Les vignerons du Roannais-Brionnais au dernier siècle de l’Ancien Régime
p. 45-64
Texte intégral
1Le Roannais-Brionnais est un petit pays d’un peu plus de 2 000 km2 qui s’étend sur quelque 50 à 60 kilomètres du sud au nord, de part et d’autre de la Loire, depuis le Seuil de Neulise qui le sépare de la plaine du Forez, jusqu’aux limites de la Bourgogne méridionale, aux environs de Marcigny (Voir carte n° 1). La topographie contribue à individualiser cet espace formé d’une plaine d’effondrement entourée d’un amphithéâtre de collines et de montagnes : Monts de la Madeleine flanqués de la « Côte roannaise » à l’ouest, montagnes cristallines du Lyonnais, du Haut-Beaujolais et du Haut-Mâconnais à l’est, bordés par le plateau argilo-calcaire du Brionnais.
2La tradition locale ne manque jamais de rappeler que le pays roannais était sous l’Ancien Régime une importante région viticole. En particulier, le vin de la « Côte de Renaison » faisait l’objet d’un important trafic à destination de Paris1. Dans sa Description du pais de Forez, en 1606, Anne d’Urfé précisait, à propos de la « Côte » : « Quant à Saint-Haon [...] le bourg qui est assez beau [...] est environné de vignoble qui produit des vins très excellents »2. À cette appréciation élogieuse répondait la remarque de l’intendant Lambert d’Herbigny dans son Mémoire de 1698 : « Vers Roanne [...] il y a des coteaux qui portent de très bons vins, d’autant meilleurs pour les gens du pays qu’ils se transportent à Paris par la Loire. Entre ces vins, ceux de Renaison ont le plus de réputation. Ils ont du corps et de la délicatesse »3. D’autres appréciations, tardives il est vrai, sont plus réservées. Il en est ainsi de celle du préfet Ducolombier en 1809 qui, toujours à propos du vin de Renaison, juge que « la qualité en est médiocre mais [qu’]il passe pour un bon vin d’ordinaire quand il est manipulé avec soin »4.
3On ne va pas ici discuter de la qualité des vins du Roannais, d’ailleurs variable selon les lieux5 car l’objet essentiel de cet article est l’esquisse d’une étude sociale du milieu des vignerons. Dans cette perspective on essaiera de répondre à deux questions. Quel est le mode socio-juridique dominant de mise en valeur du vignoble local, faire-valoir direct par des vignerons propriétaires ou faire-valoir indirect par des « vignerons pour autrui » ? Cette question implique évidemment une étude de l’état social des vignerons. Quelles sont les conditions socio-économiques concrètes de la viticulture telles qu’elles apparaissent à travers les contrats de culture et l’organisation des vendanges ? Avant d’aborder ces deux questions, on fera une rapide présentation spatiale du vignoble.
Approche géographique : la localisation du vignoble
4La vigne est très répandue en Roannais sous l’Ancien Régime. Sauf dans les zones montagneuses où les conditions naturelles sont particulièrement difficiles, les terroirs villageois comportent presque toujours quelques parcelles de vignes. Mais ce qu’il importe de mettre en évidence ce sont les lieux où la vigne occupe une place importante, voire prépondérante dans l’économie locale. Le moyen le plus simple pour localiser les villages que l’on peut qualifier de « viticoles » est de relever, parmi les résidents du lieu, la proportion de vignerons. À défaut de listes nominatives ou de recensements précis, deux sources principales peuvent être utilisées pour cette approche : les enquêtes administratives et les rôles fiscaux. En raison du manque fréquent de précision de ces documents, on ne peut aboutir qu’à des approximations. Mais ce sont les seules sources qui permettent une approche globale de la présence viticole. Compte tenu de la différence dans la documentation, on distinguera le Brionnais, dépendant administrativement de la Bourgogne, et le Roannais proprement dit, que l’on peut qualifier de Roannais forézien, dépendant de la généralité de Lyon.
La viticulture brionnaise
5Une première vue d’ensemble de la viticulture brionnaise peut être donnée par les visites de feux de la fin du XVIIe siècle. Ces visites, en réalité des enquêtes de caractère fiscal réalisées par les délégués des états de Bourgogne, ont donné lieu à des procès-verbaux qui permettent de localiser les paroisses à forte présence de vignerons6. On a examiné les procès-verbaux de 32 communautés rurales de la recette de Semur-en-Brionnais. Les communautés ont été classées en trois catégories : communautés sans vignerons signalés parmi les contribuables – 19 – ; communautés à faible présence vigneronne – 9 – (Anzy-le-Duc : 18 vignerons sur 95 « chefs de feu » ; Chambilly : 7/57 ; Jonzy : 3/17 ; Oyé : 8/116 ; Saint-Germain, Saint-Forgeux, Lespinasse : 11/167 ; Saint-Julien-de-Cray : 4/65 ; Saint-Julien-de-Civry : 6/130 ; Saint-Martin-du-Lac : 3/54 ; Sarry : 3/47) ; communautés à forte présence vigneronne – soit plus du quart des contribuables et au moins la moitié des chefs d’exploitation : 4 – (Briant : 38 vignerons sur 117 contribuables ; Iguerande : 17/52 ; Mailly : 20/37 ; Saint-Martin-la-Vallée : 20/79). Il faudrait y ajouter la paroisse mâconnaise toute proche de Fleury-la-Montagne où la grande majorité des exploitants sont vignerons (voir cartes n° 1 et n° 2).
6On peut compléter et préciser ces premières indications par l’examen des rôles fiscaux de la deuxième moitié du XVIIIe siècle7. Les différences par rapport à l’enquête de 1690 proviennent moins d’une évolution qui aurait fait varier sensiblement la proportion des vignerons parmi les exploitants que des incertitudes autour de la qualification de « vignerons » ; ceux-ci sont souvent confondus avec les « manouvriers » ou les « propriétaires » (sans précision) selon qu’il s’agisse de petits ou moyens exploitants. C’est ainsi, par exemple, qu’à Saint-Martin-du-Lac, paroisse située au sud de Marcigny, on relève la présence de sept vignerons sur 66 cotes en 1776, et seize vignerons sur 64 contribuables d’après le rôle de 1762, ou encore « 27 vignerons ou manouvriers » sur 71 contribuables en 1786.
7Malgré ces incertitudes on a tenté une estimation en se référant aux rôles de taille les plus précis et en retenant les localités où existait un nombre significatif de vignerons. Le tableau suivant en rassemble les résultats.
Carte n° 1- Le Roannais-Brionnais au XVIIIe siècle

Date du document | Communauté | Nombre de vignerons | Nombre de cotes fiscales |
1762 et 1776 | Saint-Martin-du-Lac | 16 ou 7 | 65 à 70 |
1758 | Mailly | 31 | 42 |
1756 | Iguerande (partie bourguignonne) | 21 | 52 |
1762 et 1765 | Saint-Martin-la-V allée | 15 ou 35 | 110 à 120 |
1755 et 1765 | Briant | 8 ou 17 | 115 à 120 |
1785 | Fleury-la-Montagne | 38 | 138 |
8À part quelques vignerons isolés à Oyé, Anzy, Montceau l’Étoile, Chambilly, Melay, on retrouve les principales paroisses où la viticulture compte véritablement dans l’économie villageoise. Les localités de Saint-Martin-du-Lac, Mailly, Iguerande, Saint-Martin-la-Vallée, Fleury-la-Montagne et dans une moindre mesure Briant, sont situées en bordure du plateau brionnais sur des pentes bien exposées, même si l’orientation vers le sud-ouest n’est pas la meilleure. Ce sont aussi des paroisses proches des petites villes de Marcigny, Semur, Charlieu, où existent des débouchés (voir carte n° 2).
9Une estimation pour l’ensemble des paroisses proprement brionnaises (paroisse mâconnaise de Fleury exclue) donne le résultat suivant pour la décennie 1750-1760, toujours d’après les rôles de taille : total des contribuables : 2 438 ménages pour 32 communautés rurales de la recette de Semur ; nombre de laboureurs et grangers : 929 ménages ; nombre de vignerons-chefs d’exploitation : 120. Le chiffre proposé pour les vignerons est un minimum : il laisse de côté une grande partie des « manouvriers vignerons » très rarement distingués des autres manouvriers sur les documents et ne tient pas compte des « laboureurs » qui exploitent quelques parcelles de vignes. Tel quel, ce chiffre correspond à environ 5 % des contribuables et à près de 11,50 % des chefs d’exploitation. Ce n’est pas très important, mais suffisant pour constater la présence d’une viticulture significative, au moins dans quatre ou cinq paroisses du Brionnais.
La viticulture en Roannais forézien et ses abords
10Pour la partie du pays roannais dépendant de la généralité de Lyon, l’enquête pour l’élaboration du Mémoire de l’intendant Lambert d’Herbigny, datant des années 1697-1698, donne un tableau partiel de la viticulture à la fin du XVIIe siècle9. Tableau partiel et incomplet, car on n’a conservé les répon ses que pour 38 communautés sur les 94 qui correspondent à peu près au Roannais géographique dépendant de la généralité de Lyon. Parmi ces 38 communautés, la présence de vignes est signalée par les curés dans 18 d’entre elles ; mais, sur ces 18, huit seulement peuvent être considérées comme viticoles :
Iguerande (partie du Lyonnais) : « une partie des terrains est en beluze, autre pierreuse et légère » ; la vigne occupe une grande place.
Riorges : les trois quarts du finage sont cultivés ; la vigne occupe un sixième des terres exploitées.
Saint-Denis-de-Cabanne : on y cultive cent ouvrées de vigne (soit un peu plus de trois hectares). Surtout :
Saint-Nizier, proche de Charlieu : la moitié du terroir cultivé est consacrée à la vigne.
Saint-Sulpice-de-Villerest : « la vigne est d’assez bonne qualité ».
Saint-Vincent-de-Boisset, à l’est de Roanne : le tiers du terroir est cultivé en vigne.
Vernay, au sud de Roanne : la situation est analogue à celle de Saint-Vincent-de-Boisset.
Villerest : la vigne est la culture dominante.
Carte n° 2 – Propriété viticole et modes de faire-valoir

Sources : Rôles fiscaux
11Comme pour le Brionnais, il est utile de compléter ces observations partielles par un document fiscal plus tardif – mais plus complet –, les « tableaux des propriétaires et habitants », établis au moment de la réforme municipale de 1787, où les contribuables des différentes communautés de l’élection de Roanne sont classés selon le montant de leur imposition10. L’intérêt de cette source est d’être à peu près globale puisqu’elle concerne en principe toutes les paroisses. On a relevé les communautés où figure un nombre significatif de vignerons – plus précisément celles où leur nombre dépasse 20 % des ménages contribuables figurant sur le tableau.
Communauté | Nombre de contribuables | Nombre de vignerons désignés comme tels dans le tableau |
Renaison | 185 | 68 |
Saint-Romain-la-Motte | 122 | 45 |
Saint-Haon-le-Vieux | 185 | 58 |
Riorges | 73 | 26 |
Vernay | 108 | 31 |
Saint-Martin-de-Boisy | 25 | 8 |
Ouches | 54 | 13 |
Pouilly-les-Nonains | 58 | 22 |
Villerest | 130 | 55 |
12Cette liste ne rend pas compte de toute la réalité, d’abord parce qu’elle ne concerne que l’élection de Roanne. Or, d’autres sources, comme les actes notariés, signalent l’existence d’une viticulture dans les paroisses situées en bordure des montagnes beaujolaises mais dépendant administrativement de l’élection de Villefranche – Coutouvre, Perreux, Saint-Vincent-de-Boisset par exemple. Surtout, et c’est là que se trouve la lacune la plus grave, beaucoup de tableaux ne précisent pas clairement l’état social des chefs de ménage. C’est le cas, par exemple, de certaines localités viticoles de la Côte roannaise comme Saint-André et Villemontais, ainsi que de Saint-Nizier ou de Saint-Bonnet-de-Cray, proches de Charlieu. C’est pourquoi ils ne figurent pas sur la liste.
13Finalement, pour compléter cette vue d’ensemble de la viticulture roannaise on peut se reporter à la présentation du préfet Ducolombier dans l’Annuaire statistique de la Loire de 1809. L’essentiel de son texte mérite d’être cité car il s’agit d’une utile mise au point sur cette activité dans ce qui est devenu à cette date l’arrondissement de Roanne11 ; « L’abaissement de cette montagne [les Monts de la Madeleine] qui est exposé au levant et qui tient à la plaine de Roanne est fertile en vins. Le coteau s’étend depuis les bords de la Loire jusqu’à la Pacaudière [...] et sur environ six lieues d’étendue. On peut évaluer à 130 mille double hectolitres la quantité de vins qu’on y recueille12. Il se consomme dans le pays et dans les montagnes voisines et sert aux approvisionnements de Paris où il est connu sous le nom de vin d’Arnaison [...]. Les vignobles les plus estimés sont les côtes de la Loire, à Arvet, les coteaux de Saint-André, ceux de Renaison, Oudan et Bretagne à Saint-Haon-le-Châtel et Champagny à Saint-Haon-le-Vieux [...] ». Le préfet évoque aussi brièvement le vignoble de « plaine » : « On y voit quelques vignobles sur les collines formées par les derniers abaissements des montagnes de l’ouest. Le terrain y est sablonneux et léger ». Plus loin, il ajoute encore, à propos de « la côte de Renaison du nom de la commune qui en fait le centre » : « Le vin qu’on y récolte peut passer pour bon [...]. Il se mélange parfaitement avec tout autre vin, sans lui donner un goût de terroir. Ces avantages lui doivent un débit sûr à Paris [...]. Avant 1790 on y envoyait quarante à cinquante mille pièces de deux hectolitres qui assuraient un retour annuel de dix à douze cents mille francs ».
14Il résulte des données précédentes et de la présentation du préfet qu’il y a bien, en Roannais, une zone viticole de prédilection, la « Côte roannaise » de Saint-Maurice et Villemontais à la Pacaudière. Ailleurs, la viticulture est moins réputée ; elle est néanmoins présente à l’ouest et au sud du plateau brionnais et autour de la ville de Roanne (Voir carte n° 2).
Approche sociologique : le milieu vigneron
Les vignerons et la terre : « propriétaires » ou « exploitants pour autrui » ?
15La prise en charge du vignoble est étroitement liée aux modalités juridiques qui établissent les rapports de l’homme à la terre cultivée. Ces modalités se manifestent par le mode de faire-valoir qui révèle le statut social du vigneron. On distingue traditionnellement le faire-valoir direct par les vignerons, propriétaires de leur exploitation que les textes du XVIIIe siècle désignent habituellement du terme d’« héritage », et le faire-valoir indirect par des « vignerons pour autrui » qui exploitent les terres d’un rentier non exploitant suivant les termes d’un contrat de culture à court terme.
16L’étude de la propriété viticole au XVIIIe siècle n’est pas aisée, faute de cadastre. On ne dispose pas d’une documentation comparable à celle qu’a pu utiliser Gilbert Carrier pour le Beaujolais au XIXe siècle13. Il faudra donc se contenter d’approximations, voire de simples hypothèses. On s’est appuyé principalement sur les sources qui ont un caractère global : les rôles fiscaux brionnais et les tableaux des propriétaires et habitants de l’élection de Roanne. Elles présentent la situation à la fin du XVIIIe siècle.
Le statut social des vignerons brionnais
17Ce statut paraît de prime abord assez facile à connaître car les rôles de taille indiquent généralement l’état social des chefs de ménage. Il arrive même que certains distinguent les « vignerons propriétaires » et les « vignerons pour autrui ». La grande difficulté vient de la fréquente confusion entre les petits vignerons et les manouvriers. On a tenté de clarifier le statut social des vignerons pour les cinq paroisses brionnaises que l’on peut qualifier de viticoles.

18Note14
19Note15
20Note16
21Note17
22Note18
23En y ajoutant les vignerons dispersés dans d’autres communautés on obtient, pour les quelques trente paroisses brionnaises, non compris les « vignerons-manouvriers », environ 120 vignerons dont 102 « propriétaires » et 18 « pour autrui ». Remarquons que le nombre des « vignerons pour autrui » par rapport aux propriétaires est sous-estimé, car les domaines seigneuriaux exploités en faire-valoir indirect par des fermiers comportent habituellement des parcelles de vigne, à l’exemple du marquisat de Maulévrier19. Malgré les incertitudes et les approximations, il apparaît clairement que les vignerons du Brionnais sont en grande majorité des vignerons propriétaires, exploitant leur vigne en faire-valoir direct.
Le cas de l’élection de Roanne
24Pour connaître l’état de la propriété viticole et les modes dominants de faire-valoir dans l’élection de Roanne, on se réfère, là encore, aux tableaux des propriétaires et habitants, malgré le manque fréquent de précision. La principale difficulté pour distinguer les vignerons propriétaires des vignerons « pour autrui », vient ici de ce que les contribuables qualifiés explicitement de « vignerons » dans les documents sont presque toujours des vignerons qui exploitent des vignes d’un propriétaire en faire-valoir indirect. À deux ou trois exceptions près, les vignerons-propriétaires travaillant en faire-valoir direct sont confondus avec les « habitants », catégorie sociale vague qui regroupe des vignerons et des laboureurs-propriétaires, voire des non agriculteurs. Ainsi, faute de mieux, a-t-on considéré les paroisses viticoles où le rapport vignerons/habitants est nettement en faveur des habitants, comme des zones où dominait une viticulture en faire-valoir direct par des vignerons propriétaires. Les données qui permettent de comparer les « habitants » aux « vignerons »20 sont regroupées dans le tableau suivant – qui ne tient pas compte des autres catégories sociales.
Paroisses à forte activité viticole | Nombre total de chefs de ménage figurant sur le tableau | Nombre d’« habitants » dont une bonne partie de vignerons propriétaires | Nombre de « vignerons » signalés comme tels (en fait, presque tous « pour autrui ») |
Changy | 226 | 141 | 4 |
Vernay | 108 | 33 | 31 |
Ouches | 54 | 17 | 13 |
Pierrefitte (parcelle d’Ambierle) | 79 | 33 | 10 |
Pouilly-les-Nonains | 57 | 14 | 22 |
Renaison | 185 | 94 | 68 |
Riorges | 73 | 13 | 26 |
Saint-André-d’Ap. | 198 | 86 | 10 |
Saint-Haon-le-V. | 185 | 73 | 58 |
Saint-Martin-de-Boisy | 25 | 7 | 8 |
Saint-Maurice | 118 | 51 | 14 |
Saint-Romain-la-M. | 122 | 18 | 45 |
Villerest | 130 | 39 | 55 |
25Dans ce tableau ne figurent pas les communautés pour lesquelles le document ne donne qu’une liste de noms sans précision de l’état social. Il apparaît que les « vignerons à X ou Y » sont plus nombreux que les « habitants » dans cinq ou six des paroisses considérées. Là domine incontestablement le faire-valoir indirect. L’état de la documentation ne permet pas d’être plus précis.
Les vignerons dans la société rurale
26Propriétaires ou non, les vignerons occupent une place modeste dans la société rurale comme le montre leur place dans la hiérarchie fiscale. Les rôles de taille d’Iguerande21 et de la paroisse mâconnaise de Fleury22 le montrent bien. Les deux tableaux suivants en rassemblent les données.

27Note23
28À part deux ou trois gros vignerons assimilés à des laboureurs aisés, la grande masse se trouve dans les catégories modestes dont le montant des impôts se situe entre cinq et vingt livres, donc au dessous des laboureurs et grangers qui payent généralement plus de vingt livres, et parfois plus de 35 livres, mais nettement au dessus de la masse des journaliers. C’est que, tout en appartenant majoritairement aux catégories modestes de la société rurale, les vignerons sont tout de même des chefs d’exploitation, au dessus des simples manœuvres et ouvriers agricoles que sont habituellement les journaliers.
29Cependant le groupe des vignerons n’est pas homogène, en particulier dans les communautés proches de la ville de Roanne et sur la Côte roannaise où se trouvent des vigneronnages importants. On le voit par exemple sur le tableau des propriétaires et habitants de Villerest.

30Les vignerons se concentrent surtout dans la deuxième classe où ils sont nettement majoritaires ; mais on en trouve aussi dans la première classe à la tête de gros vigneronnages, juste après les notables et les gros laboureurs. Il en est un peu de même à Renaison comme le montre le tableau suivant.

31Les apports au mariage confirment cette situation des vignerons comme représentants d’une sorte de petite classe moyenne dans les campagnes. La table des contrats de mariage enregistrés à Roanne de 1784 à 179024 montre que les apports des vignerons se situent très majoritairement entre 300 et 1 200 livres. Les seules exceptions notables sont Tillier de Saint-Maurice (3 000 livres), Cachet, vigneron-marchand de Commelle (3 500 livres), et surtout Chetard, « gros vigneron-habitant », gendre du chirurgien Gourlat de Villerest (11 000 livres). La grande majorité des apports situent bien les vignerons entre les manouvriers et journaliers – apports généralement inférieurs à 200 livres – et les « bons laboureurs » dont les apports se situent habituellement entre 1 000 et 2 000 livres.
32Le cadre de vie et de travail du vigneron est le plus souvent modeste comme le montrent les inventaires après décès de vignerons. L’inventaire de Benoît Bouillier de Saint-Maurice, daté du 6 mars 175225, révèle que le défunt habitait une maison à deux étages : au rez-de-chaussée, une grande pièce servant de cuisine et de local d’habitation principal, où se trouvaient toutes sortes d’ustensiles et un mobilier simple, à l’étage, deux petites chambres avec de la literie et des outils, ainsi qu’un grenier attenant. Il n’y avait pas de cave enterrée, mais des dépendances : un cellier où était entreposé du matériel viticole (treize tonneaux et « sept bannes à porter vendanges »), un cuvage où se trouvaient deux cuves mais pas de pressoir, une « boutique de maréchal » et enfin une étable avec trois vaches. Dans un inventaire plus tardif, daté de 1770, celui de Jacques Allier, vigneron d’Ambierle, on retrouve le bâtiment d’habitation à deux étages. À côté de la maison, « un petit hangard » constitue le local professionnel où se trouvent deux cuves de dix pièces chacune, « une vis et un tour de pressoir » et un chariot. Ce local est surmonté d’un grenier et d’une « fenière » où sont entreposés foin et paille26. On retiendra de ces inventaires que ces vignerons disposent d’un minimum de matériel viticole : outils, cuves et tonneaux, mais pas toujours de pressoir. Le bétail fournit fumier et force motrice. Dans l’estimation de la valeur des biens, le matériel professionnel l’emporte nettement sur les autres biens meubles.
Essai de typologie
33Finalement trois types de vignobles se dégagent de l’observation.
Le type brionnais
34En Brionnais, la viticulture est quelque peu marginale dans l’économie locale avant tout orientée vers la production de grains et, de plus en plus au XVIIIe siècle, vers l’élevage bovin, particulièrement sous la forme de l’embouche. Toutefois quelques communautés viticoles existent comme Mailly, Iguerande, Saint-Martin-la-Vallée, etc. Dans cet espace dominent nettement les vignerons propriétaires et l’exploitation en faire-valoir direct. La présence d’un grand nombre de vignerons donne à ces communautés une incontestable homogénéité sociale si on les compare aux communautés purement agricoles. Le faire-valoir indirect est rare sauf dans le cas de domaines seigneuriaux et ecclésiastiques où des parcelles de vigne sont intégrées aux grandes exploitations baillées à ferme. Ce vignoble sert essentiellement à la consommation locale.
Le vignoble de la plaine roannaise et de ses abords
35Il s’agit ici d’un vignoble suburbain largement dominé par les propriétaires-bailleurs de Roanne. C’est le cas à Villerest, Riorges, Pouilly-les-Nonains, Saint-Romain-la-Motte, etc. et probablement aussi à Perreux et Saint-Vincent-de-Boisset sur la rive droite de la Loire. Le faire-valoir indirect l’emporte. Sur la table des baux enregistrés à Roanne durant la période 1751-1780, on a relevé 99 baux de viticulture dont la moitié au profit d’un habitant de la ville. Les vignobles les plus importants appartiennent à des nobles comme les familles Valence de Minardière, Courtin, Nompère, Dumyrat, Michon de Vougy, etc. et aussi à certains bourgeois, comme l’avocat Populle à Pouilly-les-Nonains, l’avocat Arthiaud à Saint-Germain-Lespinasse, le négociant Pernetty, les hommes de loi Turge et Bergier à Villerest, ainsi qu’à des ordres religieux comme les joséphites du Collège ou les ursulines à Saint-Romain-la-Motte.
Carte 3 – Localisation des principales propriétés viticoles des habitants de Roanne non résidents

La Côte roannaise
36C’est la zone viticole par excellence, la plus spécialisée. C’est là que l’ouverture commerciale vers Paris, par le port fluvial de Roanne, est la plus manifeste. La situation des vignerons est ici plus complexe et plus diverse. On y trouve à la fois des vignerons propriétaires et des vignerons « pour autrui » qui cultivent aussi bien les vignes de notables locaux, en particulier des bourgeois de la petite ville de Saint-Haon-le-Châtel, que celles de rentiers résidant à Roanne, au demeurant moins nombreux que ce qu’on a cru longtemps. Parmi eux, on trouve des seigneurs possessionnés sur la Côte comme les Goyet de Livron, seigneurs de Taron dans la paroisse de Renaison ou les Nompère de Champagny et Pierrefitte, propriétaires à Saint-Haon-le-Vieux et Ambierle27. On trouve aussi des bourgeois comme Joseph Bayon qui possède à Renaison un vignoble d’une valeur de 13 000 livres, l’avocat Antoine Verne ou le notaire et procureur Petel28. Le faire-valoir indirect occupe finalement une place importante en Roannais surtout dans les vignobles proches de la ville, ce qui se traduit par l’existence de contrats qui fixent les relations entre propriétaires et exploitants. C’est à travers ces documents que l’on peut appréhender les conditions concrètes de la mise en valeur du vignoble.
Approche socio-économique : les conditions de la mise en valeur des espaces viticoles
Les baux de viticulture et les conditions d’exploitation
37C’est en effet grâce aux contrats de location des terres à court terme que l’on peut connaître l’exploitation viticole en Roannais-Brionnais au dernier siècle de l’Ancien Régime. La forme de location par excellence est « le bail à vigneronnage à moitié fruits ». Ce type de contrat ressemble à ce qui existe dans le Beaujolais à la même époque29 et qui se perpétue, à quelques détails près, au début du XIXe siècle30. Il repose sur une association capital-travail : le propriétaire bailleur apporte la terre, le vigneron exploitant son travail dans le cadre de certaines règles et obligations qui obéissent à un schéma à peu près uniforme, avec toutefois des différences de détail. Beaucoup de ces contrats reposent sur des conventions verbales ou sont établis sous seing privé. Une partie seulement est passée devant notaire. Généralement ce sont ces derniers qui ont été conservés et qui constituent une source historique exploitable.
38On peut prendre pour exemple le bail à vigneronnage passé par Antoine Verne, avocat à Roanne, le 7 août 1752, au profit de Michel Gironde, vigneron à Renaison31 . Les clauses du contrat qui fixent les règles de l’exploitation, peuvent se résumer ainsi : le preneur à bail doit résider dans le vigneronnage « avec gens suffisants pour faire la culture », donner « toutes les façons aux vignes en ne les surchargeant point »32, faire « tous les provins nécessaires33 » si possible « en bons plants lyonnais », faire les « razes », c’est-à-dire les rigoles, et « rebarmer les bayes vives », fournir les échalas, faire les biefs des prés, ne pas « distraire les foins et herbes mal à propos [et] les ranger bien sec et conditionné sous les bâtiments des vigneronnages pour y être consommé », recueillir le fumier et le conduire dans les vignes, « tenir deux vaches [...] lesquelles seront acheptées à moitié lorsque le preneur entrera dans ledit vigneronnage ». Le preneur est en outre tenu de régler « tous les frais de vandange » et « de fournir toutes les bennes [...] ». « Les fruits, proffits et revenus qui proviendront dudit vigneronnage seront partagés par moitié de mesme que le produit des vaches ». Le bail est conclu pour six années depuis la Toussaint de l’année en cours.
39Les dispositions du contrat montrent qu’un vigneronnage est plus qu’une simple parcelle de vigne. Il comporte aussi des prés et pâturages et parfois une parcelle de bois taillis. Les règles de culture révèlent le souci d’apporter au vignoble des soins attentifs, y compris par le choix du cépage le mieux adapté : en l’occurrence il s’agit généralement du gamay Saint-Romain. Un bail à cheptel est intégré dans le bail à culture. On remarquera aussi le souci de conserver le capital économique – effectuer le provinage, éviter de surcharger les ceps, etc. Finalement ces baux à vigneronnage sont en quelque sorte des baux à grangeage ou métayage, adaptés à la viticulture. Au delà des aspects essentiellement économiques concernant les conditions d’exploitation d’un vignoble, les contrats de location des terres révèlent aussi des relations sociales. Mais ce ne sont pas les seuls documents qui éclairent les rapports de dépendance qui existent dans le viticulture au XVIIIe siècle.
Viticulture et relations sociales
40La viticulture, comme les autres secteurs de la vie rurale entretient des relations de dépendance socio-économique entre possédants et non possédants et aussi des relations de dépendance socio-juridique entre seigneurs et hommes de la vigne.
Baux à vigneronnage et relations de dépendance socio-économique
41Ces contrats illustrent la dépendance de l’exploitant par rapport au propriétaire. On a relevé quelques dispositions significatives à cet égard. La durée du bail : habituellement les baux de vigneronnage sont conclus pour trois ou six ans ; mais il arrive qu’ils soient plus brefs – un ou deux ans – introduisant ainsi une grande précarité pour l’exploitant. Inversement des baux à long terme, qui paraissent plus favorables au preneur en lui garantissant la durée de l’exploitation, se traduisent en fait par une contre partie négative sous la forme d’un partage défavorable. C’est le cas du bail à culture, daté de 1717, consenti par Claude Marrolle, bourgeois de Charlieu, en faveur de Henry Tachier, de sa vigne située à Saint-Nizier. Le bail est de quinze ans, mais le partage, au lieu d’être à mi-fruits, s’effectue sur la base de 3/5 pour le bailleur et de 2/5 pour le preneur. Les obligations culturales : le preneur est pénalisé s’il n’effectue pas rigoureusement « toutes les façons ». Dans ce même bail à culture le propriétaire Marrolle impose au vigneron Tachier un partage deux tiers/un tiers en sa faveur au cas où le « tierçage » n’aurait pas été effectué34. Les prélèvements supplémentaires : ceux-ci s’ajoutent au partage à mi-fruits comme le montre le bail du 10 février 1760, consenti par sieur François de Lamurette, bourgeois de Saint-Haon à Benoît Granger, vigneron d’Ambierle, dans lequel il est prévu que le preneur fournisse « à chaque fête de Toussaint la somme de douze livres pour le loyer des maisons et baptiments dudit vigneronnage, la quantité de vingt livres de beurre, trente livres de fromages secs, cent vint œufs de poule, six poulets »35. Les corvées et travaux divers au service du bailleur : dans ce même bail Lamurette-Granger, « ledit preneur s’oblige de donner au sieur bailleur annuellement huit journées quand il le demandera et de filer ou sa femme aussi annuellement six livres d’œuvres en batard sans rien exiger ». Dans le contrat Verne-Gironde de 1753, le bailleur exige que le vigneron conduise « chaque année de Roanne à Renaison tous les tonneaux ainsi que deux charges de charbon de bois lesquels il ira chercher à la montagne sur les fours bien entendu que le sieur Verne remboursera audit Gironde ce qu’elles luy auront coutées ». Même lorsque le bailleur participe aux frais il est clair que ces corvées sont fort contraignantes pour le vigneron, lui font perdre un temps précieux et rompent le rythme du travail.
Pouvoir seigneurial et dépendance socio-juridique
42Quel que soit l’état social du vigneron, celui-ci reste soumis au pouvoir du seigneur local au moins dans deux cas spécifiques, en plus des habituelles redevances. Fréquemment, mais pas partout, le droit de ban dans le cadre des banalités attachées au pouvoir seigneurial, donne au seigneur le monopole de la vente de vin pendant une période précise de l’année agricole. Habituellement en Roannais-Brionnais ce privilège seigneurial s’applique au mois de mai et surtout au mois d’août36. Grâce à la responsabilité du ban des vendanges, c’est le seigneur qui fixe la date des vendanges et contrôle la récolte des raisins suivant un calendrier précis. C’est ce que montre le règlement des vendanges de la seigneurie de Villerest appartenant au prieuré de Marcigny. Ce règlement est proclamé à l’occasion d’une assemblée des habitants, le dimanche 26 septembre 1782 à 9 heures du matin, « devant François Turge, juge en la justice de Villerest [...] par devant de l’église paroissiale, le peuple étant assemblé et sortant d’ouïr la Sainte Messe ». C’est le procureur fiscal qui intervient pour fixer le calendrier des vendanges devant Joseph Ducarre fermier de la seigneurie, Joseph Carré, prêtre, Benoît Burlier, avocat et onze propriétaires de vignes « composant la majeure partie des habitants des paroisses de Villerest et Saint-Sulpice ». Le déroulement des opérations est alors précisé : les vendanges doivent se dérouler du 30 septembre au 10 octobre en commençant par les parties les plus élevées du terroir et en terminant « par le vignoble de dessous la ville de Villerest ». Il est prévu des sanctions contre ceux qui « vont enfreindre le présent règlement » et également que « les justiciables doivent tenir les terrains en bon état, combler les creux, rebarmer les haies qui se jettent dans lesdits chemins ». Enfin ce règlement interdit « de mener paître aucuns bestiaux dans lesdites vignes »37. On voit donc que le pouvoir seigneurial non seulement organise et contrôle les vendanges mais veille aussi au maintien en bon état du terroir viticole.
***
43Le vignoble du Roannais-Brionnais du XVIIIe siècle est bien caractéristique des vignobles d’Ancien Régime soumis aux conditions du marché de l’époque préindustrielle. La viticulture roannaise a pu prendre un certain développement grâce à deux facteurs : la présence d’une ville d’environ 7 500 habitants vers 1780 dont la société est dominée par une élite de notables rentiers du sol et marchands souvent propriétaires de vignes et en tout cas consommateurs de vin – cela a favorisé l’essor d’une viticulture suburbaine autour de Roanne – ; l’existence d’un port fluvial sur la Loire et par là un accès vers Paris par le fleuve et le canal de Briare, ce qui a longtemps assuré un commerce actif et permis une relative spécialisation de la Côte roannaise38.
44Mais à la fin de l’Ancien Régime une évolution défavorable est amorcée, perçue dès 1762 par l’intendant de Lyon, La Michodière39. Le vin du Beaujolais concurrence de plus en plus efficacement le vin du Roannais sur le marché parisien grâce à une meilleure organisation commerciale et une qualité probablement supérieure. Certains témoins au début du XIXe siècle déplorent que la recherche de la quantité pour un marché de plus en plus local, moins exigeant sans doute, se fasse aux dépens de la qualité40 .
45Aujourd’hui, après un long déclin, le vignoble roannais est en pleine renaissance. Si les surfaces cultivées restent modestes, un réel effort de qualité est entrepris, récompensé par le classement récent en AOC des « Côtes roannaises ». Pour se rendre compte des progrès accomplis par les vignerons locaux, le mieux est de venir déguster sur place, à l’exemple des courriers et postillons des XVIIe et XVIIIe siècles, fins connaisseurs, qui ne demandaient pas mieux que de juger sur pièce41.
Notes de bas de page
1 D. LUYA, Navigation et commerce sur la Loire dans son cours supérieur (1682-1850), 1991.
2 Cité par : R. BOUILLER, La vigne et les hommes en Côte roannaise, Centre forézien d’ethnologie, musée A. Taverne, Ambierle, 1984, p. 5.
3 L’intendance de Lyonnais, Beaujolais, Forez en 1698, mémoire de l’intendant Lambert d’Herbigny, édition critique sous la direction de Jean-Pierre Gutton, Paris, 1992, p. 48.
4 Préiet DUCOLOMBIER, Annuaire statistique de la Loire, 1809, p. 181 sq. £
5 Chanoine REURE, « Le vin de Garambeau et la querelle des vins du Roannais au XVIIe siècle », dans Bulletin de la Diana, 1908, pp. 5-6.
6 Arch. dép. Côte-d’Or (Archives départementales de la Côte-d’Or), C 4845, Visite de feux de 1690.
7 Ibidem, C 7420 à C 7470, Rôles de taille de la recette de Semur-en-Brionnais.
8 Paroisse mâconnaise hors de la recette de Semur. Arch. dép. Saône-et-Loire, C 838, Rôles de taille de 1785.
9 Arch. dép. Rhône, 1 C 4 et 1 C 5.
10 Arch. dép. Loire, C 69 et C 82.
11 Préfet DUCOLOMBIER, Annuaire statistique..., ouv. cité, p. 186 et p. 229.
12 Ici, le préfet fait la conversion des pièces (environ 2,10 hectolitres) en hectolitres en arrondissant la pièce à deux hectolitres.
13 Gilbert CARRIER, Paysans du Beaujolais et du Lyonnais, 1800-1970, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1973, p. 126 sq.
14 Arch. dép. Côte-d’Or, C 7426.
15 Ibidem, C 7442.
16 Ibidem, C 7400.
17 Ibidem, C7462.
18 Ibidem, C 7438.
19 Ibidem, B 10 886, Aveu et dénombrement du marquisat de Maulévrier, 1696.
20 Toujours d’après les tableaux des propriétaires et habitants de l’élection de Roanne. Arch. dép. Loire C 69 et C 82.
21 Tableau établi d’après le rôle de taille de 1756. Arch. dép. Côte-d’Or, C 7438.
22 Arch. dép. Saône-et-Loire, C 838, Rôle de 1785.
23 Nombreuses veuves, en particulier dans les petites cotes fiscales.
24 Arch. dép. Loire, 2 C 1263 et 2 C 1264, Enregistrement.
25 Ibidem, 5 E 453, Minutes Dechastelus.
26 Ibidem, B 1211, Justice d’Ambierle.
27 Tous ces éléments sont tirés des archives de l’enregistrement, Arch. dép. Loire, 2 C 1272 à 1275 : Brigitte LAVANDIER, Saint-Haon-le-Châtel au XVIIIe siècle ville déchue ?, Mémoire de maîtrise sous la direction Jean-Pierre Gutton, s.d., et des indications des tableaux des propriétaires et habitants, Ibidem, C 69.
28 D’après les sources notariales, en particulier les Minutes Dechatelus, Arch. dép. Loire, 5 E 453 (année 1753) et 5 E 375 (année 1784) et Morillon, Ibidem, 5 E, Versement 1 140, (année 1780).
29 Georges DURAND, Vin, vigne et vignerons en Lyonnais et Beaujolais (XVIe – XVIIIe siècle), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1979, p. 471 sq.
30 Gilbert CARRIER, Paysans du Beaujolais..., ouv. cité, p. 149-153.
31 Arch. dép. Loire, 5 E 453, Minutes Dechastelus.
32 Un « bail à culture » sous seing privé conservé dans les archives de la famille Viallet précise les quatre façons : tailler, procendre, biner, tiercer. Procendre est synonyme d’essarter : l’opération consiste à piocher pour détruire les herbes. Le binage s’effectue fin mai et consiste à ramener la terre autour du cep, tandis que tiercer consiste en un nouveau sarclage, généralement fin juillet. Voir : J. DUPLESSY, Annuaire statistique de la Loire, 1818, p. 287.
33 Le provinage consiste en une opération de reproduction visant à compléter la plantation de vignes. Voir : Préfet DUCOLOMNBIER, Annuaire statistique..., ouv. cité, p. 229 sq.
34 Arch. privées de la famille Viallet de Saint-Nizier.
35 Arch. de Maître Merle, notaire à Saint-Haon-le-Châtel, Minutes Payre.
36 C’est le cas, par exemple, dans le marquisat de Maulévrier, situé dans la paroisse de Melay au sud-ouest de Marcigny. Arch. dep. Côte-d’Or, B 10 886, Aveu et dénombrement de 1696.
37 Arch. dép. Loire, 5 E 558, Minutes Gellet.
38 Fernand BRAUDEL, L’identité de la France, tome 1, Espace et histoire, Paris, Arthaud-Flammarion, 1986, p. 187 sq.
39 L’intendance du Lyonnais..., ouv. cité, p. 48.
40 J. DUPLESSY, Annuaire statistique..., ouv. cité, p. 280.
41 Fernand BRAUDEL, L’identité..., ouv. cité, p. 185.
Auteur
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Serge Dontenwill
Maître de conférences honoraire d’histoire moderne
Université Lumière-Lyon 2
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