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Le verre du VIIIe au XVIe siècle en Europe occidentale

 | 
Inès Pactat
, 
Claudine Munier

Auvergne Rhône-Alpes

Verrerie des XVe-XVIe siècles à Lyon : les sites de l’Hôtel-Dieu et de la place Abbé-Larue

Laudine Robin

Zusammenfassung

Résumé. Deux récentes opérations d’archéologie préventive qui se sont déroulées à Lyon ont livré une verrerie moderne particulièrement riche : le site de la reconversion de l’Hôtel-Dieu, tranche 1 et 2 et celui du n° 1 place Abbé-Larue. Trois ensembles proviennent de contextes bien datés par la stratigraphie et par le mobilier céramique : un premier concerne le verre de la fin du XVe siècle et du premier tiers du XVIe siècle, un deuxième celui du milieu du XVIe siècle et un troisième du dernier quart du XVIe siècle. La présentation de ces lots constitue une nouvelle référence pour Lyon, en offrant un large panorama de la verrerie utilisée pendant plus d’un siècle.

Volltext

Introduction

1Si les recherches sur le verre connaissent un renouveau ces dernières décennies à Lyon ainsi que dans la région centre-est, elles s’attachent principalement à l’étude de la verrerie antique (Robin 2016 ; Colombier-Gougouzian 2014). Le verre médiéval et moderne est rarement mis en avant, les découvertes faisant, il est vrai, jusque-là cruellement défaut. Or de récentes opérations menées à Lyon sur les sites de l’Hôtel-Dieu et de la place Abbé-Larue, respectivement en 2012 et 2014, ont livré des lots de verre moderne particulièrement abondants. Ainsi, la présentation de trois ensembles provenant de contextes bien datés par la stratigraphie et par l’étude céramologique constitue-t-elle une réelle avancée pour nos connaissances sur l’utilisation du verre à l’époque moderne à Lyon. Les dernières données publiées sont en effet celles de la place de la Bourse (Arlaud et al. 2000), qui font suite aux articles de référence sur les verres de la place Antonin Poncet (Becker 1989) et ceux de la ZAC Saint-Vincent et de la rue Tramassac dans le quartier de Saint-Jean (Auger 1990).

1 Le site de l’Hôtel-Dieu

2Le projet immobilier mené sur le site classé de l’Hôtel-Dieu, sur la Presqu’île, a donné lieu à de nombreux diagnostics et fouilles, toujours en cours en 2017. Le chantier concerné par cette étude est celui de la « Reconversion du site de l’Hôtel-Dieu, tranches 1 et 2 » (Bertrand et al. 2015). L’opération s’est déroulée en 2012 sous la direction d’Éric Bertrand du Service Archéologique de la Ville de Lyon.

3Les occupations s’étagent du milieu du Ier siècle apr. J.-C. au IVe siècle. Deux inhumations de jeunes enfants sont ensuite installées dans la seconde moitié du IXe siècle. Ces vestiges sont remplacés, à partir de la fin du XIIe siècle, par la construction du premier hôpital de la ville alors nommé hôpital du Pont du Rhône, puis par ses divers aménagements : il prend le nom d’Hôtel-Dieu au moment de son agrandissement à la fin du XVe siècle, avant d’être fortement remanié aux XVII et XVIIIe siècles, et jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle.

4Le mobilier en verre de la fouille du site de l’Hôtel-Dieu, toutes périodes confondues, est composé de 261 fragments, totalisant 76 objets au moins. Ils proviennent de 75 structures distinctes, mais la majorité d’entre eux a été découverte dans le comblement de fosses ou dans des remblais. On note une concentration de ce mobilier dans les phases datées du milieu du Ier siècle apr. J.-C. et de l’époque flavienne, ainsi que du XVIe siècle. Le mobilier en verre de la fin du XVe et du début du XVIe siècle examiné dans le cadre de cette étude totalise 103 fragments pour 20 objets.

1.1 Le verre de la fin du XVe siècle et du premier tiers du XVIe siècle

5Dans les niveaux d’occupation du site de l’Hôtel-Dieu appartenant à cette phase, 28 fragments et 7 objets en verre ont été inventoriés. Ils proviennent de plusieurs structures, mais le lot le plus abondant est issu d’une fosse (US 1729). Dans son ensemble, le verre utilisé est incolore verdâtre ou jaunâtre. Les vases les plus complets sont décorés et obtenus par la technique du soufflage dans un moule.

6Le lot se compose exclusivement d’une série de gobelets. Deux modèles décorés appartiennent au même type (fig. 1, n° 1, 2). Il s’agit d’un gobelet haut à bord vertical et lèvre arrondie, à profil légèrement tronconique et à fond repoussé portant une marque de pontil. Il se caractérise par la présence d’un décor moulé occupant les trois quarts inférieurs de la panse et composé d’une résille de pastilles disposées sur au moins huit rangées horizontales. Ce gobelet est identifié comme étant de type C1, le plus répandu parmi les productions du XIVe siècle (Foy 2001, 221-225, fig. 68 à 75). Il apparaît particulièrement abondant dans les régions méridionales, à Avignon, Fréjus, Arles ou encore Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Foy, Sennequier 1989, n° 183-187). La production de ces gobelets est bien attestée pour tout le XIVe siècle et se poursuit jusqu’au XVIe siècle, mais connaît une évolution qui se caractérise par des parois devenant plus épaisses et des proportions plus massives. Les fonds peuvent également porter des décors moulés, comme le vase n° 2, mais ils sont le plus souvent estompés et difficilement perceptibles. Les vases n° 3, 4 et 5 pourraient ainsi appartenir à ce type de gobelets.

7Deux autres vases portent un décor de côtes (fig. 1, n° 6 et 7). Ces gobelets à côtes moulées, de type E1, apparaissent au XIVe siècle et leur production se poursuit jusqu’à la première moitié du XVIe siècle (Foy 2001, 258-260, fig. 126). Ils connaissent également une évolution morphologique marquée par une plus grande largeur et une matière tendant à devenir incolore. À Lyon, des exemplaires de ce type ont été retrouvés dans le comblement du dépotoir 1 du site de la Bourse, daté du XVe siècle (Arlaud et al. 2000, fig. 111, type B). Un exemplaire a aussi été découvert sur le site de l’Hôtel-Dieu lors d’une opération menée dans la cour de l’Internat (Jacquin 1983). Ce dernier, daté de la première moitié du XVIe siècle, apparaît assez proche du vase n° 7, avec une panse tronconique dotée de côtes moulées en fort relief (Foy, Sennequier 1989, n° 260). Le vase n° 6, le plus complet, se caractérise, quant à lui, par un bord vertical à lèvre arrondie et une panse légèrement ovoïde à côtes en faible relief et un peu obliques. En cela, il est proche d’un vase découvert à Montauban (Foy, Sennequier 1989, n° 259). Cependant, la présence d’un filet bleu opaque rapporté disposé sur la lèvre est une caractéristique plutôt rare, qui trouve des équivalents sur un gobelet daté de la fin du XVe siècle découvert dans la cour Napoléon du Louvre (Foy, Sennequier 1989, n° 251) ou encore sur deux exemplaires provenant de Dieulouard (Meurthe-et-Moselle), datés de la fin du XVe-milieu XVIe siècle (Cabart 2011, n° 7288, fig. 15, n° 7378, fig. 18).

1.2 Le verre du milieu du XVIe siècle

8Pour cette période, le lot du site de l’Hôtel-Dieu, composé de 75 fragments et 13 objets (11 verres à pied, une forme fermée, une forme indéterminée), provient de remblais et de fosses. Cette verrerie est homogène du point de vue des teintes, des décors et des techniques de fabrication utilisés. De teinte claire, le verre est principalement verdâtre avec quelques variantes (vert clair, verdâtre, incolore verdâtre, vert jaune) et façonné par soufflage à la volée. Une série porte un décor de fils appliqués sur le bord ou le haut de la panse.

9Cet ensemble apparaît particulièrement homogène du point de vue des formes, qui se résument à une série de onze verres à pied, biconiques ou bitronconiques (fig. 2, n° 1 à 4). Ces gobelets sont dotés d’un bord épaissi à lèvre arrondie, d’une panse conique (n° 1, 4) ou tronconique (n° 2, 3) et d’un pied refoulé conique (n° 1, 4) ou tronconique (n° 2, 3). Trois exemplaires sont décorés sur le bord ou sur le haut de la panse par des fils blancs opaques (n° 1, 2, 4). Les verres à pied sont attestés à Lyon notamment au travers des découvertes du quartier Saint-Vincent (Faure-Boucharlat 1990, 109, n° 152) et de la rue Tramassac dans le quartier Saint-Jean, où on compte 27 exemplaires datés, par le contexte et par l’étude céramique, de la fin du XVe et du XVIe siècle (Auger 1990, n° 25, 35, 37, 39, 40, fig. 3 ; n° 38, 45, fig. 4). On les trouve généralement dans les niveaux datés des XVe et XVIe siècles, et ils correspondant aux vases à boire les plus fréquents à cette période (Foy, Sennequier 1989, 257). Le procédé ornemental de filets blancs opaques appliqués sur le bord et la panse apparaît, quant à lui, dès la fin du XVe siècle (ibid.).

2 Le site de la place Abbé-Larue

10La construction d’un immeuble sur deux niveaux de parking souterrain au n° 1 de la place Abbé-Larue a entraîné une opération archéologique réalisée en 2015 sous la direction de Michèle Monin du Service Archéologique de la Ville de Lyon (Monin et al. 2015). Ce site est localisé en bordure méridionale du plateau de Fourvière, noyau primitif de la colonie de Lugdunum. Un tronçon de murus gallicus daté de la première moitié du Ier siècle av.  J.-C. a été mis au jour à cette occasion, précédant des aménagements augustéens puis romains de fortifications. Des occupations de type habitat et artisanat se développent avant leur abandon au IIe ou au IIIe siècle. L’époque médiévale est représentée par la présence de plusieurs structures au nord de la parcelle, notamment des caves, un silo ou glacière en dôme inversé, et peut-être les soubassements de l’ancienne Porte Saint-Just. Au début du XIXe siècle, la porte est réaménagée et les maçonneries d’un bastion s’appuient contre le rempart augustéen, alors que les maisons médiévales sont transformées en caserne.

11Le mobilier en verre du site de la place Abbé-Larue regroupe un total de 506 fragments pour 75 objets inventoriés. Ils proviennent de 34 structures distinctes appartenant à plusieurs phases, depuis l’époque augustéenne jusqu’à l’époque contemporaine. Les quantités s’avèrent très inégales selon les périodes. Pour les phases suivantes, on notera quelques éléments de verrerie médiévale et un lot particulièrement riche daté de l’époque moderne, présenté dans le cadre de cet article. Ce lot totalise 356 fragments pour 28 individus.

2.1 Le verre du dernier quart du XVIe siècle

12Le verre daté de la fin du XVIe siècle provient essentiellement du comblement d’une structure (US 314) fouillée sur le site du n° 1 de la place Abbé-Larue, dont la fonction reste incertaine. Il pourrait s’agir d’une glacière, d’un réservoir, d’une citerne ou encore d’une structure de chauffe. Elle se compose d’une cuve réalisée en blocs de granit et de gneiss liés par un mortier de chaux, et recouverte d’une couche d’enduit. Son volume est estimé à 2 m3. Le lot de verre découvert dans cette structure s’est révélé très riche et a livré des objets remarquables, dont plusieurs sont décorés à la feuille d’or. La majorité concerne des verres à jambe, mais on compte également trois bouteilles dont l’une est complète.

13Une première série de verres se caractérise par un pied en forme de disque (fig. 3, n° 1 à 5). Trois d’entre eux sont dotés d’une jambe creuse portant un décor très sophistiqué, obtenu par soufflage dans un moule bivalve, représentant principalement deux mufles de lion. Le motif complet se compose, en partie supérieure, d’une couronne de bulbes surmontant le motif principal composé de deux mufles de lion par paires opposées et, soit d’un motif floral de quatre pétales et cinq boules disposées en arc de cercle (n° 3 et 4), soit d’une volute (n° 5). Enfin, la partie inférieure de la jambe comporte des côtes verticales resserrées en fort relief. Le décor de feuille d’or appliqué sur l’ensemble du pied est nettement visible sur la jambe la plus complète (n° 3) et quelques traces subsistent également sur le pied (n° 4). Si ces verres à jambe s’avèrent très répandus en France, ils sont encore rares en contexte lyonnais. On peut évoquer les modèles provenant du comblement du dépotoir 3 du site de la Bourse, daté de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle (Arlaud et al. 2000, fig. 132, type E2), l’exemplaire identifié dans le dépotoir n° 4 de la rue Tramassac, daté du XVIIe siècle (Auger 1990 n° 72, fig. 6) et un dernier sur le site de la place Antonin Poncet (Becker 1989, 180, type E2). Ce corpus demeure encore très modeste par rapport aux 121 jambes issues de 22 moules différents, découvertes dans le contexte du Cabaret de l’Hôtel de Ville à Montbéliard daté du premier quart du XVIIe siècle (Goëtz 1990, fig. 8 et 9). Récemment, une typologie a été proposée en fonction du décor, à partir des vases issus des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (Lefrancq 2011, p. 378). D’influence italienne, cette production est distribuée à partir de la fin du XVIe siècle jusqu’au siècle suivant.

14Un autre verre est doté d’une jambe rapportée de forme ovoïde creuse avec un anneau à la base à l’intersection avec le pied en forme de disque (fig. 3, n° 1). Contemporains du type précédent, les verres à jambe rapportée creuse à bulbe ovoïde sont également bien attestés en France. Pour Lyon, des exemplaires proviennent des niveaux du XVIIe siècle de la ZAC Saint-Jean (Auger 1990, n° 91, fig. 7), et d’autres de la place Antonin Poncet où ils sont datés précisément des années 1677-1680 (Becker 1989, n° 10 à 14, fig. 34).

15Une dernière jambe rajoutée se caractérise par une tige pleine agrémentée de plusieurs anneaux (fig. 3, n° 2). Plus rare, ce type se retrouve néanmoins dans les mêmes contextes que les verres à jambe à mufles de lion ou à bulbe ovoïde. Cinq exemplaires ont par exemple été mis au jour sur le site de la place Antonin Poncet, datés des années 1677-1680 (Becker 1989, n° 22, 23, fig. 34). À plus large échelle, on peut également mentionner les découvertes anciennes de la collection de Rouen, issues de contextes des XVIe-XVIIe siècles (Barrera 1990, n° 77 et 78, fig. 7), ou encore les exemplaires des fouilles de la cour Napoléon du Louvre à Paris, datés de la seconde moitié du XVIIe-début XVIIIe siècle (Barrera 1988, n° 5881, 5889) et enfin ceux du site du lycée Friant à Poligny (Munier 1990, n° 27 à 33).

16Ces jambes sont associées à des coupes hémisphériques ou tronconiques à lèvres arrondies au feu (fig. 3, n° 8 à 16). Toutefois, ces panses peuvent également appartenir aux verres à pied simplement refoulé, agrémenté d’un anneau, qui composent eux-mêmes une série abondante (fig. 3, n° 6, 7). Ces derniers sont produits en grandes quantités et distribués dans toutes les régions de France. Les coupes lisses sont les plus fréquentes. À Lyon, ils sont mentionnés sur les sites de la ZAC Saint-Jean (Auger 1990, n° 87, fig. 7), de la place Antonin Poncet (Becker 1989, n° 2 à 4, fig. 32) ainsi que dans le comblement du dépotoir 3 du site de la Bourse, daté de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle (Arlaud et al. 2000, fig. 132, type E2). Plusieurs types de décors ont été identifiés, mais le plus fréquent se compose de fines côtes étirées (fig. 3, n° 8, 10, 12). L’objet n° 8 est plus singulier puisque des filets très fins, en verre incolore, sont disposés en cercle sur la panse. On remarque aussi la présence de petites alvéoles en forme de losange (n° 9) et de motifs carrés de grande taille (n° 11), obtenus par soufflage dans un moule. Plus rares, ces exemplaires décorés constituent les premières occurrences lyonnaises. Les parallèles les plus proches sont un vase décoré de côtes et un autre agrémenté d’alvéoles carrées, provenant de la cour Napoléon du Louvre à Paris (Barrera 1988, n° 5858 et 5880). Parmi l’abondant corpus des latrines d’Étampes, on compte également plusieurs coupes à décor d’alvéoles en forme de grains de riz (Cabart 2011, fig. 118, n° 28, 30), une dizaine d’exemplaires dotés de côtes étirées (ibid., n° 22, 24) et enfin deux autres à motifs carrés (ibid., n° 25, 26).

17Ce lot, quasi exclusivement composé de verres à boire, compte également trois bouteilles. Deux bords verticaux à lèvre aplatie, en verre marron et incolore grisâtre, ne peuvent être rattachés à aucun type particulier. Le troisième exemplaire, complet et atteignant plus de 30,6 cm, a pu être partiellement remonté et correspond à une bouteille à panse aplatie appelée aussi « bouteille méplate » (fig. 4, n° 1). La largeur de sa panse oscille entre 15,6 cm pour la plus étroite et approximativement 22,3 cm pour la plus large. Ce type est caractérisé par un bord coupé au ciseau, un col court évasé vers le bas, une panse aplatie et un fond apode légèrement repoussé. À Lyon, les exemplaires répertoriés demeurent rares, se résumant au vase découvert sur la place Antonin Poncet, daté des années 1600-1677 (Becker 1989, n° 8, fig. 33) et à celui du dépotoir 3 du site de la Bourse, daté de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle (Arlaud et al. 2000, fig. 132, type H8). Ces bouteilles méplates sont connues et attestées dans la plupart des régions françaises. On mentionnera ainsi les exemplaires du 10 rue du 14 juillet à Nevers (Barrera 1990, n° 38, 39), ceux issus d’un dépotoir de la fin du XVIe siècle de la rue de Vignier à Besançon (Guilhot, Munier 1990, fig. 11, n° 48 et 49) ou encore des individus identifiés à Châlons-sur-Marne (Cabart et al. 1983, 69, n° 12).

3 Synthèse

18Bien que peu abondant, le verre daté de la fin du XVe siècle et du premier tiers du XVIe siècle révèle deux types bien attestés en France, mais encore peu reconnus à Lyon. Il s’agit en l’occurrence du gobelet C1 à décor de pastilles et du gobelet E1 à fines côtes (Foy 2001). La série récoltée dans les niveaux datés de la seconde moitié du XVIe siècle s’avère, quant à elle, très homogène et se distingue nettement du lot précédent. Elle comporte onze verres biconiques ou bitronconiques à pied, dont une partie est décorée de filets blancs opaques. Si ce modèle était déjà attesté dans les quartiers de Saint-Jean et de Saint-Vincent (Faure-Boucharlat 1990 ; Auger 1990), ce lot particulièrement abondant confirme l’utilisation fréquente de ces vases à boire à Lyon. Pour la fin du XVIe siècle, un important lot (vingt verres à jambe, cinq gobelets et trois bouteilles), qui provient du comblement de la « glacière » de la place Abbé-Larue, présente une qualité remarquable. À côté de verres classiques à pied simplement refoulé et à panse lisse, quelques objets sont plus soignés, comme ces trois verres à jambe décorée de mufles de lion, dont deux portent encore une dorure à la feuille. Si ces objets, ainsi que les verres à panse décorée de motifs carrés et de côtes, apparaissent exceptionnels en contexte lyonnais, ils s’avèrent bien connus dans d’autres régions françaises. La restauration de l’une des jambes à mufles de lion permettra néanmoins à l’avenir d’illustrer cette verrerie typique de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. Le dernier élément important de cette verrerie moderne est une bouteille à panse aplatie dite « gourde ou bouteille méplate ».

19Compte tenu de la rareté des lots de verres modernes lyonnais publiés, réunissant de rares exemplaires très fragmentaires, les corpus de l’Hôtel-Dieu et de place Abbé-Larue constituent dorénavant une nouvelle référence pour la ville. Ils offrent un large panorama de la verrerie utilisée au XVIe siècle avec trois lots précisément datés par le mobilier en céramique. Néanmoins, nous sommes encore loin des collections rassemblées par les villes de Metz, Paris, ou encore Rouen, par exemple. La poursuite des opérations archéologiques sur le site de l’Hôtel-Dieu pourrait toutefois venir conforter à l’avenir les découvertes présentées dans le cadre de cet article.

Figures

Fig. 1 - Lyon, fouille du site de l’Hôtel-Dieu : gobelets tronconiques, fin XVe siècle-premier tiers XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.

Fig. 1 - Lyon, fouille du site de l’Hôtel-Dieu : gobelets tronconiques, fin XVe siècle-premier tiers XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.

Fig. 2 - Lyon, fouille du site de l’Hôtel-Dieu : verres à pied, milieu XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.

Fig. 2 - Lyon, fouille du site de l’Hôtel-Dieu : verres à pied, milieu XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.

Fig. 3 - Lyon, fouille du site du n° 1 place Abbé-Larue : verres à pied, dernier quart XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.

Fig. 3 - Lyon, fouille du site du n° 1 place Abbé-Larue : verres à pied, dernier quart XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.

Fig. 4 - Lyon, fouille du site du n° 1 place Abbé-Larue : bouteille, type «  gourde ou bouteille méplate », dernier quart XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.

Fig. 4 - Lyon, fouille du site du n° 1 place Abbé-Larue : bouteille, type «  gourde ou bouteille méplate », dernier quart XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.

Literaturverzeichnis

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Abbildungsverzeichnis

Titel Fig. 1 - Lyon, fouille du site de l’Hôtel-Dieu : gobelets tronconiques, fin XVe siècle-premier tiers XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.
URL http://books.openedition.org/pufc/docannexe/image/19662/img-1.jpg
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Titel Fig. 2 - Lyon, fouille du site de l’Hôtel-Dieu : verres à pied, milieu XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.
URL http://books.openedition.org/pufc/docannexe/image/19662/img-2.jpg
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Titel Fig. 3 - Lyon, fouille du site du n° 1 place Abbé-Larue : verres à pied, dernier quart XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.
URL http://books.openedition.org/pufc/docannexe/image/19662/img-3.jpg
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Titel Fig. 4 - Lyon, fouille du site du n° 1 place Abbé-Larue : bouteille, type «  gourde ou bouteille méplate », dernier quart XVIe siècle. Dessin et DAO : L. Robin.
URL http://books.openedition.org/pufc/docannexe/image/19662/img-4.jpg
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Autor

Éveha, études et valorisations archéologiques, 87 avenue des Bruyères, 69150, Décines-Charpieu, chercheur associé, laboratoire ARAR, UMR 5138, MOM, Lyon.

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