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La Transformation du rapport salarial

 | 
Christian Le Bas

L’évolution du rapport salarial dans une économie tertiaire

P. Petit

Texte intégral

I – UNE INTERPRETATION SUR LA NATURE DE LA CRISE ET SON ISSUE

1Les signes les plus manifestes de la crise ouverte depuis plus de dix ans traduisent le blocage du régime d’accumulation intensive des trois dernières décennies d’Après-Guerre. Stagnation de la croissance, de l’investissement, de l’emploi et de la productivité depuis 1975 et plus encore depuis 1980 dans la plupart des économies industrielles, généralise un mode de croissance lente (déjà expérimenté en Grande-Bretagne et dans une moindre mesure aux Etats-Unis dans les années 60).

2On ne s’interroge pas sur les causes multiples externes et internes à l’origine de cette stagnation (de l’évolution de la division internationale du travail aux limites spécifiques des gains de productivité industriels).

3On cherchera à apprécier les liens de causahté réciproques pouvant exister entre les évolutions du rapport salarial et l’établissement de ce régime de croissance lente.

  • 1 Ces définitions s’inspirent de celles données par J.P. Benassy, R. Boyer, R.M. Gelpi, 1979. On trou (...)

4Par rapport salarial, on entend en premier lieu de façon très générale, « l’ensemble des conditions qui régissent l’usage et la reproduction de la force de travail : organisation du procès de travail, mobilité de la force de travail, formation et utilisation du revenu salarial »1.

5Rapport salarial et régime de croissance qualifient des niveaux différents, mais interdépendants, du développement économique. Le schéma 1 ci-après présente une synthèse grossière de ces articulations.

6Un rapport salarial « fordiste » permettant de lier gains de productivité, augmentation des salaires et croissance de l’emploi a largement soutenu la forte croissance des années 1945-1975 en suscitant une expansion continue de la demande interne. Cette synchronisation fructueuse, dont les formes précises restent dépendre avec plus ou moins de succès des spécificités des économies nationales, implique en particulier que soit assuré :

  1. une certaine diffusion des gains de productivité entre branches
  2. une relative homogénéité des évolutions de salaires et des conditions d’emploi.

7La réalisation de ces deux conditions interdépendantes est nécessaire à l’expansion précitée de la demande.

8Le blocage de la croissance s’accompagne d’une remise en question des pratiques et institutions assurant le partage des gains de productivité dans chaque branche et leur diffusion interbranche. Cette remise en cause peut tout aussi bien chercher à s’adapter à des changements structurels modifiant les relations entre branches ou à l’intérieur des branches. Ces évolutions possèdent donc selon les cas au regard de la croissance un caractère progressif ou régressif.

9C’est dire les enjeux des transformations du rapport salarial en cours quant à l’issue de la crise.

10Selon les cas, l’évolution du rapport salarial ouvre la voie à :

  • une stabilisation d’un régime de croissance lente
  • un renouvellement des bases nécessaires à une reprise de la croissance,
  • une déstabilisation progressive du rapport entre dynamique de la production et dynamique de la consommation.

11Une interrogation directe sur l’évolution du rapport salarial fait apparaître une large remise en cause des tendances passées. Le développement massif du chômage en est le signe le plus patent. Il n’en reste pas moins difficile dans ce qui est encore une phase de transition de saisir l’issue des transformations en cours. Pour dégager les principales perspectives offertes aux évolutions du rapport salarial on essayera de rapprocher ces mouvements de quelques caractéristiques majeures du nouveau régime de croissance.

Légende : lieu de la définition du mode de régulation (encadres rectangulaires – pointillés : a, b, c) lieu de la définition du rébime d’accumulation (encadrés rectangulaires – traits pleins : 1, 2, 3,4) lieu de la définition du rapport salarial (b, c, 4, 5)

12Ce schéma présente sur un même plan les différents domaines auxquels se réfèrent dans leur définition les concepts de régime d’accumulation, de régulation et de rapport salarial.

13On cherchera ainsi à préciser l’incidence de la tertiarisation, trait essentiel de l’actuel régime de croissance lente, sur l’évolution du rapport salarial et réciproquement. La mise en jeu de cette relation entre branches contribue par ailleurs à éclairer la stabilité de cette fonction centrale de synthèse et d’homogénéisation qui caractérisait le rapport salarial fordiste.

II – LA TERTIARISATION : UNE CARACTERISTIQUE MAJEURE DES REGIMES D’ACCUMULATION ACTUELS

  • 2 Cette définition hétérodoxe est donnée en particulier par T.P. Hill, 1977.

14Le développement des activités de service transforme largement les conditions de mise en valeur du capital dans une économie nationale. Il importe de fait que se développe sous forme d’activités autonomes des fonctions précédemment assurées aux seins des entreprises ou dans le cadre des activités domestiques et dont les produits sont nettement distincts des classiques marchandises. Cette approche des services reste négative. La façon usuelle pour l’analyse économique de partir d’un ensemble de produits et d’agents, dont les caractéristiques sont données, limite effectivement les possibilités de définitions plus positives des services. Les activités de services en effet transforment de façon immédiate l’état des biens ou des personnes qui y recourrent2. Cette évidence permet d’ailleurs à un certain consensus de s’établir au niveau empirique (des nomenclatures statistiques par exemple) sur la réalité des services sans qu’aucune définition théorique ne les capte avec précision à la frontière du champ des objets de l’analyse économique. La sphère des activités tertiaires est ainsi des plus rétive à l’hypothèse de nomenclature, axiome de base de la théorie économique qui établit la liste finie et fixe des productions entrant dans son champ d’analyse. Ces activités tertiaires que l’on sait repérer mais mal définir mais dont on perçoit qu’une des caractéristiques essentielles est de modifier l’horizon temporel et les aléas pesant sur la formation du capital deviennent par leur ampleur le fondement d’une catégorisation majeure pour l’analyse des régimes d’accumulation.

15Cette tertiarisation fondée sur la distinction des seuls produits n’a pas de rapport avec une acception courante du terme mélangeant produits et tâches. La notion de tâches tertiaires opposées aux tâches de production est d’ailleurs encore plus ambiguë que celle d’activité tertiaire ; la distinction se perd, au niveau des classifications empiriques, dans des appréciations délicates sur le contenu manuel et intellectuel de chaque tache. Cette lecture directe au niveau des taches ne présente donc qu’un aspect relativement secondaire d’une interrogation sur les conséquences d’une tertiarisation du régime d’accumulation sur l’évolution du rapport salarial. Peut-on voir dans les transformations en cours du rapport salarial des éléments à même de conforter un nouveau régime de croissance ou au contraire la source d’une éventuelle déstabilisation croissante ? De façon centrale c’est l’hypothèse de la stabilité à long terme d’un régime de croissance lente qui est à apprécier.

16La tertiarisation a été présentée comme un processus. Il importe donc de pouvoir en repérer les phases. Ceci invite à lier l’analyse de la tertiarisation à celle d’un mouvement de déindustrialisation qui lui est parallèle. Reste à donner à la notion controversée de désindustrialisation un sens assez précis qui permette effectivement de repérer les étapes d’une évolution des dynamiques sectorielles dans le processus de croissance.

  • 3 Si des ressources en matières premières permettent d’équilibrer la balance des paiements courants, (...)

17Economie du développement et théories de la croissance ont de différentes façons mis en avant le rôle moteur de l’industrie dans le processus de croissance. L’analyse en termes d’étapes de la croissance s’est surtout intéressée à la phase initiale liant décollage industriel et développement économique. Dans les économies industrielles développées l’hypothèse du rôle moteur de l’indutrie renvoie à l’existence de rendements croissants à l’échelle de l’ensemble des activités industrielles, existence affirmée par AA. Young et confirmée par les travaux empiriques réalisés dans la lignée de ceux de Verdoom et Kaldor. La capacité des activités industrielles à engendrer et à diffuser dans l’ensemble de l’économie des gains de productivité élevés est au cœur de cette capacité d’entrainement. Ce dynamisme industriel ne peut jouer que si expansion de la demande et transformation de l’offre s’enchainent de façon synchrone. Tel est en particulier le cas dans les cercles vertueux de la croissance ou l’expansion de la demande favorise les gains de productivité qui en retour stimulent la croissance de la demande (on parle alors d’enchainement cumulatif). Dans une économie ouverte cette demande est pour partie externe et le dynamisme industriel requiert pour se déployer une semblable emprise sur les marchés extérieurs. D’une façon très générale on pourrait parler de déindustrialisation dès lors que l’industrie n’est plus à même de susciter à un rythme suffisant pour assurer le plein emploi l’expansion de ses marchés. De façon plus précise l’expérience des économies ouvertes, Royaume-Uni tout d’abord puis l’ensemble des pays européens, ont conduit à parler de déindustrialisation dans le cas précis où une économie industrielle ne parvient plus à fournir en contrepartie de ses besoins d’importation un flux d’exportations de produits industriels. La dynamique motrice de la liaison entre offre et demande de produits industriels se trouve bloquée soit par une contrainte de balance des paiements courants (induisant des politiques déflationnistes) soit par effets d’éviction au profit d’autres activités nationales plus rentables (cas de la maladie hollandaise)3. La désindustrialisation se présente donc comme inversion du schéma cumulatif de croissance précédent. Progressivement l’effet d’entrainement du secteur industriel se réduit avec le ralentissement de la croissance industrielle. La réduction des effectifs industriels n’est qu’un signe parmi d’autres de cet affaiblissement (Le tableau I rappelle les divers signes de désindustriabsation observés dans la crise dans les principales économies industrielles).

18L’absence de substitut à l’impulsion « industrielle » constitue un autre fait marquant de cette évolution. Les activités tertiaires même profondément transformées dans leurs techniques de production n’ont pu jusqu’à présent dans la crise prendre la relève du moteur industriel (cf. tableau 2). Ces constats sont à la base du rapprochement établi entre tertiarisation et croissance lente. Toutefois cette approche ne doit pas conduire à voir dans la croissance des activités tertiaires un retour à une économie où les activités de type traditionnel jouerait un rôle prépondératn.

19Le mouvement de tertiarisation/déindustrialisation s’accompagne d’une recomposition des activités tertiaires avec la modernisation de larges pans des activités traditionnelles d’intermédiation (commerce, banques, assurance, transports) et l’émergence de nouveaux services aux entreprises.

20Nouveaux n’est pas là non plus synonyme de modernes. Des services de location de main d’œuvre, de gardiennage, de nettoyage ou de restauration ont à l’évidence des caractères que l’on qualifie dans le langage courant de traditionnels.

21Ce dualisme, que l’on cherchera à expliciter, est au cœur de l’articulation entre régime d’accumulation et rapport salarial sur laquelle porte notre interrogation.

III – INDUCTIONS DES DYNAMIQUES D’ACCUMULATION SECTORIELLES SUR LE RAPPORT SALARIAL

22Activités tertiaires et industrielles s’organisent selon des logiques dissemblables traduisant des différences de nature dans les produits. On cherchera à saisir cette différenciation à travers les mécanismes de formation des prix d’une part, de mutations techniques de produits et de processus d’autre part. On envisagera de même successivement côté produc- tion et côté demande les divergences induites par ces différences de nature entre produits.

Tableau 1. Les signes d’affaiblissement de l’importance relative du secteur industriel

Tableau 1. Les signes d’affaiblissement de l’importance relative du secteur industriel

Source : Données – Banque données structurelles OSCE,

TABLEAU 2. Le ralentissement après 1973 de la croissance industrielle se retrouve dans les secteurs non-manufacturiers.

TABLEAU 2. Le ralentissement après 1973 de la croissance industrielle se retrouve dans les secteurs non-manufacturiers.

Croissance de la production industrielle.
Périodes : I = 1960/1973
II = 1973/1979
III = 1979/1984
Pays : US =USA – J =JAPON – D =ALLEMAGNE – F =FRANCE –
UK = ROYAUME UNI – I = ITALIE – N = PAYS-BAS –
B =BELGIQUE

1. Prix et volume de production

23La tradition post-keynésienne qui après Kalecki, Weintraub et Sylos-Labini postule que les prix se forment par application d’un taux de marge aux coûts variables de production, présente en quelques sorte une synthèse de la logique industrielle. Cette formulation implique en effet l’existence d’une norme technique, d’une norme de profit et d’un prix du travail.

24De la formule générale :

25valeur de la production = (coûts fixes et variables de production) x (1 + taux de marge)

26On passe en effet en séparant volume W et prix P à une détermination du prix en fonction du salaire S, de la productivité V, d’un ratio technique A et d’un taux de marge M. soit P = A.M.S./V

  • 4 O. Williamson, 1975 situe cette évolution (qu’il qualifie de passage de la forme U-unitaire- à la f (...)

27La production de biens s’organise autour de cette loi de valorisation. Internalisation et externalisation des activités, concentration oligopolistique y trouvent la mesure de leur raison d’être. Cette relation où l’existence d’une norme technique conduit à arbitrer directement entre prix profit et salaire contribue en effet à définir le champ laissé au jeu du marché. A un certain stade de « routinisation » des productions ou d’extension des marchés à l’échelle mondiale cette relation tend à s’imposer à l’intérieur même des grandes entreprises multi-produits. Tel est l’interprétation que l’on peut donner de la transformation de l’organisation des grandes entreprises multinationales passant d’une division fonctionnelle à une division par produits de leurs activités4.

  • 5 Cette difficulté à dissocier volume et prix n’est pas l’apanage des seules activités tertiaires. L’ (...)

28Dans l’espace des activités tertiaires par contre cette relation structurante de formation des prix n’apparait pas comme telle. La cause première tient aux difficultés que présentent dans ce domaine la dissociation entre volumes et prix5. Dans un nombre réduit d’activités tertiaires une standardisation des activités autorise cette distinction. C’est le cas souvent rappelé de la restauration rapide, de certaines formules de distribution par grandes surfaces. Cette standardisation de ces services aux ménages permet d’ailleurs la mise en place de réseaux et l’obtention d’économie d’échelle. Ces activités ne concernent toutefois qu’un sous-ensemble réduit des activités tertiaires et surtout les effets de monopole liés à la dimension locale des marchés subsistent. Cette contrainte de localisation favorise les pratiques routinières pour des clientèles captives et sans moyen de protestation, une situation qu’évoque Hirschman 1972 à propos des « monopoles paresseux).

29Parfois la nature même de l’intermédiaire, au delà de toute standardisation du service, fait disparaître devant l’importance de la composante financière de l’opération la dimension créatrice de valeur ajoutée ; c’est le cas des activités bancaires et dans une moindre mesure de celle du commerce. La standardisation des activités de gestion des paiements ou celle de distribution des biens de grande consommation ne débouche pas sur une clarification de la notion de volume de service.

30Dans nombre de services toutefois cette standardisation n’est pas possible. C’est le cas de nombreux services aux entreprises où la relation bilatérale client-prestataire conserve un caractère privé négocié entre les parties en fonction des avantages que retire le demandeur du service (cf. J. Fayolle, R. Salais, 1985 qui soulignent l’absence de normalisation sociale, de codification juridique de nombre de ces transactions). Echappe aussi à une socialisation/normalisation par le marché les activités sous tutelle publique comme l’éducation et la santé. Au mieux les volumes pour toutes ces activités de services sont directement appréciés à partir de volumes de facteurs utilisés. La notion de productivité n’a alors aucun sens précis et la relation de valeur ci-dessus ne se décompose plus en volume et prix. Tout au plus peut-on mettre en rapport un produit en valeur par tête (une « productivité nominale ») et un salaire moyen. C’est bien en effet à cette opposition que tend à se réduire l’articulation entre prix, salaire, profit et norme technique largement à l’œuvre dans les activités industrielles.

2. Conséquences sur la dynamique sectorielle des salaires

  • 6 La nature des conventions collectives en France jusqu’aux lois Auroux de 1982 ne permettait pas d’e (...)

31Les effets sur le rapport salarial de cette différence dans le processus de valorisation des biens et services touchent directement les déterminations de l’emploi et des salaires. On reviendra ci-après sur l’emploi en considérant les dimensions sectorielles du changement technique. En matière de formation des salaires la différence est nette entre les deux types d’activités. Dans les activités industrielles une relation directe peut s’établir entre gains de productivité et salaires. Il s’agit là non seulement d’une réalité macroéconomique observée ex-post mais aussi d’un principe micro-économique de gestion que l’on retrouve dans les conventions collectives ou accord de grandes entreprises mais aussi au niveau des principes de gestion (comme en témoigne les thèses défendues dans la Harvard Business Review des années 50)6. Le jeu de cette norme liant productivité et salaire dans l’industrie reste tendanciel, et les difficultés que rencontrent les entreprises à ériger cette tendance en règle contredit moins qu’elle ne confirme la relation salaire-productivité (cf. J. Fayolle, R. Salais, 1985).

32Dans les activités de services le champ ouvert aux règles et décisions d’augmentation de salaires est a priori beaucoup plus vaste en l’absence de ce référent privilégié que constituent les indicateurs de productivité. D’autres déterminants vont acquérir de ce fait un poids beaucoup plus important. On en distingera deux : l’un est directement lié aux conditions locales du marché du travail, l’autre s’appuie principalement sur des règles maison choisissant avec une relative autonomie leur référent extérieur. Cette distinction recouvre largement les pratiques respectives des petites et grandes entreprises.

33Les activités de services de taille réduites, sans lien structuré avec les autres activités de la branche, dépendent fortement des conditions du marché du travail local. Dans les zones de sous emploi latent les salaires tendent à diminuer et le volume d’emploi à croître. N. Kaldor a fondé sur cette capacité de certaines activités tertiaires à s’adapter aux conditions du marché (effet d’éponge) une proposition de taxer l’emploi tertiaire au début des années 70. (Sélective Employment Tax). Cette plasticité de l’emploi tertiaire se trouve favorisée par la divisibilité de tâches tertiaires qui se prêtent plus aisément au partage du temps de travail (travail plus individuel, collectif de travail moins soudé). Cette propriété est un des facteurs essentiels de la féminisation des emplois tertiaires ; elle apparait strictement complémentaire de la division par sexe de la vie domestique et familiale tout au long du cycle de vie. Ce modèle de détermination des salaires et de l’emploi ne s’applique qu’à des activités dont le niveau d’institutionalisation interne est faible laissant leur mode de gestion interne dépendre directement de variations conjoncturelles.

34Dans les activités intérieurement plus structurées par un ensemble de règles prenant appui soit sur l’importance de la taille soit sur l’existence de réseau de liens entre entreprises la formation des salaires peut faire l’objet de règles prenant en référence soit les salaires d’autres branches soit des indices de prix et de productivité internes globaux.

35Cette autonomie relative dans la formation des salaires a sur les profits des effets qui dépendent en premier lieu de la marge dont disposent les activités tertiaires en question pour adapter leur tarification et leurs prestations.

36Dès lors que le produit n’est pas défini sans référence aux conditions de production et que sa qualité n’est pas indépendante de sa tarification, le prestataire a une certaine marge pour accroître la valeur marchande de ses prestations. C’est ce que traduit à la fois la professionalisation de certains emplois tertiaires de contacts avec la clientèle (courtiers...) et la pratique des taux de marge dans les activités commerciales alors même que les volumes restent mal définis. La concurrence locale et l’existence d’activités de substitution (dont le libre-service et le faites-le-vous-même) limitent cette capacité des activités tertiaires à préserver leur revenu. Mais cette aptitude à l’esquive se traduit par de constants glissements qualitatifs des produits. Cette mutation incessante renouvellant les services ne peut pour autant être assimilée à une dégradation des produits. On en précisera les raisons au paragraphe suivant traitant de la différenciation des produits.

3. Réorganisation du travail et changements des techniques de production

37La latitude plus grande offerte aux activités tertiaires en matière de formation des salaires se retrouve au niveau des déterminants de l’emploi. On a déjà souligné l’effet sur le partage du travail dans certains services d’une étroite dépendance vis-à-vis du marché du travail local. De façon parallèle l’emploi dans des activités tertiaires fortement structurées peut largement adapter son évolution pour se conformer aux règles du milieu sans être strictement contraint par l’évolution d’un ensemble d’indicateurs d’activités. L’évolution par attrition de l’emploi dans certains secteurs bancaires ou services publics en fournit une illustration. C’est principalement face aux mutations des possibilités techniques de production que ressort la relative faiblesse des déterminismes technologiques dans le tertiaire. A la substitution capital/travail qui résume le long mouvement du progrès technique dans les activités productrices de biens s’oppose dans les activités tertiaires une possible complémentarité entre travail et équipements nouveaux.

  • 7 On attendait des gains de l’ordre de 300 à 500 % ; les études d’impact leur en accordent près de di (...)

38L’introduction du traitement de textes en donne un exemple souvent évoqué. Sa diffusion n’a pas eu sur l’emploi de bureau les conséquences drastiques que pouvaient laisser prévoir les gains de « productivité » potentiels inscrits dans les performances des équipements7. Cette adaptabilité traduit la capacité d’équipements nouveaux à générer de nouveaux produits lorsque le domaine de production peut lui-même s’ouvrir, redéfinir la qualité de ses productions. Cette relation entre changement de processus de production et changement de produit tout à fait spécifique des activités tertiaires facilite l’adoption de technologies nouvelles en atténuant le choc sur l’organisation du travail en place d’une stricte substitution capital/travail. Dans le tertiaire organisé cette qualité joue directement sur le processus de changerrient technique en facilitant une adoption négociée. Dans le tertiaire inorganisé cette faculté se traduit par une rapide diffusion des services dits nouveaux, créateurs de marchés, et une rapide disparition d’activités obsolètes (soit un renouvellement des activistes...).

39En définitive du côté de la production il semble bien que les activités tertiaires fassent preuve, selon leur degré d’organisation interne, d’une plus ou moins grande perméabilité aux variations proprement conjoncturelles. Le secteur tertiaire organisé se protège mieux que la moyenne des aléas conjoncturels, le secteur inorganisé moins bien. Dans une crise longue le tertiaire inorganisé trouve rapidement son rythme d’adaptation de façon régressive en termes de salaire et d’emploi. Le tertiaire organisé tend pour sa part à gérer dans le plus long terme les adaptations « structurelles » (mouvements lents de l’emploi et des salaires) en s’aidant d’évolutions qualitatives des produits pour couvrir les coûts et maintenir la profitabilité de ces activités.

4. Du côté consommation : les limites de la transition de l’avoir à l’être

40Aux différences induites par la tertiarisation dans les conditions d’utilisation de la force de travail s’ajoutent les effets sur le rapport salarial d’une transformation des modes de consommation.

41Notons toutefois que la tertiarisation est en premier lieu un phénomène concernant les activités de production. Au niveau de la consommation deux faits viennent tempérer cette orientation. Tout d’abord une part importante et rapidement croissante des activités tertiaires répond à une demande émanent d’autres producteurs (cf. tableau 3). D’autre part la demande finale correspond pour partie également à des prestations liées à la consommation, à l’acquisition ou à la possession d’un bien : dépenses d’entretien, d’achat/vente de biens durables ou non. La « tertiarisation » des modes de vie apparait dans cette optique nettement plus limitée que celle des modes de production.

42Cette perspective se trouve largement confirmée si l’on considère l’évolution de la demande finale de services elle-même.

43V. Fuchs (1969) a souligné que la croissance passée des coefficients budgétaires des services est largement liée à l’évolution des prix. J. Gershuny et I. Miles (1983) ont ajouté, en comparant des enquêtes sur les dépenses des ménages à vingt ans d’intervalle, que l’élasticité des dépenses de services au revenu diminuait. Ceci suggère que les biens n’ont guère perdu, dans le mouvement de tertiarisation, la place centrale qu’ils occupaient dans les modes de consommation du schéma de croissance fordiste.

44Aussi la thèse qui lie à la croissance des productions tertiaires une tertiarisation des modes de consommation doit elle être relativisée.

TABLEAU 3. UTILISATION DES SERVICES EN POURCENTAGE DU PIB Année 1975 (sauf E.U. 1977)

TABLEAU 3. UTILISATION DES SERVICES EN POURCENTAGE DU PIB Année 1975 (sauf E.U. 1977)

45Cette thèse part pourtant d’un constat d’importance. La norme de consommation du régime d’accumulation fordiste était fondé sur l’« avoir » : elle s’appréciait principalement en termes de taux d’équipements en biens durables, d’unités de logement. Centrée sur des marchandises largement standardisées cette norme entrainait de facto une certaine uniformisation des modes de vie que symoblisait l’image d’une « américanisation généralisée ».

46En regard une plus large orientation de la consommation vers les services accompagnant le mouvement de tertiarisation en cours, serait porteuse d’une plus grande diversité des comportements. Les services, par essence moins assimilables ou réductibles à une catégorisation en produits standards, faciliteraient une différenciation des utilisations. C’est en ce sens qu’une demande finale plus tournée vers les produits tertiaires (ce que l’on peut grossièrement qualifier de tertiarisation de la demande) traduirait une évolution des modes de consommation de l’« avoir » vers l’« être » (cf. M. Aglietta 1984 et dans un sens plus large l’opposition que rappelle F. Hirsch 1977 entre « positional and material économies »).

47L’évolution globale de la demande finale de services n’enlève pas tout intérêt à cette thèse. Deux facteurs contribuent à lui conserver une certaine pertinence. En premier lieu au delà des mouvements globaux de la demande finale il est patent que certaines prestations comme celles de santé se sont accru en termes de valeur comme en « volume » (ce dernier constat se fondant sur l’augmentation des volumes de facteurs). En second lieu une relative bipolarisation de la distribution des revenus par famille peut avoir favorisé une tendance similaire dans les consommations de services nouveaux (par leur qualité ou la technique de production qu’ils requièrent). Dans ce dernier cas la différenciation plus marquée des consommations pourrait n’être le fait que de la « moitié » des ménages à revenus élevés. La thèse de la différenciation serait alors indissociable d’une évolution dualiste de la société caractérisée par un relatif déclin des classes moyennes de revenu. Une évolution de cet ordre semble perceptible aux Etats-Unis (sur ce débat cf. P. Petit, 1986 et N.H. Rosenthal, 1985). Elle implique un éclatement des marchés de masse où la couche aux revenus inférieurs à des difficultés à accéder ou à maintenir l’ancienne norme de consommation (acquisition et renouvellement des biens durables dans les ménages dont les sources de revenus ont été touchés par la crise posent problème) tandis que les ménages aux revenus élevés s’ouvrent à de nouvelles consommations de biens (autour de l’électronique) et de services.

48Dans les deux cas ces nouvelles consommations ne semblent pas déboucher sur une standardisation des produits à même de développer de futurs marchés de masse. Une large utilisation des biens nouveaux requiert des niveaux de formation qui ne sont pas encore à la disposition de grandes majorités.

49L’extension de marchés de services à partir de clientèles aisées ne conduit pas non plus à une normalisation des productions. La multiplicité des signes et conventions pour qualifier les prestations ne fournit que des distinctions à usage local et restreint les marchés. On peut par référence à cette incapacité à définir de réels standards parler d’indifférenciation des produits (comme permanence d’incertitude sur la qualité du produit au sens retenu par A. Orléan et B. Renault Cressent 1985). C’est aussi en ce sens que les prestations de services font preuve d’incomparabilité dans le temps. Il n’y a pas lieu de parler de façon générale de dégradation (ou d’amélioration) des services entre deux dates, la transposition dans le temps n’ayant pas plus de fondement que celle que nie la notion de monopole local dans l’espace.

50En conclusion les transformations induites du côté de la consommation par une tertiarisation du mode de croissance semblent associer une diversification des comportements de consommation à un approfondissement du dualisme entre couches à revenu faible et élevé. C’est dans un contexte où la tertiarisation accroit les possibilités de divergences que la crise remet en question le rôle de l’Etat dans la gestion du rapport salarial.

IV – ETAT ET « UNITE » DU RAPPORT SALARIAL : SUR LA SYNTHESE DES INDUCTIONS SECTORIELLES

  • 8 Il s’agit là d’une appréciation très générale des tendances à moyen long terme que peuvent contredi (...)

51Le développetnent, à des degrés divers, de l’Etat-providence après 1945 est une caractéristique commune aux économies industrielles. Il peut s’interpréter comme une extension à l’ensemble de l’économie d’un rapport salarial fordiste dont les grandes industries dégageant des gains de productivité importants et pouvant contrôler l’extension de leurs marchés avaient instauré les prémisses. Cette fonction d’homogénéisation et de synthèse réalisée par les institutions essentiellement publiques adonné au rapport salarial fordiste son caractère dominant et durable. Cette fonction se trouve évidemment remise en cause par la stagnation de l’économie et l’accumulation du nombre de chômeurs, conduisant à une crise principalement fiscale de la protection sociale. L’équilibre du système de protection sociale n’était en fait garantie sans heurts et renégociations continuelles que dans la mesure où la croissance des prestations suivait celle des prélèvements contractuellement rapportée aux niveaux de l’activité économique. La période de croissance allant des années 50 au milieu des années 70 s’est ainsi accompagnée d’une évolution « progressive » des prestations par augmentation du champ et du niveau de protection sociale. Stagnation et chômage ont conduit à une augmentation « régressive » des prestations par suite d’une croissance des dommages et malgré une réduction de la couverture des risques8, alors que dans le même temps les prélèvements, suivant tendanciellement la stagnation de l’économie, devaient pour croitre et assurer l’équilibre financier du système faire l’objet de constantes renégociations.

52Cette inversion de la dynamique passée a donné à la remise en cause du système de protection sociale un caracère essentiellement fiscal (visant en fait tous les prélèvements obligatoires).

53Nous entendons ici souligner qu’à ce blocage inscrit dans la nature même des systèmes de protection sociale « fordiste » dès lors que la croissance économique cesse d’en supporter la dynamique interne, s’ajoutent sur deux plans des effets de sape propres à la tertiarisation du régime de croissance et à ces effets sur le rapport salarial tels que décrits ci-dessus.

54La fonction de synthèse et d’homogénéisation du rapport salarial que remplissaient les institutions de protection sociale voit ses fondements s’éroder tant du côté du monde du travail que du côté de la nature des prestations assurées.

55Du côté du monde du travail l’extension du tertiaire, dont les salaires ne sont que très indirectement liés à des indicateurs de croissance réelle, dilue le mécanisme de diffusion des gains de productivité industriels qui soutenait l’institution d’une norme salariale au niveau de l’ensemble de l’économie. Les risques d’une inflation de productivité (liée à un ajustement trop mécanique des salaires sur les gains des secteurs les plus performants) se trouvent réduits mais l’hétérogénéité des règles de formation des salaires en est accrue. La tendance à l’individualisation des salaires, qui accroit le niveau d’incertitude en diminuant les règles de différenciation, dans le sens évoqué précédemment, est un des symptômes du relâchement de l’ancienne norme salariale.

56Cette évolution récente en France apparait de façon nette dans des pays traditionnellement plus ouverts à cette modulation comme les Etats-Unis (l’ouvrage de M. Weitzman, 1984, et son retentissement témoignent de cette actualité). L’éclatement de la norme salariale va de pair avec une désyndicalisation (ou non-syndicalisation) et une dissolution du collectif de travail. La facilité du partage du temps de travail (une forme particulière de division du travail) et l’importance de ce partage dans l’accès à l’emploi de la main d’œuvre féminine conforte cette dispersion des statuts que la mise en œuvre du rapport salarial fordiste avait précisément contribué fortement à réduire.

57Ce sont là des caractéristiques du tertiaire dont les mutations techniques laissaient entrevoir la fin. L’utilisation d’équipements informatiques pour traiter l’information dans les secteurs comme la banque, l’assurance ou l’administration a effectivement conduit dans une phase initiale à une taylorisation du travail tertiaire en centralisant les traitements en aval et parcellisant les tâches en amont. Une seconde phase d’informatisation décentralisée a nettement réduit cette tendance conservant à la division du travail dans les branches tertiaires cette double caractéristique de professionalisation et hiérarchisation des rôles que soulignait H. Fayol (cf. U. Muldur, 1983). Cette structuration autour de nouvelles hiérarchies ne débouche pas non plus sur une nouvelle standardisation des positionnements dans la division du travail des branches tertiaires. La diversité des statuts institutionnels des unités actives : entreprises de droit privé, entreprise mixte, caractéristique marchande ou non de l’activité, importance de la tutelle, , ’ appartenance à des réseaux... freine l’établissement d’un tel équivalent. La dévaluation des formations initiales qu’entraine le chômage des jeunes s’oppose à ce qu’une telle classification générale se fonde largement sur les titres scolaires.

58Finalement cette désagrégation porte largement atteinte aux possibilités de maintenir une universalité et une uniformité, qui n’est plus de mise, dans les prélèvements comme dans les prestations. La renégociation des prélèvements se heurte à cette évolution en ne rencontrant pas le consensus nécessaire à une adaptation en continu du système. Ceci traduit, pour le moins, l’usure des « compromis institutionnalisés » pour reprendre la terminologie de R. Delorme et C. André, 1983) réalisés au sortir de la seconde guerre mondiale autour des systèmes de protection sociale.

  • 9 Cette volonté est tout à fait explicite. On en prendra comme preuve le manifeste de R. Harris et A. (...)

59Cet épuisement relatif ne traduit pas seulement à la fois le rejet d’une mécanique de prélèvements et la déstructuration des collectivités de travail qui en avaient été le support, il porte aussi trace d’une évolution des prestations reflètant le dualisme croissant des modes de consommation. Les prestations que sert, sous contraintes budgétaires de plus en plus strictes, un système de protection sociale en crise s’avèrent de moins en moins satisfaisante pour la « moitié » de la société à revenus élevés dont le projet de consommation s’est effectivement « tertiarisé » au sens défini ci-dessus. Cette demande privée qui a continué à croitre en parallèle ne se satisfait plus de ce qui peut lui être fourni dans un cadre collectif (de couverture-cas français- ou de production-cas britannique – ). Cette volonté d’une large part de la société de différencier ses services de santé9 explique à notre sens la tendance générale aux développements de formes privées de garantie et/ou de traitement. L’apparition des HMO (Health Medical Organisation) aux Etats-Unis laissant jouer dans le domaine social une logique d’individualisation des risques avec les pratiques d’exclusion que cela entraine parait tout à fait significative d’un mouvement de destruction de solidarités constmites dans un passé encore récent. Il est par ailleurs remarquable que cette évolution ne distingue pas une faible minorité de privilégiés d’une majorité en butte aux ratés de la croissance économique mais bien deux larges fractions de la société. C’est d’ailleurs dans l’émergence d’un tel dualisme que l’on peut voir ce qui distingue l’évolution présente d’un simple retour aux situations de l’entre deux-guerres.

60Une conclusion en termes de politique économique s’impose en peu de mots au regard des évolutions structurelles et des tendances propres aux institutions ayant fait de la croissance fordiste un régime de long terme.

61L’Etat, au sens large, a acquis avec la mise en œuvre du rapport salarial fordiste un nouveau champ où développer son action et ses responsabilités. C’est sur la base de cet engagement que les Etats des économies industrielles développées se trouvent présentement conduits à assumer une certaine gestion du rapport salarial. Après plus de dix années de stagnation économique et de chômage cette gestion tend à privilégier les facteurs de flexibilité. Cette dernière, sans être clairement explicitée, est conçue comme le moyen d’adapter sans à coups les institutions et les rapports sociaux à une nouvelle donne économique. Cette évolution spontanée nous semble largement sous estimer les effets qu’induisent en propre sur le rapport salarial les modifications structurelles que recouvre la tertiarisation des économies. Ainsi alors que l’on pourrait s’attendre à voir les institutions publiques œuvrer de façon contra-cyclique, créant de nouvelles solidarités pour pallier la disparition des anciennes, précisément pour faciliter l’adaptation du rapport salarial aux nouvelles donnes, on constate dans nombre de pays que des politiques proprement pro-cycliques risquent de précipiter les cassures qu’elles entendent éviter.

62Notre propos très général ne traitait que d’un mouvement de tertiarisation commun dans ses grandes lignes aux économies industrielles. Il est clair que des économies ayant eu au demeurant des expériences « fordistes » très différentes relèvent diversement du diagnostic précédent. Ce qui reste commun à des degrés divers c’est le risque d’accroître à une échelle nouvelle une partition dualiste de ces économies.

63Octobre 1985

Bibliographie

REFERENCES

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Notes

1 Ces définitions s’inspirent de celles données par J.P. Benassy, R. Boyer, R.M. Gelpi, 1979. On trouvera une revue du champ des définitions « régulationistes » dans R. Boyer, 1985.

2 Cette définition hétérodoxe est donnée en particulier par T.P. Hill, 1977.

3 Si des ressources en matières premières permettent d’équilibrer la balance des paiements courants, aucune adaptation de prix et de structures ne vient peser sur l’industrie qui progressivement se trouve prise dans un cercle vicieux amenuisant la capacité de l’industrie à conquérir (ou à conserver) des marchés et donc à attirer des investissements. Tel est du moins le schéma souvent évoqué pour les économies néerlandaise et britannique.

4 O. Williamson, 1975 situe cette évolution (qu’il qualifie de passage de la forme U-unitaire- à la forme M-produits multiples) aux années trente pour les Etats-Unis et au milieu des années 60 en Europe.

5 Cette difficulté à dissocier volume et prix n’est pas l’apanage des seules activités tertiaires. L’appréciation des volumes de biens d’équipements et en particulier des nouveaux équipements informatiques reste des plus fragiles (cf. M.N. Baily, 1982, évoque des sous estimations de volumes de l’ordre de 300 à 400 %). C’est l’importance des fractions du PIB concernées qui distinguent toutefois le cas des services.

6 La nature des conventions collectives en France jusqu’aux lois Auroux de 1982 ne permettait pas d’enregistrer de tels accords salariaux. On trouve en particulier trace d’une liaison explicite entre productivité et salaires dans les contrats de progrès expérimentés (sans succès) dans le secteur public (donc hors champ des conventions collectives de droit commun) au début des années 70.

7 On attendait des gains de l’ordre de 300 à 500 % ; les études d’impact leur en accordent près de dix fois moins.

8 Il s’agit là d’une appréciation très générale des tendances à moyen long terme que peuvent contredire certaines expériences nationales au début de la crise, ce dont l’extension de la couverture du chômage pour licenciement économique en France en 1975 donne un exemple.

9 Cette volonté est tout à fait explicite. On en prendra comme preuve le manifeste de R. Harris et A. Seldon : « Over-ruled on welfare » dont le sous titre résume l’objet : The increasing desire for choice in éducation and medecine and its frustration by « reprsentative » government, Institute of Economie Affairs London, 1979.

Table des illustrations

Légende Légende : lieu de la définition du mode de régulation (encadres rectangulaires – pointillés : a, b, c) lieu de la définition du rébime d’accumulation (encadrés rectangulaires – traits pleins : 1, 2, 3,4) lieu de la définition du rapport salarial (b, c, 4, 5)
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URL http://books.openedition.org/pul/docannexe/image/37140/img-2.jpg
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Titre Tableau 1. Les signes d’affaiblissement de l’importance relative du secteur industriel
Crédits Source : Données – Banque données structurelles OSCE,
URL http://books.openedition.org/pul/docannexe/image/37140/img-3.jpg
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Titre TABLEAU 2. Le ralentissement après 1973 de la croissance industrielle se retrouve dans les secteurs non-manufacturiers.
Légende Croissance de la production industrielle.Périodes : I = 1960/1973II = 1973/1979III = 1979/1984Pays : US =USA – J =JAPON – D =ALLEMAGNE – F =FRANCE –UK = ROYAUME UNI – I = ITALIE – N = PAYS-BAS –B =BELGIQUE
URL http://books.openedition.org/pul/docannexe/image/37140/img-4.jpg
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Titre TABLEAU 3. UTILISATION DES SERVICES EN POURCENTAGE DU PIB Année 1975 (sauf E.U. 1977)
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