1 Jean Mesqui, « Palais princiers, résidences seigneuriales », Georges Duby et Michel Laclotte (dir.), Le Moyen Âge, Paris, 1995, mentionne p. 275, Y histoire de Tristan et Yseult, que les Habsbourg font peindre, d’après le roman d’Eilhart von Oberg (1170-1190), au château de Runkelstein, construit vers 1237 dans le Trentin.
2 Nous emploierons par la suite le terme « villosité » - marquant mieux la fourrure que pilosité -, usité par les érudits du xixe siècle qui se sont intéressés aux représentations de l’homme sauvage, et employé aujourd’hui dans un autre sens, médical. Il est attesté au Centre National de ressources textuelles et lexicales : « Villosité, subst. fém. A. – Qualité de ce/celui qui est velu, recouvert de poils », et le Littré indique « étymologie, lat. villosus, velu ». Nous excluons du terme « homme sauvage » tout être non velu, comme saint Jean-Baptiste, vêtu, lui, d’une peau de bête
3 Albert Lecoy de la Marche, Extraits des comptes et mémoires du roi René pour servir à l’histoire des Arts au xive siècle, publiés d’après les originaux des Archives nationales, Paris, 1873, p. 82, 83, 85, 91, 92,100,105,135, etc. (P. 1334)
4 Ghislain Brunel, Images du pouvoir royal. Les chartes décorées des Archives nationales, Paris, 2005, p. 7, fig. 6 – initiale C « Homme sauvage à tête d’animal croquant un fruit ». Archives nationales, J567, n° 1. Mais l’exposition des Archives nationales, Trésor des rois de France ; la lettre et l’image de saint Louis à Charles VII, Paris, 2007, notice 22, p. 30, ne le qualifie plus que de « Singe croquant une pomme ».
5 Noyon, 3 septembre 1368, Archives nationales. J 465, n° 36. Livret d’exposition cité note 4, p. 106, notice n° 126.
6 Initiale A, sur fond semé de fleurs de lys, Paris, Archives nationales, J187A, n° 15. Notice dans Trésor des rois, op. cit., notice 77, p. 73.
7 Plusieurs miniatures illustrent cet épisode (livre IV, chap. XXXII des Chroniques de Jean Froissart) dans les manuscrits. Le costume, si facilement enflammé par les torches d’un prince curieux, y est tantôt marron ou gris (BnF, ms. fr. 2646, f « 176, Philippe de Mazerolles, Flandres, 1470-1475), tantôt vert (British Library, Harley 4380, f° 1 r°). Cela marque la proximité de l’homme sauvage velu et du feuillu, ou moussu, avec homme vert, autre hôte des bois, qui n’entre pas dans notre champ d’étude.
8 Richard Bernheimer, The Wild Man in the middle Ages ; a Study of Art, Sentiment and Demonology, Cambridge-Harvard University Press, 1952, chapitre VI : le rôle héraldique, p. 176 et sqq. : « L’homme sauvage comme figure héraldique est privé de l’essentiel de son aura d’ambivalence, mais laisse quelques possibilités mythologiques à approfondir : ils rejoignent les anges gardiens, saints patrons, archange Michaël, puissances célestes fortes qu’il était naturel d’invoquer pour la préservation de la famille et du groupe. Et les licornes, griffons, lions et bêtes sauvages. »
9 Jules-Marie Richard, « Notes sur quelques peintres des premières années du xiv siècle », dans Bulletin archéologique, 1885, p. 285 et 317.
10 Maria Grazia Recanati, « Le taccuino di designi de Giovannino de Grassi ; modèles bergamasques », dans FMR 8/2005, p-109, homo selvaticus, f ° 7 r°. M. Rossi, Giovannino de Grassi, la carte e la cattedrale, Milan, 1995, p. 83.
11 H : 0,563 m ; 1:1,59 m, ρ : 0,38 m ; déposé en 2001, il sera restauré en 2008. Merci à Jacqueline Mongellaz, conservateur des Musées de Saumur, qui m’a montré l’original, et la clef de voûte de la tour ouest.
12 Cette demeure (7, rue Emile Zola, à Pézenas, Hérault) fut construite pour le fadeur du négociant - lui-même installé à Montpellier en 1442 - et servait aussi de dépôt de marchandises ; elle a été très remaniée depuis le xve siècle. Un culot portant les armes de Jacques Cœur est conservé dans une collection privée, tandis qu’il subsiste, au premier niveau, un écu dont un seul meuble est visible : un trèfle et un feuillage. (Base Mérimée, Inventaire général du patrimoine culturel).
13 François d’Amboise, Discours ou traité des devises où est mise la raison des différents emblèmes, énigmes, sentences et autres. Pris et compilé des devises de jeu Messire François d’Amboise [... ] Paris, 1620, p. 73-74, cité par Hélène Sueur, catalogue de l’exposition « Italies », Tours, 1996, notice n° 24, Portrait de Charles II d’Amboise par Bernardino Conti.
14 « Sous une couverture sauvage, je garde l’esprit apaisé ». Paolo Giovio, « Morali di Carlo d’Ambvosa » dans Le sententiose Imprese, Lyon, 1561, p. 123.
15 Claude Paradin, Devises héroïques et emblèmes, Paris, 1614, p. 20.
16 Florent Tesnier, Le château de Chaumont, Mémoire de maîtrise, Paris IV, avec Claude Mignot et Jean Guillaume, 1991,1.1, p. 76.
17 Deux autres oncles de Charles : Jacques d’Amboise à Paris (à l’Hôtel de Cluny) et à Clermont-Ferrand (fontaine d’Amboise), Jean d’Amboise à Chaumont en Champagne (peintures murales de la chapelle du Saint-Sépulcre, manuscrit 33 de la bibliothèque de Langres, où le paie des armes de la famille d’Amboise alterne ou se combine avec celles de l’évêché de Langres, dont Jean Ier était titulaire – d’azur semé de lys d’or au sautoir de gueules brochant sur le tout).
18 Le thème se retrouve non loin de là : l’homme sauvage est le couronnement de la fontaine d’Amboise, offerte par Jacques d’Amboise, évêque de la ville de Clermont-Ferrand – souvent déplacée. Il l’avait déjà utilisé comme tenant à l’Hôtel de Cluny à Paris, notamment sur le pilier central de l’entrée extérieure de la chapelle, où les hommes sauvages alternent avec des anges présentant les mêmes armoiries. Mais dans la cour du musée du Moyen Âge, sur le puits, la gargouille en forme d’homme sauvage provient de la maison de François Sauvage à Amboise.
19 Tournai, 1460, au musée des Arts décoratifs à Paris, don Maciet, inv. 10616.
20 L’écu est présenté dans le sceau par un ange nimbé, debout aux ailes essorantes, et supporté par deux sauvages ; classé dans les sceaux de qualité supérieure par Christian de Mérindol, Le roi René et la seconde maison d’Anjou, Emblématique, Art, Histoire, Paris, Le léopard d’or, 1987. Planche IX : Sceaux du Duc d’Anjou, n° 5 « nouveau sceau » de Louis Ier, p. 12, note 68.
21 Cf. le décor héraldique de la chapelle d’Yvon du Fou de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers.
22 Christian de Mérindol « À propos d’une monnaie, d’un sceau et d’un décor monumental : Louis le Grand de Hongrie et Louis Ier d’Anjou face au “secret du roi” Charles V », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 2005.
23 Dans les Deux-Sèvres ; cité par Nicolas Faucherre et Antoine Pellerin, Crazannes, logis alchimique, Paris, 2003, p. 77·Une autre rosace de clé de voûte, écu au renard et au coq supporté par deux hommes sauvages armés de massue, au musée des Beaux-arts de Troyes, n° d’inventaire 850.1.56, provient de la chapelle de la Passion du couvent des Cordeliers à Troyes, démolie en 1833.
24 Hervé Mouillebouche, Maisons fortes en Bourgogne du Nord du xiiie au xvie siècle, Dijon, 2002, p. 373·
25 Jacqueline Leclercq-Marx, « Entre archéologie et histoire matérielle. Pour une étude du décor des cheminées médiévales », dans Jean-Marie Cauchies Du métier d’armes à la vie de cour, de la forteresse au château de séjour, Actes du colloque international d’Écaussines-Lalaing, mai 2003, Turnhout, 2005, p. 38.
26 Claude Gaignebet et Dominique Lajoux, Art profane et religion populaire au Moyen Age, Paris, 1985, p. 252. Position remarquée pour l’homme sauvage tenant d’armoiries de Louis de Montjoye (1378-1394), chambellan de l’antipape Clément VII, ou pour les hommes sauvages sommant les aiguières allemandes de la fin du xve visibles aux Cloisters à New York, du pied de vase d’Ingoslstadt (1470) d’Hans Greiff, où la lance tenue par l’homme sauvage est perdue. La pierre tombale d’Ulrich Busch (1485), au Musée national bavarois de Zurich, en comporte aussi.
27 Bibliothèque municipale de Marseille, ms. 0209, f° 248 V, France, Anjou ? Troisième quart du xve siècle.
28 Merci à Marianne Delcourt, conservateur du musée, de ses informations et observations.
29 Andlau, abbaye Sainte-Richarde, chœur de l’église, dorsal armorié côté nord avec blason des Geroldseck (à l’extrémité est) porté par des hommes sauvages. Claude Gaignebet et Dominique Lajoux, Art profane et religion populaire, op. cit., note 25, ont fait remarquer le rasage du poil de l’adulte, contrastant avec les mèches longues de sa barbe et de ses cheveux comme avec la fourrure de son comparse aux cheveux sagement tenus par un bandeau.
30 Deux hommes sauvages d’âge différent tiennent les armoiries de Charles de Neufchâtel, archevêque de Besançon de 1463 à 1498, dans un Breviarum Bisontinense imprimé par Bernard Richel à Bâle en 1480 (Bibliothèque municipale de Besançon). Ce rôle est dévolu aux anges dans son Bréviaire à l’usage de Besançon, ms. 0069, f° 161, f « 459, f° 469, f° 484, puis par deux femmes en robe rouge au f° 713·Dans le bois gravé de 1480, le jeune homme velu imberbe est à gauche, l’adulte barbu à droite.
31 Oskar Neubecker, Grand livre de l’Héraldique, Bruxelles, 1977, p. 137 (Soleure, musée municipal).
32 Pierre-Gilles Girault, « Le décor emblématique de l’hôtel des échevins et la genèse de l’institution urbaine à Bourges », Cahiers d’archéologie et d’histoire du Berry, n° 162, 2e trimestre 2005, p. 24.
33 Jean Toubeau, Recueil des privilèges de la ville de Bourges, Bourges, 1643, n. p., p. 144. Les deux hommes sauvages tenant l’écu d’Amboise, recréés sur la cheminée de la salle à manger du château de Chaumont-sur-Loire, sont l’œuvre, entre 1875 et 1900, du restaurateur RE. Sanson.
34 Valentin et Orson, Lyon, 1489, la plus ancienne édition, imprimée par J. Maillet, est le remaniement d’une chanson de geste perdue du xive siècle, Valentin et Sansnom.
35 Nathalie Le Luel, « L’hagiographie de saint Ursin », Annales de Bretagne, 114/1, mars 2007. L’auteur, qui prépare une thèse sur le portail Saint-Ursin de l’ex-collégiale de Bourges, détruite à la Révolution, nous confirme n’avoir jamais rencontré d’image du saint sous une forme sauvage.
36 xve siècle, terre cuite rouge moulée, vernis vert, collection particulière. Région Alsace, Inventaire du Patrimoine.
37 Carreau de poêle à l’homme sauvage, 0,22x0,11x0,02 m, Muséum of Art, Rhode-Island School of Design.
38 BB 32, 3 avril 1470 ; Actes de la table ronde Archéologie du poêle en céramique du haut Moyen Age à l’époque moderne, technologie, décors, aspects culturels, Joëlle Burnouf (dir.), Montbéliard, 1995. Revue archéologique de Dijon, 2000, en particulier p. 195 et 211.
39 Budapest, un château pour un royaume, exposition du musée Carnavalet, 15 juin-16 septembre 2001, Paris, 2001, p. 32. Carreau d’angle de poêle (0,27x0,27x0,13), terre cuite polychrome, glaçure mixte au plomb et stannifère polychrome, représentant Jacobus et le Sauvage, seconde moitié du xve siècle.
40 Albert Lecoy de la Marche, Extraits des comptes et mémoires du roi René..., op. cit., p. 240 à 268 (P. 1335, cote 1333).
41 Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné du mobilier français, Ier volume, 1855, p. 144 : « M. de Caumont en donna un croquis dans le XF volume du Bulletin Monumental, 1845, p. 644. » Ils se trouvaient auparavant au château de Terre Neuve, propriété d’Octave de Rochebrune qui les avait placés devant une cheminée provenant de l’Hôtel de la Rochefoucauld à Fontenay-le-Comte.
42 Claude-André Fougeyrollas, Les Sauvages et les Hercules tenants d’armoiries, Société héraldique pictave, Niort, 1997, P-107-110.
43 Inventaire des objets gothiques ou copiés sur des documents gothiques renfermés dans le château, Langeais, le 31 mars 1903 : « Grande salle d’Anne de Bretagne : Landiers : une paire de grands landiers anciens représentant des hommes des bois achetés en août 1892 chez André à Paris ». La deuxième paire d’hommes sauvages n’est pas décrite.
44 Il semble faire la paire avec le landier acquis par le musée de Genève en 1978 (Supplément à la Gazette des Beaux-Arts n° 1323, avril 1979, P- 71 : « homme sauvage ayant fait probablement partie de la tige d’un chenet, seconde moitié du xve siècle, fer fondu, Genève, Musée d’art et d’histoire »). Les armoiries de l’écusson à leur pied devraient nous éclairer.
45 Henri Carpentier, Plaques de cheminée, Paris, 1912. Ce n’est qu’en 1540 qu’apparaissent dans les comptes royaux les plaques de foyer en métal.
46 Le décalage est notable avec la persistance des hommes sauvages dans les entrées - organisées par les villes –de Charles Quint : à Bruxelles en 1515, au milieu d’un triomphe à l’antique, on voit hommes et femmes sauvages s’ébattant dans des enclos, et il y en a encore aux noces d’Alexandre Farnèse et de Marie de Portugal, dans un tournoi à pied dans la grande salle du Palais royal de Bruxelles, en 1565. En 1560, au tournoi de Vienne, le géant de la cour, déguisé en homme sauvage velu agitant un arbre arraché, accompagne Rodolphe, âgé de 8 ans.
47 Troisième personnage en bas en partant de la droite.
48 Léonard de Vinci, manuscrit C, f 15 V. Daniel Arasse, Léonard de Vinci, Paris, 1999, P- 233, cite un contemporain, Tristano Calco :«[...] les suivants, des hommes à la longue barbe, [... ] pour le reste de leur habillement, ils ressemblaient beaucoup à de grossiers barbares sortis des forêts et nous rappelèrent aussitôt les Scythes et ceux qu’on appelle communément les Tartares ».
49 Monique Blanc, « Les frises oubliées de Vêlez Blanco », Revue de l’Art, n» 116, 1997-2, p. 9-16, et M. Blanc, Les frises de Vêlez Blanco, catalogue d’exposition, Paris, Musée des Arts décoratifs, 1999, Paris, UACD, p. 25.
50 Voir le détail de pedoral, art gréco-scythe, ive siècle av. J.-C, L’Or des Scythes, Paris, 1975, P- 78·L’extrémité droite du linteau du grand tympan de Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay représentait, au xiie siècle, cette combinaison courte en peau de mouton. On la retrouve dans les Emblemata d’Alciat en 1551, (Fortitudo), alors que l’édition de 1583 (emblème 37 : Omnia Mea mecum Porto) montre le Scythe en homme sauvage velu. CESR, Bibliothèques virtuelles humanistes.
