Séparation, mélange, contamination : une symbolique de l’influence

1Jean-Paul Goujon insiste, dans la préface de la réédition des œuvres complètes de Renée Vivien qu’il publie en 1986, sur la multiplicité et la variété des influences littéraires qui se rencontrent dans sa poésie. Dressant une généalogie des auteurs ayant inspiré son œuvre, il évoque d’abord Sappho, puis « l’idéalisme amoureux et mystique de Dante », « Pétrarque et les Troubadours » ainsi que « Ronsard et Chénier », avant d’établir une liste d’auteurs du xix^e siècle :

On mentionnera également Péladan, Barrès, Judith Gautier, Lorrain, Rodenbach et Villiers de l’Isle‑Adam. Ce qui a été conservé de sa bibliothèque nous montre qu’elle lisait aussi Gautier, Taine, Mallarmé, d’Annunzio, Flaubert, Goncourt, Lewis Carroll, Leopardi, Nietzsche1.

2L’œuvre de la poétesse est tout à fait représentative de l’esthétique du tournant du siècle, période tendue entre les enseignements néoclassiques et symbolistes, l’idéalisme, la persistance réaliste et l’émergence du naturisme. On retrouve au cœur d