Les petits vignobles
|Deuxième partie. Pratiques et singularités
Les vins de Bordeaux au Moyen Âge. Entre « protectionnisme de clocher » et grand commerce
Texte intégral
- 1 Extrait issu de Dion Roger, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au xixe siècle, P (...)
Le Languedoc, le Périgord, l’Agénois, le Quercy, et toutes les provinces traversées par cette multitude de rivières navigables qui se réunissent sous les murs de Bordeaux, non seulement ne peuvent vendre leurs vins aux habitants de cette ville qui voudroient les acheter ; ces provinces ne peuvent pas même profiter librement, pour les vendre aux étrangers, de cette voie que la nature leur offroit pour communiquer avec toutes les nations commerçantes…1
1Dans cet extrait du préambule de l’édit royal de 1776 abolissant (jusqu’au 12 octobre 1785) les privilèges de Bordeaux en matière de vin, Turgot expose, en deux phrases éclairantes, les atouts et blocages de l’Aquitaine viticole à la fin de l’Ancien Régime. Les privilèges qu’il dénonce et que Bordeaux détient depuis le Moyen Âge ont influé fortement sur l’évolution des vignobles aquitains, empêchés de faire circuler librement leur production. Bien plus que les aptitudes des sols et des climats, les entraves protectionnistes ont déterminé les zones de production, la construction des territoires viticoles et, sur le long terme, celles des appellations. L’engouement pour la vigne a partout sévi en Aquitaine mais différemment selon qu’il s’épanouisse dans le Bordelais (bas-pays), dont les privilèges ont stimulé et protégé la croissance du vignoble, ou dans les pays d’amont (haut-pays), contraints et perturbés dans leur développement viticole, mais parfois aptes à réagir, contourner et innover. Ainsi, la géographie viticole du Bassin aquitain est-elle la résultante d’une construction historique et juridique et peut passer pour un bel exemple de possibilisme ; Roger Dion avait su s’en saisir pour contrer une vision naturaliste qui domine pourtant encore aujourd’hui chez les professionnels de la filière vitivinicole et, sous leur influence, chez les consommateurs.
- 2 Ce vignoble paysan diffus constitue sans doute la part la plus importante en matière de surface, vo (...)
2De ce préambule de Turgot, j’extrairai trois idées principales qui articuleront mon propos et ma réflexion sur la part des systèmes protectionnistes mis en œuvre par les villes dans la construction géohistorique des vignobles. J’essaierai d’accoler cette réflexion à celle menée, dans le cadre de cet ouvrage, sur les « petits vignobles » ; néanmoins, le médiéviste est à la peine avec cette notion : le seul critère de la superficie se montre inadéquat pour sa période, tant par le manque de données chiffrées tangibles qu’en raison d’une proportionnalité différente entre grands et petits vignobles d’hier et d’aujourd’hui ; sur quels critères alors se fonder ? Celui de leur dimension commerciale permet d’éliminer toute la frange de la production vivrière, notamment celle des exploitations paysannes dont les vignes, cultures secondaires, ne servent qu’à fournir du vin de soif2, et de recentrer la définition sur les vignobles en phase avec un marché, soit, dans l’Aquitaine de la fin du Moyen Âge, les vignobles des villes. Mais entre ces derniers, la hiérarchisation est bien délicate à établir, tant elle ne peut s’appuyer sur l’équivalence par trop simpliste petit vignoble = petite ville car, davantage que la taille ou le rayonnement urbains, ce sont d’autres facteurs qui ont conditionné les dynamiques des vignobles suburbains et particulièrement le site fluvial et la vocation portuaire. Ainsi, dans l’Aquitaine médiévale, des petites villes comme Rions ou Marmande, bien connectées à l’armature fluviale, ont été des pôles viticoles majeurs, alors que des agglomérations plus importantes par leur population et leurs fonctions, mais plus en retrait des voies du grand commerce, telles Périgueux ou Mont-de-Marsan, n’ont pas généré de grands vignobles. L’entrée par l’étude des systèmes protectionnistes proposée ici permet des clarifications : on verra qu’à l’échelle du bassin d’approvisionnement tel que décrit par Turgot, Bordeaux, dans sa position de capitale, a réussi, avec son arsenal de privilèges vinaires, à s’imposer comme le grand vignoble de référence ; les autres villes n’ont eu de cesse de l’imiter et de se placer dans son sillage mais par trop contraintes et de moindre envergure, elles n’ont généré, pour la plupart, que de petits vignobles.
Un bassin d’approvisionnement à la mesure de la demande
- 3 L’appellation vin de Gascogne est ainsi utilisée dans le poème La desputoison du vin et de l’eau (d (...)
3Turgot dresse à grands traits la géographie du bassin d’approvisionnement de Bordeaux, articulée autour des deux fleuves, la Garonne et la Dordogne, et de leurs affluents, « voies sacrées » qui ouvrent sur les horizons atlantiques et « les nations commerçantes » des îles Britanniques et de l’Europe du Nord. Il met ainsi en exergue le rôle majeur, bien plus déterminant que celui des potentialités des terroirs, des voies fluviales dans le développement des vignobles commerciaux. Néanmoins, Turgot néglige dans sa description un autre élément structurant : le chapelet des villes ripuaires. Ce sont elles qui ont initié l’essor viticole d’abord dans leurs faubourgs puis dans leur arrière-pays et ont donné leur nom à leur vin : il n’y a pas de vin aquitain (bien qu’au Moyen Âge, on emploie l’appellation de vins de Gascogne3) mais des vins de Saint-Émilion, de Bergerac, de Gaillac, de Cahors… et de Bordeaux – appellation générique relative aux vins issus de son vignoble suburbain mais étendue à tous les vins passant par son port. Cette identification ville/vin a généré une mosaïque de territoires viticoles qui donne au bassin d’approvisionnement de Bordeaux un aspect fragmenté.
Quelle géographie ?
4On en mettra en exergue quatre traits majeurs :
- Un bassin d’approvisionnement étendu, qui atteint les franges pyrénéennes au sud et celles du Massif central à l’est. L’axe de la Garonne est prédominant, particulièrement dans son cours moyen, de Castelsarrasin jusqu’à Bordeaux. Plus au sud, à l’extrémité navigable de la Garonne, Pamiers fait figure de pôle viticole isolé au sein d’une région toulousaine plus tournée vers les céréales et l’élevage. Se rattachent à cet axe central quatre ensembles viticoles, centrés chacun sur un affluent de la Garonne : du nord au sud, sur la rive droite, l’axe de la Dordogne avec un chapelet de villes productrices de l’estuaire jusqu’en amont de Bergerac, la vallée du Lot – dont les villes les plus exportatrices sont les plus proches du confluent avec la Garonne –, la vallée du Tarn – dont l’éloignement n’a pas empêché l’essor des vignobles tant de Gaillac que de Moissac. Sur la rive gauche de la Garonne, la Baïse concentre les vins de la Ténarèze (Condom, Nérac) et de Buzet situé presque au confluent.
- L’existence de « têtes de pays ». Roger Dion a remarqué, non sans pertinence, que « dans ce bassin fluvial comme dans celui de la Seine, les vignobles les plus éloignés de la mer, ceux des extrémités supérieures des voies navigables, ne furent pas les moins prospères, ni les moins prompts à s’éveiller4 ». Les villes qui les ont générés se situent, en effet, aux limites du bassin d’approvisionnement et constituent des « têtes de pays » : ainsi Bergerac, Cahors, Gaillac qui ont su jouer de leur situation périphérique pour se distinguer et constituer des territoires viticoles singuliers.
- La situation en marge de l’axe bayonnais, système autonome centré sur l’Adour et ses affluents, sans communication (hormis par portage sur voies terrestres) avec l’axe garonnais auquel il ne fait que faiblement concurrence.
- Bordeaux, un modèle. De tous les vignobles gascons, celui de Bordeaux est, sans conteste, le plus important, tant par sa taille et son empreinte quasi exclusive sur le paysage que par sa vocation commerciale stimulée par l’union anglo-gasconne et l’obtention des privilèges.
5Accroché aux remparts, le vignoble de Bordeaux s’étend de façon auréolaire sur un rayon de quatre à cinq kilomètres. La vigne y est en monoculture et seules les rangées d’« aubarèdes » (saules), plantées le long des cours d’eau pour fournir piquets et liens aux ceps, font tache dans l’uniformité du paysage. Son nom générique « Gravas de Bordeu » appliqué à l’ensemble de la zone viticole suburbaine fait référence au sol graveleux des paliers supérieurs de la terrasse alluviale qui entoure Bordeaux, un terroir réputé pour ses qualités viticoles et dûment identifié par les contemporains. Néanmoins, à la fin du Moyen Âge, il n’y a pas adéquation entre ce terroir et l’espace viticole : non seulement la vigne a gagné le milieu humide des palus suburbains, mais surtout elle ne recouvre pas la totalité de la zone de graves où son extension a été bloquée à proximité des villages qui entourent Bordeaux par deux facteurs essentiels : le maintien des cultures vivrières, notamment des emblavures, nécessaires aux communautés rurales et le statut juridique de certains finages réputés « questaux » (serviles). De fait, les Bordelais n’ont que peu investi cet espace périphérique, au paysage demeuré longtemps polycultural, voire agro-forestier à ses confins
Les opportunités du marché
- 5 Parmi ceux qui ont travaillé sur le grand commerce du vin gascon, il faut citer, au premier chef, Y (...)
6Privilégiant le grand commerce vinaire, les historiens5 ont beaucoup négligé l’importance du marché local. Pourtant, les Gascons font d’abord du vin pour le boire et si on peine à mesurer tant la production que la consommation locale, la prégnance du vin dans l’économie locale comme domestique en témoigne. Toutefois, les surplus qui alimentent les marchés étrangers demeurent considérables. L’union anglo-gasconne a ouvert aux Gascons des perspectives commerciales mirobolantes, particulièrement après la conquête française de La Rochelle (1224) qui permet aux vins gascons d’acquérir une position quasi monopolistique sur le marché anglais. On ne peut qu’être étonné, voire circonspect, devant les estimations réalisées par Yves Renouard à partir des registres de la coutume (fig. 3).
7Les premières décennies du xive siècle, antérieures à la guerre de Cent Ans, ont été les plus spectaculaires : 93 452 tonneaux (à raison de 800 à 900 litres par tonneau) pour 1306-1307 et 102 724 tonneaux (environ 850 000 hectolitres) pour l’année record 1308-1309 qui marque l’apogée du trafic vinaire du port de Bordeaux ; de tels volumes ne seront réitérés qu’à la fin du xixe siècle. Après le déclenchement du conflit et les troubles qu’il occasionne, notamment pour la navigation et les liens avec les pays d’amont, les exportations fluctuent fortement. Si, au temps glorieux de la principauté de Guyenne (1362- 1372), le volume moyen exporté est de 30 000 tonneaux, il régresse beaucoup en temps de crise pour atteindre difficilement 11 000 à 14 000 tonneaux par an. Le vignoble de Bordeaux et du Bordelais ne fournit qu’une part du vin en partance pour l’Angleterre. Avant l’éclatement des hostilités, le haut-pays, en amont de Saint-Macaire, alimente plus de la moitié des exportations. Passées en grande partie sous mouvance française au gré des offensives, et de fait considérées comme ennemies, ces régions productrices ne représentent plus qu’une fraction minoritaire du vin en transit dans la première moitié du xve siecle.
Figure 3. Les exportations du Sud-Ouest en 1306-1307 (en tonneaux de 800 à 900 litres).

M. Lachiver, Vins, vignes et vignerons. Histoire du vignoble français, Paris, Fayard, 1988, p. 115
8On mesure, par l’ampleur des flux vinaires, le rôle moteur de la viticulture dans l’économie de l’Aquitaine médiévale et les formidables élan et espoir qu’elle a suscités dans le contexte propice de l’union anglo-gasconne ; mais cette manne viticole a aussi suscité beaucoup de concurrence entre pôles urbains producteurs.
Un marché local ordinairement protégé
9Si, comme Turgot, l’historiographie a focalisé son attention sur les privilèges de Bordeaux, la plupart des villes à vocation viticole ont développé des réflexes protectionnistes similaires et se sont dotées de coutumes et privilèges qui protègent le commerce de leur vin. Dans une précédente recherche, j’avais étudié cette question pour une trentaine de localités de l’Aquitaine centrale ; ma démarche avait été d’interroger les constructions normatives (coutumes, statuts et délibérations municipales) relatives à la filière vitivinicole pour y prendre la mesure des stratégies mises en œuvre par les petites villes. Trois sous-ensembles (villes du bas-pays garonnais, de l’axe de la Dordogne et de la moyenne Garonne) du bassin d’approvisionnement de Bordeaux en vin ont été sélectionnés, en fonction de leur singularité tant géographique qu’économique et juridique, de leurs interactions et de leurs rapports avec la capitale. Ces trois aires d’étude ont en commun d’avoir le fleuve – la Garonne ou la Dordogne – comme axe central et lien majeur avec la capitale. Toutes ont également une vocation viticole affirmée.
Priorité au vin « de bure »
- 6 Il n’est jusqu’aux pauvres à qui l’on reconnaît aussi, si ce n’est le droit, le besoin de vin : c’e (...)
- 7 AM Saint-Émilion, BB1, fo 10, 14 septembre 1458. Le 8 septembre 1458, le maire fait sonner les deux (...)
- 8 Archives historiques de la Gironde, t. XXVIII, no CLXIII, p. 485.
- 9 Archives historiques de la Gironde, t. XXVIII, no CLXVI, p. 488, 21 septembre 1451.
- 10 Archives historiques de la Gironde, t. XXXV, no XLV, p. 136, décembre 1515.
10Les vignobles que les villes ont développés au pied de leurs remparts sont avant tout destinés à la consommation locale ; ainsi, s’il n’y a pas de clauses dans les coutumes obligeant les citadins producteurs à consommer leur vin dans la ville, c’est que c’est là chose naturelle : on fait du vin d’abord pour sa provision. Ce vin du quotidien, que les chartes de l’Agenais appelaient « vin de bure », échappe à toute taxation ; il est considéré comme faisant partie du minimum vital que l’on ne peut soustraire à la personne6. Cette protection accordée par la coutume au vin nourricier s’étend aussi au vin vendu au détail par les citadins producteurs, c’est-à-dire au vin en surplus de la consommation familiale : ce vin est vendu à la porte de sa maison (a taverna) ou dans les tavernes (en taverna) et abreuve la ville. Il fournit ainsi des revenus complémentaires. Car, en plus d’être nourricier, le vin est aussi pourvoyeur de richesses : il donne du travail à une fraction importante de la population de ces petites villes ; il assure une sorte de rente foncière à tous ceux qui détiennent quelques parcelles de ceps dans les faubourgs. Enfin, il fournit aux municipalités une source de revenu fiscal par le biais des impositions sur le marché local. Saint-Émilion en donne un exemple éclairant : la vinée, taxe perçue par la Jurade sur la vente du vin au détail, constitue la principale imposition ordinaire sur le commerce des marchandises. Comme les autres revenus patrimoniaux (revenus du greffe de la ville, amendes judiciaires, poids et mesures, droits de placement au marché), la vinée est affermée chaque année par adjudications publiques7. À cette taxe s’ajoutent des impositions extraordinaires affectées spécifiquement à la défense de la ville. C’est pour y collaborer que le roi-duc Henri IV, autorise, le 26 août 1408, la Jurade à prélever, pendant douze ans, une taxe de quolibet dolino vini in villa predicta in taberna vendito8. En 1451, Charles VII renouvelle la concession pour six ans et permet à la municipalité de lever un droit sur les vins et autres marchandises se vendant dans la ville9 ; François Ier fait de même en décembre 151510. Cette fiscalité sur le vin au détail perçue par la Jurade de Saint-Émilion est assez commune. Comme pour les autres localités, elle couvre les charges de guerre et assure le bon gouvernement de la ville ; elle exprime le pouvoir communal et lui garantit son autonomie en lui donnant les moyens de l’action.
- 11 Archives historiques de la Gironde, t. XXIV, no CXLVI p. 403.
11Cependant, comme à Bordeaux, tous les citadins de ces petites villes ne sont pas égaux dans les conditions de la vente au détail. La distinction la plus commune qui apparaît dans les coutumes est celle qui différencie les bourgeois des simples habitants, les premiers bénéficiant souvent d’exemptions ou de privilèges qui les distinguent du commun. À Bordeaux, ils peuvent vendre leur vin au détail toute l’année, alors que les habitants ne peuvent le faire que de la Saint-Michel à Pentecôte (période appelée « la Taberna »). ÀRions, les bourgeois sont prioritaires pour la vente en taverne et les habitants ne peuvent y écouler leur stock que lorsque celui des bourgeois est achevé11.
Se protéger des vins étrangers
12La plupart des coutumes à l’égal de celles de Bordeaux – mais à l’exception de celles des villes peu productrices telles Libourne ou Marmande – stipulent l’interdiction d’introduire du vin étranger dans la ville tant que celui des habitants n’a pas été écoulé ; ce qui permet de le vendre en primeur, un avantage important à une époque où le vin se boit jeune. Ainsi, le marché local est généralement fermé aux vins extérieurs et demeure le monopole des habitants et, surtout, des bourgeois. Le recours à un apport de vins étrangers n’a lieu qu’en cas de carence, lorsque la récolte locale n’a pas été suffisante pour ravitailler la ville. Mais, a priori, on craint plutôt l’inverse, à savoir une offre trop importante de vin sur le marché local que susciterait la concurrence extérieure au détriment des producteurs locaux.
- 12 Archu Jean-Baptiste, Privilèges de Monségur, Sauveterre, Chollet, 1876, p. 6.
- 13 Archives historiques de la Gironde, t. XXIV, no CXLVI p. 403.
- 14 Dans le Bordelais, on loge le vin dans des barriques, d’environ 200 à 225 litres, ou dans leurs mul (...)
- 15 Sur les mesures vinaires et leurs corrélations avec le protectionnisme urbain, voir Lavaud Sandrine (...)
13De fait, l’entrée des vins dans la ville retient toute l’attention des autorités communales. Il s’agit d’opérer le tri entre vins privilégiés des bourgeois et vins non franchisés des habitants ou des étrangers à la juridiction. En principe, les premiers peuvent entrer librement dans la ville pour y être consommés ou vendus, alors que les seconds n’y ont qu’un accès limité, voire nul. Pour les distinguer les uns des autres, mieux les contrôler, les taxer et éviter les fraudes, les corps de ville utilisent différents procédés ; auprès de leurs bourgeois, ils ont souvent recours à la procédure du serment attestant de la bonne foi du privilégié, une procédure qui, dans ces sociétés d’« interconnaissance » des petites villes, doit avoir toute son efficacité, d’autant que parjurer est un crime grave. Ainsi, à Monségur, les bourgeois peuvent introduire dans la ville du vin étranger à la juridiction à condition qu’ils fassent serment « par devant lesdits consulz que ledit vin est de leur creu12 » (1586). Pour identifier l’origine des vins, les municipalités peuvent également imposer leur marque, contre paiement d’une taxe – le droit de marque – sur les futailles concernées. ÀRions, aucun habitant, non bourgeois, de la ville ou de sa juridiction, ne peut « vandre son vin en taverne […] et où ils mettront leur vin en ladicte ville sera marqué de la marque d’icelle ville pour estre connu vin non bourgeois, à ce qu’il ne puisse estre vandu tant qu’il s’en trouvera vin du creu des bourgeois en ladite juridiction13 ». Enfin, un autre moyen de reconnaissance des vins et de leur origine est celui des futailles et des mesures spécifiques du vin. Dans le bas-pays bordelais, c’est la mesure de Bordeaux qui sert d’étalon en étant partout utilisée. En effet, les petites villes n’ont pas créé leurs propres mesures, elles ont adopté celles de leur capitale car cela donnait à leur vin logé dans ces futailles le « label » bas-pays14. A contrario, le haut-pays s’est vu interdire d’y avoir recours et ne peut user que de vaisselle vinaire de moindre contenance et qualité15.
« Un protectionnisme de clocher »
- 16 La formule est empruntée à l’étude suivante Lavaud Sandrine, « Les privilèges du vin dans les petit (...)
- 17 De façon générale, la vente au détail, qui supporte l’imposition la plus courante, met à contributi (...)
14Ainsi, les villes viticoles de l’Aquitaine médiévale pratiquent ce que j’ai appelé « un protectionnisme de clocher16 » plus ou moins contraignant selon les localités, celles de l’Agenais exerçant un interventionnisme communal bien plus limité que dans le bas-pays. Toutes ont à cœur d’alimenter et de protéger leur marché local ; elles tentent d’appliquer, en faveur des consommateurs comme des débitants, une politique qui relève du bon gouvernement avec un accès, relativement égalitaire – au moins pour les bourgeois –, à la provision et au commerce du vin. La ponction fiscale qu’elles exercent sur ce marché est modérée et porte sur une assiette large de citadins, sans que le négoce du vin en soit fortement entravé17. Ces choix sont le garant d’une paix sociale et d’une économie locale qui, si elle n’est véritablement prospère, surtout en temps de guerre, tend à l’autosatisfaction des besoins de la population. En tout cela, les agglomérations secondaires ne se différencient pas de leur capitale : les jurats de Bordeaux ont appliqué des mesures similaires pour le marché urbain. On pourrait en déduire que les petites villes ont imité la grande et ont adopté et adapté, à leur échelle, le modèle bordelais. Ressemblance et pourtant singularité car c’est bien là une des finalités majeures de ces privilèges : ils différencient, individualisent chacune des communautés qui en bénéficient ; ils alimentent un sentiment d’appartenance qui sert de ciment au civisme communal. S’exerçant sur la ville et sa juridiction, ils participent à l’appropriation et à la définition d’un territoire sous emprise urbaine. Ils fixent l’identité du vignoble suburbain, devenu le « cru » de la ville. Aussi, si les petites villes du bassin d’approvisionnement ont appliqué un protectionnisme identique à celui de Bordeaux, c’est sûrement davantage pour s’en distinguer et affirmer leur identité propre que pour l’imiter. Le pouvaient-elles seulement car, en matière de grand commerce, comment rivaliser avec la capitale ?
Les horizons disputés du grand commerce
15Le grand commerce vinaire vers l’Angleterre et les pays du Nord, par l’importance de ses volumes et la manne qu’il déversait sur l’Aquitaine, s’est imposé comme un enjeu majeur alimentant de véritables guerres commerciales entre les villes productrices. Mais en la matière Bordeaux s’est montrée particulièrement opiniâtre et stratège, favorisée par sa rente de situation : port d’étape incontournable, point de rupture de charge entre navigation fluviale et navigation maritime, la capitale de la Guyenne a pu imposer ses conditions et sa tutelle sur le trafic des vins d’amont.
Les privilèges vinaires de Bordeaux
16L’alliance anglo-gasconne a donné à Bordeaux l’opportunité de mettre en œuvre un arsenal juridique et fiscal lui permettant de se prémunir de la concurrence et de vendre son vin dans les meilleures conditions. De par son rôle de capitale du duché d’Aquitaine, la ville a obtenu des rois-ducs, soucieux de son allégeance, plusieurs privilèges : l’exemption fiscale, exonérant les bourgeois du paiement des coutumes, accordée en 1214 par Jean sans Terre, a été une première étape, demeurée sans équivalent dans le reste de l’Aquitaine et qui lui a permis de vendre le vin au meilleur prix. Restait à s’assurer la maîtrise du fleuve pour limiter la concurrence des vignobles aquitains ; sa situation de port d’étape incontournable l’a favorisé : à partir de la décennie 1240, les Bordelais prétendent interdire aux vins produits en amont de Saint-Macaire de descendre à Bordeaux avant la Saint-Martin. Le roi-duc n’appuie pas ces prétentions et souhaite étendre ses bonnes grâces aux autres villes d’Aquitaine qu’il protège des exactions bordelaises. Mais Bordeaux persiste et impose progressivement sa tutelle sur la circulation fluviale. C’est donc à elle que l’on doit l’émergence de ces deux entités que sont le bas-pays, pays privilégié libre de faire descendre les vins toute l’année, et le haut-pays qui n’a accès à son port qu’après la Saint-Martin.
- 18 Bordeaux complète ses privilèges en interdisant, en 1401, de charger des vins à l’export sur la côt (...)
17Les événements politiques ont précipité cette partition ; au xiiie siècle, si le bas-pays est totalement acquis à la cause anglo-gasconne, le haut-pays a déjà basculé dans l’orbite toulousaine et française et ne revient dans l’allégeance anglaise qu’avec le traité de Paris de 1259, effectif uniquement en 1279 et seulement pour deux décennies jusqu’à l’occupation française de 1294- 1303. Le déclenchement des hostilités de la guerre de Cent Ans dans la décennie 1340-1350 ne fait qu’accentuer la fracture entre pays devenus ennemis. Le conflit armé se double d’une guerre commerciale. Bordeaux en prend la tête ; confirmée dans son rang de capitale administrative et politique du duché, notamment lors de la principauté de Guyenne (1362-1372), elle reçoit toutes les faveurs du roi-duc qui lui abandonne la défense de ses terres de Guyenne. Belle occasion de faire entériner ses privilèges ; Édouard III les étend en renforçant la prohibition frappant les villes de la moyenne Garonne, qu’il veut punir de leur résistance à l’occupation anglaise prévue par le traité de Calais de 1360. En 1373, il présente ces mesures comme une émanation de sa volonté et prescrit que le haut-pays ne pourra descendre ses vins avant Noël. Les privilèges de Bordeaux se trouvent ainsi légitimés et deviennent officiels18 ; désormais, les vins du haut-pays ne gagnent Bordeaux qu’après le 25 décembre, une arrivée tardive qui laisse aux Bordelais la primeur et le monopole des grandes flottes d’automne. Le commerce des pays d’amont s’en trouve fortement perturbé et soumis au bon vouloir de Bordeaux : si elle n’est jamais allée jusqu’à la prohibition totale, la capitale a imposé aux pays rebelles ses conditions, telle celle d’amener un tonneau de blé pour deux tonneaux de vin, mesure imposée à plusieurs reprises dans la première décennie du xve siècle.
18Les conséquences de ce repli protectionniste de Bordeaux sous l’effet de la guerre sont multiples : la vocation viticole du bas-pays est confirmée ; pourvoyeur principal et privilégié du marché anglais, ses vignobles périurbains gagnent en extension d’autant que, depuis l’alliance défensive ratifiée en 1379 entre Bordeaux et ses filleules, celles-ci bénéficient, comme leur marraine, de la liberté de descente du fleuve (fig. 5).
Résistances et réactions des vignobles aquitains
- 19 Les vins du haut-pays étaient soumis à de nombreux péages sur le fleuve en plus des coutumes et dro (...)
- 20 Sur le vignoble de Bergerac, voir Beauroy Jacques, Vin et société à Bergerac du Moyen Âge aux Temps (...)
19Le haut-pays voit au contraire ses vignobles fragilisés ; leur production est lourdement taxée19 et ne peut être écoulée qu’avec les flottes de printemps, alors que le vin risque de se gâter et que les prix sont plus bas. La réaction des différentes zones viticoles est variable : si les pays de la moyenne Garonne ont fait le choix d’une polyculture qui diversifiait les sources de revenus, les « têtes de pays » ont adopté d’autres stratégies. Cahors et Gaillac ont joué de leur situation climatique, qui rendait moins fréquente que dans le Bordelais les mauvaises récoltes ; elles ont aussi mis en exergue la typicité de leur vin réputé fort, d’une bonne tenue en mer, et dont le bon prix compensait le coût des transports et des impositions. Bergerac a su faire valoir sa position de « clé de Gascogne » et de verrou des positions anglaises, aux confins du bas-pays, sur l’axe stratégique de la Dordogne que Bordeaux ne parvient pas à contrôler20. Avant même le conflit, elle avait obtenu en 1255 du roi-duc Henri III une charte des libertés lui octroyant une commune et des privilèges commerciaux, notamment l’exemption de la prise des vins levée à l’entrée des vins sur le marché anglais. Mais la création de la bastide de Libourne (à partir de 1253-1254) a bousculé la donne : les vins de Bergerac qui descendent le fleuve doivent y acquitter la coutume. Le roi-duc en a cependant concédé une réduction à Bergerac, dont la production est ainsi restée concurrentielle sur le marché.
20La plus grande réussite de Bergerac et de Libourne est cependant d’avoir su gagner le privilège bordelais le plus envié – ou honni –, celui de la maîtrise du fleuve et la liberté de circulation ; dans tout le bassin d’approvisionnement, ces villes sont les seules à être parvenues à échapper à la tutelle de Bordeaux et à contrôler la Dordogne. Le contexte de guerre et leur position stratégique ont joué en leur faveur, le roi-duc leur cédant le privilège de la descente des vins en échange de leur allégeance. Bergerac, unique ville du haut-pays à bénéficier de ce privilège, est la grande gagnante : elle réussit à obtenir progressivement, plus par voies de fait que par concessions écrites, la liberté de transporter en toute saison ses vins jusqu’à la Gironde ; un privilège que le roi de France, Charles VII, devenu maître de la ville, confirme en 1450. Ce privilège de la descente est d’autant plus efficient que les vins d’amont, depuis 1373, ne peuvent descendre la Dordogne avant Noël, ni même entrer dans la ville ; un bel exemple d’imitation réussie du modèle de Bordeaux, mais qui demeure unique dans le haut-pays.
21La reconquête française n’a pas bousculé ces acquis. Après la seconde reddition de Bordeaux en octobre 1453, Charles VII, désireux de la punir, a montré l’intention d’abolir les privilèges du vin. Toutefois, dès le printemps suivant, eu égard au dépérissement de la ville et au danger de rébellion, des lettres royales adoucissent les conditions de capitulation de la ville et remettent en vigueur la prohibition de descente des vins gascons en la fixant, cependant, à la Saint-André (30 novembre). En 1462, Louis XI revient à la date initiale de Noël. Bordeaux a donc recouvert l’intégralité de ses privilèges au grand dam des pays d’amont. Une instance introduite par eux au conseil du roi aboutit à la transaction du 23 mars 1500 qui apporte un adoucissement au régime, mais seulement en faveur des vins du Languedoc, particulièrement ceux de Gaillac ; ils peuvent désormais gagner Bordeaux dès la Saint-Martin, sous réserve que la vente aux Anglais n’en soit faite qu’à partir de Noël et aux autres nations après la Saint-André. La situation demeure inchangée pour les vins de la moyenne Garonne : jusqu’à l’édit de Turgot, lui-même invalidé en 1785, puis jusqu’à la Révolution française, leurs vins sont interdits de descente avant Noël. À Bordeaux, ils sont l’objet d’un traitement défavorable : ils doivent être déchargés en un lieu extérieur à la ville – le faubourg des Chartrons – et toujours logés dans des fûts distincts des vaisseaux vinaires bordelais.
22Pour sa part, le bas-pays est devenu sénéchaussée de Bordeaux ; frontières administratives et frontières juridiques sont désormais identiques. Parallèlement, la création du parlement de Bordeaux en 1462 instaure une nouvelle instance de réglementation économique et commerciale dont l’autorité s’exerce sur un ressort équivalent à l’étendue du marché aquitain ; la législation initiée par le parlement en fait un organisme de régulation et de contrôle dans la plupart des domaines relatifs au fonctionnement de ce marché : séjour des marchands étrangers, prévention et traitement des pénuries, contrôle des poids et mesures, punitions des fraudes, surveillance de la circulation des denrées, etc. ; la fréquence des appels des syndics « des marchands fréquentant les rivières de Gironde, Lot, Tarn, Aveyron et Garonne » révèle la constance des conflits et le rôle d’arbitre dévolu au parlement.
Conclusion
23En somme, la domination française a figé, sur le long terme, en l’officialisant et en le normalisant, un système protectionniste issu d’une construction médiévale empirique, profondément inégalitaire et contraignante dans ses effets sur le marché du vin. Alors que Bordeaux et le bas-pays en ont tiré le plus grand profit jusqu’à s’imposer comme noyaux d’élite, les vignobles du haut-pays qui en ont été victimes ont, de fait, été acculés à devenir de petits vignobles de moindre renommée.
Notes
1 Extrait issu de Dion Roger, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au xixe siècle, Paris, à compte d’auteur, 1959, p. 393. Sa source, Édit du roi par lequel S. M. permet de faire circuler librement les vins dans toute l’étendue du royaume (Versailles, 24 avril 1776), est extraite de l’édition de 1804 d’Olivier de Serres, Théâtre d’agriculture et Mesnage des Champs, Paris, Société d’agriculture du département de la Seine, Paris, An XII [1804], p. 389-397.
2 Ce vignoble paysan diffus constitue sans doute la part la plus importante en matière de surface, voire de quantité si on pouvait les calculer, et on pourrait en inférer que la norme médiévale est au petit vignoble, mais ce serait au risque de diluer la notion.
3 L’appellation vin de Gascogne est ainsi utilisée dans le poème La desputoison du vin et de l’eau (début du xive siècle) ou dans les actes de la chancellerie anglaise de la fin du Moyen Âge ; cependant, elle désigne le vin exporté par le port de Bordeaux, quelle qu’en soit l’origine géographique, et ne renvoie pas à une identité aquitaine.
4 Dion R., Histoire de la vigne et du vin…, op. cit., p. 380.
5 Parmi ceux qui ont travaillé sur le grand commerce du vin gascon, il faut citer, au premier chef, Yves Renouard qui y a consacré plusieurs contributions rassemblées dans Renouard Yves, Études d’histoire médiévale, 2 vol., Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1968.
6 Il n’est jusqu’aux pauvres à qui l’on reconnaît aussi, si ce n’est le droit, le besoin de vin : c’est à eux que revient le vin confisqué qui leur est distribué par les magistrats municipaux. À Rions, le vin prohibé et saisi par les jurats est « conduit sur le grand quanton et ruhe publicque pour assambler par lesdits jurats lesdicts prudhommes deffoncer illec ledict vin, estre distribué et baillé aux peauvres et à tous autres quy en demanderont » (Archives historiques de la Gironde, t. XXIV, no CXLVI, p. 402). L’incapacité à se pourvoir en vin est en elle-même signe de pauvreté ; à la commune d’y remédier tant par charité que par conviction que le vin, comme le pain, est indispensable à la subsistance de toute personne, quelle que soit sa condition.
7 AM Saint-Émilion, BB1, fo 10, 14 septembre 1458. Le 8 septembre 1458, le maire fait sonner les deux cloches du clocher pour assembler les jurats, les conseillers et la communitat de la vila pour acenser la vinée et les autres revenus de la ville ; les enchères, pour la seule vinée, sont fixées à 30 livres. Le 14 septembre, Johan Templer, procureur de la ville, enlève le marché en surenchérissant à 80 livres pour la « vineya de tot lo vin que se vendra ataverna per tot lodeit an ».
8 Archives historiques de la Gironde, t. XXVIII, no CLXIII, p. 485.
9 Archives historiques de la Gironde, t. XXVIII, no CLXVI, p. 488, 21 septembre 1451.
10 Archives historiques de la Gironde, t. XXXV, no XLV, p. 136, décembre 1515.
11 Archives historiques de la Gironde, t. XXIV, no CXLVI p. 403.
12 Archu Jean-Baptiste, Privilèges de Monségur, Sauveterre, Chollet, 1876, p. 6.
13 Archives historiques de la Gironde, t. XXIV, no CXLVI p. 403.
14 Dans le Bordelais, on loge le vin dans des barriques, d’environ 200 à 225 litres, ou dans leurs multiples (1 pipe = 2 barriques ; 1 tonneau = 4 barriques) et sous-multiples (carton, cane…). Les trois types de fûts sont également utilisés : au xiiie siècle, c’est le tonneau qui est le plus fréquemment employé pour l’exportation puis il décline, à la fin du Moyen Âge, au profit de la barrique et de la pipe.
15 Sur les mesures vinaires et leurs corrélations avec le protectionnisme urbain, voir Lavaud Sandrine, « Tours et détours des mesures médiévales du vin de Bordeaux », dans SHMESP (dir.), Mesure et histoire médiévale, actes du colloque tenu à Tours, 31 mai-2 juin 2012, Paris, Publications de la Sorbonne, 2013, p. 185-200.
16 La formule est empruntée à l’étude suivante Lavaud Sandrine, « Les privilèges du vin dans les petites villes du Bordelais au Moyen Âge : un protectionnisme de clocher », dans Loupès Philippe et Mondot Jean (dir.), Provinciales. Hommage à Anne-Marie Cocula, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2009, p. 323-342.
17 De façon générale, la vente au détail, qui supporte l’imposition la plus courante, met à contribution l’ensemble des habitants, bourgeois compris.
18 Bordeaux complète ses privilèges en interdisant, en 1401, de charger des vins à l’export sur la côte médocaine, retardant ainsi la vocation viticole du Médoc qui ne s’affirme qu’à la fin du xviie siècle.
19 Les vins du haut-pays étaient soumis à de nombreux péages sur le fleuve en plus des coutumes et droits d’entrée dont ils devaient s’acquitter à Bordeaux. La guerre a suscité la multiplication de ces impositions sur le vin, prélevées tant par le roi que par les seigneurs et les municipalités.
20 Sur le vignoble de Bergerac, voir Beauroy Jacques, Vin et société à Bergerac du Moyen Âge aux Temps modernes, Saratoga (Californie), Amna Libri, coll. « Standford French and Italian Studies », 1976.
Table des illustrations
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Titre | Figure 1. Le bassin d’approvisionnement en vin de Bordeaux au Moyen Âge. |
URL | http://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/26035/img-1.jpg |
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Titre | Figure 2. Le paysage de la banlieue de Bordeaux à la fin du Moyen Âge. |
URL | http://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/26035/img-2.jpg |
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Titre | Figure 3. Les exportations du Sud-Ouest en 1306-1307 (en tonneaux de 800 à 900 litres). |
Crédits | M. Lachiver, Vins, vignes et vignerons. Histoire du vignoble français, Paris, Fayard, 1988, p. 115 |
URL | http://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/26035/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 47k |
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Titre | Figure 4. Le bassin d’approvisionnement en vin de Bordeaux au Moyen Âge. Espaces d’étude. |
URL | http://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/26035/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 53k |
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Titre | Figure 5. Le système vitivinicole des villes du bas-pays garonnais. |
URL | http://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/26035/img-5.jpg |
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Titre | Figure 6. Les villes viticoles de l’axe de la Dordogne. |
URL | http://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/26035/img-6.jpg |
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Titre | Figure 7. L’hinterland de Bordeaux au Moyen Âge : les vecteurs de la domination. |
URL | http://books.openedition.org/pufr/docannexe/image/26035/img-7.jpg |
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© Presses universitaires François-Rabelais, 2017