1 Ce chapitre reprend des éléments de l’article de Laënnec Hurbon, « Esclavage, femmes et religions », dans Christiane Veauvy, Marguerite Rollinde & Mireille Azzoug (dir.), Les Femmes entre violence et stratégies de liberté : Maghreb et Europe du Sud, Paris, Bouchène, 2004.
2 Citée par Françoise Héritier, Masculin / féminin : la pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 208. Les Selk’nam étaient une peuplade de la Terre de Feu actuellement disparue. L’ethnologue Anne Chapman a pu effectuer des entretiens avec les deux dernières femmes de cette tribu dans les années 1960.
3 Cependant les mouvements féministes ont commencé beaucoup plus tôt. Voir par exemple, sur la genèse du féminisme aux États-Unis, Françoise Basch, « Droits des femmes américaines : genèse et naissance », dans Alain Corbin, Jacqueline Lalouette & Michèle Riot-Sarcey (dir.), Femmes dans la cité, 1815-1871, Paris, Creaphis, 1997, p. 537-555. Sur les luttes féministes actuelles et l’espace public, voir Christiane Veauvy (dir.), Les Femmes dans l’espace public : itinéraires français et italiens, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2004.
4 Françoise Duroux, Antigone encore, les femmes et la loi, Paris, Côté-femmes, 1993, p. 15.
5 Ibid., p. 75-76.
6 Eleni Varikas, « L’institution embarrassante : silences de l’esclavage dans la genèse de la liberté moderne », Raisons politiques, no 11, 2003, p. 81-96. Elle rejoint le point de vue que je soutenais en 1993 dans l’article « Esclavage moderne et État de droit », dans Laënnec Hurbon, Pour une sociologie d’Haïti au xxie siècle : la démocratie introuvable, Paris, Karthala, 2001. David Brion Davis, dans The Problem of Slavery in Western Culture [1966], Ithaca, Cornell University Press, 1969, avait bien relevé cette place paradoxale de l’esclavage dans la philosophie moderne en Europe. L’ouvrage d’Yves Benot, La Modernité de l’esclavage : essai sur la servitude au cœur du capitalisme, Paris, La Découverte, 2003, pose la même question. En ce qui concerne les femmes, voir Thomas W. Laqueur, La Fabrique du sexe : essai sur le corps et le genre en Occident, Paris, Gallimard, 2013, où il souligne comment les théories du contrat social ont été le plus souvent « une affaire d’hommes » et ont fait passer pour « naturel, le monde réel de la mâle domination de la femme » (p. 224-225).
7 Claude Meillassoux, Anthropologie de l’esclavage, le ventre de fer et d’argent, Paris, Presses universitaires de France, 1986.
8 Orlando Patterson, Slavery and Social Death: a Comparative Study, Cambridge, Harvard University Press, 1982.
9 Alain Testart, L’Esclavage, la dette et le pouvoir : essai de sociologie comparative, Paris, Errance, 2001.
10 Louis Sala-Molins, Le Code noir ou le calvaire de Canaan, Paris, Presses universitaires de France, 1987, p. 9.
11 Code noir, article 58 sur l’obsequium : « Commandons aux affranchis de porter un respect singulier à leurs anciens maîtres, à leurs veuves et à leurs enfants ; en sorte que l’injure qu’ils leur auront faite soit punie plus grièvement, que si elle était faite à une autre personne. » Cité par Louis Sala-Molins, ibid., p. 198.
12 Orlando Patterson, Slavery and Social Death, op. cit.
13 Françoise Duroux, Antigone encore, op. cit., p. 75.
14 Ibid.
15 Je reprends ici les informations présentées par Alain Testart, L’Esclavage, la dette et le pouvoir, op. cit., p. 176 et 186.
16 « Nous parlons de prix de la fiancée avec retour dans le cas où le beau-père retourne au gendre des biens de valeur équivalente et de prix de la fiancée sans retour dans le cas contraire. » Alain Testart et al., « Prix de la fiancée et esclavage pour dettes », Études rurales, no 159-160, 2001, p. 9-34.
17 Voir Francine Shields, « Women and Slavery in Historical Context: the Yoruba Area in the Nineteenth Century », dans Paul Lovejoy (dir.), Identifying Enslaved Africans: the Nigerian Hinterland and the African Diaspora, Toronto, York University, 1997, p. 759-780 ; et Paola Tabet, La Construction sociale de l’inégalité des sexes : des outils et des corps, Paris, L’Harmattan, 1998.
18 Françoise Héritier, Masculin / féminin, op. cit., p. 219 : « Toutes les sociétés n’ont pas élaboré de mythologies à proprement parler pour “fonder” la domination masculine, lui donner sens. Mais toutes ont un discours idéologique, un corps de pensée symbolique qui a cette même fonction de justifier la suprématie de l’homme aux yeux de tous les membres de la société, à ceux des femmes comme à ceux des hommes, car les uns et les autres participent par définition de la même idéologie, inculquée dès l’enfance. »
19 Les citations bibliques sont toutes issues de la traduction de la Bible de Jérusalem.
20 Rosine Lambin, « Paul et le voile des femmes », Clio : Histoire, femmes et société, no 2, 1995, p. 60-84. Alain Badiou, Saint Paul : la fondation de l’universalisme, Paris, Presses universitaires de France, 1997, a proposé une autre analyse plus positive et plus optimiste du célèbre verset de l’Épître aux Galates, en montrant le caractère clairement universaliste du point de vue de Paul. Cela n’empêche pas, cependant, que ce dernier ait été conduit à une certaine prudence par rapport à la réalité d’exclusion vécue dans le quotidien par les femmes comme par les esclaves.
21 Mansour Fahmy, La Condition de la femme dans l’islam [1913], Paris, Éditions Allia, 2002.
22 Ibid., p. 91.
23 Ibid. Il faut ajouter que, pour Fahmy, « la fréquence des mariages est due à une réaction contre la réclusion trop strictement pratiquée des femmes libres », p. 92. Mais plus loin, il précise que l’époque des Abbassides fut « le règne des belles esclaves » et que la femme esclave était recherchée comme « marchandise » ou « propriété restrictive, le jus utendi et abutendi », p. 93.
24 Je m’appuie ici sur les remarques de Jean-Marie Pailler sur le rôle des femmes dans la Rome républicaine : Jean-Marie Pailler, « Marginales et exemplaires : remarques sur quelques aspects du rôle religieux des femmes dans la Rome républicaine », Clio : Histoire, femmes et sociétés, no 2, 1995, p. 41-60.
25 Voir les suggestions de Françoise Basch sur les aspects utopiques des mouvements féministes qui naissent au xixe siècle aux États-Unis à la recherche d’un nouvel ordre social : Françoise Basch, « Droits des femmes américaines », art. cité, p. 539.
26 Sur les liens entre femmes et esclavage au xixe siècle, voir Anne-Marie Kappeli, « Scènes féministes », dans Georges Duby & Michèle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, Paris, Plon, 1991, p. 495-525. Voir également Olympe de Gouges, Écrits politiques, 1788-1791, Paris, Côté-femmes, 1993, ou ses textes repris dans Christiane Veauvy & Laura Pisano, Paroles oubliées : les femmes et la construction de l’État-nation en France et en Italie (1789-1860), Paris, Armand Colin, 1997.
27 Françoise Basch, « Droits des femmes américaines », art. cité.
28 Nicole Toulis Rodriguez, Believing Identity: Pentecostalism and the Mediation of Jamaican Ethnicity and Gender in England, Oxford / Londres, Berg, 1997.
29 Voir les travaux de Jean-Michel Deveau, Femmes et esclaves, d’hier à aujourd’hui, Paris, France-Empire, 1998 ; et d’Arlette Gauthier, Les Sœurs de Solitude, Paris, Éditions caribéennes, 1985 ; et « La double descendance de Solitude », dans Marcel Dorigny & Yves Bénot (dir.), 1802, rétablissement de l’esclavage dans les colonies : aux origines de Haïti, Paris, Maisonneuve et Larose, 2003, p. 305-318.