Avant-propos
p. 3-4
Texte intégral
1 Le colloque dont j’ai l’honneur de présenter les Actes au public est né d’un heureux concours de circonstances : la présence parmi nous de Roger Bellet qui, après avoir consacré à Jules Vallès des travaux de premier ordre, a bien voulu établir le plan de cette réunion, et l’expérience acquise par certains de nos collègues pendant le temps où l’Enfant a figuré au programme de nos enseignements.
2 A première vue, l’entreprise n’allait pas sans quelque danger. Elle exigeait qu’on mît au centre de la discussion une personnalité certes puissante, mais sur laquelle l’unanimité, de toute évidence, n’est pas encore acquise. Elle imposait aussi l’étude d’une œuvre de vaste dimension qui, longtemps méconnue et en partie oubliée, ne retient que depuis peu d’années l’attention de la critique, et dont la première partie seule a fait, à une date récente, l’objet d’une édition scientifique. Ne risquait-on pas, dans ces conditions, d’en prévilégier abusivement certains aspects ou, à tout le moins, d’en gauchir les perspectives d’ensemble ? Il faudrait ne rien ignorer d’une si complexe création pour se sentir en mesure d’en dégager les lignes de force.
3 Nous espérons que le volume aujourd’hui publié justifiera cette imprudence. Les communications et les discussions qu’il rassemble nous semblent, en effet, garantir à Vallès le rang que l’histoire littéraire lui a trop longtemps contesté. On y trouvera une objective et, croyons-nous, enrichissante analyse de son art, comme de certaines de ses attitudes les plus significatives. Chacun des auteurs, selon la méthode qui lui a paru la mieux adaptée, s’est attaché à suivre les manifestations d’une technique privilégiée, à étudier l’origine puis l’épanouissement d’un thème essentiel. Si la diversité des points de vue choisis et l’importance du sujet interdisaient de parvenir à une véritable conclusion en si peu d’espace, l’ensemble marque assez bien la place que l’écrivain s’est désormais acquise dans nos recherches et, ce qui est sans doute plus important, la pressante actualité de son œuvre.
4Car il fut, on le sait de reste, te témoin autant que le pourfendeur ou la victime d’une époque dans laquelle la nôtre a les meilleures raisons de se reconnaître. A mesure qu’ils l’interrogeaient, cherchant à préciser ses réactions ou à surprendre ses secrets, les participants au colloque avaient le sentiment de rencontrer tels problèmes – familiaux, sociaux, politiques, esthétiques – dont le monde contemporain avait modifié les données sans que la solution en devînt pour autant plus aisée. Aussi souhaitent-ils que le lecteur continue pour son propre compte la réflexion dont ce recueil rassemble les premiers éléments. Ces Actes représentent à leurs yeux moins un bilan – du reste tout provisoire – qu’un exorde, une incitation à considérer notre temps avec la même passion, critique mais salutaire, que Vallès a témoignée au sien.
Auteur
Directeur de U.E.R. des Lettres et Civilisations Classiques et Modernes
Université de Lyon II 24 octobre 1975.
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