Introduction
p. 7-10
Texte intégral
1Fidèle à sa mission pédagogique, cette collection « Didactique » accueille un nouvel ouvrage qui a pour ambition de faire connaître et d’aider. En l’occurrence, il s’agit ici de publier des sources documentaires et de proposer des pistes de recherche.
2Comme le Lexique précédemment publié, ce livre a pour vocation de servir de guide pour promouvoir des investigations historiques sur une période trop peu étudiée1. Il répond aussi aux objectifs fixés de longue date dans un programme de recherches universitaires sur l’histoire la Franche-Comté à l’époque des Habsbourg (1493-1674)2.
3Ce livre s’adresse tout particulièrement aux étudiants en histoire, aux généalogistes, aux chercheurs en histoire régionale, et, au-delà, plus généralement, à celles et ceux qui s’intéressent aux hommes (et parfois aux femmes) ayant marqué l’histoire militaire de la Franche-Comté.
4Au cœur de cet ouvrage se trouve un type de document, trop rarement utilisé, la « montre d’armes », c’est-à-dire le compte rendu de la cérémonie, de la « revue qu’on fait des troupes pour voir si elles sont complètes et pour en régler la marche et le payement » (Dictionnaire dit de Trévoux). Gérard Louis nous présente ces « montres d’armes » en soulignant leur intérêt historique, généalogique, démographique.
5Etant donné que « la grande montre » effectuée en Franche-Comté en 1632 constitue un document d’un intérêt exceptionnel, nous en donnons de larges extraits, notamment ceux concernant les villages du Val de Mièges. Il y a là des milliers de noms et de prénoms, des listes recopiées par Arnold Preneel dans la région de Nozeroy et de Louis Jeandel dans celle de Faverney, dont on imagine bien l’intérêt pour l’histoire sociale de notre région.
6 A partir de ce type de document, nous avons voulu élargir l’observation et proposer l’utilisation d’autres sources documentaires susceptibles de nous informer sur les soldats et les défenseurs du territoire : correspondance, pièces de comptabilité (pour le logement, la nourriture), déclarations, requêtes, etc. Nous avons donc présenté aussi, par exemple, des témoignages de la réticence des populations face à la levée des troupes (par exemple à Luxeuil) ou encore des rôles de contributions pour le logement des soldats (Nozeroy, 1616 et 1638). Cela soulève le problème des répercussions de la présence des contingents militaires dans une petite ville ou un village. Les archives fourmillent aussi de précisions sur cela. A travers les documents choisis et publiés par Arnaud Dochtermann, on mesure l’importance des effectifs militaires dans les villes aux XVIe et XVIIe siècles, une importance numérique que les approches démographiques uniquement fondées sur les registres paroissiaux ne permettent pas toujours de détecter, soit dit au passage.
7On imagine mal aujourd’hui la familiarité que les femmes et les hommes de ces siècles passés ont avec la vie militaire. De Faucogney à Montfleur, de Neublans à Joux, des centaines de châteaux-forts contrôlent les points de passage. Le paysage urbain lui-même est marqué par la défense : pas de ville digne de ce nom sans murailles. En compagnie de Claude Flamand, ingénieur du prince montbéliardais, nous constatons l’état des fortifications d’une ville située à un point stratégique, « véritable verrou de la Porte de Bourgogne » comme le montrent les documents publiés et commentés par Julien Yenny.
8En somme, cet ouvrage collectif rassemble deux séries de contributions ; d’une part des documents bruts, si possible contenant des listes de noms de soldats, et d’autre part des notices didactiques, qui montrent l’intérêt des documents publiés et guident le lecteur pour l’exploitation historique ou généalogique3.
9A travers cette approche multiforme, il s’agit de saisir des personnages familiers et pourtant méconnus : le soldat, le défenseur ou encore le « retrahant » que nous présente André Bouvard, en prenant appui sur un document concernant les habitants de Clairvaux, notamment. « Les Franc-Comtois sont guerriers vaillants, et toujours fidèles à leur prince. » constate Thomas Platter, de passage dans le comté de Bourgogne en 1599. Légende ou réalité ? Il n’est pas simple de connaître la vie quotidienne des soldats mais Paul Delsalle, François Pernot et Marie-France Romand proposent des pistes de recherche, notamment l’approche anthropologique, à partir de l’exemple d’un rôle de recrutement à Lons-le-Saunier.
10Chronologiquement, nous observons ici principalement la période comtoise des Habsbourg (1493-1674) mais pour mieux comprendre certains types de documents, il a été nécessaire de prendre en compte l’ensemble des XVe, XVIe et XVIIe siècles.
11 L’approche spatiale est celle du comté de Bourgogne, qui correspond à peu près à l’actuelle région de Franche-Comté, mais nous avons jugé utile de ne pas laisser de côté le proche comté de Montbéliard, afin d’offrir des points de comparaison, d’autant plus que les seigneuries de Clerval, Passavant et Granges relevaient du comté de Bourgogne4.

Notes de bas de page
1 Paul DELSALLE, Lexique pour servir à l’ étude de la Franche-Comté à l’époque des Habsbourg (1493-1674), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2004.
2 Idem, p. 3
3 A titre comparatif, pour le royaume de France, cf. Jean CHAGNIOT, « Les sources sérielles et leur exploitation statistique », dans : Guerre et société à l’époque moderne, Paris, PUF, 2001, collection « Nouvelle Clio », p. 246-274.
4 Cf. la carte publiée dans : Paul DELSALLE, La Franche-Comté au temps des Archiducs Albert et Isabelle, 1598-1633. Documents choisis et présentés, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2002, p. 179 ; voir aussi le dernier chapitre rassemblant des documents sur les affaires militaires de la province.
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