Résistances féministes dans la presse au tournant du xixe siècle
p. 59-76
Texte intégral
1La presse sous le Consulat et l’Empire semble, à première vue, un espace peu propice à l’expression de pensées contestataires. Les journaux sont en effet soumis à la censure et à un contrôle étroit du pouvoir politique1. Pourtant, des femmes et des hommes ont réussi à trouver des brèches dans cette presse muselée pour dénoncer la place subordonnée des femmes dans la société. Si leurs arguments dissonants ont déjà été énoncés à des époques précédentes, notamment durant la Révolution française2, ils soulèvent, à la lumière des contextes politique, scientifique et culturel du Consulat et de l’Empire, des enjeux inédits. Alors que le Code civil légalise la domination maritale, des médecins au service du pouvoir naturalisent la hiérarchie entre les sexes pour mieux la figer3. De même, des hommes de lettres, tel Sylvain Maréchal, produisent des critiques contre les « femmes auteurs » et l’instruction féminine4. Enfin, estimant que les femmes sont uniquement destinées à être des mères et des épouses, le pouvoir délaisse les écoles publiques pour filles, qui avaient été instaurées dès la fin de l’année 1793, et exclut les femmes des lieux de production du savoir comme l’Université5. Pour tenter de contrer cette entreprise de consolidation de la hiérarchie sexuée, des auteurs et des autrices s’expriment dans deux types de presses : des journaux à destination des femmes et des publications périodiques à parution régulière de l’opposition républicaine. Pour cet article, je m’appuierai d’une part sur l’Athénée des dames et Le Petit Magasin des dames et d’autre part sur La Décade philosophique et les Lettres philosophiques.
2Fondé en 1808, le journal l’Athénée des dames6 paraît deux fois par mois. Les principales rédactrices sont des autrices, comme Mme de Renneville, la comtesse Beaufort d’Hautpoul et Constance de Salm. La publication contient principalement des textes littéraires écrits par des femmes, des recensions d’ouvrages d’autrices ou concernant les femmes, des débats et quelques pages de mode en fin de volume.
3Revue peu connue, Le Petit Magasin des dames paraît chaque année de 1803 à 1810. Pierre Louis Solvet, libraire parisien, serait à l’origine du projet7. Parmi les rédacteurs, on trouve principalement des femmes comme Fortunée Briquet ou Mme de Montanclos, mais aussi des hommes comme le musicien et écrivain François-Joseph-Marie Fayolle. Le Petit Magasin des dames est structuré en quatre rubriques : « Poésies », « Mélanges en proses », « Beaux-arts » et « Variétés ».
4Organe des idéologues et des républicains modérés, La Décade philosophique est fondée le 10 floréal an II (29 avril 1794) et paraît tous les dix jours8. Contrairement aux autres périodiques étudiés, La Décade possède une audience importante. Elle est structurée en différentes rubriques (« Sciences », « Éducation », « Art », « Affaires étrangères », « Mélanges »...). C’est sous le Directoire que l’influence de La Décade connaît son apogée. Dès la fin de la même année, le journal rencontre des difficultés. Tentant de défendre les institutions républicaines et des positions antichrétiennes, il se heurte à Bonaparte et à la réaction monarchique et catholique incarnée par le nouveau Mercure de France, dirigé par Chateaubriand. La fusion de La Décade et du Mercure, opérée par Fouché en 1807, peut être comprise comme une manœuvre politique pour affaiblir et finalement éteindre cette voix républicaine9.
5Le fondateur des Lettres philosophiques est Rigomer Bazin, républicain engagé, journaliste au journal Le Démocrate, militant au club du Manège10. Après la disparition de La Décade philosophique, Bazin prend, avec les Lettres philosophiques, le relais de l’opposition républicaine. Cette publication à parution régulière, organisée sous forme de lettres qui parfois se répondent, fonctionne par abonnement11. Fondée en juillet 1807, elle cesse de paraître dès le mois de septembre suivant12. En 1808, Rigomer Bazin, accusé d’avoir pris part à la conspiration de Malet, est emprisonné. À sa sortie de prison, en 1814, les Lettres philosophiques paraissent à nouveau de manière très éphémère.
6Outre que ces différents périodiques ont le point commun de dénoncer des inégalités entre les sexes, il est intéressant de les comparer pour plusieurs raisons. Tout d’abord, certains auteurs et certaines autrices de ces publications appartiennent à des réseaux communs. Constance de Salm par exemple participe à la fois à l’Athénée des dames et au Petit Magasin des dames. Elle côtoie aussi des opposants républicains13 : son salon accueille des idéologues et elle est défendue par certains collaborateurs de La Décade philosophique lors de la querelle sur « la femme auteur » qui l’oppose au poète Écouchard-Lebrun sous le Directoire14. De plus, l’étude comparée permet d’interroger les enjeux politiques de la contestation de la hiérarchie sexuée élaborée dans ces périodiques. Je défends en effet l’hypothèse que, si les publications étudiées mobilisent des arguments souvent similaires, elles ne servent pas pour autant nécessairement les mêmes objectifs politiques et ne subissent pas les mêmes contraintes. Pour le démontrer, j’analyserai dans un premier temps les grands thèmes abordés par les auteurs et autrices pour s’opposer à la hiérarchisation des sexes. Puis j’étudierai les contraintes auxquels ces femmes et ces hommes durent faire face, ainsi que les stratégies élaborées pour tenter de les contrer.
Contester la hiérarchie « naturelle » entre les sexes
7Sous le Consulat et l’Empire, des médecins entreprennent de définir la « nature » des femmes. Comme l’a analysé Jean-Luc Chappey, les sciences ne sont alors plus « considérées comme des instruments d’amélioration et de perfectionnement des hommes mais viennent légitimer le renfermement des individus ou des populations dans des catégories [...] sur lesquelles se greffent de nouvelles normes de contrôle et d’asservissement15 ». Cabanis ou Moreau de la Sarthe, idéologues ralliés à Bonaparte, reprennent à leur compte les théories élaborées par Pierre Roussel dans le Système physique et moral de la femme (1775) et affirment que les femmes sont naturellement faibles et que leur comportement est déterminé par leur organe reproducteur16. Ce déterminisme implique l’impossibilité de les perfectionner par l’instruction : « Incapables de fixer assez longtemps leur attention sur une seule chose, elles ne peuvent éprouver les vives et profondes jouissances d’une méditation forte ; elles en sont incapables17. » En défendant l’argument du déterminisme naturel, ces savants renoncent au principe, issu de la philosophie sensualiste, de la toute-puissance de l’éducation. Ce principe, qui implique la supériorité de l’acquis sur l’inné, était à la base du projet pédagogique de la Révolution visant à la régénération de la Nation18. Des révolutionnaires minoritaires, comme Nicolas Condorcet, en avaient assumé jusqu’au bout la logique en affirmant que la différence entre les sexes était le résultat non de la nature, mais de l’éducation19. Des femmes et des hommes, sous le Consulat et l’Empire, ont repris cet argument pour contrer celui des médecins.
8L’Athénée des dames ouvre ainsi sa première livraison par un écrit « manifeste » visant à contester la naturalisation de la hiérarchie sexuée : « Les Hommes vantent continuellement la trempe forte de leurs âmes, la profondeur de leurs pensées [...] : mais ces qualités viennent plus de l’éducation qu’on leur donne, que de la nature de leur âme20. » Un autre texte issu de l’Athénée des dames explique que le faible nombre de femmes artistes n’est pas lié à leur faiblesse naturelle, mais à la différence d’éducation entre les sexes qui fait que les femmes cultivent les arts « comme un moyen de plaire ; tandis que les Hommes les cultivent [...] comme un moyen de parvenir21 ». De même, Le Petit Magasin des dames, dans un texte intitulé « Des femmes fortes » paru en 1807, affirme que c’est la différence d’éducation entre les sexes qui crée non seulement les différences intellectuelles entre les hommes et les femmes, mais aussi les différences physiques. L’auteur anonyme défend l’idée que les femmes pourraient, autant que les hommes, manier les armes et réaliser des exploits guerriers22. Dans les Lettres philosophiques, Rigomer Bazin conteste la définition biologique et fixiste de la nature promue par les médecins23, pour lui préférer une définition philosophique et universaliste. Sous sa plume, la nature renvoie au fondement des droits naturels, droits inaliénables garantis à tous les individus du genre humain24. Réaffirmant « les principes de raison universelle25 », Bazin dit lire dans la nature « l’éternelle déclaration des droits de la femme » et affirme : « la femme est la moitié de l’homme ; elle n’est donc pas née son esclave. La nature a gravé les droits de la femme dans le cœur de l’homme26 ». Contre l’instrumentalisation des sciences au profit de la justification de la domination masculine, les Lettres philosophiques défendent une science de l’homme qui n’abandonne pas le projet de régénération de la société27 et qui reconnaît que la femme, « née libre », « est susceptible de se perfectionner28 ». On reconnaît ici les arguments portés quelques années plus tôt par la journaliste Fanny Raoul qui, dans son opuscule Opinions d’une femme sur les femmes, dénonce l’inégalité politique et sociale entre les sexes au nom des principes universalistes29.
9De l’idée selon laquelle la différence hiérarchique entre les sexes n’est pas naturelle découle la revendication, dans les périodiques étudiés, d’un accès des femmes au savoir. L’enjeu est de prouver que les femmes, contrairement à l’avis des médecins au service du pouvoir, ont des capacités intellectuelles similaires aux hommes. Il importe de situer cette position dans un contexte précis : celui de l’abandon de l’entreprise de régénération des femmes par l’école à partir du Consulat. Sous la Révolution, les écoles publiques s’étaient ouvertes aux filles à partir des décrets sur l’instruction publique de brumaire an II (octobre 1793). Dans les écoles publiques, qui fonctionnèrent pendant l’ensemble de la période révolutionnaire, des institutrices laïques étaient chargées d’enseigner aux filles les savoirs élémentaires et l’éducation politique30. Or la loi scolaire du 11 floréal an X (1er mai 1802) n’évoque plus les écoles de filles, qui sont délaissées aux congrégations religieuses par l’État. De plus, les filles sont exclues des lycées et de l’Université impériale. Dénonçant cette situation, les auteurs étudiés tentent de réactualiser le passé révolutionnaire. Rigomer Bazin va même jusqu’à reprendre le flambeau de Condorcet, dont l’héritage imprègne les Lettres philosophiques, en revendiquant une instruction des femmes égale à celle des hommes. Une des Lettres philosophiques, sous la plume d’un nommé M. Philogyne, dénonce les hommes qui veulent maintenir leurs épouses sous le joug de l’ignorance :
J’entends une foule de petits hystériques s’écrier : « L’homme est le roi de la nature ; la femme est sa première esclave. Il doit à lui seul posséder une intelligence ; parce que, dès le moment où la femme vaudrait quelque chose par elle-même, elle se croirait affranchie du joug. Qu’elle reste donc un être faible, ignorant et borné [...] qu’elle nourrisse nos enfants, sans prétendre à les instruire »31.
10En qualifiant ces hommes d’« hystériques », Bazin opère un renversement provocateur des normes de genre, puisque l’hystérie était définie par le discours médical au début du xixe siècle comme une maladie d’origine utérine32. Ces hommes, en affirmant que les femmes ne doivent pas prétendre à instruire les enfants, s’opposent à une idée couramment admise pendant la Révolution. Cette idée, qui avait conduit les députés de la Convention à intégrer les filles dans le nouvel édifice scolaire, était que les soins éducatifs étaient « naturellement » destinés aux femmes et qu’il fallait donc leur donner de l’instruction pour qu’elles puissent elles-mêmes la transmettre à leurs enfants33.
11Dans sa lettre, Philogyne rend hommage aux femmes célèbres qui ont exprimé le génie féminin :
Ombres des Cornélie, des Hypacie, des Héloïse et de tant d’autres qui ont prouvé jusqu’à quel point les femmes peuvent honorer l’humanité par les efforts de leur intelligence, l’héroïsme de leur courage et la sublimité de leur dévouement, percez la voûte aérienne, faites briller à nos yeux une étincelle du feu céleste qui vous anima ; appelez les femmes à de nouvelles destinées ; défendez-les contre leurs tyrans34.
12Une autre lettre défend le droit des femmes à accéder à tous les savoirs, même à ceux réputés masculins, comme la philosophie : « Pourquoi donc ne conviendrait-elle pas aux femmes ? N’ont-elles pas comme nous une intelligence que l’éducation peut étendre et fortifier35 ? » Bazin estime que la philosophie est propre à perfectionner les femmes et à leur permettre d’atteindre le bonheur. Cette position peut être comprise comme une critique de l’exclusion des femmes des lieux où s’élabore le savoir philosophique. En cela, on peut rapprocher la position de Bazin du point de vue de la femme de lettres Isabelle de Charrière, qui conteste, dès l’époque directoriale, la tentative du pouvoir d’écarter les femmes du débat philosophique en professionnalisant et en institutionnalisant ce domaine intellectuel36.
13La mémoire critique de la Révolution française, qui anime les Lettres philosophiques, appuie aussi les revendications d’accès à l’instruction dans Le Petit Magasin des dames. En témoigne le discours d’une femme de la Révolution, dont le nom n’est pas mentionné par la revue37. Il s’agit de l’« Adresse à la Convention nationale », texte daté du 25 germinal an II (14 avril 1794), de Thérésia Cabarrus Tallien38, épouse du représentant en mission Jean-Lambert Tallien et célèbre Merveilleuse sous le Directoire. Dans ce discours, Thérésia Cabarrus défend notamment l’instruction publique des filles. Si ce texte ne figure pas parmi les discours les plus radicaux sur l’éducation des femmes pendant la Révolution française, sa réimpression, dans le contexte du Consulat, qui délaisse l’éducation publique des filles, sonne comme une critique du pouvoir.
14Les périodiques comme l’Athénée des dames ou Le Petit Magasin des dames contestent également l’exclusion des femmes des lieux de diffusion du savoir en rendant hommage à des femmes savantes, comme Mme de Sévigné ou Mme du Châtelet. Mme de Staël, femme de lettres et célèbre opposante politique à l’empereur, y est aussi célébrée. Le premier numéro du Petit Magasin des dames affirme que le but de la publication est d’être « un dépôt ouvert aux ouvrages littéraires des femmes, aux notices sur leurs talents, leurs vertus, enfin à tout ce qui pourra concerner leur gloire39 ». Ces périodiques se présentent donc comme des refuges pour les femmes de lettres, qui sont alors la cible d’attaques violentes, comme en témoigne la publication de la brochure de Sylvain Maréchal, Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes.
15De manière plus modérée, certains rédacteurs de La Décade philosophique ont soutenu des autrices. La revue a par exemple publié l’annonce par Fortunée Briquet de son Dictionnaire historique et littéraire des Françaises et Étrangères qui sont connues par leurs écrits ou par la protection qu’elles ont accordée aux gens de lettres40. Ce dictionnaire, où sont répertoriées plus de 600 femmes, est conçu comme un hommage aux multiples rôles tenus par les femmes dans le monde des lettres, qu’elles soient autrices, mécènes, traductrices41... Cependant, La Décade philosophique n’a jamais promu la figure de la femme instruite comme exemple pour toutes les femmes. Les autrices étaient censées n’être que des exceptions remarquables, issues de l’élite éclairée. On peut émettre l’hypothèse que la figure de la femme d’exception a l’intérêt, pour les rédacteurs de La Décade, de faire tenir deux positions qui semblent contradictoires. D’un côté, ils défendent l’héritage pédagogique des Lumières, qui affirme que l’instruction doit viser le perfectionnement des individus. De l’autre, ils pensent nécessaire de limiter l’éducation des femmes à l’apprentissage des devoirs de mères et d’épouses de citoyens42. La figure de la « femme auteur », en restant exceptionnelle, a l’avantage de démontrer la validité du principe de perfectibilité sans réellement mettre en danger un ordre social fondé sur la partition des rôles sexués. Or, comme l’a analysé Christine Planté, l’exceptionnalité tend à enfermer ces autrices dans un statut qui les empêche d’atteindre l’universel43. De plus, les femmes dites exceptionnelles sont placées face à un dilemme : soit accepter le statut d’exception au risque « d’accepter la neutralité mystificatrice qui occulte les rapports inégalitaires entre les sexes44 », soit rejeter cette exceptionnalité et réaffirmer ainsi son appartenance à une catégorie sociale infériorisée45. C’est ce dernier choix que semblent adopter les rédactrices du Petit Magasin des dames qui, invitant toutes les lectrices à écrire, affirment qu’une femme célèbre comme Mme du Châtelet n’était finalement qu’une « femme comme une autre46. »
16Ainsi, on peut repérer dans la presse des traces de résistances aux discours dominants de l’époque consulaire et impériale légitimant par la nature l’infériorité des femmes et leur maintien dans l’ignorance. Dans le contexte d’élaboration du Code civil, qui confère au mari le statut de chef de famille, Le Petit Magasin des dames prend aussi position contre les violences conjugales47. Ces résistances font écho à une mémoire critique de la Révolution française durant laquelle furent énoncés des discours contestataires affirmant la nécessité d’instruire les femmes pour leur donner les moyens de concrétiser leurs droits et de se construire comme individus. Cependant, les contraintes liées à la fois au genre et à la censure vont limiter et tempérer la portée critique de cette presse dissonante.
Stratégies face à la censure et aux contraintes de genre
17Il apparaît nécessaire, pour comprendre les périodiques étudiés, de souligner les contraintes, agissant comme des empêchements ou des interdits, qui les régissent. On peut en repérer deux types principaux : les contraintes liées à la surveillance policière et à la censure, et les contraintes de genre. Ces dernières pèsent sur les femmes qui, pour être audibles, sont forcées de respecter les normes de leur sexe.
18En premier lieu, il importe de souligner que le choix des auteurs et des autrices de créer, non pas des journaux politiques, mais des périodiques ne traitant officiellement que de littérature, de philosophie, de science et d’arts est déjà en soit une stratégie pour déjouer la censure. L’Athénée des dames, pour obtenir l’autorisation de publication, précise d’ailleurs que le journal « ne s’occupera nullement de nouvelles politiques48 ». Les auteurs tentent aussi de désamorcer la méfiance des censeurs en affirmant clairement leur soumission au pouvoir. L’Athénée des dames précise dès son avant-propos que le journal « respectera la Religion, les Mœurs et le Gouvernement49 ». L’usage de l’anonymat pour les rédactrices et les rédacteurs apparaît comme une protection supplémentaire. Face à la censure, une autre stratégie observée vise à disperser les positions critiques dans les différentes rubriques, de manière à ce qu’un éventuel censeur ait plus de difficultés à les repérer. Le Petit Magasin des dames, par exemple, distille fréquemment ses positions les plus contestataires dans la rubrique « Mélange » au milieu d’articles plus conventionnels. Le courrier des lecteurs est aussi utilisé à des fins tactiques. L’avis d’un lecteur ou d’une lectrice permet aux rédacteurs de faire connaître une opinion critique sans l’assumer eux-mêmes. Par exemple, ce n’est pas un rédacteur, mais une lectrice qui, adressant une lettre ouverte à La Décade philosophique, prend la défense de Constance Pipelet et dénonce « les lieux communs réfutés mille fois » voulant que « les femmes doivent se borner à l’aiguille et quitter la lyre50 ».
19Enfin, on peut supposer que, dans les Lettres philosophiques, la dénonciation de la hiérarchie sexuée relève, non pas seulement de l’argument philosophique, mais aussi de la stratégie politique. Bazin, ne pouvant, en raison de la censure, contrer frontalement la politique de l’Empire, aurait choisi de cibler particulièrement ses critiques sur la question de l’assujettissement des femmes. En revendiquant l’accès des femmes à l’instruction, il attaquerait de façon détournée le pouvoir puisqu’il délégitime le discours des hommes de science au service de l’empereur. De plus, comme il affirme que le bonheur des femmes « est en raison des lumières » des hommes, Bazin signifie implicitement qu’un gouvernement qui destine les femmes à « végéter sous l’empire d’un maître51 » ne peut être éclairé.
20Les périodiques créés par des femmes n’ont pas seulement à faire face aux contraintes de la surveillance policière. Les contraintes de genre analysées par Christine Planté dans son ouvrage sur la femme auteur52 peuvent en effet s’observer dans plusieurs de leurs articles. Elles apparaissent tout d’abord dans la nécessité que ressentent les femmes de se justifier de prendre la plume, que ce soit pour produire un texte littéraire ou pour juger un autre ouvrage. Dans son article sur un livre de Mme de Genlis, une anonyme de l’Athénée des dames écrit : « Je pense qu’il n’appartient point aux Femmes en général de juger en quelque matière que ce soit, surtout lorsqu’elles parlent au public ; mais je pense aussi qu’elles peuvent, en se renfermant dans la modestie qui leur convient, énoncer leur opinion, présenter leurs observations53. » De même, les rédactrices tiennent à préciser que les autrices ne renoncent pas aux devoirs « féminins » en prenant la plume. La lectrice qui défend Constance de Salm dans La Décade philosophique affirme que l’autrice de l’Épître aux femmes « veille avec un soin religieux sur l’éducation de sa fille ; si lorsque ses devoirs de mère font l’occupation principale de sa vie modeste et retirée, les lettres et les arts en font le délassement54 ». De plus, afin d’atténuer le caractère subversif d’un portrait élogieux d’une femme artiste, on qualifie son écriture ou sa peinture comme proprement « féminine », comme s’il était nécessaire, pour être audible, de rappeler que son art ne cherche pas à rivaliser avec celui des hommes et qu’il ne peut prétendre à une forme d’universalité. La critique des Opuscules poétiques de Mme Dufrénoy dans Le Petit Magasin des dames est claire sur ce point : il n’y a « rien de plus féminin que son talent55 ».
21Enfin, on peut observer à plusieurs reprises dans Le Petit Magasin des dames et dans l’Athénée des dames un procédé qui semble être une stratégie : les articles qui proposent un argumentaire transgressif des normes de genre sont suivis, parfois immédiatement, d’un article contrant cet argumentaire. Par exemple, alors que le premier numéro de l’Athénée des dames commence par un manifeste prônant l’égalité des sexes, le numéro suivant s’ouvre sur la lettre d’une lectrice qui le critique violemment et qui légitime la hiérarchie entre les femmes et les hommes :
Je pense [...] que vous avez grand tort de vouloir mettre en doute cette opinion commune, que l’Homme est supérieur à la Femme. Je vous assure, Madame, humilité à part, que cette opinion est tout à fait la mienne et celle de presque toutes les Femmes ; je vous assure aussi que l’Homme n’avait pas du tout besoin de le dire et de l’écrire le premier pour que cela fût exactement vrai : l’expérience des siècles vient à l’appui de cette vérité56.
22Dans Le Petit Magasin des dames, un article sur l’héroïsme des femmes est immédiatement suivi d’un texte glorifiant le génie militaire de Napoléon, comparé au dieu Mars57, comme s’il était nécessaire d’affirmer ostensiblement la soumission au pouvoir après un écart par rapport à la norme sexuée. De même, plusieurs pages après la reproduction du discours de Thérésia Cabarrus sur l’éducation des femmes pendant la période révolutionnaire, on trouve un article extrêmement sévère contre Mary Wollstonecraft, dont les ouvrages sont censés témoigner des excès des revendications féminines pendant la Révolution française. L’article affirme : « On voit combien de malheurs cette femme a éprouvé pour avoir voulu s’élever au-dessus de son sexe, et, comme elle le disait, se faire homme. Son aveuglement était tel que jamais ses malheurs ne l’éclairèrent sur la fausseté de son système58. » Si les rédactrices du Petit Magasin des dames laissent supposer qu’elles revendiquent une éducation publique des filles comme Thérésia Cabarrus, cet article précise qu’elles ne vont pas jusqu’à confondre les rôles sexués et réclamer, comme l’a fait Mary Wollstonecraft, le droit de suffrage59. Dans le contexte postrévolutionnaire, où sont redéfinis les identités et les rôles sexués pour stabiliser l’ordre social60, la revendication des droits politiques pour les femmes est en effet une entreprise particulièrement périlleuse qui risquerait de délégitimer les autres réclamations portées par Le Petit Magasin des Dames. On peut aussi supposer que l’enjeu pour ces autrices, qui utilisent un périodique pour faire connaître leurs écrits littéraires, se situe moins dans le droit de vote que dans le droit à s’exprimer publiquement. Comme l’a montré Carla Hesse, face aux médecins ou aux hommes de lettres qui souhaitent enfermer les femmes dans une identité close et minorée, ces femmes écrivent pour affirmer leur pouvoir de création et, à travers la fiction, tenter de construire une individualité qui échappe à toute catégorisation61. Ainsi, les soumissions aux normes de genre, qu’elles signifient une intériorisation de ces normes ou une stratégie pour mieux les détourner, ont le point commun de témoigner du « processus d’enserrement » analysé par Michèle Riot-Sarcey : ces femmes « pactisent avec les contraintes tout en cherchant à exister62 ».
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23Voix discordantes dans le paysage journalistique du Consulat et de l’Empire, les périodiques étudiés élaborent plusieurs arguments pour contrer l’entreprise postrévolutionnaire de reconsolidation des normes sexuées. Leurs objectifs politiques sont pluriels. Celles et ceux qui défendent un héritage républicain veulent réactualiser une mémoire critique de la Révolution pendant laquelle ont été énoncés des discours sur la nécessité d’éduquer et de régénérer les femmes. Face à l’entreprise de fixation de la hiérarchie sexuée par les médecins, il s’agit de rappeler que l’instruction est un moyen de perfectionner les individus et de transformer les rapports sociaux. Quant aux rédactrices des journaux à destination des femmes, elles cherchent aussi à répondre aux attaques contre les « femmes auteurs » et à défendre leur droit à s’exprimer en prenant la plume. Dès lors, leurs résistances sont politiques dans le sens où elles témoignent de leur volonté, pour tenter d’exister, de trouver une faille dans un ordre social structuré par les rapports de pouvoir entre les sexes.
Notes de bas de page
1 André Cabanis, « Presse », dans Jean Tulard, Dictionnaire Napoléon, Paris, Fayard, 1989, p. 1397-1404.
2 Éliane Viennot & Nicole Pellegrin (dir.), Revisiter la « querelle des femmes » : discours sur l’égalité / inégalité des sexes, de 1750 aux lendemains de la Révolution, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2012.
3 À propos des discours médicaux sur les femmes sous le Consulat et l’Empire, voir Yvonne Knibiehler, « Les médecins et la “nature féminine” au temps du Code civil », Annales. Économie, sociétés, civilisations, vol. 31, nº 4, 1976, p. 824-845 ; et June K. Burton, Napoleon and the Woman Question. Discourses of the Other Sex in French Education, Medicine, and Medical Law, 1799-1815, Lubbock, Texas Tech University Press, 2007.
4 Sur le Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes (1801) de Sylvain Maréchal et la querelle qu’il suscita, voir Geneviève Fraisse, Muse de la raison, Paris, Gallimard, 1995, chap. 1.
5 Caroline Fayolle, La Femme nouvelle : genre, éducation, Révolution (1789-1830), Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2017, p. 280-302. Sur l’éducation des filles au xixe siècle, voir notamment Rebecca Rogers, Les Bourgeoises au pensionnat : l’éducation féminine au xixe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007 ; Isabelle Matamoros, « “Moi, je revenais à ma mère” : les trajectoires “scolaires” des frères et des sœurs comme lieu d’expérience de la différence des sexes au xixe siècle », Genre & Histoire, nº 20, automne 2017, en ligne : http://journals.openedition.org/genrehistoire/2845 (nov. 2021).
6 La fondation de l’Athénée des dames fut attribuée à Mme de Renneville, voir Claude Bellanger et al., L’Histoire générale de la presse française, 1. Des origines à 1814, Paris, Presses universitaires de France, 1969, p. 564. Sur l’Athénée des dames, voir aussi Évelyne Sullerot, Histoire de la presse féminine en France, des origines à 1848, Paris, Armand Colin, 1966, chap. 9.
7 Joseph-Marie Quérard, La France littéraire, ou dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, Paris, F. Didot, 1838, vol. 9, p. 207. La création de ce périodique a aussi été attribuée à François-Joseph-Marie Fayolle, voir par exemple June K. Burton, Napoleon and the Woman Question, op. cit., p. 250.
8 Sur La Décade philosophique, voir Joanna Kitchin, Un journal « philosophique » : « La Décade » (1794-1807), Paris, M. J. Minard-Lettres modernes, 1965 ; Marc Regaldo, Un milieu intellectuel : « La Décade philosophique », 1794-1807, 5 vol., Lille / Paris, Atelier de reproduction des thèses de l’Université / Librairie H. Champion, 1976.
9 Voir Joanna Kitchin, Un journal « philosophique », op. cit.
10 Sur le parcours de Rigomer Bazin sous le Directoire et l’Empire, voir Pierre Serna, « Bazin et la Restauration : penser la république dans la monarchie », Annales historiques de la Révolution française, nº 325, 2001, p. 56-58.
11 L’édition de 1807 contient 39 lettres. D’autre part, pour tenter de reconstituer le réseau de l’opposant politique Bazin, la police impériale a dressé des listes des personnes auxquelles Bazin envoyait les Lettres philosophiques : leur nombre s’élève environ à 200, archives de la préfecture de police de Paris, Aa316.
12 Interrogatoire de Bazin dans le cadre de l’affaire Malet, 24 juin 1808, archives de la préfecture de police de Paris, Aa316. Bazin précise qu’il a été forcé d’arrêter la publication à cause d’un article intitulé « Dialogue entre Constantin et le Sénateur Maxime ».
13 On note que, dans l’édition de 1814, les Lettres philosophiques de Rigomer Bazin sont dédiées à une certaine « Constance de S*** ».
14 Marie-Thérèse Pallot-Raguet souligne que des rédacteurs de La Décade philosophique, comme Ginguené, ont entretenu des correspondances avec Constance de Salm. Voir Marie-Thérèse Pallot-Raguet, Correspondance de Constance de Salm (1795-1811) : édition critique, thèse de doctorat en lettres, Aix-en-Provence, Université Aix-Marseille 1, p. 94.
15 Jean-Luc Chappey, « Héritages républicains et résistances à “l’organisation impériale des savoirs” », Annales historiques de la Révolution française, nº 346, 2006, p. 106.
16 Anne-Marie Jaton, « La définition de la féminité dans “Les rapports du physique et du moral” de Cabanis et dans “La loi naturelle” de Volney », dans Jean Roussel (dir.), Volney et les idéologues : actes du colloque d’Angers, 14-17 mai 1987, Angers, Université d’Angers, 1988, p. 184.
17 Pierre-Jean-Georges Cabanis, Rapports du physique et du moral de l’homme, Paris, Crapelet, 1805, p. 368.
18 Jean-Luc Chappey, « Les écoles de la Révolution : pour en finir avec la thèse de la table rase », dans Michel Biard (dir.), La Révolution française : une histoire toujours vivante, Paris, Tallandier, 2010, p. 331-332.
19 Jean Antoine Nicolas Caritat, marquis de Condorcet, « Sur l’admission des femmes au droit de cité », Journal de la Société de 1789, nº 5, 3 juillet 1790.
20 « Avant-propos », Athénée des dames : ouvrage d’agrément et d’instruction, uniquement réservé aux femmes et rédigé par une société de dames françaises, Paris, Chez F. Buisson J. Farge, 1808, p. 4-5.
21 « Réponse à cette question : Pourquoi les femmes redoutent-elles la vieillesse plus que les hommes ? », Athénée des dames, op. cit., p. 96.
22 « Des femmes fortes », Le Petit Magasin des dames, 1807, p. 31.
23 On note que dans la nouvelle parution des Lettres philosophiques en 1814, Rigomer Bazin critique explicitement les médecins qui ont justifié la hiérarchie sexuée : « Et ce savant, à quoi l’ont conduit ses recherches physiologiques ? À la prétendue découverte d’une infériorité physique et morale chez la femme : au nom de la nature, il accorde le droit de les opprimer, et voudrait leur ôter le pouvoir de s’en plaindre. » Rigomer Bazin, Lettres philosophiques, Paris, Imprimerie de Renaudière, 1814, lettre 12.
24 Dietrich Berding & Diethelm Klippel, « Droits naturels et droits de l’homme », dans Michel Delon (dir.), Dictionnaire européen des Lumières, Paris, Presses universitaires de France, 1997, p. 351.
25 Rigomer Bazin, Lettres philosophiques, Paris, Chez l’éditeur, 1807, lettre 24, p. 261.
26 Ibid., p. 262.
27 Jean-Luc Chappey, « Héritages républicains et résistances à “l’organisation impériale des savoirs” », art. cité, p. 109.
28 Rigomer Bazin, Lettres philosophiques, op. cit., 1807, lettre 29, p. 318.
29 Fanny Raoul, Opinion d’une femme sur les femmes [1801], Geneviève Fraisse (éd.), Le Pré-Saint-Gervais, Le Passager clandestin, 2011.
30 Caroline Fayolle, La Femme nouvelle, op. cit.
31 Rigomer Bazin, Lettres philosophiques, op. cit., 1807, lettre 25, p. 275.
32 Nicole Edelman, « Les métamorphoses de l’étiologie hystérique et ses effets sur la représentation des sexes du début du xixe siècle à la Grande Guerre », dans Luc Capdevilla et al. (dir.), Le Genre face aux mutations : masculin et féminin du Moyen Âge à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 93.
33 L’argument de l’influence des femmes sur l’éducation des enfants avait été souligné notamment par Condorcet et Romme pour justifier l’ouverture des écoles publiques aux filles. Voir Jean Antoine Nicolas Caritat, marquis de Condorcet, Cinq mémoires sur l’instruction publique, Charles Coutel & Catherine Kintzler (éd.), Paris, Flammarion, 1994, p. 98 ; Charles Gilbert Romme, Rapport sur l’instruction publique, considéré dans son ensemble, suivi d’un projet de décret sur les principales bases du plan général, prononcé devant la Convention le 20 décembre 1792, dans James Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1891, vol. 1, p. 214.
34 Rigomer Bazin, Lettres philosophiques, op. cit., 1807, lettre 25, p. 276.
35 Ibid., lettre 24, p. 266.
36 Carla Hesse, The Other Enlightenment. How French Women Became Modern, Princeton, Princeton University Press, 2001, p. 117.
37 « Adresse à la Convention nationale », Le Petit Magasin des dames, 1803, p. 52-61.
38 Ce discours est reproduit dans Maurice Ferrus, Madame Tallien à Bordeaux pendant la Terreur : étude historique et critique, Bordeaux, Delmas Éditeur, 1933, p. 363-369. On fit la lecture de ce discours le 5 floréal an II (24 avril 1794) à la Convention nationale.
39 Le Petit Magasin des dames, 1803, p. 5.
40 La Décade philosophique, littéraire et politique, 10 pluviôse an X (30 janvier 1802), p. 223-224.
41 Nicole Pellegrin, notice « Marguerite-Ursule-Fortunée Bernier », dans Dictionnaire des femmes de l’Ancien Régime, SIEFAR, en ligne : www.siefar.org/dictionnaire/fr/Marguerite-Ursule-Fortun%C3%A9e_Bernier (nov. 2021). Sur le dictionnaire de Fortunée Briquet, voir aussi Carla Hesse, The Other Enlightenment, op. cit., p. 135-136.
42 Elisabeth Colwill, « Women’s Empire and the Sovereignty of Man in La Décade philosophique, 1794-1807 », Eighteenth-Century Studies, vol. 29, nº 3, 1996, p. 265-289.
43 Christine Planté, La Petite Sœur de Balzac : essai sur la femme auteur, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2015, p. 244-245.
44 Michèle Riot-Sarcey & Eleni Varikas, « Réflexions sur la notion d’exceptionnalité », dossier « Le genre de l’histoire », Cahiers du GRIF, nº 37-38, 1988, p. 83.
45 Ibid.
46 « Lettres de Mme du Châtelet et de M. d’Argental », Le Petit Magasin des dames, 1807, p. 77.
47 « Faits et résumé de trois causes intéressantes jugées pendant le cours de l’an X », Le Petit Magasin des dames, 1803, p. 198-211.
48 « Demande d’autorisation pour l’Athénée, journal uniquement réservé aux femmes et rédigé par une société de dames françaises », 1808, citée par Évelyne Sullerot, Histoire de la presse féminine en France, op. cit., p. 115-116.
49 « Avant-propos », Athénée des dames, art. cité, p. 7.
50 « Aux Rédacteurs de La Décade », La Décade philosophique, littéraire et politique, 10 pluviôse an X (30 janvier 1802), p. 250.
51 Rigomer Bazin, Lettres philosophiques, op. cit., lettre 25, p. 282.
52 Voir Christine Planté, La Petite Sœur de Balzac, op. cit.
53 « Sur le roman de Madame de Genlis : le siège de la Rochelle ou le malheur de la conscience », Athénée des dames, op. cit., p. 35.
54 « Aux Rédacteurs de La Décade », La Décade philosophique, art. cité, p. 250.
55 « Opuscules poétiques par Madame A.B. Dufrénoy », Le Petit Magasin des dames, 1807, p. 143.
56 « Lettre d’une abonnée à l’auteur de l’avant-propos », Athénée des dames, op. cit., p. 15.
57 « Vers adressés à S.M. l’empereur des Français et présentés le 25 mars 1806 par Mme de Puitmorin », Le Petit Magasin des dames, 1807, p. 40-43.
58 « De Miss Godwin », Le Petit Magasin des dames, 1803, p. 139.
59 Figure du radicalisme anglais et pionnière du féminisme, Mary Wollstonecraft (1759-1797) est présente à Paris lors des événements révolutionnaires. Dans son ouvrage Défense des droits des hommes (1790), elle défend la Révolution contre les attaques de son compatriote Edmund Burke. Dans la Défense des Droits de la femme, Mary Wollstonecraft propose une réflexion sur l’instruction des femmes pensée comme un instrument de leur émancipation politique : voir Mary Wollstonecraft, Défense des droits de la femme [1792], Marie-Françoise Cachin (trad.), Paris, Payot & Rivages, 2005.
60 Jean-Clément Martin, La Révolte brisée : femmes dans la Révolution française et l’Empire, Paris, Armand Colin, 2008, p. 15.
61 Carla Hesse, The Other Enlightenment, op. cit., p. 155.
62 Michèle Riot-Sarcey, « Un autre regard sur l’histoire », dans Michèle Riot-Sarcey, De la différence des sexes : le genre en histoire, Paris, Larousse, 2010, p. 20.
Auteur
Caroline Fayolle est agrégée d’histoire et maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Montpellier. Elle est spécialisée dans l’histoire du genre, du féminisme et de l’éducation pendant la Révolution française et le xixe siècle. Ses nouveaux chantiers de recherche concernent l’histoire des féminismes en contexte révolutionnaire et les associations de travailleuses au xixe siècle. Elle a notamment publié Le Féminisme : histoire et actualité (Presses universitaires Blaise-Pascal, 2018) et La Femme nouvelle : genre, éducation, Révolution (1789-1830) (Éditions du CTHS, 2017).
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Féminin/Masculin dans la presse du XIXe siècle
Christine Planté, Marie-Ève Thérenty et Isabelle Matamoros (dir.)
2022