Présentation
p. 133-134
Texte intégral
1On ne peut engager une réflexion sur la psychologie de la pensée sans se référer d’abord à Piaget, dont le projet colossal visait à étudier la psychogenèse de la connaissance, à partir de l’idée que la connaissance est un processus plutôt qu’un état.
Si la psychologie n’a aucune compétence pour prescrire des normes de validité, elle étudie des sujets qui, eux, et à tout âge (de l’enfance la plus tendre à l’âge adulte et jusqu’aux divers niveaux de la pensée scientifique) se donnent de telles normes. Par exemple, un enfant de 5‑6 ans ignore encore la transitivité et se refusera de conclure que A < C s’il a vu A < B et B < C, mais n’a pas perçu ensemble A et C. (Piaget, 1970 a, p. 16)
2Par conséquent, la question qui traverse tout son travail est celle de l’origine de ces normes : Piaget montre tout au long de son œuvre qu’il s’agit d’un processus « en partie endogène procédant par équilibration et autorégulations successives » (ibid., p. 17). Pourtant, dans cette quête fascinante des mécanismes par lesquels nous nous construisons progressivement, dès le tout jeune âge, une rationalité, la perspective de Piaget tend à laisser de côté le moteur même du processus : l’investissement libidinal de la pensée.
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