29. Les syndicats tchèques sous l’Occupation allemande (1939-1945). Entre intérêts nationaux et sociaux
p. 485-501
Texte intégral
1À de nombreux égards, la Bohème-Moravie constitue un cas à part parmi les régions d’Europe qui sont tombées sous domination allemande au cours de la politique d’expansion nazie. Premièrement, la partie occidentale de l’ancienne Tchécoslovaquie est la région à population majoritairement non allemande qui est restée le plus longtemps sous occupation allemande. Deuxièmement, à l’inverse des territoires occupés par la suite, l’occupation n’y a pas été précédée d’une défaite militaire. Fait qui constitue l’une des raisons pour lesquelles la politique d’occupation fut relativement douce au sein du protectorat – du moins comparée aux autres régions d’Europe centrale, orientale et méridionale. À cela s’ajoute que le grand potentiel industriel de la Bohème-Moravie devait servir l’effort de guerre nazi, ce qui incita les occupants à éviter, autant que possible, de monter inutilement la population tchèque contre eux. De surcroît, dans l’optique raciale nazie, plus de la moitié de la population tchèque était « germanisable ». Or, à long terme, les nouveaux dirigeants ne souhaitaient pas « germaniser » seulement l’espace tchèque mais également la plus grande partie de ses habitants « de race étrangère » (fremdvölkisch). Les Allemands ont donc manié la carotte et le bâton dans l’idée de gagner les Tchèques à la « pensée du Reich », précisément à l’idéologie national-socialiste.
2Les tentatives de séduction et offres de coopération s’adressaient avant tout à la classe ouvrière tchèque dont la force de travail était indispensable à l’industrie d’armement. En outre, les nazis considéraient que les ouvriers présentaient un danger politique et national moindre que les intellectuels tchèques. Le destin du mouvement ouvrier tchèque apparaît donc tout à fait singulier dans ce contexte : alors que son bras politique – les partis – a été amputé, les comités d’entreprise, créés par une loi de 1921, perdurèrent. De surcroît, les syndicats, en tant que forme d’organisation dépassant le cadre de l’entreprise, furent également maintenus. Et plus encore : en deux étapes, le mouvement ouvrier, fortement morcelé en Tchécoslovaquie, a été transformé sous l’égide allemande en un syndicat unitaire centralisé. Le régime d’occupation en Bohème-Moravie emprunta une voie fort différente de celle suivie par le Reich, où les organisations ouvrières, que ce soit à l’échelon de l’entreprise ou à un niveau supérieur, furent démantelées et absorbées dans le Deutsche Arbeitsfront (DAF), une organisation obligatoire d’employés et de patrons, qui avait pour premier objectif d’endiguer les conflits dans l’industrie1.
3En dépit de ce statut particulier, peu de recherches ont cependant été menées sur les syndicats tchèques sous le nazisme. Jusqu’à présent, seuls ont paru quelques articles qui se limitent aux premières années de l’occupation2, les présentations d’ensemble du protectorat n’abordant les syndicats qu’accessoirement3. Notre contribution cherche donc à combler, au moins en partie, ces lacunes et s’articule autour de deux questions principales. Pourquoi, premièrement, les Allemands permirent-ils non seulement aux syndicats tchèques en place de se maintenir mais les structurèrent-ils en un syndicat unitaire centralisé ? De quelle marge de manœuvre, deuxièmement, disposaient les syndicats tchèques et dans quels champs ont-ils été particulièrement actifs ? Ces questions soulèvent aussi celles du potentiel réel d’influence des organisations des salariés tchèques et de leur pénétration dans la classe ouvrière tchèque.
4L’état des sources, contrairement à celui de la recherche, est relativement bon. Outre les documents des syndicats du protectorat et du tribunal d’honneur à qui incomba, après la libération, d’examiner le sort des fonctionnaires incriminés4, il a été possible d’avoir accès aux dossiers du ministère de l’Intérieur ainsi que du ministère de la Santé et des Affaires sociales du gouvernement du protectorat, ou encore à ceux des services du protecteur du Reich (Reichsprotektor) et du secrétaire d’État pour la Bohème-Moravie. À cela s’ajoute la volumineuse presse syndicale produite pendant l’occupation et juste après la guerre. Ce matériel permet de reconstituer à la fois les perspectives tchèques et allemandes.
5Après les accords de Munich de septembre 1938 cédant au Reich les territoires frontaliers de la Tchécoslovaquie dont la majorité de la population était allemande, Hitler fit occuper ce qu’il appelait le « reste de la Tchéquie » à la mi-mars 1939 et institua le protectorat de Bohème-Moravie ; 7,2 millions de Tchèques et 200 000 Allemands tombèrent ainsi sous le joug du régime nazi tandis que la Slovaquie, qui avait accédé au rang d’État par la grâce d’Hitler, obtenait une indépendance fictive. Pour ménager les susceptibilités étrangères, l’occupant tenta de préserver également un semblant d’indépendance au sein du protectorat, en se bornant sur le plan formel à exercer uniquement une sorte de patronage. De jure, il existait toujours un gouvernement tchèque autonome et un président ; de facto cependant, les décisions importantes étaient toutes prises par des fonctionnaires allemands au sein des services du protecteur du Reich ; le gouvernement du protectorat ne pouvait rien entreprendre sans aval allemand5. L’occupant se garda au demeurant de trop intervenir dans la vie publique du protectorat, et dans un premier temps, beaucoup de choses restèrent donc en l’état, y compris pour les syndicats, qui étaient toutefois réservés aux ouvriers tchèques tandis que les actifs allemands du protectorat étaient encadrés par le DAF.
6À l’arrivée des Allemands, la Bohème-Moravie comptait 573 organisations syndicales distinctes6. Il y avait certes eu des tentatives après les accords de Munich d’unifier les syndicats éclatés, mais jusqu’à la mi-mars 1939 elles n’avaient guère dépassé la création d’un comité préliminaire7. L’occupation allemande fut le catalyseur du processus d’unification : après de longues négociations internes, le ministère de l’Intérieur ordonna à l’été 1939 la fusion par branche des syndicats indépendants8, qui donna lieu à la création de 26 syndicats regroupés en deux centrales, une pour les organisations ouvrières et une autre pour les employés. La Centrale des fédérations ouvrières et la Centrale des fédérations des employés du secteur privé étaient elles-mêmes membres de la Centrale syndicale des salariés (NOÚZ), organe de coordination du syndicalisme tchèque9.
7Les inconvénients et les faiblesses de cette organisation ne tardèrent pas à se manifester. Relevons à cet égard les problèmes que souleva l’absence de délimitation claire des compétences de chacun des trois niveaux, la faiblesse financière chronique de certaines unions syndicales qui n’étaient pas en mesure de survivre à long terme, ainsi que les comportements financiers de certains syndicats qui dilapidaient la majeure partie de leurs recettes en salaires excessifs et négligeaient de surcroît leurs véritables missions, à savoir la défense de leurs membres10. Il ne faisait aucun doute qu’une vaste réforme des structures syndicales était nécessaire, mais la manière de la réaliser donna lieu à de violents conflits. Il est intéressant de noter que ce ne sont pas les querelles entre Allemands et Tchèques qui conduisirent à réorganiser une nouvelle fois le mouvement syndical et à créer, à terme, un syndicat unitaire strictement organisé, mais les conflits parallèles au sein de chaque camp, dans lesquels les questions de pouvoir et les questions conceptuelles étaient intimement liées.
8Du côté tchèque, les conflits portaient d’une part sur l’orientation politique du syndicalisme, précisément sur ses relations avec la représentation politique du peuple tchèque. La NOÚZ n’était pas affiliée à la « Národní souručenství » (Unité nationale), un rassemblement des partis dissous de la Première et de la Deuxième République inspiré par Emil Hácha, mais avait reconnu son leadership politique en juin 193911. Rapidement, le mouvement fasciste tchèque « Vlajka » (Drapeau), chercha à accroître son influence sur les syndicats et, plus généralement, sur les ouvriers12. La direction syndicale aspirait en revanche à écarter toute prise d’influence politique, afin de pouvoir se concentrer sur les véritables tâches syndicales13. Ces luttes de pouvoir se doublaient de conflits conceptuels : des hommes comme Václav Stočes, le président de la NOÚZ, songeaient par exemple à une approche corporatiste copiée sur le modèle allemand, et pour cette raison entre autres cherchaient à nouer des contacts directs avec le DAF. Ce qui provoqua évidemment l’intervention des hauts fonctionnaires des syndicats indépendants qui n’avaient aucune intention d’abandonner sans se battre leurs positions de pouvoir et leurs postes lucratifs. En d’autres termes, la NOÚZ aspirait à contrôler le mouvement syndical pour l’engager sur une autre voie, tandis que les patrons des syndicats indépendants ne souhaitaient pas lâcher leur position hégémonique.
9Le camp allemand connaissait des luttes de pouvoir similaires. Les Gauleiter des districts (Gaue) allemands limitrophes, tout comme certains délégués du DAF, tentaient d’étendre leur influence au protectorat, tandis que les services du protecteur du Reich défendaient leurs prérogatives becs et ongles. Derrière cette bataille de compétences se dissimulaient aussi des divergences de points de vue sur la représentation des intérêts des ouvriers tchèques. Le service de sécurité de la SS, le SD, considérait que les syndicats allemands étaient complètement superflus et plaidait pour leur suppression totale14, d’autant plus énergiquement que les syndicats devaient perdre leurs compétences principales en matière de convention collective avec l’introduction d’une politique salariale dirigée par l’État. Cette opinion se nourrissait des expériences négatives qu’avaient faites les Allemands lors des négociations salariales laborieuses de 1939 et de 1940, au cours desquelles les syndicats tchèques s’étaient révélés être de redoutables partenaires de négociations15. Les autorités d’occupation étaient donc enclines à dissoudre également les représentations syndicales ouvrières dans la foulée de ces mesures.
10Les services du protecteur du Reich pensaient pour leur part qu’une représentation des intérêts tchèques présentait bien des avantages. L’intensification de la production d’armement dans le protectorat éprouverait inexorablement les ouvriers et il convenait donc d’impliquer les syndicats dans la responsabilité de ces contraintes16. Ils plaidèrent ainsi instamment pour maintenir les syndicats, même sous d’autres atours : il fallait transformer la représentation des intérêts ouvriers en un instrument de contrôle économique, qui aurait notamment pour fonction de stimuler la conscience professionnelle et le rendement des actifs tchèques. Il restait bien évidemment encore à clarifier à quelle autorité allemande devait revenir la surveillance des syndicats. Le protecteur du Reich sut à terme s’imposer de nouveau contre le DAF, qui avait aussi réclamé cette fonction17.
11La réglementation finalement adoptée signa la victoire de l’alliance entre les services du protecteur du Reich et la direction de la NOÚZ. Après la dissolution des deux centrales, les syndicats se retrouvèrent directement placés sous la tutelle de la NOÚZ. Les syndicats furent privés de leur pouvoir aux termes d’un décret gouvernemental d’octobre 1941 et transformés en groupements professionnels de la NOÚZ, qui se vit adjointe d’une structure régionale sous forme de secrétariats de districts et d’arrondissements. L’instance de contrôle allemande était le bureau chargé de la coordination avec les syndicats, intégré aux services du protecteur du Reich et dirigé par Wilhelm Köster, un fonctionnaire du DAF qui s’était fortement engagé aux côtés de Václav Stočes en faveur de cette architecture.
12Avec cette réglementation, les Allemands souhaitaient, d’une part, restreindre l’influence des syndicats tchèques, mesure indispensable s’ils voulaient parvenir à imposer une politique salariale dictée par l’État. Mais ils souhaitaient, d’autre part, impliquer les Tchèques, pour garantir un déroulement sans anicroche de la production de l’armement ; il leur sembla ainsi judicieux de satisfaire dans une certaine mesure les intérêts des ouvriers tchèques, ou tout au moins de leur donner l’impression d’un droit de consultation. Raison pour laquelle les Allemands ne pouvaient renoncer complètement aux syndicats tchèques, d’autant moins qu’il leur paraissait inopportun de créer un Front du travail tchèque – sur le modèle du DAF – pour des considérations de politique raciale. Cela aurait en effet abouti à leurs yeux à « renforcer la tchéquité »18. Les occupants refusèrent aussi par conséquent d’affilier sous la contrainte tous les actifs à la NOÚZ, car ils ne désiraient pas créer un organe de représentation de la majorité du peuple tchèque19. Tous ces facteurs permirent à la NOÚZ de rester une organisation syndicale traditionnelle, ouverte à l’adhésion de tous les salariés. Et le fait que l’on ne conserva pas une structure décentralisée, mais instaura en lieu et place un syndicat unitaire, s’explique par les besoins accrus de surveillance qu’avait l’occupant : un mouvement syndical unitaire était plus aisément contrôlable à ses yeux. De surcroît, il ne pouvait être question de mettre en place les modèles décentralisés tels que ceux qui avaient la faveur de Köster, ne serait-ce que par manque de personnel de surveillance qualifié20.
13Derrière cette solution se dissimulait le concept clé de « dépolitisation des syndicats ». Les Tchèques y firent autant appel que les Allemands mais y mettaient un contenu différent : tandis que les dirigeants de la NOÚZ entendaient l’affranchissement de la tutelle politique21, les seconds souhaitaient éliminer l’acteur politique qu’étaient les syndicats et donc les ouvriers tchèques. Cette aspiration rejoignait le projet de Reinhard Heydrich qui souhaitait germaniser la population tchèque par sa dépolitisation et qui se servit à cette fin des idées de Othmar Spann, qu’il avait auparavant combattues avec force au sein du Reich. Le protecteur adjoint comptait sur une « division de la société en ordres apolitiques qui laisseraient l’intérêt du petit homme s’épanouir entièrement dans ses pensées professionnelles matérialistes et fonctionnelles. […] Par dépolitisation de la population tchèque, il faut donc entendre orienter l’intérêt de l’individu plus fortement vers son travail et les pénuries matérielles »22. La centrale syndicale nationale devait donc non seulement servir aux Allemands d’instrument du contrôle économique en Bohème-Moravie, mais être également un vecteur de la division du peuple tchèque et, ce faisant, de sa germanisation. Même si Heydrich et ses successeurs au poste de protecteur du Reich ne re-vinrent plus sur cette idée, le SD insista précisément sur cette fonction23.
14Il est extrêmement difficile aujourd’hui de reconstituer les mobiles qui ont poussé les fonctionnaires dirigeants des syndicats tchèques à coopérer amplement avec le régime d’occupation. Pendant la guerre, les délégués des travailleurs ont tu leurs convictions réelles puis, au cours des procès d’après-guerre, ils se sont bien évidemment efforcés de faire paraître leurs activités durant l’occupation sous le meilleur jour possible. Certaines raisons tombent sous le sens : premièrement, ils ne voyaient aucune raison de renoncer unilatéralement à une défense organisée des intérêts ouvriers, tant que cette opportunité existait. Cela aurait été lourd de conséquences dans une société industrielle moderne qui voit derrière elle une tradition vieille de plus de 60 ans d’engagement organisé en faveur des intérêts sociaux des salariés. Deuxièmement, ce contexte ne doit pas l’occulter, la question des rapports du mouvement syndical à la bourgeoisie tchèque restait entière. Dans la situation spécifique de l’occupation, les entrepreneurs locaux tout comme l’occupant revêtirent aux yeux des syndicats un double caractère d’adversaire potentiel ou d’allié suivant le caractère social ou national du conflit. Vis-à-vis des forces d’occupation, il s’agissait de maintenir et de garantir l’existence nationale du peuple tchèque ; conjointement, la rhétorique pseudo révolutionnaire du régime nazi constituait un enjeu social de poids, auquel les syndicalistes durent également se confronter. Les deux éléments – social et national – jouèrent aussi un rôle important dans les rapports des syndicats avec la bourgeoisie tchèque. D’un côté, la lutte traditionnelle pour les « acquis nationaux » les unissait ; de l’autre, les efforts pour consolider la nation revêtaient, aux yeux des syndicats, non seulement un fort accent national mais aussi social et émancipateur : la nouvelle communauté nationale devait non seulement être organisée plus justement sur le plan social, mais le salarié devait en devenir un membre reconnu et égal en droit24.
15Aussi attirant qu’ait pu être cet objectif pour les ouvriers, les syndicats se retrouvèrent dans une impasse vis-à-vis de leur clientèle : d’un côté, les forces d’occupation faisaient peser une épée de Damoclès en pouvant interdire à tout moment les syndicats et priver ainsi les ouvriers de toute protection institutionnelle et de toute assistance sociale. De l’autre côté, les syndicats étaient forcés de prendre en compte les attentes sociales mais aussi la fierté nationale et les sensibilités nationales de leur base et donc aller de Charybde en Scylla dans leur propagande et leur politique. La NOÚZ n’a pu éviter ces écueils, même s’il est très difficile de déterminer où se situait la limite de l’admissible au plan politique et moral – tâche vaine même dans l’immédiat après-guerre. Mais il est éloquent que le nombre d’adhérents de la NOÚZ ait stagné et comportait de surcroît nombre de « cartes périmées », que certains secrétariats locaux de la NOÚZ aient été d’assaut par la population en colère durant les journées de mai 194525, que la NOÚZ se soit retrouvée sur la liste des organisations « fascistes » après la Libération26, et que ses chefs aient dû répondre devant la justice (même s’ils furent souvent acquittés). La NOÚZ resta certes jusqu’à la fin de la guerre une pure organisation de salariés27, mais elle ne disposait pas d’un grand appui dans la classe ouvrière, car ses larges concessions aux Allemands dévalorisaient son travail social pourtant considérable – il était néanmoins flagrant que certaines initiatives politiques et sociales émanaient des forces d’occupation et que les syndicats ne servaient alors que d’organe exécutif.
16La direction de la NOÚZ énonça deux principes importants qui, pour les ouvriers, furent synonymes de soumission à l’occupant ou à l’adversaire dans le conflit industriel. Premièrement, elle se déclara prête à être un « pilier de la pensée d’un nouvel ordre économique et social juste », ainsi que le coorganisateur de la transformation de l’ordre libéral et capitaliste en un ordre « social », dont les contours ne furent que très vaguement esquissés par les fonctionnaires de la NOÚZ28. Même si réclamer une société socialement juste s’inscrivait bien dans la tradition du mouvement syndical tchèque, il était manifeste qu’il s’agissait en l’espèce d’un ordre conforme aux vues national-socialistes. Certaines voix allemandes réclamaient bien à l’occasion « une marche commune du peuple allemand et du peuple tchèque »29, mais les nazis n’ont jamais pu offrir ni à leurs alliés ni aux peuples « racialement apparentés » une perspective d’avenir satisfaisante dans une Europe sous hégémonie allemande. Les Tchèques pressentaient bien que la « solution finale » de leur destinée n’était que partie remise. Dans cette configuration, tout concours à ce qui portait l’adjectif « allemand » fut considéré comme relevant de la haute trahison. Les nombreuses manifestations de loyauté extorquées aux syndicats par les forces d’occupation ou qu’ils témoignaient par zèle empressé ne firent qu’aggraver leur situation : célébrer le 15 mars 1939, c’est-à-dire le jour de l’entrée des troupes allemandes, comme la « journée du destin bienheureux »30, qualifier Reinhard Heydrich au cours des allocutions cérémonielles après sa mort de « bon ami et camarade du peuple tchèque »31 ou encore introduire le salut hitlérien à la NOÚZ – raillé en secret par la plupart des Tchèques – pour démontrer que les travailleurs tchèques étaient eux aussi des « piliers et pionniers des efforts pour parvenir à un avenir meilleur »32, ne pouvait que rebuter les ouvriers tchèques.
17Deuxièmement, les syndicats tchèques cajolaient les patrons dans leurs déclarations publiques. Il est vrai qu’avant-guerre, déjà, certains cercles politiques tchèques avaient exigé de surmonter par la concorde les antagonismes sociaux et les antagonismes de classe, au nom de l’intérêt d’une communauté nationale unie. Mais la majorité de la classe ouvrière organisée était influencée par la tradition marxiste et concevait la paix dictée entre les classes comme une victoire des capitalistes. Certains fonctionnaires syndicaux eurent eux aussi du mal à se résigner à cette nouvelle tactique qui misait sur des « accords opportunistes »33 plutôt que sur la lutte des classes. C’est ce que révèlent les critiques réitérées envers les entrepreneurs encore prisonniers de « l’idéologie libérale », qui ne reconnaissaient pas les « temps nouveaux » et les obligations qu’ils généraient, et que les syndicats devaient par conséquent forcer à remplir leurs devoirs34.
18Le mouvement syndical tchèque n’avait pas grand-chose à proposer pour compenser, au moins en partie, ces capitulations, car le régime d’occupation ne lui laissait qu’une marge de manœuvre infime, qui, de plus, eut tendance à se réduire encore au fil de la guerre. Compte tenu de l’interdiction de grève et de débrayage, décrétée dès 1939, ainsi que du caractère de plus en plus martial du régime juridique d’occupation, les formes traditionnelles de défense des intérêts par la classe ouvrière étaient quasiment inexistantes. La politique de l’administration allemande d’occupation a sciemment contribué à écarter les syndicats, comme les organisations patronales, de leur position de partenaires dans le dialogue social. Mais cette éviction est également due à des modifications générées par le système de contrôle étatique d’inspiration nazie rapidement implanté en Bohème. Schématiquement, les syndicats perdirent le droit de négocier de leur propre autorité en matière sociale. Ils devaient se contenter d’attirer l’attention des autorités – sous la tutelle croissante des Allemands – sur les problèmes graves, et celles-ci devaient alors trouver des solutions sociopolitiques35.
19Le plus douloureux fut bien ce changement de fonction dans le champ traditionnel le plus important de l’action syndicale, à savoir la politique salariale. Début 1941, les syndicats perdirent en effet de surcroît leur fonction de consultation, qu’ils avaient pu conserver jusque-là. Les secrétaires syndicaux n’ont pu peser sur des réglementations salariales qu’à l’échelon de l’entreprise ou à l’échelon local, et ce de manière épisodique. Deux facteurs procurèrent une marge de manœuvre plus importante aux délégués de la NOÚZ à ces échelons. En premier lieu, le travail était un bien des plus rares dans l’effort de guerre du protectorat. Les entrepreneurs étaient donc souvent enclins à offrir à leur personnel une rémunération plus élevée que le salaire fixé par l’État, pour conserver, voire pour embaucher, les irremplaçables ouvriers qualifiés. En second lieu, l’occupant ne parvint pas à serrer la bride aux organisations syndicales locales aussi fort qu’à la centrale. Néanmoins, la NOÚZ ne pouvait se vanter de ses succès – les syndicats tout comme les entrepreneurs se mouvaient ici en effet à la limite du noyautage de la politique salariale contrôlée par l’État.
20Le conseil juridique, introduit fin 1941, représenta une sorte d’activité de substitution en matière de politique salariale. Mandatés par la NOÚZ, des juristes professionnels offraient des consultations juridiques d’ordre divers grâce à un réseau relativement dense de centres de conseil. En bénéficiaient non seulement les membres des syndicats mais aussi toute personne qui le souhaitait. Plus de la moitié des consultations portaient sur des questions de salaire, auxquelles venaient s’ajouter des demandes concernant les assurances, l’approvisionnement, le logement et les loyers. En 1942 et 1943, le service de protection juridique réussit à récupérer plus de 18 millions de couronnes sur le seul front des retards de salaires36. La NOÚZ parvint donc par cette voie à intervenir indirectement sur la question salariale – à tout le moins là où des infractions juridiques étaient commises.
21Un autre grand domaine d’action de la NOÚZ fut les soutiens financiers pour les cas sociaux graves, tels que le chômage, la maladie, l’invalidité ou le décès. En 1941, ses prestations dans ce domaine se montaient déjà à presque 15 millions de couronnes. L’extension de ces activités permit d’une part de centraliser la trésorerie des divers syndicats, ce qui, en dépit d’un certain scepticisme au départ, fut synonyme d’économies considérables, de l’autre d’introduire une nouvelle réglementation en matière de cotisation à partir du 1er janvier 1942. En 1942, le volume global des allocations de soutien atteignit 17 millions de couronnes37. D’autres actions d’assistance, comme les collectes de chaussures pour les ouvriers, revêtirent en revanche un caractère plus symbolique ou mobilisateur.
22Le fleuron de l’activité politique et sociale de la NOÚZ fut sa campagne de repos pour les ouvriers de l’armement. Grâce à elle, environ 76 000 ouvriers et ouvrières partirent pour la première fois de leur vie en congés payés au cours des années 1943-194438. Ils les passèrent en centre de loisirs, appartenant aux syndicats et fort bien équipés pour l’époque. Le destin de cette campagne met crûment en lumière les limites du travail syndical sous le régime nazi. Les autorités d’occupation donnèrent en effet leur aval à l’initiative des syndicats à la seule condition que la campagne portât le nom de Reinhard Heydrich – un souhait qu’il fut impossible de rejeter. L’idée initiale que l’un des dirigeants syndicaux, Arno Hais, avait qualifiée de vieille revendication du mouvement syndical39, ne fut plus à terme qu’une enveloppe propagandiste vide. Or, c’est notamment cette propagande à outrance qui éveilla la méfiance de la classe ouvrière tchèque. Il y eut même des cas où des ouvriers méritants furent expédiés, au sens propre, en vacances par leur entreprise qui souhaitait profiter du contingent de places qui lui était attribué. Il dès lors est peu étonnant que peu après l’issue du conflit se fit jour un débat enflammé visant à déterminer si les participants à cette campagne étaient ou non des collaborateurs40.
23Durant les dernières années de l’occupation, la culture, l’éducation populaire et le sport prirent une place toujours plus importante dans les activités syndicales. Le voile des loisirs ne parvint cependant guère à cacher que ces manifestations étaient des lieux d’influence politique et d’endoctrinement. Ils dégénérèrent en rituel obligatoire qui, aux yeux des ouvriers tchèques, s’apparentait plus à une corvée qu’à un divertissement, à de la détente, ou à de l’instruction. Nonobstant, les chiffres officiels colportés étaient impressionnants : le département « joie et travail » de la NOÚZ organisa près de 10 000 manifestations culturelles entre sa création début 1942 et la mi 1944. Certaines se déroulaient directement sur le lieu de travail lors de « pauses d’ateliers » spéciales, auxquelles plus de 5 millions d’ouvriers participèrent. Le département de la formation professionnelle créa 153 « écoles actives » (Arbeitsschule) dont les cours furent fréquentés par plus de 150 000 salariés41. Ce nombre imposant de participants ne doit toutefois pas masquer le fait que la plupart de ces actions ne soulevaient guère l’enthousiasme des ouvriers tchèques. Même les salles de cinéma et de théâtre étaient désertes. L’effet de propagande n’était pas non plus au rendez-vous. Un ouvrier d’Olmütz déclara par exemple en sortant du cinéma : « Ce n’est pas avec ce genre de billets gratuits qui valent à peine trois couronnes qu’on nous clouera le bec »42.
24La NOÚZ a aussi accompli sa mission de courroie de transmission de la propagande nazie sous des formes moins masquées. La presse syndicale, abondante et parfois bilingue, était depuis 1942 un des outils principaux d’influence idéologique de la classe ouvrière tchèque43. Si les organes de la NOÚZ étaient peu lus, les assemblées introduites dans les entreprises à l’automne 1941 offrirent une tribune de propagande supplémentaire à laquelle les employés purent difficilement échapper, puisque ces assemblées se déroulaient pendant leur temps de travail. Au demeurant, ces manifestations organisées sur le modèle allemand n’eurent pas non plus l’impact espéré par l’occupant44. Les ouvriers tchèques restèrent largement imperméables à la propagande allemande tout autant qu’à celle des syndicats tchèques.
Conclusion
25Le statut particulier des syndicats du protectorat au sein des territoires dominés par les nazis s’explique par le fait qu’Allemands et Tchèques lièrent certains espoirs et objectifs à la création d’un syndicat unitaire centralisé qui, bien évidemment, ne se concrétisèrent qu’en partie. Les Allemands ont rencontré un succès certain dans leurs tentatives de faire des syndicats tchèques l’instrument du contrôle économique. En effet, c’est en partie aussi grâce à la NOÚZ que l’industrie de l’armement dans le protectorat a littéralement tourné à plein régime jusqu’au dernier jour de l’occupation, bien qu’il soit très difficile d’estimer la part exacte qu’ont pu y jouer ses initiatives politiques et sociales ou sa propagande. Il est certain toutefois que les syndicats ont possédé une fonction de relais importante dans la politique sociale et économique de l’État, en indiquant les problèmes concrets dans le secteur de la production et en attirant l’attention sur les souhaits et les récriminations des ouvriers. Ce biais permit de désamorcer les tensions sociales avant qu’elles n’aient atteint un degré critique.
26En revanche, les nazis ne parvinrent pas à faire des syndicats du protectorat un vecteur de la dénationalisation et de la germanisation des ouvriers tchèques. Les occupants firent bien une série de propositions sociopolitiques intéressantes : la sécurité de l’emploi, un salaire décent garanti par l’État dans l’intérêt de la paix sociale, la réglementation plutôt progressiste en matière de droit du travail, comme la protection contre le licenciement abusif ou les congés payés, la densification du réseau social, par exemple dans le secteur de l’assurance accident ou sociale et bien d’autres encore. Après l’expérience catastrophique de la crise économique mondiale, les mesures de ce type étaient indiscutablement à même d’améliorer la situation des salariés, même si la guerre et l’effort de guerre réduisirent immédiatement à néant la plupart des acquis sociaux. À cela s’ajoutèrent les contradictions de la politique d’occupation : en ce qui concerne la politique sociale, les Allemands ne considéraient manifestement que des objectifs à court terme et les ficelles étaient trop grosses pour que la majorité des syndicats s’y trompât.
27La classe ouvrière tchèque fut non seulement méfiante voire hostile à l’égard des Allemands mais le fut aussi envers les syndicats du protectorat, ce dont témoignent clairement l’évolution de l’effectif des syndiqués et les réactions aux programmes politiques et culturels. L’espace que les Allemands laissèrent à la NOÚZ se révéla trop exigu pour arriver à convaincre les ouvriers tchèques, d’autant plus que la NOÚZ n’était rien de plus à leurs yeux que le bras des occupants haïs. Ils acceptèrent certes les offres politiques et sociales mais sans rallier pour autant le nouvel ordre sous patronage nazi que vantaient les syndicats.
28Avec la réorganisation des syndicats à l’automne 1941, les Allemands avaient conjointement autorisé la création d’une organisation nationale tchèque qui, ne serait-ce que par ses dimensions, joua un rôle surdimensionné sur l’échiquier politique du protectorat. À l’inverse de l’administration du protectorat qui peut être dirigée et contrôlée avec une certaine efficacité en plaçant un nombre réduit de fonctionnaires allemands aux postes de commande de la structure décisionnelle, l’absence d’instruments de contrôle adéquats fit que les syndicats, en particulier aux échelons inférieurs de l’organisation, échappèrent largement à l’intervention directe des Allemands. Même si l’histoire des sections locales et régionales de la NOÚZ reste encore à écrire, il est établi que les marges de manœuvre des syndicats y étaient bien plus vastes qu’au sein de la centrale, ainsi que le mettent en évidence les interventions des secrétaires syndicaux régionaux dans la politique salariale. De surcroît, on peut supposer que ces structures étaient précisément, au même titre que les multiples manifestations culturelles, de loisirs ou sportives avec leur grand nombre de participants, des lieux relativement intensifs et informels de socialisation et de communication sociale – et nationale.
29Le manque de surveillance allemande a eu aussi pour effet que certains fonctionnaires syndicaux, en particulier avant la vague d’arrestations de la fin 1942, s’engagèrent activement dans la résistance à l’occupant et purent utiliser les structures de la NOÚZ à cet effet45. Certains de ses fonctionnaires participèrent à la création des syndicats clandestins et illégaux qui jouèrent un rôle important lors du soulèvement de Prague en mai 1945. Dans ces circonstances, il peut ainsi sembler être une ironie de l’histoire que le syndicat unitaire créé sous l’impulsion allemande se soit perpétué après la guerre – sous le nom de « mouvement syndical révolutionnaire » (ROH) – et qu’il ait non seulement été la porte d’accès de la prise de pouvoir par le parti communiste en 1948, mais qu’il devint un instrument de pouvoir important de la dictature.
Notes de bas de page
1 Rüdiger HACHTMANN, « Die Deutsche Arbeitsfront im Zweiten Weltkrieg » in Dietrich EICHHOLZ (dir.), Krieg und Wirtschaft. Studien zur deutschen Wirtschafts-geschichte 1939-1945, Berlin, Metropol, 1999, p. 69-107.
2 Václav KRÁL, Otázky hospodářského a sociálního vývoje v českých zemích v letech 1938-1945, tome 3, Prague, 1959, et Lubomír LEHÁR, « Vývoj národní odborové ústředny zaměstnanecké v prvních letech nacistické okupace », Historie a vojenství, 1966, n° 4, p. 584-619, ainsi que Jiří POKORNÝ, « Odbory po Mnichovu », Pohledy, vol. 7, 1999, n° 3, p. 15-17.
3 Detlef BRANDES, Die Tschechen unter deutschem Protektorat. Besatzungspolitik, Kollaboration und Widerstand im Protektorat Böhmen und Mähren (1939 – 1945). 2 vol., Munich, R. Oldenbourg, 1969 et 1975 ; Vojtech MASTNÝ, The Czechs under Nazi Rule. The Failure of National Resistence, 1939 – 1942, New York, Columbia University Press, 1971.
4 Sur le tribunal d’honneur, voir Peter HEUMOS, « Die Protektoratsgewerkschaft und das Problem der Kollaboration in den Akten des Ehrengerichts beim “Zentralrat der Gewerkschaften” in Prag 1945-1947 », in Monika GLETTLER, L’ubomír LIPTÁK und Alena MISKOVÁ (dir.), Geteilt, besetzt, beherrscht. Die Tschechoslowakei 1938-1945 : Reichsgau Sudetenland, Protektorat Böhmen und Mähren, Slowakei, Essen, Klartext, 2004, p. 91-120.
5 Voir Detlef BRANDES, op. cit., vol. 1, p. 15-40.
6 Mitteilungen des Statistischen Staatsamts, vol. 20, 1939, n° 42-44, p. 314.
7 Jiří POKORNÝ, art. cit. et Detlef BRANDES, op. cit., vol. 1, p. 228. Les procès-verbaux du comité préliminaire se trouvent aux Všeodborový archiv (dorénavant VOA), Národní odborová ústředná zamestnanecké (dorénavant NOÚZ), carton 208, cote 93/1.
8 Par exemple, des circulaires du ministère de l’Intérieur à plusieurs syndicats de mineurs datées du 29 juin 1939 ; VOA, NOÚZ, carton 1, cote 1/2. Voir sur ce point et pour ce qui suit, Jiří POKORNÝ, art. cit.
9 Organisation, objectifs et règlement intérieur de la Fédération centrale des ouvriers, s.d., VOA, NOÚZ, carton 1, cote 1/3, et circulaire n° 133 du présidium du ministère de l’administration sociale et de la santé du 18 août 1939 relatives aux statuts des centrales nationales des employés professionnels, Národní Archiv Prag (dorénavant NA), Úřad řišského protektora (dorénavant ÚŘP), carton 786.
10 Lettres de Köster à Frank du 16 juin 1941 relative au projet d’ordonnance gouvernementale sur les syndicats ; NA, ÚŘP-ST-AMV, carton 21, cote 109-4-148, folio 25-37 et du service de liaison du protecteur du Reich avec les syndicats à MM. Dennler et Bertsch du 17 décembre 1941, avec l’annexe : Synthèse des résultats de l’audit de la Fédération praguoise des ouvriers de la métallurgie ; NA, ÚŘP, carton 786.
11 Sur les tentatives de la Národní souručenství d’accroître son influence sur les syndicats, voir la lettre du service central de la SD pour la Bohême-Moravie à l’attaché d’administration Schröder du 6 mars 1940 relative à la ČNS-Communauté du peuple/Formation de syndicats, NA, ÚŘP, carton 786.
12 Note au dossier des services du protecteur du Reich, groupe II-4 du 19 juin 1940 relative à l’action de la Vlajka ; NA, ÚŘP, carton 786 ; également lettres du service central de la SD pour la Bohême-Moravie au sous-lieutenant de la SS Schröder du 29 août 1940 relative au DAF – Front du travail de la Vlajka, et du 11 mars 1940 relative à la ČNS-Communauté du peuple-affaires sociales, NA, ÚŘP, carton 786.
13 Lettre du service central de la SD pour la Bohême-Moravie au sous-lieutenant de la SS Schröder du 5 février 1940 relative à la ČNS – Communauté du peuple – Národní odborní svaz, NA, ÚŘP, carton 786 ; lettre de la section dirigeante à Prague du SD à Heydrich et Frank du 14 novembre 1941 relative aux relations de la Centrale nationale des syndicats avec la communauté nationale, NA, Německí státní ministr (dorénavant NSM-AMV), carton 14, cote 110-4-44, folios 133-135.
14 Lettre de la section dirigeante du SD à Prague à Bertsch du 25 juin 1941 relative au projet d’une ordonnance gouvernementale, NA, ÚŘP, carton 786.
15 Par exemple, note au dossier de Hummel du 3 septembre 1940 relative à l’activité des syndicats, NA, ÚŘP, carton 786.
16 Lettre des services du protecteur du Reich à Frank du 11 novembre 1940, NA, ÚŘP, carton 786.
17 Lettres de Schulte-Schomburg à Frank du 29 octobre et de Böhme à Frank du 29 novembre 1940 relative à l’installation d’un délégué auprès des syndicats, NA, ÚŘP, carton 786.
18 Note du directeur du groupe II aux services du protecteur du Reich sur le résultat de l’exposé du jour auprès du protecteur du Reich sur la limitation de l’implication des syndicats dans le domaine de la politique salariale, 4 septembre 1940, NA, ÚŘP, carton 786. Les Allemands avaient d’ailleurs déjà refusé en juillet 1939 la proposition de Klumpar en faveur de la formation d’une communauté de travail des fédérations de patrons et de salariés selon le modèle du DAF ; note de dossier relative à l’activité des syndicats tchèques, bref compte-rendu du déroulement des faits du 3 juillet 1939 à la mi-avril 1940, s.d. NA, ÚŘP, carton 786.
19 Lettre du sous-secrétaire d’État von Burgsdorff à Frank du 16 juillet 1941, NA, ÚŘP, carton 786.
20 Structure, statuts et situation politique générale des syndicats nationaux dans le Protectorat de Bohême-Moravie, s.d., NA, ÚŘP, carton 786.
21 Lettre de Stočes à Frank, 26 mai 1941, NA, ÚŘP-ST-AMV, carton 21, cote 109-4- 148, folios 66-67.
22 Note sur la réunion de personnalités dirigeantes des autorités d’occupation autour de Heydrich au sujet des projets futurs dans le Protectorat du 17 octobre 1941, Miroslav KÁRNÝ, Jaroslava MILOTOVÁ et Margita KÁRNÁ (éd.), Die deutsche Politik im « Protektorat Böhmen und Mähren » unter Reinhard Heydrich 1941- 1942. Eine Dokumentation. Berlin, Metropol, 1997, document 33, p. 147-157.
23 Annexe au rapport quotidien du SD, n° 10/44, 31 janvier 1944, relatif à la communauté nationale en 1943, NA, NSM-AMV, carton 14, cote 110-4-44, folios 7-13.
24 « Nové úkoly českých odborů », Zprávy NOÚZ, vol. 1, n° 33, 20 novembre 1941, VOA, NOÚZ, carton 120, cote 54/1.
25 Peter HEUMOS, art. cit., p. 115.
26 Communiqué du ministère de l’Intérieur du 26 novembre 1945 ; voir HEUMOS, art. cit., p. 118.
27 Le modèle d’une organisation dans laquelle les salariés et les patrons seraient représentés en même temps a été décrit publiquement en 1940 comme « grotesque » et n’a ensuite plus été évoqué par les syndicats tchèques ; voir O. SULIK, « Sociální funkce odborových organisací », Práce a hospodářství, vol. 1, 1940, n° 1, juin 1940, p. 6-8.
28 Alois PETR, « Za spravedlivý řád hospodářský a sociální », ibid., p. 3, ainsi que « Dělníci a soukromí zaměstnanci panu státnímu presidentovi », ibid., p. 2.
29 Par exemple, Wilhelm Köster s’est exprimé ainsi lors du congrès de la NOÚZ des 22 et 23 janvier 1941 ; « Zasedání organisačních pracovníků NOÚZ », Práce a hospodářství, vol. 3, n° 1, janvier 1942, p. 29-30.
30 « Patnáctý březen a český pracující lid. Projev V. Stočese 14.3.1941, Práce a hospodářství, vol. 2, n° 3, mars 1941, p. 41.
31 Rubrique « Oč jde ? », Práce a hospodářství, vol. 3, n° 6, juin 1942, p. 103.
32 « Zpráva o činnosti vnitřní správy NOÚZ za červenec 1942 », Práce a hospodářství, vol. 3, n° 8, août 1942, p. 182.
33 L. VOTICKÝ, « Rok sjednoceného odborového hnuti », Práce a hospodářství, vol. 1, n° 2, juillet 1940, p. 30.
34 Alois PETR, « Poslání odborových organizací », Zprávy NOÚZ, vol. 1, n° 2, 17 avril 1941, VOA, NOÚZ, carton 120, cote 54/1.
35 Note au dossier de Rittershaus du 24 août 1940 relative aux syndicats tchèques, à l’inspection tchèque du commerce et à la politique salariale conduite par l’État, NA, ÚŘP, carton 786.
36 « Wahrung des Arbeitsfriedens. 10. Tagung der Rechtsreferenten der NGDA », « Z ». Offizieller Zeitungsdienst der NGDA und der ZÖB, vol. 4, n° 9, 10 mars 1944, VOA, NOÚZ, carton 120, cote 54/1.
37 « Čísla o činnosti NOÚZ v roce 1942 », Práce a hospodářství, vol. 4, n° 1, janvier 1943, p. 21.
38 Sur les statistiques des participants, voir Antonín HORSKÝ, « Heydrichova akce a věci další », Dnešek, vol. 2, n° 1, 3 avril 1947, p. 4 et, du même, « Příruční dějiny NOÚZ », Dnešek, vol. 1, n° 49, 27 février 1947, p. 779.
39 « NOÚZ a boj proti okupantům. Řeč Arno Haise před Národním soudem 30. dubna 1947 », Cíl, vol. 3, n° 17, 9 mai 1947. Hais était lors de son arrestation à la fin de 1942 vice-président de la NOÚZ.
40 Ainsi, par exemple, J. RICHTRMOC, « Byli rekreanti Heydrichovy akce kolaboranti nebo revolucionáři ? », Dnešek, vol. 1, n° 9, 23 mai 1946, p. 140-142.
41 « Dovršení odborové výstavby », A-Zet, 25 août 1944, VOA, NOÚZ, carton 184, cote 79.
42 Section dirigeante du SD à Prague, rapport quotidien du 2 février 1943, NA, ÚŘP-ST-AMV, carton 80, cote 109-4-1327, folios 14-25.
43 L’année 1942 marque dans ce contexte une rupture, un défenseur particulièrement zélé de la collaboration avec les Allemands prenant, en la personne de Karel Korp, la direction du service de presse de la NOÚZ. Cette année-là, le tirage mensuel de l’ensemble de la presse syndicale atteint 600 000 exemplaires ; par ailleurs, la NOÚZ diffusait des émissions de radio régulières, la « station des ouvriers » ; voir « Čísla o činnosti NOÚZ v roce 1942 », Práce a hospodářství, vol. 4, n° 1, janvier 1943, p. 21.
44 Note du lieutenant-colonel de la SS Gerhard Eilers du 20 octobre 1941 sur les appels d’entreprise, in Miroslav KÁRNÝ, op. cit., document 35, p. 158-159.
45 L’activité de résistance des fonctionnaires dirigeants du syndicat a été intensément discutée après la Libération, lorsque le cas de ce groupe a d’abord été examiné par le tribunal d’honneur du conseil central des syndicats et renvoyé ensuite devant le tribunal national. Une documentation importante sur ce sujet se trouve dans : VOA, Čestný soud, cartons 1 à 5, SOA Prague, Národní soud, cartons 166 et 167. Voir, sur ce point, également Peter HEUMOS, art. cit.
Auteurs
Maître de conférences à l’université Louis-Maximilien de Munich, mène, avec Jaroslav Kučera, une recherche financée par la Deutsche Forschungsgemeinschaft sur « État, entreprise et travail. L’industrie de la Bohême-Moravie entre nazisme et démocratie populaire (1938-1950) ». Ils ont déjà publié, dans le cadre du GDR, une contribution sur « L’espace économique de la Bohême-Moravie entre national-socialisme et démocratie populaire (1938- 1950) » dans le volume Les Comités d’organisation et l’économie dirigée du régime de Vichy (CRHQ, Caen, 2004).
Maître de conférences à la faculté des sciences sociales de l’université Charles de Prague, mène, avec Jaromir Balcar, une recherche financée par la Deutsche Forschungsgemeinschaft sur « État, entreprise et travail. L’industrie de la Bohême-Moravie entre nazisme et démocratie populaire (1938-1950) ». Ils ont déjà publié, dans le cadre du GDR, une contribution sur « L’espace économique de la Bohême-Moravie entre national-socialisme et démocratie populaire (1938-1950) » dans le volume Les Comités d’organisation et l’économie dirigée du régime de Vichy (CRHQ, Caen, 2004).
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