Rachilde, écrivaine monstre

Vicky Gauthier

doi:10.4000/books.pulg.16585

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Rachilde, écrivaine monstre

Vicky Gauthier

p. 209-217

Extrait

1L’œuvre romanesque de Rachilde, née Marguerite Eymery (1860-1953), totalise près de quarante romans1. S’il y a un regain d’intérêt envers l’écrivaine depuis les années 1990 et 2000 du côté de la recherche anglophone nord-américaine, c’est surtout grâce au développement des théories sur le genre sexuel (gender studies), ce qui a eu pour effet qu’une partie des écrits de Rachilde a été sans cesse étudiée, spécifiquement ceux où il est question de l’identité sexuelle trouble, de l’inversion des genres et des perversions sexuelles qui en découlent — on songe notamment à Monsieur Vénus [1884]. Ces thèmes sont certes majeurs chez Rachilde, mais il serait réducteur d’y restreindre son œuvre, limitant du même coup sa contribution au sein du champ littéraire décadent ainsi que son écriture en elle-même.

2Parallèlement, les critiques, d’hier et d’aujourd’hui, fort sévères à l’endroit de celle que Maurice Barrès surnommait « Mademoiselle Baudelaire », qualifient son écriture de répétitiv

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1 Voir Vicky Gauthier, Le Roman monstre ou la poétique du monstrueux moral chez Rachilde, Thèse de doctorat, Université du Québec à Chicoutimi, 2018. [En ligne : https://constellation.uqac.ca/4721/]

2 Gérard Peylet, La Littérature fin de siècle de 1884 à 1898. Entre décadentisme et modernité, Paris, Vuibert, coll. « Thémathèque Lettres », 1994, p. 119. Peylet n’hésite pas à parler de résultats inégaux dans la production du roman fin-de-siècle, classant les meilleurs d’un côté (les hommes), « exprim[a]nt une crise personnelle, un drame intérieur », et, de l’autre, ceux qui « représentent la crise sans oser aller plus loin », où il ne nomme que Rachilde (la seule femme).

3 Mario Praz, La Chair, la mort et le diable dans la littérature du xix^e siècle. Le romantisme noir, Paris, Denoël, 1977, p. 290-291.

4 Sylvie Thorel-Cailleteau, La Tentation du livre sur rien. Naturalisme et décadence, Mont-de-Marsan, Éditions InterUniversitaires, 1994, p. 435.

5 Denis Mellier, L’Écriture de l’excès. Fiction fantastique et poétique de la terreur, Paris, Honoré Champion, 1999, p. 131. Désormais, j’emploierai ce terme dans le corps du texte sans référence et sans italique.

6 Plusieurs autres femmes célibataires monstrueuses rachildiennes ont ce côté contagieux irréversible, notamment Laure (L’Animale), Éliante (La Jongleuse), Renée (Nono), Marie-Louise (Madame de Lydone, assassin), Basine (Le Meneur de louves), Raoule (Monsieur Vénus), Sandou (La Fille inconnue), Sylvie (L’Autre crime), Léonie (L’Heure sexuelle), Madeleine (La Princesse des ténèbres), qui changeront à jamais ceux et celles qui croisent leur chemin (occasionnant, le plus souvent, leur mort, parfois leur folie).

7 Afin d’alléger le texte, les références à ce roman se feront dans le corps du texte avec le numéro de la page entre parenthèses et sous l’appellation PdT dans les notes de bas de page.

8 Lors de sa première rencontre avec Hunter, celui-ci lui dit qu’il « étai[t] revenu pour voir la maison ». Mais le roman n’insiste pas davantage et demeure vague, laissant place à interprétation (Rachilde, PdT, Paris, Calmann Lévy Éditeur, 1896, p. 15).

9 L’effet du regard de Madeleine sur le docteur est comparé à un « sortilège [qui] lui mor[d] la nuque, s’enfonc[e] en ses plus sensibles fibres, lui dévor[e] la cervelle », lui provoquant même une « douleur imaginaire » (Rachilde, PdT, op. cit., p. 171-172).

10 C’est d’ailleurs durant un examen médical que Sellier doit toucher la peau de Madeleine et se sent irrésistiblement « à sa merci » (ibid., p. 218-221).

11 En présence de Madeleine, Sellier est pris d’un « frisson involontaire » et avoue avoir « eu peur pour la première fois de [s]a vie » ; on trouve le même champ lexical lors des rencontres entre Hunter et Madeleine (ibid., p. 169 et 187).

12 Rachilde, Pourquoi je ne suis pas féministe, Paris, Éditions de France, coll. « Leurs raisons », 1928, p. 6 et 8.

13 Rachilde, Quand j’étais jeune, Paris, Mercure de France, 1947, p. 9.

14 Nathalie Prince, Les Célibataires du fantastique. Essai sur le personnage célibataire dans la littérature de la fin du xix^e siècle, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 355.

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Référence numérique du chapitre

Gauthier, V. (2020). Rachilde, écrivaine monstre. In Y. Kor, D. Plassard, & C. Saminadayar-Perrin (éds.), Littérature monstre (1‑). Presses universitaires de Liège. https://doi.org/10.4000/books.pulg.16760

Gauthier, Vicky. « Rachilde, écrivaine monstre ». In Littérature monstre, édité par Yanna Kor, Didier Plassard, et Corinne Saminadayar-Perrin. Liège: Presses universitaires de Liège, 2020. https://doi.org/10.4000/books.pulg.16760.

Gauthier, Vicky. « Rachilde, écrivaine monstre ». Littérature monstre, édité par Yanna Kor et al., Presses universitaires de Liège, 2020, https://doi.org/10.4000/books.pulg.16760.

Référence numérique du livre

Kor, Y., Plassard, D., & Saminadayar-Perrin, C. (éds.). (2020). Littérature monstre (1‑). Presses universitaires de Liège. https://doi.org/10.4000/books.pulg.16585

Kor, Yanna, Didier Plassard, et Corinne Saminadayar-Perrin, éd. Littérature monstre. Liège: Presses universitaires de Liège, 2020. https://doi.org/10.4000/books.pulg.16585.

Kor, Yanna, et al., éditeurs. Littérature monstre. Presses universitaires de Liège, 2020, https://doi.org/10.4000/books.pulg.16585.

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