B. Les spécificités territoriales de l’école rurale et montagnarde
p. 63
Texte intégral
1Les inégalités socio-spatiales d’éducation mises en évidence dans les quatre articles précédents, repérées dans le cadre d’une analyse située de la problématique générale « éducation et territoire », ne sont bien sûr pas a priori identiques partout. La deuxième partie de cet ouvrage sera donc dans ce contexte plus particulièrement centrée, au sein de la problématique générale « éducation et territoire », sur les rapports spécifiques qu’entretiennent les écoles rurales et montagnardes et leurs territoires, c’est-à-dire la spécification de certaines caractéristiques cardinales de l’école rurale et montagnarde française. La caractéristique essentielle de cette école particulière, classe à plusieurs cours ou « multigrade » d’une commune rurale, consiste en règle générale dans sa « qualité » qui traduit une certaine capacité à dresser un relatif « rempart » aux inégalités scolaires qui se creusent partout en France, par sa capacité de résistance donc.
2Yves Alpe, Pierre Champollion et Alain Legardez, dans une première contribution très synthétique, dressent le bilan de ce que les recherches de l’OER, en dix ans, de 1999 à 2007, nous ont appris sur l’école rurale et montagnarde : ils y pointent la large méconnaissance de ses performances et de ses réalités, dont l’isolement social et culturel largement confondu avec l’enclavement géographique, ferroviaire et routier, serait, au mépris des faits, la caractéristique principale. Immédiatement après l’article de synthèse ouvrant cette partie, Sandrine Alinat nous présente, sous un angle méthodologique, illustré par la cartographie des données collectées par l’OER-OET élaborée par elle-même et Angela Barthes, ce que peut apporter l’exploitation cartographique des données qualitatives et quantitatives éducatives aux « explications » statistiques des inégalités territoriales d’éducation. Yves Alpe et Angela Barthes reviennent ensuite plus longuement sur la stigmatisation consécutive dont l’école est – encore - l’objet. Après quoi, Pierre Champollion rappelle, lui, que les bons résultats des élèves ruraux et montagnards dans le premier degré, voire au-delà jusqu’en fin de collège, ne se traduisent pas par une utilisation complète de l’ensemble de la palette d’orientation, notamment des choix vers les études longues et générales et que, dans certains territoires particuliers, l’impact systémique du territoire sur la « chose » éducative correspond à un véritable « effet de territoire » global qu’il analyse plus avant. Toujours dans ce cadre, Thierry May-Carle, après quoi, aborde la différenciation de l’impact territorial en fonction du genre, question qui n’a été que relativement peu étudiée jusqu’ici au niveau des territorialités rurales et montagnardes. Enfin, Nicole Cirier, Inspectrice de l’éducation nationale (IEN) de la circonscription primaire de Crest, dans le département de la Drôme, illustre par ses constats éclairants les spécificités éducatives d’un territoire rural du sud est de la France.
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