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Les produits de terroir

 | 
Corinne Marache
, 
Philippe Meyzie

Préface

Marc de Ferrière le Vayer

Texte intégral

1C’est un grand plaisir de préfacer cet ouvrage, car comme titulaire de la chaire Unesco « Sauvegarde et valorisation des patrimoines culturels alimentaires » de l’Université François-Rabelais de Tours, j’y retrouve une approche de l’alimentation qui correspond à la démarche suivie par cette chaire depuis maintenant plus de quatre ans.

2En lançant le programme de recherche Vivalter en 2012, Corinne Marache et Philippe Meyzie se donnaient au moins un double objectif. Le premier était de reprendre l’étude des terroirs à travers un prisme nouveau, celui de la ville, sortant des idées reçues et des affirmations convenues sur ce thème reprises aussi bien par les chercheurs que dans la presse et le grand public. Le second était, en faisant de l’étude des terroirs l’axe de recherche de ce programme, de poser de nouvelles questions en histoire de l’alimentation, en ne se restreignant pas à l’histoire contemporaine, mais en partant de l’époque médiévale pour aller jusqu’à nos jours et en ne se limitant pas à l’espace géographique de la France.

3Ils faisaient aussi un pari audacieux, en termes de recherches universitaires, en posant que pour arriver à des résultats, apporter des éléments de réponses à l’interrogation sur les terroirs, leur réalité, leur définition, leur rôle dans le développement de la production et de la transformation alimentaire, il fallait rompre avec une certaine tradition. Ils choisirent pour cela, outre de faire l’étude sur une période chronologique large, d’associer l’histoire rurale, l’histoire urbaine et l’histoire économique et sociale dans une nouvelle forme de food studies. Mais ils n’hésitèrent pas également à combiner les analyses des diverses disciplines des sciences humaines.

  • 1  Le terroir et les produits du terroir : un objet d’histoire ?, séminaire exploratoire pour le dépô (...)

4Le séminaire ouvrant les travaux de Vivalter, intitulé « Terroirs et produits des terroirs : un objet d’histoire » revenait à poser clairement cette problématique et la démarche qu’ils souhaitaient suivre1. Confrontant les points de vue d’un historien et d’une ethnologue, il annonçait d’emblée cette démarche innovante.

5Dans le même temps, ils s’inscrivaient aussi dans les travaux menés depuis une vingtaine d’années sur les inventaires alimentaires, la définition des produits, les modes de consommation ainsi que, plus largement, dans la démarche nouvelle de définition de l’alimentation comme élément du patrimoine culturel immatériel des populations.

6Ce livre, fruit du projet Vivalter, montre qu’ils sont en passe de réussir ce pari. Il confirme la qualité de la démarche scientifique ainsi initiée. Les diverses communications, tant par les sujets, que par les lieux et les périodes étudiés montrent que l’intuition de départ était la bonne, que le terroir et son étude sont bien un objet d’histoire. Il montre aussi de façon éclatante que le terroir ne peut pas être étudié exclusivement au prisme de l’histoire rurale, mais qu’il faut au contraire appréhender les deux bouts de la chaîne, de la production à la consommation, en passant par la transformation.

7On voit ainsi comment cette construction de l’esprit qu’est le terroir prend corps en s’appuyant sur tout un discours très élaboré et ce depuis au moins le Moyen Âge. On apprend aussi combien le rôle des organisations économiques, des marchés, et surtout des villes est important. Tout intermédiaires que soient les résultats présentés dans cet ouvrage, on voit clairement combien la ville ne crée pas le terroir, mais contribue très fortement à sa reconnaissance en assurant à ses produits un marché, une identité, voire en contribuant à les modifier.

8Qu’il me soit permis, pour terminer, de dire que je me réjouis de voir des jeunes universitaires s’emparer ainsi de nouvelles thématiques et faire avancer non seulement la recherche, mais aussi la connaissance et la compréhension de notre société, démontrant ainsi que les travaux universitaires peuvent répondre à une demande sociale lorsqu’ils savent s’inscrire dans la réalité de la société comme le démontre l’épilogue de cet ouvrage.

Notes

1  Le terroir et les produits du terroir : un objet d’histoire ?, séminaire exploratoire pour le dépôt du programme Vivalter. Intervenants Marc de Ferrière et Laurence Bérard, Bordeaux, MSHA, 3 février 2011.

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