Présentation
p. 59-60
Texte intégral
1Pour mieux comprendre les enjeux spécifiques de la mise en scène baroque, il nous a semblé utile de les mettre en perspective avec sa devancière et fréquente associée, la musique ancienne. L’objectif de ce rapprochement était de tracer d’éventuels parallèles ou de potentielles lignes de partage, mais aussi d’étudier la manière dont les arts dialoguent dans le cadre de ces formes scéniques volontiers pluridisciplinaires que sont les spectacles baroques.
2Benjamin Narvey s’appuie sur son double point de vue d’instrumentiste et de musicologue pour interroger le rapport de la musique baroque aux sources historiques et plus largement au champ du savoir. Il s’efforce de relativiser l’opposition souvent avancée entre une musique ancienne vue comme strictement fidèle aux indications des traités et une mise en scène baroque considérée comme moins rigoureuse ou plus imaginative : en détaillant en quoi consiste l’interprétation de l’instrumentiste et du chef d’orchestre sur les répertoires anciens, sa démonstration permet de mesurer la marge de créativité que leur laissent les importantes lacunes des sources.
3Après cette mise au point, il nous importait de donner la parole au chef d’orchestre Vincent Dumestre, dont la collaboration régulière avec plusieurs metteurs en scène baroques depuis une vingtaine d’années a contribué à la visibilité et au succès de leur travail. Revenant sur l’expérience fondatrice du Bourgeois gentilhomme, créé en 2004 avec Benjamin Lazar, il met en avant les affinités artistiques fortes entre musique, danse et mise en scène baroques et souligne les apports de la déclamation et de la gestuelle dans l’interprétation de musiques (en particulier celles du xviie siècle) qui ne nous sont parvenues que sous une forme très partielle. Son témoignage de praticien permet également de mettre en évidence la manière dont les logiques artistiques, mais aussi les considérations pratiques et institutionnelles viennent complexifier et enrichir le rapport aux sources historiques.
4En complément du point de vue des musiciens, nous avons souhaité intégrer à cette partie un regard plus strictement théâtral sur la place de la musique dans les spectacles baroques. Héloïse Grammont nous propose, à travers l’exemple du spectacle L’Autre Monde de Benjamin Lazar, une analyse de la manière dont déclamation baroque et musique peuvent inventer de nouvelles articulations entre elles dans le cadre d’une œuvre qui n’avait pas été initialement conçue comme musicale, à la différence des opéras et des comédies-ballets. La relation entre mise en scène et musique baroques, loin de se réduire à un rapport d’imitation ou de reprise des modèles anciens, s’enrichit de jeux et d’emprunts mutuels résolument créatifs, dans la recherche d’un nouveau langage commun.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Scènes baroques d’aujourd’hui
La mise en scène baroque dans le paysage culturel contemporain
Céline Candiard et Julia Gros de Gasquet (dir.)
2019
« L’Arabe » colonisé dans le théâtre français
De la conquête de l’Algérie aux grandes expositions coloniales (1830-1931)
Amélie Gregório
2020