Désordres dans le maintien de l’ordre
p. 209-222
Texte intégral
1Lorsque le mouvement des Gilets jaunes (GJ) apparaît en France, le 17 novembre 2018, le maintien de l’ordre français connaît déjà des tensions internes. Différents rapports et documents publiés à partir de 2015 avaient ainsi souligné plusieurs problèmes relatifs à la façon dont les policiers et les gendarmes maintiennent l’ordre en France1. L’usage d’armes dangereuses pour l’intégrité physique des manifestants, une chaîne de commandement parfois dysfonctionnelle, l’incapacité à entretenir un dialogue avec les différentes composantes de la foule manifestante, etc., ont notamment été pointés du doigt. Au moment où éclate la crise des GJ, une incertitude pèse donc déjà sur le maintien de l’ordre français en tant que modèle policier devant accompagner la « pacification tendancielle des conflits » sociaux (Fillieule & Tartakowsky, 2013, p. 149). Et les formes prises par ce mouvement social, en raison de leur caractère souvent inédit, ont pu contribuer à renforcer cette incertitude : les cortèges de GJ, sans véritables leaders ou organisations, ont, semaine après semaine, ciblé les bâtiments officiels et tenté de paralyser la vie économique du pays, transformant de fait le moment manifestant (Favre, 1990) en terrain d’affrontement pour les manifestants les plus virulents et les forces de l’ordre chargées de ramener le calme. Lancé à l’automne 2018 autour de la lutte contre une taxe sur les carburants, le mouvement des GJ a duré plusieurs mois et est parvenu à révéler les faiblesses structurelles de la police des foules en France2.
2Comment expliquer les difficultés rencontrées par les forces de l’ordre pour maintenir l’ordre durant ces quelques mois ? Dans ce chapitre, je me propose de saisir et d’analyser le point de vue policier sur le mouvement des GJ. Cela revient à essayer de comprendre comment les concepteurs des dispositifs de maintien de l’ordre (principalement les préfets et les directeurs départementaux de la sécurité publique) ont dû faire face et s’adapter aux formes prises par ce mouvement social. Dit autrement, il s’agit d’accéder à la réflexivité étatique – au niveau des départements – au sujet du maintien de l’ordre pendant le mouvement des GJ. Pour ce faire, une série d’entretiens a été menée, au cours du second semestre de l’année 2019 et du premier semestre de l’année 2020, auprès d’acteurs impliqués dans la conception et la conduite des dispositifs de maintien de l’ordre : cela inclut notamment des préfets (au nombre de 5), des directeurs de cabinet en préfecture (6) et des directeurs départementaux de la sécurité publique (14)3. Des policiers et des gendarmes travaillant dans les directions centrales de leur institution respective ont aussi été interrogés (5)4. Cette campagne d’entretiens a été complétée par le recueil de documents administratifs divers (arrêtés préfectoraux, circulaires du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Justice, etc.) et par une lecture attentive de la presse locale et nationale5. Les différents matériaux recueillis permettent d’accéder, dans une perspective de science politique, au point de vue des décideurs en matière d’ordre public et donnent à voir la manière dont ceux-ci mettent en application, localement, les textes juridiques et les principes qui encadrent le maintien de l’ordre en France.
L’ordre public troublé par les Gilets jaunes
3À proprement parler, même si certains épisodes de l’hiver 2018-2019 ont profondément marqué les esprits – on pense par exemple à l’intrusion dans l’Arc de triomphe le 1er décembre 2018 –, il paraît difficile de considérer que le mouvement des Gilets jaunes correspond à un niveau de violence rarement atteint en manifestation. La résurgence ces dernières années d’une culture politique révolutionnaire autonome (Patinaux, 2017) et les pratiques violentes qui lui sont associées lui sont ainsi antérieures. S’il fallait identifier le début d’un nouveau cycle de manifestations violentes, il faudrait sans doute regarder quelques années en arrière. Les affrontements et les dégradations qui sont intervenus lors du mouvement des GJ sont ainsi à replacer dans une séquence de contestation, dont les luttes sur les « zones à défendre » (ZAD)6 – Notre-Dame-des-Landes en 2012 et 2018, Sivens en 2014 –, le mouvement contre la loi Travail en 2016 ou les manifestations des 1er mai 2017 et 2018 constituent les étapes précédentes. Les spécificités du mouvement des GJ et les difficultés que cela implique pour maintenir l’ordre sont donc à chercher dans d’autres directions que celle d’une éruption de violence inattendue.
Un mouvement peu disposé à respecter les règles de la manifestation
4Ce qui distingue fondamentalement le mouvement des Gilets jaunes des mouvements sociaux qui l’ont précédé dans la période récente, c’est qu’il ne correspond pas au « public habituel7 » qui descend dans la rue pour manifester. Et cela peut expliquer une bonne part des difficultés rencontrées par les forces de l’ordre pour encadrer le mouvement. S’il convient de ne pas l’homogénéiser, il reste indéniable que nombre de participants étaient peu habitués à investir l’espace public pour manifester et peu au fait des normes qui régissent ce répertoire d’action (Collectif d’enquête sur les Gilets jaunes, 2019). Par conséquent, alors que le maintien de l’ordre français se fonde en grande partie sur l’anticipation et la négociation avec les organisateurs de manifestation (Fillieule, 1997), ce principe a été grandement mis à mal. Bien souvent, les préfets éprouvaient des difficultés à prévoir les rassemblements et les déplacements des GJ car ceux-ci ne déclaraient pas leurs manifestations, d’abord par ignorance de cette règle8, puis par refus de discuter avec les représentants de l’État. À Dijon par exemple, sur 52 « actes » des GJ, la préfecture n’a reçu que deux déclarations de manifestation. Et, aux dires des préfets, les rares GJ acceptant de jouer le jeu de la déclaration sont souvent des leaders autoproclamés à qui les autres manifestants ne reconnaissent aucune légitimité.
5D’autre part, le mouvement n’est pas homogène, même localement, et des tensions ou des conflits peuvent apparaître au sein des collectifs de GJ (Aldrin et al., 2019, p. 172-174). Ces dissensions complexifient le travail des services de renseignement – auxquels revient la tâche de recueillir les informations avant chaque manifestation –, qui doivent composer avec des informations contradictoires ; il leur est alors compliqué d’estimer le nombre de manifestants, ainsi que de connaître leurs objectifs et le parcours qu’ils comptent suivre. Cette opacité des buts des GJ est renforcée par le fait que beaucoup de collectifs s’organisent dans des groupes fermés sur les réseaux sociaux ou sur des messageries cryptées. Et comme les cortèges de GJ ne sont pas encadrés par des services d’ordre – comme c’est très souvent le cas pour les syndicats de salariés ou les syndicats agricoles –, l’incertitude est forte pour les forces de l’ordre quant à ce que les manifestants sont susceptibles de faire. En somme, comme les GJ ne respectent aucune des règles – ou presque – de la manifestation (déclaration de la manifestation, dialogue avec les autorités, recours à un service d’ordre), les responsables de l’ordre public ont éprouvé de sérieuses difficultés à anticiper leurs manifestations et à prévoir les dispositifs de maintien de l’ordre en conséquence. Et cela les a conduits très souvent à opposer les GJ aux « organisateurs traditionnels » de manifestations, considérés comme respectables, responsables et avec lesquels on peut discuter facilement pour sécuriser une manifestation : « C’est plus facile d’avoir 3 000 personnes avec la CGT [Confédération générale du travail] ou la FNSEA [Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles] que d’en avoir 500 sans encadrement et sans déclaration bien sûr9. » Le regret teinté d’agacement de l’impossibilité de communiquer avec les manifestants et de négocier avec leurs représentants n’est pas chose nouvelle, loin de là (Fillieule & Della Porta, 2006) ; l’indiscipline des manifestants et le manque de fiabilité de certains organisateurs sont très régulièrement pointés du doigt par les responsables de l’ordre public, mais ce qui frappe dans le cas des GJ, c’est la façon dont ce discours s’est appliqué, sans exception, à l’ensemble du mouvement.
Des formes d’action contestataire inédites
6Gênés par l’absence de déclaration, les responsables de l’ordre public le sont aussi par la forme prise par les manifestations de Gilets jaunes. Ces dernières sont en effet caractérisées par une extrême mobilité ; les parcours sont très longs et les manifestants font parfois plus de 15 kilomètres de marche, à un rythme soutenu, dans la même après-midi. Les forces de l’ordre ont ainsi du mal à les suivre, dans la mesure où les fourgons de la police ou de la gendarmerie ne sont pas adaptés pour suivre ce type de cortège, en particulier dans les centres urbains où le bâti est dense. En cela, les cortèges de GJ sont souvent comparés, par les responsables de l’ordre public, à certaines manifestations lycéennes ou étudiantes dont le caractère désordonné a toujours constitué un problème pour les forces de l’ordre (Fillieule, 1997). De plus, les GJ ont, à de nombreuses reprises, fait le choix de bloquer ou d’occuper des infrastructures de transports (ronds-points évidemment, mais aussi aéroports, rocades, autoroutes), contraignant les forces de l’ordre à intervenir dans des espaces atypiques et, de leur propre avis, « dangereux10 » (le long d’une voie rapide ou à une barrière de péage, par exemple). Les points de blocage ou de tension ont pu être très nombreux, au début du mouvement en particulier : il y avait par exemple dix points de blocage lors de l’acte 1, le 17 novembre 2018, en Meurthe-et-Moselle, contraignant les forces de l’ordre à passer de l’un à l’autre tout au long de la journée.
7Les responsables de l’ordre public interrogés accordent finalement assez peu d’importance aux blocages de ronds-points par les GJ. Bien que nombreux, et revêtant une dimension symbolique essentielle pour le mouvement (Jeanpierre, 2019, chap. 3), ils n’ont pas constitué un enjeu majeur pour le maintien de l’ordre, passé les premiers actes. Le plus souvent, c’est par la négociation que les gendarmes départementaux (ou les maires) sont parvenus à faire cesser les occupations. Les préoccupations des préfets étaient plutôt tournées vers les centres-villes des grandes agglomérations, investis chaque samedi par les cortèges de GJ. En s’en prenant aux symboles de l’État (préfectures, mairies, ministères) ou aux espaces commerciaux (pour les occuper ou les détériorer), les GJ ont, à de nombreuses reprises, fortement perturbé la vie économique de certains centres urbains. Le souci constant des préfets était de préserver la continuité de l’activité économique et de garantir la protection des bâtiments du centre-ville, contraignant ainsi les forces de l’ordre à manœuvrer dans des espaces où la circulation automobile est dense et où les passants sont nombreux ; il n’est alors pas toujours facile de faire la différence entre manifestants et simples badauds, et cela rend l’intervention policière d’autant plus risquée.
Des moyens limités pour les forces de l’ordre
8Incontestablement, l’obstacle majeur à des opérations de maintien de l’ordre efficaces au cours du mouvement des GJ est la faible quantité de forces de police et de gendarmerie disponibles. Au plus fort du mouvement des GJ (décembre 2018-janvier 2019), les forces mobiles – 61 compagnies républicaines de sécurité (CRS) et 110 escadrons de gendarmerie mobile –, dont le maintien de l’ordre est la spécialité, étaient loin d’être suffisamment nombreuses pour couvrir les besoins des préfets. Beaucoup de forces étaient mobilisées par la préfecture de police de Paris et les demandes des préfets en forces mobiles ont rarement été satisfaites. Ils devaient donc le plus souvent se satisfaire des effectifs de police ou de gendarmerie locaux. Les premières semaines, alors même que certains préfets désiraient agir rapidement pour faire cesser les blocages, ils devaient parfois attendre plusieurs heures avant d’avoir les forces nécessaires pour que les interventions se fassent. Certaines villes de taille relativement importante ont ainsi régulièrement dû encadrer les manifestations de GJ sans CRS ni gendarmes mobiles, c’est-à-dire uniquement avec les effectifs de sécurité publique locaux, peu habitués à faire du maintien de l’ordre. Si, parmi ces effectifs, les équipes de la BAC ou les sections d’intervention (SI) participent régulièrement à des opérations de maintien de l’ordre, il n’en va pas du tout de même pour les effectifs de police secours ou les policiers travaillant dans les bureaux. La quasi-totalité des effectifs a pourtant été réquisitionnée lors des week-ends de l’hiver 2018-2019, alors que beaucoup manquaient de formation, de matériel ou de condition physique : « Il faut que la DDSP rappelle les policiers qui pouvaient être en repos, ou alors des gens qui sont de la Sûreté, qui étaient sur des tâches judiciaires qu’on va basculer sur des tâches d’ordre public11. » Il ressort des entretiens réalisés que les territoires qui s’en sortent finalement le mieux, en ce qui concerne la préparation des dispositifs, sont ceux où les forces locales faisaient déjà régulièrement du maintien de l’ordre – à l’instar de Nantes ou Dijon – du fait de mouvements contestataires locaux dynamiques. Dans les départements peu habitués aux manifestations susceptibles de dégénérer, le sentiment de manquer de tout (effectifs, matériel, formation) pour faire du maintien de l’ordre revient au contraire régulièrement. C’est d’ailleurs dans ces départements que les incidents les plus graves, notamment en matière de dégâts matériels, ont eu lieu le premier week-end de décembre 2018 (incendie de la préfecture du Puy-en-Velay, invasion de la préfecture de Bourg-en-Bresse, destruction du péage de Narbonne, etc.). Tant au niveau local qu’au niveau national, la multiplicité des points de tension et la longévité du mouvement ont posé de sérieux problèmes de ressources humaines et de gestion de la main-d’œuvre policière.
9Le manque de moyens pour mener des opérations de maintien de l’ordre constitue un enjeu essentiel pour ceux qui conçoivent les dispositifs : cela leur ôte la possibilité de recourir à toutes les manœuvres, notamment celles qui sont très demandeuses en effectifs. Le champ des possibles, en matière de diversité des dispositifs, s’en trouve alors restreint. La difficulté à obtenir du matériel lourd (hélicoptères, barres-ponts, engins lanceurs d’eau, etc.), dont l’efficacité est reconnue par tous les acteurs interrogés au cours de l’enquête, se fait souvent sentir et contraint les préfets et les DDSP à ne pas concevoir des dispositifs trop ambitieux. On pourrait même parler d’une « acceptation de la rareté » tant le manque de ressources disponibles est conçu comme une évidence. Cela était sans doute préexistant au mouvement des GJ, mais ce dernier a rendu particulièrement visibles cette rareté et les contraintes qu’elle implique.
Les dispositifs de maintien de l’ordre adaptés aux Gilets jaunes
10Déstabilisé, dans un premier temps, par des GJ peu enclins à « jouer le jeu » de la manifestation, le maintien de l’ordre français s’est ensuite adapté : il a ainsi fallu une vingtaine de semaines, environ, pour que les forces de l’ordre ne soient plus surprises ou dépassées par les manifestants. Dans l’incapacité d’établir un dialogue avec ces derniers, les responsables de l’ordre public ont le plus souvent choisi de faire preuve de fermeté, chose rendue d’autant plus facile que les effectifs des GJ se sont amenuisés tout au long de l’hiver 2018-2019.
Un renseignement qui gagne en précision
11Tous les responsables de l’ordre public constatent une amélioration significative de la qualité du renseignement au fur et à mesure des semaines – même si des ratés ponctuels restent possibles selon eux. « Au tout début de la crise des Gilets jaunes, c’était extrêmement compliqué de savoir combien de gens on allait avoir. Maintenant, on y arrive parce qu’on connaît mieux la façon dont cela se passe12. »
12Cela se vérifie aussi bien au niveau local qu’au niveau national :
Pour les Gilets jaunes [...] ce que je peux vous dire, c’est que plus on avançait, plus on avait, non pas forcément l’estimation réelle, « ils seront 3 000, 4 000, 10 000 ». Par contre, on avait le résultat de dire : c’est là que cela va péter, et même dans l’ordre, c’est-à-dire que nous avions le tiercé dans l’ordre13.
13Cette amélioration de la qualité du renseignement est liée au travail des services de renseignement certes, mais elle est aussi le fruit des contacts entre certains GJ et les services préfectoraux. Au fur et à mesure que le mouvement s’ancre dans la durée, des rencontres ont lieu entre des GJ et des représentants de l’État (en premier lieu les préfets, évidemment, qui souhaitent les intégrer au cadre traditionnel de la manifestation, mais aussi les élus locaux, dans le cadre du Grand Débat national), ce qui a pu inciter certains GJ à se montrer plus coopératifs. La « routinisation » qui caractérise les actions des GJ facilite également le travail des forces de l’ordre, en réduisant l’incertitude ; puisque les cibles sont souvent les mêmes (la préfecture, la principale artère commerciale de la ville, etc.), il est plus facile d’anticiper les troubles et de prévoir le dispositif. La diminution du nombre de personnes mobilisées oblige aussi les GJ à se rassembler pour continuer à faire masse : alors que cinq ou six villes d’un même département pouvaient être investies en même temps par les GJ en novembre et en décembre, les manifestations se limitent généralement au chef-lieu du département à partir du mois de janvier. Si l’on excepte quelques actes régionaux ou nationaux à même d’attirer plus de manifestants que d’ordinaire, les manifestations ne suscitent plus véritablement de surprise pour les forces de l’ordre au sortir de l’hiver.
Une répression dure de la part de l’État
14Tout en parvenant à mieux anticiper les mobilisations des Gilets jaunes, les forces de l’ordre ont durement réprimé les troubles causés par le mouvement, ce qui s’est traduit concrètement par un usage intensif des armes et des moyens intermédiaires (gaz lacrymogènes, grenades explosives, lanceurs de balle de défense14). Cela a occasionné un nombre important de blessés parmi les manifestants (dont près d’une trentaine de personnes mutilées)15 et suscité d’importantes controverses autour de la dangerosité des armes et des méthodes des forces de l’ordre16. Pour les policiers, les gendarmes et les préfets que j’ai pu interroger, ce lourd bilan est fondamentalement lié au caractère chaotique des manifestations et à l’impossibilité de ramener le calme par d’autres moyens. Il n’y aurait ainsi pas d’autre manière de garantir l’ordre public « [...] quand le maintien de l’ordre ressemble à des violences urbaines. Typiquement, les manifs de Gilets jaunes sont comme ça17 ». L’usage de la force par les policiers et les gendarmes est justifié, à leurs yeux, par l’agressivité et par l’entêtement des GJ, ainsi que par leur refus de se plier au cadre de la manifestation ; supposément radicalisés et infiltrés par des militants de « l’ultragauche18 », les GJ ne comprendraient plus que la violence, ce qu’un gardien de la paix résume quelque peu cyniquement de la manière suivante : « S’il ne peut plus marcher, il ne revient pas le week-end suivant19. » Ce sentiment de vivre un moment exceptionnel (au sens où il rompt franchement avec les logiques ordinaires) est aussi ce qui a poussé certains préfets à imposer d’importantes restrictions aux manifestants : par la publication d’arrêtés d’interdiction de manifestation – généralement renforcés par des contrôles de police préventifs pour intercepter les individus porteurs d’armes par destination ou suspectés de vouloir commettre des violences20 – qui concernent généralement les hyper-centres des grandes agglomérations, les préfectures se sont ainsi assurées que les troubles à l’ordre public, s’ils devaient avoir lieu, se dérouleraient loin des quartiers centraux. Souvent, les commerçants qui travaillent dans ces quartiers étaient d’ailleurs tenus informés en temps réel par la préfecture, via des chaînes de messages ou sur les réseaux sociaux, de l’avancée des manifestants, afin de pouvoir adapter leur activité aux risques de casse ou de dégradation.
15Cette prévention administrative des troubles (en amont) a été complétée (en aval) par la répression judiciaire. Au total, sur une période d’un an à compter de novembre 2018, plus de 11 000 personnes ont été placées en garde à vue, 4 700 ont été présentées devant les tribunaux et plus de 3 000 ont été condamnées21. Associé aux réunions de préparation du dispositif, parfois décrit comme un « conseiller », le parquet est d’ailleurs reconnu comme un interlocuteur fiable et incontournable par les policiers interrogés22. Avant les opérations de maintien de l’ordre, les discussions entre procureur et DDSP sont fréquentes pour définir les motifs d’interpellation et de poursuite les plus faciles à relever. De la même manière que le renseignement, le traitement judiciaire a été renforcé tout au long du mouvement : des cellules « Gilets jaunes », spécifiquement chargées d’enquêter sur les délits commis lors des manifestations du mouvement, ont par exemple été créées à Bordeaux et Toulouse (deux villes où les actes du samedi donnaient souvent lieu à des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre) à partir du mois de janvier 2019. Et la loi du 10 avril 2019 – en créant un délit de dissimulation du visage – est venue renforcer les capacités d’intervention des forces de l’ordre avant que les troubles commencent23. Le décret du 20 mars 2019, qui fait passer l’amende pour participation à une manifestation interdite de 38 à 135 euros, va également dans ce sens24. Pour le dire simplement, il semble que, comme lors de la répression du mouvement altermondialiste au tournant des années 2000, les troubles provoqués par les GJ ont surtout été réprimés par la combinaison de « l’incapacitation sélective des manifestants » (King, 2004, p. 247) et un usage souvent excessif de la force (Fillieule & Della Porta, 2006).
Une stratégie différenciée dans le temps et dans l’espace
16Si une réponse étatique ferme a globalement été apportée très tôt au mouvement des Gilets jaunes, le maintien de l’ordre, en tant que réaction aux agissements des manifestants, a, par la suite, pu prendre des visages assez différents selon les départements ou les villes. On peut constater en effet que, passé l’urgence des premières semaines, les responsables de l’ordre public ont pu parfaire leurs dispositifs et mieux les adapter aux spécificités du mouvement. Les dispositifs sont mis en œuvre par le DDSP (ou le commandant de groupement de la gendarmerie lorsque l’opération de maintien de l’ordre doit être conduite en zone rurale), en accord avec le préfet, ce qui peut impliquer des variations locales importantes en fonction des personnalités des uns et des autres, de l’histoire des luttes locales ou de la configuration des lieux. Dominique Monjardet écrivait que
si le maintien de l’ordre est une politique au sens de « choix effectué dans le cadre d’une stratégie de gouvernement », c’est aussi une technique (plus ou moins orientée par une doctrine) concrétisée par un ensemble de pratiques que cette technique est censée engendrer et encadrer (1990, p. 207-208).
17Ces pratiques sont soumises à des variations contextuelles que la seule référence à une politique générale ou à la doctrine ne suffit pas à comprendre. Si l’on souhaite résumer cela à grands traits, on peut identifier trois types de réponses, apportées par les forces de l’ordre aux manifestations des GJ et construites tout au long de l’hiver 2019.
La désescalade25
18Dans plusieurs villes – de taille moyenne généralement –, les responsables de l’ordre public ont fait le choix, après parfois plusieurs semaines d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, de positionner ces dernières à distance pour apaiser les tensions. Cela a pu par exemple être observé au Mans (ou encore à Bourg-en-Bresse) :
Notamment, on positionnait toujours des policiers ou des gendarmes en fonction des effectifs que l’on avait devant la préfecture et cela finissait systématiquement le samedi après-midi par une bataille rangée. [...] Un jour, on a dit : « On va arrêter ça. La préfecture est suffisamment renforcée par les grilles. » On n’a plus mis de policiers ni de gendarmes devant. Cela a, d’un coup, stoppé une partie des affrontements. C’est-à-dire que l’absence de policiers générait le fait qu’il n’y avait plus d’envie de combats et, donc, cela a apaisé un peu la tension26.
19En éloignant les policiers et les gendarmes des manifestants, le pari était le suivant : la dissimulation des forces de l’ordre (qui restent présentes en nombre mais ne sont plus visibles par les manifestants) est plus efficace qu’une présence active et visible. Fruit de l’expérience et de l’observation directe, cette tactique a mis du temps à être adoptée et relève d’un choix fort de la part de ceux qui l’ont mise en œuvre, les consignes de distanciation et de temporisation étant souvent mal acceptées par les hommes du rang.
La valorisation de la mobilité
20Pour répondre à la mobilité des manifestants, les forces de l’ordre ont dû elles aussi se rendre mobiles, en tout cas plus qu’elles ne l’étaient déjà. Cela est notamment passé par la création d’unités ad hoc, les dispositifs mixtes de protection et d’interpellation (DMPI), selon la terminologie du ministère de l’Intérieur. Les brigades de répression de l’action violente motorisées (BRAV-M) à Paris ou les équipes légères d’intervention (ELI) à Bordeaux, ces unités mixtes composées en majorité de policiers issus des BAC ou des compagnies d’intervention, sont chargées d’effectuer des interpellations ou de disperser des attroupements le plus rapidement possible, en mettant en œuvre les principes de mobilité et de réactivité. Cela implique des charges nombreuses et répétées et une multiplication des affrontements au corps-à-corps : pour se dégager, les policiers doivent alors souvent faire usage d’armes – le LBD-40 ou la grenade de désencerclement – qui sont à l’origine de blessures graves pour les manifestants.
Un maintien de l’ordre dissuasif
21La dernière tactique adoptée a consisté à encadrer les manifestations au plus près, parfois à leur contact même, la présence des forces de l’ordre devant dissuader les éventuels fauteurs de trouble de passer à l’acte.
En les collant, on ne les perd pas de vue, on ne leur permet pas de s’organiser, s’ils veulent fuir, on les suit. Ils ne peuvent pas casser, parce qu’on est tellement à côté d’eux qu’ils sont vus et interpellés rapidement. [...] C’est la technique que Marseille utilise jusqu’à aujourd’hui avec les Gilets jaunes, et cela marche plutôt bien27.
22Employée depuis les manifestations contre la loi Travail en 2016 à Marseille, et considérée comme efficace depuis lors, cette présence massive des forces de l’ordre a peu à peu été appliquée à Paris lors du mouvement contre la réforme des retraites à l’hiver 2020 : de nombreux policiers et gendarmes peuvent être observés, marchant sur les trottoirs le long de la manifestation, au plus près des manifestants. Mais cette tactique ne peut être mise en œuvre qu’à la condition d’avoir les effectifs nécessaires pour le faire : cela n’est donc souvent possible que dans les (très) grandes villes, qui disposent de réserves de forces importantes. Et elle a pour corollaire de faire monter le niveau de tension avec les manifestants qui ne comprennent pas forcément cette présence rapprochée des forces de l’ordre.
23On peut donc identifier trois modèles :
- la désescalade, bien qu’aucun policier ou préfet n’utilise ce terme,
- la mobilité comme clé de voûte du maintien de l’ordre,
- et la présence dissuasive.
Précisons que ces trois modèles ne constituent pas un stock dans lequel on pourrait venir piocher à l’envi au moment de concevoir le dispositif et de préparer les manœuvres : la prise de décision est fortement contrainte par le profil des manifestants locaux et par les ressources – effectifs et matériel – disponibles. De plus, si la première tactique a pour but de faire baisser l’intensité des affrontements, les deux autres supposent une moindre tolérance aux désordres manifestants de la part de l’État et une exacerbation possible des tensions avec la foule.
24À plus long terme, une réflexion s’amorce au ministère de l’Intérieur pour esquisser des pistes d’amélioration. Elles concernent notamment la formation des unités non spécialisées au maintien de l’ordre. Peu habituées à faire de la police des foules, ce sont ces dernières qui ont le plus souvent été débordées par les groupes de manifestants les plus virulents. Il est donc assez tôt décidé de renforcer leur formation au maintien de l’ordre et de monter des entraînements à cet effet. Chez les gendarmes par exemple, on observe la volonté de mieux former les pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) : dès le mois de mars 2019, un stage est mis en place au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG) de Saint-Astier (Dordogne) dans ce but. La police procède de son côté au lancement d’entraînements réunissant des unités relevant de plusieurs DDSP, les plus aguerries devant transmettre leur savoir-faire à celles qui sont moins habituées à faire de la police des foules. Plus globalement, le nouveau schéma national du maintien de l’ordre (SNMO), rédigé au cours du printemps 2020 et rendu public en septembre de la même année, entérine la place des unités généralistes dans les dispositifs de maintien de l’ordre et préconise d’améliorer leur formation.
Vers un durcissement de la doctrine de maintien de l’ordre ?
25Le mouvement des Gilets jaunes a fait subir une épreuve au maintien de l’ordre français – au sens où une incertitude est venue peser sur son efficacité et sur la capacité des forces de l’ordre à encadrer les foules manifestantes de manière mesurée –, et celui-ci en est sorti en partie transformé. De nouvelles unités, plus mobiles, ont été créées et rendues pérennes (comme les BRAV-M à Paris) ; la formation des unités de sécurité publique au maintien de l’ordre a été identifiée comme un point faible ; un nouveau SNMO a été publié en septembre 2020 et il fixe les orientations qui guideront le maintien de l’ordre en France dans les prochaines années. Au-delà de ces changements ponctuels, il est pour l’instant encore difficile d’avoir une idée précise de l’impact du mouvement des GJ sur l’organisation du maintien de l’ordre français. On peut néanmoins esquisser quelques pistes. Tout d’abord, l’observation de l’encadrement des manifestations contre la réforme des retraites, en décembre-janvier 2020, laisse entendre que nombre de dispositifs combinent deux tactiques qui étaient identifiables lors du mouvement des GJ : dans plusieurs villes (Paris, Nantes, Lyon, Rennes, etc.), les forces de l’ordre sont positionnées très proches des cortèges et doivent intervenir dès le premier incident. Ensuite, malgré les critiques et les polémiques, aucune des armes décriées pour leur dangerosité n’a disparu : le LBD est toujours utilisé en maintien de l’ordre et la grenade lacrymogène instantanée-F4 (GLI-F4) a été remplacée par une grenade équivalente, la grenade modulaire à deux effets lacrymogènes (GM2L). Enfin, de nouveaux textes sont venus renforcer la législation encadrant le droit de manifester. En somme, le schéma observé par Luca Provanzano pour l’après-Mai 68 se répète (Provanzano, 2020) : plutôt que de favoriser le dialogue avec les manifestants et la désescalade, l’État français a fait le choix de durcir les dispositifs de maintien de l’ordre et de les rendre plus dissuasifs. Loin d’adopter le « modèle européen de gestion policière des foules protestataires », fondé sur le dialogue et l’accompagnement des manifestations plutôt que sur leur répression (Fillieule, Viot & Descloux, 2016), la France semble s’en être encore un peu plus éloignée à l’issue du mouvement des Gilets jaunes. Les réactions hostiles au nouveau SNMO de la part des journalistes, des syndicats et des chercheurs28 font ainsi apparaître l’incapacité de plus en plus marquée du ministère de l’Intérieur à s’ouvrir au dialogue et à construire un maintien de l’ordre qui ne soit pas fondé uniquement sur la répression et la criminalisation des mouvements sociaux.
Notes de bas de page
1 Notamment le rapport de la commission d’enquête parlementaire (dirigée par les députés Noël Mamère et Pascal Popelin) de 2015, rédigé à la suite de la mort de Rémi Fraisse en 2014, le rapport d’Amnesty International « Un droit, pas une menace » de 2017 et le rapport du Défenseur des droits « Le maintien de l’ordre au regard des règles de déontologie » de 2017.
2 L’expression « police des foules » est parfois utilisée comme synonyme de « maintien de l’ordre » dans la littérature sociologique. Dans ce chapitre, j’utiliserai principalement l’expression « maintien de l’ordre », qui a le mérite de correspondre au vocabulaire utilisé par les forces de l’ordre elles-mêmes.
3 Ces entretiens ont été réalisés dans le cadre d’une recherche commandée par le Défenseur des droits à l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) qui porte sur la « désescalade de la violence et la gestion des foules protestataires ». J’y ai contribué avec Andrea Kretschmann, chercheuse au Centre Marc-Bloch de Berlin, Anne Wuilleumier, chercheuse à l’INHESJ, Fabien Jobard, chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), et Olivier Fillieule, chercheur à l’Université de Lausanne.
4 Il s’agit de la Section centrale du renseignement territorial (SCRT), de la direction centrale de la Sécurité publique (DCSP), de la direction centrale des compagnies républicaines de sécurité (DCCRS) pour la police et de la sous-direction de la défense, de l’ordre public et de la protection pour la gendarmerie.
5 Sur l’intérêt, voire la nécessité, de recourir à la lecture de la presse pour comprendre les logiques manifestantes, voir Favre (2009).
6 « Zone à défendre » est l’expression employée par certains militants écologistes pour désigner les espaces qu’ils entendent protéger de l’aménagement urbain et de l’artificialisation.
7 Entretien avec un directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), automne 2019.
8 L’article L211-1 du Code de la sécurité intérieure stipule en effet que « [s]ont soumis à l’obligation d'une déclaration préalable tous cortèges, défilés et rassemblements de personnes, et, d’une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique ».
9 Entretien avec un préfet, automne 2019.
10 Entretien avec un préfet, automne 2019.
11 Entretien avec un préfet, automne 2019.
12 Entretien avec un DDSP, automne 2019.
13 Entretien avec un commissaire de la SCRT, été 2019.
14 On utilise généralement le sigle LBD-40 (le calibre de l’arme étant de 40 mm) pour évoquer cette arme.
15 Précisément : 24 personnes éborgnées et 5 dont la main a été arrachée. On peut ajouter à ce bilan la mort de Zineb Redouane, touchée par une grenade lacrymogène alors qu’elle se trouvait à la fenêtre de son appartement marseillais le 1er décembre 2018, et décédée à l’hôpital, le lendemain, des suites de ses blessures.
16 En plus des rapports produits par la Ligue des droits de l’homme et l’Association des chrétiens contre la torture (ACAT), on peut également souligner que le Sénat, le Défenseur des droits, le Conseil de l’Europe ainsi que la haute-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU se sont également inquiétés d’un usage excessif de la force à l’encontre des GJ.
17 Entretien avec un DDSP, automne 2019.
18 Différents termes sont utilisés par les enquêtés pour qualifier les militants d’extrême gauche qui peuvent constituer une menace pour l’ordre public : « ultragauche », « anarchistes », « mouvance contestataire », « mouvance anarcho-autonome ». Le vocabulaire n’est pas stabilisé et varie d’un interlocuteur à l’autre.
19 Entretien avec un CRS, printemps 2019.
20 Ces contrôles préventifs ont été conduits massivement et parfois sans vraiment de discernement, au point que plusieurs dizaines de personnes, en particulier le 8 décembre 2018 à Paris, ont clamé avoir été placées et maintenues en garde à vue sans motif réel, uniquement parce qu’on souhaitait les empêcher de manifester.
21 D’après les chiffres transmis par le ministère de la Justice au média Street Press, voir Mathieu Molard & Yann Castanier, « Envoyés en prison comme 440 autres Gilets jaunes, ils racontent », Street Press, 16 septembre 2019, en ligne : www.streetpress.com/sujet/1568288596-en-prison-comme-440-gilets-jaunes-ils-racontent (sept. 2022).
22 Voir le chapitre « Le jugement des Gilets jaunes en comparution immédiate : moraliser, punir et démobiliser » de Mattéo Giouse.
23 Loi nº 2019-290 du 10 avril 2019 visant à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations, Journal officiel de la République française, nº 0086, 11 avril 2019, en ligne : www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000038358582 (sept. 2022).
24 Décret nº 2019-208 du 20 mars 2019 instituant une contravention pour participation à une manifestation interdite sur la voie publique, Journal officiel de la République française, nº 0068, 21 mars 2019, en ligne : www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000038252391 (sept. 2022).
25 Mais il s’agit ici d’un principe de désescalade bien différent de celui qui guide les polices allemandes ou scandinaves et qui se fonde sur une communication constante avec la foule. Pour plus de précisions sur le modèle européen de police des foules, voir Fillieule, Viot & Descloux (2016).
26 Entretien avec le préfet de la Sarthe, automne 2019.
27 Entretien avec un contrôleur général à la DCSP, printemps 2019.
28 Pour une (courte) sélection de ces réactions, voir Collectif de sociétés de journalistes et rédacteurs, « Le nouveau SNMO porte atteinte à la liberté d’informer », Libération, 22 septembre 2020, en ligne : www.liberation.fr/debats/2020/09/22/le-nouveau-schema-du-maintien-de-l-ordre-porte-atteinte-a-la-liberte-d-informer_1800152/ (sept. 2022) ; « Doctrine du maintien de l’ordre : “Un nouveau schéma, des vieilles pratiques”, dénoncent des ONG et syndicats », France Info, 4 octobre 2020, en ligne : www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/tribune-doctrine-du-maintien-de-lordre-un-nouveau-schema-des-vieilles-pratiques-denoncent-des-ong-et-syndicats_4126175.html (sept. 2022) ; Ismaël Halissat, « Maintien de l’ordre : “une splendide décrépitude” », interview de Fabien Jobard et Olivier Fillieule, Libération, 18 septembre 2020, en ligne : www.liberation.fr/france/2020/09/18/maintien-de-l-ordre-une-splendide-decrepitude_1799929/ (sept. 2022).
Auteur
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Aurélien Restelli
Aurélien Restelli est doctorant en science politique. Rattaché au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP) et à l’Université de Versailles–Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), il étudie la conception des dispositifs de maintien de l’ordre en France. Il a publié en 2020 « A Social History of Protest Policing in France » (Jacques de Maillard & Wesley G. Skogan [dir.], Policing in France, Routledge, 2021). Il est par ailleurs enseignant de sciences économiques et sociales au lycée de la Tourelle à Sarcelles.
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