La viande dans l’alimentation des Égyptiens de l’Antiquité pharaonique
Boucherie, alimentation quotidienne et offrandes religieuses
p. 23-38
Texte intégral
1L’usage des viandes dans l’alimentation est mentionné dans les sources pharaoniques de natures diverses. Les principales informations sont issues de monuments funéraires et de temples : scènes de la vie quotidienne, élevage, préparation de repas, tables d’offrandes lourdement chargées. Dans les temples le service quotidien exigé par la liturgie comporte la présentation de viandes parmi les offrandes de natures diverses. Les sources de nature iconographique sont confortées par les textes administratifs mentionnant les quantités de viande produites et livrées auprès de telle institution royale, provinciale ou encore destinée à un temple et à son personnel, ainsi que par les macrorestes d’animaux.
2La multitude des documents est toutefois délicate à interpréter en raison des lacunes : il convient de ne pas généraliser tel ou tel usage à l’ensemble des provinces de l’État. Les sources de l’Ancien Empire concernent davantage la Basse-Égypte. Celles du Nouvel Empire donnent des indications relatives à la Haute-Égypte.
3Cependant, il existe assez de documents pour se faire une idée sur les divers types de viandes consommées, qu’elles soient issues de la chasse ou de l’élevage. Quelques textes administratifs des ateliers d’État ouvrent des perspectives sur le mode d’abattage, de transformation et de distribution des viandes. Nous traiterons ensuite des types de viandes proposées et consommées dans la vie quotidienne et lors des rituels d’offrandes. Enfin nous choisirons quelques exemples datant du Nouvel Empire (1580-1085 av. J.-C.) pour expliquer la part de la viande dans l’alimentation par rapport aux autres produits consommés, dont les céréales, légumineuses et fruits. La synthèse des sites archéologiques mentionnés et des datations des périodes étudiées est effectuée dans le tableau I1.
Des ressources carnées : de l’espace sauvage à la domestication
4La vallée du Nil est un long ruban cultivé (sur la « Kemet », ou terre noire recouverte du limon, s’étend la « Sehet » c’est-à-dire la campagne cultivée2), bordé de larges espaces de savane herbacée3 et de marais au Nord du pays, où sont pratiquées la pêche ou la chasse.
5Les lieux d’élevage sont nombreux dès l’Ancien Empire (2800 av. J.-C.) tout au long de la vallée du Nil : l’élevage des bovins et des volailles fait partie des activités rurales indispensables.
6Les principaux espaces de l’élevage de bovins sont visibles sur la figure 1. Les noms de cinq provinces (ou nomes) de Basse-Égypte comportent dans leur désignation des figurations de bovins4. Les volailles sont élevées à proximité des villages afin de compléter les ressources des potagers. Des élevages de grande envergure sont organisés dans les vastes enclos des domaines des temples. Il advient que soient figurées les pratiques de stabulation : des vaches sont figurées à l’étable et des serviteurs du domaine les nourrissent de grains. Une scène de la tombe de Meryrê, haut fonctionnaire à Tell-el-Amarna sous Akhenaton (c. 1360 av. J.-C.) présente un vaste bâtiment où quatre troupeaux sont ainsi nourris5.
Tableau 1. Répartition géographique et chronologique des sites archéologiques.
Zones géographiques | Sites des tombes et origines des papyrus et des objets | Périodes |
No 1 Delta du Nil | Nagada, Badari, Merimdé Sceaux-cylindres inscrits et palettes | Préhistoire et Prédynastique 6000-3200 Époque thinite 3200-2780 Ire et IIe dynasties |
No 2 Basse Égypte | Abousir « Chambre des saisons » (temple solaire de Niouserrê) Papyrus comptables du temple funéraire de Neferirkarê-Kakaï Gizah Niounineter Meïr Pépiankh Meïdoum Nefermaât et Atet Saqqarah Iymérou, Kagemeni, Ptahhotep, Sopedouhotep, Akhethotep, Niankhchnoum et Chnoumhotep, Ouserneter, Ty, Chnoumhotep, Ouseneter, Kentika | Ancien Empire 2780-2280 IIIe à VIe dynasties |
Première période intermédiaire 2280-c. 2052 VIIe à XIe dynasties | ||
No 3 Fayoum No 4 Moyenne Égypte | Béni-Hassan Tombes de monarques (dont Hâpydjefa) Meïr Tombe de Senbi | Moyen Empire 2052-1778 XIIe dynastie |
Deuxième période intermédiaire 1778-1567 XIIIe à XVIIe dynasties (invasion Hyksôs) | ||
No 5 Haute Égypte | Thèbes Tombe du vizir Reckhmirê (XVIIIe dynastie) Papyrus Boulaq II Tombe d’Ipouy Tombe de Nakht Deir-el-Medineh Ostraca (artisans). Grand Papyrus Harris I (BM 9999) = donations royales. | Nouvel Empire 1567-1085 XVIIIe à XXe dynasties |
7Les travaux des paysans (polyculture6 et élevage) sont rythmés par la crue du Nil qui détermine trois saisons7. Les animaux sont élevés sur des pâturages à la lisière des marais dans la partie septentrionale du pays8. Une transhumance des troupeaux a peut-être lieu à la saison de la crue. En été les terres du Nord recevaient les bovins venus des provinces méridionales en raison du climat torride et de la réduction des espaces de pâture lors de la crue du fleuve9.
8Les Égyptiens utilisent un vocabulaire assez précis pour distinguer les différents types d’animaux, tant les bêtes sauvages que celles qui ont été domestiquées10 (tableau 2 : désignation du bétail). L’élevage des bovins n’avait pas un but uniquement alimentaire. Les bovins sont attelés et aident au labour11: ils tirent l’araire comme le montre une scène du mastaba de Iymérou (Ancien Empire). Des sortes de maquettes en bois polychromé, dites « modèles », ont été retrouvées dans des tombes et montrent les bovins attelés pour le labour12.
Fig. 1. Carte de l’Égypte et des espaces d’agriculture et d’élevage.

Carte reprise d’après C. Chadefaud, 2002 (voir ici note 7).
9Les animaux appartenaient aux diverses administrations et leur caractère de ressource alimentaire les mettait sous une étroite tutelle de l’État, très vigilant pour combattre les risques de famine13. Des sources datant du Nouvel Empire figurent le marquage du cheptel. Une peinture de la tombe de Nebamon, fonctionnaire sous Thoutmosis IV (c. 1420 av. J.-C.) montre des bovidés aux pattes liées ensemble, couchés sur le flanc. Les fonctionnaires chargés de la besogne se tiennent à côté d’un brasero14, leurs fers de marquage à la main.
Tableau 2. Désignation du bétail.
1. Bétail en général : Menmenet, Neferet, Khetemou. | Cheptel vivant | 2. Bœuf : Tepiou, Ioua, Sekâ (« bœuf de labour »), Nehebou (« bœuf sous le joug »). |
3. Taureau : Ousheb, Kâ-Ih, Pery (« taureau féroce »), Negaou (« taureau à longues cornes »), Semâ (« taureau sauvage »), Mery (« taureau combattant »). | Id. | 4. Vache : Ihet, Idet, Hemet, Sâbet (« vache tachetée »). |
5. Vache (pour la production de lait) : Iryt-Mehit-Menat. | Id. | 6. Veau : Behez-Mes-Reny-Tây. |
7. « Petit bétail » : âout. « Petit bétail à cornes courtes » : oundjou. | Id. | |
8. La patte antérieure de bœuf pour l’offrande : khépech. | Viande de boucherie | 9. La viande dépecée et découpée : iouf. |
10. Bétail sacré : tjenenet. | Cheptel des temples |
10Diverses espèces de volatiles sont attestées dans les sources pharaoniques : volatiles de la savane et volatiles des marais15. Les oies visibles sur la peinture du mastaba de Nefermaât et Atet à Meïdoum (IVe dynastie) sont des animaux domestiques : elles ont une gorge rouge (espèce Anser ruficollis Pall). Dans ce même tombeau deux autres espèces sont peintes : l’Anser fabalis Latham et l’Anser albifrons Scopoli16.
11La tombe d’un nomarque17 de Béni-Hassan18 est décorée de scènes représentant la capture d’oiseaux dans les marais, à l’aide d’un piège connu sous le nom de filet hexagonal. Sur un bas-relief du mastaba de Kagemeni à Saqqarah, les oiseaux capturés sont nourris de grains dans des volières19. Le mastaba de Sopedouhotep présente des scènes de gavage des oies et des grues capturées20.
12La savane21 aussi est un terrain de chasse : un bas-relief du mastaba de Ptahhotep à Saqqarah figure la chasse à la gazelle22, thème que l’on retrouve dans les motifs du temple funéraire de Sahourê à Abousir23. Une peinture plus tardive, dans la tombe du vizir Reckhmirê, montre des gazelles tuées dans la savane lors d’une chasse royale : un fonctionnaire établit le compte avant que les animaux ne soient envoyés aux cuisines du palais24. Dans d’autres cas le gibier capturé est nourri et élevé dans le but de la reproduction comme le montre une peinture de la tombe du dignitaire Senbi à Meir (XIIe dynastie25).
13La connaissance du contexte économique et administratif permet de percevoir la nature de l’encadrement étatique des paysans et artisans et de l’utilisation de la viande, du gibier et des autres produits alimentaires. Les défilés de prêtres funéraires portant des offrandes alimentaires s’inscrivent dans une économie de subsistance qui englobe même les rites funéraires comme en témoigne la figuration du mastaba d’Akhahetep (fig. 2)26. Cette structure persiste à travers la succession des dynasties : au Nouvel Empire, le plus haut fonctionnaire de l’État, le « vizir », fait figurer dans sa tombe l’organisation de la collecte des taxes pour le pouvoir central : le cheptel bovin y tient une place de choix27.
Fig. 2. Défilé de porteurs d’offrandes funéraires présentant la cuisse de bœuf Khepech et des volatiles dans le mastaba d’Akhahetep (registre inférieur). D’après N. de G. Davies, 1901, pl. XXXIII (voir ici note 26).

Scènes de boucherie et techniques d’abattage des bovins et des volailles
14Dans le cadre de l’économie centralisée et étatique de l’Ancien Empire, la transformation des viandes se déroule dans des ateliers qui regroupent souvent plusieurs métiers : de petits modèles ou maquettes présentent en un même espace l’atelier des bouchers, des boulangers et des brasseurs28 (ill. 1, pl. I).
15Plusieurs scènes de mastabas figurent le défilé des bovins devant la dépouille de celui qui en était responsable et la présentation rituelle de la patte et de la cuisse antérieure d’un bovin (tombe de Niankhchnoum et Chnoumhotep à Saqqarah29). Dans d’autres mastabas les étapes techniques du dépeçage sont figurées (tombeau de Ty à Saqqarah30). Dans cette scène, sur un même registre trois actions se déroulent successivement31. Le bovin est amené par deux serviteurs. On le voit ensuite à terre et les membres liés (fig. 3). La scène suivante montre deux bouchers tuant la bête et commençant le dépeçage par la découpe de la patte antérieure. Le terme égyptien désignant cette partie du corps de l’animal est « khepech32 ». Sur la troisième scène, trois bouchers sont au travail et le quatrième tient un récipient dans lequel le sang a été recueilli. Une scène générale de boucherie figure dans le mastaba d’Akhethotep33. Quelques variantes apparaissent dans les scènes des mastabas de Pepyankh à Meïr34, d’Ouserneter et de Ptahhotep à Saqqarah35. Dans la tombe de Senbi, à Meir, une scène plus détaillée figure un boucher qui tranche la gorge de l’animal. Il est assisté de deux acolytes : l’un appuie sur la patte avant de l’animal tout en maintenant les trois autres membres déjà ligotés. L’autre, à l’arrière de l’animal, tient une cuve pour recueillir le sang36. Des statuettes37 de calcaire (parfois avec traces de polychromie) comportent d’intéressants détails sur la posture de travail du boucher et sur le type d’outils utilisés : un boucher se penche sur un bovin abattu et se prépare à découper la viande. Sur des peintures, la figuration du dépeçage est suivie de la représentation du séchage des viandes découpées (tombe du gouverneur Antefoqer38 – ill. 2, pl. II).
Fig. 3. Scène de boucherie au mastaba de Tiy à Saqqarah (registre figurant les trois étapes).

D’après P. T. Nicholson P.T. et I. Shaw (dir.), 2003, p. 657 (voir ici note 31).
Fig. 4. Préparation de volailles et mise en place dans des jarres : tombe du vizir Reckhmirê (Thèbes ouest, Nouvel Empire, XVIIIe dynastie).

D’après N. de G. Davies, 1943, pl. XLVI (voir ici note 24).
16Au Nouvel Empire, d’assez nombreuses figurations montrent la préparation de volailles : canards ou oies (tombe de Nakht39). La découpe et le séchage de la viande de canard sont figurés sur une peinture de la tombe d’Ipouy40. Des macrorestes de volailles ont été exhumés de jarres funéraires : le corps de la volaille avait été ouvert et aplati. Plusieurs volailles sont entassées dans la jarre et protégées probablement par des couches de graisse41. Cette découverte correspond à l’une des scènes figurées dans la tombe du vizir Reckhmirê (fig. 4). Dans un atelier royal, des serviteurs découpent des canards et les empilent à l’intérieur de hautes jarres pour les conserver dans la graisse42. À une période tardive, Hérodote et Pline l’Ancien mentionnent l’utilisation du sel en Égypte pour la conservation des viandes : il provenait du Ouadi Natroun, de Péluse, et du lac Maréotis43.
Les types de viandes dans la vie quotidienne et dans les scènes d’offrandes religieuses de l’Ancien au Nouvel Empire (2800-1085 av. J.-C.)
17Comment les viandes étaient-elles consommées dans la vie quotidienne ? Les sources dont disposent les égyptologues sont en grande majorité d’origine religieuse : elles concernent des rites pratiqués dans les temples et dans les tombes. Parmi ceux-ci des offrandes alimentaires sont indispensables. Selon le fonctionnement économique de cette société, une fois les offrandes alimentaires passées sur les autels et les tables d’offrandes, un partage avait lieu entre les membres du clergé. Leurs prestations étaient ainsi payées en nature. Dans l’alimentation courante les produits céréaliers, les légumes et les fruits semblent tenir une place plus importante que les viandes (bovins, gibier, volaille). La conception des Égyptiens relative à la survie dans l’au-delà nécessitait de déposer des offrandes alimentaires au défunt et de les renouveler par les inscriptions et les images de ces produits. D’une certaine manière ces « menus » pour l’au-delà sont à l’image de ceux de la vie quotidienne.
18Il existe quelques scènes de repas de la vie réelle : par exemple, un berger grillant une oie au-dessus d’un feu de braises. Un simple bâton sert de broche. Une autre scène montre des pâtres aux champs rôtissant des oies tout en tissant des nattes (pour fabriquer des abris)44. Quelques scènes figurent des repas familiaux45. Au Nouvel Empire, quelques hauts fonctionnaires comme Menkheperrêseneb ont fait peindre dans leurs tombes des scènes de préparatifs de banquets incluant la préparation des viandes et des volatiles.
19En général, il n’est pas d’usage de représenter le pharaon ou la famille royale à table. Cependant, à l’époque de l’hérésie de Tell-el-Amarna (c. 1350 av. J.-C.)46, quelques scènes figurent des membres de la famille d’Akhenaton lors d’une collation. Une jeune princesse est représentée dégustant un morceau de canard47.
20Sur d’innombrables exemples de stèles funéraires de l’Ancien au Nouvel Empire figurent les « menus » des offrandes à pratiquer au profit du défunt. Dans la tombe du haut fonctionnaire Khentika à Saqqarah48 est représenté l’amoncellement de biens alimentaires et le défilé des prêtres funéraires nécessaires à l’exécution du contrat funéraire. Mentounesou, fonctionnaire à Abydos, et son épouse ont fait placer une stèle dans leur tombe : la table d’offrandes présente les victuailles nécessaires, parmi lesquelles viandes et volailles. Leur fils est figuré comme responsable des offrandes à renouveler49. À la même époque un gouverneur provincial, Hâpydjefa à Beni-Hassan, a fait rédiger dans sa tombe la copie des contrats passés avec les prêtres funéraires en vue du renouvellement des offrandes alimentaires50. Dans l’hypogée thébain du vizir Reckhmirê, le plus haut dignitaire auprès du roi, le défunt fait figurer une scène d’offrande à sa propre statue : un bovin est lié et tué, puis offert par des prêtres en même temps que d’autres dons alimentaires51.
21Les inscriptions du rituel du culte divin journalier que l’on trouve dans les temples décrivent les obligations des prêtres vis-à-vis du service des statues divines, lors de l’ouverture matinale du naos dans le secret du sanctuaire52. Alors prennent place les offrandes alimentaires fournies par le personnel de service travaillant sur les vastes domaines du temple.
Quelques exemples de la vie quotidienne au Nouvel Empire : la viande par rapport aux autres types d’aliments
22Deux exemples du Nouvel Empire donnent un éclairage partiel sur la place des viandes dans l’alimentation.
23Il était d’usage que le roi augmentât le patrimoine foncier des temples. Le grand papyrus Harris I décrit les donations faites par Ramsès III à trois domaines de temples : Thèbes, Héliopolis et Memphis53.
24Le temple d’Amon à Thèbes est le mieux doté en bétail. Pour les donations faites au temple d’Héliopolis, la part du bétail sur pied et des viandes de bovins, du gibier, des volatiles est considérable à côté des offrandes en pains, galettes, bière d’orge et jarres de vin. Pour ce dernier, le papyrus indique dans ses tableaux récapitulatifs destinés à l’administration gestionnaire :
• Bœufs | 966 têtes |
• Veaux | 1 886 |
• Bœufs à longues cornes | 703 |
• Têtes de bétail divers | 1 242 |
• Bœufs à cornes courtes | 1 242 |
• Bovidés | 5 911 |
Total | 11 950 bovidés divers |
• Oryx | 230 |
• Oies vivantes | 1 150 |
• Oiseaux « mesit » vivants | 2 300 |
• Volatiles aquatiques vivants | 13 800 |
Total des volatiles vivants | 17 480 |
25Ces donations venaient enrichir les domaines des temples et permettre leur fonctionnement de même que le règlement des prestations des prêtres et de tous les personnels gestionnaires des terres, paysans et artisans inclus. Pour les domaines du temple d’Héliopolis ces personnels au nombre de 12 963 incluent les paysans chargés d’élever les troupeaux et les volailles, mais aussi les bouchers des ateliers. La donation a probablement été enregistrée au printemps, les scribes ayant pris la peine de noter à part la naissance et le nombre des veaux dans ce cheptel (soit 1 886 têtes).
26L’ensemble des bovidés parcourt des espaces de pâtures selon les saisons et l’état de la crue du Nil. Il semble que la donation de champs soit l’équivalent de 441 km2 regroupant terres arables et pâturages54. Les principales terres des domaines d’Héliopolis se situent dans le delta ou à ses abords et sont constituées plutôt de pâturages et de marais, ce qui explique que la donation comporte un très grand nombre de volatiles qui sont ensuite nourris dans des volières et constituent des réserves de viande pour l’hiver. Parmi les volatiles appréciés un certain nombre étaient des migrateurs tels que les grues55. Enfin les oryx mentionnés ont sans doute été capturés aux abords de la savane.
27Sur la durée du Nouvel Empire, les fouilles de la ville de Tell-el-Amarna (XVIIIe dynastie, règne d’Akhenaton, partie médiane de la vallée du Nil) suggèrent peut-être une évolution dans les pratiques alimentaires. Quelques maisons fouillées dans l’un des quartiers ont permis d’exhumer des ossements d’animaux rejetés dans les ordures des cuisines. Selon qu’il s’agit de maisons de propriétaires aisés ou au contraire de personnes plus modestes dans la hiérarchie sociale, les animaux n’ont pas été consommés dans les mêmes proportions. Bœuf et porc pour les plus aisés, mais mouton et chèvre pour les plus modestes56.
28Par contre, la viande tenait une place modeste dans les pratiques alimentaires des artisans du village de Deir-el-Medineh (Thèbes-Ouest au Nouvel Empire). Les viandes font partie des denrées alimentaires qu’on échangeait dans ce village regroupant des artisans qui édifièrent la nécropole royale et les temples funéraires sur la rive gauche thébaine (XVIIIe à XXe dynastie)57. Le village a livré des sources écrites administratives sur des centaines de tessons de poterie (les ostraca)58. Les échanges les plus courants concernent les céréales (galettes, pains), la bière d’orge fermentée, les pièces de lin pour les vêtements. On note aussi dans une moindre mesure des mentions de petit bétail, des troupeaux de type « ih59 », des porcs, des volatiles, un « chacal » (ounesh). La production de graisse animale, plus particulièrement d’oie, est mentionnée pour la conservation de certains aliments60. Les prestations des artisans61 étaient payées en nature par les services de l’administration royale, pour l’essentiel en rations de céréales. Les artisans pouvaient ensuite en fonction des nécessités familiales procéder à des échanges de biens localement : ce troc fonctionnait en Égypte par rapport à un barème exprimé en deben62. À l’époque de Ramsès III ont été relevées les équivalences suivantes de valeurs de biens échangés63 : achat et vente de bœufs : entre 45 et 127 deben par tête. Pour le petit bétail (dont les béliers), entre 2 et 5 deben par tête. La valeur d’un âne était d’environ 30 deben. La valeur d’un porc était au maximum de 5 deben. Les volatiles étaient désignés par le terme générique d’« apedou » dont la valeur par pièce était d’environ ¼ de deben. Il apparaît que la viande bovine demeurait très coûteuse par rapport aux autres produits alimentaires. Il semblerait qu’il existât aussi des formes d’échanges sur des marchés le long des ports sur le Nil. Certains marchands exerçaient-ils leur activité hors de la tutelle de l’administration ? Un exemple d’échange de viande bovine entre marchands apparaît ainsi sur le papyrus Boulaq II64.
29De l’analyse des sources pharaoniques de diverses natures (inscriptions religieuses, archives, iconographie : voir tableau 1 pour les sites concernés et la chronologie), tout en observant la prudence imposée par le caractère discontinu et souvent hétérogène de ces dernières, il apparaît que la viande est consommée dès l’époque des premières dynasties dans l’alimentation égyptienne, mais qu’elle concerne au premier plan le roi, la cour, les hauts fonctionnaires et les membres des différents clergés. Le gibier de la savane (gazelles et oryx) est apprécié à la cour. Les Égyptiens furent des connaisseurs des espèces. Chasseurs et éleveurs eurent conscience de la nécessité de chercher tous les compléments alimentaires indispensables, autres que céréales et légumineuses, afin d’éviter la disette. La provenance des viandes indique que les pratiques de chasse dans la savane et dans les marais continuent aux côtés de la domestication et de l’élevage des bovins. L’élevage en basse-cour des oies et des canards est représenté dans la plupart des provinces du pays et dans la consommation courante. C’est un mets prisé et que l’on retrouve mentionné sur la majorité des offrandes funéraires. La structure de ces dernières est révélatrice des usages de la vie quotidienne : les défunts doivent être en mesure de consommer le même type d’aliments que ceux auxquels ils étaient habitués de leur vivant.
30L’élevage a, certes, permis de fournir les tables des privilégiés et celles du clergé par la technique de « récupération » des offrandes65, car le peu de surface des pâturages imposait probablement de recourir souvent à une alimentation du bétail en stabulation.
31Les techniques de conservation des viandes ont livré quelques indications sur le séchage, le salage mais aussi la conservation dans la graisse d’oie. Ces pratiques concernent les usages de la cour et des hauts fonctionnaires : une élite sociale qui était bien nourrie ! Par précaution, le personnel des temples élevait toutes sortes de volatiles afin de disposer de réserves en toutes circonstances.
32Force est de constater que le menu peuple des paysans et artisans consommait plutôt pain et galettes d’orge, poissons du Nil, légumes et fruits plutôt que de la viande, à l’exception de certains volatiles des marais. Parmi les responsabilités des gouverneurs de province, l’accès à ces ressources alimentaires faisait l’objet de régulations, d’autorisations et de surveillances. L’équilibre alimentaire demeurait précaire et dépendait de la qualité de la crue annuelle du Nil. En conséquence, les pâtures dévolues aux bovins pouvaient se rétracter ou se dilater selon les années, entraînant des transhumances plus ou moins longues d’une province à l’autre.
Notes de bas de page
1 Pour l’ensemble de l’article nous utilisons une transcription vocalisée et sans signes diacritiques pour faciliter la lecture. On peut se reporter aux conventions en usage en matière de translittération de l’Égyptien hiéroglyphique (Gardiner A. H., Egyptian Grammar, Being an Introduction to the Study of Hieroglyphs, Oxford, Oxford University Press, 1966, p. 27).
2 Sur cet ensemble l’administration a établi les sepat ou provinces : le terme est écrit en hiéroglyphes en incluant pour déterminatif le quadrillage de terres traversées par des canaux d’irrigation qui drainent l’eau du Nil selon les saisons. Faulkner R., A Concise Dictionary of Middle Egyptian, Oxford, Oxford University Press – Griffith Institute, 1964, p. 286 (Kemet), 239 (Sehet), 222 (sepat).
3 Les marais ou mehou : terme comportant le déterminatif du bouquet de papyrus (ibidem, p. 114). La savane comporte des bosquets dits chetaou (ou staw, voir Vernus P., « Le mot staw, “branchages, bosquets, bois” », Revue d’égyptologie, vol. 29, 1977, p. 179-193).
4 Voir Darby W., Ghaliounghy P. et Grivetti L., Food : The Gifr of Osiris, vol. 1, Londres – New York – San Francisco, Academic Press, 1977, p. 92. Il s’agit des nomes 6 (Xoïs), 10 (Athribis), 11 (Pabasa) et 12 (Sebennytos). Ces motifs de bovins figurent sur les enseignes personnifiant chaque province.
5 Figuration dans Darby W., Ghaliounghy P. et Grivetti L., Food : The Gifr of Osiris, op. cit., vol. 1, p. 117, fig. 3.18 c (les bas-reliefs de la tombe furent publiés par Davies en 1903).
6 Voir Helck W. (dir.), Lexikon der Ägyptologie, Wiesbaden, Otto Harrasowitz [désormais LdA], vol. 3, 1980, articles « Landwirtschaft » (col. 929-937), « Leinen » (col. 999- 1000), vol. 1, 1975, article « Ernte » (col. 1271-1272), vol. 2, 1977, article « Garten/ Gartenanlage » (col. 376-380) et vol. 6, 1986, article « Weintrauben » (col. 1190-1192).
7 Chadefaud C., « Une économie rurale conquérante : pratiques ancestrales et innovations dans l’Égypte ancienne », Belmont A. (dir.), Autour d’Olivier de Serres, pratiques agricoles et pensée agronomique, du Néolithique aux enjeux actuels, actes de colloque (Pradel, 27-29 septembre 2000), Rennes, Association d’histoire des sociétés rurales, coll. « Bibliothèque d’histoire rurale » (6), 2002, p. 25-26 (tabl. I et fig. 3).
8 Durant l’Ancien Empire, le passage du gué par un troupeau montre souvent la scène du veau porté sur le dos du berger afin d’éviter l’attaque par le crocodile (exemple dans le mastaba d’Idout à Saqqarah et au mastaba de Ti (voir ce dernier dans Dunand F. et Lichtenberg R., Des animaux et des hommes, une symbiose égyptienne, Monaco, Éditions du Rocher, 2005, p. 33, fig. 11). C’est aussi le cas sur une figuration du mastaba de Kagemeni à Saqqarah (Ve dynastie), photographie dans Germond P. et Livet J., Bestiaire égyptien, Paris, Citadelles-Mazenod, 2001, p. 52, fig. 52.
9 Pour un aperçu de l’évolution de la couverture végétale le long du Nil entre l’époque préhistorique et celle de l’Ancien Empire, voir Brewer D. J., The Archaeology of Ancient Egypt beyond Pharaohs, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 22 (fig. 2.5).
10 Voir Darby W., Ghaliounghy P. et Grivetti L., Food : The Gifr of Osiris, op. cit., vol. 1, p. 94-95.
11 Sur le labour et l’utilisation des bêtes d’attelage voir Chadefaud C., « Araire, houe et méthodes culturales dans l’Égypte ancienne », Bourrigaud R. et Sigaut F. (dir.), Nous labourons, actes de colloque (Nantes, Nozay, Châteaubriant, 25-28 octobre 2006), Nantes, Centre d’histoire du travail, 2007, p. 41-49, fig. 2 et 3.
12 Exemple : objet conservé au Metropolitan Museum of Art, New York (no 51090. Moyen Empire, XIIe dynastie). Une photo figure dans Vandier J., Manuel d’archéologie égyptienne, Paris, Picard, vol. 4, 1964, pl. I (no 1).
13 Le recensement du bétail était une opération régulière, voir LdA, vol. 6, 1986, article « Viehwirtschaft » (col. 1038-1039). Sur les scènes de recensement voir Montet P., Les Scènes de la vie privée dans les tombeaux égyptiens de l’Ancien Empire, Strasbourg – Paris, Istra, 1925, p. 126-135.
14 Voir Darby W., Ghaliounghy P. et Grivetti L., Food : The Gifr of Osiris, op. cit., vol. 1, p. 118-119 et fig. 3.19 (dessin) et 3.20 (photo) – scène sur deux registres.
15 Ibidem, vol. 1, p. 265-334 ; Houlihan P. F., The Animal World of the Pharaohs, Le Caire, The American University in Cairo Press, 1995.
16 Voir Germond P. et Livet J., Bestiaire égyptien, op. cit., 2001, p. 69 ; Dunand F. et Lichtenberg R., Des animaux et des hommes…, op. cit., p. 42-43 et pl. 7.
17 Gouverneur de province (terme usité par les Grecs). Sur cette fonction à l’époque pharaonique voir LdA, vol. 2, 1977, article « Gaufürst » (col. 408-417).
18 XIIe dynastie – aquarelle de Rosellini en 1828 (lors de l’expédition franco-toscane dirigée par Champollion).
19 Bas-relief de la VIe dynastie : photographie dans Germond P. et Livet J., Bestiaire égyptien, op. cit., p. 64, fig. 65.
20 Ve dynastie (Saqqarah). Fragment de bas-relief conservé à Berlin (Aegyptisches Museum) : dessin dans Dunand F. et Lichtenberg R., Des animaux et des hommes, op. cit., p. 42 (fig. 26).
21 Voir Darby W., Ghaliounghy P. et Grivetti L., Food : The Gifr of Osiris, op. cit., vol. 1, p. 234 sq. L’auteur donne aussi p. 228, fig. 5.10, un récapitulatif des diverses espèces dont les noms en hiéroglyphes sont attestés : oryx, ibex, addax, gazelle, bubale. La présence de ces herbivores laisse supposer qu’à l’époque pharaonique une savane dense couvrait encore les rives du Nil et que la zone désertique était plus réduite qu’à l’époque moderne.
22 Ve dynastie.
23 Bas-relief conservé au musée de Berlin, voir Arnold D., Grzymski K. et Ziegler C. (dir.), L’Art égyptien au temps des pyramides, cat. expo. (Galeries nationales du Grand Palais, Paris – Metropolitan Museum of Art, New York – Musée royal de l’Ontario, Toronto, 1999-2000), Paris, Réunion des musées nationaux, 1999, p. 76 (fig. 54 d’après la publication de Borchardt, 1913).
24 Thèbes, XVIIIe dynastie. Voir Davies N. de G., The Tomb of Rekh-Mi-Rê at Thebes, New York, Arno Press, 1943, pl. XLIV (vestibule, mur ouest). Des scribes enregistrent le décompte du gibier tué.
25 Darby W., Ghaliounghy P. et Grivetti L., Food : The Gifr of Osiris, op. cit., vol. 1, p. 128, fig. 3.30. Site de Moyenne Égypte, proche de Tell-el-Amarna.
26 Davies N. de G., The Mastaba of Ptahhetep and Akhetetep at Saqqareh, Londres, The Egypt Exploration Fund, coll. « Archeological Survey of Egypt », vol. 2, 1901, pl. XXXIII (mur sud, registre inférieur).
27 Thèbes, XVIIIe dynastie, figuration dans Davies N. de G., The Tomb of Rekh-Mi-Rê at Thebes, op. cit., pl. XXX (vestibule, mur est) et XXXII (mur ouest). Les collectes concernent respectivement les villes du Nord puis les villes du Sud du royaume.
28 Modèle de la tombe de Meketrê (XIIe dynastie), musée du Caire, et autre exemple similaire dans Baines J. et Malek J., Atlas de l’Égypte ancienne, Paris, Nathan, 1981, p. 195.
29 Bas-relief polychromé de la Ve dynastie, entrée du caveau (mur est) in Moussa A. et Altenmüller D., Das Grab des Nianchchnum und Chnumhotep, Mayence, Ph. Von Zabern, 1977, pl. 52.
30 Voir Montet P., Les Scènes de la vie privée…, op. cit., p. 165, fig. 29. Le couteau et la pierre à aiguiser sont indiqués avec précision : un idéogramme spécial figure la pierre à aiguiser voir ibidem, p. 156-157 et p. 158 fig. 27.
31 Voir Nicholson P. T. et Shaw I. (dir.), Ancient Egyptian Materials and Technology, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 657 (fig. 25.1).
32 Voir Faulkner R., A Concise Dictionary…, op. cit., p. 189.
33 Provenance Saqqarah (Ve dynastie), fouilles de A. Mariette. Le caveau remonté est conservé au musée du Louvre. Figuration du détail de la scène dans Vandier J., Manuel d’archéologie égyptienne, op. cit., vol. 4, 1964, pl. X (no 86.3).
34 Il s’agit du dépeçage d’une antilope : voir Nicholson P. T. et Shaw I. (dir.), Ancient Egyptian Materials and Technology, op. cit., p. 301, fig. 12.1.
35 Le nombre des bouchers peut varier. Ibidem, p. 301, fig. 12.1, b et c.
36 Voir Darby W., Ghaliounghy P. et Grivetti L., Food : The Gifr of Osiris, op. cit., vol. 1, p. 147, fig. 3.35. La tombe date du Moyen Empire (XIIe dynastie), la scène est peinte.
37 Calcaire polychromé de la Ve dynastie, règne de Niouserrê. Objet conservé au Chicago Oriental Museum Institute no 10626 : Arnold D., Grzymski K. et Ziegler C. (dir.), L’Art égyptien au temps des pyramides, op. cit., p. 337 (no 165).
38 Sous la XIIe dynastie (Moyen Empire). Voir Nicholson P. T. et Shaw I. (dir.), Ancient Egyptian Materials and Technology, op. cit., 2003, p. 661 et fig. 25.5. ; Davies N. de G. et Gardiner A. H., The Tomb of Antefoker, Vizier of Sesostris I, and of his wife, Senet (no 60), Londres, G. Allen & Unwin, coll. « The Theban Tomb Series », 1920, pl. VIII.
39 Thèbes-ouest, Nouvel Empire (XVIIIe dynastie). Figuration dans Wilson H., Egyptian Food and Drink, Aylesbury, Shire publications, 1988, p. 40 (no 43).
40 Deir-el-Medineh, tombe no 217.
41 Deir-el-Medineh (XVIIIe dynastie), fouilles de B. Bruyère. Objet conservé au musée du Louvre : E 14551.
42 Thèbes-ouest. Vizir de Thoutmosis III (XVIIIe dynastie). Voir Davies N. de G., The Tomb of Rekh-Mi-Rê at Thebes, op. cit., pl. XLVI (registre supérieur).
43 Un spécimen a été exhumé à Gebelein et daterait de la VIe dynastie. Voir Darby W., Ghaliounghy P. et Grivetti L., Food : The Gifr of Osiris, op. cit., vol. 1, p. 447-449. Les Égyptiens donnent peu d’information à l’époque pharaonique à ce sujet. Force est de consulter Hérodote qui au ve siècle av. J.-C., lors de sa découverte du pays à l’époque de l’occupation perse, nota l’utilisation du sel dans la région de Gizah (Histoires, livre II, § 12). Plus tard, à l’époque romaine, Pline l’Ancien donna davantage d’indications sur l’utilisation du sel pour le séchage des viandes. Il fait référence aux salines de Péluse (Histoire naturelle, XXXI, XXXIV).
44 Voir figuration dans Erman A. et Ranke H., La Civilisation égyptienne, Paris, Payot, 1963, p. 593, fig. 214, mastaba de l’Ancien Empire.
45 Comme la réunion de la famille de Niouneter : le père de famille, son épouse, ses enfants (mastaba de Gizah) ; figuration dans Vandier J., Manuel d’archéologie égyptienne, op.cit., vol. 4, 1964, p. 221, fig. 89.
46 Période d’une quinzaine d’année où le souverain Aménophis IV lutta contre la puissance économique du clergé d’Amon. Le roi quitta Thèbes et fit édifier une nouvelle capitale à Tell-el-Amarna. La cour s’y installa et bon nombre des monuments et des objets de cette période sont curieusement hors des canons artistiques codifiés. Voir Aldred C., Akhenaton le pharaon mystique, trad. L. Frédéric, Paris, Tallandier, coll. « Nouveaux aspects de l’archéologie », 1970, chap. XII (p. 209 sq.) et pl. 2, 4, 5 et 54.
47 Ostracon peint : Musée du Caire, JE 48035 ; photographie dans Naffah C. (dir.), Égypte-Égypte, Chefs-d’œuvre de tous les temps, cat. expo. (Institut du monde arabe, paris, 1989-1990), Milan, Franco Maria Ricci, 1989, p. 53 (no 9).
48 Voir James T. G. H., The Mastaba of Khentika called Ikhekhi, Londres, The Egypt Exploration Society, 1953, pl. XXI (chambre VII, mur nord).
49 XIIe dynastie. Le jeune homme est accompagné de son frère et de sa sœur. Stèle conservée au Musée du Caire, J.E. 12643.
50 Dont des mentions des viandes. Voir une analyse juridique de ces types de contrats dans Theodoridès A., « Les contrats d’Hâpidjefa (XIIe dynastie, xxe s. av. J.-C.) », Revue internationale du droit de l’Antiquité, no 18, 1971, p. 109-251.
51 Voir Davies N. de G., The Tomb of Rekh-Mi-Rê at Thebes, op. cit., 1943, pl. XCVII (passage, mur nord).
52 Comme au temple de Karnak (dans le lieu du naos : Golvin J.-C. et Goyon J.-C, Les Bâtisseurs de Karnak, Paris, CNRS, 1987, p. 40-42).
53 Il s’agit d’un papyrus conservé à Londres au British Museum (BM 9999). Publication dans Grandet P., Le Papyrus Harris I (BM 9999), Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 2 vol., 1994.
54 Le calcul des surfaces est effectué en aroures. 1 aroure (= setat) équivaut à 2 735 m2.
55 Voir Dunand F. et Lichtenberg R., Des animaux et des hommes…, op. cit., p. 46, 55.
56 Voir Brewer D. J., The Archeology of Ancient Egypt…, op. cit., p. 174-176 et fig. 9.8 (exemples relevés dans un même quartier du site fouillé). L’auteur indique que le peu d’espace fouillé sur cette partie du site nécessite la prudence avant toute interprétation à caractère généralisateur !
57 Sur l’organisation des artisans de ce village voir Cerny J., ACommunity of Workmen at Thebes in the Ramesside Period, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1973, p. 99 sq. et 121 sq. ; et Valbelle D., Les Ouvriers de la tombe, Deir-el-Médineh à l’époque ramesside, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1985, p. 153, 154 et 249.
58 La documentation a été étudiée par Janssen J. J., Commodity Prices from the Ramesside Period, an Economic Study of the Village of Necropolis Workmen at Thebes, Leiden, Brill, 1975, voir chap. IV (p. 166-179) au sujet du bétail à usage alimentaire.
59 Ibidem, p. 466-471 (commentaire et traduction).
60 Ibidem, p. 338.
61 L’expression égyptienne est « heteri », voir Faulkner R., A Concise Dictionary…, op. cit., p. 181. L’utilisation du terme à Deir-el-Medineh est commentée par Janssenj. J., Commodity Prices…, op. cit., p. 455.
62 Soit un étalon en argent de 91 g (et comportant des sous-multiples).
63 Ibidem, p. 167 sq. et tableaux XIII à XVI (selon les catégories d’animaux).
64 Voir l’extrait du papyrus du Caire no 58070 (= P. Boulaq II) recensant des quantités de denrées, en majeure partie de viande, remises à divers marchands (Nouvel Empire-XVIIIe dynastie). Publication par T. E. Peet, dans Mélanges Maspéro, vol. 1, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1934, p. 185 sq. Traduction proposée par James T. G. H., Le Peuple de Pharaon, culture, société et vie quotidienne, trad. P. Couturier, Monaco, Éditions du Rocher, 1999, p. 254. Extrait de la colonne 3, l. 1-10.
65 L’expression utilisée est « virement d’offrandes en faveur de x… ».
Auteur
-
Catherine Chadefaud
Historienne, professeure honoraire
CPGE littéraires, lycée La Bruyère, Versailles
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