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    Plan détaillé Texte intégral Le problème du battage des grains à la fin du xviiie siècle « Machine accélératrice pour le battage des grains » et urgences révolutionnaires Molard aîné, expert en battage mécanique De la théorie à la pratique : Molard jeune et la construction des machines à battre sous la Restauration Notes de bas de page Auteur

    Claude Pierre Molard (1759-1837)

    Ce livre est recensé par

    • Benjamin Bothereau, Revue d’histoire du XIXe siècle, mis en ligne le 19 septembre 2023. URL : https://journals.openedition.org/rh19/9071 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rh19.9071
    • Daniel Fischer, Artefact, mis en ligne le 1 juillet 2024. URL : https://journals.openedition.org/artefact/15516 ; DOI : https://doi.org/10.4000/11wuv
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    Table des matières

    2. Les frères Molard et l’introduction des batteuses mécaniques en France (1790-1830)

    François Jarrige

    p. 37-56

    Texte intégral Le problème du battage des grains à la fin du xviiie siècle « Machine accélératrice pour le battage des grains » et urgences révolutionnaires Molard aîné, expert en battage mécanique De la théorie à la pratique : Molard jeune et la construction des machines à battre sous la Restauration Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Le battage désigne l’opération consistant à séparer les grains de leur paille après les récoltes. Pour réaliser cette tâche essentielle, il faut une main-d’œuvre abondante qui travaille en général au moyen d’un fléau, objet composé d’un long manche mince et bien droit, auquel était fixé par une boucle en cuir un battant en bois dur, en chêne ou en châtaignier. Difficile et coûteuse, l’opération du battage au fléau était pourtant essentielle à la qualité et à l’approvisionnement en grains, comme à la vie des travailleurs ruraux. À partir de la fin de xviiie siècle les recherches se multiplient pour proposer des solutions techniques susceptibles d’alléger le travail des ouvriers tout en accélérant cette opération. En France, on attribue souvent à l’agronome Mathieu de Dombasle l’introduction sous la Restauration des premières machines à battre mises au point en Angleterre, lui-même a accrédité cette thèse dans son article sur « l’agriculture moderne » paru en 1824. Il y fait de la machine à battre « l’invention la plus importante des temps modernes1 ». Pour l’agronome, cette machine est déjà en usage en Angleterre depuis fort longtemps, on la trouverait même « dans presque toutes les fermes de quelque étendue », alors qu’en France elle demeurerait presque inexistante et inconnue. Ses avantages sont pourtant jugés décisifs puisqu’elle permet de réduire de « moitié les frais du battage », c’est-à-dire en fin de compte le prix du pain, tout « en affranchissant les hommes du plus pénible et du plus malsain de tous les travaux agricoles2 ».

    2Si Mathieu de Dombasle joua un rôle indéniable dans l’acclimatation en France des nouveaux équipements mécaniques de battage, il fut précédé à l’époque révolutionnaire et impériale par de nombreux débats, projets et expérimentations. Mathieu de Dombasle ne cite pas les frères Molard parmi les acteurs de cette introduction, ils jouèrent pourtant un rôle important dans l’émulation technique autour du battage à l’aube du xixe siècle. Claude Pierre Molard et son frère cadet Emmanuel François s’intéressaient en effet de près aux questions agricoles comme l’a rappelé Laurent Brassart3. À ce titre, ils contribuèrent activement à la réflexion et à la mise au point de nouvelles méthodes mécaniques censées résoudre le problème du battage au moyen d’un équipement accélérant l’opération. Si l’action de Pierre François Molard se limite pour l’essentiel à l’évaluation des projets techniques proposés par les mécaniciens sous la Révolution et l’Empire, et dans l’importation et la démonstration en France de méthodes expérimentées à l’étranger, son frère cadet fut quant à lui constructeur de machines à battre qu’il diffusa dans les campagnes. En suivant l’implication des deux frères dans la question du battage des céréales entre la fin du xviiie siècle et la Restauration, il s’agit d’explorer le rôle de ces techniciens à une époque où les crises de subsistance demeurent permanentes et au centre des enjeux de la cité, et alors que les progrès techniques apparaissent de plus en plus comme une réponse possible aux désordres sociaux et politiques. Après un bref retour sur la question du battage des grains à la fin du xviiie siècle, nous tenterons de suivre l’action des frères Molard dans l’examen, la mise au point, la construction et la diffusion des premiers équipements de ce type en France.

    Le problème du battage des grains à la fin du xviiie siècle

    3Lorsque Claude Pierre Molard et son frère Molard jeune naissent, respectivement en 1759 et 1772, la question du battage des céréales est déjà devenue un enjeu important. Même si les pratiques, l’organisation du travail, le calendrier des opérations comme la difficulté de la tâche varient selon les territoires, le projet d’y substituer une mécanique émerge peu à peu au cours du xviiie siècle. C’est d’abord dans l’espace germanique que semblent apparaître les premières recherches sur la mécanisation du battage ; selon Georges Comet dès 1710 dans le Brunswick aurait existé une machina trituratoria, moulin à battre hydraulique grâce auquel trois ouvriers effectuaient le travail de 18 batteurs. En 1769 est signalée également en Basse-Autriche une batteuse à main actionnée par deux ouvriers au moyen d’une manivelle4. Pourtant, c’est surtout au Royaume-Uni dans la seconde moitié du xviiie siècle que sont développés les premiers modèles pratiques. La batteuse est l’une des premières machines agricoles, sa fabrication complexe dépassait les compétences du forgeron local, son prix était bien plus élevé que les outils agricoles simples, et elle ne pouvait être avantageuse que dans les régions manquant de bras. C’est pourquoi ces grandes machines se répandent d’abord dans les régions de grande propriété foncière affrontant un manque de main-d’œuvre, comme en Angleterre et aux États-Unis, bien plus qu’en France où perdure plus longtemps une petite propriété paysanne dynamique et une main-d’œuvre pléthorique. Pourtant, en France aussi, la fin du xviiie siècle est marquée par un vaste débat sur la question du battage au fléau, dont les insuffisances sont de plus en plus dénoncées.

    4Au xviiie siècle, le battage intéressait encore assez peu les agronomes car il s’agissait d’une opération jugée frustre. Plus qu’une question technique ou mécanique, le battage relevait alors d’enjeux sociaux et politiques, car il constituait un maillon faible dans la série des travaux céréaliers. Le travail long nécessitait un personnel nombreux de salariés, de bénévoles et voisins ou de corvéables. La durée des opérations en faisait par ailleurs un moment risqué, on craint les chapardages sur l’aire de battage, la mauvaise qualité de l’opération qui risque de gâter la récolte. Le battage était moins une question technique qu’un problème de gestion et de surveillance d’une main-d’œuvre perçue avec méfiance et qu’il fallait contrôler de près pour éviter les vols et la négligence. Le battage s’inscrit par ailleurs dans le calendrier agricole et dans celui de la commercialisation des grains. Il appartient à des systèmes agraires et sociaux et des modes de stockage très variés. Localement, chaque système agraire régional est caractérisé par un complexe social, économique, et technique différent, dépendant du milieu et de ses ressources. Deux méthodes principales dominaient néanmoins à la fin du xviiie siècle : le travail manuel au fléau sur une aire à l’extérieur ou dans une grange ; et la méthode méridionale du foulage au pied au moyen de bêtes piétinant les récoltes, plus rare et surtout présente dans le sud du pays5.

    5Dans son étude classique sur la question des céréales au début de la décennie révolutionnaire, Octave Festy a bien décrit les enjeux et problèmes que soulevait le battage : la rareté des bras était partout une source d’inquiétudes pour les autorités des départements, l’incompétence des batteurs accusés de gâcher la récolte ne cesse d’être répétée dans les nombreux rapports officiels rédigés sur le sujet6. Il faut évidemment ajouter les coûts élevés de l’opération qui contribuaient à renchérir le prix des céréales. Or, toutes ces difficultés se voient encore accentuées durant les décennies révolutionnaire et impériale : la mobilisation des bras pour l’armée et l’emprisonnement de nombreux cultivateurs aggravent le problème déjà présent sous l’Ancien Régime et font craindre des pertes alors que la demande augmente et que les crises de subsistance se répètent.

    6Molard s’intéressait depuis longtemps aux questions agricoles. Dès 1790, à la demande du gouvernement, il avait étudié par exemple les procédés de rouissage du chanvre et il se rend à Amiens pour enquêter ; entre 1788 et 1791 il est également attaché à l’atelier comparatif des machines à coton où sont testés les premiers moteurs extérieurs autres qu’humains, c’est à cette occasion qu’il rencontre des techniciens et constructeurs anglais présents en France comme les Milne, dont il s’efforce ensuite de simplifier et adapter les procédés. Après cette période de formation il est nommé en 1793 membre de la Commission temporaire des arts, et en 1800 il devient le premier directeur du Conservatoire national des arts et métiers, poste qu’il occupe jusqu’en 1817. À travers ces diverses fonctions et positions il croise à de nombreuses reprises la question du battage des grains. Il participe d’ailleurs à l’Annuaire du cultivateur publié en l’an II et diffusé sur ordre de la convention, même si l’on ne sait pas exactement quelle notice il a rédigée. Dans ce texte, la question du battage est évoquée à l’entrée « Fléau » : dès cette époque l’idée de mécaniser cette opération apparaît comme un horizon possible, même si elle demeure encore très floue et incertaine :

    Fléau. Instrument destiné à séparer par le battage, les semences de leur paille. Il est composé de deux bâtons inégaux, unis par un anneau flexible de cuir gras, ou de peau d’anguille qui est préférable. L’un des bâtons, plus court, plus gros, doit être de bois dur, pesant (cormier), c’est la masse ou verge ; l’autre plus long, fait le manche qui doit être d’un bois léger (sapin, sureau). La mécanique offre ses ressources pour séparer le grain de sa paille et l’obtenir très net, avec économie de force et de temps. On emploie encore dans le midi les pieds des animaux ; cette méthode est la plus mauvaise de toutes7.

    7Ce court texte pose bien le problème et montre combien dès cette époque la mécanique apparaît comme une réponse et une solution possible pour remédier aux difficultés et à l’insuffisance des méthodes en vigueur. Mais à cette date, les ressources qu’offre la mécanique semblent encore bien limitées, on ne trouve aucune précision sur le fonctionnement de cette machine qui relève encore d’un horizon lointain. Au cours des années 1790-1800, les expériences et les essais se multiplient pour résoudre le problème du battage.

    « Machine accélératrice pour le battage des grains » et urgences révolutionnaires

    8L’idée d’utiliser des équipements mécaniques qui suppléeraient les batteurs au fléau naît au xviiie siècle mais elle met longtemps à être réalisée en pratique tant l’opération est complexe et difficile à mécaniser. Les gestes du batteur étaient en effet le fruit d’un long apprentissage collectif, et cette activité offrait des ressources importantes pour les travailleurs pauvres des campagnes. Le battage s’étalait souvent pendant plusieurs mois après les récoltes ; dans les régions septentrionales d’Europe les céréales étaient stockées et conservées en épies dans les granges et battues seulement plusieurs mois après la récolte, c’est-à-dire durant l’hiver, lorsqu’il y a moins de tâches agricoles.

    9La mécanisation du battage s’étend d’abord outre-Manche, où les frères Molard iront largement puiser des informations. L’existence de grands domaines fonciers et la pénurie précoce de main-d’œuvre poussent les grandes fermes britanniques à s’équiper8. Outre-Manche, les premières « thrashing mills » d’un usage pratique sont expérimentées en Écosse sous la forme des modèles mis au point par Andrew Meikle. L’histoire de ces premières mécaniques et de leur mise au point a été retracée en détail dès le début du xixe siècle par Robert Brown, fermier dans le comté d’Haddington, ou plus tard par Robert Ritchie, ingénieur civil, membre de la Royal Scottish Society of Art9. Ce dernier écrit que « d’une manière générale, en Grande-Bretagne, avant 1787, le fléau était le seul instrument utilisé pour séparer le grain de la tige. Mais avant cette période, plusieurs tentatives avaient déjà été faites pour construire des machines capables d’effectuer ces tâches difficiles10. » En 1776, le meunier Andrew Meikle, s’inspirant de divers essais antérieurs, met ainsi au point une mécanique actionnée par un moulin hydraulique. Il perfectionne la machine et son agencement, notamment en réussissant à installer des rouleaux d’alimentation11. En 1796, John Steedman met au point une machine à battre qui peut être actionnée par des chevaux, par l’eau, le vent ou la vapeur. Mais le modèle décrit était actionné par des chevaux. La question du meilleur moteur revient alors fréquemment, et pour les premiers essais on privilégie les manèges plus faciles à transporter et moins coûteux que les autres moteurs : cette batteuse pouvait réaliser le travail de 12 à 14 hommes. Pourtant cette machine, comme les précédentes, passe difficilement le stade de l’usage pratique et elle semble avoir été peu diffusée. Au début du xixe siècle, les machines restent peu adaptées aux fermes plus petites.

    10Dans cette première phase de mécanisation, le grain passait entre les rouleaux, et était ensuite agité par des batteurs dans un tambour rotatif. Les équipements fixes de ce type étaient généralement mus par la force hydraulique ou par des manèges de chevaux, ils coûtaient environ 100 livres, et souvent bien plus. Ces premières mécaniques se répandent d’abord dans les Lowlands d’Écosse. En Angleterre, le premier brevet pour une batteuse mécanique est pris en 1795 ; vers 1800 leur usage semble essentiellement concentré dans le nord du pays alors même que l’épicentre de la « Révolution agricole » anglaise est plutôt situé en East-Anglia. La famine de main-d’œuvre consécutive aux guerres napoléoniennes accroît ensuite leur diffusion. Des machines portatives moins onéreuses à utiliser sont également mises au point. Jusque dans les années 1830 ces équipements se répandent outre-Manche, on les trouve moins fréquemment dans le sud du pays. Même si elle est plus rapide qu’en France, leur diffusion est toutefois assez lente, surtout dans les plus petites fermes où leur coût demeure trop élevé et où de nombreux doutes subsistent à leur égard, doutes qui s’expriment de façon spectaculaire en 1830 lors des vastes émeutes dites de Swing qui prennent souvent pour cible ces machines à battre dans les comtés ruraux du sud du pays12.

    11En France les projets et expérimentations se multiplient surtout à partir de l’an II alors que le pays est traversé par d’innombrables émeutes de subsistances. La Convention lance alors un concours pour résoudre le problème du battage13. La commission d’instruction publique propose de lutter contre « l’esprit de routine et les préjugés » des campagnes en stimulant la recherche d’« une machine accélératrice pour le battage des grains, qui supploieroit aux bras que la patrie a employés à sa défense ». Les mécaniques à battre sont justifiées au nom des besoins de la patrie en guerre et de la résorption des crises de subsistance à répétition14. Comme l’écrit en effet Cynthia Bouton « de l’automne 1791 au printemps 1793, la France ne fut plus qu’une immense émeute de subsistance15 ». C’est dans ce contexte de vives agitations socio-politiques qu’émerge le projet de mécaniser le battage, présenté comme une réponse possible aux troubles politiques, au manque de bras et au coût élevé des céréales.

    12Même si au xixe siècle les observateurs ne cessent d’insister sur la précocité britannique dans ce domaine, des expérimentations du même type se multiplient en France à l’époque révolutionnaire, elles rencontrent semble-t-il moins de succès. On peut mentionner notamment les expérimentations d’un nommé Antoine Michel Brun menées à la veille de la Révolution. En l’an III, il écrit à la Convention nationale pour rappeler l’antériorité de sa mécanique, et les essais infructueux qu’il a conduits en 1788. Il espère que le contexte sera désormais plus favorable à ses machines :

    À la fin de 1788 j’inventais une machine à battre les grains, je l’envoiai à la ferme de Grenelle pour en faire l’expérience à l’époque du 14 juillet 1789. Les batteurs en grange des environs surent la réclamer et la brisèrent. J’en ai fait faire une autre dont j’ai obtenu un brevet d’invention. Je l’ai proposé par souscription aux corps administratifs de chaque département. J’ai eu lieu de croire que les avantages de cette invention devenue plus précieuse par le manque de bras dans les campagnes engageraient les administrateurs de chaque département à accepter les conditions que je leur offre16.

    13Nous n’avons pas trouvé de trace de ce soulèvement contre la batteuse le 14 juillet 1789, il peut s’agir d’une exagération pour susciter le soutien des autorités dans le contexte de l’an II, alors que les débats sur le battage s’intensifient. L’auteur utilise la figure de l’ouvrier batteur hostile à l’innovateur pour mieux obtenir l’appui des autorités17.

    14Le concours pour la « machine accélératrice » du battage est rapidement suivi d’effets et divers projets de mécaniques pour battre les récoltes sont envoyés aux autorités. La batteuse peut prendre des formes diverses et plusieurs trajectoires techniques sont en concurrence entre lesquelles les techniciens comme Molard doivent arbitrer à la suite d’essais et d’expertises. Les premiers équipements visaient par exemple simplement à automatiser le mouvement des fléaux en calquant le geste du batteur, à l’image du « battangrange » proposé par Moyria de Béthune actionné par une simple manivelle (fig. 1).

    Fig. 1. « Battangrange » de Moyria

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    15Mais cette méthode fait rapidement l’objet de critiques car les fléaux cassent souvent et le travail est de piètre qualité. Les débats portent surtout sur la forme de la machine et le type de moteur à employer pour l’actionner. La solution technique qui s’impose peu à peu consiste dans l’emploi de batteur cylindrique tournant, entouré d’une grille fixe appelée le contre-batteur (fig. 2). Le passage des fléaux mus par une énergie extérieure au principe du batteur cylindrique inaugure une nouvelle lignée technique. La récolte est engagée entre les deux pièces et sous l’effet du mouvement, les épis sont brisés et les grains ainsi qu’une partie de débris, balles et poussières, passent à travers le contre-batteur. La vitesse de rotation du batteur ainsi que l’écartement entre batteur et contre-batteur sont réglés en fonction de l’état et des caractéristiques de la récolte. La paille après avoir traversé le batteur passe sur des secoueurs qui permettent de récupérer les grains. Le mélange de grains et de balles est ensuite soumis à des opérations de nettoyage : criblage, vannage, puis un élévateur remonte les grains nettoyés vers le haut de la machine avant qu’ils subissent un second nettoyage avant de passer à l’ensachage.

    Fig. 2. Principe du batteur cylindrique, « A thrashing machine erected at Chillingham », dans Robert Brown, Treatise on Rural Affairs, Édimbourg, 1811, vol. 2, appendix.

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    16Comme membre des diverses instances officielles d’évaluation des inventions – au sein du Comité temporaire des arts, du Bureau consultatif des arts et manufactures, du Comité des arts mécaniques de la Société d’encouragement et enfin comme directeur du Conservatoire des arts et métiers – Molard est confronté à ce problème technique, il devient même un acteur clé des débats sur la meilleure machine à employer.

    Molard aîné, expert en battage mécanique

    17Sous le Directoire, le Consulat et l’Empire, Molard réalise de nombreux rapports sur les cheminements de l’invention. Il est en effet fréquemment désigné comme commissaire expert en battage, et il rédige de nombreux avis sur ce sujet sous l’Empire. En l’an vii, il avait déjà fait exécuter des modèles de machines agricoles en vue de la fête de l’agriculture organisée à Paris18. Au-delà de cette activité d’examen des inventions il fait également installer des équipements au Conservatoire des arts et métiers pour l’instruction des cultivateurs et l’émulation des inventeurs. Le plus ancien rapport rédigé par Molard sur les batteuses que nous ayons retrouvé date de 1803, il en rédige ensuite presque tous les ans. Dans ces rapports d’expertise, Molard s’attache surtout à démontrer les fausses promesses des mécaniciens qui cherchent à obtenir des soutiens publics en faveur de leurs inventions.

    18En 1803, Molard examine ainsi la machine du sieur Drivet, un ancien militaire : il s’agit d’un modèle de machine à battre les grains composé d’un manège de chevaux « qui imprime le mouvement à dix fléaux construit chacun d’une seule pièce de bois d’environ deux mètres de longueur ». Molard propose une description longue et minutieuse qui remet en cause l’utilité de l’invention19. Son analyse démontre d’abord, à partir de considérations techniques, les insuffisances du projet : il conteste en particulier la forme des fléaux, leur manque d’élasticité du fait de l’emploi de cordes, mais il prend en compte aussi les conditions concrètes du travail qui serait selon lui « trop pénibles ». Outre sa faible maniabilité, Molard conteste aussi l’originalité de l’invention en rappelant les expérimentations menées à l’étranger qu’il connait bien.

    19Plutôt que la Grande-Bretagne, ce sont ici les États-Unis qui servent de référence, notamment avec le modèle de machine mise au point par James Wardrop en Virginie. Molard cite l’ouvrage d’Oliver Evans. Evans est l’inventeur à la fin du xviiie siècle de nouveaux procédés de meunerie – et même d’un système automatisé présenté parfois comme la première usine utilisant une chaîne de production – ainsi que d’une machine à vapeur haute pression. Il est l’auteur d’un guide du meunier publié en 1792 et qui ne sera traduit qu’en 1830 en France ; Molard connaissait donc parfaitement les débats et publications qui avaient alors lieu aux États-Unis20. Il annonce également un rapport spécial sur le sujet du battage, dont je n’ai pas trouvé trace. L’année suivante en l’an xii (1804), Molard expertise plusieurs autres modèles testés en France par la société d’agriculture de Toulouse et divers particuliers : aucun ne trouve grâce à ses yeux21. Sous l’Empire, chaque année de nouveaux modèles sont proposés et évalués, et les rapports du bureau consultatif des arts et manufactures sur ces engins portent généralement la signature de Molard22.

    20Sous la Restauration, Molard reste actif et continue de participer à l’évaluation de divers projets et modèles de batteuses soumis aux autorités, à l’image de celle du sieur Mondellins, à Milan, qui fait passer « par l’entremise de l’ambassadeur de France à Turin le modèle d’une machine de son invention, destinée à battre le bled (1824) ». Molard fait partie des membres du comité consultatif des arts et manufactures qui donne son avis sur cette machine en juin 1824. Une fois de plus, les rapporteurs observent qu’il n’y a rien de nouveau et qu’il s’agit de l’ancien rouleau à battre tiré par des animaux, déjà connu dans l’Antiquité23.

    21Dans ses rapports, Molard examine à la fois l’originalité et l’efficacité des équipements mais aussi la meilleure façon de les faire fonctionner. La question des moteurs pour actionner ces mécaniques retient particulièrement son attention. Comment actionner ces machines ? Au moyen de manivelles et grâce à la force des bras, ou au moyen de roues hydrauliques, de moulins à vent ou encore de manèges de chevaux ? La construction et le moteur sont essentiels pour permettre la mise en pratique des projets théoriques. À côté des nouveaux moteurs puissants comme les pompes à feu promues par les frères Périer, Molard s’intéresse d’abord au perfectionnement des moteurs anciens et éprouvés comme ceux utilisant la force animale. Pour les savants, ingénieurs et techniciens du début du xixe siècle en effet, les manèges utilisant la force des bêtes étaient loin d’être des équipements périmés et les moulins à bras et à manèges n’étaient pas jugés nécessairement inférieurs aux roues hydrauliques ou aux équipements à vent et à feu. L’Italien Roggero, chef de l’atelier de réparation des grosses machines au Cnam, était d’ailleurs lui-même l’auteur d’une pompe hydraulique actionnée par un manège, établie en 1802 près de Parme. Les archives historiques du Conservatoire renferment d’ailleurs des modèles et projets de mécaniques mues par des manèges. En l’an vii, Molard s’était vu confier en tant que membre du Bureau consultatif de l’agriculture auprès du ministère du commerce l’examen des réparations faites par le citoyen Périer à la Pompe à manège de l’école vétérinaire d’Alfort24. Molard a utilisé des moteurs à manèges pour actionner d’autres mécaniques que les batteuses : ainsi il fait construire et importe aussi d’Angleterre l’idée d’une machine pour la « fabrication mécaniques des briques, tuiles, corniches, etc… en terre cuite » qui était actionnée par un manège25.

    22Outre son activité d’expertise, Molard participe également à l’émulation technique en acquérant et en exposant des modèles de machines. Institution dédiée à l’émulation et à la diffusion des innovations utile, le Conservatoire des arts et métiers ne tarde pas à accueillir ces machines. Comme le remarque Alain Mercier, on « ne dira jamais trop que le génie rural constitua l’un des principaux pôles d’intérêt du Conservatoire dès les origines et bien au-delà de la Restauration. C’est en ce sens que les collections du cnam contiennent un extraordinaire ensemble d’objets et de dessins liés aux progrès de l’agriculture26. » De nombreuses machines agricoles sont en effet accueillies au Conservatoire. Dans le rapport déjà cité de 1803 Molard évoque ainsi l’entrée d’une machine à battre qui avait été expérimentée au domaine de Sceaux. En 1811, il précise que la « machine à battre le blé de M. Grossin », « composée de douze ou d’un plus grand nombre de fléaux en forme de pilons qu’on élève alternativement au moyen d’un tambour armé de cames... », et qui a été reçue par la société d’agriculture de la Seine, est déposée au Conservatoire27.

    23Les descriptions des machines mentionnent d’ailleurs l’existence de batteuses installées dans les bâtiments du Conservatoire. D’après le témoignage du chroniqueur et voyageur anglais John Scot, faisant le récit de sa visite en 1814, « plusieurs machines à battre le blé conçues essentiellement pour une meilleure synchronisation des fléaux, mais qui ne résolvent en fait nullement cette question. Quant à la batteuse écossaise, elle semble totalement inconnue en France28. » Le voyageur anglais insiste sur le retard de la France. Pourtant les modèles et plans de machines à battre les blés sont nombreux, témoignant de l’intérêt pour les expériences britanniques et nord-américaines. Parmi les collections de dessins de machines, on trouve « deux feuilles représentant une machine à battre le blé, dans le genre de la machine américaine » ; « deux feuilles représentant la machine à égrener le blé de M. Delessert, construite sur les principes de celle de Meikle, en usage en Angleterre, et surtout en Écosse ». La salle consacrée à l’agriculture contient d’autres modèles de machines à battre. Dans le catalogue raisonné des collections du Conservatoire royal des arts et métiers, publié en 1818 par Gérard Joseph Christian (1778-1832), directeur de l’institution de 1817 à 1831, on compte une quinzaine de modèles divers29.

    24Ces modèles de batteuse exposés au Conservatoire des arts et métiers furent pour la plupart introduits par Molard aîné. Mais dès 1816, en raison de problèmes de santé, Molard abandonne son poste et démissionne du Cnam, laissant la place à son frère cadet qui devient directeur adjoint auprès de Christian. Molard jeune s’intéresse lui-aussi à la construction des machines agricoles. Sous la Restauration il se tourne vers l’expérimentation et ouvre une fabrique de machines agricole, passant du rôle d’expert à celui de fabricant-constructeur.

    De la théorie à la pratique : Molard jeune et la construction des machines à battre sous la Restauration

    25À partir de 1816, Molard jeune reprend l’œuvre et l’action de son frère ainé en matière de promotion des machines agricoles, dont il est l’un des premiers en France à développer la construction. Ancien élève de l’École polytechnique, François Emmanuel Molard était également membre du comité consultatif des arts et Manufactures. Les relations entre les deux frères étaient sans doute étroites, l’aîné soutient d’ailleurs le jeune dans sa candidature au Cnam. Au début de la Restauration, Molard jeune crée un atelier de construction de machines et rapporte d’Angleterre de nouveaux modèles de batteuses30. À partir de 1818, il développe en France la construction de matériels agricoles et, en 1819, le gouvernement le missionne pour aller observer l’industrie anglaise en vue de l’exposition de l’industrie. La mission de Molard jeune en Angleterre a déjà été évoquée : le gouvernement veut que les produits de l’industrie anglaise soient présentés lors de l’exposition de 1819 pour favoriser l’imitation et l’émulation, mais cette présentation des produits anglais nécessite au préalable une enquête de terrain, et le ministre accorde 25 000 francs à Molard jeune pour mener cette mission, somme portée ensuite à 35 000 francs31. En mars 1819, Molard se rend donc en Angleterre. Il prend un nom d’emprunt pour voyager discrètement. Il visite l’Arsenal royal de Woolwich, manufacture d’armement située au sud-est de Londres, Birmingham où l’on fabrique les canons de petites armes à feu, mais aussi maints ateliers où il recueille outils et procédés. Marie-Sophie Corcy et Liliane Hilaire-Pérez ont montré que la collecte de Molard jeune répondait aux orientations définies par le président du conseil de perfectionnement. Peu portée sur les lourdes techniques industrielles, ce sont d’abord les produits et biens de consommation qui retiennent son attention, Molard est d’abord intéressé par l’« économie de la variété et de la qualité, celle des gammes d’articles soignés, brillants et bon marché, portés par un niveau élevé d’habileté artisanale », même si le matériel qu’il collecte n’arrive pas à l’heure pour l’exposition inaugurée à Paris le 25 août 181932.

    26Lors de son voyage, Molard s’intéresse aussi aux équipements agricoles perfectionnés utilisés outre-Manche. À son retour en 1820, il traduit d’ailleurs le Système d’agriculture de Thomas William Coke qui contient notamment la description d’un nouveau système de battage à manège33 (fig. 3). Il a visité cette ferme modèle qu’il présente au public français comme une expérience remarquable. Dans sa brochure il décrit en détail les origines et les premiers pas du battage mécanique et rappelle l’action de son frère ainé dans ce transfert technique. En 1824, un rapport du comité consultatif explique d’ailleurs que « l’importation des machines à battre le blé en France est due à M. Molard ainé et jeune34 ».

    Fig. 3. Dessin de Molard du système de battage à manège employé par Thomas William Coke, dans Edward Rigby, Système d’agriculture, suivi par M. Coke sur sa propriété d’Holkham, traduit de l’anglais avec addition des dessins et des descriptions des instruments extraordinaires dont on fait usage dans cette grande exploitation, par F. E. Molard, Paris, Huzard & Mongie, 1820 [BnF, Gallica].

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    27Dans ses ateliers parisiens, Molard jeune construit et expose divers modèles de charrues et de machines à battre pour lesquelles il obtient plusieurs récompenses. Il fabrique notamment un « manège de campagne », qui peut être « posé presque sans frais dans tous les lieux où le besoin d’une force quelconque se fait sentir : au milieu d’une grange pour battre le blé, sur les bords d’une rivière pour l’irrigation des prés, etc. », explique par exemple le dessinateur Le Blanc qui l’a côtoyé de près. Il ajoute que « son prix bien inférieur à celui des manèges fixes et couverts, le rend précieux pour l’agriculture, surtout si l’on considère qu’on a toujours dans une exploitation rurale des bêtes de trait disponibles et qu’on peut utiliser de cette manière »35. Lors de l’exposition de l’industrie de 1823, c’est désormais Jean-Baptiste Molard, dit Molard neveu pour le distinguer des deux frères, qui semble en être le directeur ; il reçoit à nouveau une médaille d’argent, alors que Molard aîné fait partie du jury, dessinant un dense réseau de relations36. Dans cet atelier, il construit des machines et moteurs, en 1824 il monte également un moulin à vent37. Mais il fabrique surtout des machines agricoles, d’abord des charrues, puis des batteuses à manège perfectionnées. L’histoire de cet atelier de construction de machines agricoles serait intéressante à creuser : à la suite de Molard « d’autres mécaniciens, qu’on peut dire ses élèves, ont donné de l’extension à ce genre d’industrie en y associant toute espèce d’instruments aratoires ». Molard aurait donc fait école, et le mécanicien Rozé prend d’ailleurs sa succession à la tête de l’atelier38. Sous la Restauration, la presse rend compte des réalisations mécaniques de Molard présenté comme un constructeur habile, pouvant répondre aux demandes des cultivateurs, et il construit plusieurs modèles distincts de batteuses, toutes mues à bras ou à manège :

    M. Molard jeune, fabricant de machines et d’instruments d’agriculture, à Paris, rue Grange-aux-Belles, construit des machines à battre le blé, avec batteur et engrenage en fonte, d’après le système écossais ; une machine portative, qui peut être mise en mouvement par des hommes ou mieux par un cheval, qui bat quatre cents gerbes par jour, coûte 500 fr. Une grande machine, mue par un manège à deux chevaux, battant quatre-vingts gerbes par heure, coûte 1 000 fr. Le manège, avec engrenage en fonte, 1 200 fr. Ces équipages sont parfaitement exécutés39.

    28Ce type de batteuse construit et commercialisé par les Molard à Paris s’inspire des modèles découverts en Angleterre ; Molard jeune et neveu rapportent en effet en 1819 plusieurs exemplaires qu’ils vont ensuite faire construire à Paris dans leur atelier pour répondre à la demande naissante. Dans sa brochure, Molard jeune décrit en détail les origines et les premiers pas du battage mécanique, il rappelle le nom des principaux importateurs en France de la machine écossaise dite de Meikle dont le « succès est confirmé par un usage presque général en Angleterre depuis vingt-cinq ans ». Il cite notamment Delessert qui en fit construire la première ébauche en 1814 ; en 1816 c’est la Société royale d’agriculture de Paris qui importe un modèle de cette machine accompagné de son manège. Ces deux engins sont ensuite déposés au Conservatoire des arts et métiers, dans la galerie d’Agriculture. Molard jeune rappelle aussi le rôle important des « peuples du Nord », notamment les Suédois, par lesquels ont transité nombre de ces machines. Le consul général de Suède en France, M. Haultermann, en a ainsi importé plusieurs, « dont une pour son propre usage, qui travaille depuis 1818 dans une campagne près d’Evreux ». Mais Molard jeune ne manque pas non plus de rappeler le rôle de son aîné : « M. Molard aîné, ancien directeur du Conservatoire des arts, en a fait également venir l’année dernière plusieurs de Suède, qui sont actuellement en pleine activité dans la Beauce et à Châtillon-sur-Seine, chez MM. les maréchaux Gouvion Saint-Cyr et duc de Raguse. » Durant sa retraite, Molard continue de s’occuper de battage, en s’efforçant d’introduire les nouvelles mécaniques dans la pratique. En conclusion, Molard jeune annonce la prochaine généralisation de ces méthodes mécaniques :

    Le succès de cette machine se trouve complètement confirmé, non seulement pour battre le blé, mais encore toutes sortes de céréales. Elle va, devenir indispensable à tout propriétaire ou fermier qui fait valoir une certaine étendue, de terre dans un pays de blé. Il en existe de plusieurs dimensions, et chacun peut, en conséquence, s’en procurer une qui soit proportionnée à son exploitation. Celle que je vais d’écrire, étant mue par une force équivalente à celle de quatre chevaux bat cent vingt gerbes de blé environ par heure40.

    29Mais Molard introduit aussi divers perfectionnements pour favoriser l’utilisation de ces machines en France. Alors que dans le batteur dit suédois, ou machine de Meikle41, « c’est le tambour batteur qui se rapproche du contre-batteur immobile, selon la graine que l’on veut soumettre à l’action de la machine », ce qui pose diverses difficultés. Avec la nouvelle machine de Molard, « l’axe du tambour est, au contraire, immobile, et les deux extrémités du contre-batteur peuvent se rapprocher du batteur d’une quantité égale », permettant donc un battage plus complet et plus uniforme. La machine reste par ailleurs actionnée par un manège de deux chevaux tournant autour d’un axe, comme le montre le schéma ci-dessous42 (fig. 4).

    Fig. 4. « Nouveau modèle de la machine écossaise ou suédoise à battre le blé, par M. Molard, vue du côté des engrenages », Cours complet d’agriculture ou nouveau dictionnaire d’agriculture, Paris, Pourrat frères, 1834, t. 3, p. 210.

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    30Les frères Molard jouèrent un rôle important dans l’introduction des nouvelles méthodes mécaniques de battage des grains, question qui était devenue centrale à l’époque révolutionnaire et impériale. Pourtant, en dépit de leurs promesses et attentes, le battage mécanique est très loin de s’être généralisé en 1830, il demeure très minoritaire en France et se retrouve principalement dans quelques grands domaines agricoles à la pointe de la modernité mécanique. Molard jeune meurt en 1829 et Molard aîné en 1837, avant que ne s’engage réellement la mécanisation du travail des batteurs. L’atelier créé par Molard jeune est ensuite repris et dirigé par un nommé Rozé au cours des années 1830, il continue d’y fabriquer des machines agricoles dont des batteuses. Rozé est ainsi présenté comme le premier à construire des « machines écossaises à battre le grain, construites de manière à ne pas briser la paille. Le procédé consistait à modifier un peu les cylindres alimentaires et à leur présenter la tige de la céréale dans sa longueur en travers au lieu de la leur présenter par l’épi43. » À l’époque, en dépit des hésitations des cultivateurs, le nombre de fabriques d’instruments aratoires augmente à Paris, à l’image du mécanicien Quentin Durand qui en installe une autre à la barrière du Trône où il fabrique diverses machines hache-paille et coupe-racine, ainsi qu’un modèle de machine à battre pour laquelle il reçoit, comme Rozé, une médaille en 183544. Le temps de la commercialisation croissante de ces équipements parvenus à une certaine maturité technique démarre. Molard aîné et jeune ont préparé le terrain à cette première phase du machinisme agricole en s’intéressant de près à cette activité. Ils n’ont cessé de stimuler l’innovation par leurs expertises, par leurs essais pratiques, comme par l’importation de modèles ou la traduction de traités techniques étrangers. Mais dans leur pratique domine aussi la prudence, plutôt que les grandes innovations les plus spectaculaires, ou les moteurs les plus puissants, ils privilégient les équipements simples, à traction animale, les plus utiles aux producteurs des campagnes.

    Notes de bas de page

    1 Christophe Joseph Alexandre Mathieu de Dombasle, « De l’agriculture moderne », Annales agricoles de Roville, ou mélanges d’agriculture, d’économie rurale et de législation agricole, 1re livraison, Paris, Huzard, 1824, p. 39.

    2 L’agronome est surtout connu pour la mise au point de sa charrue perfectionnée, voir Fabien Knittel, Agronomie et innovation. Le cas Mathieu de Dombasle (1777-1843), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2009.

    3 Laurent Brassart, « Les paradoxes de la grandeur technicienne : Claude Pierre Molard au service de la politique agricole de l’Empire (1799-1815) », dans ce volume.

    4 Georges Comet, Le Paysan et son outil. Essai d’histoire technique des céréales (France, viiie-xve siècle), Rome, École Française de Rome, 1992, p. 354-355.

    5 Charles Parain, « Les anciens procédés de battage et de dépiquage en France », dans Outils, ethnies et développement historique, Paris, Éd. Sociales, 1979, p. 17-28.

    6 Octave Festy, L’Agriculture pendant la Révolution française. Les conditions de production et de récolte des céréales, étude d’histoire économique, 1789-1795, Paris, Gallimard, 1947.

    7 Annuaire du cultivateur, pour la troisième année de la République, présenté le 30 Pluviôse de l’An II à la Convention nationale, qui en a décrété l’impression et l’envoi, pour servir aux écoles de la République ; par G. Romme, représentant du peuple. Les citoyens qui ont concouru à ce travail, en communiquant les vérités utiles qu’ils doivent à leur expérience et à leurs méditations sont : Cels, Vilmorin, Thouin, Parmentier, Dubois, Desfontaines, Lamark, Préaudaux, Lefevre, Boutier, Chabert, Flandrin, Gilbert, Daubenton, Richard et Molard, Paris, Imprimerie nationale, 1794-1795, p. 91.

    8 Sur la genèse des premières machines à battre les céréales outre-Manche, voir Eric Hobsbawm et George Rudé, Captain Swing, Londres, Phoenix Press, 1969, p. 359-360 ; Stuart MacDonald, « The progress of early threshing machine », Agricultural History Review, 1975, 23, p. 63-77; N. E. Fox, « The spread of the threshing machine in central southern England », The Agricultural History Review, n° 26-1, 1978, p. 26-28 ; E. J. T. Collins, « The “machinery question” in English agriculture in the nineteenth century », Research in Economic History, 1989, supplement 5, part A, p. 203-217.

    9 Robert Brown, Treatise on Rural Affairs, Edinburg, 1811, vol. 1, section VII : « Of threshing machines », p. 314 et s.; Robert Ritchie, The Farm Engineer; a treatise on Farn machinery, particularly on the application of steam and other motive powers to the thrashing machine, Londres, Blackie and Son, 1849, chap. IV. “History of the invention of the thrashing-machine”, p. 19 et sqq.

    10 Robert Ritchie, The Farm Engineer, op. cit., p. 19 : Texte original : “the first idea of the moderns in substituting machinery for hand labour, was to apply mechanical inventions to work flails, and even at the present day these attempts have not been relinguished. Generally speaking, it may be said that in Britain till 1787, the flail was the only instrument employed for separating corn from straw. But previous to that period, several attempts were made to construct machinery to perform that laborious work”.

    11 Id., The Farm Engineer, op. cit., p. 21.

    12 Eric Hobsbawm et George Rudé, Captain Swing, op. cit., p. 359-360 ; Carl Griffin, The Rural War: Captain Swing and the Politics of Protest, Manchester, Manchester University Press, 2012.

    13 Albert Mathiez, La Vie chère et le mouvement social sous la Terreur, Paris, 1927, réed. 1973, p. 62-63, Georges Rudé, Crowd in History. A Study of Popular Disturbances in France and England, 1730-1848, Londres, 1964, réed. 1985, p. 110-111

    14 Courrier de l’égalité, le 28 messidor, mercredi 16 juillet 1794, p. 212.

    15 Cynthia Bouton, « Les mouvements de subsistance et le problème de l’économie morale sous l’Ancien Régime et la Révolution française », Annales historiques de la Révolution française, n° 319, 2000, p. 71-100.

    16 Arch. nat., F/12/2389 : Le sieur Brun adresse la description d’une machine de son invention pour égrener le bled, et joint différentes pièces relatives, le 19 prairial an II.

    17 Le spectre des bris de machine accompagne les décennies révolutionnaires et impériales, voir François Jarrige, Au temps des « tueuses de bras ». Les bris de machines à l’aube de l’ère industrielle (1780-1860), Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection Carnot, 2009 ; Jeff Horn, The Path not Taken : French Industrialization in the Age of Revolution 1750-1830, Cambridge (Massachusetts), The MIT Press, 2006.

    18 Dominique Margairaz, François de Neufchâteau : biographie intellectuelle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005, p. 470.

    19 Arch. nat., F/12/389, Paris, 25 pluviôse an XI de la république française, Rapport de Molard sur la proposition d’une machine à battre du sieur Drivet, ancien militaire.

    20 Guide du meunier et du constructeur de moulins par Oliver Evans ; avec des additions... [T. P. Jones]. et la Description d’un moulin en gros perfectionné / par C. et O. Evans ; trad. sur la 5e éd. américaine, augm. de notes... par P.-M.-N. Benoît, Paris, 1830.

    21 Arch. nat., F/12/2389, an xii, Agriculture : cinq machines à battre les grains, Haute-Garonne, la société libre d’agriculture à Toulouse.

    22 La plupart sont conservés sous la côte F/12/2389 : Machines agricoles, notamment machines à battre le blé (an II – 1851), mais voir aussi F/12/2198, Machines à battre le blé, moulins à blé. 1749-1865.

    23 Arch. nat., F/12/2389 : Le sieur Mondellins, à Milan, fait passer par l’entremise de l’ambassadeur de France à Turin, le modèle d’une machine de son invention, destinée à battre le bled (1824).

    24 Archives historiques du Cnam, B315 : Paris, an vii de la République française une et indivisible, Le chef de la 4e division des bureaux du ministre de l’Intérieur au citoyen Molard membre de l’institut national et du bureau consultatif d’agriculture.

    25 « Description d’une autre Machine employée en Angleterre pour la fabrication des mêmes produits », Bulletin de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, t. 12, n° 103, janvier 1813, p. 177-179.

    26 Alain Mercier, Le Conservatoire des arts et métiers, des origines à la fin de la restauration (1794-1830), Gand, Édition Snoeck/Le Cnam, p. 350.

    27 Arch. nat., F/12/2389, 8 mai 1811, Grossin, instituteur français, Mont-Tonnerre, description d’une machine à battre le bled.

    28 Alain Mercier, Le Conservatoire des Arts et Métiers, op. cit., p. 363-364.

    29 Gérard-Joseph Christian, Catalogue général des collections du Conservatoire royal des arts et métiers, Paris, Mme Huzard, 1818, p. 17.

    30 Bulletin de la société d’encouragement, 1821.

    31 Sur cette mission, voir Archives Nationales, Arch. nat., F/12/4864 ; Alain Mercier, Le Conservatoire des arts et métiers, op. cit., p. 435.

    32 Marie-Sophie Corcy et Liliane Hilaire-Pérez, « La Salle des produits anglais du Conservatoire des arts et métiers ou la technologie oubliée », Artefact, n° 5, 2017, p. 41-58.

    33 Edward Rigby, Système d’agriculture suivi par M. Coke sur sa propriété d’Holkham, traduit de l’anglais avec addition des dessins et des descriptions des instruments extraordinaires dont on fait usage dans cette grande exploitation, par F. E. Molard, Paris, Huzard & Mongie, 1820.

    34 Avis du « Comité consultatif des arts et manufactures, séance du 13 janvier 1825 », Arch. nat., F/12/2389 : Machines agricoles, notamment machines à battre le blé (an ii – 1851).

    35 Recueil des machines, instruments et appareils qui servent à l’économie rurale, par Le Blanc, dessinateur-graveur du Conservatoire royal des arts et métiers, Paris, l’auteur, 1826, pl. 61.

    36 Rapport du Jury Central sur les Produits de l’Industrie Française : 1823, Paris, Fain et Thunot, 1824, p. 289.

    37 « Notice historique sur les mémoires relatifs aux moulins à vent à ailes verticales, par M. Hachette », Bulletin de la société d’encouragement pour l’industrie nationale, octobre 1824, p. 292.

    38 « Rapport fait par M. Huzard fils, au nom du Comité d’agriculture, sur la fabrique d’instruments aratoires de M. Rosé, rue Grange-aux Belles, n° 15 à Paris », Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, vol. 34, 1835, p. 271.

    39 « Rapport sur une machine à battre les récoltes de céréales ; établie à Trappes, par M. Pluchet », Journal d’agriculture, lettres et arts, rédigé par des membres de la Société d’agriculture et d’émulation du département de l’Ain, Bourg, Imprimerie de P. F- Bottier, 1825, p. 330.

    40 Edward Rigby, Système d’agriculture, op. cit, p. 244 et sqq.

    41 « Cette machine porte le nom de suédoise parce qu’elle a été construite dans les ateliers de Samuel Owen à Stockholm, mais elle ne diffère pas quand à ses principes de la machine écossaise de Meikle en usage dans toute l’Angleterre » précise le dessinateur Le Blanc, qui publie une belle gravure de ce modèle : Recueil des machines, instrumens, op. cit., pl. 19 : « Machine à battre le blé dite suédoise, en usage à Chatillon sur Seine, chez M. le duc de Raguse ».

    42 Cours complet d’agriculture ou nouveau dictionnaire d’agriculture théorique, op. cit., p. 208-209.

    43 Ibid, p. 271-272.

    44 Mémoires d’agriculture, d’économie rurale et domestique, publiés par la société royale et centrale d’agriculture, 1834, p. 190.

    Auteur

    • François Jarrige

      Université de Bourgogne, LIR3S UMR-CNRS 7366

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    1 Christophe Joseph Alexandre Mathieu de Dombasle, « De l’agriculture moderne », Annales agricoles de Roville, ou mélanges d’agriculture, d’économie rurale et de législation agricole, 1re livraison, Paris, Huzard, 1824, p. 39.

    2 L’agronome est surtout connu pour la mise au point de sa charrue perfectionnée, voir Fabien Knittel, Agronomie et innovation. Le cas Mathieu de Dombasle (1777-1843), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2009.

    3 Laurent Brassart, « Les paradoxes de la grandeur technicienne : Claude Pierre Molard au service de la politique agricole de l’Empire (1799-1815) », dans ce volume.

    4 Georges Comet, Le Paysan et son outil. Essai d’histoire technique des céréales (France, viiie-xve siècle), Rome, École Française de Rome, 1992, p. 354-355.

    5 Charles Parain, « Les anciens procédés de battage et de dépiquage en France », dans Outils, ethnies et développement historique, Paris, Éd. Sociales, 1979, p. 17-28.

    6 Octave Festy, L’Agriculture pendant la Révolution française. Les conditions de production et de récolte des céréales, étude d’histoire économique, 1789-1795, Paris, Gallimard, 1947.

    7 Annuaire du cultivateur, pour la troisième année de la République, présenté le 30 Pluviôse de l’An II à la Convention nationale, qui en a décrété l’impression et l’envoi, pour servir aux écoles de la République ; par G. Romme, représentant du peuple. Les citoyens qui ont concouru à ce travail, en communiquant les vérités utiles qu’ils doivent à leur expérience et à leurs méditations sont : Cels, Vilmorin, Thouin, Parmentier, Dubois, Desfontaines, Lamark, Préaudaux, Lefevre, Boutier, Chabert, Flandrin, Gilbert, Daubenton, Richard et Molard, Paris, Imprimerie nationale, 1794-1795, p. 91.

    8 Sur la genèse des premières machines à battre les céréales outre-Manche, voir Eric Hobsbawm et George Rudé, Captain Swing, Londres, Phoenix Press, 1969, p. 359-360 ; Stuart MacDonald, « The progress of early threshing machine », Agricultural History Review, 1975, 23, p. 63-77; N. E. Fox, « The spread of the threshing machine in central southern England », The Agricultural History Review, n° 26-1, 1978, p. 26-28 ; E. J. T. Collins, « The “machinery question” in English agriculture in the nineteenth century », Research in Economic History, 1989, supplement 5, part A, p. 203-217.

    9 Robert Brown, Treatise on Rural Affairs, Edinburg, 1811, vol. 1, section VII : « Of threshing machines », p. 314 et s.; Robert Ritchie, The Farm Engineer; a treatise on Farn machinery, particularly on the application of steam and other motive powers to the thrashing machine, Londres, Blackie and Son, 1849, chap. IV. “History of the invention of the thrashing-machine”, p. 19 et sqq.

    10 Robert Ritchie, The Farm Engineer, op. cit., p. 19 : Texte original : “the first idea of the moderns in substituting machinery for hand labour, was to apply mechanical inventions to work flails, and even at the present day these attempts have not been relinguished. Generally speaking, it may be said that in Britain till 1787, the flail was the only instrument employed for separating corn from straw. But previous to that period, several attempts were made to construct machinery to perform that laborious work”.

    11 Id., The Farm Engineer, op. cit., p. 21.

    12 Eric Hobsbawm et George Rudé, Captain Swing, op. cit., p. 359-360 ; Carl Griffin, The Rural War: Captain Swing and the Politics of Protest, Manchester, Manchester University Press, 2012.

    13 Albert Mathiez, La Vie chère et le mouvement social sous la Terreur, Paris, 1927, réed. 1973, p. 62-63, Georges Rudé, Crowd in History. A Study of Popular Disturbances in France and England, 1730-1848, Londres, 1964, réed. 1985, p. 110-111

    14 Courrier de l’égalité, le 28 messidor, mercredi 16 juillet 1794, p. 212.

    15 Cynthia Bouton, « Les mouvements de subsistance et le problème de l’économie morale sous l’Ancien Régime et la Révolution française », Annales historiques de la Révolution française, n° 319, 2000, p. 71-100.

    16 Arch. nat., F/12/2389 : Le sieur Brun adresse la description d’une machine de son invention pour égrener le bled, et joint différentes pièces relatives, le 19 prairial an II.

    17 Le spectre des bris de machine accompagne les décennies révolutionnaires et impériales, voir François Jarrige, Au temps des « tueuses de bras ». Les bris de machines à l’aube de l’ère industrielle (1780-1860), Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection Carnot, 2009 ; Jeff Horn, The Path not Taken : French Industrialization in the Age of Revolution 1750-1830, Cambridge (Massachusetts), The MIT Press, 2006.

    18 Dominique Margairaz, François de Neufchâteau : biographie intellectuelle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005, p. 470.

    19 Arch. nat., F/12/389, Paris, 25 pluviôse an XI de la république française, Rapport de Molard sur la proposition d’une machine à battre du sieur Drivet, ancien militaire.

    20 Guide du meunier et du constructeur de moulins par Oliver Evans ; avec des additions... [T. P. Jones]. et la Description d’un moulin en gros perfectionné / par C. et O. Evans ; trad. sur la 5e éd. américaine, augm. de notes... par P.-M.-N. Benoît, Paris, 1830.

    21 Arch. nat., F/12/2389, an xii, Agriculture : cinq machines à battre les grains, Haute-Garonne, la société libre d’agriculture à Toulouse.

    22 La plupart sont conservés sous la côte F/12/2389 : Machines agricoles, notamment machines à battre le blé (an II – 1851), mais voir aussi F/12/2198, Machines à battre le blé, moulins à blé. 1749-1865.

    23 Arch. nat., F/12/2389 : Le sieur Mondellins, à Milan, fait passer par l’entremise de l’ambassadeur de France à Turin, le modèle d’une machine de son invention, destinée à battre le bled (1824).

    24 Archives historiques du Cnam, B315 : Paris, an vii de la République française une et indivisible, Le chef de la 4e division des bureaux du ministre de l’Intérieur au citoyen Molard membre de l’institut national et du bureau consultatif d’agriculture.

    25 « Description d’une autre Machine employée en Angleterre pour la fabrication des mêmes produits », Bulletin de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, t. 12, n° 103, janvier 1813, p. 177-179.

    26 Alain Mercier, Le Conservatoire des arts et métiers, des origines à la fin de la restauration (1794-1830), Gand, Édition Snoeck/Le Cnam, p. 350.

    27 Arch. nat., F/12/2389, 8 mai 1811, Grossin, instituteur français, Mont-Tonnerre, description d’une machine à battre le bled.

    28 Alain Mercier, Le Conservatoire des Arts et Métiers, op. cit., p. 363-364.

    29 Gérard-Joseph Christian, Catalogue général des collections du Conservatoire royal des arts et métiers, Paris, Mme Huzard, 1818, p. 17.

    30 Bulletin de la société d’encouragement, 1821.

    31 Sur cette mission, voir Archives Nationales, Arch. nat., F/12/4864 ; Alain Mercier, Le Conservatoire des arts et métiers, op. cit., p. 435.

    32 Marie-Sophie Corcy et Liliane Hilaire-Pérez, « La Salle des produits anglais du Conservatoire des arts et métiers ou la technologie oubliée », Artefact, n° 5, 2017, p. 41-58.

    33 Edward Rigby, Système d’agriculture suivi par M. Coke sur sa propriété d’Holkham, traduit de l’anglais avec addition des dessins et des descriptions des instruments extraordinaires dont on fait usage dans cette grande exploitation, par F. E. Molard, Paris, Huzard & Mongie, 1820.

    34 Avis du « Comité consultatif des arts et manufactures, séance du 13 janvier 1825 », Arch. nat., F/12/2389 : Machines agricoles, notamment machines à battre le blé (an ii – 1851).

    35 Recueil des machines, instruments et appareils qui servent à l’économie rurale, par Le Blanc, dessinateur-graveur du Conservatoire royal des arts et métiers, Paris, l’auteur, 1826, pl. 61.

    36 Rapport du Jury Central sur les Produits de l’Industrie Française : 1823, Paris, Fain et Thunot, 1824, p. 289.

    37 « Notice historique sur les mémoires relatifs aux moulins à vent à ailes verticales, par M. Hachette », Bulletin de la société d’encouragement pour l’industrie nationale, octobre 1824, p. 292.

    38 « Rapport fait par M. Huzard fils, au nom du Comité d’agriculture, sur la fabrique d’instruments aratoires de M. Rosé, rue Grange-aux Belles, n° 15 à Paris », Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, vol. 34, 1835, p. 271.

    39 « Rapport sur une machine à battre les récoltes de céréales ; établie à Trappes, par M. Pluchet », Journal d’agriculture, lettres et arts, rédigé par des membres de la Société d’agriculture et d’émulation du département de l’Ain, Bourg, Imprimerie de P. F- Bottier, 1825, p. 330.

    40 Edward Rigby, Système d’agriculture, op. cit, p. 244 et sqq.

    41 « Cette machine porte le nom de suédoise parce qu’elle a été construite dans les ateliers de Samuel Owen à Stockholm, mais elle ne diffère pas quand à ses principes de la machine écossaise de Meikle en usage dans toute l’Angleterre » précise le dessinateur Le Blanc, qui publie une belle gravure de ce modèle : Recueil des machines, instrumens, op. cit., pl. 19 : « Machine à battre le blé dite suédoise, en usage à Chatillon sur Seine, chez M. le duc de Raguse ».

    42 Cours complet d’agriculture ou nouveau dictionnaire d’agriculture théorique, op. cit., p. 208-209.

    43 Ibid, p. 271-272.

    44 Mémoires d’agriculture, d’économie rurale et domestique, publiés par la société royale et centrale d’agriculture, 1834, p. 190.

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    Jarrige, F. (2022). 2. Les frères Molard et l’introduction des batteuses mécaniques en France (1790-1830). In L. Hilaire-Pérez & F. Jarrige (éds.), Claude Pierre Molard (1759-1837) (1‑). Presses universitaires de Franche-Comté. https://doi.org/10.4000/books.pufc.47788
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