Chapitre 4

Esthétique : une éducation du regard

p. 95-108


Extrait

Le sentiment de la nature

1Élisée Reclus est conscient de l’incessante transformation de la Terre par les êtres humains, considérés comme des « agents géologiques ». Mais cette transformation peut être belle ou laide : pour lui, habiter la Terre signifie embellir la nature de manière à ne pas la rendre inhabitable1. Cela suppose un « sentiment de la nature », une sensibilité apte à en saisir la beauté et qui engage une éducation esthétique. Ainsi, ce « sentiment de la nature, comme le goût des arts, se développe par l’éducation2 ». Mais Reclus ajoute une précision : « Toutefois, si l’éducation peut faire apprécier la nature à ceux qui n’en comprenaient pas encore le charme profond, elle peut aussi, lorsqu’elle est faussée, dépraver le goût et donner du beau des idées monstrueuses et ridicules3. »

2Nous avons vu dans l’examen du ruisseau que Reclus défendait sa beauté contre une vision utilitariste, ce à quoi pourrait mener une éducation « faussée ». En effet, il regrette que la beau

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