L’importance de la matérialité Le rôle des petits autels, plaques et bases inscrits dans la compréhension des cultes pour les souverains

Stefano G. Caneva

p. 21-64

Résumé

This paper investigates the ritual and social functions of small inscribed objects (altars, plaques, blocks) in the diffusion of cultic honours for Hellenistic monarchs. By means of two case studies—the dedications to Arsinoe Philadelphos and those to the Attalid kings Attalos I and Eumenes II—the focus is placed on the advantages and methodological challenges of studying ritual activities for political leaders and their social agency by means of an interdisciplinary method combining the (limited, in this case) textual content of dedications with the material features of their support (palaeographic characteristics, material and form of supports) and, when available, with data concerning their archaeological context. The first objective of the contribution is to test the possibility of making inferences about ritual context and agency by drawing on a broad set of material data which may compensate the limited amount of information provided by the dedication as text. The second objective is more ambitious and consists in setting the study of Hellenistic ruler cults within a broad framework of investigation combining the small-scale perspective of the choices made by ritual agents in a specific sanctuary or private space with the wider socio-political, economic and environmental background in which such initiatives are embedded. The impact of availability of local stone and imported marble on the choices of ritual agents, the appearance of papyrus-related cursive features in private dedications, and the relationship between the shape and function of inscribed blocks are some of the topics by which a material-based approach may contribute to a better understanding of the ritual practicalities of ruler cults and their social agency. A final section is devoted to a comparative analysis of the two selected case studies, aiming to interpret their specific features against the broader historical background of 3rd and 2nd-cent. Aegean sea and Asia Minor.

Note de l’éditeur

Cette étude a beaucoup profité de deux périodes de recherche à Chypre (2016) et à Santorini (2018) dans les cadres d’une bourse Marie Curie Piscopia à l’Université de Padoue et d’un mandat de chargé de recherche du FNRS à l’Université de Liège. Le séjour à Santorini a été cofinancé par une bourse de la European Association of Digital Humanities destinée à soutenir la récolte de données numériques et géo-référencées pour le projet PHRC. Dans cet article, le sigle PHRC + numéro se réfère aux textes déjà mis en ligne sur la plateforme www.phrc.it au moment de la publication de ce volume. Je tiens à exprimer ma gratitude au Prof. Pavlos Flourentzos du Département des Antiquités de Chypre pour m’avoir permis d’étudier l’autel cylindrique d’Arsinoé trouvé dans la ville basse d’Amathonte. Je désire aussi remercier le Prof. Thomas Cramer de l’Universidad Nacional de Colombia ainsi que le Prof. Felix Pirson et les Dr. Seçil Tezer Altay, Joachim Heiden et Bernhard Ludwig du DAI Istanbul pour avoir discuté avec moi des détails de l’archéologie de Pergame.


Extrait

Introduction

1Au printemps 197 av. J.-C., suivant le mouvement vers l’ouest de la campagne militaire d’Antiochos III contre les positions ptolémaïques dans le sud de l’Asie Mineure, le stratège et archiereus de Koilè Syrie et Phénicie, Ptolémaios fils de Thraséas, dédia dans le gymnase de la cité cilicienne de Soloi, qui venait d’être soustraite au contrôle lagide, une plaque en marbre (32,5 × 50 × 5 cm ; Fig. 1) à Hermès, Héraclès et au Grand Roi Antiochos1. Selon J. Ma, cette plaque, aujourd’hui exposée dans la cour de l’École française d’Athènes, était à l’origine la surface inscrite d’un bloc, sciée à l’époque moderne pour en permettre le transport de Mersin à Athènes2. La pierre pourrait dès lors appartenir à une base de statue, à un autel, ou encore à un bloc architectural.

Fig. 1

Image

2La mention des dieux Hermès et Héraclès renvoie à la tradition cultuelle des gymnases. Le choix, de la part de Ptolémaios, d’ajouter le nom du roi dans cette dédicace se justifie en premier lie

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