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    Plan détaillé Texte intégral I. La redécouverte des districts industriels II. Urbanisation de l’industrie et métropolisation du territoire Auteur

    Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000)

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    8. Deux formes de proximité : systèmes productifs locaux et métropolisation

    André Larceneux

    p. 149-164

    Texte intégral I. La redécouverte des districts industriels 1. De l’ancien au nouveau monde industriel 2. Une théorie des systèmes localisés II. Urbanisation de l’industrie et métropolisation du territoire 1. La crise du modèle fordien 2. Métropolisation et logique de réseau Auteur

    Texte intégral

    1La redécouverte des districts industriels en France a sans doute été effectuée sous l’effet de la concurrence des économies italiennes et de l’effondrement de pans entiers de l’industrie nationale : textile-habillement, chaussures, bois et ameublement ont réduit considérablement leurs effectifs depuis le milieu des années soixante-dix alors que ces activités devenaient florissantes en Italie. Parallèlement, des théories explicatives, centrées sur les modes d’organisation industrielle et les institutions, fournissaient des arguments pour une explication scientifique de ces réussites économiques transalpines. Ainsi, l’analyse des districts industriels, en même temps qu’elle retrouvait des référents conceptuels puisés dans l’œuvre d’Alfred Marshall, se donnait les moyens d’une généralisation grâce à la notion de production flexible. D’autres formes d’apparition de cette production flexible étaient mises en évidence (les technopoles, les milieux innovateurs, plus généralement encore les systèmes productifs locaux…) qui permettaient à la fois des constructions théoriques abstraites et des contributions factuelles et monographiques. Des évolutions dynamiques entre ces formes d’organisation industrielle permettaient de faire des réflexions et scénarii prospectifs et de proposer des politiques industrielles supposées efficaces et innovantes.

    2Toutefois, au moins dans le cas français, le travail d’identification de districts industriels « authentiques » modéra sérieusement l’enthousiasme des chercheurs. Au-delà de quelques exemples parfois mythifiés (Oyonnax, Vallée de l’Arve, Cholet), les districts s’avérèrent en France être un objet faiblement identifié et en voie de disparition. Paradoxalement, ce qui assura massivement le maintien d’une industrie française compétitive se révéla beaucoup moins mis en évidence par les chercheurs, peut-être parce que cela impliquait une investigation sur les aspects réellement géographiques et territorialisés ainsi que sur les processus à l’œuvre. Plus que des espaces industriels spécifiques, ce qui s’est révélé être porteur de dynamiques ce sont des territoires urbains, mieux à même d’être en interaction avec les transformations des économies contemporaines. La mondialisation, et son corollaire la métropolisation, forcent à considérer de matière plus attentive l’environnement des systèmes industriels et l’ensemble des relations qui sont alors tissées, à des échelles géographiques multiples et selon des formes plurielles.

    I. La redécouverte des districts industriels

    3Historiquement, l’existence de systèmes de production localisés et spécialisés est très certainement une évidence. L’image de l’industrie du XVIIIème au milieu du XXème est bien celle de productions localisées, avec des territoires largement dédiés à une production dominante. De multiples causes peuvent expliquer cette réalité.

    1. De l’ancien au nouveau monde industriel

    4La localisation des activités industrielles peut être déterminée par plusieurs facteurs.

    5Le premier tient incontestablement à la répartition géographique inégale des facteurs de production et des sources d’énergie disponibles. L’eau, le bois, les mines, les cours d’eau sont autant de raison de différenciation de l’espace industriel. Les facteurs de production se déplacent moins facilement que les produits finis ou semi-finis. De même, les productions agricoles sont, dans une grande mesure, tributaires de conditions climatiques et pédologiques, de ce que l’on appelle le terroir.

    6Une deuxième raison peut être recherchée dans les compétences que la main-d’œuvre peut acquérir localement, par apprentissage dans des milieux plus ou moins fermés, souvent familiaux. Le temps permet la sédimentation progressive d’innovations de produits et de procédés. L’agroalimentaire donne ainsi une liste impressionnante de produits associés à un lieu, à une localité ou à une région. Le poids relatif des intrants de base et des savoir-faire peut changer, mais l’identification avec un territoire géographique reste forte, même si formellement les productions peuvent aujourd’hui s’effectuer ailleurs. Rien ne contraint véritablement la production du nougat à être concentrée dans la région de Montélimar ou de la moutarde à Dijon. La concurrence d’autres territoires a nécessité la mise sur pied de mesures de protection, comme les appellations contrôlées (AOC). Il est possible de définir ces appellations aussi bien comme des procédés d’information et de certification que comme de simples procédures protectionnistes induisant des distorsions de concurrence. L’objectif reste le maintien de productions localisées, identifiées par une référence géographique explicite.

    7À de rares exceptions près, les économistes théoriciens des districts industriels se sont peu intéressés au domaine agroalimentaire. L’industrie manufacturière a été privilégiée. Les économistes ont (ou auraient) d’abord dû rencontrer les historiens. Les travaux historiques ont été dans l’ensemble peu mobilisés, alors qu’ils pouvaient montrer la lente émergence d’une spécialisation dans sa profondeur temporelle, le rôle des facteurs multiples, individuels et collectifs, aboutissant à la localisation d’une activité sur un territoire donné. Souvent, un fait particulier, survenant dans un milieu déterminé, provoque une rupture de la trajectoire initiale et crée les conditions d’une nouvelle orientation : une invention, l’arrivée de migrants, une rupture technologique, une décision étatique autant d’événements susceptibles d’être à l’origine du processus. Innovation technique à Oyonnax, arrivée des Peugeot ou des Japy dans l’Est franc-comtois, des horlogers suisses à Besançon ou dans le Haut-Doubs, décisions « colbertiennes » pour la production navale, puis aéronautique… Autant de faits initiateurs positifs ou négatifs, dont les composantes socio-politiques ne sont pas absentes : expulsion des protestants ou perte de l’Alsace-Lorraine. Ce regard historique cherche à mettre en lumière la combinaison de ces faits, bruts ou médiatisés par le contexte des mentalités, de leurs évolutions ou de leurs adaptations. Chaque système productif localisé est ainsi un produit spécifique, fruit d’une combinaison originale de facteurs multiples qui marque son originalité et sa différence.

    8Les économistes auraient aussi pu être orientés vers les travaux des géographes et leurs approches des aires de marché, des transports et des mobilités : des conditions de transports peuvent générer des monopoles locaux, protéger des industries localisées et fournir des analyses pertinentes pour la différenciation de l’espace, mettant en évidence des facteurs particuliers s’ajoutant aux conditions naturelles ou culturelles.

    9C’est une autre voie qui a été choisie pour (re)découvrir les districts industriels. Car il ne faut pas se leurrer sur la référence révérencieuse à Alfred Marshall. Ce qui lui a été emprunté ce n’est ni la possibilité de valider des démarches empiriques, ni l’observation d’une continuité historique des « atmosphères industrielles », de son époque à la nôtre. C’est au contraire l’aspect le plus théorique. Ce qui dans l’évolution récente des districts industriels pouvait surprendre, c’était précisément leur nouveauté, leur modernité. De leur capacité supposée à répondre aux défis d’un monde industriel en crise dépendait la possibilité d’en faire un objet théorique nouveau.

    10La grande industrie avait été prophétisée par Adam Smith et analysée par Marx. Le devenir du capitalisme, sa modernité, passait, croyait-on, par la concentration de la production, tant pour les forces productives que pour le capital. Usines de plus en plus grandes et capitaux dans des mains toujours moins nombreuses. Les grandes transformations économiques des années soixante-dix ont mis à mal ce modèle. Elles ont, a-t-on dit, assuré la montée des PME, des petits établissements ou des petites unités. Comme souvent, l’imprécision terminologique pouvait entretenir l’illusion d’une même réalité : l’éclatement des grandes unités de production pour rendre le management des « ressources humaines » plus efficace accompagne le fractionnement obscur du capital sur les marchés boursiers, et peut s’accompagner de créations d’entreprises dynamiques et autonomes. Mais les créateurs d’entreprises innovantes ne renvoient pas à un « actionnariat populaire » et sont « surveillés » par les grandes entreprises qui peuvent toujours les intégrer sans avoir à courir le risque de l’innovation.

    11La mode du « small is beautiful » obligeait de changer de paradigme. Le déclin programmé du marxisme et de son « capitalisme monopoliste d’État » obligeait à une reconversion théorique. Les très fortes mutations économiques laissaient possibles des trajectoires de sortie de crise dès le début des années quatre-vingt : il fallait en donner l’intelligibilité. La convergence des analyses sur la Troisième Italie, sur les technopoles avec celles portant sur la production flexible a semblé permettre de généraliser et fournir un ensemble conceptuel englobant et cohérent.

    2. Une théorie des systèmes localisés

    12L’analyse industrielle avait retenu d’Adam Smith la description de l’efficacité de la manufacture d’épingles. La division du travail permet la croissance de la productivité. Il s’agit dans ce cas de rendements croissants, internes à la firme. Plus la taille de l’unité augmente (l’entreprise, l’établissement), plus la division du travail et la spécialisation de la main-d’œuvre accroissent la productivité. Sans véritable limite, si ce n’est celle des coûts de gestion spécifiques ou la rareté d’un facteur, par exemple le travail au plein emploi. Mais l’apparition finale de rendements décroissants était une condition nécessaire au maintien de l’analyse traditionnelle des marchés en situation de concurrence.

    13La firme, unité de gestion aux frontières marquées, était en relations purement marchandes avec son environnement. Elle était cependant capable, concentrée sur un espace géographique donné (Peugeot à Sochaux, Michelin à Clermont-Ferrand, etc), d’internaliser les activités multiples de la reproduction de la force de travail. Ce mouvement de concentration a cessé. La réalité industrielle reste bien aujourd’hui celle de grandes firmes, et la concentration du capital ne s’est pas vraiment démentie. Mais, comme on l’a indiqué, on observe bien à la fois diminution de la taille des établissements et apparition ou maintien d’entreprises de taille moyenne ou petite, placées dans l’environnement des grandes firmes repliées sur leurs métiers de base.

    14Dans ce cadre, les économistes ont eu recours à deux sortes d’arguments explicatifs. D’une part, à la suite de Coase et de Williamson, la firme pouvait être analysée en terme de contrat. Une séparation plus floue apparaît entre les relations internes et externes de l’entreprise qui sont, in fine, pensées être de même nature. La grande firme peut n’être à la limite qu’une structure financière nouant des contrats avec des entreprises multiples et en situation de dépendance relative. L’internalisation possible des relations marchandes résulte d’un calcul économique qui, par exemple, différencie les actifs spécifiques et génériques ou met en évidence des métiers de base. La firme est alors organisée sur un mode complexe mais flexible et changeant de relations financières hiérarchisées (souvent peu transparentes) entre des entreprises, elles-mêmes décomposées en unités de production localisées (les établissements, les « usines »…). Ces entreprises tissent un ensemble de liens avec d’autres entreprises insérées dans des relations de dépendance différentes : sous-traitants, prestataires de service. Le maintien de petites ou moyennes entreprises, satellites des plus grandes, est alors concevable : cercles des sous-traitants, fournisseurs de services, etc souvent localisées à proximité des donneurs d’ordre.

    15Par ailleurs, les économistes ont progressivement reconnu l’existence des rendements croissants et leur compatibilité avec des hypothèses de concurrence imparfaite. À la suite des travaux de Krugman, ces rendements croissants étaient même convoqués pour expliquer la concentration des activités sur des espaces géographiques donnés. Mais il restait une difficulté pour expliquer la multiplicité observée d’entreprises en relations plus ou moins concurrentielles sur un même territoire et un même secteur d’activité.

    16La critique de l’efficacité de la concentration dans une seule unité physique sur un même espace oblige à mettre en avant la possibilité de fortes limites aux économies internes à la firme, une entreprise ou plus précisément ses établissements. Par un habile déplacement conceptuel de la firme à la branche, cela a conduit logiquement, plus que par mobilisation de matériaux empiriques, à convoquer le concept marshallien d’externalités : l’existence d’économies externes à l’établissement, à l’entreprise ou à la firme peut, à chaque échelle, expliquer le maintien et la persistance de rendements croissants ne conduisant pas à des monopoles. Cette théorie permet de concilier d’une part l’idée féconde des rendements croissants et d’autre part le maintien d’une multiplicité d’unités de production. Les entreprises gagnent à être « proches » les unes des autres sans être absorbées par l’une d’entre elles. Ces externalités, souvent non marchandes, sont liées à cette proximité. La possibilité de faire de cette proximité une donnée géographique allait donner un essor aux théories des systèmes productifs localisés.

    17La découverte de la situation apparemment paradoxale de la Troisième Italie allait conduire à sélectionner un ensemble d’explications pour justifier de l’efficacité de ce nouveau modèle économique, et à rejeter celle que la théorie orthodoxe aurait pu plus spontanément mobiliser.

    18Que le développement de la Troisième Italie puisse être expliqué par des avantages comparatifs dans un univers qui abolissait les protectionnismes anciens était une hypothèse de travail traditionnelle de la théorie économique, mais qui ne pouvait dès lors être retenue. Un tel regard théorique aurait abouti en effet à la reconnaissance d’une croissance par défaut : dans ce cas, les activités transférées ou délocalisées sont en effet « abandonnées » par le pays le plus productif. Si la France perd ses activités horlogères, c’est parce qu’elle transfère ses actifs et ses facteurs de production sur les « microtechniques ». Il n’y a pas de véritable délocalisation d’activités ; la Troisième Italie se serait développée sur des secteurs volontairement abandonnés dans un mouvement classique de spécialisation économique internationale, à la « Ricardo ».

    19Par ailleurs, le succès du développement de certains territoires pouvait être expliqué aussi par leur capacité à profiter, dans un contexte de concurrence accentuée, de dumping social ou fiscal, quelle qu’en soient les formes, travail clandestin, productions non déclarées, zones franches… Ces dumpings résultent d’une tolérance des autorités politiques, de leur impuissance ou de leur volonté (zones franches). Les distorsions de concurrence ont leur part dans le développement, par exemple, du Sentier à Paris et aujourd’hui de son extension « asiatique ». On aurait pu s’interroger aussi sur le recours impressionnant à la main-d’œuvre étrangère dans la Vallée de l’Arve ou à Oyonnax. De même, l’efficacité de l’activité de la Troisième Italie souffre aujourd’hui de la concurrence faite par les bas coûts du travail en l’Afrique du Nord ou dans les PECO.

    20Pour penser positivement ces espaces en développement, il devenait nécessaire d’expliciter cette boîte à outil que constituait le concept d’externalité. Se concentrant sur un même type d’activité, ces systèmes productifs locaux regroupent sur un même territoire un nombre plus ou moins important d’unités de production. Toutefois, selon les cas, ces milieux locaux peuvent être en fait dominés par une entreprise leader qui définit les choix stratégiques auxquels s’adaptent les autres partenaires. À la limite, le territoire peut n’être occupé que par des entreprises sous-traitantes unies par leur dépendance à un seul donneur d’ordre, comme cela peut apparaître autour des constructeurs automobiles ou aéronautiques.

    21Assez généralement, c’est le caractère flou des frontières multiples qui caractérise ces systèmes localisés de production : frontière géographique, définition de l’activité, acteurs concernés. Néanmoins, l’extension géographique devait être relativement limitée pour que les mécanismes fondamentaux puissent jouer. Les externalités sont dès lors invitées à expliquer l’avantage de ces entreprises à se regrouper.

    22Le premier niveau de l’analyse met en avant les relations informelles entre des acteurs locaux et leur caractère non marchand : des informations circulent dans ces territoires, qui fournissent en même temps leur possibilité de codage et de décodage et leur apprentissage. Contraintes et milieux familiaux, unité culturelle locale ou sociale, rencontres pseudo-aléatoires plus ou moins fréquentes peuvent être mises successivement en avant. Les chercheurs peuvent mobiliser de savantes contributions ethnologiques, de brillantes analyses de psychologie cognitive, jusqu’à la description de systèmes quasi mafieux. La transmission des savoir-faire, les formes d’apprentissage « sur le tas » des connaissances pratiques et des codes sociaux, sont autant de domaines d’investigation des relations internes de ces systèmes productifs. Les informations qui peuvent circuler de cette manière portent sur les techniques de base, la connaissance des modes sociaux de régulation, le fonctionnement des marchés.

    23Le deuxième niveau fait intervenir des externalités pécuniaires, c’est-à-dire celles qui passent par des mécanismes de marché et qui sont permises le plus souvent par des effets de taille, par exemple celle du marché du travail. Le fonctionnement de ces marchés et la présence d’intermédiaires assurant leur fluidité permettent la sélection de la main d’œuvre et sa spécialisation et, vraisemblablement, une meilleure allocation des ressources. La mobilité de salariés de qualifications homogènes entre les entreprises peut apparaître comme le témoin de la réalité de la spécialisation locale sur des compétences et des technologies identiques.

    24Un troisième niveau intègre la présence de biens publics : institutions collectives et professionnelles, organismes de formation et de recherche, centres d’innovation et de transfert, services de l’Etat ou des collectivités territoriales. Ce niveau d’intervention est plus formel et il suppose des procédures définies et des conventions instituées, comme des diplômes qui sanctionnent les compétences de la main-d’œuvre. Cette présence de biens publics fait évoluer les districts industriels vers des logiques de territoire mieux définis par la notion de milieux innovateurs. L’imbrication des relations entre acteurs publics et privés reste compatible avec la large capacité d’initiative de milieux professionnels, dotés d’une forte cohésion interne sachant définir de manière stratégique des choix pris collectivement.

    25Ces territoires peuvent être dominés fortement par des acteurs publics lorsque leur création a, à l’origine, été plutôt initiée par la puissance publique ou par une de ses émanations. Une configuration similaire existe dans les cas où, par essaimage à partir d’un pôle de recherche, universités, écoles d’ingénieurs ou laboratoires, un ensemble de petites entreprises très innovantes se sont créées dans leur proximité. Un technopôle peut ainsi apparaître comme un cas particulier d’un système productif local.

    26Ainsi le paradigme du district industriel permettait par une référence restée souvent implicite aux travaux des historiens, de placer de nouvelles formes d’organisation industrielles dans la longue durée et de faire de la période taylorienne et fordienne une simple parenthèse, ayant inhibé pour un temps seulement les potentialités d’industriels schumpétériens. La fin de ce mode de régulation fordien allait permettre l’éclosion de territoires spécialisés et innovants, portés par des entreprises performantes, ouvertes sur leur environnement local, multipliant les relations positives et harmonieuses avec leurs partenaires et concurrents, jouant des jeux forcément coopératifs, sous l’œil bienveillant d’un État modernisé, compréhensif et vertueux. Flexibilité et proximité deviennent dès lors les deux piliers de la nouvelle donne industrielle. Les systèmes productifs locaux pouvant offrir des réponses sur ces deux domaines, on devait s’attendre à voir éclore partout ces formes territorialisées de la production industrielle. Nouvelles Atlantide interréliées, archipels de territoires innovants au sein d’une mondialisation, ils laissent pourtant souvent voir l’envers du décor : les conditions de travail et de rémunération de la main-d’œuvre. La flexibilité du marché du travail, c’est peut-être ce à quoi se résume peut-être le mieux l’efficacité des systèmes productifs localisés.

    27Quoi qu’il en soit, le monde ne s’est pas transformé en un ensemble de SPL industriels. En particulier en France, en dépit d’une reconversion industrielle pour le moins réussie, c’est un autre modèle géographique qui s’est imposé. Au lieu d’approfondir la spécialisation industrielle de certains territoires et de développer des mono-industries localisées, c’est un modèle de diversification en environnement urbain qui s’est imposé. Le phénomène dominant est celui de la métropolisation.

    II. Urbanisation de l’industrie et métropolisation du territoire

    28Définir ce qu’est une ville est bien évidemment une tâche impossible : cela dépend du regard, de l’angle de vue. La ville du romancier n’est pas celle du sociologue ni celle du géographe et encore moins celle de l’économiste. La ville est d’abord porteuse de la culture et de ses formes historiques, en particulier religieuses. Elle est ensuite le lieu de concentration du pouvoir et de ses hiérarchies qu’elle imprime sur ce qui devient un réseau de villes. Elle est enfin un lieu de diversité, de mélanges, d’ouvertures et de rencontres. La ville accumule, stratifie, transforme, modèle, détruit et reconstruit. C’est à la fois du temps coagulé, pétrifié dans ses monuments et son architecture, et de la diversité et du mouvement, qu’expriment la citoyenneté, les flux en ses espaces publics et la circulation marchande. La ville conjugue le passé et la modernité.

    29Par différence, c’est tout ce qui manque à la ville industrielle pour être une ville : architecture uniforme, expression d’un pouvoir monolithe et privé, souvent d’un étouffement phalanstérien ou d’une protection panoptique ou paternaliste. Ville sans histoire urbaine, la ville industrielle n’a de diversité que ce que lui permet son ancrage dans la ruralité. Elle n’a, le plus souvent, en dépit de sa taille et de sa population permises par le développement de son industrie spécialisée, qu’une place mineure dans la hiérarchie urbaine qui s’est constituée sur une autre logique. Elle n’est souvent qu’une excroissance de son ou ses entreprises dominantes, une partie de l’usine hors les murs. Grandes villes d’industries concentrées ou petites villes de districts industriels, toutes manifestent un écart, une distance aux valeurs de l’urbanité. Ces territoires se sont révélés inadaptés aux mutations en cours, sauf à entrer dans des transformations radicales, ce que certains essaient de faire de manière volontariste depuis quelques années.

    1. La crise du modèle fordien

    30Le mouvement taylorien et fordien a recouvert de manière plus ou moins prononcé les espaces industriels. Très fortement en France, moins sans doute en Allemagne, en Suisse ou en Italie. En France, les anciens districts industriels ont été très profondément atteints pas ces politiques d’entreprises, si bien qu’il n’en a survécu que marginalement et bien peu. Ainsi, l’industrie horlogère a pu se maintenir en combinant des entreprises ayant des modes d’organisation différents, des unités d’industries de composants aux caractères ruraux marqués à l’entreprise hypertaylorisée Kelton, en passant par la manufacture Lip. Le fordisme, associé au taylorisme, appelle la concentration des entreprises en une firme unique, leur insertion dans des structures hiérarchisées sur des territoires étendus et non contigus. Il sépare les entreprises de leur environnement local. Plus précisément, les relations avec cet environnement sont réduites à des relations marchandes. Cette taylorisation a donc fait exploser l’ensemble de relations collectives qui caractérisaient les districts industriels. Elle a concentré les salariés dans des grandes unités. Ce mode d’organisation a transformé toutes les informations en procédures formelles, planifiées, contrôlées par des bureaux des méthodes. Son projet a été l’éradication obsessionnelle de l’informel, la rigidification planifiée des changements et la militarisation des relations individuelles. Plus le taylorisme s’était développé localement, moins les structures traditionnelles des districts industriels pouvaient être appelées à une nouvelle modernité. En fait, dans le cas français, c’est par leur isolement dans des zones rurales, des vallées profondes ou des ghettos ethniques que des secteurs industriels ont résisté à la vague fordienne des années 1950 à 1975 et ont pu se maintenir. À l’écart des grands axes de développement, représentant des secteurs mineurs au regard des enjeux industriels des grands groupes, fabriquant des produits de consommation courante nécessitant plus de savoir-faire que de connaissances scientifiques, les domaines où ont pu survivre des logiques proches des systèmes localisés de production sont restés marginaux. Ils ont été cantonnés la plupart du temps dans des espaces structurés par un réseau de bourgs ou de petites villes secondaires : Cholet, Oyonnax, Morteau, Morez, Cluses, …

    31Plusieurs facteurs expliquent la crise du modèle fordien d’organisation dans les années soixante-dix. La concurrence accrue d’autres modèles d’organisation en a été une des causes importantes. Les réponses apportées ont été diverses.

    32La première a été d’inverser les mobilités. L’appel systématique à une main-d’œuvre étrangère a été interrompu. C’est le capital qui s’est rendu mobile. Le fordisme s’est exporté : un mouvement de délocalisation d’activités s’est développé, notamment vers les pays possédant une main-d’œuvre rurale excédentaire, docile et aux coûts peu élevés. Ce mouvement important n’a pas été toutefois dominant. La réponse la plus conséquente s’est faite, dans les grandes industries manufacturières, par un changement des modes d’organisation. Sans entrer dans le détail, on retiendra deux éléments.

    33D’une part, la hausse continue des qualifications ou des compétences de la main-d’œuvre, son implication et son adhésion aux valeurs de l’entreprise ont été recherchées. De manière complexe, le changement s’est traduit par une élévation des niveaux de formation. L’accroissement de la population scolarisée s’est opéré aussi bien par l’enseignement général que par des formations technologiques et professionnelles. Ces dernières ont vu la création de nouveaux diplômes de niveaux Bac ou Bac plus deux. De 1980 à 2000, le nombre d’étudiants a doublé. Cette population scolarisée s’est retrouvée dans les établissements d’enseignement dont la répartition est déterminée par la hiérarchie urbaine. La scolarisation a entraîné pour élèves et étudiants la rupture géographique avec le lieu d’origine, la découverte de l’urbanité avec ses pratiques culturelles et de loisirs, et la construction d’un nouveau réseau de relations amicales. Le désir de travailler en ville a pu ensuite se combiner avec une stratégie résidentielle périurbaine.

    34Ces évolutions se sont traduites par une très forte croissance des effectifs de cadres supérieurs et ingénieurs dans les entreprises. Il en a été de même de même de ceux des techniciens et professions intermédiaires des entreprises. En revanche le nombre d’ouvriers non qualifiés a considérablement diminué. Ils sont désormais, pour les hommes, moins nombreux que les cadres et ingénieurs d’entreprise (1, 2 million en 2002 contre 1, 35 million). Et encore, une part importante de ces ouvriers sont des jeunes en apprentissage ou sont occupés à des tâches de manutention. Dans ces emplois peu qualifiés, les populations féminine et étrangère sont surreprésentées. La montée en puissance des salariés qualifiés et très qualifiés a eu des conséquences spatiales importantes : près de 45 % des cadres et ingénieurs d’entreprise vivaient en 2002 dans l’agglomération parisienne et près de 70 % dans des unités urbaines de plus de 200 000 habitants. À l’inverse, un tiers des salariés non qualifiés de l’industrie et de l’artisanat résidaient encore dans des communes rurales de moins de 2000 habitants (Enquête Emploi de 2002).

    35D’autre part, la gestion des entreprises s’est fortement modifiée, nécessitant des fonctions plus complexes qui doivent être assurées par des spécialistes : gestion financière et juridique, ressources humaines, marketing, etc. Ces fonctions deviennent tellement spécifiques et de haute qualification qu’elles sont le plus souvent externalisées, même pour les grandes entreprises. Ces emplois apparaissent désormais dans des entreprises autonomes ou comme professions libérales. Ces fonctions se développent systématiquement en milieu urbain, et elles sont même les plus marquées par des effets de centralité. On les retrouve massivement dans les hyper-centres des villes, avec les sièges sociaux, le commerce de luxe et le secteur bancaire. Urbanité, mobilité et accessibilité conditionnent la localisation de ces services aux entreprises. Les emplois de ces services aux entreprises, comptés dans le secteur tertiaire, atteignent le quart des emplois totaux de l’industrie. Nécessitant un environnement urbain, ils sont stratégiques pour le développement économique.

    36Parmi ces nouvelles fonctions, celles qui tiennent à l’innovation jouent un rôle particulier. La recherche appliquée et le développement (R & D) transforment non seulement les produits mais aussi les processus de production. Ils impliquent la multiplication des liens, à l’intérieur des entreprises, entre les centres de recherche et les autres unités des entreprises. Ils nécessitent aussi des relations continues, pour les entreprises, avec leur environnement : fournisseurs d’équipements, organismes professionnels collectifs, centres de recherche publics ou privés, universités. Habitudes de travail en commun, relations informelles, connaissances tacites, tout cela plaide pour que la nécessaire proximité organisationnelle se traduise aussi par une proximité géographique. Les habitudes, l’histoire et les pesanteurs, des contraintes diverses ralentissent un mouvement de concentration de ces activités à terme inéluctable.

    37Plusieurs mécanismes s’ajoutent à ce constat pour produire un phénomène massif d’urbanisation. Des externalités de nature diverse conduisent à une concentration des populations les plus qualifiées dans les plus grandes agglomérations et aires urbaines : taille du marché du travail, diversité des emplois et concentration des fonctions supérieures, environnement culturel, présence d’universités et de centres de recherche. Deux contraintes spatiales jouent un rôle important. D’une part, le développement du travail féminin, essentiellement tertiaire, conduit à rechercher pour un couple une même localisation résidentielle. D’autre part, les fermetures d’établissements sont moins perturbatrices dans des lieux densément peuplés que dans des espaces où ils constituent la principale ressource d’emploi local. En termes assuranciels, les employeurs, rompant avec la logique fordienne de recherche d’un bassin de main-d’œuvre d’origine rurale, préfèrent se couvrir en se développant dans de grandes agglomérations.

    38Il en résulte, en France et depuis plusieurs recensements, une croissance plus soutenue des aires urbaines de plus de 500 000 habitants, sans que des phénomènes négatifs d’encombrement ou de pollution ne jouent réellement. Seule la région parisienne peut sans doute les observer, et sa croissance, un peu plus faible, se traduit surtout par une sélection accrue des emplois très qualifiés, publics et surtout privés. Ces mécanismes concourent à la formation de grandes agglomérations métropolitaines. Elles laissent peu de place au développement de districts industriels aux caractères ruraux. Cela n’interdit pas qu’au sein de ces métropoles des espaces d’activités spécialisées, identifiables ou non comme pôles géographiques particuliers, puissent se maintenir tout en évoluant et en se transformant. C’est le cas, par exemple, du Sentier à Paris. La concentration urbaine est compatible avec un polycentrisme d’activités plus ou moins spécialisées. L’urbanisme fonctionnel et zonal le dispute avec la logique économique pour en expliquer la réalité.

    2. Métropolisation et logique de réseau

    39Le fonctionnement des districts industriels avait mis en évidence le rôle crucial des relations endogènes entre acteurs locaux, les relations externes pouvant se résumer à une aire de marché et à des chocs exogènes. Les mécanismes nouvellement à l’œuvre impliquent une modification de la perspective. Ils sont largement la conséquence des transformations économiques. S’appuyant sur la croissance et la concentration des populations urbaines, la généralisation des grandes villes millionnaires à l’échelle du monde, ces mécanismes mettent en lumière deux phénomènes qu’il convient de distinguer : les processus de mégapolisation d’une part, et de métropolisation d’autre part. Le premier, d’essence essentiellement démographique et migratoire, est le résultat d’agglomération de populations, souvent parmi les plus pauvres. Le second traduit, au niveau géographique, les nouvelles formes de dominance économique.

    40La métropolisation évoque les relations anciennes qu’une « ville mère » entretenait avec les villes nouvelles qu’elle créait, les « néapolis ». Elle décrit une logique de colonisation, dans ses dimensions économiques et politiques. Géographiquement, elle induit des relations à distance entre la métropole et ses colonies. La terminologie a été longtemps en vigueur pour décrire la colonisation du monde par des États-nations européens. Passé dans le domaine géoéconomique, elle traduit les relations nouvelles de commandement et de concurrence/coopération entre les villes. Pouvoir économique exercé à distance, la métropolisation évoque symétriquement la concentration de services économiques de haut niveau dans certains espaces urbains : services financiers et de gestion, de recherche et d’innovation, de contrôle. Tous sont stratégiques pour les firmes.

    41L’organisation spatiale, qui traduit cette métropolisation, met donc en évidence un double phénomène. D’une part, la concentration en certains lieux de fonctions économiques de commandement et de services s’accentue et se diffuse faiblement dans le tissu formé par l’ensemble des villes. Cette concentration fait apparaître une répartition exponentielle, selon une loi de Pareto, de la taille et du poids économique des villes. On compte au sommet, trois ou quatre villes mondiales, puis une décroissance rapide, différente selon les pays, de ces potentiels de domination. Par exemple, il existe, en France, pour le poids des emplois stratégiques, une différence de un à dix entre Lyon et Paris, mais cette hiérarchie est moins forte en Allemagne, les villes étant plus spécialisées.

    42D’autre part, ces relations, nécessairement à distance entre les villes, et donc développées dans un espace morphologiquement discontinu, renforcent les logiques réticulaires du territoire. Les villes forment des réseaux qui peuvent prendre des formes diverses. Camagni (1993) en distingue trois. L’un lie la ville avec son aire de marché de proximité et la transforme en aire urbaine par la mobilité domicile/travail de ses résidents. Le second s’exprime dans des relations hiérarchiques et des espaces emboîtés : c’est le modèle christallérien qui reste vivace pour la répartition des biens publics sur le territoire : services de l’État, écoles, universités, hôpitaux, … Le troisième traduit plus directement les processus de métropolisation contemporains. Il manifeste au niveau géographique les transformations organisationnelles des entreprises-réseau, leur éclatement en multiples unités spécialisées plus ou moins éloignées, leurs relations avec des services complexes externalisés ou par nature extérieurs. Ces relations peuvent se couler dans les deux types de réseaux antérieurs, mais ils peuvent s’en rendre indépendants, être plus complexes, plus ouverts sinon aléatoires et plus horizontaux. La façon dont ces territoires urbains (villes, agglomérations, aires urbaines) peuvent devenir des acteurs de l’organisation spatiale est une clé de leur « gouvernance », de leur capacité à s’affranchir, par des coopérations horizontales, des structures hiérarchiques.

    43L’abaissement considérable des coûts de transport depuis une trentaine d’années a accru l’extension géographique de ces réseaux, et la taille de leurs mailles. Il a imposé la dominance d’une dynamique de mobilité. Cette mobilité se traduit par une logique de flux, et affaiblit la logique de stocks : flux de marchandises, flux de personnes, flux de capitaux, flux d’informations.

    44Nécessairement, ces transformations ont engendré une importance croissante des nœuds de communications (ce terme étant pris ici dans son sens le plus large). La « nodosité » du territoire est le critère décisif de son organisation contemporaine. Phénomène historique ancien, elle accentue aujourd’hui les hiérarchies entre les espaces, d’autant plus fortement que s’abaissent les coûts généralisés du transport. L’accessibilité des territoires accroît leur mise sous tutelle métropolitaine, l’inaccessibilité leur désertification. Des contre-tendances peuvent jouer par effets de débordement réticulaires, et assurer le développement de villes de niveau inférieur ; mais ils restent limités.

    45Ainsi, de multiples facteurs ont conduit à une diminution générale de la taille des unités de production et à une complexification de leurs relations avec leur environnement. Ces relations sont certes marquées par la recherche d’une « distance » minimale, d’une proximité. Mais ce terme n’est pas réductible à une distance géographique, surtout dans une période marquée d’une part, par une réduction des coûts généralisés du transport et par l’extension mondiale des aires de marché et, d’autre part, par le poids de l’information et de l’innovation. Certes, la distinction entre information formelle et informelle est porteuse de sens. Il serait toutefois erroné d’en déduire que la seconde implique forcément la relation physique, directe et locale, entre des acteurs d’échanges d’informations spécialisées. La complexité des fonctions qui caractérise la gestion des entreprises modernes appelle aussi bien une diversité des relations entre des acteurs complémentaires. Les échanges d’information ne se limitent pas à ceux qui existent entre des entreprises de même activité. Cette diversité ne peut être trouvée que dans des ensembles urbains, de taille d’autant plus importante que les entreprises doivent faire face à des complexités organisationnelles plus grandes. Ces relations, porteuses de flux de toutes natures, physiques ou informationnels, accentuent l’importance des réseaux de communication. Les nœuds de ces réseaux, toujours urbains, acquièrent une place prééminente. Il s’ensuit pour les entreprises la recherche d’un équilibre dynamique entre insertion dans un milieu urbain et place privilégiée sur les réseaux de communication, une tension permanente entre environnement local et global. Ces dynamiques systémiques se traduisent par des concentrations métropolitaines accrues de services de haut niveau et une organisation hiérarchique compatible avec la délocalisation d’activités peu qualifiées. Cette délocalisation, décidée par des pouvoirs d’entreprises concentrés, peut imiter la forme d’un système productif localisé et se développer dans des zones rurales plus ou moins isolées. Mais le global l’emporte toujours sur le local, et l’urbain sur l’industriel.

    Auteur

    • André Larceneux

      Est professeur de géographie à l’université de Bourgogne et membre du laboratoire THEMA (UMR 6049), antenne de Dijon. Parmi ses publications : (avec J. Praicheux) « Une identité en mutation » in L’état des régions françaises, La Découverte, 2004 ; (avec S. Carel) « De l’horlogerie aux microtechniques : la trajectoire d’un SPL franc-comtois », in J.-C. Daumas (dir.), Les systèmes productifs dans l’Arc jurassien, PUFC, 2004.

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    Larceneux, André. « 8. Deux formes de proximité : systèmes productifs locaux et métropolisation ». In Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000), édité par Jean-Claude Daumas, Pierre Lamard, et Laurent Tissot. Besançon: Presses universitaires de Franche-Comté, 2007. doi:10.4000/books.pufc.27404.
    Larceneux, André. « 8. Deux formes de proximité : systèmes productifs locaux et métropolisation ». Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000), édité par Jean-Claude Daumas et al., Presses universitaires de Franche-Comté, 2007, https://doi.org/10.4000/books.pufc.27404.

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    Daumas, J.-C., Lamard, P., & Tissot, L. (éds.). (2007). Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000). Besançon: Presses universitaires de Franche-Comté. https://doi.org/10.4000/books.pufc.27289
    Daumas, Jean-Claude, Pierre Lamard, et Laurent Tissot, éd. Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000). Besançon: Presses universitaires de Franche-Comté, 2007. doi:10.4000/books.pufc.27289.
    Daumas, Jean-Claude, et al., éditeurs. Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000). Presses universitaires de Franche-Comté, 2007, https://doi.org/10.4000/books.pufc.27289.
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