1Les enquêtes réalisées au Brésil et en Suisse dans le cadre de la recherche Redisco donnent à voir d’autres contextes et pratiques rendant les particularités françaises plus saillantes tout en mettant au jour des invariants.
2Une enquête exploratoire a été faite au dernier trimestre 2015 afin de vérifier sa faisabilité et de tester le guide d’entretien ; l’enquête approfondie s’est déroulée de 2016 à 2020.
3Des résultats plus complets sur les établissements privés sous contrat ont été publiés dans la revue Diversité (no 201, décembre 2022).
4Voir la présentation des auteurs en fin d’ouvrage.
5Cela dit, si la France est le pays le plus touché d’Europe, très peu de pays européens ont été épargnés entre 2012 et 2020.
6Cité par Sylvia Zappi, « Le Printemps républicain veut se lancer en politique et peser sur la présidentielle », Le Monde, 30 novembre 2019.
7Les questions du port du voile islamique à l’école, des repas sans viande ou sans porc à la cantine, de l’accompagnement des sorties scolaires par des mères voilées en sont quelques exemples.
9L’enquête Redisco s’inscrit aussi dans une politique de laboratoire. L’axe 2 du laboratoire Éducation, Cultures, Politiques (ECP) étudie les conditions et modalités de création et d’existence d’un « monde commun » en prenant en compte à la fois les politiques publiques et les pratiques des acteurs, examinant la façon dont les deux, articulées de façon parfois conflictuelle, construisent une action publique éducative aux effets contrastés.
10Le Système d’information et de vigilance sur la sécurité scolaire (SIVIS) recueille, depuis 2007, des données sur les incidents graves via les chefs d’établissement. Il permet de repérer les actes à caractère discriminatoire (racistes, xénophobes ou antisémites) ; en ligne : www.education.gouv.fr/les-enquetes-nationales-de-climat-scolaire-et-de-victimation-323459 (avril 2023). En 2020-2021 et 2021-2022, les atteintes à la laïcité représentent 2 % des incidents graves dans les collèges et lycées.
11Notons qu’une fiche est réservée aux « discriminations subies par des élèves en milieu professionnel pour des motifs racistes / antisémites » (p. 59), situation fréquemment signalée lors de la partie de notre enquête dans les lycées professionnels.
13Concept popularisé par Meirieu, qu’il définit ainsi : « Une postulation fondatrice de la possibilité même d’éduquer, et cela simplement d’abord du point de vue logique. Sans cette postulation, l’entreprise serait totalement dérisoire, complètement vaine et, plus radicalement, impossible. » (2016, p. 25) Ce postulat éloigné des théories du capital humain et de l’éducation comme investissement mesurable a des conséquences éthiques et morales relatives aux pratiques professionnelles.
14Ainsi, la laïcité française, dans bon nombre de discours, vise à donner accès à la liberté de pensée comme moyen d’émancipation de toute croyance religieuse et d’être ainsi membre de la communauté des citoyens œuvrant pour le bien commun. Ce n’est donc pas seulement la liberté de choisir ses croyances, mais de les choisir conformément au projet politique républicain affiché (intérêt général, autonomie voire émancipation). Cela est différent d’une conception libérale.
15L’émergence d’un principe de justice liée à la reconnaissance des spécificités de l’individu (pas seulement religieuses) est en France, en milieu scolaire, plutôt associée au respect d’un besoin et d’un droit individuel dans une logique libérale, comme le montre notre enquête.
16Dans le sillage de la pragmatique linguistique de John L. Austin (1991) et de John R. Searle (2009) et dans le cadre d’une théorie de l’action, les « actes de langage » peuvent être considérés comme des actions, associant langage ordinaire et situations, et pouvant, par l’analyse du discours, donner accès aux intentions des locuteurs. Cette théorie présuppose cependant une transparence et un accès à l’altérité dans l’interaction, ce qui peut être un biais (Gadamer, 1996). Ce dernier est toutefois limité par le milieu professionnel de l’enquête, socialement assez proche des enquêteurs, même si les interactions avec des enseignants contractuels d’origine étrangère et les engagements religieux ou politiques de certains enquêtés ont montré qu’il n’était pas nul.
17Il s’agit d’un outil élaboré par l’Éducation nationale et destiné aux chefs d’établissement, leur donnant accès à des données statistiques sur leur collège ou lycée (effectifs, catégories socio-professionnelles des familles, nombre de redoublants, etc.).
18Ce fut l’un des intérêts de la nature pluricatégorielle de l’équipe de recherche qui a bénéficié de séminaires scientifiques réguliers (avec des intervenants extérieurs) et de réunions de coordination (plénière et par académie) qui ont permis la construction d’une culture scientifique commune et la régulation de l’activité collective. Ainsi, outre l’élaboration collective des outils de recueil et de traitement des données, de nouvelles questions et solutions ont émergé des échanges pour résoudre des questions méthodologiques ; les résultats ont été débattus et stabilisés.
19Les « fiches à chaud » rédigées par les enquêteurs après leur passage dans un établissement donnaient des informations sur celui-ci, sur les personnes rencontrées, celles à rencontrer, sur d’éventuelles nouvelles données à recueillir, sur des ressentis et ébauches d’analyse. Ces fiches ont été un outil de coordination pour les doublettes qui enquêtaient dans chaque établissement (sauf exception où un seul enquêteur était présent).
20Une déléguée adjointe à la DILCRAH, un proviseur vie scolaire référent laïcité de son académie, deux chefs d’établissement (collège et lycée), le chef de bureau à la direction de la ville et de la cohésion urbaine du Bureau de la prévention et de la lutte contre les discriminations, un délégué du préfet à l’égalité des chances, la directrice de l’Institut européen en sciences des religions, un responsable départemental de l’association Les Francas, un inspecteur d’académie de philosophie référent laïcité de son académie.
21Tous les prénoms, noms de personnes et de lieux issus des données de l’enquête sont anonymisés dans l’ensemble de l’ouvrage.
22Les personnels encadrants, de vie scolaire et de santé représentent 25 % des enquêtés.
23Seuls les entretiens ne comportant aucune information sur l’objet d’étude n’ont pas été transcrits : personnel trop récemment arrivé ou qui n’identifiait aucune situation à décrire ou décrivait des situations qui n’avaient rien à voir malgré les relances des enquêteurs comme certains enseignants d’établissements favorisés, selon les critères de la DEPP, et du privé sous contrat.
24L’enquête a concerné des établissements privés sous contrat catholiques, musulmans, juifs et protestants. L’ouvrage traite des établissements catholiques, les plus nombreux en France.
