La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot, 1968)

1La Prisonnière d’Henri-Georges Clouzot est un film qui se déroule entièrement dans l’univers de l’art optico-cinétique. Avant de se révéler progressivement comme un film fétichiste sur la soumission et la dépendance érotiques, il constitue d’abord, à sa manière, un remarquable documentaire sur cette forme d’art alors au plus fort de son succès. Tout y sonne juste, depuis la reconstitution d’une galerie sur le modèle de celle de Denise René, qui prête l’ensemble des œuvres apparaissant à l’écran, jusqu’aux pratiques et discours des artistes que le réalisateur incorpore à sa trame narrative. Une séquence de vernissage est ainsi l’occasion d’aborder la question controversée de l’œuvre multiple, véritable phénomène de la fin des années 1960 et point d’achoppement de l’idéologie du cinétisme, entre idéaux démocratiques et mercantilisme à outrance. Stan Hassler, le provoquant directeur de la galerie, annonce à la presse le lancement du « supermarché artistique » : « Dans mon équipe