Annexe 6
Des témoignages hésitants
p. 155-158
Texte intégral
Note sommaire tenue par le greffier des déclarations des témoins dans l’affaire suivie à la requête du ministère public contre le nommé Françon demeurant à Saint-Clément-sous-Valsonne et prévenu d’exercer sans diplôme la médecine et la chirurgie, 21 juillet 18321
1Antoine Perrin, 61 ans, cultivateur : « Je n’ai jamais vu le prévenu chez moi. Il n’a traité personne de ma maison. J’ai une fille de morte mais elle a été traitée par M. Duthel. »
2Femme Perrin, 50 ans : « Le prévenu ne m’a jamais traité[e]. Il a pris le vaccin d’un de nos enfants pour le donner à un autre enfant de la même commune. » Ne sait pas si Françon exerce la profession de médecin.
3Antoine Beroudon, 24 ans, cultivateur : « Je n’ai pas de réclamation à faire contre M. Françon. Il est venu chez moi. Il a servi mon père qui était malade. Il l’a traité plusieurs fois. Il était le seul médecin qui le vit. »
4Question : « Françon ne vous a-t-il pas dit de faire venir un médecin ? »
5Réponse : « Il y a longtemps de cela, je ne m’en souviens pas. Mon père a payé Françon de ses soins. Je ne sais pas combien il lui a donné. Il a traité mon père, ma mère, mon frère, ma sœur. Cette dernière était bien malade. Françon l’a saignée, elle se porte bien aujourd’hui. Duthel a traité mes deux parents qui sont morts. Françon aussi mais le premier a été seul payé. »
6Question : « Françon était-il connu pour médecin de la commune. »
7Réponse : « Oui, on le connaissait comme médecin. »
8Marion Dupuis, 56 ans, veuve Jourdan : « Françon donne quelques renseignements pour faire des médecines. J’ai été malade, il m’a donné des soins, il ne m’a rien demandé, je ne sais pas s’il demandera. C’est gratuitement jusqu’à présent. Mon mari étant malade, Françon a dit qu’il fallait faire venir un médecin. »
9Question : « L’avez-vous payé pour votre mari ? »
10Réponse : « Non »
11Question : « Savez-vous s’il reçoit ordinairement de l’argent ? »
12Réponse : « Non, on ne s’informe pas de cela. »
13Jacques Antoine Jourdan, 21 ans, cultivateur.
14Question : « Françon exerçait-il la médecine et vous a-t-il soigné ? »
15Réponse : « Non, jamais. »
16Question : « A-t-il traité des membres de votre famille ? »
17Réponse : « Oui, mon père, mais je ne l’ai pas vu parce que j’étais absent. J’ai ouï dire qu’il avait traité ma petite nièce. »
18Anne Perrin, 45 ans, femme Duperray : « Mon mari a été traité par Françon. Je ne sais pas positivement s’il l’a payé. Il m’a traité aussi, je l’ai payé en marchandises, il ne fixait pas le prix. »
19Question : « Vous devez savoir ce que vous lui avez payé. »
20Réponse : « Je ne sais pas positivement ce que mon mari ou moi lui avons compté. »
21Question : « Philiberte Gaidon n’a-t-elle pas été traitée par Françon ? »
22Réponse : « Oui, elle est morte au bout de peu de temps. Je ne sais combien on l’a payé. »
23Sur demande : « Ceux qui ont confiance en lui l’appellent. Cette année, j’ai eu six malades à la maison. C’est Duthel de Tarare qui les soigne. »
24François Soly, 39 ans, menuisier à Saint-Clément : « Françon m’a traité pendant huit jours. Il ne m’a rien demandé. Je ne sais pas ce qu’il me prendra. »
25Question : « A-t-il l’habitude de se faire payer ? »
26Réponse : « Il prend bien quelque chose. Il y a quatre ans qu’en semblable occasion il ne m’a pris que 40 sols. Il me disait de lui donner ce que je voudrais. »
27Question : « Il vous traite pendant six semaines. »
28Réponse : « Non, seulement pendant huit jours. Deux autres médecins m’ont visité. Je me trouvais un peu mieux. Je sortis peut-être un peu trop vite. J’allais plus mal. Un autre médecin fut demandé qui ne me soulagea pas. Enfin, je fis venir M. Poulat qui me dit que j’avais été traité d’un mal que je n’avais pas. »
29Claude Derveaux, 35 ans, mousselinier, Saint-Clément : « Ma femme a été malade et traitée par Françon. Je ne lui ai rien donné parce qu’il ne m’avait rien demandé. »
30Question : « Pensez-vous que vous lui devez quelque chose ? »
31Réponse : « Je pense que je dois le récompenser. Il a dit je ne veux rien je ne suis que dentiste et pas médecin. »
32Question : « Est-il vrai que vous avez dit que vous aviez bien payé Françon pour tuer votre femme ? »
33Réponse : « Je n’ai jamais parlé de cela, je ne lui ai rien donné en argent. »
34Question du procureur : « Pourquoi avez-vous annoncé que vous diriez quelque chose de plus en justice ? »
35Réponse : « Je n’ai jamais dit que j’avais payé pour tuer ma femme. »
36Paul Dubost, 33 ans, maire de Valsonne : « Je connais Françon depuis 7 à 8 ans, c’est un honnête homme. Il vient quelquefois dans ma commune pour traiter des malades. Quand il voit qu’on est en danger, il conseille un médecin. Je ne sais pas s’il reçoit de l’argent. Dernièrement il était à Valsonne, il a soigné à propos un apoplectique qui sans cela serait mort. Je ne sais pas s’il se dit médecin. »
37Sur demande : « Je pense que s’il ne recevait pas une gratification, il ne courrait pas la campagne. »
38Claude-Marie Pierron, 26 ans, cultivateur à Saint-Clément.
39Question : « Françon a-t-il pris une autre qualité que celle de dentiste ? »
40Réponse : « Il ne reçoit que ce qu’on lui donne. Je ne sais pas s’il a pris une qualité quelconque. J’ai toujours entendu parler de lui comme dentiste. »
41Françon (prévenu) [dit qu’] il n’exerce pas la médecine. Il donne des conseils à ceux qui viennent lui parler. Il rend seulement et sans intérêt des services à l’humanité.
42Question : « Plusieurs témoins disent que vous avez reçu de l’argent. »
43Réponse : « Je ne reçois que de ceux qui veulent donner quelque chose. Je n’ai jamais rien exigé. Je ne vois que des personnes qui sont des pratiques de la boutique d’épicerie que je tiens. »
Notes de bas de page
1 ADR, Uv 1210, Tribunal correctionnel de Villefranche, Dossiers de procédure (juillet-septembre 1832).
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