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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral I. Décalage dans les rapports au marché et dans l’adoption de nouvelles fibres II. Hétérogénéité des acteurs de l’industrie et absence d’encastrement du système des entreprises III. La faiblesse de coopération entre les entreprises IV. Tensions et consensus autour du travail Notes de bas de page Auteur

    Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000)

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    2. Naissance d’une aire de spécialisation productive : le territoire de la laine ariégeois

    Jean-Michel Minovez

    p. 37-55

    Texte intégral I. Décalage dans les rapports au marché et dans l’adoption de nouvelles fibres 1. S’adapter au marché 2. Comprimer le coût matière II. Hétérogénéité des acteurs de l’industrie et absence d’encastrement du système des entreprises 1. Acteurs de l’industrie et absence d’encastrement 2. Des entreprises nombreuses aux structures hétérogènes III. La faiblesse de coopération entre les entreprises 1. Les formes de coopération 2. Cadre institutionnel et coopération IV. Tensions et consensus autour du travail 1. De lourdes contraintes démographiques 2. Marché du travail et gestion de la main-d’œuvre Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Au cours du XIXème siècle, un territoire de la laine se constitue en Pays d’Olmes1 ; il est, à cette époque, le seul de l’Ariège ; se développant fortement dans les années 1920, il devient le premier centre du cardé français au cours des Trente Glorieuses. Dans la construction explicative classique du développement, on a peine à comprendre – en raisonnant dans le cadre de relations exclusivement marchandes et en valorisant presque exclusivement la répartition des facteurs de production – que la draperie du Pays d’Olmes ait pu, non seulement se maintenir, mais se développer alors que toute l’industrie lainière, à l’exception de celle de Roubaix-Tourcoing, régresse au XXème siècle. Trop de handicaps auraient dû empêcher tout développement : l’éloignement des sources d’approvisionnement en matières premières et des grands bassins de consommation, le manque d’investissements par défaut d’un réseau de crédit précoce et dense, un mode de fabrication qui n’a pas suivi le mouvement européen de modernisation et de concentration, sont autant d’insuffisances que les Languedociens n’auraient pu surmonter2.

    2La réalité et la nature même du développement du Pays d’Olmes et sa réussite dans la durée nous imposent de relativiser une réflexion fondée seulement sur les coûts comparatifs perçus uniquement comme des déterminants3 ; cette approche qui privilégie une étude assise sur les contraintes ne prend pas en compte, en effet, toute la diversité explicative, en particulier celle des aspects comportementaux propres aux espaces économiques à grande échelle4. Or, si l’on considère les écrits des tenants de la réactivation des thèses marshalliennes5 ainsi que les nouvelles approches portant sur les territoires de la laine6, les dynamiques endogènes du territoire semblent mieux à même de rendre intelligible le processus de croissance local ; faites d’interdépendance et de coopération, elles dépassent les seules contingences économiques et prennent en compte les dimensions sociale, culturelle et institutionnelle. Cette démarche qui fonde la modélisation des districts intéresse aussi l’historien car les territoires industriels ne sont ni homogènes ni standardisés au XIXème siècle ; chaque espace possède sa propre originalité et sa trajectoire singulière ; leur étude peut permettre de dégager des concepts intermédiaires et des représentations explicatives7 qui réintroduisent de la complexité dans les systèmes interprétatifs globalisants aux raisonnements peu fondés sur les dynamiques régionales et trop attachés à une approche macroéconomique plus hypothético-déductive qu’inductive.

    3En partant des débats sur les districts industriels et sur les systèmes productifs locaux, on cherchera donc dans quelle mesure l’existence et la qualité de facteurs locaux ont pu favoriser le développement du textile du Pays d’Olmes. On ne négligera pas pour autant la pression exercée par les contraintes exogènes ; ces dernières seront abordées non sous l’angle de la théorie des handicaps mais sous celui de la construction sociale d’avantages comparatifs locaux dépassant, elle-même, la théorie des avantages relatifs, simples révélateurs d’un état de fait8.

    I. Décalage dans les rapports au marché et dans l’adoption de nouvelles fibres

    1. S’adapter au marché

    4La construction sociale d’avantages comparatifs locaux s’est d’abord effectuée en réaction aux contraintes exogènes ; l’adaptation aux nouvelles conditions du marché en a représenté un des aspects clefs. Elle a consisté tout d’abord dans le choix de produits adaptés à la demande détachant progressivement les fabricants de Gascogne et de Languedoc de la double culture du dogme de la qualité dans la production de draps larges et de celle de la basse qualité pour les petites étoffes.

    5Le Pays d’Olmes a été d’abord au XVIIIème siècle une région de production de la seconde catégorie. La force d’un industriel précurseur local, Etienne Dumas, a été de la remplacer par la première. Son objectif était de parvenir à maîtriser les techniques de fabrication des draps larges qui avaient fait la réussite des centres de Limoux et de Chalabre et de l’importer à Lavelanet sa ville natale. A la différence des marchands-fabricants de Carcassonne tout absorbés par le débouché levantin, Dumas visait d’abord le marché intérieur en proposant des étoffes confectionnées à base de belles laines et bien apprêtées. En ce sens, il est bien l’héritier des marchands-fabricants du Languedoc de la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Cette posture peut laisser penser à un comportement conservateur. En réalité, il n’en est rien. En optant pour les draps larges, Dumas rompt avec le système de laine peignée9 fondé majoritairement sur la production d’une gamme de tissus de chaîne peignée et de trame cardée. En opérant le choix du tout cardé, il se libère d’une production rustique en perte de vitesse mais prend le risque d’un changement complet de matière première extérieure à la région, elle-même beaucoup plus coûteuse. En choisissant le marché intérieur, il s’attaque aussi aux positions bien assises des grands du cardé comme Elbeuf et Sedan qui restent la référence.

    6Après la phase d’implantation et de première réussite de l’industrie du cardé à Lavelanet, un processus d’entraînement conduit plusieurs industriels à emboîter le pas de Dumas10. Toutefois, dès la fin des années 1820, prend fin la période de recherche privilégiée portant sur les draps stricto sensu et leur perfectionnement. On adopte alors avec bonheur la fabrication de castorines à poils tissées puis cylindrées, toujours à l’imitation de grands centres du Midi comme Castres ou Chalabre. Mais c’est surtout sur les cuirs-laines que la croissance va essentiellement reposer jusqu’au Second Empire. Ces produits ont fait leur apparition dans le Midi, en 1819, lorsque Castres – bientôt imitée par Mazamet et Dourgne – s’est lancée dans leur fabrication. L’engouement suscité par le nouveau produit et la réussite des centres tarnais poussent Limoux, Chalabre et Lavelanet à adopter cette fabrication au point de réussir encore mieux que leurs devanciers en produisant à des prix inférieurs11. Même si les cuirs-laines sont le produit phare des manufacturiers du Pays d’Olmes des années 1830 jusqu’au Second Empire, l’évolution des goûts de la clientèle comme la recherche de nouveaux marchés conduisent les plus dynamiques à adopter de nouveaux tissus. Les « nouveautés » imitées d’Elbeuf se développent alors à partir des années 186012. Cela ne signifie pas pour autant l’abandon des productions lourdes. D’ailleurs, au tournant des XIXème et XXème siècles, la mode est de nouveau orientée vers des tissus lourds et denses ; une partie de la production traditionnelle du Pays d’Olmes s’avère particulièrement apte à répondre aux besoins du marché en la matière ; cela ne se fait pas pour autant sans adaptation et l’on voit les manufacturiers se lancer dans les tissus zibelinés et les cheviottes13.

    7Ces adaptations successives montrent qu’ils ont pratiqué assidûment l’imitation des productions de leurs voisins qui gagnent, mais toujours avec un décalage dans l’adoption des innovations. Partis de draps larges imités des productions languedociennes, ils se sont engouffrés dans la copie des productions des centres tarnais, tout en gardant toujours Elbeuf comme modèle. Globalement, ils ont su ne jamais rester figés face aux produits historiques ou passés de mode. Comme Roubaix, Vienne ou même Mazamet14, ils ont été réactifs à la demande. L’adoption, même tardive, d’une nouvelle organisation de la commercialisation a joué ici un rôle déterminant dans le renforcement de cette démarche dynamique. Restés longtemps fidèles à la vente presque exclusive en foire, les fabricants du Pays d’Olmes saisissaient mal les tendances du marché et leur confection pouvait très bien ne pas répondre à ses attentes. Cette technique de commercialisation avait aussi pour inconvénient de s’appuyer, en foire de Toulouse, sur des intermédiaires coûteux. Dans la première moitié des années 1870, les fabricants choisissent de procéder directement au négoce de leur production, avec ou sans voyageurs de commerce. Ils prennent les commandes sur présentation d’échantillons tissés en fonction de la perception des tendances de la mode de l’année à venir15. C’est sur cette base que les industriels lancent la production qui répond alors à la réalité des besoins du marché, tout en annulant pratiquement les risques de stocks d’invendus.

    2. Comprimer le coût matière

    8L’innovation en terme de produits et de techniques de commercialisation ne peut pleinement porter ses fruits que par un changement de matières premières, les laines traditionnelles étant à la fois trop coûteuses et de qualité insuffisante. Au début du XIXème siècle, les laines employées provenaient des montagnes locales pour la confection des drapets et des burats alors que les fibres tirées de Narbonne, des Corbières, du Roussillon et de l’Espagne entraient dans la fabrication des draps larges16. Avec l’adoption des cuirs-laines, la structure se maintient à l’identique au cours de la première moitié du XIXème siècle, même si la tendance est marquée par une régression continue du recours aux laines locales, avant le passage à celles de La Plata à partir des années 186017. Cependant, les coûts toujours plus élevés des matières premières ont conduit les manufacturiers du Pays d’Olmes à rechercher un substitut à la laine vierge ; aussi, ont-ils progressivement introduit dans la confection de leurs étoffes des quantités variables d’effilochages. Cette pratique procure un double avantage : elle permet de réaliser des économies tout en donnant plus de souplesse aux draps cardés qui, par nature, en manquent. Le début de leur emploi coïncide avec la phase de baisse des prix des draperies. Pour y répondre, les manufacturiers du Pays d’Olmes abaissent leur prix moyen de 36 % pour rester compétitifs ; cela est rendu possible par le recours aux laines renaissances. Après quelques tâtonnements portant sur la qualité des effilochages et leur proportion par rapport à la laine vierge, la production et la vente sont de nouveau vigoureuses à partir de juillet 186618. Les effilochages entrent alors « pour un quart, un tiers, parfois même moitié dans la confection des draps [en fonction de] la qualité désirée » ; pour les draps communs, on ajoute en moyenne à la laine un tiers d’effilochages bon marché ; pour les draps fins, on mélange généralement un quart d’effilochages chers19.

    II. Hétérogénéité des acteurs de l’industrie et absence d’encastrement du système des entreprises

    1. Acteurs de l’industrie et absence d’encastrement

    9Les mutations dans les rapports au marché sont en grande partie dues à des contraintes exogènes essentiellement fondées sur la concurrence exercée par les grands centres du cardé. Les mutations organisationnelles et les relations entre les entreprises qui reposent, quant à elles, sur des processus locaux ont aussi joué un rôle déterminant dans la forme qu’a pris le territoire du Pays d’Olmes. Cependant, à l’image de ce que l’on observe partout ailleurs en France, on ne constate pas l’encastrement du système des entreprises tel que Giacomo Becattini a pu le formuler pour les districts industriels italiens20. La société locale n’est en effet pas homogène. Au début de la période, la population du Pays d’Olmes est constituée d’une masse de petits paysans microfundiaires dominés par une élite étroite de nobles et de bourgeois. Le développement de l’industrie ne modifie pas cette forte polarité, elle la renforce même ; l’étude des déclarations de successions permet de montrer au XIXème siècle le développement du groupe des fabricants accédant à la propriété foncière ou la développant, alors que la masse des ouvriers-paysans ne possède que peu de biens21. Leur activité agricole de complément se limite d’ailleurs souvent à faire des prolétaires du textile de simples jardiniers de leurs maigres terres, lorsqu’ils en possèdent22.

    10La fracture est aussi sensible dans la vie politique locale. Cela est particulièrement net à Lavelanet dont la position de petite ville a fait d’elle, au moins depuis l’époque moderne, un lieu de concentration relative d’une bourgeoisie constituée de propriétaires fonciers, de négociants, et de professions libérales. L’accroissement du nombre des ouvriers s’est traduit par une séparation en deux ensembles nettement différenciés de la société, sans réellement d’existence de groupes intermédiaires. A Laroque d’Olmes l’affrontement est aussi bien présent mais la part plus faible occupée par les classes dominantes fait que le développement du prolétariat local se traduit par un rapport de force politique qui lui est beaucoup plus favorable. Parti socialiste puis parti communiste s’y développent fortement et Laroque deviendra une des deux municipalités communistes de l’Ariège23.

    11Si une partie des industriels avait pour creuset les négociants et les marchands-fabricants des origines, beaucoup semblent issus de milieux variés – artisanat notamment – sans lien avec le textile. Cela est probablement dû à la modestie de l’activité originelle et donc à la faible potentialité du milieu manufacturier à fournir les nouveaux industriels. Le milieu patronal s’est donc constitué progressivement tout en restant relativement ouvert. Partant d’un effectif faible de petits fabricants, la démographie des entreprises a peu évolué jusque vers 1850 ; d’une vingtaine au début du XIXème siècle, elle a pu atteindre 50 établissements dans les années 1850 pour monter à 60 à partir des années 186024 et n’être plus que de 40 au début du XXème siècle à Lavelanet même25. Cette évolution s’est effectuée parallèlement à un processus de concentration déjà amorcé mais qui restait très modeste encore. Le fait que le milieu entrepreneurial soit resté en partie ouvert rend difficile la définition de types patronaux faute d’une population statistique suffisamment représentative et de son renouvellement dans le temps. En effet, si de nouveaux manufacturiers voient le jour au cours du XIXème siècle, d’autres disparaissent sans raison apparente. Dans l’attente d’une étude plus approfondie du processus, on constate néanmoins après 1870 l’absence de nombre de manufacturiers de la première heure et beaucoup de ceux qui ont émergé dans la première moitié du XIXème siècle ont cessé leur activité avant la Grande Dépression26. Entre 1850 et 1914, si une stabilité globale des noms des entrepreneurs est observable, on constate avec des disparitions de noms l’apparition de nouveaux27. Cela n’empêche pas pour autant l’existence de processus de nature dynastique, en particulier chez les industriels intégrés28.

    12Cette hétérogénéité dans la constance de l’implication industrielle se double d’une seconde liée à la nature de la spécialisation des entreprises. Arrivée à maturité, la région est dominée par quelques fabricants intégrés29. Mais l’essentiel des patrons est constitué d’industriels spécialisés, avec ou sans matériel. Si l’existence d’entreprises d’une relative importance contrôlant l’ensemble des opérations de la draperie peut représenter un facteur favorable susceptible de jouer un rôle d’entraînement pour l’industrie locale, elle crée chez les patrons une hiérarchie qui peut être préjudiciable à une possible coopération. Ce processus peut être grandement accentué par l’émiettement des entreprises et la présence d’une majorité d’établissements spécialisés. Si cette configuration rend les patrons interdépendants, elle ne crée pas forcément la coopération en ce sens où les fabricants spécialisés du tissage occupent une place particulière par rapport aux industriels de l’amont et de l’aval de la fabrication qui se trouvent vis-à-vis d’eux dans une situation de dépendance, au point parfois de se sentir plus solidaires des ouvriers que de leurs homologues30.

    13Cependant, les intérêts patronaux se rejoignent le plus souvent quant il s’agit de gérer la main-d’œuvre face aux revendications de stabilité de l’emploi, de diminution de la durée du travail et d’augmentation des salaires ; aussi la fondation en 1900 des trois organisations patronales locales répond-elle à la création du Syndicat ouvrier textile de Lavelanet et environs en 189731. Leurs intérêts communs s’expriment à nouveau lors de la création de la Fédération patronale qui regroupe leurs syndicats à partir de 1906. Cette dernière est d’ailleurs fondée durant la grande grève de 1905-1906. Les patrons y font la démonstration d’une absence totale de volonté de négocier et décident le lock out général à Lavelanet en janvier 1905. En février 1906, la plupart des manufactures de Laroque d’Olmes et de Dreuilhe ferment aussi leurs portes par solidarité avec les patrons de Lavelanet. Aucune négociation n’a lieu dans les mois qui suivent, les industriels tentent même de criminaliser le mouvement ouvrier en poursuivant les grévistes en justice32. Ici, comme partout ailleurs, les grèves du secteur textile apparaissent particulièrement âpres et les patrons font la démonstration de leur conception archaïque des relations sociales par l’absence de recherche de compromis33.

    14Ces manifestations de solidarité patronale, structurelles avec la création de la Fédération, conjoncturelles par un comportement commun en phase de crise, ne signifient pas pour autant l’existence d’une solidarité et d’une coopération au quotidien entre les entrepreneurs. L’émergence des nouvelles organisations patronales, leur corporatisme comme leurs dates de création le démontrent. En effet, le Syndicat des fabricants de draperies et autres tissus de Lavelanet et environs apparu le 10 octobre 1900 répond lui-même aux naissances du Syndicat des filateurs de Lavelanet et environs le 16 juin 1900 et du Syndicat des apprêteurs de draps de Lavelanet et environs le 1er juillet 1900. Filateurs et apprêteurs se sont regroupés pour s’entendre sur les tarifs à exiger des fabricants et pour encadrer les contentieux éventuels. Soumis au bon vouloir des fabricants qui distribuaient le travail au mieux de leurs intérêts jouant de la concurrence entre les établissements pour obtenir des bas prix, leur absence d’organisation les affaiblissait aussi en cas de litige. Fragilisés à leur tour du fait de leur inorganisation, les fabricants créèrent leur propre syndicat afin d’opposer un front uni aux patrons de l’amont et de l’aval de la fabrication. Mais leur coopération ne pouvait pas être non plus très efficace tant les intérêts différaient entre les plus grands à la tête des établissements intégrés, les moyens souvent spécialisés, les petits toujours sans matériel et les très petits, simples tisserands-patrons ou fabricants en chambre, de loin les plus nombreux.

    2. Des entreprises nombreuses aux structures hétérogènes

    15Cette grande dispersion des entreprises constatable en Pays d’Olmes obéit à la structure partout observable dans les centres du cardé34 ; elle est ici toutefois plus marquée. Dire que la pyramide est incomplète et déséquilibrée est un euphémisme ; en effet – et sans prendre en compte les tisserands-patrons – la presque totalité des entreprises a un effectif inférieur à 100 ouvriers ; en 1906, sur 43 établissements recensés, 38 n’atteignent pas un effectif de 50 ; seuls 4 d’entre eux dépassent les 100 : Escolier-Diant (172 ouvriers) et Dumons frères (120 ouvriers) à Lavelanet, Fonquernie (152 ouvriers) et Ricalens (281 ouvriers) à Laroque d’Olmes. L’effectif moyen n’atteint pas 33 ouvriers par entreprise35. Après la Première Guerre mondiale, la situation change sensiblement ; entre 1914 et 1929, les effectifs s’accroissent de plus de 82 % et la moyenne par entreprise fait plus que doubler36. Les entreprises les plus importantes continuent à se développer ; Ricalens reste l’usine la plus importante, ses effectifs atteignent dorénavant 550 ouvriers37. Cela n’est pas sans effet sur la coupure qui demeure entre les intégrés dont le devenir dépend peu d’une éventuelle coopération alors que les entreprises spécialisées sont contraintes à l’interdépendance. L’essentiel des établissements spécialisés l’est dans le tissage. Certains regroupent aussi le filage et le cardage. Mais tous restent interdépendants par le lien avec les fournisseurs de matières premières en amont, les apprêteurs en aval. Des usines spécialisées ont vu le jour dans la préparation des matières premières ; avec l’accroissement de l’usage des laines renaissance, des établissements d’effilochage se sont développés. Les filatures, mécanisant le cardage et le filage depuis le début du XIXème siècle, sont de moins en moins spécialisées et développent de plus en plus des activités de tissage ; elles fournissent aussi de la laine filée à la bonneterie. Quelques teinturiers indépendants traitent les produits en laine ou en fil. Les fabricants, avec ou sans matériel, confient après tissage leurs étoffes aux apprêteurs qui se chargent du foulage et des dernières opérations d’apprêt. Les relations de complémentarité peuvent atteindre des niveaux d’intensité variable au point de relever d’une véritable coopération lorsqu’elles intègrent des usines portant sur des opérations différentes appartenant à une même famille, ce qui est rare38.

    III. La faiblesse de coopération entre les entreprises

    1. Les formes de coopération

    16Bien que mal connues car faiblement documentées, les relations entre les entreprises françaises ne permettent pas de montrer un marché local caractérisé par une combinaison de concurrence et de coopération intense, même à Roubaix-Tourcoing ; au contraire, « la réduction continue et de grande ampleur du nombre des entreprises et le renforcement de la concentration qui l’a accompagnée souligne bien qu’une concurrence vigoureuse domine les relations entre les entreprises de la place ». Cela n’exclut pas des relations de solidarité et de coopération entre les entreprises, mais leur extension est limitée. Elles sont notamment fondées sur la traditionnelle solidarité familiale du patronat nordiste. Mais rien de semblable n’est observable ailleurs ; au contraire, des comportements individualistes et opportunistes s’y développent39. En effet, là où les Roubaisiens savent éviter les cascades de faillites lors des crises les plus graves, les Ariégeois ne peuvent même pas les empêcher en situation normale, y compris pour leurs associés. Un exemple particulièrement probant nous est fourni par le comportement des précurseurs de l’industrie textile moderne de la région.

    17En 1829, Ambroise Authié ne peut plus faire face à ses obligations financières et est déclaré en faillite ; ni Dumas, ni Dastis – alors ses associés – ne viennent le secourir et si la totalité de la fortune de l’épouse est engloutie dans l’affaire, aucune autre aide ne vient de la famille, en particulier de son beau-frère industriel40. Il est alors aisé de conclure à une pratique individualiste locale et ce à deux niveaux : lorsque les difficultés surviennent, personne ne semble financièrement solidaire ; et même, dès que les affaires se développent et permettent à chacun d’envisager l’éventualité d’une poursuite solitaire de l’aventure industrielle, les partenaires n’hésitent pas à se séparer ; quand Authier continue ensuite et dans de nouvelles conditions la fabrique de draps sans associé, Dumas et Dastis se séparent aussi. Pourtant, l’individualisme ne peut être seul ici invoqué pour expliquer ces attitudes ; la faiblesse financière des entreprises locales est tout aussi importante dans le processus. En effet, si Dastis et Dumas, bien que n’étant plus associés, continuent de partager leurs moyens de production en collaborant aussi avec Authié, c’est bien en raison de leur faible aptitude à investir. De la même manière, lorsque ce dernier se trouve dans l’incapacité de rembourser ses créanciers, ni Dumas, ni Dastis, ne peuvent lui venir en aide : comme lui, ils sont endettés et subissent la nouvelle donne commerciale des débuts de la Restauration faite de concurrence accrue sur le marché intérieur accompagnée d’une baisse sensible des prix. La faible coopération entre les entreprises tient alors autant au comportement individualiste des industriels qu’à leur fragilité financière.

    2. Cadre institutionnel et coopération

    18Ce comportement est sensible dans le cadre même du fonctionnement des institutions du commerce et de l’industrie. Cependant, bien peu de documents nous permettent d’y accéder ; ainsi le fonctionnement de la Chambre consultative des Arts et Manufactures de Foix, dont aucune source n’a été conservée, nous est presque totalement inconnu. Il faut dire que les notables locaux ont largement délaissé les dites institutions tandis que l’Etat leur manifestait peu d’intérêt. Elles avaient pourtant pour fonction de « faire connaître les besoins et les moyens d’amélioration des manufactures, fabriques, arts et métiers ». Il n’empêche que les fabricants en draps qui dominent dans les chambres de Chalabre et de Limoux – et probablement à Foix41 – se réunissent peu et délibèrent rarement42. Il faut probablement voir là le souci d’industriels et de négociants plus enclins à régler individuellement leurs propres problèmes et à ne pas livrer d’informations innovantes à des homologues vécus d’abord comme des concurrents

    19Pressentie en creux par le peu de traces laissées par la Chambre consultative, la faible coopération des entrepreneurs dans le cadre institutionnel nous apparaît plus clairement à l’étude des sources laissées par des manifestations ponctuelles comme les Expositions à Paris des produits de l’industrie nationale ou les Expositions internationales ; les rapports préparatoires, la constitution des comités, les états des objets envoyés à Paris accompagnés de notes d’industriels et des autorités administratives, les récompenses et les correspondances en fournissent les indices. La préparation de telles manifestations aurait dû incomber à la Chambre consultative puis à la Chambre de commerce de Foix après sa création tardive ; on peut imaginer sans peine, pour les raisons évoquées précédemment, que les élus consulaires ne devaient pas faire preuve de plus d’empressement que dans les circonstances habituelles. La confirmation nous en est donnée par la difficulté qu’il pouvait y avoir parfois à constituer un jury de qualité ; on le constate pour la préparation des Expositions universelles43 ou des Expositions à Paris des produits de l’industrie nationale où l’on observe le peu d’empressement des industriels à présenter leur candidature aux diverses manifestations ; ce peu d’enthousiasme fait que le préfet en est souvent réduit à solliciter directement les entrepreneurs qu’il estime devoir être admis à concourir. Il ne réussit d’ailleurs pas toujours à les convaincre44. Toutefois, par la constitution des comités, locaux et départementaux, l’occasion est donnée aux industriels d’échanger sur des pratiques à partir de l’analyse des produits qui sont proposés et qui représentent la plupart du temps ce qui se fait de mieux dans le département. Les industriels de Lavelanet y sont le plus souvent bien représentés45. Impulsées par l’Etat central à partir du ou des ministères qui ont en charge le commerce et / ou l’industrie et relayées dans le département par le préfet, les expositions permettent de suppléer en partie l’absence ou les carences de fonctionnement des institutions susceptibles de créer de la collaboration entre les industriels. Mais, par leur nature même, elles demeurent ponctuelles et ne sont que des manifestations exogènes de coopération. Elles ont au moins le mérite de montrer, dans une conception libérale des institutions, le rôle que l’Etat continue de s’assigner en matière de soutien et d’encouragement à l’industrie.

    20Toutefois, les collectivités publiques ne jouent, au total, qu’un rôle limité. Les municipalités, en particulier, sont sans moyens et ne peuvent que faiblement influer sur leur destinée économique ; leur rôle se limite souvent à intervenir dans la gestion de la main-d’œuvre ; même dans ce cas, lorsque la crise ou les difficultés d’adaptation structurelles surviennent, elles ne peuvent agir que sur la base du soutien de l’Etat central par l’octroi d’aides financières ponctuelles46. De la même manière, leur influence reste limitée face aux grandes institutions privées ou publiques. Aussi, restent-elles sans poids sur la politique énergétique, les industriels s’en remettant à leur propre initiative dans la production de leur force. Il en est de même lorsqu’il s’agit de négocier la liaison avec les grandes lignes ferroviaires ; Lavelanet n’obtient sa gare qu’en 1903 et malgré les protestations véhémentes des Ariégeois, la ligne sous-pyrénéenne qui devait relier Foix à l’Aude ne sera jamais réalisée ; au bout du compte, le Pays d’Olmes restera « un cul-de-sac mal desservi »47.

    IV. Tensions et consensus autour du travail

    1. De lourdes contraintes démographiques

    21La faible efficacité des acteurs politiques locaux, l’hétérogénéité sociale et le manque de valeurs partagées à l’origine de conflits sociaux particulièrement durs ne sont pas une spécificité du Pays d’Olmes. En revanche, la région connaît des contraintes démographiques qui, par leur intensité, sont sans équivalent au niveau national. En effet, le Pays d’Olmes n’a jamais disposé d’une main-d’œuvre abondante ; si on prend pour exemple Lavelanet où l’essentiel de l’activité se concentrait, la population ne dépasse guère 3 500 habitants à la veille du premier conflit mondial ; quant au canton, il en avoisine à peine 12 000. Le reste du département ne représente pas pour autant un réservoir de potentialités ; la population à son maximum démographique n’est que de 270 525 individus. Le bassin d’emploi est donc réduit et le restera toujours.

    22Cela provoque une situation tendue sur le marché de l’emploi renforcée, dès les années 1840, par l’amorce et l’aggravation du processus de dépeuplement du département de l’Ariège48. L’immigration a pu alors permettre de compléter en partie les besoins. La proximité de l’Espagne et le retournement du sens des flux migratoires désormais orientés du Sud vers le Nord pouvait offrir la possibilité de recourir à une main-d’œuvre nombreuse et prête à accepter des conditions d’emploi peu avantageuses pour elle. Pourtant, l’émigration est très peu importante dans l’industrie textile ariégeoise tout au long du XIXème siècle ; ainsi, en 1872, on ne compte que 19 étrangers à Lavelanet et les Espagnols sont très peu présents49. Le processus ne se développe vraiment qu’après la Grande Dépression et surtout dans les années 1920 ; à cette période, l’immigration espagnole domine largement et est devenue absolument indispensable à la poursuite de l’activité industrielle50.

    2. Marché du travail et gestion de la main-d’œuvre

    23Cette situation n’est pas sans effet en matière de gestion de la main-d’œuvre. On pourrait penser que le manque de bras aurait, en réponse, poussé les industriels ariégeois à se mécaniser. Or nous savons qu’il n’en a rien été, les progrès en la matière ayant été toujours modérés, progressifs et décalés dans le temps par rapport à l’ensemble des centres importants du cardé51. Ces progrès semblent s’effectuer sans résistance. Peut-être alors doit-on voir là, comme Giacomo Becattini le pense, la perception par la société locale d’une avancée sociale par l’introduction de nouvelles technologies, l’innovation n’étant pas ressentie comme une mesure douloureuse imposée de l’extérieur mais comme l’occasion de renforcer une position déjà conquise52. S’il semble difficile d’apprécier localement l’expression de cette représentation, en revanche, il apparaît plutôt que la progressivité de la mécanisation régionale doublée d’un relatif équilibre entre offre et demande d’emplois soit de préférence favorable au salariat ; aussi, l’arrivée des nouvelles techniques ne provoque-t-elle pas de réactions hostiles de la part des ouvriers. Au contraire, la croissance s’effectue d’abord sur la base de gains de productivité – même modestes et décalés – fondée sur une démographie d’entreprises évoluant peu et non sur la montée en puissance d’effectifs ouvriers dans des usines de plus en plus concentrées ; la poussée s’effectue même sur la base d’une expansion du nombre des fabricants en chambre, même au XXème siècle ; aussi, l’innovation technologique trouve-t-elle l’assentiment des ouvriers qui voient leurs salaires augmenter au rythme de l’accroissement des qualifications ; elle permet, de plus, à certains d’entre eux d’accéder au statut de tisserand-patron à la représentation symbolique plus valorisante liée à l’illusion de l’indépendance organisationnelle et économique53.

    24Ce processus peut toutefois engendrer des difficultés de gestion dans la mesure où le patronat peut se trouver dans la situation de devoir augmenter les salaires comme cela s’observe partout ailleurs dans l’industrie lainière, à l’exception de Roubaix-Tourcoing54. Le processus semble en effet inévitable du fait de l’émigration et de l’évolution défavorable du solde naturel55. Le risque peut aussi venir de la concurrence exercée par d’autres activités. On sait le rôle très important joué par l’attractivité des emplois de service sur les populations du Sud-Ouest dans leur motivation à émigrer ; les Ariégeois ne restent pas en marge du processus56. En revanche, la compétition avec les autres industries se développant dans ou à proximité du bassin d’emploi, a des effets limités en Pays d’Olmes ; ainsi, l’industrie du peigne et le textile croissent sans vraiment se concurrencer. Les deux secteurs offrent au contraire la possibilité à beaucoup de ruraux de se maintenir au pays en évitant une émigration lointaine57. Peut-être même se dégage-t-il chez les patrons – à divers niveaux – comme chez les ouvriers, une « volonté de vivre et de travailler au pays »58 sans pour autant que se crée un modèle fondé sur l’autarcie puisque la croissance du tissu industriel local dépend en grande partie de conditions exogènes. Cet aspect joue très fortement en défaveur du salariat local et des façonniers qui, pour éviter l’émigration, sont prêts à accepter, au moins pour un temps et dans une certaine mesure, des conditions de rémunération peu favorables59. Les statistiques industrielles de la seconde moitié du XIXème siècle attestent de la faiblesse du salaire moyen qui semble encore perdurer en 1906 puisque, si l’on en croit les tisserands en grève, sur une évaluation faite sur 140 salaires journaliers, leur moyenne serait de 2 francs60. Cette situation est d’autant plus inacceptable pour les ouvriers qu’il n’existe pas en Pays d’Olmes une politique sociale active à même de compenser la faiblesse des rémunérations. Aussi, la fin du XIXème et le début du XXème siècles sont marqués par une série de conflits, toujours durs, car le compromis n’est jamais recherché par le patronat ; et la moitié des grèves se termine sans aucun résultat positif pour les ouvriers. Cela a pour effet de durcir les actions débouchant sur la grande grève de 1905- 1906 qui dura quatre mois et dont les ouvriers sortirent vainqueurs, malgré l’intervention de la troupe et la tentative de judiciarisation du conflit61.

    25En dehors des mouvements revendicatifs collectifs, une des rares solutions dont dispose le salarié pour chercher à rompre une condition salariale insatisfaisante consiste à changer d’entreprise. Le turn over n’est pas une spécificité ni du lieu ni de la période. Il reste toutefois ici limité au bassin d’emploi et en ce sens ne menace guère l’équilibre du territoire industriel. Il peut au contraire avoir des effets bénéfiques par son fonctionnement puisque si l’on en croit Giacomo Becattini la mobilité des salariés pourrait avoir l’avantage de leur permettre de progresser dans la hiérarchie professionnelle grâce aux compétences acquises précédemment tout en permettant une diffusion de l’innovation au niveau du territoire62. En effet, l’entrée dans le textile, qui s’effectue presque toujours dans la filature, s’accompagne au rythme de l’acquisition de l’expérience de l’apprentissage des opérations d’une évolution professionnelle jusqu’au tissage. Un des moyens de franchir les différentes étapes est d’être mobile d’une entreprise locale à l’autre. Un consensus existe pour cela entre patrons et ouvriers et les filateurs s’entendent en ce sens en 1900 prévoyant « la liberté absolue […] de se quitter » avec un préavis de 15 jours63.

    26A la veille de la Première Guerre mondiale, l’industrie lainière française apparaît « dominée par le puissant complexe de Roubaix-Tourcoing, alors que tous les autres [voient] leur poids, à la fois absolu et relatif, décliner »64 : Sedan s’engourdit entre 1830 et 187065, Elbeuf amorce « un irrésistible déclin » après 187066, Mazamet se lance dans le délainage, délaissant le textile67 et Castres choisit les tissus mélangés tout en voyant son chiffre d’affaire diminuer68. Le Pays d’Olmes connaît une évolution divergente ; entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle, la tendance positive reste encore bien timide car son poids dans l’industrie nationale reste très faible ; mais les structures territoriales sont bien en place et servent de base à une croissance sensible dans les années 1920, qui se poursuit lors des Trente Glorieuses, l’apogée étant atteint au début des années 1970.

    27Territoire de la laine à la trajectoire originale, il n’obéit pas plus que les autres à la définition du district industriel ou du système de production localisé ; on n’observe pas d’interpénétration entre le système des entreprises et le fonctionnement social de la communauté locale. La société est fortement hétérogène et divisée quant aux valeurs. Si le groupe patronal n’est pas figé et permet un certain renouvellement, il reste étroit69 et domine un vaste prolétariat sans réelle chance d’ascension sociale. Cela est à l’origine de très fortes tensions dans la gestion de la main-d’œuvre débouchant sur des grèves très dures et la montée très forte au début du XXème siècle du socialisme révolutionnaire. Quant aux entreprises, elles s’interpénètrent plus qu’elles ne coopèrent, l’individualisme restant la règle. La force du territoire a donc reposé sur d’autres facteurs, en particulier sur la capacité de s’adapter aux contraintes externes grâce au faible coût et à la flexibilité de la main-d’œuvre locale ; l’éclatement des entreprises, leur petite dimension ainsi que les caractéristiques propres du marché de l’emploi local l’ont favorisée ; l’adaptation au marché par l’adoption de nouveaux produits liée à une pratique systématique de l’imitation à moindre coût a aussi été déterminante ; en cela, le Pays d’Olmes se rapproche assez bien de la notion d’aire de spécialisation productive proposée par Gioacchino Garofoli70.

    Notes de bas de page

    1 Alors que d’autres disparaissent au même moment dans presque tout le Sud-Ouest, cf. J.-M. MINOVEZ, L’impossible croissance en Midi toulousain ? 1661-1914. Origines d’un moindre développement, Paris, Publisud, 1997 et « Pourquoi le Midi toulousain s’est-il désindustrialisé au début du XIXème siècle ? », Revue historique, 1996, p. 145-165.

    2 D. WORONOFF, Histoire de l’industrie en France du XVIème siècle à nos jours, Paris, Seuil, 1994, p. 336.

    3 Voir ce que nous en dit R. GUILLAUME que je tiens à remercier pour m’avoir permis de lire son projet de synthèse pour l’HDR en cours de rédaction. Il m’a été d’une aide précieuse pour faire le point sur les débats en cours chez les géographes, les économistes et les sociologues quant à la question des districts industriels et des SPL. Il m’a aussi mis sur la piste d’auteurs que je ne connaissais pas ou que j’avais incomplètement lu jusqu’alors, en particulier X. GREFFE.

    4 Voir ce que nous dit X. GREFFE sur la réflexion économique en matière d’espace, cf. X. GREFFE, Décentraliser pour l’emploi : les initiatives de développement, Paris, Economica, 2ème éd., 1989, p. 101.

    5 G. BECATTINI en particulier. On se réfèrera ici essentiellement à son article pionnier : « Dal settore industriale al distretto industriale. Alcune considerazioni sull’unità d’indagine dell’economica industriale » Rivista di Economica e Politica Industriale, vol. 5, n° 1, 1979, p. 7-21, ainsi qu’à la mise au point synthétique : G. BECATTINI, « Le district marshallien : une notion socio-économique », in G. BENKO et A. LIPIETZ (dir.), Les régions qui gagnent. Districts et réseaux : les nouveaux paradigmes de la géographie économique, Paris, PUF, 1992, p. 35-55.

    6 Cette contribution doit beaucoup à la lecture des écrits de J.-C. DAUMAS, en particulier : Les territoires de la laine. Histoire de l’industrie lainière en France au XIXème siècle, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2004.

    7 D’après R. GUILLAUME, op. cit.

    8 G. GAROFOLI, « Les systèmes de petites entreprises : un cas paradigmatique de développement endogène », in G. BENKO et A. LIPIETZ (dir.), Les régions qui gagnent […], op. cit., p. 77

    9 Jusqu’alors majoritairement pratiqué en Haut Languedoc et dans les régions pyrénéennes.

    10 C’est le cas tout d’abord de Dastis qui devient rapidement l’associé de Dumas. Tous deux sont suivis notamment par plusieurs membres de la famille Caussou.

    11 Arch. dép. Ariège, 14M, 19/1, n° 10 ; Observations sommaires sur l’industrie et le commerce du canton de Lavelanet, 1819 ; M. LEVY-LEBOYER, Les banques européennes et l’industrialisation internationale dans la première moitié du XIXème siècle, Paris, PUF, 1964, p. 102.

    12 Arch. dép. Ariège, 14M, 11 ; Rapport de l’ingénieur des mines Mussy, 5 novembre 1869, f° 7 et 8.

    13 Arch. dép. Ariège, 16 J, 15 à 18 ; Archives Bourrel. Filature Ponsein et Bourrel à Laroque-d’Olmes.

    14 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 353.

    15 Arch. dép. Ariège, 14M, 18/4 ; Statistique industrielle. Observations, 1876-1880.

    16 Arch. dép. Ariège, 14M, 19/1, n° 10 et 11 ; Réponses à un questionnaire pour les manufactures de Dumas et de Dastis, 1819.

    17 J.-M. MINOVEZ, « Industrialisation et innovations décalées. L’exemple des draperies de l’Ariège », in S. CAUCANAS et R. CAZALS (dir.), Du moulin à l’usine, Actes du colloque international de Carcassonne, 11 et 12 mai 2004, Toulouse, Privat, 2005, p. 156-157.

    18 Arch. dép. Ariège, 14M, 18/3 ; Situations trimestrielles, Observations, 3ème trimestre 1867.

    19 Arch. dép. Ariège, 14M, 11 ; Rapport de l’ingénieur des mines Mussy, 5 novembre 1869, f° 8 et 9.

    20 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 332.

    21 K. BOUGUELAA, Les ouvriers-paysans dans l’industrie textile du Pays d’Olmes au XIXème siècle, Maîtrise en cours à l’Université Toulouse II-Le Mirail.

    22 M. CHEVALIER, La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises, Paris, M.-Th. Génin, 1956, reprint, Tarascon-sur-Ariège, Ed. Résonances, 1980, p. 1029.

    23 L. CLAYS, Deux siècles de vie politique dans le département de l’Ariège. 1789-1989, Pamiers, Imp. Soula, 1994, p. 224-234 et p. 386.

    24 Arch. dép. Ariège, 14M, 18 ; Situations trimestrielles (1856-1890).

    25 Arch. dép. Ariège, 14M, 5 ; Liste des établissements industriels de l’Ariège établie par le directeur des contributions directes, Foix, le 3 novembre 1906. Mais l’évaluation reste difficile à réaliser, du fait des réserves que l’on peut exprimer quant à la fiabilité des sources aux valeurs toujours approchantes et arrondies et à partir du moment où on intègre dans les calculs les fabricants en chambre, simple tisserands-patrons et dont l’effectif semble avoir connu une tendance à l’accroissement constant tout au long de la période, même au XXème siècle, jusqu’à l’apogée de l’activité.

    26 Dumas et Dastis, par exemple, à l’origine de l’essor industriel du Pays d’Olmes à partir de 1800, n’apparaissent plus au sein des industriels après les années 1870.

    27 Roudière en fournit certainement un des meilleurs exemples.

    28 Ainsi Dumons – un des deux principaux industriels de Lavelanet dont l’entreprise a été fondée en 1796 – ou Fonquernie – à Lavelanet et à Laroque – sont présents tout au long de la période ; il en de même des Authié, toujours présents au début du XXème siècle. C’est encore le cas des Caussou qui, dès le Consulat, avaient tenté, sans succès dans un premier temps, de suivre les innovations de Dumas.

    29 Escolier-Diant et Dumons frères à Lavelanet, Fonquernie et Ricalens à Laroque d’Olmes.

    30 La grève de 1906 a montré que des petits patrons d’usines d’apprêts pouvaient venir en aide aux ouvriers en grève en se cachant des patrons du tissage de peur qu’ils ne les sanctionnent par la suite en ne leur donnant plus leurs draps à apprêter.

    31 Arch. dép. Ariège, 15M, 14 ; Dossiers des syndicats, 1892-1938.

    32 Arch. dép. Ariège, 15M, 29/2 ; Grève de 1905-1906.

    33 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 333.

    34 Ibid., p. 354.

    35 Arch. dép. Ariège, 15M, 5 ; Etablissements industriels. Listes, situations, enquêtes. 1906.

    36 Arch. dép. Ariège, 15M, 10 ; Industrie lainière. Enquête générale de 1930.

    37 Arch. dép. Ariège, 15M, 16 ; Lettre du commissaire spécial au préfet de l’Ariège. Renseignements – Etablissements Ricalens à Laroque d’Olmes, 28 mai 1935.

    38 Il resterait à montrer si la démarche, qui n’intéresse qu’un petit nombre de familles locales, peut rappeler, à un moindre niveau, le comportement du patronat roubaisien.

    39 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 366-368.

    40 Arch. dép. Ariège, 6U, 880 ; Bilan des affaires commerciales d’Ambroise Authié, 30 juin 1829.

    41 En 1866 sont élus pour le renouvellement par tiers de la chambre : Croux Jean-Baptiste-Sylvain fabricant, Dastis Jean-Pierre-Justin, fabricant de draps et Joly Urbain, teinturier, tous de Lavelanet, (Arch. dép. Ariège, 14M, 2 ; Préfecture de l’Ariège, 11 décembre 1866 et ibid., 12 décembre 1866).

    42 C. MARQUIE, De la Chambre de Commerce de Carcassonne à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Carcassonne-Limoux-Castelnaudary, 1802-2002, Carcassonne, cciclc, 2002, p. 24-25.

    43 Arch. dép. Ariège, 14M, 21 ; Lettre du commissaire général du gouvernement français aux Etats-Unis pour l’Exposition de Saint-Louis, 6 décembre 1902 et Note du préfet de l’Ariège adressée à M. Dumons Léon, industriel à Lavelanet, 18 décembre 1902.

    44 Arch. dép. Ariège, 14M, 19/2 ; Expositions à Paris des produits de l’industrie nationale, 1839.

    45 Arch. dép. Ariège, 14M, 20/1 à 4 ; Expositions internationales. Comité départemental et sous-comités,1878-1897.

    46 Arch. dép. Ariège, 14M, 19/1 ; Lettre de Dumas au préfet, 10 mai 1819.

    47 M. CHEVALIER, La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises, op. cit., p. 972.

    48 A. ARMENGAUD, Les populations de l’est-aquitain au début de l’époque contemporaine. Recherches sur une région moins développée (vers 1845-vers 1871), Paris/La Haye, Mouton, 1961, p. 322.

    49 Ils sont d’origine polonaise (11), hollandaise (6) et espagnole (2). Dans le reste du canton on ne trouve que deux autres Espagnols à Fougax-et-Barrineuf, (Arch. dép. Ariège, 10M, 3/1 ; Tableau récapitulatif du recensement quinquennal de 1872).

    50 Arch. dép. Ariège, 15M, 10 ; Industrie lainière. Enquête générale de 1930.

    51 J.-M. MINOVEZ, « Industrialisation et innovations décalées […] », loc. cit., p. 147- 154.

    52 G. BECATTINI, « Le district marshallien : une notion socio-économique », loc. cit., p. 48-49.

    53 On peut citer à titre d’exemple le perfectionnement de la filature ou le passage au tissage Jacquard qui a permis l’augmentation sensible de la rétribution des tisserands, cf. Arch. dép. Ariège, 14M, 11 ; Rapport de l’ingénieur des mines Mussy, 5 novembre 1869, f° 11 et 14.

    54 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 378.

    55 Lié à une stabilisation du taux de mortalité et à la baisse sensible du taux de natalité (A. ARMENGAUD, Les populations de l’est-aquitain […], op. cit., p. 545- 546).

    56 L. CLAYS, Deux siècles de vie politique dans le département de l’Ariège. 1789-1989, op. cit., p. 246.

    57 Cependant l’attraction urbaine ainsi que celle du bas-Languedoc aux activités agricoles spécialisées en croissance ne doivent pas pour autant être négligées.

    58 Processus présent aussi au XXème siècle qui ne peut être compris que dans le cadre d’une analyse qui dépasse les seuls aspects économiques et institutionnalistes, cf. X. GREFFE, Décentraliser pour l’emploi, les initiatives de développement, op. cit., p. 74.

    59 Elle favorise aussi le maintien de tisserands-patrons et encourage même leur développement. Cela est susceptible de favoriser un processus d’auto-exploitation passant par l’intensification du travail et l’allongement de la journée de travail.

    60 Arch. dép. Ariège, 15M, 29/2 ; Placards de la grève de 1905-1906. Troisième placard du Syndicat ouvrier textile de Lavelanet.

    61 Arch. dép. Ariège, 15M, 29/1 à 4 ; Grèves. Dossiers généraux (1894-1914).

    62 G. BECATTINI, « Le district marshallien : une notion socio-économique », loc. cit., p. 41-44.

    63 Archives du Musée du textile et du peigne en corne de Lavelanet ; Filatures. Tarif et conditions consentis entre patrons et ouvriers, le 30 octobre 1900.

    64 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 366.

    65 G. GAYOT, Les draps de Sedan, 1646-1870, Paris, éd. de l’EHESS, 1998, p. 441-476.

    66 J.-C. DAUMAS, L’amour du drap. Blin & Blin. Elbeuf, 1827-1975. Histoire d’une entreprise lainière familiale, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, 1999, p. 162-164.

    67 R. CAZALS, Les révolutions industrielles à Mazamet, 1750-1900, Paris/Toulouse, La Découverte-Maspero/Privat, 1983, p. 165-174 et p. 182-209.

    68 J. LOUP, L’industrie lainière dans le Tarn, Thèse de doctorat en droit de l’Université de Paris, Toulouse, Librairie des étudiants, 1910, p. 44-50.

    69 Du moins si l’on prend seulement en compte les intégrés et, dans une moindre mesure, les spécialisés qui sont les seuls à même de peser sur l’évolution des structures.

    70 G. GAROFOLI, Industrializzazione diffusa in Lombardia, Milan, Istituto regionale di ricerca and Franco Angeli, 1983 et « Les systèmes de petites entreprises : un cas paradigmatique de développement endogène », art. cit., p. 64-65.

    Auteur

    • Jean-Michel Minovez

      Est maître de conférences en histoire économique et sociale à l’université de Toulouse II-Le Mirail et chercheur au laboratoire Framespa (UMR 5136). Ses recherches portent essentiellement sur les phénomènes d’industrialisation et de désindustrialisation aux XVIIIème et XIXème siècles des espaces restés en marge du processus fordiste de croissance. Il a notamment écrit L’impossible croissance en Midi toulousain ? 1661-1914. Origines d’un moindre développement, Paris, Publisud, 1997 et a édité, en particulier, Faïence fine et porcelaine en France. Les hommes, les objets, les lieux, les techniques, Toulouse, CNRS/Université de Toulouse-Le Mirail, 2004. Il vient de publier un numéro spécial des Annales du Midi (n° 251, juillet-septembre 2005) intitulé Dynamiques marchandes : acteurs, réseaux, produits, XIII-XIXème siècles.

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    1 Alors que d’autres disparaissent au même moment dans presque tout le Sud-Ouest, cf. J.-M. MINOVEZ, L’impossible croissance en Midi toulousain ? 1661-1914. Origines d’un moindre développement, Paris, Publisud, 1997 et « Pourquoi le Midi toulousain s’est-il désindustrialisé au début du XIXème siècle ? », Revue historique, 1996, p. 145-165.

    2 D. WORONOFF, Histoire de l’industrie en France du XVIème siècle à nos jours, Paris, Seuil, 1994, p. 336.

    3 Voir ce que nous en dit R. GUILLAUME que je tiens à remercier pour m’avoir permis de lire son projet de synthèse pour l’HDR en cours de rédaction. Il m’a été d’une aide précieuse pour faire le point sur les débats en cours chez les géographes, les économistes et les sociologues quant à la question des districts industriels et des SPL. Il m’a aussi mis sur la piste d’auteurs que je ne connaissais pas ou que j’avais incomplètement lu jusqu’alors, en particulier X. GREFFE.

    4 Voir ce que nous dit X. GREFFE sur la réflexion économique en matière d’espace, cf. X. GREFFE, Décentraliser pour l’emploi : les initiatives de développement, Paris, Economica, 2ème éd., 1989, p. 101.

    5 G. BECATTINI en particulier. On se réfèrera ici essentiellement à son article pionnier : « Dal settore industriale al distretto industriale. Alcune considerazioni sull’unità d’indagine dell’economica industriale » Rivista di Economica e Politica Industriale, vol. 5, n° 1, 1979, p. 7-21, ainsi qu’à la mise au point synthétique : G. BECATTINI, « Le district marshallien : une notion socio-économique », in G. BENKO et A. LIPIETZ (dir.), Les régions qui gagnent. Districts et réseaux : les nouveaux paradigmes de la géographie économique, Paris, PUF, 1992, p. 35-55.

    6 Cette contribution doit beaucoup à la lecture des écrits de J.-C. DAUMAS, en particulier : Les territoires de la laine. Histoire de l’industrie lainière en France au XIXème siècle, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2004.

    7 D’après R. GUILLAUME, op. cit.

    8 G. GAROFOLI, « Les systèmes de petites entreprises : un cas paradigmatique de développement endogène », in G. BENKO et A. LIPIETZ (dir.), Les régions qui gagnent […], op. cit., p. 77

    9 Jusqu’alors majoritairement pratiqué en Haut Languedoc et dans les régions pyrénéennes.

    10 C’est le cas tout d’abord de Dastis qui devient rapidement l’associé de Dumas. Tous deux sont suivis notamment par plusieurs membres de la famille Caussou.

    11 Arch. dép. Ariège, 14M, 19/1, n° 10 ; Observations sommaires sur l’industrie et le commerce du canton de Lavelanet, 1819 ; M. LEVY-LEBOYER, Les banques européennes et l’industrialisation internationale dans la première moitié du XIXème siècle, Paris, PUF, 1964, p. 102.

    12 Arch. dép. Ariège, 14M, 11 ; Rapport de l’ingénieur des mines Mussy, 5 novembre 1869, f° 7 et 8.

    13 Arch. dép. Ariège, 16 J, 15 à 18 ; Archives Bourrel. Filature Ponsein et Bourrel à Laroque-d’Olmes.

    14 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 353.

    15 Arch. dép. Ariège, 14M, 18/4 ; Statistique industrielle. Observations, 1876-1880.

    16 Arch. dép. Ariège, 14M, 19/1, n° 10 et 11 ; Réponses à un questionnaire pour les manufactures de Dumas et de Dastis, 1819.

    17 J.-M. MINOVEZ, « Industrialisation et innovations décalées. L’exemple des draperies de l’Ariège », in S. CAUCANAS et R. CAZALS (dir.), Du moulin à l’usine, Actes du colloque international de Carcassonne, 11 et 12 mai 2004, Toulouse, Privat, 2005, p. 156-157.

    18 Arch. dép. Ariège, 14M, 18/3 ; Situations trimestrielles, Observations, 3ème trimestre 1867.

    19 Arch. dép. Ariège, 14M, 11 ; Rapport de l’ingénieur des mines Mussy, 5 novembre 1869, f° 8 et 9.

    20 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 332.

    21 K. BOUGUELAA, Les ouvriers-paysans dans l’industrie textile du Pays d’Olmes au XIXème siècle, Maîtrise en cours à l’Université Toulouse II-Le Mirail.

    22 M. CHEVALIER, La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises, Paris, M.-Th. Génin, 1956, reprint, Tarascon-sur-Ariège, Ed. Résonances, 1980, p. 1029.

    23 L. CLAYS, Deux siècles de vie politique dans le département de l’Ariège. 1789-1989, Pamiers, Imp. Soula, 1994, p. 224-234 et p. 386.

    24 Arch. dép. Ariège, 14M, 18 ; Situations trimestrielles (1856-1890).

    25 Arch. dép. Ariège, 14M, 5 ; Liste des établissements industriels de l’Ariège établie par le directeur des contributions directes, Foix, le 3 novembre 1906. Mais l’évaluation reste difficile à réaliser, du fait des réserves que l’on peut exprimer quant à la fiabilité des sources aux valeurs toujours approchantes et arrondies et à partir du moment où on intègre dans les calculs les fabricants en chambre, simple tisserands-patrons et dont l’effectif semble avoir connu une tendance à l’accroissement constant tout au long de la période, même au XXème siècle, jusqu’à l’apogée de l’activité.

    26 Dumas et Dastis, par exemple, à l’origine de l’essor industriel du Pays d’Olmes à partir de 1800, n’apparaissent plus au sein des industriels après les années 1870.

    27 Roudière en fournit certainement un des meilleurs exemples.

    28 Ainsi Dumons – un des deux principaux industriels de Lavelanet dont l’entreprise a été fondée en 1796 – ou Fonquernie – à Lavelanet et à Laroque – sont présents tout au long de la période ; il en de même des Authié, toujours présents au début du XXème siècle. C’est encore le cas des Caussou qui, dès le Consulat, avaient tenté, sans succès dans un premier temps, de suivre les innovations de Dumas.

    29 Escolier-Diant et Dumons frères à Lavelanet, Fonquernie et Ricalens à Laroque d’Olmes.

    30 La grève de 1906 a montré que des petits patrons d’usines d’apprêts pouvaient venir en aide aux ouvriers en grève en se cachant des patrons du tissage de peur qu’ils ne les sanctionnent par la suite en ne leur donnant plus leurs draps à apprêter.

    31 Arch. dép. Ariège, 15M, 14 ; Dossiers des syndicats, 1892-1938.

    32 Arch. dép. Ariège, 15M, 29/2 ; Grève de 1905-1906.

    33 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 333.

    34 Ibid., p. 354.

    35 Arch. dép. Ariège, 15M, 5 ; Etablissements industriels. Listes, situations, enquêtes. 1906.

    36 Arch. dép. Ariège, 15M, 10 ; Industrie lainière. Enquête générale de 1930.

    37 Arch. dép. Ariège, 15M, 16 ; Lettre du commissaire spécial au préfet de l’Ariège. Renseignements – Etablissements Ricalens à Laroque d’Olmes, 28 mai 1935.

    38 Il resterait à montrer si la démarche, qui n’intéresse qu’un petit nombre de familles locales, peut rappeler, à un moindre niveau, le comportement du patronat roubaisien.

    39 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 366-368.

    40 Arch. dép. Ariège, 6U, 880 ; Bilan des affaires commerciales d’Ambroise Authié, 30 juin 1829.

    41 En 1866 sont élus pour le renouvellement par tiers de la chambre : Croux Jean-Baptiste-Sylvain fabricant, Dastis Jean-Pierre-Justin, fabricant de draps et Joly Urbain, teinturier, tous de Lavelanet, (Arch. dép. Ariège, 14M, 2 ; Préfecture de l’Ariège, 11 décembre 1866 et ibid., 12 décembre 1866).

    42 C. MARQUIE, De la Chambre de Commerce de Carcassonne à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Carcassonne-Limoux-Castelnaudary, 1802-2002, Carcassonne, cciclc, 2002, p. 24-25.

    43 Arch. dép. Ariège, 14M, 21 ; Lettre du commissaire général du gouvernement français aux Etats-Unis pour l’Exposition de Saint-Louis, 6 décembre 1902 et Note du préfet de l’Ariège adressée à M. Dumons Léon, industriel à Lavelanet, 18 décembre 1902.

    44 Arch. dép. Ariège, 14M, 19/2 ; Expositions à Paris des produits de l’industrie nationale, 1839.

    45 Arch. dép. Ariège, 14M, 20/1 à 4 ; Expositions internationales. Comité départemental et sous-comités,1878-1897.

    46 Arch. dép. Ariège, 14M, 19/1 ; Lettre de Dumas au préfet, 10 mai 1819.

    47 M. CHEVALIER, La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises, op. cit., p. 972.

    48 A. ARMENGAUD, Les populations de l’est-aquitain au début de l’époque contemporaine. Recherches sur une région moins développée (vers 1845-vers 1871), Paris/La Haye, Mouton, 1961, p. 322.

    49 Ils sont d’origine polonaise (11), hollandaise (6) et espagnole (2). Dans le reste du canton on ne trouve que deux autres Espagnols à Fougax-et-Barrineuf, (Arch. dép. Ariège, 10M, 3/1 ; Tableau récapitulatif du recensement quinquennal de 1872).

    50 Arch. dép. Ariège, 15M, 10 ; Industrie lainière. Enquête générale de 1930.

    51 J.-M. MINOVEZ, « Industrialisation et innovations décalées […] », loc. cit., p. 147- 154.

    52 G. BECATTINI, « Le district marshallien : une notion socio-économique », loc. cit., p. 48-49.

    53 On peut citer à titre d’exemple le perfectionnement de la filature ou le passage au tissage Jacquard qui a permis l’augmentation sensible de la rétribution des tisserands, cf. Arch. dép. Ariège, 14M, 11 ; Rapport de l’ingénieur des mines Mussy, 5 novembre 1869, f° 11 et 14.

    54 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 378.

    55 Lié à une stabilisation du taux de mortalité et à la baisse sensible du taux de natalité (A. ARMENGAUD, Les populations de l’est-aquitain […], op. cit., p. 545- 546).

    56 L. CLAYS, Deux siècles de vie politique dans le département de l’Ariège. 1789-1989, op. cit., p. 246.

    57 Cependant l’attraction urbaine ainsi que celle du bas-Languedoc aux activités agricoles spécialisées en croissance ne doivent pas pour autant être négligées.

    58 Processus présent aussi au XXème siècle qui ne peut être compris que dans le cadre d’une analyse qui dépasse les seuls aspects économiques et institutionnalistes, cf. X. GREFFE, Décentraliser pour l’emploi, les initiatives de développement, op. cit., p. 74.

    59 Elle favorise aussi le maintien de tisserands-patrons et encourage même leur développement. Cela est susceptible de favoriser un processus d’auto-exploitation passant par l’intensification du travail et l’allongement de la journée de travail.

    60 Arch. dép. Ariège, 15M, 29/2 ; Placards de la grève de 1905-1906. Troisième placard du Syndicat ouvrier textile de Lavelanet.

    61 Arch. dép. Ariège, 15M, 29/1 à 4 ; Grèves. Dossiers généraux (1894-1914).

    62 G. BECATTINI, « Le district marshallien : une notion socio-économique », loc. cit., p. 41-44.

    63 Archives du Musée du textile et du peigne en corne de Lavelanet ; Filatures. Tarif et conditions consentis entre patrons et ouvriers, le 30 octobre 1900.

    64 J.-C. DAUMAS, Les territoires de la laine […], op. cit., p. 366.

    65 G. GAYOT, Les draps de Sedan, 1646-1870, Paris, éd. de l’EHESS, 1998, p. 441-476.

    66 J.-C. DAUMAS, L’amour du drap. Blin & Blin. Elbeuf, 1827-1975. Histoire d’une entreprise lainière familiale, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, 1999, p. 162-164.

    67 R. CAZALS, Les révolutions industrielles à Mazamet, 1750-1900, Paris/Toulouse, La Découverte-Maspero/Privat, 1983, p. 165-174 et p. 182-209.

    68 J. LOUP, L’industrie lainière dans le Tarn, Thèse de doctorat en droit de l’Université de Paris, Toulouse, Librairie des étudiants, 1910, p. 44-50.

    69 Du moins si l’on prend seulement en compte les intégrés et, dans une moindre mesure, les spécialisés qui sont les seuls à même de peser sur l’évolution des structures.

    70 G. GAROFOLI, Industrializzazione diffusa in Lombardia, Milan, Istituto regionale di ricerca and Franco Angeli, 1983 et « Les systèmes de petites entreprises : un cas paradigmatique de développement endogène », art. cit., p. 64-65.

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    Minovez, J.-M. (2007). 2. Naissance d’une aire de spécialisation productive : le territoire de la laine ariégeois. In J.-C. Daumas, P. Lamard, & L. Tissot (éds.), Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000) (1‑). Presses universitaires de Franche-Comté. https://doi.org/10.4000/books.pufc.27354
    Minovez, Jean-Michel. « 2. Naissance d’une aire de spécialisation productive : le territoire de la laine ariégeois ». In Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000), édité par Jean-Claude Daumas, Pierre Lamard, et Laurent Tissot. Besançon: Presses universitaires de Franche-Comté, 2007. https://doi.org/10.4000/books.pufc.27354.
    Minovez, Jean-Michel. « 2. Naissance d’une aire de spécialisation productive : le territoire de la laine ariégeois ». Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000), édité par Jean-Claude Daumas et al., Presses universitaires de Franche-Comté, 2007, https://doi.org/10.4000/books.pufc.27354.

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    Daumas, J.-C., Lamard, P., & Tissot, L. (éds.). (2007). Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000) (1‑). Presses universitaires de Franche-Comté. https://doi.org/10.4000/books.pufc.27289
    Daumas, Jean-Claude, Pierre Lamard, et Laurent Tissot, éd. Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000). Besançon: Presses universitaires de Franche-Comté, 2007. https://doi.org/10.4000/books.pufc.27289.
    Daumas, Jean-Claude, et al., éditeurs. Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000). Presses universitaires de Franche-Comté, 2007, https://doi.org/10.4000/books.pufc.27289.
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