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    Plan détaillé Texte intégral Section I – L’empreinte du capitalisme dans l’ordre marchand Section II – L’emprise du capitalisme sur la production Conclusion du Chapitre I Notes de bas de page

    Histoire sociale des faits économiques

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 1. La voie française au capitalisme

    p. 23-39

    Texte intégral Section I – L’empreinte du capitalisme dans l’ordre marchand § I – LE XVIe SIECLE ET LES DEBUTS DE L’ERE CAPITALISTE § II – LE COMMERCE COLONIAL ET LES PREMIERES FORMES D’INDUSTRIALISATION : XVIIe ET XVIIIe SIECLES Section II – L’emprise du capitalisme sur la production § I – L’ORIGINE DES CAPITAUX A – Le commerce extérieur et colonial comme source de financement B – Un financement essentiellement Interne C – Une vision synthétique sur l’origine des capitaux et des capitalistes § II – LA CONSTITUTION DU PROLETARIAT § III – LA REVOLUTION INDUSTRIELLE A – Les origines de la révolution industrielle B – L’influence du capitalisme dans le genèse de la révolution industrielle Conclusion du Chapitre I Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Nous décrirons ici les origines du capitalisme dans la société française. Si le début du XIXe siècle voit émerger un secteur capitaliste important, les formes capitalistes de production et de circulation des marchandises sont bien antérieures. Elles émergent quelques siècles plus tôt dans une société encore dominée par les règles de la féodalité. Cette histoire que nous désirons retracer fait apparaître deux versants. D’abord une longue maturation du XVIe au XVIIIe siècle où le capitaliste s’avère principalement un commerçant, un marchand, l’empreinte du capitalisme est surtout visible dans les pratiques et institutions commerciales. Ensuite, vient l’emprise du capitalisme sur le processus productif au cours d’une période que les historiens ont baptisé de révolution industrielle. La première période prépare la seconde en désagrégeant les structures de l’ancien monde, en créant des supports économiques capables d’impulser un nouveau régime économique, en renversant les idéologies en place et en fortifiant de nouvelles, en construisant des cadres sociaux différents et nécessaires à l’acceptation de rapports de production capitalistes, il s’agit bien de bouleversements gigantesques à l’échelle de l’histoire.

    2II reste à expliquer comment s’enchaînent les deux phases. Nous pensons trouver dans l’étude de K. Marx plusieurs éléments de réponses. II a, en effet, longuement étudié l’émergence du capitalisme et des rapports de production qui lui sont liés, principalement à travers l’exemple des nations occidentales développées, et analysé minutieusement l’apparition du capital industriel1. Après avoir signalé que dans le système féodal existent deux formes de capital : le capital usuraire et le capital commercial, il note que la monnaie (le capital-argent) provenant du commerce de l’argent (l’usure) et des marchandises, ne pouvait se transformer en capital industriel, c’est-à-dire accomplir le cycle A -M... P... M’ – A’, compte tenu de l’organisation corporative des villes et de l’existence des rapports féodaux dans les campagnes. Il décrit la présence de producteurs indépendants (artisans ou producteurs employant pas ou très peu de main-d’oeuvre vraiment salariée) ou de "marchands-fabricants" (marchands faisant travailler à domicile) qui s’établissaient plutôt dans les grands ports, afin de pouvoir exporter, ou en dehors des zones de pouvoir des corps de métiers. L’étude de l’histoire de l’Angleterre fait apparaître que le régime colonial et le développement du commerce lointain ont permis la constitution de "sociétés mercantiles" qui assurent des débouchés aux manufactures naissantes. Parallèlement, dans les campagnes, des forces de travail, en nombre important, se trouvent chassées de leur emploi par le mouvement des "clôtures" des terres, et, peuvent devenir des éléments constitutifs du prolétariat.

    3Marx peut alors conclure :

    • que "l’ordre économique du capitalisme est sorti des entrailles de l’ordre économique féodal. La dissolution de l’un a dégagé les éléments constitutifs de l’autre"2.

    • qu’il existe deux voles de constitution de l’ordre économique capitaliste. Avec la première, certains producteurs se sont adonnés au commerce et ont pris part à la production sur une base capitaliste. Il s’agit, pour Marx, "d’une voie réellement révolutionnaire". La genèse du capital industriel n’est donc pas à rechercher dans les comportements de la bourgeoisie commerciale. A. Soboul3 a suggéré deux variantes à ce processus. Le cas anglais pour lequel le développement rapide du capitalisme est rendu possible par la dissolution parfaite de la communauté rurale compte tenu de la rente en argent ; le cas français à "évolution plus lente" par suite de "l’incomplète dissociation de la masse paysanne et de la persistance de la rente en nature, longtemps encore au XIXe siècle, et même au XXe siècle". La structure du capitalisme et la force de son développement s’expliqueraient ainsi par "les rapports internes entre la décomposition de la propriété foncière féodale et la formation du capital Industriel". Dans la seconde voie une partie de la classe bourgeoise marchande a commencé à prendre possession de la production. Elle a, en quelque sorte, servi d’agent de transition avant de décliner. A. Soboul pense qu’une telle évolution : capitalisme commercial → capitalisme marchand-entrepreneur (fondé sur le travail à domicile) → capitalisme industriel reste déterminé par l’importance et la puissance de la propriété foncière féodale qui n’autorise pas la formation d’une catégorie de paysans libres et indépendants (cas de la Prusse et du Japon)4.

    4En conclusion, on voit que le capitalisme naissant tire ses forces de sa dynamique interne mais aussi de ses rapports avec les autres formes sociales de la production. L’empreinte qu’il dessine dans l’ordre marchand au cours de plusieurs siècles prépare donc bien l’emprise qu’il réalisera plus tard sur la production.

    Section I – L’empreinte du capitalisme dans l’ordre marchand5

    5Nous situerons les débuts de l’ère capitaliste au XVIe siècle ; pour les deux siècles suivants nous retiendrons l’étude du commerce colonial et des premières formes d’industrialisation.

    § I – LE XVIe SIECLE ET LES DEBUTS DE L’ERE CAPITALISTE

    6Marx faisait remonter le début de l’ère capitaliste au XVIe siècle. Une telle hypothèse semble confirmée pour la société française par les travaux d’H. Hauser6. En résumant son analyse, on trouve à cette période les bases techniques du capitalisme puisque la division du travail s’accroît7, et, les bases économiques avec le début de la concentration du capital. Reprenons ces deux points.

    7C’est en effet autour du XVIe siècle que prend fin la période corporative où la division technique du travail s’avère très faible. Les manufactures apparaissent avec les marchés en extension, phénomène provoqué par les grandes découvertes. La décomposition du cycle productif en différents segments permet l’accroissement de la productivité du travail et marque sa supériorité par rapport à l’organisation en termes de métiers. Ces progrès gagnent l’ensemble des branches industrielles, et l’on remarque un mouvement de mécanisation au cours du XVIIe et du XVIIIe siècle (mais la machine à vapeur n’est pas entrée dans l’atelier). Néanmoins le tissu industriel reste encore partagé entre ces manufactures et les corps de métiers8.

    8Les conditions économiques générales du XVIe siècle favorisent la salarisation croissante de la force de travail. On a pu noter9 dans la première moitié de ce siècle une paupérisation du monde rural qui explique un mouvement vers les villes des anciens ruraux en quête de travail. Dans le même temps – et sans doute à la suite de l’accroissement de l’offre de travail – se trouvent "laminés" les salaires réels jusqu’à un "niveau plancher". Parallèlement, et, à la faveur du même mouvement, les industries rurales se développent dans ce contexte d’inflation et de paupérisation ; les formes capitalistes de production trouvent ainsi un terrain propice à leur éclosion.

    9Du côté du capital, maintenant, l’évolution des formes monétaires, l’existence du crédit, le développement du commercé y compris les échanges lointains10 et du système bancaire rendent possible la concentration de capitaux. Dès le XVe siècle dans la draperie – branche dominante du système industriel – les marchands (ou drapiers) possèdent un pouvoir dominant : ils emploient des tisserands, des foulons, des tondeurs, ils fournissent la laine, font exécuter le travail et revendent les articles aux grandes foires. Au XVIe siècle, l’imprimerie, la soierie (ou domine le maître – marchand-fabricant), la verrerie sont organisées autour du régime du salariat. A cela s’ajoute le fait que l’ouvrier n’a plus aucun pouvoir dans le gouvernement des corps de métier : l’élévation du droit de maîtrise et la complexité du chef-d’oeuvre (seul moyen pour devenir maître) le privent de toute possibilité de promotion. L’ouvrier ne contrôle plus la fixation du salaire. Il s’ensuit que "l’Etat de guerre devient l’Etat presque normal de certaines industries à partir de François 1er... La lutte revêt une forme particulièrement dramatique dans les métiers libres... où, grâce à l’absence de toute réglementation, la concentration capitaliste s’exerce en toute dépendance, où se constituent des armées d’ouvriers"11.

    § II – LE COMMERCE COLONIAL ET LES PREMIERES FORMES D’INDUSTRIALISATION : XVIIe ET XVIIIe SIECLES

    10Au XVIIe siècle, les marchands-fabricants (merciers, drapiers) prennent une plus grande importance dans le commerce intérieur. Mais c’est en particulier dans le commerce colonial que l’on voit les grandes sociétés (on disait à l’époque compagnies) par actions, et, ce sont les échanges internationaux qui apparaissent plus rentables12. La bourgeoisie commerçante des grands ports de l’Atlantique s’enrichit de la traite des noirs et des échanges avec les Antilles, elles favorisent l’écoulement des produits des manufactures françaises. La création industrielle devient une affaire d’Etat avec Colbert. Ce dernier va susciter l’apparition de savoir-faire nouveaux et de manufactures afin de détrôner les concurrents étrangers sur les marchés extérieurs. Un tel effort fend nécessaire une réglementation qu’une administration économique (royale) naissante se charge de faire respecter. Les guerres incessantes de la fin du règne de Louis XIV, le départ des Huguenots à la révocation de l’Edit de Nantes, les abus de la réglementation ont pour effet de maintenir l’industrie, privée ou para-étatique, dans la routine13. Chaptal put expliquer qu’on avait arrêté et interdit tout perfectionnement pendant un siècle14.

    11Le commerce colonial se trouve toujours au premier plan au XVIIIe siècle. L’importation des matières premières (le coton pour l’industrie rouennaise, le sucre pour les raffineries etc.) alimente l’Industrie. Globalement les méfaits du Colbertisme ou ses abus sévissent toujours : esprit de routine et étouffement de l’innovation. Le secteur des manufactures publiques reste financé par les subventions de l’Etat voire par des prêts sans intérêts (déjà !). L’Etat a donc été un agent de l’industrialisation et de la naissance d’un capital industriel public. Quant au capital privé quelque peu bâillonné par la réglementation, il se développe faiblement bien que plus rapidement dans la seconde moitié du siècle. La salarisation de la force de travail s’avère forte dans la soierie et l’industrie du drap. Les artisans perdent leur indépendance économique et tombent sous la coupe des marchands-fabricants. Ainsi le "Putting out System", travail effectué à domicile par des artisans ou ouvriers, et développant une faible concentration productive, apparaît dominant. Néanmoins on voit apparaître à la fin du siècle les fabriques d’"indiennes”, il s’agit de toiles de coton peintes, dont la structure annonce la poussée du machinisme. Mais ce système de la fabrique ("factory System") occupe une très faible place dans le système industriel français. Il faut tenir compte du fait que l’industrie est principalement rurale : ce que les historiens ont appelé la proto-industrialisation. On doit entendre ce terme avec ces deux acceptions d’industrialisation primitive et rudimentaire. On a pu montrer que l’industrie textile rurale fonctionnait à partir d’une structure ternaire de ce type15 :

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    - producteurs de matière premières
    - fileurs (femmes et enfants)

    12Travailleur indépendant à domicile, payé à la pièce, le tisserand rural ne représente pas un coût de production élevé, il subit les à-coups des fluctuations du marché et permet une grande élasticité du rythme de production. Un tel système n’évolue pas, le fabricant qui ne dirige pas la production s’avère peu innovatif. Peut-on dire que globalement cette industrialisation primitive a été la matrice du développement industriel et capitaliste, au moins dans le cas français ? H. Sée distingue les régions où les ressources agricoles restent insuffisantes et les régions d’agriculture beaucoup plus prospère. Dans les premières (Bretagne, Bas-Maine) l’industrie s’éteindra notamment à cause de la perte des marchés extérieurs, dans les secondes (Nord, Haute-Normandie) les marchands deviendront de véritables manufacturiers, introduiront des métiers mécaniques, ruineront les centres urbains de production16. De son côté S. Chassagne pense que vers la fin du siècle se trouve réactivé dans l’industrie cotonnière le système proto-industriel, et au début du XIXe siècle, Richard Lenoir intègre dans sa "proto-fabrique" capitaliste17 fabrique et travail à domicile.

    13Comment résumer ces quelques développements. On peut remarquer que tout se passe comme si l’aire de domination du capital était passé de la circulation des marchandises à la production des biens. Le fonctionnement des échanges a nécessité le dépassement du paiement en nature par le paiement en espèce, l’or devient le "Dieu du nouveau monde" (Michelet). L’Etat royal perpétuellement empêtré dans les difficultés financières liées aux guerres incessantes a contraint les masses paysannes à accepter le maniement des espèces, le développement de l’économie monétaire facilitait le drainage de l’impôt. Cette économie marchande qui vit dans une société dominée par les règles de la féodalité se reproduit selon ses propres lois. Avec le crédit apparaît le commerce de l’argent, et dès le XVIIe siècle, les techniques bancaires et commerciales ont atteint leur pleine maturité. Dans le secteur industriel ou "pré-industriel" (Braudel) domine le grand corps des artisans, et des ateliers familiaux ; à côté, moins nombreuses, les "manufactures dispersées" dirigées par les marchands-fabricants18, enfin, quelques manufactures "centralisées" souvent administrées par l’Etat19. La figure représentative, presque exclusive, du capitalisme c’est la bourgeoisie marchande qui retire du commerce l’essentiel de ses profits. Remarquons que cette bourgeoisie connaît déjà les processus productifs, le capitaliste-marchand est entrepreneur à sa manière mais il n’a pas soumis le travailleur, celui-ci conserve la propriété de ses outils de travail ; ailleurs il dirige toute la filière de production (de la matière première au produit fini) comme dans l’industrie drapière où la concentration industrielle y sera précoce. On est alors aux portes de la fabrique capitaliste.

    Section II – L’emprise du capitalisme sur la production

    14Pourquoi a-t-on assisté à des investissements importants dans le processus productif alors qu’auparavant le commerce et la terre offraient des placements fructueux ? Quel est le pourquoi de cette concentration spatiale de moyens de production, propriété du capitaliste-entrepreneur qui a donné le jour à la fabrique ?

    15– On peut d’abord répondre qu’il s’agissait d’investissements rentables ou que cela correspond à une amélioration du niveau de la rentabilité. L’entrepreneur manifestait ainsi une cohérence avec les fins poursuivies. La répartition des ateliers par trop dispersés alour dissait les frais de transport. La fabrique rendait possible la surveillance du travailleur, assurait ainsi une meilleure régularité de la production, et garantissait une qualité supérieure au produit. Des raisons techniques imposaient des bâtiments spacieux, des machines plus complexes, un outillage plus lourd. Enfin, naissaient des produits (et donc des branches nouvelles) qui ne pouvaient être fabriqués dans des ateliers artisanaux urbains ou ruraux. Chaque industrie possède une spécificité économique aussi bien que technique, et fonctionne avec ses propres contraintes, de ce fait, telle ou telle explication lui conviendra mieux20. Ce qu’il faut souligner ici c’est qu’il n’existe pas de continuité linéaire entre la manufacture dispersée et la fabrique : des marchands-fabricants deviendront des entrepreneurs capitalistes, des capitalistes industriels n’ont eu aucun passé de commerçants. De même l’ouvrier tisseur des campagnes ne deviendra pas nécessairement l’ouvrier de la fabrique urbaine, ses enfants non plus ; l’ouvrier des maîtres de forges n’aura pu connaître que le travail des champs. Les destins personnels n’obéissent pas toujours aux modèles de l’historien.

    16– On peut plus fondamentalement comprendre que l’investissement industriel sur une échelle plus conséquente et sous des formes nouvelles devient maintenant possible. Cela pour trois raisons principales. En premier lieu parce que le financement de l’investissement industriel (l’accumulation) est réalisé par un surplus (des profits) provenant sans doute des retombées du commerce extérieur et colonial. En second lieu parce qu’existent des travailleurs possédant une force de travail libre. Enfin une base technique nouvelle permet cette transformation profonde. Chacun de ces éléments possède une longue histoire.

    § I – L’ORIGINE DES CAPITAUX

    17On aborde ici un sujet des plus difficiles car manquent cruellement les matériaux statistiques et les études empiriques sur la genèse des premières manufactures concentrées et des premières fabrique. Les études les plus riches ont pour objet le cas anglais et éclairent à peine la phase d’industrialisation première en France. L’analyse apparaît ensuite fortement obscurcie par le mythe d’une "accumulation primitive", synonyme d’accaparement d’un immense trésor par la bourgeoisie commerçante, investi, ensuite, dans la création d’entreprises. La thèse de Rostow centrée sur l’élévation brutale du taux d’investissement semble dès lors le complément de cette vision mythique. Un dernier point, au demeurant crucial, Il semble difficilement acceptable de considérer deux phases radicalement distinctes dans le processus d’industrialisation originelle : une phase où se trouvent créées les bases du financement, et, une période de placement dans le secteur industriel. Tout ce que nous avons dit précédemment indique qu’au cours d’une période de maturation sont étroitement imbriqués financement et investissement, les deux phases ne peuvent alors que se chevaucher. Ne pouvant proposer une étude Intemporelle, et, bien qu’en la matière il n’y ait pas de ligne de démarcation rigide, nous situerons notre investigation au XVIIIe siècle et au début du XIXe. Nous exposerons successivement deux thèses expliquant l’origine du financement de l’accumulation : la première centrée sur les profits du commerce extérieur, la seconde soulignant la portée du financement interne. On présentera en dernier lieu un point de vue plus synthétique.

    A – Le commerce extérieur et colonial comme source de financement

    18G. Frank21 a pu montrer que le capital marchand à travers le commerce d’outre-mer et le pillage colonial, contribue fortement à l’accumulation du capital en métropole. Le surplus provenant du monde colonial par l’intermédiaire notamment du commerce triangulaire, permet l’accroissement des revenus de la bourgeoisie commerçante européenne et participe au développement des grandes métropoles portuaires (Londres, Liverpool, Bordeaux, Nantes etc.). Les retombées économiques de ces activités florissantes gagnent les industries naissantes de l’intérieur. Ce processus, commencé dès le XVIe siècle, connut une grande expansion au XVIIIe siècle après des phases de dépressions profondes. H. See a pu noter de son côté : "Si l’on considère... que le commercé extérieur de la France a quadruplé de 1715 à 1789, qu’en 1778 il dépasse la valeur d’un milliard de livres, on conclura que c’est surtout au grand commerce maritime et colonial que l’on doit l’accumulation des capitaux, qui permettra d’entrevoir l’aube d’une révolution industrielle. Déjà, au cours du XVIIIe siècle, c’est l’importation du coton dans les ports normands qui crée l’industrie cotonnière de la région rouennaise ; à Nantes c’est le commerce avec les "lles d’Amérique" qui donne naissance aux raffineries et aux manufactures d’"indiennes"22. Remarquons que si à l’extérieur ce commerce va impliquer le pillage des colonies, l’esclavage, le vol, la contrebande, la piraterie23, à l’Intérieur, il nécessite la création de sociétés par actions et l’organisation de marchés boursiers. La violence d’un côté, le droit commercial de l’autre24.

    19On peut conclure avec les tenants de cette thèse que l’expansion du commerce extérieur constitue le facteur déterminant de la genèse du capitalisme industriel.

    B – Un financement essentiellement Interne

    20La thèse du financement interne de l’accumulation, autrement dit, l’auto-financement, est défendue aujourd’hui par des historiens. Ainsi, C. Fohlen peut écrire : "la question de l’origine et du rassemblement des capitaux demeure donc obscure. Certaines des institutions financières dont on aurait pu penser qu’elles auraient aidé la révolution industrielle, furent en réalité ses contemporaines. Le drainage des capitaux extérieurs vers l’industrie est certain, mais son ampleur est inconnue, et les exemples connus sont encore trop isolés pour permettre une généralisation. On en revient à l’hypothèse que l’industrie nourrit l’industrie, et qu’en particulier les innovations techniques peu coûteuses en elles-mêmes, engendrèrent des profits élevés, qui favorisèrent leur réutilisation sur place... l’existence, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, de marchés nationaux très imparfaits, eu égard à l’insuffisance des moyens de transport, entraînait l’existence de zones protégées dans lesquelles les producteurs locaux étaient maîtres de leur prix. De là, l’existence de marges bénéficiaires très fortes..."25

    21Cette argumentation éclaire indubitablement la réalité de certaines entreprises : ainsi, dans l’industrie drapière, et, principalement en Angleterre, on remarque une différenciation des revenus des maîtres-drapiers, ceux qui s’enrichissent purent devenir de véritables capitalistes industriels. Mais il n’en demeure pas moins qu’on n’explique pas pourquoi le marché permit la réalisation de tels bénéfices. Le phénomène de prix élevés implique une demande solvable en rapport ; ou bien il y eut transfert dans les revenus des demandeurs, et, d’autres secteurs de l’activité dûrent en pâtir, ou bien la demande globale loin de se contracter s’accroissait, alors on doit rechercher "ailleurs" les sources de revenus.

    C – Une vision synthétique sur l’origine des capitaux et des capitalistes26

    22On peut présenter maintenant une vision plus synthétique qu’on espère non syncrétique. La thèse de l’auto-financement apporte deux éléments importants. Les capitaux nécessaires à l’entreprise industrielle aux débuts de l’industrialisation s’avèrent faibles "plus faibles que ceux que nécessitaient l’agriculture et les travaux publics"27 ; on trouve alors à l’origine des petites affaires industrielles des familles ou des individus aux revenus (aux patrimoines) globalement peu élevés. D’autre part, le capital foncier des riches agriculteurs ou le patrimoine foncier de la bourgeoisie urbaine ne semblent pas avoir joué un rôle dans le financement de l’industrie, même si les deux agents s’affirmaient par ailleurs maîtres de forges ou maîtres-verriers. Mais on ne peut pas ne pas tenir compte de l’impact du commerce colonial, sans toutefois en exagérer la portée, en remarquant qu’il n’y a pas de liaison directe entre les bénéfices commerciaux réalisés à travers le commerce colonial et les investissements industriels effectués. Le surplus provenant de l’extérieur circule dans le système productif et commercial, même s’il reste encore très cloisonné, permet la croissance des revenus et des fortunes des groupes sociaux potentiellement investisseurs, autorise, enfin, l’accumulation du capital parce que fournissent une source au financement de l’Investissement, et, une base à la demande de produits Industriels (satisfaisant ainsi les espérances de profits)28.

    23Si cette thèse est juste on comprend pourquoi ce n’est pas le profit commercial qui va directement financer la naissance de la grande industrie, de même qu’il n’y a pas continuité entre le groupe des capitalistes commerçants et celui des capitalistes industriels29, à l’exception notable du secteur textile. Ce qui renforce la thèse de Marx quant à l’existence d’une vole "réellement révolutionnaire" pour la société française30.

    § II – LA CONSTITUTION DU PROLETARIAT

    24Le capitalisme se définit principalement par l’élargissement du règne de la marchandise jusqu’à la constitution d’un "marché du travail". Il s’agit ici de comprendre les modalités des changements dans la répartition des forces de travail entre le secteur agricole qui échappe en France pour l’essentiel, à la logique marchande, et le secteur capitaliste naissant.

    25Le monde agricole a subi des transformations plus ou moins importantes selon les nations. Alors qu’une partie de l’Europe conserve une agriculture relativement figée où domine la grande propriété, l’Angleterre aménage précocement ses structures (XVIIe siècle). Le mouvement des enclosures lié à un accroissement de la productivité dans les campagnes, permet le dégagement d’un secteur capitaliste, et, fournit de la main-d’oeuvre pour l’industrie urbaine. P. Bairoch a de plus souligné que cette croissance de la productivité est la cause de l’industrialisation en Angleterre : l’agriculture libère une force de travail et des produits en plus grand nombre, fournit du capital pouvant animer les secteurs moteurs, et se pose comme principal débouché pour l’industrie métallurgique eu égard à l’utilisation, en plein élan, des instruments aratoires (charrues, herses). En bref, la révolution agricole précède la révolution industrielle, ce qui est un présupposé du schéma de Rostow. Cette thèse a non seulement été contesté lorsqu’elle prétend expliquer la révolution industrielle en Angleterre31 mais n’a plus aucune pertinence lorsqu’il s’agit de rendre compte du cas français : point de révolution agricole, mais une lente évolution. Si rupture il y eut, il faudrait plutôt la situer au milieu du XIXe siècle, et encore, on ne repère pas un transfert brutal de forces de travail du secteur agricole vers l’industrie. L’on verra que la Révolution Française a plutôt favorisé l’émiettement de la propriété rurale et le maintien du système classique de polyculture-élevage qui permet à la paysannerie de vivre (ou survivre) en auto-consommation. De ce fait, on doit retenir qu’en "France au contraire, à tâtons, se dessine une croissance industrielle qu’utilise rationnellement sans grands déplacements l’énorme potentiel de la main-d’oeuvre agricole"32. On peut y voir, nous reviendrons, un facteur explicatif d’une croissance française affaiblie.

    § III – LA REVOLUTION INDUSTRIELLE

    26Par révolution industrielle, on désigne une profonde mutation technologique, dont on peut observer les premiers phénomènes à la fin du XVIIIe siècle pour l’Angleterre et, globalement, dans la première moitié du XIXe siècle pour les sociétés occidentales les plus développées. Encore faut-il noter que les inventions techniques qui allaient "révolutionner" le monde industriel se trouvent entretenir entre elles des relations qui définissent "un équilibre", un "système technique"33. S’il faut trouver une unité dans la diversité des nouveautés techniques qui viennent d’éclore, on la définira par l’apparition du machinisme : la machine34 envahit le processus productif. A cet égard le changement le plus typique fut l’entraînement des machines à filer par la machine à vapeur de James Watt : dans l’industrie cotonnière et dans les opérations de tissage et de filage, les machines purent remplacer les manipulations humaines et, multiplier, compte tenu de l’accroissement de puissance, les niveaux de productivité.

    27Nous ne voulons pas ici décrire les formes de cette révolution industrielle ni expliciter ses phases, nous consacrerons un chapitre à ce problème, nous nous posons la question de savoir pourquoi se situa-t-elle à ce moment de l’histoire, et, en corollaire, une correspondance s’établit-elle entre cet événement et l’avènement du mode de production capitaliste. Questions complexes auxquelles on apportera ici que des éléments en guise de réponses35.

    A – Les origines de la révolution industrielle

    28L. Mumford nous a fourni une clé suffisamment solide pour étudier un tel problème : "Pour comprendre le rôle prédominant joué par la technique dans la civilisation moderne, il faut d’abord explorer en détail la période préliminaire de préparation idéologique et sociale. Non seulement il faut expliquer l’existence de nouveaux instruments mécaniques, mais il faut exposer comment la culture était prête à les utiliser et à en profiter si largement"36. On doit ainsi tenir le plus grand compte des catégories de temps et de l’avènement de l’horloge ("La machine clé de l’âge industriel moderne, ce n’est pas la machine à vapeur, c’est l’horloge"37) qui permet d’isoler le temps mécanique du temps organique, et, apprécier la conception nouvelle de l’espace entre le XIVe et le XVIIe siècle (recours à la perspective, développement de la cartographie, intérêt porté à la nature à l’orée de la renaissance). Le refus de l’animisme qui caractérise la pensée religieuse permit l’avènement d’une culture technique riche et Innovatrice. La philosophie du XVIIe siècle accepte les techniques et définit de claires méthodes d’approche de la technique et de la science (cosmologie mécanique). En même temps, naît une pensée rationnelle et volt le jour la méthodologie. A partir de cette période l’objectif devient d’exclure l’organique pour (re)construire sur du mécanique ("... la machine était une contrefaçon de la nature, une nature analytique, régularisée, rétrécie, contrôlée par l’esprit humain" (62). Le goût du fait technique, l’expérimentation, l’ingéniosité, l’art de la fabrication, la nécessité de l’invention, autant d’éléments d’une pensée technicienne de plus en plus riche et puissante. L’Encyclopédie témoigne de sa richesse, et, de sa volonté de s’affirmer en diffusant avec clarté son esprit.

    29Mais la révolution industrielle n’a pas seulement un passé situé dans l’avancée des sciences et de la rationalité, les inventeurs du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle disposaient d’un patrimoine technique déjà conséquent. Les siècles passés avalent légué de remarquables outils dans le travail de l’agriculture, dans l’exploitation des mines et des carrières, en métallurgie, dans le bâtiment, et – ceci n’est pas mince – dans "l’art de la guerre".

    B – L’influence du capitalisme dans le genèse de la révolution industrielle

    30L’économie monétaire qui se développe au XIV et au XVe siècle, induit de nouvelles façons de penser : recours à des symboles abstraits de richesse, nécessité et pratiques du calcul, naissance de "l’arithmétique financière". Entre ce monde de l’or et de l’argent, et la pensée scientifique et technique naissante on trouve des éléments communs : le règne de la mesure, le critère premier du quantitatif, la recherche de l’abstraction. Les deux mondes se consolident l’un l’autre. Le commerce et la technique s’entrecroisent jusque dans les destins individuels : les techniciens de la Renaissance sont très souvent issus de familles d’affaires38, se rencontrent jusque dans les institutions : les fondateurs londoniens de la Royal Society étaient des négociants. Au XVIe et au XVIIe siècle, le désenclavement des mondes autrefois isolés, se fait au profit du capital commercial européen et sans doute grâce à la cartographie portugaise plus rigoureuse (plus "scientifique") que celle possédée par les marchands arabes et chinois (encore que ces derniers ne faisaient pas du commerce lointain leur stratégie première).

    31De plus, la logique du capitalisme suppose que l’on puisse étendre les marchés, produire à meilleur compte, subordonner le processus productif lui-même. Les aspects techniques, les machines comme les outils, apparaissent eux aussi comme des supports de la réalisation de valeurs d’échange et donc de profits. Le capital va donc non seulement produire ces nouveaux objets techniques, les utiliser dans le processus productif mais fondamentalement stimuler les recherches, développer les améliorations, exploiter les inventions... B. Gille a pu remarquer pour l’Angleterre qu’aux débuts de la révolution industrielle "le progrès technique est le fait d’hommes déjà engagés dans la production, en tout cas toujours proche d’elle. La très grande majorité des inventions est réalisée par des entrepreneurs ou des contremaîtres, parfois par des constructeurs de machines, charpentiers ou autres"39.

    Conclusion du Chapitre I

    32L’emprise du capitalisme sur la production ne s’est pas effectuée sur la même base productive. On conçoit difficilement qu’il ait pu conserver les structures de l’atelier artisanal ou de la manufacture royale. Elle repose sur une nouvelle articulation des éléments constitutifs du processus productif. L’usage des machines remplace l’utilisation des outils, l’énergie qui actionne les moteurs provient de la machine de Watt. L’ouvrier "sert la machine" alors qu’auparavant, dans la manufacture, ou l’artisanat, il se "servait de son outil" (K. Marx). Le savoir-faire de l’ouvrier des manufactures, et l’habileté de l’artisan disparaissent. La mécanisation du travail qui caractérise ce système fait du travail un rouage d’un "grand automate". Les ouvriers sont "incorporés à un mécanisme mort qui existe indépendamment d’eux (K. Marx) ils suivent le "mouvement impitoyable d’un mécanisme sans âme"40. La structure des qualifications se transforme : l’ouvrier spécialisé et le manoeuvre apparaissent. Changements nécessaires à l’emploi de forces de travail peu expérimentées, la prolétarisation des sans-métiers, l’embauche des enfants. On comprend que loin d’être seulement une révolution technique, la "révolution industrielle" s’apprête à bouleverser le travail, le mode de vie, en bref, l’essentiel des pratiques sociales.

    Notes de bas de page

    1  On pourra se reporter à la fin du Livre 1er du Capital, huitième section. Les Editions Sociales.

    2  Ed. Sociales, Livre 1er, tome 3, p. 155.

    3  A. Soboul "Problèmes paysans de la Révolution. 1781-1848". Maspéro (notamment p. 9 et suivantes).

    4  A. Soboul, ouvrage cité.

    5  Sur ces points, on pourra consulter et lire le remarquable ouvrage de F. Braudel "Civilisation matérielle, Economie et Capitalisme", 3 tomes, Armand Colin.

    6  H. Hauser "Les débuts du capitalisme". Alcan. 1931.

    7  Il s’agit d’une division à l’intérieur d’un même métier ; on aboutit ainsi à un système de production qui articule plusieurs actes techniques. Elle s’oppose à la division sociale du travail : l’économie contient plusieurs industries ou secteurs productifs.

    8  Cette analyse semble partagée dans ses grandes lignes par M. Dobb, "Etudes sur le développement du capitalisme". Edition française. Maspéro p. 170 et suivantes. A notre sens l’auteur colle de trop près aux schémas fournis par Marx et sa documentation s’avère bien moins riche pour le cas français.

    9  G. Bois "Crise du féodalisme". Presse de la Fondation nationale des sciences politiques. Paris 1976.

    10  I. Wallerstein "Capitalisme et Economie – Monde 1450-1640". Flammarion.

    11  H. Hauser : déjà cité pp 36-37.

    12  H. See "Les origines du capitalisme français".

    13  H. See "Esquisse d’une histoire économique et sociale de la France". Paris. 1929 p. 290 et suivantes.

    14  "De l’industrie française", Paris. 1819, spécialement les premiers développements.

    15  S. Chassagne "Industrialisation et désindustrialisation dans les campagnes françaises : Quelques réflexions à partir du textile". Revue du Nord n° 248, 1981.

    16  "Les origines du capitalisme moderne" p. 136 et suivantes.

    17  Expression de S. Chassagne, article cité.

    18  On suit ici la recommandation de Sée : "les marchands-fabricants même lorsque la fabrication est dispersée, peuvent à bon droit s’intituler manufacturiers" – "Origines..." p. 140.

    19  Typologie proposée par F. Braudel "Civilisation matérielle – économie et capitalisme" (XVe-XVIIIe siècle). A. Colin.

    20  On ne peut donc retenir un facteur comme surdéterminant, ce que fait par exemple S. Marglin en retenant l’instauration de la discipline industrielle et capitaliste. "Origines et fonctions de la parcellisation des tâches" in Critiques de la division du travail. Seuil.

    21  G. Frank "L’accumulation mondiale 1500-1800", Calmann-Lévy.

    22  "Les origines" p. 104.

    23  Les derniers phénomènes sont notés par Sée lui-même.

    24  Et la spéculation, pensons à l’organisation bancaire de Law. Remarquons qu’avec son échec (1720) nait chez la bourgeoisie un intérêt de plus en plus marqué pour les questions financières.

    25  C. Fohlen "Qu’est-ce que la révolution industrielle ?". R. Laffont, 1971 pp 95-96 souligné par nous. Les études de F. Crouzet et de P. Bairoch confirment cette orientation.

    26  Ce paragraphe contient des thèses qui nécessiteraient des recherches plus poussées. Il s’agit donc plutôt d’hypothèses.

    27  C. Fohlen op. cit. p. 87.

    28  On peut retirer que le développement industriel des nations capitalistes s’est nourri des richesses des colonies. Les écarts de développement d’aujourd’hui ont des racines plus lointaines.

    29  A. Chabert avait remarqué que sous le Premier Empire, l’origine des capitalistes manufacturiers s’avérait d’une grande diversité : anciens commerçants et artisans, fabricants de vieille souche, profession libérale, ex-ouvriers (cité par P. Bairoch "Révolution industrielle et sous-développement" Mouton p. 50). Ce que confirme P. Léon dans "La naissance de la grande industrie en Dauphiné", Paris 1954.

    30  "Tant en France qu’en Angleterre on connaît parfaitement des familles d’industriels : artisans ou même paysans au départ, ils deviennent peu à peu distributeurs de matières premières et collecteurs de produits finis et vont jusqu’à louer les instruments de la production. Ce sont eux qui deviendront dans les premières années du XIXe siècle les industriels du textile. Avec un capital lentement accumulé, ils pourront participer aux innovations techniques. Signalons qu’en France, en maints endroits, la sécularisation des biens du clergé a permis à ces industriels d’acquérir de grands bâtiments (en particulier des abbayes) à très bon marché". B. Gille "Histoire des techniques" p. 761.

    31  On pourra se reporter pour plus de détails aux remarques de J.P. Rioux, "La révolution industrielle", Seuil Points Histoire p. 30 et suivantes.

    32  J.P. Rioux op. cit. p. 34.

    33  "... en règle très générale, toutes les techniques sont à des degrés divers, dépendantes les unes des autres, et qu’il faut nécessairement entre elles une certaine cohérence ; cet ensemble de cohérences aux différents niveaux de toutes les structures de tous les ensembles et de toutes les filières compose ce que l’on peut appeler un système technique". B. Cille "Histoire des techniques". La Pléiade p. 19.

    34  "Les machines sont des complexes d’agents non organiques ayant pour but de convertir l’énergie, d’accomplir un travail, d’accroître les capacités mécaniques ou sensorielles du corps humain, ou de réduire à un ordre et une régularité mesurables les phénomènes de la vie". L. Mumford "Technique et civilisation", Seuil, Collection Esprit p. 20.

    35  Lorsque nous parlons de révolution industrielle il s’agit de la "première" révolution qui se situe à la fin du XVIIIe siècle voire au début du XIXe. On la distinguera de la "seconde" qui se rapporte aux changements techniques de la seconde moitié du XIXe siècle.

    36  L. Mumford, op. cit. p. 16.

    37  L. Mumford, op. cit. p. 55.

    38  B. Cille op. cit. p. 683.

    39  Ibid.

    40  P. Mantoux "La Révolution industrielle au XVIIIe siècle", 1928. Ouvrage remarquable mais portant malheureusement exclusivement sur le cas anglais.

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    1  On pourra se reporter à la fin du Livre 1er du Capital, huitième section. Les Editions Sociales.

    2  Ed. Sociales, Livre 1er, tome 3, p. 155.

    3  A. Soboul "Problèmes paysans de la Révolution. 1781-1848". Maspéro (notamment p. 9 et suivantes).

    4  A. Soboul, ouvrage cité.

    5  Sur ces points, on pourra consulter et lire le remarquable ouvrage de F. Braudel "Civilisation matérielle, Economie et Capitalisme", 3 tomes, Armand Colin.

    6  H. Hauser "Les débuts du capitalisme". Alcan. 1931.

    7  Il s’agit d’une division à l’intérieur d’un même métier ; on aboutit ainsi à un système de production qui articule plusieurs actes techniques. Elle s’oppose à la division sociale du travail : l’économie contient plusieurs industries ou secteurs productifs.

    8  Cette analyse semble partagée dans ses grandes lignes par M. Dobb, "Etudes sur le développement du capitalisme". Edition française. Maspéro p. 170 et suivantes. A notre sens l’auteur colle de trop près aux schémas fournis par Marx et sa documentation s’avère bien moins riche pour le cas français.

    9  G. Bois "Crise du féodalisme". Presse de la Fondation nationale des sciences politiques. Paris 1976.

    10  I. Wallerstein "Capitalisme et Economie – Monde 1450-1640". Flammarion.

    11  H. Hauser : déjà cité pp 36-37.

    12  H. See "Les origines du capitalisme français".

    13  H. See "Esquisse d’une histoire économique et sociale de la France". Paris. 1929 p. 290 et suivantes.

    14  "De l’industrie française", Paris. 1819, spécialement les premiers développements.

    15  S. Chassagne "Industrialisation et désindustrialisation dans les campagnes françaises : Quelques réflexions à partir du textile". Revue du Nord n° 248, 1981.

    16  "Les origines du capitalisme moderne" p. 136 et suivantes.

    17  Expression de S. Chassagne, article cité.

    18  On suit ici la recommandation de Sée : "les marchands-fabricants même lorsque la fabrication est dispersée, peuvent à bon droit s’intituler manufacturiers" – "Origines..." p. 140.

    19  Typologie proposée par F. Braudel "Civilisation matérielle – économie et capitalisme" (XVe-XVIIIe siècle). A. Colin.

    20  On ne peut donc retenir un facteur comme surdéterminant, ce que fait par exemple S. Marglin en retenant l’instauration de la discipline industrielle et capitaliste. "Origines et fonctions de la parcellisation des tâches" in Critiques de la division du travail. Seuil.

    21  G. Frank "L’accumulation mondiale 1500-1800", Calmann-Lévy.

    22  "Les origines" p. 104.

    23  Les derniers phénomènes sont notés par Sée lui-même.

    24  Et la spéculation, pensons à l’organisation bancaire de Law. Remarquons qu’avec son échec (1720) nait chez la bourgeoisie un intérêt de plus en plus marqué pour les questions financières.

    25  C. Fohlen "Qu’est-ce que la révolution industrielle ?". R. Laffont, 1971 pp 95-96 souligné par nous. Les études de F. Crouzet et de P. Bairoch confirment cette orientation.

    26  Ce paragraphe contient des thèses qui nécessiteraient des recherches plus poussées. Il s’agit donc plutôt d’hypothèses.

    27  C. Fohlen op. cit. p. 87.

    28  On peut retirer que le développement industriel des nations capitalistes s’est nourri des richesses des colonies. Les écarts de développement d’aujourd’hui ont des racines plus lointaines.

    29  A. Chabert avait remarqué que sous le Premier Empire, l’origine des capitalistes manufacturiers s’avérait d’une grande diversité : anciens commerçants et artisans, fabricants de vieille souche, profession libérale, ex-ouvriers (cité par P. Bairoch "Révolution industrielle et sous-développement" Mouton p. 50). Ce que confirme P. Léon dans "La naissance de la grande industrie en Dauphiné", Paris 1954.

    30  "Tant en France qu’en Angleterre on connaît parfaitement des familles d’industriels : artisans ou même paysans au départ, ils deviennent peu à peu distributeurs de matières premières et collecteurs de produits finis et vont jusqu’à louer les instruments de la production. Ce sont eux qui deviendront dans les premières années du XIXe siècle les industriels du textile. Avec un capital lentement accumulé, ils pourront participer aux innovations techniques. Signalons qu’en France, en maints endroits, la sécularisation des biens du clergé a permis à ces industriels d’acquérir de grands bâtiments (en particulier des abbayes) à très bon marché". B. Gille "Histoire des techniques" p. 761.

    31  On pourra se reporter pour plus de détails aux remarques de J.P. Rioux, "La révolution industrielle", Seuil Points Histoire p. 30 et suivantes.

    32  J.P. Rioux op. cit. p. 34.

    33  "... en règle très générale, toutes les techniques sont à des degrés divers, dépendantes les unes des autres, et qu’il faut nécessairement entre elles une certaine cohérence ; cet ensemble de cohérences aux différents niveaux de toutes les structures de tous les ensembles et de toutes les filières compose ce que l’on peut appeler un système technique". B. Cille "Histoire des techniques". La Pléiade p. 19.

    34  "Les machines sont des complexes d’agents non organiques ayant pour but de convertir l’énergie, d’accomplir un travail, d’accroître les capacités mécaniques ou sensorielles du corps humain, ou de réduire à un ordre et une régularité mesurables les phénomènes de la vie". L. Mumford "Technique et civilisation", Seuil, Collection Esprit p. 20.

    35  Lorsque nous parlons de révolution industrielle il s’agit de la "première" révolution qui se situe à la fin du XVIIIe siècle voire au début du XIXe. On la distinguera de la "seconde" qui se rapporte aux changements techniques de la seconde moitié du XIXe siècle.

    36  L. Mumford, op. cit. p. 16.

    37  L. Mumford, op. cit. p. 55.

    38  B. Cille op. cit. p. 683.

    39  Ibid.

    40  P. Mantoux "La Révolution industrielle au XVIIIe siècle", 1928. Ouvrage remarquable mais portant malheureusement exclusivement sur le cas anglais.

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