La poésie, entre vers et prose
|II. Hybridation de la prose et de la poésie, du XVIIIe au XXIe siècle
Appelé à disparaître1
Pour Christine Dupouy
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Extrait du texte
Nous nous retrouverons au rendez-vous des rivières, sur un sable qui ignore le goût de sang, à l’amitié d’arbres qui ne connaissent ni la hache ni la foudre.
Yves Elléouët
sans nous appartenir le moins du monde, le monde
nous dormions nus dans le lit des rivières
le feu, nous aperçûmes ce feu qui montait au ciel, cette lumière, l’espace alentour, les étendues ciselées, aplat de neige
de la sève des arbres au sang des veines, comme un dialogue, une sorte de langue
au cœur de bois épais du tronc des arbres, les cercles de la matière et aussi bien les anneaux de nos âges
l’eau s’accomplissait à la manière dont l’air traverse les feuilles, langue bleue à déceler les mouvements de l’ombre, finesse de sang, silence et paix
il n’est plus pur silence que celui qui prend midi dans sa paume puis file intact sur la lande ouverte du jour
pour modèle et pour foi ces rivières claires, allées de l’eau vers un sort toujours même, sans cesse différent
nous ne rêvions nul autre endroit, ailleurs ne nous aurai...
© Presses universitaires François-Rabelais, 2016
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