Chapitre 9. Compréhension du projet et de sa complexité par l’analyse de la mobilisation de valeurs

1 Secchi Bernardo, Première leçon d’urbanisme, Marseille, Parenthèses, 2006.

2 Morin Edgar, Introduction à la pensée complexe, Paris, Seuil, 2005, p. 109.

3 Jaquet Laure, Stabilité et instabilité des valeurs mobilisées dans, pour et par le projet d’urbanisme, thèse de doctorat, Tours, université François-Rabelais, 2014. Nous distinguons dans cette recherche le projet d’urbanisme comme action par projet dans le domaine de la pratique urbanistique, du projet urbain comme définition d’une « nouvelle » pratique de l’urbanisme en opposition à un urbanisme illustré par le plan et le programme. Cette préférence pour l’expression « projet d’urbanisme » offre la possibilité d’une distance vis-à-vis des nombreuses et vastes définitions de la notion de projet urbain qui ont comme principal dénominateur commun l’opposition à une ancienne pratique de l’urbanisme, et vis-à-vis des discours plus ou moins prescriptifs à partir desquels la notion de projet urbain est portée. L’emploi de l’expression « projet d’urbanisme » oriente en premier lieu notre regard sur la notion de projet, sur la particularité des actions ainsi menées, ce qui est le cas des actions en urbanisme.

4 Boutinet Jean-Pierre, Anthropologie du projet, Paris, Presses universitaires de France, 2005, p. 66-67.

5 Ibid., p. 66.

6 Boutinet Jean-Pierre, Grammaires des conduites à projet, Paris, Presses universitaires de France, 2010, p. 11.

7 Boutinet J.-P., Anthropologie du projet…, op. cit., p. 277-290.

8 Ibid., p. 279.

9 Choay Françoise, Merlin Pierre (dir.), Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Paris, Presses universitaires de France, 2010, p. XVIII.

10 Boutinet J.-P., Anthropologie du projet…, op. cit., p. 279.

11 Martouzet Denis, Normes et valeurs en aménagement-urbanisme : limites de la rationalité et nécessité de prise en compte du multiniveau, habilitation à diriger les recherches, Bordeaux, université Michel de Montaigne Bordeaux 3, 2002, p. 169-196.

12 Verdier Philippe, Le projet urbain participatif : apprendre à faire la ville avec ses habitants, Gap, Paris, Yves Michel, Adels, 2009, p. 104.

13 Hirsch Bernard, Oublier Cergy… L’invention d’une ville nouvelle. Cergy-Pontoise, 1965-1975, Paris, Presses de l’École nationale des ponts et chaussées, 1990, p. 7.

14 Livet Pierre, Les normes : analyse de la notion, études de textes. Wittgenstein, Leibniz, Kelsen, Aristote, Paris, Armand Colin, 2006.

15 Ibid., p. 35.

16 Ogien Ruwen, La panique Morale, Paris, Bernard Grasset, 2004, p. 239.

17 Dewey John, La formation des valeurs, Paris, La Découverte, 2011, p. 224-225.

18 La révision de nos attentes de valeurs provient de leur confrontation aux faits. Mais il existerait certaines valeurs que Pierre Livet (« Valeurs », Encyclopædia Universalis, 2008, corpus 24, p. 376) qualifie de « valeurs effectives » et « valeurs vraies », qui résisteraient, perdureraient alors que la réalité ne semble pouvoir les satisfaire ou que nos engagements envers d’autres fins nous empêchent également de les satisfaire.

19 Demeulenaere Pierre, « Normativité et rationalité dans l’analyse sociologique de l’action », dans Boudon Raymond, Demeulenaere Pierre et Viale Riccardo (dir.), L’explication des normes sociales, Paris, Presses universitaires de France, 2001, p. 191.

20 Ces trois valeurs ont été identifiées à partir de critères (Jaquet L., Stabilité et instabilité des valeurs…, op. cit., p. 281-310.) établis par itération dans un va-et-vient entre une démarche empirique (connaissance du projet urbain au sein duquel elles sont mobilisées et de son contexte, croisement et analyse des différents matériaux de recherche recueillis) et des réflexions théoriques sous-tendues par un état de l’art sur la notion de valeur, les qualités opérantes des valeurs vis-à-vis de l’action et les caractéristiques propres aux valeurs en urbanisme.

21 L’analyse s’est basée sur le repérage des expressions de valeurs au sein de matériaux de recherche écrits et oraux. Ces matériaux ont été recueillis et étudiés à travers une démarche participative, l’établissement d’un corpus écrit provenant des documents d’archives ou encore « d’actualité » sur et jalonnant la construction du projet Bossut, et une campagne d’entretiens semi-directifs auprès des acteurs du projet.

22 Néanmoins nous pouvons supposer que certaines mobilisations de valeurs n’impliquent pas leurs expressions, repérables ou non. Malgré tout, la connaissance des différentes expressions que peuvent recouvrir les valeurs en situation, celle de l’urbanisme en pratique et, plus précisément, celle du projet Bossut, permet de relever un certain nombre de leurs mobilisations afin d’en dégager la façon dont sont pratiquées les valeurs.

23 En 1999 et 2000, un séminaire sur l’aménagement du plateau Saint-Martin (zone géographique comprenant principalement la caserne Bossut) est organisé par les acteurs de la ville nouvelle avec comme objectif de créer un « lieu d’échange prospectif sur la centralité à Cergy-Pontoise ». Ce séminaire illustre la volonté, exprimée ouvertement à la fin des années 1990, de définir le projet Bossut par la recherche de satisfaction de la valeur de centralité. En 2011, un des acteurs interrogés travaillant sur le projet nous explique que bien que la valeur de centralité soit toujours présente comme valeur dans la construction du projet, elle est mobilisée avec précaution suivant l’expression de la centralité d’agglomération : « C’est un peu un truc… houla ! la centralité d’agglo, vaut mieux pas trop mettre les doigts là-dedans, c’est un peu un sujet glissant. » Un second acteur fait le constat que le débat sur la centralité est apaisé et l’explique du fait que ce débat, bien que latent, est inexistant.

24 Boutinet J.-P., Anthropologie du projet…, op. cit., p. 278.

25 La dimension opérante des valeurs que nous avons dégagée repose sur leur propriété de croyance, de désir et de norme (Jaquet L., Stabilité et instabilité des valeurs…, op. cit., p. 49-78.)

26 Selon Gérald Bronner, il existe trois grandes limites à notre rationalité : des limites culturelles, dimensionnelles et cognitives (Bronner Gérald, L’empire des croyances, Paris, Presses universitaires de France, 2003 ; voir aussi Jaquet L., Stabilité et instabilité des valeurs…, op. cit., p. 59-61).