pp. 345-357 [ici pp. 59-69].
28 Tannery P., « Sur la période finale de la philosophie grecque », art. cit., p. 221 ; voir à ce sujet ma remarque dans « Les Convictions religieuses de Jean Philopon », art. cit., p. 60, n. 2. En fait, le mot Philopon est absent des titres de In An. pr., In De gen. et corr. et de In De an. Pour In Cat., il se trouve dans l’un des deux manuscrits utilisés pour l’édition des CAG et dans la seconde main de l’autre ; on le lit dans un des manuscrits de In Meteor. ; enfin, pour la Physique, il est attesté par la seconde main d’un manuscrit dans le titre du livre I et par la première main d’un autre manuscrit pour les livres III et IV.
29 Saffrey H.D., « Le Chrétien Jean Philopon », art. cit., p. 404 sq.
30 Ibid., p. 404, n. 5 (fin).
31 Ibid., p. 405.
32 Voir p. 187. Le père Saffrey ne souffle mot du Commentaire aux Météorologiques.
33 Ce sont en tout cas les seuls exemples cités par Richard M., « Ἀπὸ φωνῆς », art. cit., que l’on consultera pour le sens et la diffusion de l’expression ἀπὸ φωνῆς, et qui, à cause de la similitude d’emploi, a étudié aussi la formule ἐκ τῶν συνουσιῶν.
34 Voir p. 187. Saffrey H.D., « Le Chrétien Jean Philopon », art. cit., p. 405, signale ces additions, mais il n’en tire aucune conclusion ; il ne semble d’ailleurs pas faire de distinction entre ἀπὸ φῶνης et ἐκ τῶν συνουσιῶν. Pourtant, Richard M., « Ἀπὸ φωνῆς », art. cit., p. 193, sur qui il se fonde en cette matière, estime que la part personnelle de Jean Philopon dans l’élaboration des Commentaires est plus importante que celle d’Asclépius.
35 Comme le dit Saffrey H.D., « Le Chrétien Jean Philopon », art. cit., p. 106.
36 Si l’on supposait que cette garantie était exigée par des autorités, religieuses ou autres, on tomberait dans une autre difficulté : comment aurait-on permis un cours oral dont le relevé ne pouvait être publié qu’au prix de modifications plus ou moins considérables ? Notons d’autre part que, de l’aveu même de Saffrey H.D., « Le Chrétien Jean Philopon », art. cit., p. 405, Philopon n’était pas le seul éditeur d’Ammonius, et qu’Asclépius remplissait la même fonction. Il faut ajouter que les Commentaires connus sous le nom d’Ammonius sont des notes de cours rédigées par des élèves dont le nom ne nous est pas connu et qu’il en va de même pour ceux d’Olympiodore, d’Élias, de David et d’Étienne (voir Richard M., « Ἀπὸ φωνῆς », art. cit.). Si donc les Commentaires d’Ammonius ne sont pas écrits de sa main, ce n’est sans doute pas parce qu’il n’aimait pas écrire (comme le suggère Richard M., « Ἀπὸ φωνῆς », art. cit., p. 193) ni parce qu’il cherchait un garant (comme le dit Saffrey H.D., « Le Chrétien Jean Philopon », art. cit., p. 406), mais parce que c’était là le mode habituel de publication pour les cours.
37 Voir page 187, n. 6.
38 Phil., In Phys., 583, 13-29. Voici le début de ce texte : Ἀλλὰ γὰρ ταῦτα ἡμῶν τοῖς παρὰ τοῦ Ἀριστοτέλους περὶ τοῦ τόπου εἰρημένοις ἀντιλεγόντων ἔλεγεν ὁ φιλόσοφος ἀπολογούμενος, …
39 L’emploi de l’imparfait me paraît caractéristique à cet égard. Khostikian M., David der Philosoph, op. cit., p. 57, lui donne à propos de David une signification identique à celle que je propose ici.
40 Phil., In Phys., 583, 30 – 584, 4. Voici les éléments les plus caractéristiques de ce texte : Ἐγὼ δὲ πρὸς ταῦτὰ φημι, ὅτι […] Κἂν τὸ πιθανὸν εἶχεν ἴσως ἡ ἐπιχεὶρησις τοῦ φιλοσόφου, … πλασματώδης δείκνυται ἡ τοῦ φιλοσόφου ὑπὲρ Ἀριστοτέλους ἀπολογία.
41 Les remarques précédentes permettent en outre de supposer que, si le Commentaire est bien de 517, cela n’implique pas que le cours auquel il fait allusion soit de cette année.
42 Voir pp. 167-168.
43 J’en ai fait la remarque et j’ai suggéré une explication dans « Les Convictions religieuses de Jean Philopon », art. cit., p. 357 [ici p. 69].
44 J’ajoute que, sur la christianisation de l’école d’Alexandrie après Philopon, Saffrey se montre peut-être trop affirmatif : pour Olympiodore, voir Vancourt R., Les Derniers Commentateurs alexandrins d’Aristote, op. cit., p. 5. ; pour Élias et David, que la plupart des érudits donnent pour des chrétiens, voir cependant Busse A., CAG XVIII, I, op. cit., p. x, et Khostikian M., David der Philosoph, op. cit., pp. 58-61 (critiqué par Praechter K., « CAG XVIII.2 », art. cit., p. 209, n. 1 ; pour Étienne, voir Vancourt R., Les Derniers Commentateurs alexandrins d’Aristote, op. cit., p. 29 sq.).
45 Sur le monophysisme de Philopon, voir l’étude de Hermann T., « Johannes Philoponus als monophysit », art. cit.
46 Sur la politique religieuse de Justinien, voir Stein E., Histoire du Bas-Empire, op. cit., p. 369 sq., surtout p. 377.
47 Ibid., p. 370.
48 La confirmation que Saffrey H.D., « Le Chrétien Jean Philopon », art. cit., p. 408, n. 1, croit trouver dans Stein E., Histoire du Bas-Empire, op. cit., porte seulement sur la biographie de Philopon, mais non sur son rôle supposé auprès d’Ammonius.
49 On a vu, p. 168, qu’Ammonius n’a sans doute guère vécu au-delà de 529 et que l’identité de son successeur immédiat nous est inconnue.
50 Voir, à ce propos, Stein E., Histoire du Bas-Empire, op. cit., p. 373, avec la n. 1.
51 Tannery P., « Sur la période finale de la philosophie grecque », art. cit., p. 227, note que le successeur anonyme d’Ammonius est un contemporain de Philopon, mais, comme il ne voit aucun indice positif, il n’ose les identifier. Il suppose que Philopon remplit des fonctions enseignantes à Alexandrie, mais qu’il n’occupa peut-être qu’une chaire de littérature.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La théorie des catégories
Entre logique et ontologie
Arnaud Dewalque, Bruno Leclercq et Denis Seron (dir.)
2011
Charles Péguy
Note sur M. Bergson et Note conjointe sur M. Descartes
Charles Péguy Andrea Cavazzini et Jonathan Soskin (éd.)
2016
Les frontières de la mondialisation
Gestion des flux migratoires en régime néolibéral
Denis Pieret
2016
Enquête ouvrière et théorie critique
Enjeux et figures de la centralité ouvrière dans l’Italie des années 1960
Andrea Cavazzini
2013
Études philoponiennes
Philosopher à l’École d’Alexandrie
Étienne Évrard Marc-Antoine Gavray (éd.)
2020