Corruption, ancrages culturels et structures socio-économiques

1Le problème de la corruption, en ce qui concerne son ampleur, ses lieux (institutions et secteurs) et ses acteurs, fait consensus. Je voudrais toutefois commencer mon propos par le survol – de type phénoménologique – de trois registres sur lesquels se déroulent les pratiques de corruption, mais ce ne sont pas tant les pratiques qui nous importent, que les discours sur ces pratiques, en vue de mieux faire percevoir la corruption à la fois comme fait social et phénomène culturel en Haïti.

2J’essaierai de montrer le rapport étroit qui existe entre la corruption et la nature de l’État, et plus précisément en quoi la corruption révèle la nature de l’État haïtien. Mais, là encore, cette hypothèse peut paraître insuffisante et même presque superficielle, car depuis son ancrage dans l’État, la corruption finit par atteindre le niveau d’« habitus » au sens de pratiques sédimentées et inscrites dans les comportements individuels et collectifs et qui influent sur tous les secteurs de la v