1 Ce chapitre reprend des éléments de l’article de Laënnec Hurbon, « Les croyances aux “esprits” et la production du symbolique dans la Caraïbe », dans Anna Paola Mossetto (dir.), I colori dello spirito, Bologne, Cooperativa Libraria Universitaria Editrice Bologna, 2000, vol. 3, p. 61-82.

2 Voir la notice « Spiritualité » dans André Derville, Paul Lamarche & Aimé Solignac (dir.), Dictionnaire de spiritualité ascétique et mystique : doctrine et histoire, Paris, Beauchesne, 1980, vol. 14.

3 On consultera ici les pages éclairantes de Michel de Certeau sur la mutation religieuse à l’âge classique : Michel de Certeau, L’Écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1975, p. 132 et suiv. ; de même, Leszek Kolakowski, Chrétiens sans Église : la conscience religieuse au xvii^e siècle, Anna Posner (trad.), Paris, Gallimard, 1965, p. 798 et suiv., montre bien l’opposition produite à la fin du xvi^e siècle entre la religion de la Grâce et la religion de la Loi et donc la fin de la « religiosité organisée ».

4 Saint Augustin, Les Confessions, Paris, Flammarion, 2008.

5 Paul Ricœur, La Mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Éditions du Seuil, 2000, p. 117 : « Ce n’est donc pas encore la conscience et le soi, ni non plus le sujet qu’Augustin décrit et honore, mais c’est déjà l’homme intérieur se souvenant de lui-même. » Je reprends cependant plus loin les éléments de critique de la vision augustinienne du spirituel proposés par Hans Blumenberg, La Légitimité des temps modernes [1966], Marc Sagnol, Jean-Louis Schlegel & Denis Trierweiler (trad.), Paris, Gallimard, 1999, p. 322-325 : il explique en effet le problème de l’expérience intérieure à partir de la conjonction entre la mémoire et la curiosité qu’on retrouve dans les Confessions. L’âme, dit Blumenberg, « accomplit sa destination essentielle » par son articulation à l’esprit divin, comme partie du monde, elle est affaiblie et ne peut trouver sa satisfaction dans les choses, dans la multiplicité, dans la vie intramondaine. Or c’est bien sous l’influence de la gnose manichéenne que saint Augustin comprend la pérégrination des âmes comme la sortie hors de la prison du monde.

6 Michel de Certeau, L’Écriture de l’histoire, op. cit., p 142.

7 Voir les réflexions de Carmen Bernand & Serge Gruzinski, De l’idolâtrie : une archéologie des sciences humaines, Paris, Éditions du Seuil, 1988, sur la notion d’idolâtrie dans l’œuvre de Las Casas et sa longue fortune dans la littérature ethnologique et dans les sciences religieuses. De même, on se reportera à l’ouvrage de Serge Gruzinski, La Guerre des images de Christophe Collomb à Blade Runner (1492-2019), Paris, Fayard, 1990. J’ai également tenté de reprendre ce débat dans la production du barbare à partir du xvi^e siècle, dans Laënnec Hurbon, Le Barbare imaginaire, Paris, Éditions du Cerf, 1988.

8 Marcel Griaule, Dieu d’eau : entretiens avec Ogotemmeli, Paris, Éditions du Chêne, 1948.

9 Marcel Mauss, « Essai sur le don » [1925], dans Sociologie et anthropologie, Paris, Presses universitaires de France, 1950.

10 Voir la remarquable étude de Camille Tarot, De Durkheim à Mauss, l’invention du symbolique : sociologie et science des religions, Paris, La Découverte / MAUSS, 1999. « L’immense fécondité, écrit Tarot dans sa conclusion, de la lecture structuraliste et l’effet de reflux qu’elle exerce sur son propre passé ne doivent pas nous séduire au point de faire oublier le moment et le lieu propres où Mauss travaille », à savoir la question du don et du symbolique « comme le cap qu’il fait prendre à sa sociologie et à l’anthropologie » (p. 615).

11 Henri Meschonnic, Le Signe et le poème, Paris, Gallimard, 1975, p. 294. Plus loin, il esquisse une critique des thèses d’Ernst Cassirer que je fais mienne : « Cassirer fait de la théorie du signe une projection d’une théorie générique de l’homme, d’où la place généralement seconde de la théorie du langage par rapport à la philosophie de l’être. Faisant du langage pris comme l’une des formes symboliques, un constituant de la culture, ce rationalisme est un substitut semi-historique du discours du mythe » (p. 302). Voir aussi Marcel Detienne, L’Invention de la mythologie, Paris, Gallimard, 1981, p. 198 et suiv.

12 Paul Ricœur, Temps et récit, 3. Le Temps raconté, Paris, Éditions du Seuil, 1985, p. 349. L’étude est approfondie dans Paul Ricœur, Soi-même comme un autre, Paris, Éditions du Seuil, 1990.

13 Melville Herskovits, L’Héritage du Noir : mythe et réalité [1941], Arnold Grémy (trad.), Paris, Présence africaine, 1966.

14 Roger Bastide, Le Candomblé de Bahia (rite nagô), Paris, Mouton, 1958.

15 Ibid., p. 56.

16 Maurice Halbwachs, Les Cadres sociaux de la mémoire [1925], Paris / La Haye, Mouton & Co, 1975.

17 Édouard Glissant, Le Discours antillais, Paris, Éditions du Seuil, 1981.

18 Jean Fouchard, Les Marrons de la liberté, Paris, Éditions de l’École, 1972.

19 Gabriel Debien, Les Esclaves aux Antilles françaises, Basse-Terre / Fort-de-France, Société d’histoire de la Guadeloupe / Société d’histoire de la Martinique, 1974.

20 Richard Price & Sally Price, Les Marrons, La Roque d’Anthéron, Éditions Vents d’ailleurs, 2003.

21 Sidney Wilfred Mintz & Irving Rouse (dir.), Papers in Caribbean Anthropology: Yale University Publications in Anthropology, no. 57-64, New Haven, Literary Licensing, 2011.

22 Angel Quintero Rivera, ¡ Salsa, sabor y control ! sociología de la música « tropical », Mexico / Madrid, Siglo XXI, 1998.

23 Michel Leiris, Contacts de civilisation en Martinique et en Guadeloupe, Paris, Gallimard, 1955.

24 Gilbert Rouget, La Musique et la transe : esquisse d’une théorie générale des relations entre la musique et la possession, Paris, Gallimard, 1980.

25 Alejo Carpentier, Le Royaume de ce monde, René L. F. Durand (trad.), Paris, Gallimard, 1983.

26 Fernando Ortiz, Los negros curros, La Havane, Editorial de Ciencias Sociales, 1986.

27 Jean-Baptiste Labat, Nouveaux voyages aux isles françoises de l’Amérique, Fort-de-France, Éditions des Horizons Caraïbes, 1972, p. 401-402.

28 Louis Mars, Témoignages : essai ethnopsychologique, Madrid, s. n., 1966.

29 Sur le déficit de citoyenneté aux Antilles francophones (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Haïti), voir les réflexions de Mickaëlla Perina, Citoyenneté et sujétion aux Antilles francophones, Paris, L’Harmattan, 1997, sur le postesclavage et l’aspiration démocratique.

30 André Malraux, Antimémoires, Paris, Gallimard, 1972, p. 366. Voir aussi André Malraux, L’Intemporel, Paris, Gallimard, 1976.